Sun Zi (ou Sun Tzu)

Citation emblématique de Sun Zi :

« Le comble du savoir-faire ne consiste pas à remporter toutes les batailles, mais à soumettre l’armée ennemie sans livrer bataille »

 

CV de Sun Zi :

Wu Changqing, renommé Sun Zi, était de nationalité chinoise, et aurait vécu à la fin du VIème siècle avant J-C, au service du roi Helu de l’Etat de Wu. Il aurait rédigé un ouvrage[1] (dont treize chapitres ont été retrouvés par la suite) et l’aurait fait lire au Roi. Celui-ci, impressionné par sa pensée, l’aurait pris comme conseiller pour mettre sous emprise l’Etat voisin de Chu[2].

Des historiens chinois ont remis en cause l’attribution de l’œuvre à Sun Zi : les principes exposés concerneraient davantage la période des « royaumes combattants », deux siècles plus tard. L’écrit serait alors l’œuvre de Sun Bin, un disciple de Sun Zi.

Mais la découverte d’une tombe de textes militaires anciens dans les années 1970 infirme cette hypothèse : parmi eux se trouve un ouvrage attribué à Sun Zi, et un autre attribué à Sun Bin, qui ne sont pas datés de la même période.

 

Bibliographie de Sun Zi :

Ouvrages écrits sur l’auteur :

Décoder et comprendre l’art de la guerre, commentaires de LECHEVALLIER G., Collection De Vecchi

SunZi l’art de la guerre SunBin l’art de la guerre, préface de JAN M., Edition Rivages poche Petite bibliothèque

Sun Tzu Leçons de stratégie appliquée, MC CREADIE K., Editeur Maxima

Comprendre et appliquer Sun Zi, FAYARD P., Editeur Dunod

Sun Tzu Strategies for marketing, MICHAELSON G., Editeur McGraw-Hill Professional

 

Ouvrages écrits par l’auteur où il tente d’apporter des réponses à différents problèmes :

L’art de la guerre, qui est le premier traité de stratégie militaire écrit au monde

 

Les axes de recherche de Sun Zi :

Le grand axe de recherche de Sun Zi est de trouver la méthode et les stratégies les plus efficaces pour gagner une guerre, puisque pour lui la victoire ou la défaite n’est due ni au hasard, ni à l’intervention divine.

La thèse de Sun Zi :

A la suite de sa réflexion, Sun Zi déduit deux points essentiels :

-« La guerre n’est pas quelque chose d’aimable et la victoire n’est pas la chose qu’on doit convoiter. »[3]

-Et donc, « l’armée ne peut pas aller se battre sauf si la situation l’y contraint »[4]

Ainsi, pour lui, la meilleure stratégie est celle qui permet d’atteindre ses objectifs sans avoir à combattre. En effet, la guerre est quelque chose de cruel, dangereux, coûteux en vies et en matériel. Il faut donc l’étudier dans le but de l’éviter et ne l’utiliser qu’en dernier ressort, lorsque les possibilités de stratégies victorieuses (voir ci-dessous) ont été épuisées.

Afin de gagner une guerre en évitant au maximum les bains de sang, il faut mettre en œuvre des stratégies victorieuses qui permettent d’obtenir une position avantageuse. Celles-ci passent par l’utilisation de la duperie ; il ne faut pas hésiter à tromper l’ennemi.

Ainsi, on peut par exemple agir dans une sorte d’opposition : lorsqu’on est capable de mener un combat, il faut se montrer inapte et indifférent. Quand on veut rester sur place ou se déplacer, il faut faire croire le contraire. Quand l’ennemi est solidaire, il faut le diviser, en utilisant notamment le complot, l’idéologie, ou encore la corruption, grâce à des promesses, des dons, des récompenses…

On peut aussi se servir de ses faiblesses : quand l’ennemi est cupide, il faut lui laisser espérer de l’argent. Quand il est en désordre ou n’a aucun préparatif, il faut l’attaquer d’assaut, à l’improviste.

Tout est bon à être utilisé, du moment que l’ennemi se base sur le semblant.

Pour Sun Zi, il faut étudier la guerre, car c’est une grande affaire d’Etat ; en effet, l’existence de l’Etat dépend de la survie de l’armée. Par conséquent, afin de prévoir au mieux l’évolution de la guerre, il faut comparer les deux forces de combat ennemies. Pour cela, cinq aspects sont obligatoirement à prendre en compte dans l’élaboration d’une stratégie :

-le dao, la doctrine ; c’est la cause morale, celle qui fait l’unité de penser et qui inspire une même manière de vivre et de mourir

-le temps, et donc les cycles météorologiques qui peuvent avoir de nombreuses incidences (froid et neige peuvent avoir des conséquences sur la santé et le moral des hommes, empêcher l’acheminement de vivres…)

-le terrain, c’est-à-dire prendre en compte le relief, l’étendue, la configuration et les éventuels pièges

-le commandement ; le dirigeant doit être équitable, aimer ses subordonnés et tous les hommes en général, être courageux, rigoureux, sage, juste et sévère

-la discipline et l’organisation ; la hiérarchie et les responsabilités de chacun doivent être admises et parfaitement respectées, les punitions et récompenses justes et exemplaires

Pour Sun Zi, si l’on respecte ces principes, on peut discerner quels sont les meilleurs stratèges et donc pronostiquer avec assez de certitude qui va l��emporter.

Sun Zi montre donc comment la réflexion peut mener à la victoire, grâce à l’analyse des faiblesses de l’ennemi qui peut permettre de fonder une tactique, si l’on sait les exploiter et  les aggraver. Il insiste sur la psychologie du combat et sur l’importance de la ruse et de la fuite. Sa pensée pouvant inspirer de manière générale la conduite des individus et des groupes, le discours initial de Sun Zi est régulièrement transposé dans tous les secteurs de la vie sociale.

La thèse de Sun Zi s’applique notamment dans les guerres psychologiques. Ces guerres ont recours à la force armée mais utilisent des procédés psychologiques pour amener l’adversaire à penser qu’il est en position de faiblesse, qu’il a intérêt à se rendre. Ce sont des guerres d’idées, qui attaquent les symboles afin de transformer la perception de la réalité. Elles tentent de conduire à des stratégies diplomatiques de négociations de paix. Elles sont également caractérisées par l’effet de surprises et chocs psychiques (=qui concernent la pensée, l’esprit), grâce, entre autres, à l’utilisation de la propagande, qui a pour but de démoraliser les troupes adversaires, tout en soutenant le moral des siennes et en promettant un avenir meilleur.

Les guerres d’Indochine et du Viet Nam sont des exemples de guerres psychologiques. Tout d’abord, la propagande fut massivement utilisée, et permis notamment le renversement des perceptions de la situation : le CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient) fut d’abord qualifié de glorieux, puis de misérable. L’offensive du Têt en février 1968 a également permis d’amplifier l’opposition aux Etats-Unis.

De plus, il y eut unité de la cause morale : les Vietnamiens avaient le même goût du combat, le même amour de la patrie, la même envie de défendre leur société rurale et leur conception de la liberté contre l’impérialisme de la France et des Etats-Unis. A l’inverse, les soldats du corps expéditionnaires français avaient des motivations diverses : l’appât du gain, l’envie d’aventure, ou encore le patriotisme et l’envie de conserver la puissance française.

Les Vietnamiens ont par ailleurs compensé leur infériorité physique par leur maitrise du terrain et la connaissance des intentions de leurs ennemis, afin d’entrainer les puissances industrielles ennemies dans une guerre longue et ruineuse.

En outre, les Vietnamiens ont respecté la morale de Sun Zi, puisqu’à la suite de la bataille de Điện Biên Phủ, ils ont choisi de faire prisonnier toute la garnison, et donc de « prendre intact plutôt que de détruire ». Ces stratégies leurs permettront d’atteindre des négociations de paix, comme les accords de Genève de 1954 après la Bataille de Điện Biên Phủ et les accords de paix de Paris de 1973 après l’offensive du Tết de 1968.

Par ailleurs, un bon nombre des principes de stratégie et de tactique de Mao Zedong présentent des similitudes avec Sun Zi. Il développe par exemple une idée phare de Sun Zi, en énonçant : « Connais ton adversaire et connais-toi toi-même, et tu pourras sans risque livrer cent batailles ». Par exemple, il refusa le combat contre son ennemi Tchang Kaï-chek et s’esquiva lors de l’épisode de la « Grande Marche » jusqu’à ce que celui-ci soit épuisé et donc facilement battu.

Une autre bonne illustration de la thèse de Sun Zi est le terrorisme contemporain ; en effet, il se sert continuellement et massivement des médias afin d’obtenir des effets psychologiques d’ampleur disproportionnée.

Critique personnelle :

Toutefois, on peut opposer plusieurs choses à la pensée de Sun Zi.

Tout d’abord, le fait que toutes les guerres peuvent être qualifiées de psychologiques, dans le sens ou elles sont réalisées par des hommes dotés d’un esprit, d’un psychisme.

A l’inverse, on peut penser, comme c’est le cas de l’officier théoricien militaire prussien du XVIIIe siècle qu’est Clausewitz[5], que la guerre est l’utilisation illimitée de la force, et que la dimension psychologique n’est qu’un accessoire dans la propagande.

Privilégiant les armes, les conflits de basse intensité et les guérillas appliquent principalement la thèse de Clausewitz. Cela est dû bien souvent à leur incapacité de réellement cerner les conditions de leur engagement, et est renforcé par la mécanisation et l’informatisation, qui réduisent l’aptitude à maitriser la violence.

Par ailleurs, on peut reprocher  à Sun Zi de ne donner que de simples pistes de réflexion et non pas une théorie détaillée et approfondie de la guerre, comme l’a fait Clausewitz.

Cinq mots illustrant sa pensée :

Psychologie – Ruse – Pacifisme – Stratégie – Réflexion.

 

Schéma illustrant la pensée de Sun Zi :

 

 

Annexes :

Annexe 1 – Livre original L’Art de la Guerre             

 

Annexe 2: Royaumes de Chine au VI ème siècle avant J-C

rr


[1] Cf. Annexes

[2] Cf. Annexes

[3] SunZi l’art de la guerre SunBin l’art de la guerre, Préface de JAN M., Rivage poche Petite Bibliothèque, p29

[4] SunZi l’art de la guerre SunBin l’art de la guerre, Préface de JAN M., Rivage poche Petite Bibliothèque, p29

[5] Voir De la guerre, de Carl Von Clausewitz

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*