Par Simon RIVARD
L’Arctique, terre de mythes, de légendes et de fantasmes. Plusieurs définitions existent pour le situer et le délimiter, nous considérerons ici que globalement, l’Arctique correspond à la région comprise au nord du cercle polaire (soit toutes les régions situées au Nord du cercle arctique, 66° 33’ 39’’ latitude nord, annexe 1).
La fonte accélérée de sa banquise de par le réchauffement climatique a laissé entrevoir la possibilité de sa disparition estivale d’ici vingt à soixante ans, ouvrant de nouvelles vues sur la région et l’apparition de passages maritimes sur plusieurs mois. Ces passages sont au nombre de deux, celui dit du Nord-Est se situant au Nord de la Sibérie et du Nord-Ouest traversant l’archipel canadien (annexe 2).
Ces axes permettent de relier l’Asie à l’Europe en s’économisant l’équivalent de 7000 kilomètres – soit près de douze jours en moyenne de navigation – et ainsi éviter les canaux de Suez et du Panama. Au-delà de l’opportunité de navigation que représentent ces routes, elles relancent de fait les projets d’exploration russe et canadien, entre autres, en matière d’hydrocarbures (pétrole, gaz) et de minerais (diamant, nickel, or).
Le jeudi 27 septembre 2018, le porte-conteneurs brise glace danois Venta de la compagnie Maersk réalisait une première en arrivant au large de Saint-Pétersbourg après avoir franchi l’Arctique par le Nord (annexe 3).
Emboîtant le pas de cet évènement inédit, le président russe Vladimir Poutine appelait aussitôt « tous les partenaires intéressés à développer cette route prometteuse. »[1]. Zone aux multiples enjeux économiques, certains médias parlent d’une possible nouvelle « guerre froide » de l’Arctique. Objet de nombreuses spéculations, cette région soulève aussi de vifs doutes en matière écologique puisqu’elle abrite un écosystème relativement préservé mais fragile. L’exploitation de ces terres dans une visée énergétique et le risque de marée noire en cas de naufrage inquiètent au plus haut point les associations de protection de l’environnement. Depuis les premières expéditions du norvégien Roald Amundsen au début du XXème siècle, jamais les Etats côtiers n’ont abandonné l’idée d’un jour mettre la main sur cet « eldorado ». Ainsi, quels enjeux et risques soulèvent la région Arctique ?
Axe maritime permettant une économie indéniable de temps et d’argent, les routes arctiques ouvrent la possibilité d’exploitation de nouveaux gisements de ressources naturelles, soulevant nombre de questions environnementales et de souveraineté.
I – L’Arctique, entre juridiction et concurrence entre Etats
Au XVIIème siècle, Voltaire considérait avec dédain les terres arctiques, les qualifiant de « quelques arpents de neige ». Ces zones austères offrent désormais des perspectives énergétiques prometteuses qui n’éludent pas les questions de souveraineté.
La souveraineté sur l’océan Arctique, pierre d’achoppement
Alors que les hautes latitudes australes sont soumises depuis 1959 au traité de l’Antarctique, rien de tel n’existe dans cette zone du globe. En raison de la banquise, l’accès à cet océan boréal considéré comme international n’était que théorique. Le Canada, dès le début du XXème siècle et rejoint par l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques), avait donc pris les devants en élaborant la théorie des secteurs en 1907, permettant aux pays riverains des zones arctiques d’obtenir la souveraineté automatique sur toute terre émergée. Cette théorie finement élaborée géographiquement permettait au Canada et à la Russie de mettre en place des frontières maritimes avantageuses, ce au détriment du Danemark, des Etats-Unis, de la Norvège et de la Finlande. Ainsi, en 1982, la convention de Montego Bay a rendu plus compliqué l’établissement de frontières maritimes, accroissant le domaine de souveraineté des Etats en direction du large. Les eaux territoriales se sont ainsi élargies à 12 milles au-delà des côtes et les Etats furent autorisés à créer une zone économique exclusive (ZEE) large de 370 kilomètres (200 milles) et calculée depuis la limite interne des ZEE. Dans l’Arctique, en délimitant des zones de 370 kilomètres ne restent international que le secteur centré autour du pôle, soit la zone correspondant à l’extension de la banquise permanente en été. Ceci laisse donc un vide que l’élargissement des clauses économiques sur le prolongement du plateau continental d’un Etat en mer peuvent exploiter. En effet, la convention de Montego Bay prévoit que les Etats peuvent exercer leurs droits économiques au-delà de 370 kilomètres si leur plateau continental excède cette largeur.
Selon le National Snow & Ice Data Center (NSIDC), la banquise estivale décroît en moyenne de 12% par décennie. Dans ce sens, Frédéric Lasserre évoque l’éventualité que les passages arctiques puissent être ouverts toute l’année[2]. Bien que les fondements d’une telle spéculation soient soumis à de forts doutes, du moins dans un futur proche, le fait d’une banquise qui périclite augmente les possibilités de navigation dans la région. Ainsi, la souveraineté sur ces voies pour les Etats-Unis, la Russie et le Canada se pose. Ces deux derniers considèrent les détroits traversés par les passages Nord-Ouest et Nord-Est comme des eaux intérieures sur lesquelles Moscou et Ottawa sont souverains. Les Etats-Unis, eux, les voient comme des détroits internationaux ouverts de jure au transit. Cependant, la puissance américaine a fait le choix de ne pas faire pression sur ses voisins russe et canadien, de peur de faire naître un précédent pour d’autres détroits plus stratégiques pour elle.
Les principaux différends sur les limites maritimes
Depuis les années 1970 les contestations, revendications et désaccords sur les limites maritimes se sont multipliés dans l’Arctique, quitte à revenir sur des traités passés. Ainsi, les EtatsUnis et le Canada ne sont plus en accord sur la prolongation de leur frontière terrestre en mer de Beaufort. La Russie et la Norvège, quant à elles, on été pendant longtemps en litige concernant des zones de pêche en mer de Barents.
Les activités halieutiques et les ressources sont limitées par la rigueur du climat, permettant seulement à ses confins avec l’Atlantique nord de connaître une pêche assez active, de sorte que les côtes du Groenland, l’ouest de la mer de Barents et la mer de Norvège soient les secteurs les plus exploités. Dans celle de Barents, la Norvège et la Russie n’étaient aucunement d’accord sur la manière de délimiter leurs ZEE et de prolonger leur frontière terrestre. Faute de s’entendre sur ces points, les deux Etats ont accepté la mise en place d’un modus vivendi en 1974 qui octroie à chacun des quotas de pêche révisés de manière périodique. L’extension éventuelle des souverainetés économiques sur le prolongement du plateau continental laisse l’ouverture à des litiges encore complexes à régler, de par le repos de cette notion sur des critères sujets à interprétation et, donc, contestation. Jugé insoluble, le litige russo-norvégien s’est pourtant réglé en 2010 par un traité.
De manière globale, la répartition des plates-formes entre Amérique et Eurasie dessert les Etats-Unis. Ces derniers n’ayant pas ratifié la convention de Montego Bay de 1982, ils ne peuvent demander à bénéficier de l’une de ses directives. Les russes et canadiens, eux, ne s’en privent absolument pas et vont jusqu’à clamer que la dorsale de Lomonosov, traversant le bassin Arctique central, est un prolongement de leur plateau continental, ce dans le but assumé d’obtenir la souveraineté jusqu’au pôle. Dans ce sens les russes ont déposé en août 2007 sur le fond de l’océan arctique, à 4260 mètres de profondeur, un drapeau en titane, provocant l’ire de ses riverains et donnant un aperçu de la difficulté des négociations à venir. La commission de l’ONU (Organisation des Nations Unies) chargée de la délimitation du plateau continental avait par ailleurs refusé en 2002 de prendre position sur les visées russes, rappelant que le prolongement de la plateforme continentale en mer se doit d’être physique et par conséquent, géologique. Les Etats côtiers s’affairent donc à multiplier les missions océanographiques pour prouver par la géologie que leurs revendications au-delà des 370km sont justifiées. Du Danemark à la Russie en passant la Norvège et le Canada, chaque Etat s’est empressé de déposer son dossier de revendications auprès de la Commission des limites du plateau continental (CLPC), empressement à mettre sur le compte du droit international et qui dispose que une fois la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ratifiée, chaque Etat bénéficie de dix ans pour déposer ses demandes. La course à la souveraineté s’avère donc être davantage une course contre-la-montre.
La ruée vers les ressources naturelles est-elle la prochaine étape ? Avec l’exploitation des passages arctiques la question est tentante et se pose légitimement. L’ouverture de ces voies laisse entrevoir une appropriation de ses bénéfices. Pourtant, le règlement du litige entre la Russie et la Norvège n’a pas vu une prospection s’intensifier dans la zone autrefois disputée. Le coût de telles entreprises apparaît comme important et pourrait faire naître une coopération inter-états, sous l’égide du Conseil de l’Arctique, qui devra composer avec les risques environnementaux du trafic maritime et les velléités étatiques en matière de ressources.
II – Les ressources naturelles : à la frontière du mythe et de la réalité, aux confins de la coopération et du danger
L’énergie. Acmé des tensions des sociétés modernes. L’Arctique ne s’en affranchit pas et voit les Etats-Unis, la Russie, le Canada, en passant par la Chine ou le Japon s’intéresser plus que jamais à son potentiel. Son exploitation pourrait faire naître une coopération entre Etats et ne saurait occulter le danger environnemental qu’elle causerait.
“Quelques arpents de neige” au potentiel prometteur mais discutable
Un eldorado énergétique. Tel est le qualificatif que nombre de médias utilisent pour imager l’Arctique[3]. Pour preuve, en 2008 le Geological Survey évaluait à 10% les réserves de pétrole et 29% celles de gaz du total mondial qu’abrite la région polaire. Ces pourcentages représentent respectivement 90 milliards de barils et 47 261 milliards mètres cubes. Les chiffres étant nébuleux et difficiles à matérialiser dans la « vie courante », ils font référence à sept années de consommation mondiale de gaz et trois de pétrole. Ces valeurs ne sauraient néanmoins se substituer aux réserves du Moyen-Orient. Non-négligeables, elles ne préjugeraient pas non plus de la rentabilité de leur exploitation. Environ 95% de ces ressources se situeraient en deçà des 200 milles, soit dans les ZEE, ce qui limite la portée des litiges sur l’extension des plateaux continentaux. Cependant, l’enthousiasme général serait peut-être, selon des entreprises comme Total et British Petroleum, exagéré. Les gisements découverts sont complexes à exploiter en raison du permafrost, de l’absence d’eau liquide, de l’éloignement des centres industriels et de l’évacuation des productions. De fait onéreux, ces réserves contiendraient davantage de gaz que de pétrole. Il ne faut pourtant pas omettre que d’importants gisements sont à recenser au nord-ouest du Canada, dans les mers arctiques de Sibérie et à l’est du Groenland (annexe 4).
Côté minier les données seraient aussi prometteuses mais, là encore, les coûts d’exploitation créent des réticences. Pour exemple, sur l’île de Baffin au Canada, la mine de fer de Mary River devait commencer en 2014 l’exploitation d’un important gisement. Pourtant, Baffin Land et Arcelor Mittal ont choisi une voie moins dispendieuse : prévoyant une desserte maritime toute l’année malgré la banquise, ils se sont mis d’accord pour une desserte estivale par la route. De son côté Shell a annoncé la suspension de ses campagnes d’exploration pétrolière arctique en 2012, se justifiant par des conditions d’opérations difficiles à mettre en oeuvre en Alaska, ce malgré le changement climatique. La Chine, elle, ne s’embarrasse pas des questions pécuniaires en ne se souciant que peu des bénéfices immédiats et montre tout son intérêt à l’endroit de l’Arctique sur lequel elle compte bien mettre la main. Certaines de ses entreprises ont par ailleurs signé en novembre 2012 un accord avec la Russie quant à l’exploration pétrolière en mer de Laptev. Tout récemment, la puissance sino-asiatique a signé un accord de 43 milliards de dollars avec les EtatsUnis pour bénéficier de l’exploitation du gaz naturel en Alaska, pariant ouvertement sur la fonte des glaces.
Malgré le changement climatique les ressources connaissent des blocages d’exploitation en raison des coûts qu’elles généreraient, les Etats et entreprises ne s’en cachant pas[4]. La banquise fond, c’est un fait à valeur de vérité générale. En mer cette fonte la rend plus mobile et exerce de forts dangers sur les plates-formes. Sur terre l’affaiblissement du permafrost et le raccourcissement de la durée des routes de glace rendent la logistique plus compliquée qu’auparavant. Les changements de plans et divers reports prouvent toute la complexité d’établir une rentabilité de tels projets et soulèvent la dépendance des entreprises aux cours mondiaux des ressources. En effet, ces cours élevés en terme de matières premières sont peut-être les principaux freins à l’exploitation de l’Arctique, plus encore que le statut juridique de l’océan Arctique.
Pourtant, la très récente traversée de l’Arctique nord réalisée par le porte-conteneurs Venta via le passage Nord-Ouest revivifie les intérêts pour cette région, bien que jamais estompés. En bousculant le fret mondial cet évènement inédit pourrait conforter davantage encore la place de la Russie comme premier producteur mondial de gaz et second en terme de pétrole. Les coûts d’exploitation pourraient s’en trouver abaissés de par un accès et une évacuation facilitée, ce au bénéfice d’une coopération entre Etats mais au détriment des écosystèmes.
Les routes maritimes et la coopération Arctique ou l’ombre des enjeux economico-environnementaux
L’avantage des passages arctiques réside dans la réduction des distances entre les façades continentales. 11 000 milles marins séparent Londres et Vladivostok par le canal de Suez contre 7 670 par le détroit de Béring. La liaison Mourmansk – Vladivostok totalise 12 830 milles par Suez alors qu’elle en compte moins de la moitié par les routes arctiques. Gain de temps évident, les hautes latitudes permettent d’éviter les grands canaux que sont Suez et Panama, points sensibles du trafic maritime. Néanmoins, elles nécessitent brise-glace, navires adaptés, avions de reconnaissance, ports spéciaux et stations météorologiques. Au-delà des coûts et risques inhérents à de tels passages, c’est bien la question du statut de ces routes qui aujourd’hui se pose. Très côtiers pour éviter la banquise permanente de l’Arctique central, ces passages franchissent des détroits placés entre les terres d’un même pays, relevant donc du régime des eaux intérieures où l’Etat exerce une souveraineté totale, à l’image du Canada et de son archipel, au grand damn des Etats-Unis. Bénéficiant de l’héritage soviétique en tant qu’Etat successeur, la Russie a gardé la prééminence du dispositif militaire déployé sur la façade arctique[5] et quoique plus conciliante qu’à l’époque de la guerre froide, elle n’en reste pas moins âpre quant aux passages de navires étrangers.
Les conditions extrêmes et l’inaccessibilité qu’elles causent ont longtemps préservé la nature des régions polaires. Mais, depuis les années 1960, les perturbations anthropiques s’y multiplient. Ecosystèmes terrestres, marins, peuples autochtones sont menacés et c’est une partie des associations de protection de la nature qui s’en inquiète. Les exploitations pétrolières et minières, ajoutées à la circulation des navires et des véhicules, altèrent l’environnement. Avec le développement des passages arctiques la région peut voir se multiplier les oléoducs, les plateformes d’extraction d’hydrocarbures, navires marchands et les formes de tourisme avec les dangers que cela représente (fuite de pétrole, marée noire, etc.)[6]. Les risques de contamination durable dans le monde boréal sont réels, accélérant la fonte de sa calotte glaciaire et le phénomène de la « boucle rétroactive ». Malgré la protection des peuples autochtones et la valorisation des espaces naturels, à l’image du Groenland dont l’ensemble est un parc naturel, il est difficile d’imaginer les Etats se priver d’ouvrir des fronts pionniers alors que se profile la raréfaction des ressources fossiles à l’horizon 2050.
On assiste, depuis la naissance du Conseil de l’Arctique en 1996, au renforcement de la coopération régionale arctique entre ses membres (Canada, Danemark, Etats-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie et Suède). En Mai 2013 la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et la Pologne ont été admis en tant que membres observateurs tandis que l’Union Européenne se voit refuser cette place. Les raisons sont assez évidentes : alors que depuis 2008 l’Union souligne le caractère international des passages arctiques et l’importance de geler les revendications maritimes, froissant le Canada et la Russie, son embargo sur les produits du phoque (2010) a détruit ledit marché au détriment des peuples autochtones, notamment les Inuits. L’ensemble des acteurs plaident ainsi en défaveur d’une admission de l’UE (Union Européenne). Malgré quelques succès en matière diplomatique concernant le tourisme polaire, la coordination des responsabilités en matière de recherche et sauvetage ou la lutte antipollution en cas de marée noire, ceux-ci ne cachent pas la place d’instance de discussion et non de décision que représente ce Conseil, évitant les décisions contraignantes. Une construction institutionnelle de l’Arctique s’est donc depuis une vingtaine d’années établie mais seul l’équivalent d’un Conseil de sécurité de l’Arctique saura agir de manière coercitive en forçant les Etats à accorder leurs actions selon des standards environnementaux viables et respectueux.
Conclusion
Longtemps marginales et vues comme inintéressantes, les terres glacées d’Arctique ont dans les consciences collectives renvoyées l’illustration d’un monde hors du monde, préservé, vierge, immaculé qui, de par son hostilité, échappait à l’anthropisation. Pourtant, les progrès techniques combinés aux impératifs stratégiques, avec en toile de fond le réchauffement climatique, ont su en faire une zone de tensions géopolitiques autour de ses ressources. Alors que l’inhabité Antarctique a vu son exploitation bannie pour n’y tolérer que la science l’Arctique, dont les ressources s’avèrent plus facile d’exploitation, subit l’appétit de ses Etats riverains. Dans ce sens, l’ensemble des acteurs des latitudes boréales doivent s’accorder sur une réelle gouvernance de la région.
Pourtant, loin d’entrainer un vrai radicalisme des positions nationales, les querelles de souveraineté peuvent motiver la coopération desdits pays. Les détroits ne semblent pas susciter la passion que les médias imaginaient (ou espéraient ?). Les plateaux continentaux ont vu leur cadre juridique être parfaitement respecté. Les enjeux énergétiques pourraient aussi devenir minces dans la mesure où la majorité des gisements se situent dans les ZEE. Néanmoins, le côté inédit de la traversée du Venta en mer Arctique rappelle que le réchauffement climatique joue et jouera un rôle certain dans la géopolitique mondiale. La fonte de la banquise permet la substitution, du moins relative, aux canaux de Suez et de Panama. Les ressources en hydrocarbures dont il peut faciliter l’accès pourraient de leur côté permettre aux pays arctiques de faire contrepoids à la mainmise du Moyen-Orient sur le cours des ressources fossiles. La Chine, souhaitant créer une « route polaire de la soie » abonde dans le sens de Li Zhenfu, déclarant le 20 mai dernier que « qui contrôle la route arctique contrôle le futur de l’économie mondiale et des stratégies internationales. »[7]. L’ensemble de ces paramètres ne sauraient pourtant éluder le grand défi du XXIème siècle, à savoir la préservation des environnements naturels et la lutte contre le réchauffement planétaire. Le Canada, héraut en matière de protection environnementale, pourrait par exemple jouer double jeu dans la droite ligne de son exploitation des sables bitumeux d’Alberta. Les enjeux majeurs qui se dessineront dans l’Arctique ne relèvent donc pas nécessairement de l’affirmation de la souveraineté individuelle et étatique mais de la coopération. Comment gérer les impacts du changement climatique sur les écosystèmes et les sociétés locales du XXIème siècle ? Face à ce contexte, la question de l’appartenance des passages arctiques semble subsidiaire.
[1] DUMONT Julia, « Entre craintes et intérêts économiques, la route du nord de l’Arctique s’ouvre au trafic maritime », france24.fr, [en ligne], 28 septembre 2018.
[2] LASSERRE Frédéric, Passages et mers arctiques. Géopolitique d’une région en mutation, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2010, p.234.
[3] LACHKAR Michel, « L’Arctique : eldorado ou mirage ? », FranceInfo.fr, [en ligne], 18 octobre 2016.
[4] Anon, « Richesses de l’Arctique : réalités et contraintes », ladocumentationfrançaise.fr, [en ligne], 23 janvier 2013.
[5] GORDIENKO Nardine, « Quels sont ces dispositifs dernier cri que la Russie déploie en Arctique ? », sputnik.fr, [en ligne], 15 février 2018.
[6] AGET Alexandre, « Les routes de l’Arctique s’ouvrent et c’est la géographie de la mondialisation qui change », up-magazine.fr, [en ligne], 4 octobre 2018.
[7] GOODMANN Sherri et FREESE Elisabeth, « La Chine parie sur la fonte des glaces arctiques pour ouvrir de nouvelles routes commerciales », slate.fr, [en ligne], 20 mai 2018.Sources
Bibliographie
Ouvrage :
LASSERRE Frédéric, Passages et mers arctiques. Géopolitique d’une région en mutation, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2010, 432p.
Articles de presse :
AFP, (2018), « L’ouverture de la route du nord de l’Arctique bouscule le fret mondial », sciencesetavenir.fr, [en ligne], 29 septembre 2018, disponible sur URL : https:// www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-ouverture-de-la-route-du-nord-de-l-arctiquebouscule-le-fret-mondial_127989
Anon., (2018), « Aux premières loges, les Inuits vivants un grand frisson », awi1.com, [en ligne], 29 septembre 2018, disponible sur URL : http://www.awi1.com/?tag=venta
Anon., L’actualité de l’Arctique, wordpress.fr, [en ligne], non daté, disponible sur URL : https:// arctique.wordpress.com/arctique/
BONAL Cordélia, (2013), « «Nordic Orion», le premier cargo qui a osé le passage du NordOuest », libération.fr, [en ligne], 10 octobre 2013, disponible sur URL : https://www.liberation.fr/ planete/2013/10/10/le-passage-du-nord-ouest-une-nouvelle-route-polaire_938189
DUMONT Julia, (2018), « Entre craintes et intérêts économiques, la route du nord de l’Arctique s’ouvre au trafic maritime », france24.fr, [en ligne], 28 septembre 2018, disponible sur URL : https://www.france24.com/fr/20180928-russie-arctique-route-nord-ouverture-trafic-maritimerechauffement-climatique-commerce
GOODMANN Sherri et FREESE Elisabeth, (2018), « La Chine parie sur la fonte des glaces arctiques pour ouvrir de nouvelles routes commerciales », slate.fr, [en ligne], 20 mai 2018, disponible sur URL : http://www.slate.fr/story/161722/la-chine-parie-sur-la-fonte-des-glacesarctiques-pour-ouvrir-de-nouvelles-routes
GORDIENKO Nadine, (2018), « Quels sont ces dispositifs dernier cri que la Russie déploie en Arctique ? », sputnik.fr, [en ligne], 15 février 2018, disponible sur URL : https:// fr.sputniknews.com/defense/201802151035161306-arctique-defense-russie/
LACHKAR Michel, (2016), « L’Arctique : eldorado ou mirage ? », FranceInfo.fr, [en ligne], 18 octobre 2016 disponible sur URL : https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/l-arctique-eldoradoou-mirage_3063087.html
Article de revue :
Anon., « Richesses de l’Arctique : réalités et contraintes », ladocumentationfrançaise.fr,
[en ligne], 23 janvier 2013,
disponible sur URL : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000519-larctique-un-nouvel-eldorado/richesses-de-l-arctique-realites-et-contraintes
CANOBBIO Eric, (2011), « Mondes arctiques. Miroirs de la mondialisation
», ladocumentationfrançaise.fr,
[en ligne], 10
juin 2011, disponible sur URL : https://
www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/ressources-petrole-hydrocarbures/c001286-les-ressourcesminieres-et-energetiques-de-l-arctique-en-2011