Etudiant Lyon3 – Geolinks Observatoire en Géostratégie de Lyon Thu, 08 Jun 2017 17:25:51 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.6.1 Le TPP : Une mesure de « containment » ? /sans-categorie/le-tpp-une-mesure-de-containment/ /sans-categorie/le-tpp-une-mesure-de-containment/#respond Thu, 29 Sep 2016 09:54:53 +0000 /?p=12402 « A l’âge de la mondialisation et des guerres asymétriques, la réponse américaine aux enjeux du moment est fort différente (par rapport aux années 1970) : les nécessités du désengagement militaire les poussent à privilégier une stratégie géoéconomique afin de conserver leur ascendant géopolitique. Concrètement, Washington identifie aujourd’hui deux rivaux à encadrer : la Chine et la Russie. Il est frappant que les deux vastes traités de libre-échange négociés actuellement (le TAFTA et le TPP) réactualisent dans l’ordre économique et commercial l’ancienne logique du containment. Dans les deux cas, les rivaux sont non seulement exclus des négociations mais menacés par elles ». C’est en ces termes que Frédéric Munier, enseignant en géopolitique en classes préparatoires au lycée Saint Louis de Paris, qualifie la stratégie Américaine pour conserver son statut de puissance hégémonique à l’échelle mondiale dans le 7ème numéro du magazine « Conflits ».  « Containment », le mot est fort : c’était en effet le terme utilisé pour décrire la stratégie Américaine qui visait à stopper l’extension de la zone d’influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947, et à soutenir tous les États non communistes. Dès lors, en quoi l’accord de partenariat Trans pacifique (TPP), traité multilatéral de libre-échange  visant à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et Américaine, obéit-il à une mesure de « containment » ?

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Les Etats-Unis sont sur le déclin, économiquement et géopolitiquement, et ils en sont conscients. Le centre de l’économie mondiale bascule de l’Ouest, de l’Atlantique, vers l’Est, le Pacifique, l’Asie. L’obtention du « fast track » par Barack Obama, voté par le Sénat après de nombreuses réticences, lui octroyant un pouvoir de négociation accru dans la négociation du TPP, témoigne de l’empressement de ce dernier de redistribuer les cartes en sa faveur . En effet, les multiples échecs militaires (Afghanistan, Irak), les déficits abyssaux (La dette publique Américaine s’élève en 2015 à 18 milliards de dollars), la perte de l’hégémonie économique et la montée en puissance de rivaux menaçants (BRICS) sont autant de facteurs qui poussent les Etats-Unis à consolider leurs blocs géopolitiques en Europe et surtout en Asie, nouveau moteur de la croissance économique mondiale, dont ils entendent bien tirer profit. Cette focalisation sur l’Asie-Pacifique se traduit aussi par la présence militaire : actuellement, 60% de l’US Navy est présente dans le pacifique, contre 50% il y a quelques années. Le partenariat militaire avec le Japon, ennemi héréditaire de la Chine, a été renouvelé, tout comme les bases militaires à Guam, dans les Philippines ainsi qu’en Australie, à Darwin. Aux yeux de la Chine, une telle situation est interprétée comme une volonté d’endiguement de son territoire…

Le TPP est aujourd’hui le plus grand traité économique jamais réalisé : il représente en effet 40% du PIB mondial. En plus d’être un accord de libre-échange, il vise également à établir des normes communes entre les Etats signataires. Dès lors la Chine a tout à perdre face à un basculement des échanges en faveur des membres du TPP en Asie : selon le PECC, les pertes en termes de recettes pour la Chine pourraient s’élever à 34,8 milliards de dollars. Pourquoi un basculement des échanges aurait-il lieu ? Car le TPP inclut 12 des 21 membres de l’APEC, Etats avec lesquels Xi Jinping souhaite créer un traité de libre-échange concurrent, baptisé le FTAAP, traité qui avance à tâtons vu qu’il ne contient pas de calendrier de fin de négociations… Surtout, le TPP vise expressément les membres de l’ASEAN, pré-carré Chinois en termes d’exportations : il faut savoir que bien que les gains potentiels de la Chine, si le FTAAP venait à voir le jour, seraient moindres (+0,27% de PIB, toujours selon le PECC), l’économie Chinoise est extrêmement dépendante des exportations. Du point de vue des économistes Américains, le TPP n’est pas une mesure agressive, bien au contraire. Elle vise simplement à rééquilibrer les forces dans cette région du monde car, selon l’économiste Français Jean-Michel Quatrepoint : «Les Américains et leurs multinationales considèrent que le marché chinois n’est pas suffisamment accessible à leurs entreprises, que les chinois copient allègrement —ils n’ont pas tort —, ne versent pas de redevances quand ils copient, que, en plus, ils ne donnent pas un accès suffisant à leurs marchés aux groupes américains, et qu’ils privilégient les entreprises chinoises pour leur marché». En résumé, l’objectif des Etats-Unis est de un de réduire leur dépendance commerciale vis-à-vis de la Chine, en créant un réseau de partenaires en pleine croissance, et de deux d’étouffer les velléités Chinoises dans le Pacifique et en Asie… Du « containment » à l’état pur.

 

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La stratégie d’endiguement américaine trouve ses origines au XIXème siècle, sous la plume d’Alfred Mahan. Dans son livre intitulé «Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire », le géopoliticien Aymeric Chauprade explique sa pensée comme suit : « En 1897, (…) Mahan définit la doctrine qu’il entend voir défendue par son pays. Elle recommande de : s’associer avec la puissance navale britannique dans le contrôle des mers, contenir l’Allemagne dans son rôle continental et s’opposer aux prétentions du Reich sur les mers, mettre en place une défense coordonnée des européens et des américains destinée à juguler les ambitions asiatiques ». On retrouve le même conflit terre/mer, et la même volonté d’étouffer les ambitions des puissances continentales qu’aujourd’hui. On peut aussi trouver ici les germes de l’OTAN et du TAFTA. Dans le même ouvrage, Mr Chauprade explique en quoi les puissances maritimes étreignent le « heartland » à défaut de l’atteindre, ce qui est aujourd’hui l’objectif du TPP : « La thèse centrale de Mackinder définit l’épicentre des phénomènes géopolitiques à partir du concept de centre géographique. C’est autour du pivot, du « heartland », que s’articulent toutes les dynamiques géopolitiques. Ce pivot de la politique mondiale est l’Eurasie, que la puissance maritime ne parvient pas à atteindre et son cœur intime est la Russie, qui occupe dans l’ensemble du monde la position stratégique qu’occupe l’Allemagne en Europe (…) Autour de cet épicentre des secousses géopolitiques mondiales, (…) s’étendent les terres à rivages. Au-delà des coastlands, deux systèmes insulaires viennent compléter l’encadrement du heartland : la Grande-Bretagne et le Japon ». Ce qui explique les relations étroites qu’entretiennent les Etats-Unis avec ces deux nations, qui peuvent être vues comme les « gendarmes » des Américains autour du bloc continental. L’ancien conseiller du président Carter et éminence grise du TAFTA, Zbigniew Brzezinski, s’inscrit lui aussi dans cette pensée. Toujours selon Mr Chauprade : «Brzezinski défend la logique d’endiguement par les Etats-Unis de la masse Eurasiatique :  les Etats-Unis ne pourront rester la superpuissance unique et globale que s’ils parviennent à isoler la Russie. Le leadership mondial des Etats-Unis passerait par une maîtrise américaine des zones occidentales, méridionales et orientales de l’Eurasie, autour du heartland. L’alliance Atlantique serait la garantie de contrôle de la zone occidentale (…) quant à l’influence Américaine dans la zone orientale, elle aurait fortement décru en Chine, au Viêt-Nam et dans les pays de l’Indochine mais resterait forte en Corée du Sud et au Japon. ». Il a conscience de la vulnérabilité Américaine et voit dans l’alliance du heartland une menace. Il faut isoler la Russie, via une alliance Atlantique et une alliance avec le Japon. Prise en étau à l’Ouest par le TAFTA et à l’Est par le TPP, La Russie se trouve bel et bien dans la position décrite précédemment, et lorsque l’on regarde les membres des deux traités sur une carte, l’isolement du bloc continental saute aux yeux.

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Mais les BRICS, et particulièrement la Chine et la Russie, premières victimes du containment, n’entendent pas se laisser abattre : Sous l’égide de la Russie, les BRICS se donnent les moyens de rivaliser contre les Américains. Cette année, la Russie a réussi à organiser le sommet de l’organisation de coopération de Shanghai et celui des BRICS. L’adhésion de l’Inde et du Pakistan à l’OCS a été acceptée et se concrétisera en 2016, et celle de l’Iran, normalement, suivra. Au-delà de l’économie, c’est un front anti hégémonique qui se construit. C’est une réaction à l’hégémonie américaine, et comme le précise Pascal Marchand dans « Conflits » : « Ce double et même triple sommet constitue un véritable tournant : les BRICS se donnent les moyens de résister à la puissance américaine et de se mettre à l’abri des sanctions économiques qu’elle peut décréter à tout moment, comme elle l’a fait en Crimée. Un véritable front anti-hégémonique serait en cours de constitution pour faire de « l’espace eurasiatique […] notre maison », selon la formule de Vladimir Poutine, à l’abri des intrusions étrangères ».   Les BRICS se donnent les moyens de riposter sur trois fronts : la finance, les nouvelles technologies, et surtout l’énergie. Ainsi en 2014, lors du sixième sommet des BRICS à Fortaleza, la création d’un fonds de réserve monétaire a été décidée, ainsi que celle d’une nouvelle banque de développement, concurrente de la banque mondiale de Washington. En cause, le refus du congrès Américain de valider la réforme du FMI de 2010 qui aurait augmenté les quotes-parts de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Elle pourrait accorder ses premiers crédits cette année. Aussi, au sommet d’Oufa, la mise en place d’une station orbitale commune aux BRICS  a été décidée. Mais c’est surtout au niveau de l’énergie que la riposte s’articule : « En s’installant au Moyen-Orient, réservoir pétrolier de la planète, les États-Unis sont en train de contrôler la dépendance énergétique de la Chine. Pékin doit donc diversifier ses approvisionnements. C’est le sens des rapprochements que les Chinois tentent avec La Russie, l’Iran, L’Arabie Saoudite, le Venezuela et les pays Africains du golfe de Guinée. » C’est en ce sens qu’Aymeric Chauprade, dans son ouvrage « Chronique du choc des civilisations », nous décrit la nouvelle inflexion de la Chine en faveur de la Russie. En Mai 2014, par exemple, Pékin et Moscou se sont mis d’accord pour construire le gazoduc force de Sibérie à partir de gisements orientaux déconnectés des bassins travaillant actuellement pour l’Europe. Il explique aussi que bien que « La Chine pourrait être tentée par les immenses richesses de Sibérie Orientale, elle y investit de façon importante (…) mais pour l’instant la Chine a tout intérêt à ne pas assumer les frais d’aménagement et de gestion d’un espace naturellement difficile (…) de toute façon le seul débouché rationnel des matières premières de cette région est l’extrême –orient (…) par ailleurs la complémentarité entre Pékin et Moscou est forte en ce qui concerne la haute technologie ». Malgré des intérêts parfois divergents, les BRICS se rejoignent dans leur volonté d’émancipation vis-à-vis du pôle Atlantiste. Toujours dans le même numéro du magazine « Conflits », Pascal Gauchon explique que « Lors des récents sommets des BRICS et de l’OCS, (…) Xi Jinping a présenté les grandes lignes de sa réponse stratégique : soutenir la Russie, histoire de détourner l’oncle Sam de l’Asie-Pacifique, et s’assurer de la neutralité de l’Inde, cette dernière étant indispensable à la stratégie Américaine d’endiguement » car en effet « Les USA travaillent depuis des années à un rapprochement avec l’Inde. (…) en retour la Chine poursuit une politique de bon voisinage afin d’éviter un partenariat trop solide entre l’Inde et les USA. » La forte diaspora Indienne présente aux Etats-Unis en fait un partenaire naturel, mais l’Inde a conscience de l’intérêt qu’elle a de se rapprocher des pays membres de l’OCS, futur poids lourd de la scène économique mondiale. Mais ceci n’est pas sans intention, cette nation a conscience qu’à l’avenir elle pourra disputer le rôle de leader asiatique à la Chine, c’est pourquoi elle ne regarde pas forcément dans la même direction que cette dernière : « L’Inde travaille aussi avec ses voisins de l’est, notamment le Japon, espérant construire un triangle Inde-Japon-Etats-Unis capable de rivaliser avec La Chine (…) parallèlement les USA sont en train de déposséder l’allié traditionnel Russe de sa place de premier fournisseur d’armement ». Dans la culture Indienne, d’après «la théorie du Mandala» de Kautilya «Votre voisin est votre ennemi naturel et le voisin de votre voisin est votre ami» La question dès lors est de connaître la priorité de l’Inde : l’indépendance vis-à-vis de l’Occident ou voler le titre de leader Asiatique à la Chine ? Une telle situation pourrait faire voler en éclats la stratégie de bloc continental orchestré par la Chine et la Russie… Et les Etats-Unis le savent pertinemment… Quand la Chine et la Russie gardent une rancune historique envers l’Occident, l’une pour les « Traités inégaux » et l’autre pour la Guerre froide, l’Inde doit son rayonnement à l’influence Britannique, par la langue Anglaise.

En conclusion, on peut dire que cette stratégie, ce conflit qui ne dit pas son nom, s’inscrit dans la lignée des conflits entre les paysans (Heartland) qui pensent le temps et les marins (Les Etats-Unis) qui pensent l’espace, pour reprendre la terminologie du penseur Tunisien Ibn Khaldoun. Néanmoins, avec le recul, on peut citer plusieurs incohérences, voire des erreurs dans la stratégie Américaine : premièrement il faut noter qu’une des constantes géopolitiques de la Chine est qu’elle a toujours privilégié la terre au détriment de la mer… Alors que le propre du containment est de bloquer les puissances continentales en leur bloquant leur accès aux mers chaudes voire aux mers tout court (réf : Grand Jeu). Première incohérence. Ensuite, on peut se demander si, à long terme, la Chine et la Russie seront les principaux rivaux des Etats-Unis. C’est vite oublier que le continent affichant les plus gros taux de croissance ces dernières années est l’Afrique, malgré, évidemment, un retard énorme. On peut aussi se demander si l’ingérence brutale des Etats-Unis à l’étranger ne peut pas entraîner un effet boule de neige contre eux, et ainsi perdre de précieux alliés en plus d’affaiblir son Soft Power… Mais surtout, il convient de souligner un bouleversement majeur en Chine qui pourrait contrarier la stratégie Américaine : Les Etats-Unis souhaitent faire diminuer les exportations Chinoises en leur coupant l’herbe sous le pied en Asie du sud-est. C’est ne pas savoir que la crise actuelle en Chine résulte d’un déséquilibre : les prix des exportations Chinoises ont augmenté ces dernières années en raison de l’augmentation des salaires dans l’empire du milieu, elles sont donc moins compétitives sur le marché mondial. Les entreprises Chinoises elles-mêmes délocalisent au Vietnam. Or la demande interne ne suffit pas à compenser le déficit d’exportation. C’est pourquoi, depuis quelques temps, la politique économique Chinoise s’oriente de plus en plus vers une économie de la demande, au détriment des exportations, une demande d’un milliard quatre-cent millions d’individus, soit plus de quatre fois la population Américaine… en plus du projet Chinois de nouvelle route de la soie, autre moyen de contrer l’interventionnisme Américain au Moyen-Orient, visant à développer ses transports et ses apports énergétiques vers l’Europe, l’Asie centrale et l’Afrique. Le containment Américain ne fait qu’accélérer ce processus. Le grand défaut des marins est de trop s’éloigner pendant que les paysans continuent de cultiver…

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Petit Adrien

Janvier 2016

 

Sources

Numéro 7 du magazine Conflit

Chroniques du choc des civilisations, Aymeric Chauprade, édition Chroniques

Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire, Aymeric Chauprade, éditions Ellipses

http://www.latribune.fr/economie/international/tpp-le-japon-et-les-etats-unis-confirme-la-signature-d-un-large-accord-510833.html

http://www.revueconflits.com/

http://blog.realpolitik.tv/

http://www.lexpress.fr/actualite/l-inquietude-de-l-inde-face-aux-actions-de-la-chine_1702886.html

http://www.chinausfocus.com/finance-economy/tpp-or-ftaap-what-it-means-for-us-and-the-asia-pacific-region/

http://chine.blogs.rfi.fr/category/tag-pour-votre-blog-encres-de-chine/apec-chine-zone-de-libre-echange-asie-pacifique-

http://www.latribune.fr/economie/international/asie-pacifique-pour-contrer-le-tpp-la-chine-relance-son-projet-de-plus-grande-zone-de-libre-echange-du-monde-521258.html

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Veille stratégique & intelligence économique : Comment la DCRI est-elle capable de s’adapter à un environnement constamment en évolution ? /grands-enjeux/veille-strategique-et-intelligence-economique/ /grands-enjeux/veille-strategique-et-intelligence-economique/#comments Tue, 25 Feb 2014 11:55:48 +0000 /?p=5756 Dans un monde où l’accès à l’information devient de jour en jour plus facile, il apparaît essentiel de mettre en place des mesures de précaution pour garantir un contrôle de cette information. En effet, la lutte pour le contrôle de celle-ci est omniprésente, au niveau des États, mais aussi au niveau des acteurs privés tels que les entreprises.
Nous pouvons remarquer à ce propos  que peu d’entreprises mettent des moyens en œuvre pour se protéger, alors que les risques demeurent grandissants. Nous assistons donc à de nombreux cas d’entreprises se retrouvant démunies face à des attaques venant de concurrents, ou d’acteurs isolés, et qui sont dans l’incapacité de réagir seules.

C’est dans ce cadre qu’intervient la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI). Le service est dédié à la défense de la Nation, notamment en ce qui concerne l’espionnage économique. C’est pourquoi le rôle de prévention auprès des entreprises demeure une dimension fondamentale de l’action de la DCRI.

La question est ici de savoir comment la DCRI est capable de s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution, et dans quelle mesure elle est en capacité de remplir sa mission, qui paraît assez gigantesque.

Pour cela il faudra tout d’abord se concentrer sur la nature de ce service, tant sur sa structure que sur son statut ou encore sur sa mission ainsi que sur ses homologues internationaux, pour être en mesure de bien comprendre les enjeux ici présents. Ensuite, l’évolution du service, depuis sa création, va permettre d’entrevoir une explication sur sa capacité d’adaptation, ainsi que sur l’influence de différents acteurs sur ce service. Enfin, un exemple d’affaire traité par la DCRI nous permettra d’illustrer les différents sujets abordés au préalable.

I/ Qu’est-ce que la DCRI ?

  1. De sa création à aujourd’hui :

La DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) fut créée en 2008 de la fusion entre la direction de la surveillance du territoire (DST créée en 1944) et des renseignements généraux (RG crée en 1907).  Ce rapprochement entre les deux entités fut voulu par Nicolas Sarkozy afin de créer « un FBI à la française » répondant plus efficacement aux nouvelles formes de menaces intérieures.

En 2013, suite à quelques affaires difficiles (notamment l’affaire Merah), le fonctionnement de la DCRI fut remis en question. Cela explique pourquoi le nouveau ministre de l’Intérieur Manuel Valls souhaitait une réforme du renseignement intérieur, que nous détaillerons plus loin.

  1. Son fonctionnement :

La DCRI compte environ 3500 fonctionnaires qui sont pour la plupart habilités secret défense. Elle divise son organisation en 7 zones géographiques (une pour Paris et six autres en région). L’ensemble des décisions relève cependant du directeur central du renseignement intérieur Patrick Calvar depuis 2012. Par conséquent, les services de région c’est-à-dire les Directions Départementales du Renseignement Intérieur (DDRI) ne dépendent pas des préfets de département.

La DCRI dispose de son propre groupe d’intervention pour procéder aux interpellations (GAO : groupe d’appui opérationnel) et est dotée d’une base de données « Cristina » (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et des intérêts nationaux) classé secret défense qui comprend des données personnelles sur des individus fichés ainsi que sur leurs proches et relations. Ce fichier n’est pas contrôlé par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) d’après la loi « informatique et libertés » concernant les fichiers de sécurité nationale et est issu de la fusion des fichiers de la DST et des RG.

  1. Ses missions :

La DCRI a pour mission de défendre « l’intérêt de la nation » : terrorisme, mouvements de contestation, espionnage économique. La DCRI se concentre uniquement sur le renseignement en « milieu fermé » qui relève du « secret défense ».

En ce qui concerne le milieu dit « ouvert », qui comprend la veille sur les mouvements sociaux, l’opinion, la surveillance des cultes, les manifestations, la violence urbaine, les sans-papiers… les différentes missions sont prises en compte par la SDIG (sous-direction de l’information générale) placée au sein de la DCSP (direction centrale de la sécurité publique).

            En se focalisant sur le rôle de la DCRI au sein de la veille stratégique, nous constatons que l’importance grandissante de la cybercriminalité au sein des entreprises a poussé la DCRI à instaurer un réel partenariat avec les entreprises du secteur privé comme public afin de mettre en place une politique publique efficace en matière d’intelligence économique.

II/ L’évolution du service (changements depuis sa création, adaptation à l’environnement, le rôle du numérique)

a)     L’adaptation aux technologies numériques

Nous avons pu voir que La Surveillance du Territoire  devenue Direction de la Surveillance du territoire date de 1934.

L’essor d’internet a amené une nouvelle forme de menace pour les entreprises et donc une nouvelle forme de protection de l’information.

Définition de l’intelligence économique

L’intelligence économique est une notion difficile à définir.

En France, ce sont les travaux du Commissariat général au plan avec le rapport d’Henri Martre en 1994 qui vont permettre de préciser la notion et d’initier une réflexion globale sur ce concept.

Au sein du groupe de travail, certaines divergences existaient et la définition qui fut retenue est issue de la volonté de trouver un consensus.

Le rapport Martre définit «l’intelligence économique comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de délais et de coût.»

Et le rapport précise ce qu’il faut entendre par information utile. Il s’agit de «l’information dont ont besoin les différents niveaux de décision de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d’améliorer sa position dans un environnement concurrentiel. Ces actions au sein de l’entreprise s’ordonnent autour d’un cycle ininterrompu, générateur d’une vision partagée des objectifs de l’entreprise».

Le rapport Martre poursuit en expliquant que la notion d’intelligence économique implique «le dépassement des actions partielles désignées par les vocables de documentation, de veille, de protection du patrimoine concurrentiel, d’influence… Ce dépassement résulte de l’intention stratégique et tactique.»

En 2003 Bernard Carayon, député français, est mandaté par le premier ministre pour réaliser un rapport sur l’intelligence économique. Bernard Carayon faisait alors le constat du quasi-immobilisme des pouvoirs publics depuis la parution du rapport Martre et de l’absence de coopération entre la sphère publique et la sphère privée

Il ajoute dans son ouvrage une partie sur le patriotisme économique: «le patriotisme économique n’est pas plus un nationalisme qu’un conservatisme: c’est le garant de la cohésion sociale, un catalyseur d’énergie: la conscience collective de nos vulnérabilités, de nos talents, de nos ambitions, irréductiblement adversaire de la déification du marché et de l’éloge des égoïsmes sans destinée.»

L’outil indispensable dans ce nouveau contexte, c’est l’intelligence économique, qui permet de protéger et maîtriser l’information stratégique. En conclusion, et pour reprendre la formulation d’Alain juillet, Haut responsable chargé de l’intelligence économique en France, la finalité de l’intelligence économique est la compétitivité au service de la souveraineté.

À partir de la remise du rapport de B. Carayon en 2003, l’intérêt porté à l’intelligence économique a connu un réel essor. C’est depuis cette date que la DCRI est inscrite dans une véritable politique publique d’intelligence économique, et peut ainsi faire face, comme nous l’avons indiqué plus haut, à de nouveaux enjeux dans un esprit de partenariat avec les entreprises privées et publiques.

b)    La politique et le judiciaire au cœur de l’évolution

Le pouvoir politique dans la DCRI

Malgré le fait qu’elle se définisse comme indépendante, la DCRI est  tout de même tributaire des pouvoirs politiques en place et notamment en termes d’organisation. Après la fusion de la Direction de la Surveillance du territoire (DST) et de la Direction centrale des Renseignements généraux (RG) en 2008, la DCRI va connaître un nouveau changement.

Suite au changement de majorité politique du printemps 2012, les pouvoirs exécutif et législatif souhaitent réévaluer le rôle de la DCRI.

En 2014, la DCRI deviendrait la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), et ne serait plus placée sous la tutelle de la direction générale de la police nationale mais sous celle du ministre de l’Intérieur, avec plus d’autonomie.

Quel cadre juridique pour le vol de données ?

En raison des termes légaux utilisés, l’application au cyberespace de certains textes pénaux anciens peut s’avérer problématique. Tel est le cas du vol de données informatiques, dans la mesure où le fait de “subtiliser” des fichiers informatiques en les copiant n’implique en principe pas, selon le langage commun, de soustraction frauduleuse (élément constitutif du vol). C’est donc un problème majeur pour protéger les entreprises contre la copie et donc le vol d’informations.

Jusqu’à présent en effet, les sociétés qui tentaient une procédure pour vol de données immatérielles se sont toutes heurtées au vide juridique qui entoure ces informations sans support physique, et ont obtenu dans le meilleur des cas une condamnation des auteurs pour “abus de confiance”. L’affaire Michelin en est un bon exemple : l’accusation de vol n’avait pas été retenue. Les échecs systématiques des procédures pour vol de données immatérielles expliquent en partie la réticence des entreprises victimes de ce genre de délit à porter plainte.

Mais, depuis peu, des exemples montrent un réel changement dans le cadre juridique.

Le 26 septembre 2011, le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand a créé une jurisprudence en matière de vol d’informations. Après deux ans et demi d’instruction, “Madame Rose” a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 3000 euros de dommages et intérêts pour “vol et abus de confiance” à l’encontre de son ancien employeur, une PME auvergnate de négoce de produits à haute valeur ajoutée. Cette Chinoise est ainsi sanctionnée pour avoir copié sur une clé USB le fichier clients de la société, qu’elle a ensuite tenté de vendre. C’est un des contacts asiatiques du patron qui s’est vu proposer le fichier, et qui a alerté la PME.

III/ Le cas de l’affaire Renault

a)     Chronologie de l’affaire :

• Le 3 janvier 2011, trois cadres de Renault (Michel Balthazar, Matthieu Tenenbaum et Bertrand Rochette) sont écartés suite à des soupçons de divulgation d’informations sensibles. Celles-ci concerneraient le lancement prochain (2012), par la marque au losange, de voitures électriques.

Cette mise à pied est la conséquence d’une enquête interne réalisée depuis août 2010.

•Deux jours plus tard, une source proche du dossier confirme les accusations d’espionnage industriel.

• Le 6 janvier, le ministre de l’Industrie de l’époque, Éric Besson, juge l’affaire « sérieuse » et évoque la « guerre économique » dans laquelle est plongé le groupe français.

• Le lendemain, on apprend que la DCRI s’est intéressée à l’affaire et suit une piste chinoise.

• Le 10 janvier, le Figaro évoque la possible existence de comptes bancaires au Lichtenstein et en Suisse ayant servi à rémunérer deux des trois agents mis en cause. L’argent, on évoque plusieurs centaines de milliers d’euros, aurait été versé par une grande société chinoise de distribution.

Ces accusations sont formellement démenties par le gouvernement chinois, qui, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, les juge « sans fondement et irresponsables ».

L’affaire prend donc, très tôt, un tournant diplomatique entre la France et la Chine.

Dans le même temps, les trois cadres continuent de nier toutes les accusations portées à leur égard.

• Le 13 janvier, Renault dépose une plainte contre X « pour des faits constitutifs d’espionnage industriel, de corruption, d’abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée.”

L’enquête est confiée par le parquet de Paris à la DCRI.

• Le 19 janvier, les trois cadres accusés depuis le début par le constructeur français portent plainte pour dénonciation calomnieuse et diffamation.

• Le 22 janvier, et pour la première fois depuis le début de l’affaire, le PDG de Renault Carlos Ghosn s’exprime. Il évoque « la gravité de l’affaire ».

• Le 25 janvier, Le Parisien relate une opération de perquisition s’étant déroulé au technocentre de Renault, à Guyancourt dans les Yvelines. Celle-ci a été effectuée par la DCRI et des ordinateurs ont été saisis.

• Le lendemain, l’avocat de Renault s’étonne de la parution d’une telle nouvelle et attribue cette « fuite » à la DCRI.

• Le Canard Enchaîné révèle que Renault aurait attribué la conduite de l’enquête interne à un salarié de la société privée de renseignement Geos.

• Le 3 mars, on apprend que la DCRI n’a pas trouvé d’éléments probants concernant l’espionnage par les trois cadres ou d’éventuels comptes en Suisse.

• Le lendemain, le directeur général et numéro 2 de Renault, Patrick Pélata, admet que le groupe a pu être « victime d’une manipulation ».

• Le 11 mars, un responsable de la sécurité de Renault ayant dirigé l’enquête interne, Dominique Grevey, est mis en examen puis écroué deux jours plus tard. La DCRI le soupçonne « d’escroquerie en bande organisée », ce rebondissement survient après deux mois d’enquête.

• Le 14 mars, Renault adresse ses « excuses » aux trois employés incriminés depuis le début et leur promet une « réparation ».

• Le 15 mars, la DCRI prouve l’existence d’un compte bancaire suisse possédé par Dominique Grevey.

• Le 11 avril, Renault, à la suite d’un conseil d’administration extraordinaire, annonce le licenciement de Patrick Pélata. Trois cadres dirigeants et trois responsables de la sécurité de la marque sont également écartés.

Enfin, des indemnisations sont prévues par le CA à destination des trois cadres accusés à tort.

• Deux ans après l’affaire, Dominique Grevey continue de faire parler de lui. Il porte plainte contre Renault en l’accusant d’avoir demandé à consulter les factures de téléphones d’Alexis Kohler, alors représentant de l’Etat au CA du groupe français.

Grevey porte par ailleurs plainte contre deux agents de la DCRI pour « faux en écriture publique », c’est-à-dire une falsification de casiers judiciaires.

La DCRI est de plus accusée d’avoir cru trop rapidement à la piste de l’espionnage chinois, accréditant ainsi la thèse de Renault.

Le rôle de Grevey reste ambigü, il est toutefois fort probable qu’il n’ait pas agi seul.

b)    Les conséquences de l’affaire Renault :

L’affaire qui a ébranlé Renault lors de l’année 2011 a bien évidemment eu un impact sur l’entreprise. Maintenant il reste à connaître la nature de celui-ci. Concerne-t-il plutôt l’activité de l’entreprise ? Sa structure ? Son image ?

La première chose qu’il apparaît essentiel de dire, c’est que les ventes de Renault n’ont pas été fortement impactées par ce scandale. En effet, comme celui-ci ne concernait pas le côté production et la qualité des produits, les consommateurs n’ont pas de raison de se méfier des produits Renault. C’est donc un point positif pour la marque.

Cependant, il existe bien d’autres aspects sur lesquels cette affaire a eu un impact considérable, à commencer par l’organisation de l’entreprise. Il a évidemment fallu trouver des responsables au sein de l’entreprise. Outre les trois cadres prématurément licenciés, à tort, c’est le numéro deux de la marque au losange qui a payé les pots cassés. Patrick Pétala a dû quitter Renault (sous l’impulsion de Carlos Ghosn) en avril 2011. Cet événement a été suivi par une restructuration des hautes sphères de l’entreprise. Jean Marc Berlioz a été nommé inspecteur général dans le cadre d’une restructuration du service de sécurité de l’entreprise et Eric le Grand a été nommé directeur de la prévention et de la protection au sein du groupe. Par ces actions, l’entreprise Renault veut montrer qu’elle met les moyens en œuvre pour éviter qu’un tel fiasco ne se reproduise. Cela est accentué par le CV impressionnant des deux hommes dont on vient de parler. A cela s’ajoute la création d’une commission chargée de l’éthique, qui servira à gérer un autre point noir qu’a entrainé cette fausse affaire d’espionnage : la politique de gestion des Ressources Humaines.

C’est dans ce secteur que l’on peut aussi observer un impact très négatif. En effet, l’attitude de la direction a été très mal perçue par les salariés et l’ensemble de l’opinion publique. Le fait de licencier les trois cadres présumés coupables de faits d’espionnage sans en avoir les preuves a considérablement augmenté la distance entre les hautes sphères de l’entreprise et les salariés. Ceux-ci se considèrent lésés, et accusent la direction de cynisme à leur égard. Ils ne se reconnaissent plus dans leur direction. Pour eux les dirigeants ne prêtent aucune attention à la personne humaine, leur préoccupation étant uniquement la santé du groupe et surtout ses profits. La volonté de se battre des trois cadres licenciés au début de cette affaire a été un élément moteur dans ce mécanisme de révolte des syndicats de Renault. On peut ajouter à cela les tensions politiques qui ont suivi la révélation de l’affaire car certains politiques ne se sont pas privés de critiquer Renault et sa direction. C’est par exemple le cas du parti socialiste, qui par la voix d’Harlem Désir a accusé la direction de Renault de légèreté quant à la gestion de sa sécurité et de cynisme envers ses salariés. L’image de Renault, de sa direction, de ses actions, a donc été considérablement écornée par cette affaire. Même si l’image des produits n’est pas concernée, il faudra encore quelques années de bonnes pratiques et d’embauche à Renault pour faire oublier ce fiasco, tant sur le point de vue de la sécurité que sur celui de la gestion de crise (licenciements abusifs).

Ce qui est devenu depuis 3 ans « l’affaire Renault » peut aujourd’hui être considéré comme un exemple type d’une situation dite de guerre économique. Cela nous montre au combien la gestion de l’information est primordiale, dans le cadre des activités économiques notamment. Les conséquences qu’a eu cet épisode sur le groupe Renault montrent au combien il est nécessaire de prendre des dispositions quant à la sécurité de l’information. Le fait que l’entreprise ait décidé de faire cavalier seul dans la gestion de cette crise, sans écouter ni suivre les recommandations de la DCRI et la façon dont tout cela s’est terminé, nous montrent bien qu’il faut être compétent en la matière pour se sortir sans trop de dommages de cette impasse. Si Renault avait eu une collaboration plus étroite avec la DCRI, peut-être que les conséquences auraient été moindres, et que tout le contenu de l’affaire n’aurait pas été dévoilé sur la place publique (ce qui a été réellement l’élément déclencheur de la saga Renault lors de l’année 2011). Peut-être aussi que l’on aurait évité l’incident diplomatique avec la Chine, qui s’est sentie offensée de subir des accusations infondées comme cela été le cas de la part de la direction de Renault, et même de la part gouvernement français.

AUDEBERT Paul, BRANCHET Quentin, CACHEUX Angélique & CHATENAY Alexandre

 

Sources :

 

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Fiche Pays – Bhoutan /geopolitique/fiche-pays-bhoutan/ /geopolitique/fiche-pays-bhoutan/#respond Tue, 25 Feb 2014 11:19:42 +0000 /?p=5750 Introduction :

Carte_BHOUTAN

Données générales :

Nom officiel : Royaume du Bhoutan

Nature du régime : Monarchie constitutionnelle (depuis juillet 2008)

Chef de l’État : SAR M. Jigme Khesar Namgyal Wangchuck (Roi-dragon)

Chef du Gouvernement : M. Tshering Tobgay (Premier ministre)

Données géographiques :

 

Superficie : 38 394 km²

Capitale : Thimphou (env. 100 000 hbts)

Villes principales : Punakha ; Phuentsholing ; Paro

Langue officielle : Dzongkha (dialecte tibétain)

Langues courantes :divers dialectes tibétain et népalais

Monnaie :Ngultrum bhoutanais (BTN ; 1€ = 78 Nulgtrum ; la roupie indienne a également cours légal au Bhoutan)

Fête nationale : 17 décembre (établissement de la dynastie Wangchuck)

 Données démographiques :

(données Banque Asiatique de Développement -BAD , 2013)

Population : 741.822

Densité :19 habitants/km²

Croissance démographique : 1,8%

Espérance de vie : 67 ans

Taux d’alphabétisation : 74,4% (des 14-24 ans)

Religion (s) : bouddhisme lamaïque (75%), hindouisme (25%)

Indice de développement humain :0,619 (132e rang mondial)

Évaluation du risque politique :

•           La stabilité du gouvernement et des institutions

Le Roi Jigme Singye Wangchuck a abdiqué à 51 ans. Le jeune roi Jigme Khesar Namgyel Wangchuck, née en 1980, a, dès son accession au trône, entrepris d’appliquer les réformes démocratiques et économiques annoncées par son père et destinées à sortir son pays de l’isolation.

Le Bhoutan, monarchie héréditaire, est donc devenu en 2008 un régime parlementaire de monarchie constitutionnelle, avec la rédaction d’un projet de Constitution et la tenue d’élections parlementaires au mois de mars 2008 qui ont vu un taux de participation de 79,4 pour cent.

Les observateurs ont relevé la bonne organisation du scrutin. Cette élection a été remportée par le DPT (Druk Phuensum Tshogpa, parti bhoutanais de l’unité et de l’harmonie).

Les élections parlementaires du 13 juillet 2013 se sont déroulées de façon satisfaisante, avec un fort taux de participation (80%). La victoire de l’opposition (People’s Democratic Party –PDP) a été nette, avec 55% des voix. Au Conseil national (Chambre haute), seulement six des vingt membres ont été réélus. Cette victoire est un signal positif pour l’alternance et la démocratie.

Le Bhoutan a mis en place un nouvel indicateur de « bonheur national brut » qui regroupe 33 critères économiques et sociologiques et qui est au centre de sa politique de développement. Par ailleurs, l’ensemble des Buts du Millénaire pour le développement devrait être atteint, selon le gouvernement, à l’aube de 2015.

•           Les conditions socio-économiques

Depuis que le gouvernement a autorisé la télévision par satellite et l’accès à Internet, en 1999, une vague de modernisation a déferlé sur le Bhoutan, maintenu jusqu’alors en semi-autarcie. L’accroissement rapide du parc automobile se traduit par l’apparition d’embouteillages aux heures de pointe dans les rues de Thimbu. La fièvre consumériste atteint de plus en plus les habitants, qui se lancent les uns après les autres dans l’achat d’une voiture, d’un logement ou du dernier équipement électroménager, quitte à s’endetter lourdement. Le gouvernement, qui se méfie d’une consommation excessive, a annoncé en avril le gel des crédits et a relevé en juin la taxe sur l’achat des véhicules. Les jeunes qui rêvent de vivre dans une grande ville quittent leur province et affluent vers la capitale à la recherche d’un emploi.

•           Le niveau de corruption

L’ouverture du pays à la démocratie ainsi que le statut précaire d’une part grandissante de la population cherchant refuge dans les villes font naître une crainte concernant un niveau de corruption du pays.

Au sein de l’ancien régime et toujours actuellement, le roi est adulé dans son peuple pour avoir engagé son pays sur la voie de la modernisation. Le Bhoutan n’avait ni routes, ni téléphone, ni école jusque dans les années 1960. L’ancien roi a adopté de vraies politiques de modernisation à travers tout le pays, en encourageant en même temps une forte identité nationale. Cependant l’accès de nouveaux acteurs dans le paysage politique laisse craindre à une recrudescence de corruption au sein des partis constitués, selon le peuple, de personnes affairistes et donc enclines à la corruption.

•           Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme

L’exode rural que connait actuellement le pays est à l’origine d’un climat d’insécurité grandissant dans les villes où les rues regorgent de chômeurs. La police a recensé 327 affaires de drogue en 2011 à Thimbu, impliquant dans 80 % des cas des jeunes de moins de 25 ans. Le changement commence à être perceptible même dans les provinces où subsiste le mode de vie traditionnel.

•           Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel

Coincé entre les deux grandes puissances que sont l’Inde et la Chine, le Bhoutan paraît minuscule. Il a d’ailleurs subi maintes invasions par le passé. Pour se rendre compte de leur situation, ses habitants n’ont qu’à se tourner vers le nord, où le Tibet – autre pays bouddhiste – a été envahi par la Chine en 1950, ou vers l’ouest et l’ancien royaume du Sikkim, annexé par l’Inde en 1975.

Pour ne pas être engloutis par une puissance étrangère, les dirigeants ont eu l’idée de donner à leur pays l’image d’un royaume doté de traditions fortes et d’une culture bien à lui. Cette politique de protection de la culture est devenue le moyen d’affirmer l’identité du Bhoutan.

•           Les conflits internes et pressions ethniques

La politique volontariste de préservation de la culture bhoutanaise a également conduit à l’exclusion des autres cultures. Conformément au principe “une nation, un peuple”, affirmé dans les années 1980 par le roi, le Bhoutan, pays multiracial, s’est résolument engagé dans un processus d’intégration ethnique et culturelle.

Tout ce qui est considéré comme bhoutanais – le dzongkha, le bouddhisme tibétain, les costumes traditionnels comme le go [pour homme] ou le kira [pour femme] – se rattache à la culture des peuples d’origine tibétaine : l’ethnie Bhotia dominant politiquement, habitant dans l’ouest et le nord du pays notamment à Thimbu. Pour les autres ethnies, il s’agit donc d’une culture imposée. Le sentiment de défiance vis-à-vis du gouvernement est donc particulièrement présent chez les hindouistes d’origine népalaise vivant dans le Sud appelé Lhotsampa. Bien qu’aucune étude statistique n’existe, ces derniers représenteraient 20 à 50 % de la population.

A la fin des années 1980, le gouvernement a interdit l’enseignement de la langue népalaise dans les écoles et imposé des cours obligatoires de bienséance conformes à la tradition tibétaine. Face à ces mesures, de nombreux habitants d’origine népalaise ont exprimé leur mécontentement et des manifestations antigouvernementales se sont multipliées dans tout le pays. Ces conflits se sont traduits par l’exil de plus 100 000 habitants d’origine népalaise. Ces réfugiés sont considérés comme des “immigrés clandestins” aux yeux du gouvernement Bhoutanais.

En dépit des critiques maintes fois exprimées par la communauté internationale, ils n’ont toujours pas été rapatriés. Plusieurs groupes armés dissidents ont élu domicile dans ce camp. En octobre, ils se sont livrés à des attaques terroristes à la bombe dans le sud du pays. C’est pourquoi l’accès des touristes à cette région reste strictement réglementé.

D’autre part, en vue de contenir la majorité ethnique d’origine népalaise chassée du sud du pays, le gouvernement a lancé un “programme de resédentarisation” destiné à apporter une aide aux Bhoutanais souhaitant s’installer dans cette région. Ceux qui n’ont rien se voient ainsi attribuer gratuitement des terres arables. Ainsi, augmenter la proportion des autres ethnies au sein de la population locale permettrait d’étouffer dans l’œuf toute velléité d’indépendance.

Une évaluation des risques économiques et financiers:

(données Banque mondiale 2012 sauf mention contraire)

Le PIB : 1.780 milliards de dollars (PIB à prix constants)

Le PIB par habitant : 2420 dollars (méthode Atlas)

Taux de croissance : 9.4% (8% en moyenne depuis 2000)

Taux de chômage (au sens du BIT): 2,1% (BAD)

Taux d’inflation annuel : 10,9%

Le solde budgétaire (en % du PIB) : -18,5% du PIB (BAD)

La dette externe (en % du PIB) : 81% du PIB en dettes

Le solde commercial : 35 millions de dollars

Principaux clients : Inde (98%), Hong Kong, Singapour

Principaux fournisseurs : Inde (77%), Indonésie, Russie

Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :

–       agriculture : 14,4% (l’agriculture emploie entre 80 et 90% de la population)

–       industrie : 45,2% (dont électricité 44,9%)

–       services : 40,4%

La croissance du PIB s’est maintenue à plus de 8% sur les dix dernières années (9,7% en 2012). Le développement économique du Bhoutan reste dépendant du voisin indien, qui y a mis en œuvre d’importants projets notamment en termes d’infrastructures hydroélectriques.

Sur le plan budgétaire, le déficit du budget central s’est détérioré jusqu’à 13% du PIB en raison des importations liées à la mise en œuvre des projets hydroélectriques (11.490MW en construction, 81% du PIB en dettes, 44,9% des exportations), mais la balance des paiements reste positive grâce aux prêts et dons. Le FMI estime que le pays est sur la bonne voie.

Toutefois, les contrôles détaillés et les réglementations incertaines dans les secteurs comme ceux de l’industrie, du commerce, du travail et des finances continuent à entraver les investissements étrangers.

La situation des recettes traduit une double dépendance : à l’égard des prêts et à l’égard de l’Inde (98% des exportations bhoutanaises et 77% des importations), mais aussi les bailleurs multilatéraux :

–       avec le FMI, le Bhoutan (membre depuis 1981) a conclu favorablement sa revue Article IV en mars 2011 avec comme recommandations d’éviter une surchauffe économique et de renforcer la gouvernance du secteur financier ;

–       avec la Banque Mondiale, l’encours des prêts au 31 juillet 2011 s’élevait à 152 millions de dollars ;

–       avec la Banque Asiatique de Développement, dont le Bhoutan est membre depuis 1982, et qui est l’institution multilatérale la plus engagée avec 26 prêts cumulés de 275 millions US$. Les infrastructures sont la priorité de la BAsD, notamment un programme d’électrification des zones rurales depuis 1999.

Une évaluation des risques géographiques et environnementaux :

•           Les risques sismiques et géologiques

L’Himalaya, cette chaîne de montagnes d’environ 2500 km de long, est le résultat de la collision de deux plaques, l’Inde et l’Eurasie. La première pénètre sous le Plateau tibétain en glissant de quelques centimètres par an en moyenne. Dans certains secteurs de l’Himalaya, ce taux moyen de glissement se traduit par de nombreuses années d’inactivité sismique suivies par de très gros séismes rattrapant le déplacement manquant. Certains, tels de très gros tremblements de terre (magnitude 8 et au-delà) ne sont documentés que le long des deux tiers de la chaîne, le reste constituant des zones de lacune sismique. C’est notamment le cas au niveau de l’ouest du Népal et du Royaume du Bhoutan, où nous n’avons aucune connaissance du comportement des plaques dans la région.

L’estimation de l’aléa sismique régional est ainsi particulièrement difficile à réaliser sans le traitement des données recueillies par plusieurs équipes de chercheurs répondant à la demande d’étude récemment lancée par le gouvernement bhoutanais. Cependant les premières études montrent toutefois que la situation au Bhoutan semble différente à celle du Népal, régulièrement ravagé par de grands séismes (cf en 1934) ce qui pourrait donc être une bonne nouvelle pour le développement du Bhoutan.

Cela étant, les violents orages descendant des montagnes de l’Himalaya, à l’origine du nom du pays qui se traduit par le Pays du dragon de tonnerre ; provoquent de fréquents glissements de terrain pendant la saison des pluies.

•           Les risques sanitaires et épidémiques

Les conditions précaires au niveau de l’hygiène, de l’alimentaire et de la qualité de l’eau provoquent essentiellement des risques de désordres digestifs chez les voyageurs. En effet, de nombreux agents infectieux (virus, bactéries, parasites) peuvent contaminer l’eau et les aliments, ou être transmis par contact manuel (mains sales). Les mesures de prévention concernant l’eau, la nourriture et le lavage des mains sont essentielles et doivent être connues de tous les voyageurs.

Certaines vaccinations peuvent être proposées.

Des mesures de protection contre les piqûres de moustiques sont également essentielles, pour tous les voyageurs et dans tout le pays. Concernant le paludisme, le Bhoutan est, en effet, classé dans les pays du groupe 3 pour l’ensemble de son territoire.

Enfin, Le Bhoutan est en zone épidémique concernant la Méningite à méningocoque, une maladie bactérienne (méningocoque) à transmission interhumaine. La vaccination doit donc être envisagée, un traitement antibiotique post-exposition également.

Évaluation  du Hard Power du pays :

•           Pouvoir militaire réel

Le pouvoir militaire au Bhoutan est réparti en plusieurs corps d’armée. Tout d’abord l’Armée royale du Bhoutan qui inclue la police royale du Bhoutan et la Garde Royale puis une milice nationale et enfin les gardes forestiers (paramilitaires).

L’âge de recrutement est de 18 ans, elle compte 18 000 soldats et est formée par l’armée de terre de l’Inde. La part du budget accordée aux dépenses militaires est marginale et représente environ 13,7 millions de dollars soit 1,8% du PIB du pays. N’ayant pas accès à la mer, le Bhoutan n’a pas de marine. Il n’a pas de forces aériennes : son armée de terre dépend du Commandement de l’est de la Force aérienne indienne pour les actions aériennes.

La faiblesse de ses forces armées ne permettent pas au pays de peser sur ses revendications et à faire valoir ses intérêts face à ses géants voisins que sont l’Inde et aussi et surtout la Chine.

Néanmoins, le Bhoutan parvient à contrôler plusieurs cols dans les montagnes de l’Himalaya. Position stratégique entre la Chine et l’Inde (avec lesquels le pays ne partage pas moins de 470 km (Chine) et 605 km (Inde) de frontières communes).

•           Relations internationales et poids du pays dans les institutions internationales

Le 8 février 2007, le Bhoutan et l’Inde signent un nouveau traité clarifiant le contrôle du Bhoutan sur ses propres relations internationales. Ce traité remplace celui signé en 1949. Le traité de 1949 est encore parfois interprété comme permettant l’Inde de contrôler les affaires étrangères du Bhoutan, mais c’est le gouvernement du Bhoutan qui se charge de toutes les affaires étrangères du pays, y inclus sur les sujets intéressants le gouvernement indien, comme la frontière entre le Bhoutan et la Chine.

Le Bhoutan maintient des relations diplomatiques avec 52 pays et l’Union européenne. Il a des ambassades ou consulats en Inde, au Bangladesh, en Thaïlande et au Koweït, ainsi que deux missions aux Nations unies.

Le Bhoutan ne maintient pas de relations diplomatiques formelles avec son voisin au nord, la République populaire de Chine, mais en ces dernières années il y a eu une hausse significative dans le nombre de réunions bilatérales. La frontière avec la Chine est en grande partie non délimitée, et donc contestée à certains endroits. Environ 269 km² restent contestés entre les deux pays.

Le Bhoutan devient membre des Nations unies en 1971 après avoir été membre observateur pour trois ans.

Évaluation  du soft Power du pays :

•           Reconnaissance médiatique et culturelle, vecteurs d’influence

Comment expliquer que le Bhoutan, petit pays coincé dans l’Himalaya entre ses deux géants voisins à tendances expansionnistes, occupe une place privilégiée dans notre imaginaire occidental ? Telle est la question à laquelle l’évaluation du soft Power cherche à répondre.

Son influence moderne, le pays le doit à la monarchie qui fut instaurée en 1907. Les rois qui s’y sont succédé ont tour à tour contribué à la construction puis au renforcement d’une culture nationale propre.

L’instauration de la « culture bhoutanaise » à l’ensemble du pays notamment aux populations d’origine népalaise vivant dans les plaines du sud contribuera à créer dans l’imaginaire occidental une identité nationale propre clairement distincte de celle du Tibet, territoire faussement associé à la République Populaire de Chine.

Par ailleurs, ce petit pays doit sa renommée au fait d’être le “royaume du bonheur”. Le produit national brut (PNB) a été officiellement remplacé par l’indice de bonheur national brut, censé tenir compte à la fois du développement économique et du degré de bonheur de sa population. Le Bhoutan a toujours multiplié les efforts pour ne pas être englouti par ses voisins. Le gouvernement s’est évertué à être considéré comme un État indépendant possédant sa propre identité.

Pour ne pas être engloutis par une puissance étrangère, les dirigeants ont ainsi eu l’idée de donner à leur pays l’image d’un royaume doté de traditions fortes et d’une culture bien à lui. Cette politique de protection de la culture est devenue le moyen d’affirmer l’identité du Bhoutan.

Conclusion:

Ainsi, le Royaume du Bhoutan, ayant durant de longues années vécu en quasi-autarcie, fait aujourd’hui figure de pays en bonne voie de développement. Il repose sur un  régime parlementaire de monarchie constitutionnelle fraîchement instauré. La volonté actuelle des gouvernements engage le pays sur la voie de la modernisation même si celle-ci se confronte souvent à des pratiques traditionnelles rétissantes aux changements et profondément ancrées dans les valeurs du peuple bhoutanais.

Les conflits ethniques engendrés par la volonté d’affirmer une unité culturelle forte venant de l’ethnie dominante politiquement, mais minoritaire dans le pays, les Bhotias, viennent quant à eux affaiblir un peu plus un pays déjà dépourvu de ressources naturelles échangeables sur les marchés de matières premières.

Toutefois, avec une croissance économique de près de 9% ces huit dernières années, le Bhoutan a su profiter de son proche allié indien pour développer des partenariats économiques en matière d’infrastructures et a su attirer sa protection tant militaire que financière.

Il n’en demeure pas moins que les contrôles détaillés et les réglementations incertaines dans les secteurs comme ceux de l’industrie, du commerce, du travail et des finances continuent à entraver les investissements étrangers pénalisants le développement du pays.

Capture d’écran 2014-02-25 à 12.17.00

Bibliographie :

 

France diplomatie : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/bhoutan/presentation-du-bhoutan/

Courrier international : http://www.courrierinternational.com/article/2012/12/20/tout-n-est-pas-rose-au-pays-du-bonheur?page=all

Le Monde : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/09/27/le-bhoutan-le-royaume-du-bonheur_1578051_3232.html

L’Express : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/le-bhoutan-entre-inquietude-et-curiosite_471451.html

Université de Sherbrooke/Perspective Monde: http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=9&codeStat=HFI.CORRUPTION&codePays=BTN&langue=fr

Service Sismologique Suisse, EPF Zürich : http://www.seismo.ethz.ch/research/groups/alrt/people/hetenyig/pub2/pub2/Hetenyi_Berthet_Cattin_2012.pdf

Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bhoutan#Forces_militaires_et_affaires_.C3.A9trang.C3.A8res

Maison des Himalayas : http://www.maisondeshimalayas.org/himalayas/bhoutan.html

Mondial Assistance : http://www.voyagezen.fr/risques-sanitaires-bhoutan/

Google map : https://maps.google.fr/

 


 

]]> /geopolitique/fiche-pays-bhoutan/feed/ 0 Fiche Pays – Croatie /geopolitique/fiche-pays-croatie/ /geopolitique/fiche-pays-croatie/#respond Tue, 25 Feb 2014 11:03:31 +0000 /?p=5743 Introduction :

 croatie

Données générales

Nom officiel : République de Croatie

Nature du régime : démocratie parlementaire (constitution juin 1991)

Chef de l’État : Président : M. Ivo Josipović

Premier ministre : M. Zoran Milanovic

Président du Parlement : M. Josip Leko

Données géographiques

Superficie : 56 594 km²

Capitale : Zagreb – 800 000 habitants (1,1 million avec l’agglomération)

Villes principales : Split (190.000 hab), Rijeka (145.000 hab), Osijek, Zadar

Langue officielle : croate

Langue(s) courante(s) : croate

Monnaie : kuna (HRK) (1 € = environ 7,5 HRK)

Fête nationale : 25 juin (anniversaire de la déclaration d’indépendance de 1991)

 Données démographiques

Population : 4 284 889 habitants (recensement 2011)

Densité : 79 h/km²

Croissance démographique : – 2 %

Espérance de vie : 72,5 ans (hommes), 79,3 ans (femmes).

Taux d’alphabétisation : 98,1%.

Religions (2011) : catholicisme majoritaire (86,3%), orthodoxes (4.4%), musulmans (1.5%), protestants (0.3%)

Indice de développement humain : 0,805 (47e rang mondial sur 186) – source PNUD 2013

Évaluation du risque politique :

•           La stabilité du gouvernement et des institutions

Le système politique, établi par la Constitution de 1991, était à l’origine présidentiel. Il a été rééquilibré en 2000, lors du tournant européen pris par le pays, pour devenir un régime parlementaire où le premier ministre, issu de la majorité au Parlement, conduit la politique nationale.

L’élection du président Ivo Josipovic (social-démocrate) le 10 janvier 2010 a montré l’aspiration des Croates à une moralisation de la vie politique, mais aussi à la justice sociale. Le président jouit toujours d’une forte popularité.

Le 4 décembre 2011, après 8 années d’exercice du pouvoir par le HDZ (centre droit), les élections législatives ont vu la victoire à la majorité absolue d’une coalition réunissant quatre partis (SDP/sociaux-démocrates, HNS/démocrates libéraux, IDS-DDI/Diète démocratique d’Istrie et HSU/Parti des retraités). Le gouvernement du premier ministre Zoran Milanovic (SDP) a obtenu la majorité qu’il espérait pour prendre des décisions difficiles.

Ses priorités ont été axées sur la mise en œuvre d’engagements pris vis-à-vis de l’UE (privatisation des chantiers navals, application concrète des réformes, poursuite de la lutte contre la corruption…) et l’adoption de mesures d’austérité budgétaires rendues nécessaires par la situation dégradée des finances publiques (relèvement de la TVA à 25 %, réduction des salaires du secteur public de 3%…).

Le HDZ (Union démocratique de Croatie), qui avait quant à lui subi une importante défaite lors des élections législatives après les scandales de corruption qui ont entaché l’image du parti au plus haut niveau, a remporté les élections européennes d’avril 2013 avec une liste commune avec la droite nationaliste et eurosceptique. Les élections locales de mai 2013 ont toutefois constitué pour le HDZ une victoire en demi-teinte : victoire dans les campagnes et à Zagreb, alors que la coalition au pouvoir, même divisée, est parvenue à gagner la plupart des grandes villes.

Le nouveau parti d’extrême gauche, le Parti travailliste de Dragutin Lescar, antimondialiste et anti-establishment, qui a émergé lors des élections législatives, demeure la troisième force politique dans les sondages, même s’il n’a pas obtenu de siège de maire ou de joupan (chef de l’exécutif régional) lors des élections locales.

Ainsi il apparait dans le pays une préoccupation grandissante concernant l’éthique et la morale en politique où les électeurs font la chasse à la corruption et aux magouilles politiques en tous genres, pourtant monnaie courante dans traditionnellement dans le pays.

L’alternance politique est la preuve d’un système politique plutôt sain en Croatie, système qui reste cependant menacé par des déficits budgétaires considérables et une dette financière conséquente.

•           Les conditions socio-économiques

Le contexte socio-économique croate reste malheureusement semblable à celui que connaissent les autres pays de la zone des Balkans. En effet, la crise économique s’est installée en Croatie depuis maintenant quatre ans et ne semble pas vouloir céder sa place à la croissance pour l’année à venir. Entre 2003 et 2006 pourtant, le pays faisait figure de petit miraculé économique des Balkans, avec une croissance annuelle moyenne de 5% (essentiellement grâce au tourisme). Depuis 2009, elle connaît une récession assez grave ; en 2012, –2% (soit pire que la moyenne européenne : –0,3%) et les prévisions pour 2013 et 2014 sont inférieures de celles de la moyenne de l’Union européenne. Les déficits publics sont plus importants que la moyenne européenne (4,6% du PIB au lieu de 3,8%) et le chômage touche une grande partie de la population active (15,9% en 2012 à comparer aux 10,5% de la moyenne européenne), avec un très faible taux d’emploi des femmes (50,2% au lieu de 62,4% en moyenne européenne). Face à ces conditions sur le marché de l’emploi, de très nombreux Croates travaillent sans être déclarés (notamment chez les commerçants) créant ainsi une forte économie souterraine.

•           Le niveau de corruption

Dresser la liste des affaires de corruption qui ébranlent le sommet de l’État croate relève de l’exploit. Si les citoyens, en tous cas, ont cessé de compter il n’en demeure pas moins une sévère lutte contre cette tendance qui gangrène le fonctionnement de l’Etat croate depuis de nombreuses années.

Ainsi, discréditée, l’Union démocratique croate (HDZ) de M. Sanader, qui a gouverné la Croatie presque sans interruption depuis son indépendance en 1991, devrait être balayée. Le parti nationaliste fondé par le premier président de la Croatie indépendante, Franjo Tudjman, devrait laisser la majorité à la Diète et la conduite du gouvernement à la coalition de centre gauche “Kukuriku” – du nom du restaurant de la ville de Rijeka où les sociaux-démocrates (SPD), les libéraux (HNS), le Parti régionaliste d’Istrie (IDS) et le Parti des retraités (HSU) ont scellé leur alliance.

Le peuple croate attend dès lors des gages de transparence venant des partis politiques et une justice plus forte et indépendante.

•           Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme

La Croatie est un pays sûr où la délinquance de voie publique (vols, agressions, violences) est très faible. Néanmoins, pendant la période touristique, et notamment sur la côte, il est conseillé d’appliquer les mesures de vigilance normale (fermer les véhicules en ne laissant rien d’apparent, éviter de porter sur soi de grosses sommes d’argent, garder ses bagages près de soi, conserver sur soi son passeport ou sa carte d’identité…).

Les grands rassemblements nationalistes ou sportifs, particulièrement ceux liés au football, peuvent être l’occasion de violences. Il conviendra d’éviter toute provocation.

Par ailleurs, il demeure un certain nombre de zones minées en Croatie. Elles correspondent aux anciennes zones de confrontation. Il est recommandé d’y prêter la plus grande attention et de se renseigner localement sur les conditions de sécurité et de circulation.

•           Les conflits internes (et externes) et pressions ethniques

Les tensions ethniques sont souvent citées comme une des sources majeures de récents conflits internes et internationaux. La dimension internationale des conflits ethniques est un des éléments qui caractérise le conflit des Balkans. En effet, quand un conflit ethnique déborde dans les États avoisinants, une instabilité généralisée à l’ensemble de la région vient nécessairement déstabiliser la zone. C’est précisément le type de pressions qui secouent la Croatie encore aujourd’hui.

L’origine de ce conflit ethnique tient à la confrontation des programmes des deux pays adverses : la Serbie qui insistait sur la nécessité que « tous les Serbes vivent dans le même État » tandis que la Croatie revendiquait comme programme national le « droit historique » c’est-à-dire revendiquait « une Croatie dans ses frontières historiques ». À la disparition de la Yougoslavie, cette exigence de « frontières historiques » sous-entend, de fait, tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine (jusqu’à la rivière Drina) et certaines parties de la province serbe de Voïvodine. À l’opposé, les revendications d’un seul et même État serbe exigeaient en plus de la Serbie et du Monténégro qu’il regroupe les territoires peuplés de Serbes en Croatie (Krajina) et en Bosnie-Herzégovine. Cette résurgence d’idées prônées par des mouvements nationalistes militants fut à l’origine d’un des plus tragiques conflits ethniques du XXe Siècle en Europe.

Aujourd’hui, la Serbie et la Croatie se sont réconciliées en partie, mais les blessures de la guerre et les verdicts du tribunal pénal international continuent d’empoisonner leurs relations.

•           Les conflits externes et sa politique extérieure

Les conflits internes et externes de la Croatie lient ce pays avec ses voisins. Ils ont en commun une histoire complexe sur fond de conflit ethnique, celle de la Yougoslavie. (Histoire présentée ci-dessus).

Au niveau de sa politique extérieure, la Croatie est engagée activement dans la coopération régionale et se présente comme un élément stabilisateur, désireux de soutenir les efforts de tous les pays de la région pour rejoindre l’UE et l’Alliance atlantique.

La Croatie est présente à toutes les initiatives de coopération régionale : SEECP (processus de coopération du Sud-est européen), dont elle a exercé avec dynamisme jusqu’en mai 2007 la présidence, CEFTA (Accord de libre-échange centre-Européen) et Conseil de Coopération régionale (RCC), nouvelle organisation issue de la disparition du Pacte de Stabilité qui repose sur le principe d’une forte appropriation régionale. Elle fait partager son expérience des négociations d’adhésion à l’UE (échange d’experts, traduction de l’acquis communautaire…).

L’accord d’arbitrage du 4 novembre 2009 pour la résolution du différend frontalier entre la Croatie et la Slovénie a levé le blocage slovène à l’ouverture des chapitres de négociation. La signature d’un mémorandum en mars 2013 au sujet d’un autre différend concernant la Ljubljanska banka, contentieux bancaire lié à l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, a permis la ratification du traité d’adhésion de la Croatie par le Parlement slovène.

La Croatie suit avec attention la situation en Bosnie-Herzégovine, où vit une importante communauté bosno-croate (environ 11 % de la population totale). Elle soutient le maintien d’un État central renforcé, dans lequel les trois peuples constitutifs seraient à égalité et condamnent les tentatives sécessionnistes.

Zagreb développe des relations de confiance avec Tirana et Skopje. La Croatie a reconnu le Monténégro. La montée en puissance des relations bilatérales entre les deux États témoigne de leur volonté commune d’apurer les séquelles de la guerre et de joindre leurs efforts dans leur objectif commun de rapprochement européen.

Avec la Serbie, le processus de normalisation des relations est l’une des clés de la stabilisation de la région. Les deux pays ont signé un accord de coopération en matière de défense. Zagreb a reconnu l’indépendance du Kosovo le 19 mars 2008, en même temps que la Hongrie et la Bulgarie. Le déplacement du président serbe en novembre à Vukovar, où il a présenté des excuses pour les crimes commis, et à Zagreb a permis de franchir une nouvelle étape dans le processus de réconciliation et de normalisation engagé depuis l’élection du président Josipović début 2010.

Les gestes accomplis visent à créer un environnement politique propice au règlement des problèmes pendants et au développement des échanges économiques. Le Président Josipovic a également organisé le 1er juillet 2013, en marge des célébrations d’adhésion, une rencontre entre les présidents des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie) afin d’utiliser la dynamique de l’entrée dans la Croatie dans l’UE pour relancer la coopération régionale et le « processus de Brdo » lancé en 2010.

L’entrée de la Croatie au sein de l’OTAN est devenue effective depuis le sommet de l’Alliance en avril 2009. Priorité est donnée à la participation aux opérations extérieures de l’OTAN. De même la Croatie a renforcé sa contribution aux opérations de maintien de la paix de l’ONU avec la participation à 8 missions et fait preuve d‘un intérêt croissant pour les opérations PSDC. Le 28 juin 2011, la Croatie a reconnu le Conseil national de transition (CNT) libyen comme représentant légitime du peuple libyen.

La coopération avec la France sur la Syrie a été très appréciée (financement direct de l’opposition syrienne à hauteur de 175 000 EUR) et la Croatie souhaite la poursuivre. Les autorités croates ont soutenu toutes les initiatives de la communauté internationale visant à mettre fin aux violences (deux officiers croates ont participé à la mission des observateurs des Nations unies) et ont notamment appliqué l’ensemble des sanctions renforcées adoptées par l’Union européenne. La Croatie peut apporter un soutien intéressant à l’action de l’Union européenne au Mali. Les Croates manifestent un intérêt croissant pour la résolution de la crise malienne.

Une évaluation des risques économiques et financiers:

PIB (2012) : 43,9 Mds €

PIB par habitant (2010) : 10 295 €

Taux de croissance (2012) : – 2 % (prév 2013 : -0,4%)

Taux de chômage (2012) : 15,8%

Taux d’inflation (2012) : 3,4%

Déficit budgétaire (2012) : -4,6 %

Dette publique (2012) : 53,7%

Balance commerciale (2012) : -6,5 Mds €

Principaux clients (2012) : Italie (14,9%), Bosnie-Herzégovine (13,2%), Allemagne (10,7%), Slovénie (8,8%), Autriche (6,8%), Serbie (4,5%)

Principaux fournisseurs (2012) : Italie (16,7%), Allemagne (12,9%), Russie (7,6%), Chine (7,1%), Slovénie (5,9%), Autriche (4,5%)

Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :

–       agriculture : 5 %

–       industrie : 22 %

–       services : 73 %

La Croatie a affiché de bonnes performances de croissance économique entre 2000 et 2008 (+4,2% en moyenne), qui lui permettent de bénéficier du niveau de richesse le plus avancé de la zone de l’Europe du Sud-Est (PIB par hab de 10295 € en 2012) équivalent à 61% de la moyenne de l’UE.

Toutefois, la crise financière de 2009, qui a brutalement stoppé les entrées de capitaux (baisse de l’IDE, crédit crunch et nouvelle sélectivité des banques), mais dont les conséquences sur le plan local ont été bien jugulées par la Banque centrale croate -qui dispose de solides réserves en devises-, a engendré une crise de confiance impactant le secteur des entreprises et des ménages soumis depuis à des logiques plus attentistes de désendettement et d’épargne. La crise financière s’est muée en crise économique du secteur réel entraînant un doublement du taux de chômage depuis 2008 (17% en 2013).

La croissance de la décennie 2000, largement fondée sur l’endettement externe (transferts bancaires maisons mères/filiales), qui a financé l’immobilier, la construction et la consommation suppose à présent que la Croatie, en stagnation-récession depuis 5 ans (-12% de PIB attendus entre 2009 et 2013), se définisse un nouveau modèle de croissance alors même qu’elle vient d’entrer dans l’UE le 1er juillet 2013. Celui-ci devant se baser sur la création de richesse via de l’investissement dans les infrastructures, mais aussi dans les industries de production.

En effet, le potentiel exportateur de la Croatie reste limité (bien que des niches existent : agroalimentaire, armement, logistique), comme le montre le taux de couverture de sa balance commerciale structurellement négatif (60%) maintenu à l’équilibre dans le compte courant par ses exportations de services : en effet l’activité touristique génère annuellement environ 15% du PIB soit entre 6 et 7 Mds EUR/an.

Le gouvernement doit continuer d’œuvrer à la mise en place de réformes structurelles dans les entreprises déficitaires du secteur public productif, à valoriser ses avantages comparatifs, attirer de nouveaux investissements, et à améliorer ses capacités d’absorption des fonds structurels européens tout en cherchant à maîtriser ses comptes publics et la trajectoire de sa dette qui reste en dessous du seuil de Maastricht (53,7% du PIB en 2012), mais qui pourraient atteindre les 60% d’ici à 2014.

Toutefois, une (faible) croissance apparaît probable à cet horizon (+1% en 2014) du fait d’investissements en préparation. L’octroi de la concession de l’aéroport de Zagreb à ADP-Bouygues en 2012, la perspective d’une extension de la concession des autoroutes istriennes (Bouygues) devraient entraîner de nouveaux investissements directs –français- dont une part significative durant 2014.

Une évaluation des risques géographiques et environnementaux :

•           Les risques sismiques et géologiques

La Croatie n’est pas connue comme étant une zone particulièrement à risque au niveau géologique ni même sismique.

•           Les risques sanitaires et épidémiques

Concernant les risques sanitaires et épidémiques, aucune vaccination n’est obligatoire en Croatie. Si les soins préventifs et les précautions traditionnelles sont recommandés, les risques sanitaires en Croatie sont minimes.

Évaluation  du Hard Power du pays :

•           Pouvoir militaire réel

Les forces armées de la République de Croatie se composent de trois grands corps d’armée :

–       L’Armée de terre croate (Hrvatska vojska (HV))

–       L’Aviation militaire et la défense aérienne croate “(Hrvatske Zracne Snage (HZS))”

–       La Marine militaire croate (Hrvatska ratna mornarica (HRM))”

Aujourd’hui, sur un total de 770 000 hommes en âge de porter l’uniforme, l’ensemble des forces armées croates aligne 16 000 volontaires, en plus des 2 000 réservistes opérationnels contre 110 000 militaires et 1 800 000 réservistes il y a 15 ans. Cette réduction de l’effectif est due non seulement au service militaire obligatoire aboli le 1er janvier 2008, mais aussi du fait de leur entrée dans l’OTAN. Cette restructuration complète est la mise en œuvre du Plan de modernisation (2007-2015), qui outre la réorganisation complète de l’armée en petites unités modulaires et interarmes, passe par la modernisation de l’instrument militaire ainsi que sa doctrine d’emploi des forces en vue d’éventuelles projections internationales sous mandat ONU ou OTAN.

Cependant, la crise économique qui a touché en 2008-2009 l’ensemble des pays d’Europe n’a pas épargné l’armée croate déjà très affaiblie. Ainsi, la Croatie s’est vue tout simplement économiquement incapable de moderniser et même d’entretenir son armée dans son état actuel. La Croatie n’a, cependant, pas à craindre d’agressions et bénéficie de toute façon de la protection de l’OTAN.

•           Relations internationales et poids du pays dans les institutions internationales

Durant ses premières années d’existence, la Croatie est le théâtre du déploiement de plusieurs missions de l’ONU et de l’OTAN sur son territoire ou sur les territoires voisins (SFOR, KFOR…). Toutefois, la nouvelle république cherche rapidement à devenir un membre actif aux opérations de paix dans le monde surtout au sein des instances régionales telles que l’OTAN et l’Union européenne (à laquelle elle adhérera en 2013). Ainsi, dès 1999, 10 observateurs militaires sont envoyés surveiller les accords de paix au Sierra Leone au sein de la MINUSIL. Cette participation accrue aux missions de maintien de la paix permet à l’armée croate de renforcer ses structures de défense.

L’armée croate est actuellement déployée au sein de plusieurs missions de maintien de la paix en Afghanistan, Syrie, Liban, Inde, Kosovo, etc.

Au sein de l’Union européenne, la Croatie ne représente que 0,33% du PIB de l’UE28 ce qui ne lui permet pas de peser lourdement sur les décisions prises et ne lui confère pas une très forte légitimité.

Par ailleurs, l’adhésion de la Croatie ne modifie pas le rang de l’Union européenne par rapport aux États les plus étendus du monde. Loin derrière la Russie, le Canada, la Chine, les États-Unis, le Brésil et l’Australie… arrive l’Union européenne dans sa configuration à 28 comme précédemment à 27.

Évaluation  du soft Power du pays :

•           Reconnaissance médiatique et culturelle, vecteurs d’influence

Mosaïque d’influences variées, longtemps marquées par son alphabet propre (le glagolitique), la Croatie est aussi riche d’une histoire mouvementée. Au cours du dernier millénaire, elle parvint toutefois à préserver son identité, bien que faisant partie intégrante d’entités diverses plus vastes, souvent dominatrices. Sa récente émancipation est l’occasion de redécouvrir la culture croate sous sa véritable identité.

Située au carrefour des civilisations qui ont toutes contribué à l’identité européenne, la Croatie a trop souvent été perçue comme une frontière, mais l’ouverture de l’Europe et son indépendance lui permettent de dévoiler son riche héritage culturel et historique.

En effet, la Croatie ne compte pas moins de 7 sites exceptionnels classés au patrimoine mondial. Bordée de 1200 îles, la Croatie, en totalisant plus de 6200 km de littoral, a le 3e littoral le plus long de la Méditerranée.

Pour toutes ces raisons, le boom du secteur touristique a des allures de miracle dans une Croatie à l’économie en berne.

Ayant bien compris la force et l’atout que représentait le secteur du tourisme pour l’image et le positionnement du pays tant économique que politique, l’objectif du gouvernement est de doubler les recettes d’ici à 2020 pour les porter à 14 milliards d’euros et de faire de la Croatie l’un des vingt pays les plus attrayants du monde en matière de tourisme. À l’heure actuelle, la Croatie occupe la 34e place sur un classement de 139 pays.

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Bibliographie :

 

France Diplomatie : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/croatie/presentation-de-la-croatie/

Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/07/01/20002-20130701ARTFIG00399-la-croatie-une-economie-fragile.php

Le Moniteur du Commerce International : http://www.lemoci.com/011-47376-Presentation-generale-Croatie.html

Credit Mundi : http://www.credimundi.fr/fr/risques-pays/rating/

Larousse encyclopédie : http://www.larousse.fr/encyclopedie/images-eco/Croatie/185654

Agora Vox : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/l-arrivee-de-la-croatie-dans-l-138048

Le Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/12/01/secouee-par-des-scandales-de-corruption-la-croatie-se-dirige-vers-l-alternance_1611869_3214.html

Université de Sherbrooke/Perspective Monde: http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=HRV&codeTheme=17&codeStat=SECU.GPI.CONF

Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_en_Croatie_(1991-1995)#Impact_et_cons.C3.A9quences

Erudit/Etudes Internationales : http://www.erudit.org/revue/ei/2006/v37/n4/014627ar.html

Persée Revue Scientifique : http://www.persee.frhome/prescript/article/polit_0032-342x_1994_num_59_1_4252

Toute l’Europe.eu/Diplo Web : http://www.touteleurope.eu/actualite/lue28-la-croatie-ca-change-quoi.html

La Croatie en France : http://www.cronet.org/croatie/en_bref.htm

Le Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/01/croatie-le-tourisme-seul-secteur-qui-ne-connait-pas-la-crise_3439873_3214.html

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Fiche Pays – Ouzbékistan /geopolitique/fiche-pays-ouzbekistan/ /geopolitique/fiche-pays-ouzbekistan/#respond Tue, 25 Feb 2014 10:18:28 +0000 /?p=5730 Généralités :

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L’Ouzbékistan est un État situé au coeur de l’Asie centrale.  Ancienne république soviétique l’État est indépendant depuis le 31 août 1991 et sa capitale est Tachkent.

La Constitution du 8 décembre 1992 a institué un régime de type présidentiel, avec un Parlement devenu bicaméral en 2004. Son chef d’État, Islom Karimov est au pouvoir depuis mars 1990; réélu en janvier 2000 et décembre 2007.

L’Ouzbékistan est l’un des plus grands pays de l’Asie centrale en terme de densité démographique; 27,5 millions d’habitants ce qui représente 60% de l’ensemble de la population de la région.

La population est composée à 75 % d’Ouzbeks, 6 % de Russes, 5 % de Tadjiks, 4 % de Kazakhs, 2 % de Karakalpaks, 2 % de Tatars, 1 % de Coréens, 1 % d’Ukrainiens. Le reste de la population se partage parmi la centaine d’ethnies que compte le pays : Tchétchènes, Arméniens, Allemands, Turkmènes, Biélorusses…

L’ouzbek est la langue nationale depuis l’indépendance, mais le russe reste encore très pratiqué dans l’ensemble du pays.

Si la République d’Ouzbékistan se veut laïque, l’Islam reste la religion officielle, très largement majoritaire (le président Karimov a prêté serment sur le Coran). Les musulmans sont donc la plus forte proportion de croyants dans le pays (84 %), majoritairement sunnite. On compte aussi 1,4 % de chrétiens, majoritairement des Russes orthodoxes.

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Informations complémentaires:

 

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1) Risque politique :

La stabilité politique de la République d’Ouzbékistan résulte du pluralisme politique inexistant dans le pays – tous les partis supportent ouvertement et inconditionnellement la politique du président Karimov.

Le gouvernement est considéré comme autoritaire et répressif par plusieurs organes de la presse internationale. On reproche à son président Islom Karimov d’être à la tête de l’état ouzbek depuis 25 ans en dépit des dispositions de la Constitution interdisant de briguer plus de 2 mandats consécutifs, de museler la presse,

De plus un rapport d’Amnesty International décompte près de 6000 prisonniers politiques notamment des activistes issus de la société civile et des journalistes.

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Islom Karimov président de la République d’Ouzbékistan depuis 1990

 

 

 

Conflits internes :

Il existe peu d’informations concernant les éventuels conflits internes en Ouzbékistan. La répression sévère mise en place par le gouvernement endigue toute forme de contestation.

À l’échelle régionale, le pays est exposé à la montée des mouvements islamistes radicaux. Plusieurs incidents ont eu lieu sur le territoire: en 1999 contre le parlement, et en 2004 contre les ambassades des États-Unis et d’Israël.

Des mouvances islamistes tels que le MOI (Mouvement islamique d’Ouzbékistan) et Hizb ut-Tahrir ont exercé leur influence, mais depuis les contrôles ont étés renforcés dans les zones à risques, c’est-à-dire les zones populaires au sud du pays.

Par la suite le centre régional de lutte antiterroriste a été inauguré à Tachkent, en janvier 2004, ainsi le climat politique est revenu à la normale et les dernières élections se sont déroulées sans incident.

Il est important de noter que plusieurs éléments créent un environnement propice à la future expression des contestations. Parmi eux la critique du gouvernement faite par la presse étrangère, les révolutions arabes qu’ont connus des pays du Moyen-Orient, ainsi que l’âge avancé du président (73 ans) qui engagera un processus de succession incertain à la tête de l’État.

Conflits externes:

La démarcation des frontières est un sujet de conflit entre les Ouzbeks et les Kirghizes. Le sud du pays, notamment la vallée de Ferghana, est une zone de tension où ont eu lieu de nombreux affrontements entre les deux voisins les 10 dernières années.

Depuis le désastre de l’assèchement de la mer d’Aral, le sujet de l’eau est un conflit entre le Tadjikistan et l’Ouzbékistan qui peinent à trouver un accord visant à réduire conjointement la pratique de l’irrigation agricole.

Tachkent qui a toujours cultivé des relations de proximité avec les Ouzbeks d’Afghanistan, s’est en revanche rapproché de Kaboul et participe avec Téhéran à des projets de désenclavement, en vue de créer axe routier.

De plus, l’Ouzbékistan s’est engagé dans un processus d’intégration régionale aux côtés de la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, et le Tadjikistan. Ils forment l’organisation de coopération de Shanghai, organisation ayant pour but de renforcer la coopération économique, la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres.

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Source : ministère français des Affaires étrangères

 

2) Risque économique :

 

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L’Agriculture est le secteur majeur de l’économie ouzbèke, il représente près d’un tiers du PIB et emploie près de 40 % de la population.

L’Ouzbékistan compte aujourd’hui parmi les plus importants producteurs de coton du monde (5e producteur de coton du monde et 2e exportateur mondial). Il reste néanmoins très dépendant du cours du coton et du volume des exportations, ce qui freine sa croissance et son accession à l’autosuffisance énergétique.

Les ressources du pays sont importantes en pétrole, en uranium, en gaz naturel et en cuivre. Depuis son indépendance, l’Ouzbékistan mène une politique de réappropriation de ces ressources.

Les investissements étrangers ont généré une croissance moyenne de 12% des IDE entrants en 2010, 2011 et 2012 pour atteindre 1,403 milliards d’USD. L’extraction minière, le raffinage et l’assemblage automobile attirent la majorité des investissements étrangers en Ouzbékistan.

Il faut noter une politique fiscale favorable aux investisseurs étrangers et une volonté de moderniser les principaux secteurs de l’économie. L’État ouzbek avait aussi veillé, à consolider les banques commerciales, notamment les huit plus importantes.

Cependant  l’économie informelle et le travail non déclaré sont une constante, et la population a de plus en plus tendance à s’exiler en Russie via le Kazakhstan pour trouver un emploi.
Le gouvernement a lancé un programme de privatisations dans le domaine agricole.

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3) Risques géographiques et environnementaux :

Risques sismiques et géologiques :

Comme dans d’autres pays de la région, l’Ouzbékistan se trouve dans une zone de risque sismique élevé (en 1966, la ville de Tachkent a été partiellement détruite par un tremblement de terre).

Assèchement de la mer d’Aral:

Deux fleuves, sans aucun affluent,  L’Amou Darya et le Le Syr Darya alimentent la mer d’Aral. Le Kirghizstan et le Tadjikistan contrôlent 80 % des ressources en eau de la région et l’Ouzbékistan qui pratique une agriculture extensive très exigeante en eau (le coton principalement) dépend de l’influence de ses voisins et doit faire avec les retenues d’eau et les barrages imposés.

Les tensions se portent aujourd’hui sur les risques de pollution des deux cours d’eau. Les taux de sel, herbicides, insecticides, fertilisants et rejets industriels et domestiques, les teneurs en métaux on tune présence croissance dans l’eau et dans les sols rendant impossible la survie d’une très grande partie des poissons de mer et de la faune sauvage.

De plus des déchets radioactifs produits par l’exploitation des mines d’uranium (U) dans l’ouest du Kirghizstan sont stockés sans protection et menacent de polluer les cours d’eau.

De plus le ” polygone d’essai nucléaire ” situé au Kazakhstan, fermé en 1991, est responsable d’une pollution encore mal évaluée, mais qui, elle aussi, risque de se retrouver dans les eaux de la mer d’Aral.

Enfin le projet d’un canal depuis la Russie pour alimenter la mer a été envisagé et les travaux de creusement ont été faits à l’aide de trois bombes atomiques.

La conséquence est donc une pollution et minéralisation croissante des eaux fluviales qui ne parviennent pas à diluer ces apports trop abondants.

 

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Hard Power :

Défense :

Le budget consacré à la Défense représente entre 2% et 3% du PIB. L’armée est composée de 65 000 actifs dans les départements de l’armée de terre, l’armée de l’air et de la garde nationale. Le service militaire est obligatoire ce qui nous permet d’estimer une armée potentielle de 6 millions d’hommes. L’armée ouzbek n’est présente sur aucun conflit dans le monde et pèse donc peu sur la scène internationale. En 2012 l’État suspend sa participation au pacte de défense mutuelle avec la Russie ainsi qu’une coopération militaire avec ses voisins.

La République d’Ouzbékistan est membre, avec la Russie et les pays d’Asie centrale, de plusieurs organisations internationales dans le domaine économique :

Membre de l’organisation de la coopération de Shanghai, de la Communauté économique eurasiatique.

Ainsi que dans le domaine militaire: membre de la Communauté des Etats indépendants (ou traité d’Almaty) qui regroupe 12 des 15 anciennes républiques de l’URSS.

L’Ouzbékistan est aussi membre de l’ONU, de l’OSCE, de l’UNESCO, de l’OMS, de l’Organisation mondiale du tourisme.

 Soft Power :

Reconnaissance médiatique et culturelle :

Avec 4 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO : la vieille ville de Khiva (1990), les cités historiques de Boukhara (1993), Chakhrisabz (2000) et Samarcande (2001) et 31 autres sites inscrits sur liste indicative, le pays jouit d’une reconnaissance culturelle internationale qui tend à s’élargir avec le développement du tourisme sur le territoire.

Le pays est aussi réputé pour ses arts artisanaux tels que les tapis de Boukhara ou le mobilier en bois sculpté.

Conclusion générale :

L’Ouzbékistan est un État en croissance qui a su moderniser son économie, en développant de nombreux partenariats avec les pays d’Europe centrale, et qui s’efforce aujourd’hui de reproduire le modèle économique libéral occidental. Ces dernières années l’Ouzbékistan a ouvert ses frontières aux investisseurs du monde entier notamment dans les secteurs de l’extraction minière, le raffinage ainsi que l’assemblage automobile.

Sa situation géographique lui permet d’entretenir une relation privilégiée avec la Russie, son partenaire historique, qui garantit la sécurité de l’État et de la région.

Le pays doit cependant faire face à des risques politiques liés à son gouvernement qui ne respecte pas les principes majeurs de la démocratie tels que la liberté d’expression ainsi que la pluralité politique et religieuse de son peuple. L’âge avancé d’Islam Kasimov, le président controversé de l’Etat et unique dirigeant qu’a connu le pays depuis son indépendance, engagera un processus de succession indéterminé qui redéfinira bientôt  de nouvelles perspectives d’évolution.

Il important de noter que le peu d’information disponible et la pression avérée de l’État exercée  sur ses différents organes de presse ne peut donner une image claire et objective de la situation actuelle de l’Ouzbékistan.

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Sources :

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Ouzbekistan

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/ouzbekistan-12333/

http://www.gov.uz/en/

http://www.ouzbekistan.fr

http://www.unicef.org/french/infobycountry/uzbekistan.html

http://www.lemoci.com/011-47805-Presentation-generale-Ouzbekistan.html

http://www.statistiques-mondiales.com/ouzbekistan.htm

http://whc.unesco.org/fr/etatsparties/UZ/

http://donnees.banquemondiale.org/pays/ouzbekistan

http://www.who.int/countries/uzb/fr/

http://www.courrierinternational.com/breve/2013/06/24/la-mer-d-aral-s-asseche-moins

http://www.unesco.org/mab/doc/ekocd/fr/uzbekistan.html

http://www.diploweb.com/asie/allouche2.htm

http://www.partagedeseaux.info/article3.html

 

 

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Fiche Pays – Djibouti /geopolitique/fiche-pays-djibouti/ /geopolitique/fiche-pays-djibouti/#respond Mon, 24 Feb 2014 10:56:27 +0000 /?p=5690 La République de Djibouti est un petit État situé sur la corne de l’Afrique. Celle-ci entretient un lien très étroit avec la France, étant devenue indépendante qu’en 1977; Djibouti s’appelait anciennement Côte française des Somalis et territoire Français des Afars et des Issas.

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·      Chiffres clés :

Superficie : 23 000 km2

Nombre d’habitants : 873 000 (estimation pour 2013)

Nom des habitants : Djiboutiens

Ethnie : Afars et Issas

Capitale : Djibouti

Langues officielles : arabe et français

Monnaie : franc de Djibouti

IDH : 0.430/1

IDH (rang mondial) : 154/187

Nature de l’État : république à régime présidentiel

Constitution :

                                            Adoption : 4 septembre 1992

Exécutif :

Président de la République : Ismaïl Omar Guelleh

Mode de désignation : élection au suffrage universel direct

Durée du mandat : 6 ans, renouvelables une fois

Législatif :

Chambre des députés

Nombre de membres : 65

Le gouvernement n’est pas responsable devant la Chambre des députés.

·      Introduction :

Malgré des conditions climatiques difficiles et peu de richesses minières dans le sol, Djibouti est au cœur de toutes les convoitises. En effet, elle se situe dans une zone géostratégique exceptionnelle, située dans la corne de l’Afrique au cœur de trois continents et à proximité des capitales du Moyen-Orient. Elle joue un rôle primordial dans la gestion géopolitique internationale.  C’est pour ces raisons que les armées américaine, française et japonaise sont présentes sur ce petit territoire rempli d’atouts tactiques.

·      Évaluation du risque politique

Les risques politiques dans la République de Djibouti sont très importants. En effet, le président Ismail Omar Guelleh est souvent comparé à un dictateur ayant le plein pouvoir. Celui-ci a même modifié la constitution afin de pouvoir se présenter pour un 3e mandat consécutif. Il est au pouvoir de son pays depuis 1999. Le parti de l’opposition est quasiment inexistant, étant donné que les principaux acteurs sont pour la plupart en exil ou emprisonné. Lors du printemps arabe, de jeunes Djiboutiens ont essayé de faire entendre leur voix, mais ils ont été violemment réprimés. De fortes tensions se font ressentir dans ce pays où le seuil de pauvreté est très élevé (50% à 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon l’Unicef), et les élites proches du pouvoir très riche. Une disparité grandissante entre les grosses fortunes et les besogneux s’affiche de plus en plus aux yeux de la population qui est exaspérée. Il y a donc une insécurité alimentaire pour une majorité de la population qui pourrait entrainer de graves émeutes comme dans les années 80. Le taux de chômage atteint des sommets dans les classements mondiaux (près de 60 % des actifs, dans la version officielle du gouvernement). Le niveau d’éducation faible reflète ces inégalités importantes.

D’un autre côté, les tensions peuvent venir également de la part des religions. L’Arabie Saoudite voisine envoie régulièrement de l’argent au gouvernement djiboutien afin de remettre à neuf des mosquées et islamiser la population. Malgré une religion commune (musulman sunnite), de trop grandes différences existent entre les deux principaux groupes humains, les Afars (présents principalement dans le Nord et l’Ouest) et les Issas (population vivant dans le Sud), aujourd’hui majoritaire. Les antagonismes entre ces deux peuples menacent encore régulièrement l’unité du pays.

Djibouti est de plus par nature très sensible à la conjoncture régionale, souvent mouvementée. Les guerres civiles extérieures (Somalie, Éthiopie) ont eu des répercussions sur le pays, avec l’arrivée de milliers de réfugiés ; la France a dû intervenir pour soutenir et maintenir l’ordre. La forte présence d’Al-Qaïda dans ces pays alentours fait de Djibouti un centre de surveillance important.

De nos jours, Djibouti est également concerné par les difficultés internationales face à la piraterie. En effet, le pays est au cœur de la stratégie occidentale de lutte contre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes dans le Golfe d’Aden, ce qui permet à Djibouti de jouer un rôle central dans le dispositif naval mis en place par UE et l’OTAN, ainsi que par plusieurs marines nationales. Il s’agit de surveiller l’une des voies maritimes les plus fréquentées et importantes du monde face aux pirates somaliens de plus en plus présents et déterminés.

C’est pour ces multiples raisons que Djibouti accueille plusieurs grandes bases militaires, très stratégiques, pour différentes armées : française, américaine, japonaise et allemande.

Après les attentats du 11 septembre 2001, une base américaine a été installée à Djibouti : environ 1 800 hommes destinés à intervenir contre d’éventuels groupes terroristes dans une région qui s’étend de l’Afrique orientale à la péninsule arabique. De nombreux drones de surveillance sont lancés depuis cette base. Ce positionnement sur la corne de l’Afrique permet aux Américains d’être proches de leurs rivaux.

Le Japon et l’Allemagne ont également des attaches logistiques pour leur militaire. Ce qui est important de noter est qu’il s’agit de la première base étrangère permanente du Japon depuis 1945. Ce qui démontre et souligne encore une fois l’importance aux yeux du monde entier de ce petit état africain.

Djibouti abrite également la plus importante base militaire française à l’étranger, avec environ 3000 hommes. Ces importantes infrastructures militaires abritent notamment la base aérienne 188.  Depuis de nombreuses années, l’armée française a reconnu en Djibouti un territoire stratégique à ne pas négliger. La base française accueille le matériel et les hommes engagés dans la guerre d’Afghanistan, notamment des navires.

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Cependant, la présence française n’est pas toujours la bien venue. De nombreux risques sont présents pour les ressortissants français présents sur place (environ 5000). Le gouvernement français, mais en garde sur son site internet les quelques touristes qui se rendent sur le territoire par rapport aux risques terroristes et d’enlèvements. En démontre également l’affaire du juge Borrel, histoire sombre remplie de doutes qui n’a toujours pas été résolu. Ce magistrat a été retrouvé mort sur le territoire Djiboutien, le corps carbonisé. L’enquête française a privilégié dans un premier temps la thèse du suicide avant de retenir celle d’un assassinat après de nouvelles expertises plus de dix ans plus tard. Aujourd’hui, le témoin clef Mohamed Saleh Alhoumekani, un belgo-yéménite officier à la garde présidentielle à Djibouti, nous fait part de ses nouvelles déclarations après avoir été emprisonné illégalement au Yemen en 2013. Il met en cause le président actuel Guelleh et son entourage, pour leur implication dans la mort du juge. Cette affaire Borrel empoisonne les relations entre Paris et son ex-colonie depuis maintenant quelques années. La veuve du magistrat français se bat encore pour que le secret défense soit levé sur cette affaire, et que la vérité soit dévoilée.

·      Évaluation des risques économiques et financiers

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Les risques économiques sont fortement liés avec les risques politiques dans cet état. En effet, le président a une mainmise relative sur tous les pouvoirs, qu’ils soient exécutifs, législatifs, les médias… En outre, il a installé un pouvoir autoritaire en attribuant la plupart des postes importants de l’administration à ses proches. La corruption est de plus omniprésente. De cette situation résultent une gouvernance et un environnement des affaires très médiocres. Les principaux revenus sont l’activité portuaire et les bases militaires françaises et américaines, qui paient des loyers élevés (on parle de 30 millions d’euros pour simplement la base française). Ces leviers de croissance ont été modernisés pour assurer un minimum de stabilité économique à cet état. C’est grâce au soutien des Investissements Directs Étrangers (IDE) de la part des pays du Golfe tel que Dubaï que les agrandissements ont pu être effectués dans le port de Djibouti. Mais celui-ci garde tout de même une trop grande dépendance envers l’Éthiopie, puisque la plupart de l’activité repose sur l’économie de son voisin enclavé. 90% des marchandises à destination ou au départ du marché de 71 millions d’Éthiopiens passent par ce port.

Le Fond Monétaire Internationale (FMI) a apporté une aide de 10 millions d’euros (1% du PIB de Djibouti), et a été très satisfaite de l’avancement apporté par ce soutien, la stabilité micro-économique s’étant consolidé ces dernières années. La croissance du PIB a progressé régulièrement, se maintenant à près de 5%. La dynamique de la croissance économique continuera d’être tirée par les transports, les activités portuaires, les télécommunications, le secteur bancaire et celui du bâtiment. Cependant, Djibouti est très dépendante de son secteur tertiaire, celui des services, qui représente plus de 80% de son PIB. L’industrie et l’agriculture restent à un état embryonnaire, car freiné par de nombreux handicaps. Au vu des faibles ressources disponibles dans ce pays, la balance commerciale est très largement déficitaire.

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 En parallèle, de nouvelles banques et institutions financières se sont installées ces dernières années. Certains parlent de Djibouti comme du futur Hong-Kong africain. La raison de cet engouement pour ce petit territoire est l’attractivité de sa zone franche, qui permet de nombreux allégements fiscaux pour les investisseurs étrangers. Une autre particularité est sa politique monétaire axée sur une monnaie librement convertible en parité fixe avec le Dollar américain et son économie libérale, offrant d’importantes garanties et des traitements équitables à tous les investisseurs, quelle que soit leur origine.

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·      Évaluation des risques géographiques et environnementaux

Djibouti est un État aussi grand que la région de la Lorraine en France. Les conditions climatiques sont très peu favorables. En effet, il s’agit d’une région désertique et aride, la plupart de l’année avec une chaleur étouffante et humide. Les averses de pluie sont très rares. En 2012, le pays a subi une forte sécheresse qui a eu d’importantes conséquences sur les populations pauvres. Le sol ne contenant aucune ressource naturelle exploitable pour le moment, Djibouti est très dépendante de ses importations d’énergie. Les conditions naturelles sont donc peu favorables aux productions rurales. Quelques tribus nomades existent encore et vivent de l’élevage de bovins. Mais les quatre cinquièmes des habitants du pays habitent à la capitale, Djibouti.

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Sa disposition géographique est unique, à l’entrée de la mer rouge (détroit de Baab Al-Mandab). Ce détroit entre Djibouti et le Yemen est d’environ 30 kilomètres seulement. Al-Qaida a à plusieurs reprises menacé de le bloquer, mais l’organisation n’a pour le moment jamais réussi. La fermeture de cette voie obligerait les porte-conteneurs à faire le tour de l’Afrique plutôt que d’emprunter le canal de Suez. Il y aurait de fortes conséquences sur le commerce international, car le transport serait beaucoup plus long et donc beaucoup plus cher. Actuellement, 3 millions de barils de pétrole transitent chaque jour par ce détroit. Il s’agit donc d’une zone géostratégique permettant d’avoir le contrôle sur le canal de Suez.

Par ailleurs, il s’agit d’une zone de fractures entre la plaque africaine et la plaque arabe. C’est donc une zone d’instabilité tectonique où les phénomènes volcaniques sont fréquents.

Les risques sanitaires et épidémiques sont élevés dans ce pays. L’ambassade de France à Djibouti encourage les voyageurs à faire de nombreux vaccins avant de se rendre sur ce territoire. On recense très peu de médecins et d’hôpitaux, en dehors de la capitale. Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les piqûres de moustiques, est  la principale maladie répandue.

Les États voisins sont des pays peu stables, avec des situations politiques très mouvementées. Il s’agit de la Somalie, l’Éthiopie, l’Érythrée et le Yémen. C’est pour cela que l’armée américaine s’est installée à Djibouti afin de surveiller ce qu’elle considère les états « voyous », qui regroupe les cerveaux et les bastions armés d’Al-Qaïda.

·      Évaluation du Hard Power :

L’armée a depuis longtemps une accroche importante avec le gouvernement Djiboutien. L’essentiel de l’effectif militaire est dans l’armée de terre. Ces forces sont d’environ 3500 hommes permanents. Des liens importants avec les armées françaises et américaines existent, dans des objectifs de conseils et de formations.

Djibouti est par ailleurs un membre permanent de l’ONU, Organisation des Nations Unies. Mais son poids dans les institutions internationales se ressent principalement lors de la lutte contre la piraterie somalienne, au large des côtes Djiboutienne. Cet état est également membre de la plupart des grandes organisations internationales (Banque Mondiale, FMI,…) et régionales (COMESA,…).

Des signes positifs d’investissements étrangers viennent de la part de l’émirat de Dubaï, qui a débloqué plus de 600 millions d’euros pour créer un hôtel 5 étoiles dans la capitale, ainsi qu’un centre touristique haut de gamme. L’aéroport a également été remis à neuf, afin de pouvoir devenir un hub important, entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Djibouti est très en retard au niveau de l’innovation, l’industrie étant peu présente dans le pays. Elle n’est pas présente dans les classements internationaux. On constate donc que l’innovation dans le port de Djibouti et dans les quelques infrastructures présente proviennent d’entreprises étrangères.

·      Évaluation du Soft Power :

La République de Djibouti ne jouit pas d’une culture forte. Elle est très influencée par son passé. Ainsi, les liens avec la France se font ressentir dans la culture du pays, ainsi que celle de son voisin éthiopien. La religion est imbriquée dans les civilisations des pays de la corne de l’Afrique. Malgré une situation stable, l’insécurité de la région ne permet pas au tourisme de se développer pour le moment.

Djibouti ayant des revenus par habitant élevés et un statut de pays stable par rapport aux états voisins, les ONG sont peu présentes. En effet, ce territoire représente un havre de paix et de protection pour les réfugiés des pays voisins, principalement les Somaliens et les Érythréens. Ces populations cherchent l’asile à Djibouti, car l’insécurité dans leur pays est grandissante. Le HCR, High Commissioner for Refugees, explique que « Djibouti est un pays qui attire peu d’ONG internationales. Sur le terrain, les ONG nationales n’ont ni l’expérience ni les capacités requises pour gérer l’afflux de réfugiés». Les besoins financiers s’élèvent chaque année à plus de 25 millions de Dollars.

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·      Conclusion

Cette analyse du risque pays de la République de Djibouti nous montre que la situation est tendue, pour différentes raisons. La capitale Djibouti continue à croitre grâce à l’aide des investissements étrangers et de la présence d’entreprises internationales, tandis que le reste du pays reste à un niveau de développement archaïque. Les révolutions arabes n’ont pas réussi à atteindre ce pays dans lequel la démocratie n’est pas encore d’actualité. Cependant, le gouvernement a des ambitions économiques très grandes, à l’aide de la modernisation de son port et l’attrait d’entreprises financières. Grâce à des relations diplomatiques entre la France et Djibouti entretenues depuis de nombreuses années, l’armée française continue à déployer une base stratégique pour le contrôle de l’Afrique et du Moyen-Orient. Entre les convoitises de leur voisin de l’Arabie Saoudite et celles de leurs rivaux américains, Djibouti est au centre des stratégies géopolitiques des principales nations. Ce pays s’est entouré d’alliés puissants sur l’ensemble du globe. L’instabilité des pays voisins ne devrait pas influer par rapport à la position privilégiée de ce territoire au cœur d’une région qui influence le contexte international. Ce petit territoire tributaire de conditions climatiques défavorables est devenu une plaque tournante de la géostratégie mondiale et continuera à avoir un rôle important à jouer dans les enjeux politiques futurs.

Capture d’écran 2014-02-24 à 11.21.07

SITOGRAPHIE :

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/République_de_Djibouti/116701

http://www.banque-centrale.dj

http://www.assemblee-nationale.fr/11/rap-info/i2591.asp

http://geoclamart.perso.sfr.fr/download/ptitgeo26_djibouti.pdf

http://www.ccd.dj/djibouti/chiffres-cles.html

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Djibouti

http://www.objectif-import-export.fr/fr/fiche-pays/djibouti/risque-pays-economie

http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2005-2-page-451.htm

http://geography.howstuffworks.com/africa/geography-of-djibouti.htm

http://www.rfi.fr/contenu/20100425-piraterie-soldats-japonais-s-installent-djibouti

http://www.monde-diplomatique.fr/2003/02/LEYMARIE/9934

http://www.unhcr.fr/pages/4aae621d44b.html

http://comitesoutienborrel.free.fr

http://www.slateafrique.com/2483/djibouti-peut-dire-merci-a-al-qaida

http://unctad.org/Sections/dite_dir/docs/wir11_fs_dj_en.pdf

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dj.html

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/01/03/mort-du-juge-borrel-un-temoin-cle-evoque-des-pressions-de-djibouti_4342806_3212.html

http://www.unicef.org/infobycountry/djibouti_statistics.html

http://www.defense.gouv.fr/ema/forces-prepositionnees/djibouti/dossier/les-forces-francaises-stationnees-a-djibouti

]]> /geopolitique/fiche-pays-djibouti/feed/ 0 Fiche Pays – Afghanistan /geopolitique/fiche-pays-afghanistan/ /geopolitique/fiche-pays-afghanistan/#comments Mon, 24 Feb 2014 10:02:52 +0000 /?p=5675 –                Capitale :   Kaboul

–                Forme de l’État :   République islamique

–                Les langues :   Pachto et Dari

–                Les ethnies :   4 grands groupes ethniques : les Pashtouns (38%), les Tadjiks (25%), les Hazaras (19%), les Ouzbeks (6%).

–                La monnaie :   Afghani d’Afghanistan (AFN)

–                L’IDH :   0,398

–                Démographie :    29 824 536 habitants soit 45/km2

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Une évaluation du risque politique basé sur :

–                Stabilité du gouvernement et des institutions:

L’Afghanistan est aujourd’hui dirigé par le président Hamid Karzaï dont la gestion du pays est des plus en plus contestée.

L’Assemblée nationale est bicamérale :

-la chambre haute, le Sénat  composé de 102 membres (2/3 élus pas les conseils de province et 1/3 par le président)

-la chambre basse, la chambre de peuple composée des 249 membres élus par le peuple afghan :

 

–                Les conditions socio-économiques :

-Taux de chômage élevé : 35%

L’Afghanistan est un des pays les plus pauvres du monde, où la population doit faire face au chômage, à de mauvaises conditions sanitaires, à la faiblesse des infrastructures de base (santé, eau, électricité) et à l’insécurité.

Le niveau de corruption élevé en Afghanistan constitue un enjeu socio-économique majeur.

 

–                Conflits internes :

Une résistance au pouvoir en place s’organise progressivement à l’intérieur et à l’extérieur du

pays, l’invasion soviétique la généralise et s’étend à partir notamment du territoire pakistanais qui

devient terre d’accueil et d’asile à la fois pour plus de trois millions de réfugiés afghans, mais aussi

pour les sept mouvements de résistance, unis dans la lutte contre l’envahisseur et leurs protégés,

mais largement divisés entre eux pour d’autres raisons parfois semblables à celles qui divisent les

communistes : des clivages tribaux, ethniques, linguistiques, religieux, la soif de pouvoir et de ses

faveurs et avantages que l’on veut monopoliser, etc. Comme le Pakistan, l’Iran demande de façon

constante le retrait des forces étrangères d’Afghanistan, y intervient politiquement et économi-

quement, et défend farouchement la minorité chiite pourtant surreprésentée. Dans une moindre

mesure, La Russie et les pays d’Asie centrale ne sont pas indifférents, non plus, à la situation de

l’Afghanistan.

–                Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel :

L’Afghanistan est géographiquement limité par l’Iran à l’ouest, le Pakistan au sud et à l’est et le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan au nord. L’Afghanistan est donc situé dans une région d’instabilité accrue, que ce soit au niveau politique, humain, militaire ou sécuritaire. La multitude de conflits interne et externe fait de l’Afghanistan une zone à risques

–                Le niveau de corruption :

L’Afghanistan fait partie des pays les plus corrompus au monde avec un indice de perception de la corruption égal à 1 ,4 /10. Plus de la moitié des Afghans admettent avoir payé un pot-de-vin l’an dernier, la facture totale s’élèverait à 3,9 milliards de dollars.

–                Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme :

La criminalité est présente sous différentes formes en Afghanistan, contrat d’assassinat, corruption, kidnapping, trafic de drogue.

Le terrorisme fait rage aussi, notamment depuis la présence de trope militaire dans le pays, avec des attentats tuant des milliers de civils.

Ces deux facteurs font de ce pays l’un des plus dangereux au monde.

Une évaluation des risques économiques et financiers basés sur:

En 2012 la croissance a baissé à 5,2%, contre 9% en moyenne sur la dernière décennie. Pour les années à venir, elle devrait encore baisser selon la Banque mondiale. Les grands projets de construction financés par les bailleurs de fonds internationaux et par la consommation des foyers sont les principaux facteurs animant la croissance. Les prévisions d’une baisse de la croissance ne vont faire qu’augmenter le déficit du pays. Cependant la croissance pourrait être plus élevée si l’on prenait en compte la production illicite de pavot qui représente 90 % de la production mondiale. Le mauvais état des infrastructures, les tensions sur le plan militaire, un faible cadre de réglementation et le niveau élevé de corruption demeurent les principaux obstacles au développement économique du pays.

Le pays avec l’aide de ses bailleurs de fonds (Banque Mondiale, FMI et Cercle de Paris) veut mettre l’accent sur un système de finance publique plus durable. Des sujets d’inquiétude existent dans le contexte du départ des troupes de l’OTAN, prévu pour 2014. En 2012, la monnaie nationale a baissé de 10% par rapport aux dollars et la baisse prévue de l’aide internationale sera difficile à compenser. En 2011 l’aide internationale avait été exceptionnellement élevée. Afin d’éviter un effondrement de l’économie et du régime en place, les bailleurs de fonds internationaux ont décidé d’une aide annuelle de 7,6 milliards de dollars jusqu’à 2015. En outre, des doutes existent quant aux capacités du régime à assurer une bonne gouvernance.

Quelques chiffres (2013):

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Risques géographiques et environnementaux:

Risques naturels : tremblements de terre provoquant des dégâts dans les montagnes Hindous Kush, inondations, sécheresse.

Risques environnementaux : ressources naturelles d’eau douce limitées, provisions d’eau potable insuffisantes, dégradation du sol, surexploitation des pâturages, déforestation, désertification, pollution de l’eau et de l’air.

Hard power :

-Pouvoir militaire du pays :

->Plus de 200 000 militaires

->Budget annuel pour les forces afghanes : 4,1 milliards de dollars

->Volonté d’acquérir de nouveaux matériels

->Volonté d’augmenter les salaires

->Volonté d’augmenter les nombres de militaires afin de pouvoir lutter contre les taliban et maintenir l’ordre dans le pays. L’Afghanistan doit faire face aussi bien à des menaces externes qu’à des menaces internes et de ce fait est principalement financé par les États-Unis.

-Poids du pays dans les institutions internationales :

-Technologie et innovation :

 

Soft power :

-les médias:

En 2013, Reporters sans frontières classe l’environnement médiatique de l’Afghanistan à la 128e place sur 179. Le pays a bondi de 22 places par rapport à l’année précédente en raison principalement du fait qu’aucun journaliste n’a été emprisonné. Les journalistes dans le pays fonctionnent dans l’un des environnements informatiques les plus complexes et contestées dans le monde. À certains moments les limites entre la propagande et le journalisme sont floues, et certains journalistes qui couvrent les activités des talibans ont été accusés de trahison ou arrêté, tandis que d’autres ont été enlevés, battus ou harcelés par les insurgés talibans.

-Organisations non gouvernementales :

De nombreuses ONG sont présent en Afghanistan, les pluparts étant d’aide à la santé ou à l’architecture ou le respect des droits de l’Homme. (Croix rouge, Fondation Architecte, Handicap international, Médecins du monde, …)

Analyse SWOT

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Fiche Pays – Malawi /geopolitique/fiche-pays-malawi/ /geopolitique/fiche-pays-malawi/#respond Mon, 24 Feb 2014 09:45:03 +0000 /?p=5669 Introduction :

Le Malawi est un état d’Afrique orientale, il est limité au nord par la Tanzanie, à l’est, au sud et au sud-ouest par le Mozambique et à l’ouest par la Zambie. Le Malawi compte le troisième plus grand lac d’Afrique ; sa superficie couvre environ 20% du pays, c’est le lac Malawi. Le drapeau du Malawi est composé de couleur rouge, noir et vert avec un soleil couchant. Aujourd’hui c’est une république à régime présidentiel proportionnel, où le président est à la fois chef de l’État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. Le Malawi est une République démocratique depuis 1994.Il est membre du Commonwealth. La devise du Malawi est le Kwacha malawien (ou malawite) depuis 1971. Les langues officielles sont l’anglais et le chichewa. On estimait pour 2013 environ 16 363 000 habitants au Malawi, il y a plusieurs ethnies présentes sur le territoire tout d’abord les Chewa qui sont majoritaires ; il parle le chichewa la langue officielle du Malawi, il y aussi des nyanjas dans le sud ils sont proche des Chewa il parle le nyanja, les tumbukas présents au nord il parle le citumbuka, ensuite les yao, eux sont présent principalement vers la pointe sud du lac Malawi et les Lomwe établis au sud du Malawi. On estime qu’il y a environ 134 habitants au km² même si cela est très inégalement réparti sur le territoire, la majorité de la population est établie près des lacs. Le Malawi a une croissance démographique de 3,2% et une  espérance de vie de 54,8 ans. La population est, donc très jeune même si le taux de mortalité infantile est très élevé il est, d’environ 87‰. L’indice de développement humain (IDH) selon le programme des Nations unies pour le développement était de 0.418 en 2012 le Malawi est classé 170e sur 187 pays comptabilisés (PNUD). Les religions présentent sur le territoire sont majoritaire le christianisme qui représente environ 75% de la population et l’islam qui représente 18%.

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1)    Une évaluation du risque politique

En 1891 le Malawi est d’abord sous le protectorat des Britanniques sous la British Central Africa, le pays prend le nom de Nyassaland en 1907,en 1953 les Britanniques décident de constituer la fédération de Rhodésie ( qui est actuellement le Zimbabwe) et du Nyassaland ; à cette époque le Dr Hastings Banda revient au Nyassaland, en 1958, il est contre cette fédération  et va mener la lutte pour l’indépendance, son parti le Malawi Congress Party (MCP) gagne les élections de 1961, la Grande-Bretagne va donc accorder la séparation du Nyassaland et de la Rhodésie . Quelques années après le pays accède à l’autonomie en 1963 suite à ça le pays reçoit l’indépendance le 6 juillet 1964 (fête nationale) sous le nom de Malawi. Le pays adhère au Commonwealth. Dont il fait toujours partie aujourd’hui. Malheureusement suite à cette indépendance le pays tombe sous une dictature pendant 30 ans sous la coupe de Hastings Banda qui radicalise de plus en plus ses idées, il crée une constitution avec un parti unique pourtant élue plus ou moins démocratiquement en 1966, il se déclare « président à vie » avec le soutien de sa milice en 1971, lui et son parti ont tous les pouvoirs, il crée des liens avec les pays sous domination blanche telle que l’Afrique du Sud, il refuse de condamné l’apartheid et l’Afrique du Sud va financer la construction de la nouvelle capitale, Lilongwe, inaugurée en 1975, et celle d’une nouvelle voie ferrée qui aboutit à Nacala, au Mozambique, lui aussi sous domination blanche, à l’époque c’est encore une colonie portugaise. En 1975 la politique du pays se durcit encore le chef d’État élimine ou exil les opposants à son régime en 1990 Amnesty International dénoncent notamment les tortures infligées aux prisonniers. Sous la pression internationale en 1993  Hastings Banda réinstaure le multipartisme et en 1994 Bakili Muluzi président de l’United Democratic Front (UDF) est élue, c’est la fin de la dictature le pays accède petit à petit à la démocratie cependant le pouvoir est encore largement corrompu. Par exemple en 2002, le pays affronte sa plus grave crise alimentaire depuis 40 ans, un vague de sècheresse ravage le pays, mais la mauvaise gestion du cette crise et la corruption du pays aggrave celle-ci. Bakili Muluzi brigua 2 mandats, en 2004 les troisièmes élections (législatives et présidentielles) démocratiques après le départ du Dr. Banda en 1994 ont lieu, Bingu wa Mutharika le candidat désigné par Muluzi pour lui succédé est élu, mais les résultats sont contestés et cela provoque des émeutes. Mutharika lutte contre la corruption, fait de nombreuse reforme notamment pour les finances et l’économie du pays le président meurt le 6 avril 2012, la vice-présidente Joyce Banda assure la présidence du Malawi jusqu’aux prochaines élections en 2014, conformément à la Constitution. Sous les présidences successives de B.Muluzi, B.Mutharika et de Mme Joyce Banda, le pays traverse vingt ans de vie politique mouvementée, où les institutions sont globalement respectées, sans avoir cependant encore connu de véritable alternance démocratique. Quand le pays accède a la démocratie en 1994 il s’est ouvert au niveau mondial et régional, cependant le Malawi a toujours eu des relations plutôt bonnes avec ses voisins. Le pays connait tout de même des différends avec la Tanzanie au sujet des eaux du lac Malawi. Le pays bénéficie d’une importante aide internationale dont il est très dépendant puisqu’elle représente 40% de leur budget, mais à cause de la corruption le Malawi a rencontré des problèmes avec ces aides internationales dans les années 2000. Leurs principaux bailleurs sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et les organismes tels que le FMI ou la Banque Mondiale. Mais la nouvelle Présidente Madame Banda rétablit les relations dégradées avec l’extérieur et notamment les pays susceptibles de leur apporter de l’aide elle entame une série de visites officielles aux États-Unis, au FMI et à la Banque Mondiale, à Londres et à Bruxelles. Elle prend des mesures courageuses pour redresser l’économie (dévaluation du kwacha de 49% en mai 2012, fluctuation du cours, dérégulation des prix de l’eau et de l’électricité, budget d’austérité). La présidente a également renforcé la démocratie en créant encore plus de liberté, elle fait abroger des lois limitant les libertés d’expression, la liberté de la presse, et la pénalisation de l’homosexualité, elle rompt avec cette tradition politique avec lequel le pays a grandi, la dictature, elle supprime le culte de la personnalité encore bien présent dans le pays malgré la démocratie établit depuis 1994. Elle lutte également contre la corruption qui a d’ailleurs causé la dissolution de tout le gouvernement Madame Banda rétablit donc de bonne relation avec les organismes internationaux, en janvier 2013  Christine Lagarde, Directrice du FMI, a été rendre visite à la présidente pour lui montrer son soutien.

2)    Une évaluation des risques économiques et financiers

En 2011 le PIB du Malawi était de 5,9 milliards de dollars et avait un taux de croissance de 5,4%, le pays avait un taux d’inflation de 25% en août 2012, son solde commercial représenté -1,1% du PIB

environ 90 % de la population active se consacre à l’agriculture – le tiers du produit intérieur brut (P.I.B.) et 90 % des exportations sont d’origine agricole. Ainsi, le taux d’urbanisation n’était que de 17 % en 2007. Le maïs constitue l’alimentation de base de la population, les cours d’eau et le lac Malawi fournissant du poisson (60 000 tonnes en 2005) tandis que l’élevage reste peu important. Les principales cultures offrant des débouchés commerciaux sont le tabac, le thé et la canne à sucre – le Malawi est le deuxième producteur africain de tabac (après le Zimbabwe) et de thé (après le Kenya).

Le sous-sol ne recèle pratiquement aucune ressource minière et l’industrie reste très faible elle représente 20 % de l’activité économique. La balance commerciale est régulièrement déficitaire. L’ex-président Banda a développé les relations économiques avec l’Afrique du Sud, qui sont ainsi devenues le principal fournisseur du Malawi devant la Grande-Bretagne, le troisième partenaire commercial du pays étant actuellement le Japon. La dette extérieure s’est accrue de manière préoccupante, passant de 821 millions de dollars en 1980 à 3,1 milliards en 2005. Le Malawi fait partie des 5 nations les plus pauvres du monde. Le revenu moyen d’un Malawi est de 160 $ par an. Environ 85% des travailleurs trouvent un emploi dans l’agriculture.

Le pays possède par ailleurs d’un potentiel touristique largement sous-exploité. Le pays souffre de handicaps structurels qui limitent le développement de nouvelles activités : enclavement, faiblesse des infrastructures, marché local restreint, forte concurrence des principaux partenaires commerciaux de la région (notamment de l’Afrique du Sud). De plus le pays est rongé par la corruption quand 40% du revenu du Malawi provient on sait que  plus de la moitié est détournée.

3)    Une évaluation des risques géographiques et sanitaires

Risque géologique

 Il y a une activité géologique intense vers la vallée du Rift le long du lac Nyassa, les catastrophes naturelles les plus fréquentes au Malawi sont les trombes d’eau les inondations dut à la saison des pluies présentes dans le climat tropical, le climat du Malawi. C’est un climat très chaud et très humide en saison de pluie, la pluie cause beaucoup de dégâts lors des inondations, car il y a peu ou pas d’égout.

Le pays est également régulièrement sujet au tremblement de terre, Le Malawi se trouve sur une zone d’activité sismique de force 3

Risques sanitaires et épidermiques :

Tout d’abord le sida très présent c’est la 1ere cause de mortalité au Malawi, selon l’UNAIDS (agence des Nations unies de lutte contre le sida), 13% de la population adulte entre 15 et 49 ans est atteinte. Il  y a également la présence de rage animale, de nombreux cas de paludisme, et de choléra sur le territoire du là aussi au climat humide du pays qui crée des flaques d’eau stagnante ce qui favorise la propagation du choléra. La trypanosomiase ou maladie du sommeil est également présente dans huit districts (chikwawa, kasungu, manchinga, mangochi, mulanje, nhotakota, ntchisi, rumphi) rependus par les piqures des mouches tsé-tsé, les symptômes sont multiples (fièvre, maux de tête, démangeaison, trouble du sommeil, état de confusion) et si n’elle n’est pas soignée à temps c’est une maladie mortelle.

Le Malawi comme dans beaucoup de pays d’Afrique a un accès aux soins limités, mais il existe de plus en plus d’associations qui interviennent, tel que Brithing Project USA au Malawi qui depuis 5 ans vient en aide aux femmes pour qu’elle puisse accoucher dans  les conditions les plus favorables possible.

4)    Une évaluation du hard power du pays

Pouvoir militaire

Le Malawi dispose d’une force de défense constituée de 25 500 personnels actifs et dont le budget s’élève à 9,5 millions de dollars, soit 0,76 % du PNB. Elle est classée au 140e rang au niveau mondial en termes d’effectif.

Le pouvoir militaire du Malawi est assuré par the Malawi Bihin Force, c’est une organisation d’état militaire, qui défend le Malawi. À l’origine c’est les Anglais qui ont formé cette unité avant l’indépendance en 1964.Organiser sous l’organisation du ministre de la Défense. Ils ont été aussi entrainés par les États-Unis. En 1993 l’armée a joué un rôle important dans la chute de la dictature de Dr Hastings Banda. L’armée a cette époque-là, a détruit une branche paramilitaire qu’avait créée le dictateur. Cela prouve que l’armée du Malawi n’a pas d’aspiration pro personnelle, elle est indépendante. Elle prône la démocratie en Afrique cela est  important, car c’est un continent qui a beaucoup de coup d’État militaire. Le 5 avril 2012 lorsque le président Bingu Wa Mutahrika meurt, des rumeurs circule y aurait une tentative d’empêcher la vise présidente Joyce Banda d’accéder au pouvoir comme l’indique la constitution et donc l’armée a fait en sorte que la constitution soit respectée et ils ont mis en place une sécurité rapprochée autour de Madame Banda lors de l’annonce du décès du président. Ce professionnalisme a fait en sorte que la transition du pouvoir se fasse de façon pacifiste. L’armée du Malawi est donc réputée pour son maintien de la paix.

Technologie et innovation

Un programme de recherche sur l’accès des communautés aux débouchés commerciaux a été mis en place en avril 1998. Les objectifs étaient :

–       Des recommandations afin d’améliorer l’accès des communautés aux débouchés commerciaux dans les régions isolées

–       De mettre en place des solutions institutionnelles durables

–       Puis de lutter contre la pauvreté notamment dans les zones rurales

En effet des enquêtes ont montré que le mauvais état des routes, le manque de transports, l’absence d’informations sur les marchés (la mauvaise infrastructure) pour les zones rurales (exemple chitipa,Nsanje, Mangochi..) sont les facteurs majeurs qui expliquent les obstacles principaux a l’accès aux débouchés économiques. Ce qui explique cette insuffisance du réseau routier et tout d’abord le manque d’entretien, mais également le changement des politiques gouvernementales. Une stratégie a été mise en œuvre afin de pouvoir lutter contre la pauvreté et permettre le développement ainsi que la croissance au Malawi. On l’appelle le MGDS (Malawi Growth and Development Strategy= stratégie de croissance et de développement du Malawi)

5)    Une évaluation du soft power du pays

La force culturelle de Malawi est basée sur le fait que c’est une culture pluriethnique, la culture dominante est celle des Chewas, l’ethnie la plus présente dans le pays, cependant le Malawi n’a pas d’influence culturelle dans le monde. Elle a tout de même une grande culture musicale.

Le Malawi étant l’un des 20 pays les moins développés du monde, de nombreuses ONG agissent sur le territoire notamment pour défendre le droit des enfants ou encore pour lutter contre le SIDA qui ravage le pays. Aujourd’hui au Malawi le niveau de vie est très faible, les enfants vivent dans des conditions plus que précaires, même si la règlementation du travail pour les enfants est présente au Malawi, légalement un enfant ne peut pas travailler avant 14ans, mais l’école primaire étant non obligatoire et ayant une économie tournée essentiellement vers l’agriculture de nombreux enfants se retrouvent à travailler avant cet âge. Ce qui engendre d’autres dérives, ils encourent les risques liés à la prostitution, la discrimination, la maltraitance, etc. Le Malawi gagne cependant en notoriété à l’aide d’action de personnage publique ou encore récemment lorsque Madonna a choisi le Malawi pour adopter ses enfants, ce coup de projecteur est mine de rien bénéfique a l’économie du pays et contribue à le faire connaitre un peu plus chaque jour et donc à lui apporter encore un plus d’aide dont il a toujours plus que besoin pour encore se développer d’avantage.

Conclusion

En conclusion le Malawi est une jeune démocratie encore imparfaite qui rencontre donc de nombreux problèmes autant sur le plan politique, économique que sociale, ce n’est pas donc pas un pays influant ou attrayant pour l’économie mondiale. Le Malawi rencontre également  beaucoup de problèmes notamment d’ordre médical comme la lutte contre les maladies infectieuses telles que le Sida ou encore des problèmes au niveau alimentaires, mais pas seulement l’explosion démographique du pays et l’éducation déficitaire joue aussi un rôle important dans leur problème de développement. Cependant depuis maintenant bientôt deux ans avec l’arrivée au pouvoir de la vice-présidente Mme Banda le pays s’ouvre encore un peu plus et acquiert de plus en plus de liberté. Un vrai combat est notamment mené contre la corruption il y a 5 jours, le 30 janvier 2014 le plus grand procès pour une affaire corruption a commencé, c’est le « cashgate », 68 personnes proches du gouvernement ou du gouvernement sont impliquées, entre 20 et 100 millions de dollars (estimation compliquée dans ces cas-là) aurait était détourné cet argent provenait essentiellement des aides internationales, c’est le plus gros scandale qu’a connu le Malawi, les pays bailleurs du Malawi avait bloqué leur versement ce qui fragilisa encore un peu plus le pays. Ce procès est donc fortement attendu non seulement par le pays, mais aussi pour les organismes internationaux. Le Malawi est donc en passe aujourd’hui de régler ses problèmes petit à petit.

Analyse SWOT

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Fiche Pays – Uruguay /geopolitique/uruguay/ /geopolitique/uruguay/#respond Wed, 19 Feb 2014 13:59:36 +0000 /?p=5383 Introduction :

Forme de l’état : République de type présidentiel
Capitale : Montevideo

Démographie :
Population : 3 344 200
Accroissement : 0.30%
Densité absolue : 19 hab./km²
0-14 ans : 22.76%
15-64 ans : 63.43%
Population de plus de 65 ans : 13.81 %
Croissance démographique : + 0,4 %
Indice de fécondité : 1,97
Espérance de vie à la naissance : 76 ans
Population urbaine : 92%
Âge moyen : 33,8 ans

Ethnies : 88% de descendants Européens du XIXéme siècle originaires d’Espagne ou d’Italie, 8% de métis avec ascendance européenne et amérindienne(Mestizos). 4% d’origine africaine, et seulement 1% de la population est amérindienne principalement issu du groupe des Guaranis.

Monnaie : peso uruguayen (UYU) (1 EUR = 25,70 UYU au 21 janvier 2013)

Langue officielle : Espagnol

Indice de développement humain en 2012 : 0.792 en hausse de 0.007 depuis 2010

Évaluation du risque politique :

La stabilité du gouvernement et des institutions :

L’Uruguay, vu comme la « Suisse de l’Amérique latine » est réputé comme étant l’Etat le plus stable du continent. En effet, l’Uruguay a surmonté avec succès, depuis le début du XXIe siècle, deux éléments susceptibles d’altérer sa stabilité : l’arrivée au pouvoir d’un Président de la République issu d’une coalition de gauche nouvellement formée, et le fort impact de la crise économique argentine sur son propre développement. La traditionnelle alternance entre le parti « Colorado », libéral et laïc, et le parti « Blanco » démocrate chrétien, sur laquelle a longtemps été fondée la stabilité politique du pays, a été rompue avec l’élection dès le premier tour de scrutin à la Présidence de la République le 31 octobre 2004, de M. Tabaré Vazquez, candidat d’une coalition de gauche. M. Vazquez s’est appliqué à relancer l’économie uruguayenne, très affectée par la crise argentine de 2001.Le chômage touche aujourd’hui moins de 10 % de la population active, contre 17 % en 2002, et le commerce extérieur a crû de 2 à 4 milliards de dollars de 2002 à 2007.

Conditions socio-économiques : Selon l’indicateur de développement humain 2012 des Nations unies, l’Uruguay occupe la 51e place dans ce classement. Plusieurs études montrent que la cohésion sociale, historiquement élevée en comparaison de la moyenne latino-américaine, a fortement diminué dans le pays pour diverses raisons jusqu’à atteindre, vers 1999-2002, des niveaux jamais vus auparavant. Cela dit, il est important de souligner que la pauvreté et les inégalités ont notablement augmenté en Uruguay, que cette évolution a précédé la grave crise de 2002 et qu’elle s’est maintenue depuis lors. C’est ainsi que, malgré l’existence d’un système de protection sociale relativement important la population pauvre a augmenté pour passer de 17,8% à 32,1% durant la période 2000-2004 (Selon l’Institut national de statistiques (INE).) Ce phénomène social se concentre surtout chez les jeunes ; en effet, 54% des enfants de moins de 6 ans, 52% de ceux de 6 à 12 ans et 43% de ceux de 13 à 17 ans vivent dans des foyers pauvres, tandis que « seulement » 10% de la population âgée de plus de 65 ans vit dans des conditions de pauvreté similaires.

-Conflits internes : Depuis le rétablissement de la démocratie en 1985 par Le président Julio María Sanguinetti, membre du Parti colorado, aucun conflit interne notable n’a été déploré.

-Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel : L’Uruguay est en de très bons termes avec ses voisins (Brésil et Argentine), qui sont par ailleurs ces principaux partenaires commerciaux. Néanmoins, cela implique une certaine dépendance vis-à-vis de la stabilité de ces derniers, comme la crise de 2002 en Argentine a pu le prouver : l’Uruguay en a subi de lourdes conséquences.

-Corruption : D’après Transparency International l’Uruguay occupe actuellement la 19ème place sur 177 Pays avec une note de 73/100. Cela constitue un niveau de corruption très faible par rapport aux autres pays du continent Sud-Américain. (La France étant actuellement placée 22ème) D’un point de vue politique, l’Uruguay est vu comme le pays le plus stable d’Amérique du Sud et ce, malgré certains déboire au cours des derniers siècles. Mais depuis le rétablissement de la démocratie, le pays a su rester uni avec un faible niveau de corruption témoignant d’une politique transparente très rare dans la région.

Évaluation des risques économiques et financiers :

Quelques chiffres :

PIB (2012) : 49 Mds USD
PIB annuel par habitant (2012) : 14 778 USD
Taux d’inflation (2012) : 8,1 %
Taux de croissance du PIB : 5.7%
Rapport dette publique / PIB (2011) : 53%
Dette extérieure au 31 décembre 2010 : 33% du PIB
Solde commercial 2012 : -2.87 Mds USD
Variation du Taux de change sur deux année en USD et EUR :

25 mars 2012 1USD-19.5133UYU

4 Janvier 2014 1USD-21.1712UYU

20 mars 2012 1EUR-25.7883UYU

4 Janvier 2014 1EUR-28.7412UYU

L’économie uruguayenne a bénéficié d’une expansion régulière pendant neuf années  (5,7 % en moyenne). Le FMI estime à 3,5 % la croissance économique pour 2012 contre 5,7 % en 2011, largement induite par la demande domestique forte. Le PIB par habitant de l’Uruguay est l’un des plus élevés d’Amérique du Sud (10 942 USD en Argentine et 12 594 USD au Brésil).   Le Président Mujica a prolongé l’action économique de son successeur, qui avait rassuré les milieux d’affaires en menant une politique budgétaire et monétaire prudente, accompagnée d’un programme de réformes structurelles, visant à attirer les investissements étrangers. Il s’appuie sur son vice-Président Danilo Astori, qui avait réformé le système fiscal en 2007 et permis la création d’un impôt sur les revenus des personnes physiques. En 2010, l’Uruguay a progressé dans la voie de la transparence financière avec l’adoption par le parlement d’une nouvelle loi de flexibilisation du secret bancaire et en signant plusieurs accords bilatéraux en matière fiscale (douze sont requis par l’OCDE pour sortir de la « liste grise » des États insuffisamment coopératifs en matière fiscale) M. Mujica poursuit la politique économique libérale menée depuis 2005. Il collabore activement avec le FMI et recherche des investissements étrangers ; le pays s’est doté d’une agence de promotion des investissements, Uruguay XXI. Il rassure les milieux d’affaires en menant une politique budgétaire et monétaire prudente, qui a conduit à une réévaluation récente de la note de sa dette. Il en ressort par analyse de ces chiffres et données que les investissements étrangers sont attirés par la stabilité politique, l’environnement des affaires et la main-d’œuvre qualifiée du pays. Hormis l’inflation, l’ensemble des données macroéconomiques sont saines : faible déficit budgétaire, taux d’endettement en constante réduction, chômage peu élevé et balance commerciale équilibrée.

Risques géographiques et environnementaux :

L’Uruguay n’étant pas situé près d’une faille tectonique à peu de risque d’être sujet à des tremblements de terre. Néanmoins le pays n’est pas à l’abri d’un éventuel tsunami dans le cas d’un séisme dans l’atlantique sud, provoqué par les plaques sud américaine et africaine. Le pays n’abrite aucun volcan mais peut subir les conséquences des nuages de cendre d’autres volcans actifs dans les autres pays environnant. (En 2011 le volcan chilien Puyehue c’est réveillé répandant un nuage de cendre au-dessus du continent annulant tous les vols de Montevideo) . Le pays a subit plusieurs inondations en 1986, 1991-93 et 1998. Sécheresse depuis 1999 affectant  majoritairement les départements d’Artigas, Salto, Paysandú, Río Negro et Cerro Largo. D’un point de vue sanitaire, l’eau du robinet est potable et de bonne qualité. L’Uruguay présente un risque sanitaire faible : peu de maladies vectorielles  nombreuses infections éradiquées ou en voie de disparition.

Une évaluation  du Hard power du pays :

Selon le SIPRI (l’institut international de recherche sur la paix de Stockholm) l’Uruguay est classé 82ème sur 153 pays avec une dépense militaire de 491Millions USD en 2010 soit 1.6% du PIB. Il est très difficile de trouver des sources fiables quant aux effectifs militaires réels de l’armée Uruguayenne, mais elle parait faible en comparaison de ses voisins, (notamment l’Argentine). D’après Global Firepower les effectifs militaires actifs du pays sont de 24 000 hommes. Il est clair que l’Uruguay n’a pas de réel pouvoir militaire. l’Uruguay est membre du Mercosur (Marché commun du sud) depuis sa création en 1991 et applique donc le tarif extérieur commun (TEC), à quelques exceptions près qui sont généralement soumises à des taux inférieurs. L’Uruguay constitue un des membre fondateur de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et est un état membre de l’ONU depuis le 18 décembre 1945. Il est clair que l’Uruguay ne possède pas de réel Hardpower, étant un des pays les plus petits d’Amérique du Sud l’Etat en question n’a pas les ressources et le pouvoir pour influencer d’autres pays de cette manière.

Une évaluation  du soft power du pays :

L’Uruguay véhicule une image de pays avant-gardiste, en effet il a été parmi les premiers en Amérique latine à légaliser l’union civile des couples homosexuels (2007) et l’adoption pour les couples de même sexe (2009). En 2009, ce pays avait aussi étonné en autorisant le changement de sexe et de nom pour les transsexuels au sein de l’armée. L’Uruguay a également été le premier en 2012 à ratifier la convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le travail décent des employés de maison. Cela semble devenir une tradition de la coalition de gauche du “Frente amplio” (“Front large”), au pouvoir depuis 2005 puisque le pays a récemment légalisé la consommation, production et vente du cannabis. Si l’on remonte encore dans le temps sous le président José Batlle y Ordoñez (1903-1915),l’Uruguay avait alors pavé la voie à d’importantes évolutions sociales en étant le premier sur le continent à adopter le divorce par la seule volonté de l’épouse (1913), et un des premiers à abolir la peine de mort (1907) et autoriser le vote des femmes (1927). En outre la prostitution avait été légalisée et plusieurs lois sociales fondamentales votées (journée de huit heures, sécurité sociale). Mis à part des réformes sans cesses novatrices, l’Uruguay ne véhicule pas de vecteurs d’influence particuliers et représente une culture latino-américaine classique à la différence de laisser beaucoup moins de poids à l’Eglise dans la politique du pays.

Analyse SWOT :

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Conclusion :

L’Uruguay a beaucoup de cartes à jouer dans les prochaines années, cela étant notamment dû à un intérêt grandissant des grandes puissances pour les pays émergents d’Amérique du Sud auxquels il est lié. Le pays ayant à contrario de ses congénères une image stable de sécurité politique et économique et un niveau de corruption et de transparence étonnamment faible pour un pays d’Amérique du Sud.   Il lui serait donc possible de capter de nombreux investissements avec une politique adéquate. Ajoutons à cela une bonne éducation et la présence d’universités innovantes et ouvertes permettant la formation d’une main d’œuvre qualifiée, souvent un problème pour les investisseurs étrangers qu’ils n’auront pas en Uruguay. Néanmoins, les neuf années de croissance économiques consécutives s’estompent, une « niche » de pauvreté des jeunes populations c’est installé depuis la crise d’Argentine. Cette dépendance aux deux gros voisins du pays est toujours vraie et constitue une réelle menace mais aussi un sentiment d’entraide favorisant de bonnes relations diplomatiques et commerciales. Dans l’ensemble, le pays constitue une terre d’opportunité grâce à des caractéristiques et qualités unique au sein du continent sud-américain.

Sources :

https://data.undp.org/dataset/Table-2-Human-Development-Index-trends/efc4-gjvq

http://www.senat.fr/

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/uruguay/presentation-de-l-uruguay/

http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/uruguay/solde-commercial.html

http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1131

http://www.axl.cefan.ulaval.ca/amsudant/uruguay.htm

http://www.transparency.org/country#URY

http://www.ubifrance.fr/naval/001B1302011A+fiche-pays-uruguay-2013.html?SourceSiteMap=1385

http://www.top-depart.com/guide-voyage/uruguay/sante/pays/

http://www.idrc.ca/FR/Documents/Uruguay_Fr.pdf

http://naturealerte.blogspot.fr/2011/06/10062011les-cendres-du-volcan-chilien.html

http://milexdata.sipri.org/files/?file=SIPRI+milex+data+1988-2012+v2.xlsx

http://www.globalfirepower.com/active-military-manpower.asp

http://www.charentelibre.fr/2013/12/08/legalisation-du-cannabis-l-uruguay-vers-une-1ere-mondiale,1869405.php

http://www.operationspaix.net/189-fiche-d-information-de-l-etat-uruguay.html

http://fr.exchangerates.org.uk/

http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:23022058~menuPK:3327267~pagePK:34370~piPK:34424~theSitePK:1074931,00.html

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Les Guérillas urbaines : de quelles manières évoluent ces mouvements sociaux en Amérique Latine ? /sans-categorie/les-guerillas-urbaines-de-quelles-manieres-evoluent-ces-mouvements-sociaux-en-amerique-latine-2/ /sans-categorie/les-guerillas-urbaines-de-quelles-manieres-evoluent-ces-mouvements-sociaux-en-amerique-latine-2/#respond Wed, 05 Feb 2014 17:02:55 +0000 /?p=1650 La guérilla urbaine est une guerre asymétrique opposant des groupes armés à un gouvernement en milieu urbain. Si elle désigne tout d’abord une stratégie militaire aux méthodes et aux objectifs précis, le terme désigne de manière courante tous les combats de type guérilla, mais aussi toute situation émeutière, sans que les mouvements ou événements concernés se revendiquent expressément de la théorie.

Ces manifestations peuvent traduire une opposition idéologique radicale face au gouvernement ou être guidées par des intérêts purement économiques (cas des gangs et mafias qui recherchent le contrôle de zones stratégiques au cœur des villes afin d’y établir leur business).

La guérilla urbaine procure à ces instigateurs de nombreux avantages tactiques permettant de pallier à un manque en termes d’armement ou à un sous-effectif. Parmi ces avantages, on peut citer le fait de se mêler aux parties civiles et par conséquent être difficilement identifiable, ce qui pose des difficultés pour les forces de l’ordre.

Traditionnellement, la guérilla, contrairement au terrorisme, ne vise pas les civils. Cependant la guérilla urbaine, elle, peut même aller jusqu’à utiliser le terrorisme en tant que stratégie militaire.

Nous avons choisi de nous pencher en particulier sur le cas de l’Amérique Latine, continent sur lequel les disparités sociales sont très importantes, notamment dans les grandes villes, ce qui favorise la montée des conflits. Il s’agira de voir de quelles manières évoluent ces mouvements sociaux. Pour cela nous étudierons l’origine politique des guérillas, ensuite nous analyserons le développement de ces mouvements sociaux et enfin nous analyserons une des guérillas des plus connus : la guérilla des Tupamaros.

I. Origines et moyens des guérillas politiques 

La guérilla urbaine est une théorie militaire née dans les organisations d’extrême gauche sud-américaines. L’histoire de l’analyse de l’apparition de ces mouvements sociaux, s’est montrée courte dans le temps mais très dense, en particulier depuis les années 1960.  Cette analyse s’est entachée d’un étrange paradoxe. Nous verrons que ces contestations sociales ont été rapidement associées à d’importantes actions collectives des plus souvent violentes. L’analyse de l’apparition de ces mouvements est théorisée par Carlos Marighella, politicien brésilien extrémiste convaincu de la nécessité de la lutte armée contre les régimes militaires, notamment à travers son  manuel de guérilla urbaine contenant toutes les informations nécessaires à la formation d’un mouvement guérillero.

Les guérillas urbaines sont dirigées par les élites des groupes souvent poussées par la pensée, que la lutte armée est le seul moyen de sortir d’une situation politique bloquée. Ceci est principalement l’idéologie des Tupamaros. Le Mouvement de Libération Nationale-Tupamaros en Uruguay est l’une des rares guérillas latino-américaines qui soit parvenue à conquérir le pouvoir de manière démocratique. D’autres mouvements sociaux, comme les Fuerzas Armadas Peronistas en argentine, s’explique par le fait de vouloir faire tomber la dictature de leur pays.

Ainsi pour exprimer leurs contestations face au régime politique de leur pays, les organisations de guérilleros font appel à d’importants moyens.

En effet les groupes mettent en place des stratégies violentes afin de choquer et marquer les personnes extérieures et permettre la diffusion plus rapide de leurs pensées. La nature et l’environnement de la guérilla urbaine ne permettent pas d’opérations psychologiques par des médias, c’est la raison pour laquelle les organisations se réfèrent plus aux contacts humains directs sur le terrain.  Cette contestation politique et motivation sont rendues possibles grâce à l’utilisation de la propagande pour faire appel au peuple. Par exemple dans son Manuel du guérillero urbain, Carlos Marighella évoque le fait suivant « Le guérillero urbain se caractérise par le courage et l’esprit d’initiative », cela signifie que le guérillero vaincra les forces plus puissantes grâce à son courage mental, sa capacité d’imagination qui lui donnera une supériorité morale en addition aux préparations techniques d’attaques que ce dernier aura apprit avant d’adhérer à un mouvement guérillero. De plus à l’aide d’harcèlements, d’embuscades et de coups de main menée par des unités régulières ou des troupes de partisans sans ligne de front, les groupes guérilleros obtiennent un soutien considérable de la population locale. D’autre part, ces combats menés par des groupes développés et expérimentés en terrains connus permettent aux guérilleros de piéger plus facilement l’ennemi après l’avoir rapidement attiré par surprise dans des points d’étranglements comme les impasses, cul-de-sac, etc….

Enfin nous avons pu noter que les guérillas urbaines naissent communément d’un sentiment de solidarité des peuples et des rebellions. Et ce, face à un contexte national, parfois même international ou la tendance générale est à la révolution contre le gouvernement et la lutte contre la guerre.

II.               Contexte politique favorable au développement des guérillas

La guérilla nait généralement dans un contexte politique bien particulier. C’est en effet essentiellement une guerre politique. Les acteurs de la guérilla urbaine se battent par idéologie et l’on peut constater que ces guerres irrégulières naissent souvent dans un contexte dictatorial.

Ainsi, les principaux mouvements révolutionnaires prônant la guérilla urbaine en Amérique latine voient le jour alors que les gouvernements en place ont été instaurés de manière autoritaire, la plupart du temps dirigés d’une main de fer par des militaires :

–          L’armée révolutionnaire du peuple (ERP), en Argentine, voit le jour en 1970 soit 4 ans après la « révolution argentine » de 1966 imposant une dictature militaire.

–          Le MR8 au Brésil voit le jour à la fin des années 60, le régime militaire ayant été instauré en 1964.

–          Le MIR (mouvement de gauche révolutionnaire) est fondé au Chili en 1965, alors que des militaires se succèdent au pouvoir depuis les années 1930 (à l’exception de Juan Perón, populiste avec qui le partage des richesses est moins déséquilibré au début mais qui va pratiquer à son tour l’autoritarisme dans les années 1950 pour conserver le pouvoir, sera chassé par un coup d’état en 1955)

On peut constater que l’ensemble des mouvements révolutionnaires d’Amérique latine au XXe siècle sont fortement imprégnés par le communisme, bien qu’ils se distinguent en empruntant des voies quelque peu différentes (marxistes, léninistes, trotskistes..).

Expliquons cette emprunte idéologique par un contexte y étant favorable : Nous sommes en effets en pleine guerre froide et l’URSS, porte drapeau de l’idéologie communiste ne s’est pas encore effondré. A l’époque, nombre d’intellectuels, sont convaincus des vertus du communisme comme organe permettant la réduction des inégalités et de la pauvreté. Les grands penseurs communistes ont une toute autre influence que celle qu’ils exercent aujourd’hui puisqu’à l’époque, le recul permettant de constater de l’absurdité d’un tel système politique n’est pas suffisant.

Ainsi, les leaders prônant la guérilla urbaine vont être influencés par ces idéologies antilibérales et seront soutenus par de nombreux intellectuels, y compris en Europe occidentale (Jean Paul Sartre, Louis Aragon..).

Mais c’est le succès de certaines révolutions communistes, et notamment la révolution cubaine de 1959, qui mis fidèle Castro au pouvoir, qui aura le plus d’impact en Amérique latine. Ce nouveau chef de la nation cubaine sera effectivement un exemple.

Institué en 1964, le régime militaire se termine en 1985 après une volonté de démocratisation.

À partir de 1964, l’état de droit est progressivement violé: tandis que, pour beaucoup, le coup d’Etat n’ouvrait qu’une sur “une remise en ordre” anti-communiste provisoire du pays dans le contexte de la Guerre froide, les militaires vont se maintenir durablement au pouvoir et progressivement installer une véritable dictature. Le Brésil précède ainsi de nombreux autres pays d’Amérique latine (coup d’Etat du général Onganía en Argentine, en 1966; coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili par Pinochet; coup d’Etat en 1973 de Juan María Bordaberry en Uruguay, etc.). Soutenu par les Etats-Unis, qui reconnaissent immédiatement le nouveau régime, le putsch de 1964 a été préparé par une longue assimilation des officiers de l’armée brésilienne par la doctrine de sécurité nationale et les théories de la guerre contre-révolutionnaire, qui attribuent un rôle politique et administratif aux armées, en accentuant l’importance de la population civile dans la conduite de la guerre.

Bien qu’en 1964, aucune guérilla ni mouvement armé de gauche n’existât au Brésil, ceux-ci étant nés précisément en réaction à la dictature militaire, les généraux justifient leur putsch par l’apparition du communisme, qui a pris après la révolution cubaine de 1959 un relief particulier en Amérique latine. La Constitution est suspendue, le Congrès dissout et le président s’approprie des pouvoirs dictatoriaux, tandis qu’une guerre contre-insurrectionnelle est mise en place, d’abord avec la création, dès 1964, du Centre d’instruction de la guerre dans la jungle à Manaus. Des escadrons de mort sont mis en place par l’État pour traquer toute forme d’opposition. La période s’étendant de 1968 à 1974 est connue au Brésil sous le nom d’années de plomb.

Dès les années 1970, Brasilia a participé à l’Opération Condor, vaste plan de coordination entre les dictatures militaires latino-américaines afin de lutter contre les opposants aux régimes militaires, dans tout le continent. Cette opération a été à l’origine de centaines de morts. On dénombre, au Brésil, un grand nombre de groupes armés révolutionnaires qui se sont formés en réaction contre la dictature militaire. La plupart d’entres eux ont pris forme dans les milieux étudiants. Parmi eux, on peut citer le MR-8, plutôt basé sur Rio de Janeiro, ou l’ALN (Action de libération nationale), basé sur São Paulo. Dès novembre 1969, Carlos Marighella, est assassiné par les forces de l’ordre brésiliennes.

La dictature n’a pris fin qu’en 1984.

Ce régime fut critiqué pour l’augmentation de la dette brésilienne qu’il accumula, ainsi que pour sa nature répressive : des centaines de Brésiliens ont été déportés, emprisonnés, torturés ou tués. La censure était fréquente.

Donc nous avons noté que ces guerres réalisées en milieux urbains engendrent beaucoup de dégâts économiques, sociaux  ainsi qu’une peur général des peuples. Pour limiter la propagation de ces mouvements, les états mettent en place une importante répression exercée par la mobilisation des forces puissantes radicales.

–         La guérilla chez les Tupamaros

C’est suite à la mort de Guevara, apparait en Amérique Latine le mythe de la « guérilla urbaine » en particulier avec le Mouvement de Libération Nationale-Tupamaros né entre 1960 et 1970.  Ce mouvement créé par Raúl Sendic a vu le jour en Uruguay et vanta rapidement, grâce à ses objectifs révolutionnaires le mythe de guérilla ainsi que l’action directe. Les groupements Tupamaros sont fondés sur la lutte des classes et favorisant la lutte armée sous la forme quasi-exclusive du terrorisme dans un pays aux politique non démocratiques. Cette force partisane adopte une stratégie de guérilla ayant pour finalité de renverser la dictature et les rapports de force pour régner ensuite. Les Tupamaros s’opposent aux personnes aisées et apportent de l’aide aux plus pauvres. Les chefs des Tupamaros recrutent des jeunes de gauches ou extrême gauche, des travailleurs, ouvriers, fonctionnaires et quelques bourgeois afin d’attirer un maximum de soutien de toute part de la population. Une fois le mouvement bien fondé, les membres se lancent dès 1963 dans diverses actions de troubles sociaux pour atteindre leur but. Ces actions n’ont pas pour but de mettre  en danger la population civile, uniquement marquer le gouvernement et montrer un fort mécontentement.

Dès la fin des années 1960, d’importants sabotages ont lieu, des vols, des attaques de postes de polices de bases militaires afin de piller armes et munitions. Ces mouvements extrémistes vont même jusqu’à effectuer des enlèvements. En effet dès juillet 1970 une série d’enlèvements a lieu, en commençant par Dan Mitrione, agent du FBI, puis exécuté lorsque le gouvernement uruguayen refusa la libération de Tupamaros. Mais aussi l’enlèvement au début des années 1970 de Geoffrey Jackson, ambassadeur britannique ou encore Nelson Bardesio membre de la police et d’importantes personnalités encore sont kidnappés par les Tupamaros espérant en échange la libération des leurs ou de fortes rançons. Un des principaux chefs des Tupamaros, Eleuterio Fernandez Huidobro participe à l’évasion d’une centaine de prisonniers de la prison de Punto Carretas. Suite à ces violences urbaines sans limites, la police chargée de combattre et capturer les Tupamaros n’est pas suffisante, ce sont à partir de là aux forces armées uruguayenne de réagir. En 1971, le terrorisme contre le gouvernement se poursuit, la police militaire doit rassembler ses ressources et l’armée utilise des répressions sévères, des tortures et autres moyens pour stopper le mouvement Tupamaros.

C’est en 1972 après de longues années de courses derrières ces groupes révolutionnaires prêts à tout pour renverser un gouvernement qui ne leur convenait pas, que l’armée réussie à détruire les Tupamaros. Certains dirigeants seront alors emprisonnés ou contraints à l’exil durant des années.

En conclusion, nous avons pu voir d’après les analyses réalisées que les guérillas urbaines les plus violentes naissent plus facilement dans des pays en difficultés et avec d’importantes disparités. D’autre part la naissance de ces guerres irrégulières n’est pas sans raison, puisque nous avons constaté leurs apparitions en général durant un contexte politique très instable. Enfin, l’étude du cas des guérillas Tupamaros, nous a permis d’observer précisément les principales actions mises en places par les membres extrémistes adhérent à ces organisations violentes. Cependant, ces guérillas urbaines ne touchent pas seulement l’Amérique Latine, mais l’ensemble du monde. Comme la Turquie, le Pakistan, etc..,  mais aussi plus proche de nous, en 2005, la France n’a pas été épargnée par les violences urbaines et l’apparition de gangs organisés qui ont causé des blessés et dégradations de grandes ampleurs.

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