L’ALGERIE
L’ALGERIE EN BREF :
La capitale est Alger (2,5M d’habitants) et l’on y a recensé 38 700 000 habitants en janvier 2014. Le pays s’étend sur 2 381 741 km2 ce qui en fait plus grand pays d’Afrique et ce qui représente à titre de comparaison 4-5 fois la France. La langue officielle est l’arabe parlé par plus de 80% de la population, les 20% restant étant parlé par la langue berbère (« Tamazight »), qui sont des patois de l’arabe et différents selon les régions. 99% des habitants sont musulmans, dans l’ensemble Sunnites.
Le PIB était de 215,7 milliards de dollars US en 2013, ce qui fait de l’Algérie la 46ème Nation au classement mondial. On note également qu’elle est membre de l’ONU.
L’Algérie est un pays du Maghreb : « le couchant », en arabe. Les pays membres de l’union du Maghreb Arabe sont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie et la Lybie.
La Constitution algérienne définit « l’islam, l’arabité et l’amazighité » comme « composantes fondamentales » de l’identité du peuple algérien et le pays comme « terre d’Islam, partie intégrante du Grand Maghreb, pays arabe, méditerranéen et africain »
Problématique :
Au niveau national : L’Algérie parviendra-t-elle à trouver une stabilité économique et sociale dans les années à venir ?
Au niveau international : Pourquoi l’Algérie est-elle freinée et peine à prendre de l’importance dans le monde diplomatique ?
I) PRÉSENTATION ET CARACTERISTIQUES DE L’ALGÉRIE
A) Aspects historiques
L’Algérie fut l’une des plus grande colonie française et a été l’un des acteurs majeurs de la décolonisation du contient africain suite à la seconde Guerre Mondiale.
En 1954, le Front de Libération Nationale (FLN) est créé. Il s’agit d’un parti pour l’indépendance de l’Algérie – présidé actuellement par Abdelaziz Bouteflika (président actuel).
Le 5 juillet 1962 : l’Algérie proclame son indépendance après plus de 8 ans de guerre civile, provoqué par le pays colonisateur : la France). Il s’agit là de la 1ère victoire du FLN. Cette date marque le changement d’envergure du pays.
L’Algérie est le premier représentant des pays africains non-alignés dans le mouvement de décolonisation des pays du tiers-monde de la 2ème partie du XXème siècle.
Il y a un certain rapprochement du pays avec l’URSS dans les années 1970 et on assiste à la mise en place d’une politique socialiste arabe qui à la fin de la bipolarisation du monde va reprendre une forme d’avantage centré sur l’arabisme.
Depuis les années 90, la Constituions algérienne se recentre sur l’Islam ; les fondements de la loi et du droit sont déterminant dans la situation actuelle.
L’Algérie connaît alors une guerre civile atroce, qui a fait au moins 60 000 victimes et qui est la source de la montée de l’islamisme : « Les années noires ».
Logo FLN
B) Aspects démographiques et sociaux
L’Algérie comptait 38,7 millions d’habitants au 1er janvier 2014 avec un taux de croissance annuel d’environ 2% par rapport à l’année précédente. Environ 90% des Algériens vivent sur un peu plus de 10 % du territoire, concentrés le long des côtes méditerranéennes. La densité de la population moyenne du pays est de 14 habitants/km². Cependant, ce chiffre reflète mal une répartition inégale, elle dépasse en effet les 100 habitants/km2 pour les régions du nord, principales régions peuplées de l’Algérie. On a donc une vraie séparation du pays entre l’Algérie sur les bords de la mer Méditerranée et l’Algérie saharien. Environ 70% de la population a moins de 30 ans, ce qui implique une population très jeune. Cela est une caractéristique majeure des pays émergeants.
On observe une forte hausse depuis les années 2000 du taux de travailleuses : 35% des femmes de plus de 18 ans travaillent en 2014.
Le trabendo, qui caractérise l’économie parallèle et les trafics, représenteraient 45,6 % des emplois. Alors que 24,8 % des jeunes sont officiellement au chômage… On peut donc penser que les personnes sans revenus en valeur absolues sont beaucoup moins nombreuses que le taux de chômage officiel le laisse penser.
C) Aspects géographiques, climatiques, topographiques, logistiques
L’Algérie dispose de 1200 Km de côte sur la mer Méditerranée. Il s’agit évidemment d’une force pour le commerce maritime et d’un accès direct à l’Europe. L’arrière du littoral est montagneux (chaîne montagneuse de l’Atlas) ce qui en fait un territoire difficile à maitriser, comparable aux reliefs inaccessibles d’Afghanistan, et aux planques terroristes potentielles.
Les métropoles et les villes importantes sont situées au Nord, presqu’aucune au Sud. Il y a peu de grandes routes. On note l’absence de point d’eau et de route fluviale. Le manque d’eau potable dans le Sud et même dans les villes du Nord est conséquent sur l’hygiène de vie et le développement. Ceci constitue une importante faiblesse pour le trafic, le commerce interne et la mobilité de la population.
Enfin, l’Algérie dispose d’un incroyable obstacle naturel qui scinde son pays en deux : le désert du Sahara. (désertique, aucune végétation et de point d’eau).
Par ailleurs, ses frontières sont strictement fermées avec le Maroc, puisqu’il y a des tensions, une rivalité entre les deux pays. Il s’agit de la frontière fermée la plus longue au monde avec 1600 Km de long.
Les autres pays frontaliers sont instables : Libye, Mali, Niger.
La Libye, qui peine à se relancer suite à la chute de Kadhafi et du printemps arabe, a effectué des élections législatives en juin qui ont donné 30% de participation. Cela a entrainé l’éviction du gouvernement du premier ministre qui a été obligé de fuir le pays.
Au Mali, on observe la hausse du terrorisme, et notamment la présence de l’armée française en ce moment-même qui aide l’armée Malienne à ralentir les mouvements djihadistes avec plus de 1600 soldats sur place.
De plus, il y a l’enjeu territorial du Sahara Occidentale qui est un accès direct à l’Océan Atlantique et qui représente un intérêt en terme de ressources naturelles. Le Sahara occidentale est classé territoire non autonome par l’ONU, est une ancienne colonie espagnole, revendiqué davantage par le Maroc qui contrôle et administre 80% du territoire, les 20% étant contrôlé par le Polisario, le parti indépendantiste soutenu par l’Algérie. Il y a pas ailleurs, quelques ambitions Mauritaniennes également qui viennent s’ajouter aux tensions régnants autour de ce territoire.
D) Aspects économiques
Le secteur primaire : L’élevage ovin domine sur les Hautes Plaines. La côte méditerranéenne, c’est à dire les plaines situées entre le littorale et l’Atlas, site des principales villes, portent quelques cultures (blé, orge, agrumes).
Quant au secteur tertiaire, le secteur des services, il représente un tiers du PIB.
Le secteur secondaire est l’élément phare de l’économie algérienne :
Ils concernent essentiellement toute la chaîne de production des hydrocarbures et des autres ressources (extraction, exploitation, acheminement, transport).
Gisement d’huile et de gaz
En effet, le gaz naturel (neuvième production mondiale) et le pétrole représentent chacun environ 49 % des exportations algériennes et donc à eux deux, pétrole et gaz représentent 98 % des exportations algériennes, soit 40 à 45 % du PIB et plus des deux tiers des recettes budgétaires dont la redistribution est un enjeu politique majeur.
Les réserves de pétrole place l’Algérie au troisième rang des pays producteurs d’Afrique, après le Nigeria et la Libye. Les principaux gisements se situent à Hassi Messaoud (70 % des réserves), Illizi (14 % des réserves) et Rhourde Nouss (9 % des réserves)
On note également que l’Algérie fait partie de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétroles)
Il y d’autres ressources essentielles : des réserves importantes de fer au Sud-Ouest, ainsi que d’or, d’uranium et de zinc à l’extrême Sud.
Globalement il y a un énorme manque d’investissements publics dans l’économie et dans les subventions aux industries. Le budget est consacré en grande partie aux infrastructures. Principalement les voies ferrés (4000km aujourd’hui) ce qui est une bonne chose, à titre de comparaison, on en a environ 32000 en France, soit 8 fois plus pour un territoire 5 fois moins grand. Mais d’autres investissements très conséquents sont moins utiles.
Par ailleurs, on note que la politique touristique en Algérie est quant à elle presque inexistante, le pays comptant davantage sur ses ressources pétrolières et gazières. Pourtant le pays dispose d’un riche patrimoine culturel et de magnifiques paysages.
Ainsi, l’économie algérienne est très peu diversifiée, en témoigne les chiffres, et cela joue un rôle prépondérant dans le développement du pays.
On s’aperçoit donc que l’Algérie a tout des mêmes de nombreuses caractéristiques, tant par sa démographie, sa géographie et ses ressources naturelles qui sont propice à un développement économiques et sociales du pays. Pourtant elle ne fait pas partie du groupe des pays émergeants tels que l’Inde, le Brésil, le Mexique… On va donc d’avantage s’intéresser à la politique algérienne et les enjeux nationaux.
Montagnes de l’Atlas
Côte méditerranéenne
Mémorial du Martyr – Alger
II) POLITIQUE ET ENJEUX NATIONAUX
A) Abdelaziz Bouteflika : le président fantôme
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=7jOP4yB4YhY
Le président est une personne âgée de 77 ans très affaiblit physiquement, partiellement paralysée, en place depuis 1999 et qui vient d’être réélu pour un 4ème mandat en avril 2014 avec 81% des votes en sa faveur. Il est presque absent des médias, sa dernière apparition télévisée avant son élection datant d’il y a plus d’un an. Et ce ne sont pas des furtives apparitions à la télévision nationale, sur son fauteuil roulant et à travers de grossière mise en-scènes, qui prouveront le contraire.
Pourquoi est-il réélu avec une telle majorité ? Voici les raisons :
– Il est apprécié pour sa carrière politique qu’il a débuté à 25 ans en tant que ministre de l’économie, tout de suite après l’indépendance en 1962. Il fut un symbole pour le peuple algérien avec son retour après les années noires.
– Le budget de campagne est gigantesque par rapport à ses adversaires : très forte communication.
– Il y a eu une forte abstention durant ces élections et beaucoup ont dénoncé des rumeurs de trucage de scrutin.
B) Le gouvernement frein le développement
Le président Mr. Bouteflika et son gouvernement
Bouteflika étant physiquement incompétent pour diriger un pays, on est bien conscient que ce sont les personnes qui l’entourent qui s’en chargent et que ce sont les représentants du caractère clanique du pouvoir. On peut parler d’une oligarchie. A la tête du clan, le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Pour Rachid Grim (politologue) ; « le pouvoir est entre les mains exclusives du clan Bouteflika qui gouverne au non d’Abdelaziz Bouteflika, à travers un gouvernement et un premier ministre choisi pour leur fidélité à toute épreuve ». En effet, l’essentiel réside dans la stabilité de l’Etat Algériens, un des rare à le rester dans la région nord-africaine. Tant que la manne pétrolière continue de couler et que le pays continue d’en absorber les ressources financières, l’état physique et intellectuel du président Bouteflika importe peu. Cependant, les hauts responsables ont tendance à maintenir leurs intérêts plutôt que de proposer des réformes innovatrices, propice à la redistribution des revenus de l’Etat et favorables au développement du pays. Il y a évidemment un manque de réinvestissements productifs des revenus générés par les hydrocarbures. Ainsi, le manque d’aide économique aux citoyens décuple le problème du trabendo (marché noir), expliquée précédemment.
Enfin le système est problématique puisqu’il est facteur de corruption comme l’affaire Chakib Kelil ex-ministre de l’énergie et des mines.
Annexe – Témoignage : « Je ne suis pas un policier mais je veux mes droits »
http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/20/je-ne-suis-pas-un-policier-mais-je-veux-mes-droits
Il s’agit d’un article publié en octobre 2014 par un journal algérien qui rapporte le témoignage « ras-le-bol » d’un citoyen suite aux événements qui ont eu lieu en Algérie une semaine auparavant : la manifestation ambiguë et la grève de la police algérienne. C’était la première fois depuis l’indépendance. En effet, l’autorité exercée par les forces de polices occupe une place dominante dans la société qui est une volonté du président Bouteflika. Cela s’opère par de nombreuses arrestations et d’opérations. Les policiers sont déjà privilégiés en terme de revenu et de considération dans la société et ont souhaité descendre dans la rue pour accroitre cette situation.
L’Etat a été ferme : le chef de la police Abdelghami Harrel a été limogé et a promis des augmentations de salaire aux policiers. Une fois de plus, ces solutions ont fait parler d’eux et ont renforcé l’idée du côté clanique du pouvoir, mettant avant le conflit d’intérêt entre le gouvernement et le chef de police.
Jusqu’à présent, le pouvoir algérien a réussi à acheter la paix civile en dispersant à intervalles réguliers le produit de la manne pétrolière et gazière. Sans réformes politiques d’envergures, les richesses naturelles ne peuvent suffire à assurer l’émergence économique recherchée.
III) LA POSITION DIPLOMATIQUE DU PAYS
Le statu quo qui symbolise la politique algérienne, y compris dans le domaine économique, s’appuie en grande partie sur le traumatisme de la « décennie noire » de lutte contre les islamistes (1992-1999). Ce souvenir est d’autant plus vivace que le terrorisme d’AQMI reste une menace sérieuse comme la prouvé la spectaculaire prise d’otage d’In-Amenas en janvier 2013.
A) La prise d’otage d’In-Anemas, 16 janvier 2013
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=RWa8m8y41ww
« Les soldats du califat » reproche à l’Algérie le laissé-passé de la zone aérienne du pays autorisé à l’armée française pour l’intervention au Mali et réclame la libération d’une centaine d’islamistes capturés.
Le contexte est particulier puisque sur une cinquantaine d’otage, les individus sont de nombreuses nationalités différentes : algérien, français ; anglais, irlandais, norvégien, américain, russe, chinois, etc.
La position de l’Algérie en terme de négociation avec des terroristes a toujours été claire et nette : aucune négociation envisageable.
C’est ce qui explique la rapide intervention des forces spéciales nationales sur le site gazier d’In-Amenas, selon les experts. Le pays suit depuis longtemps une stratégie qui a finalement marché même si elle surprend en Occident. Au final, il y a 37 terroristes tuées et 28 victimes otages. La prise d’otages à In-Amenas était d’autant plus sensible pour les autorités algériennes qu’elle vise un site gazier. Même dans les années 1990, au cœur de la guerre civile, les islamistes n’avaient jamais menée d’attaque sur des sites stratégiques. Alger a reçu cette agression contre un symbole de sa souveraineté comme une claque. Ce qui rendait d’autant plus improbable le fait que les autorités puissent accepter une aide opérationnelle extérieure d’un pays occidental pour libérer les otages.
In-Amenas est aussi un puissant symbole d’échec pour le pouvoir algérien. En effet, l’Algérie a été très critiqué par les gouvernements de plusieurs pays, notamment ses recours non pacifiques.
B) La montée de l’islamisme en général en Afrique du Nord/Nord-Ouest forme une menace
« Les soldats du Khalifa », qui viendrait du Sud du Sahara, du Nord du Mali, reconnaissent par ailleurs leur détachement au groupe terroriste le plus répandu en Afrique du Nord : l’AQMI (l’Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
L’affaire d’In Amenas nous amène à se pencher sur la montée en puissance des réseaux terroristes avec notamment la dramatique histoire arrivée à Hervé Gourdel en Kabylie, survenue au mois de septembre 2014, à la suite d’autres exécutions commis par l’Etat Islamique « Daesh ».
L’Algérie est donc un pays touché par la montée en puissance générale de l’islamisme que vit le monde au XXIème siècle.
Présence d’AQMI en Afrique
CONCLUSION
L’Algérie a un véritable potentiel puisqu’elle dispose de conditions idéales au développement : des ressources naturelles en hydrocarbure en abondance, une population jeune, une proximité avec l’UE propice aux échanges notamment dans ses rapports historiquement privilégiés avec la France.
L’économie est très peu diversifiée et est beaucoup trop dépendante des bénéfices tirés des hydrocarbures.
Le Président Bouteflika est un symbole du peuple algérien, de l’Algérie indépendante, mais son gouvernement à caractère clanique est probablement un frein pour le développement du pays. La politique est conservatrice et manque de réformes modernisatrices. Il y a un manque d’investissements dans l’intérêt général de la population et dans les entreprises.
L’Algérie tient une position « diplomatique » radicale avec le terrorisme alors que la menace du terrorisme est de plus en plus forte : Berceau de l’AQMI et apparition récente de Daesh.
Si elle n’arrive pas à résoudre ses problèmes en interne, l’Algérie continuera à ne pas avoir de poids dans le monde diplomatique.
SOURCES
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Algérie#Soci.C3.A9t.C3.A9
Les Echos:http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-95889-lalgerie-puissance-geopolitique-endormie-1003762.php
http://notes-geopolitiques.com/wp-content/uploads/2014/04/CLES132.pdf
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Algérie_activités_économiques/185616
http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/17/c-est-la-faillite-totale-du-regime
AUTEUR :
Raouf Lahrache
Edouard Chapuis