Introduction
Le drapeau des îles Kiribati a été proposé en 1937, et a finalement été définitivement adopté lors de l’indépendance de la république de Kiribati en 1979. Il est composé d’un soleil levant entouré de 17 rayons, au-dessus des flots du Pacifique, et en dessous d’une frégate (oiseau de mer).
Les flots du Pacifique entourent les îles et figurent ainsi logiquement sur le drapeau des Kiribati. Ils sont divisés en 3, pour représenter chaque archipel : les îles Gilbert, les îles Phœnix, ainsi que les îles de la Ligne.
Le soleil levant est quant à lui très important, puisqu’il a donné naissance à deux drapeaux différents pour les Kiribati. En effet, il est la plupart du temps entouré de 17 rayons (représentant les 16 îles Gilbert et l’île de Banaba), mais parfois de 21 voire 22 rayons pour tenir compte de toutes les îles habitées (les trois îles de la Ligne et Canton, dans les îles Phœnix).
La frégate est un symbole pour les I-Kiribati, majeure ethnie présente sur le territoire. Selon la documentation officielle, la frégate représenterait « le pouvoir, la liberté et les danses culturelles gilbertines ».
La notion de liberté et de souveraineté est en effet primordiale pour cet État, indépendant depuis seulement une trentaine d’années. Cette valeur se retrouve d’ailleurs dans leur devise nationale, « Te mauri, te raoi ao te tabomoa », c’est à dire Santé, Paix et Prospérité.
I. Des îles repliées et méconnues, mais à l’histoire mouvementée
A) Géographie : insularité et isolement
Insularité
La République des Kiribati –à prononcer « Kiribass »- est située dans l’océan pacifique, à l’ouest de l’Australie. Elle comptait 102400 habitants en 2013, nommés I-Kiribati. Sa capitale est Tarawa-Sud. Le pays se caractérise par son insularité. Il est constitué de 33 îles, avec une superficie totale de 811 km². Cela en fait un des plus petits Etats du monde. En revanche, ses eaux territoriales recouvrent 3,55 millions de km², soit une surface comparable à celle de l’Inde. En effet, les îles sont dispersées sur 4200 km d’est en ouest, et 2000 km du nord au sud. De surcroit, le décalage horaire entre les îles les plus éloignées est de 23 heures, car elles sont situées de part et d’autre de la ligne de changement de date.
Les îles Kiribati se divisent en trois archipels constitués d’atolls. D’est en ouest se trouvent les îles Gilbert, les îles Phoenix et les îles de la Ligne. Les atolls sont un type d’îles de l’océan pacifique bordées de corail délimitant un plan d’eau appelé lagon. Les atolls dépassent le niveau de la mer de quelques mètres seulement. L’île Christmas des Kiribati est l’atoll à la fois le plus ancien et le plus grand au monde.
La végétation des atolls est peu diversifiée. Les îles sont particulièrement sensibles aux sécheresses et l’agriculture est donc difficile sur ces terres. A l’inverse, la faune est très variée.
Les atolls sont davantage sujets aux risques climatiques, principalement en raison de la montée du niveau des océans, ainsi qu’à la pollution.
Situation géographique des Îles Kiribati
Isolement
La République des Kiribati cultive les paradoxes. Le pays connait une certaine surpopulation, avec des densités de population très variables selon les îles, tout en étant particulièrement isolé.
90% de la population se situe sur les îles Gilbert. 45% habite Tarawa-Sud, la capitale. Cette ville étroite compte 44000 habitants sur 16km².
Compte tenu de la distance entre chaque île, le réseau n’est pas assez dense et les infrastructures manquent.
Du fait de leur situation géographique et des infrastructures insuffisantes, le pays se retrouve en situation d’isolement.
Pour accéder aux îles, il faut faire deux escales en avion depuis Auckland, en Nouvelle-Zélande. L’aéroport international Bonriki est situé à Tarawa-Sud. Les îles Gilbert bénéficient de connexions en avion entre elles, mais ne sont reliées ni aux îles Phoenix ni aux îles de la Ligne. Le pays est relié aux îles Fidji, aux îles Marshall, à la république de Nauru ainsi qu’à l’Australie. La compagnie nationale Air Kiribati propose de moins en moins de connexions, et a vu sa flotte d’avions diminuer.
B) Histoire
Les origines du peuple remontent à au moins 2000 ans. Il n’est pas aisé de trouver des traces de l’histoire des Kiribati. La population aurait été à la base asiatique et mélanésienne, provenant majoritairement des Philippines ; puis des îles de Samoa plus tardivement.
Les contacts avec l’Europe se sont amorcés au 1er siècle avec les espagnols. Ils se sont renforcés avec la colonisation britannique à partir du XIXe siècle. L’indépendance du Commonwealth est obtenue en 1979. Elle coïncide avec l’épuisement des gisements de phosphate. Les îles de la Ligne ont servi pour des essais nucléaires, entre 1950 à 1960.
La colonisation a apporté davantage d’unité, mais chaque île conserve son identité. Les tribus perdurent, avec des chefs de villages. Les croyances ancestrales sont courantes. L’église catholique tient aussi une place importante.
C) Données économiques, politiques et sociales majeures
La monnaie est le dollar australien. Le pays a un PIB très faible, qui s’élevait à 169 millions de dollars en 2013. Les deux langues officielles sont l’I-Kiribati et l’anglais.
La fête nationale est l’Independence Day, le 12 juillet. La moitié des emplois est fournie par le gouvernement. Les Kiribati n’ont pas d’armée. Seuls les policiers et garde-côte existent. Le taux de chômage s’élève à 30%. La balance commerciale est très déficitaire, le pays importe pour un montant de 100 millions de dollars, contre 5 millions de dollars d’exportations.
Les plus grands voisins et partenaires commerciaux des Kiribati, Hawaï et les îles Fidji par exemple, se situent tout de même à plus de 2000 kilomètres du pays, et avec 5h d’avion au minimum. C’est plus que la distance entre Paris et Le Caire. Etonnement, le Maroc est le premier client des Kiribati avec 47% des échanges, suivi de Hong-Kong avec 10%, devant les pays voisins.
Les I-Kiribati connaissent des pénuries alimentaires et sanitaires. 62% de la population a accès à de l’eau potable. 50% des habitants ont accès à des sanitaires corrects. L’espérance de vie est en moyenne de 57 ans pour les hommes et 62 pour les femmes
Les ressources naturelles du pays sont limitées, d’autant que les réserves de phosphate sont épuisées depuis 35 ans. Le pays tire profit du poisson, du coprah et de l’attribution de licences de pêche. Les services composent deux tiers du PIB. L’agriculture compte pour 25%. Le tourisme n’est pas la principale source de revenu du pays. Moins de 5000 visiteurs ont séjourné aux Kiribati. En revanche, l’aide internationale est indispensable à l’économie, fournie notamment par l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon, l’Union européenne, et Taïwan. Des problèmes de transparence empêchent de savoir précisément l’utilisation des investissements étrangers. Les Kiribati siègent à l’ONU depuis 1999. Ban Ki Moon a mis en lumière l’état d’urgence du pays lors de sa visite en 2011, sans réel changement depuis. En interne comme en externe, la lenteur gouvernementale prévaut et limite les possibilités de changement.
Les Kiribati ont un très faible accès aux médias et à internet. 1 habitant sur 10 peut accéder à internet, et un habitant sur 100 possède personnellement un accès à internet. Il existe un journal en ligne, The Kiribati Independent.
L’organisation politique connait une évolution. A l’origine, le système était basé sur le consensus, symbolisé par les mwaneabas, mot qui signifie lieux où se rassemblent les hommes, maisons dédiées à la réunion et la célébration pour la communauté, avec décision à l’unanimité. L’organisation tend vers la démocratie, avec les notions de majorité et opposition. Le président de la République des Kiribati est Anote Tong. Les candidats à l’élection présidentielle sont choisis parmi les membres du Parlement des Kiribati.
Par ailleurs, le pays doit faire face à la fuite de ses élites, qui recherchent un avenir plus prometteur dans les pays voisins développés.
II. « Paradis (avant liquidation) »
Les îles Kibirati ressemble à un paradis avec la couleur bleu des lagons qui est absolument incroyable, ses 28 degrés de moyenne annuelle. Mais il existe une dualité forte entre le côté paradisiaque du lieu et le caractère infernal des conditions de vie:
– L’avant dernier pays le plus pauvre du monde en parité de pouvoir d’achat
– L’économie est quasi inexistante, le pays n’est pas industrialisé: aucune production, la quasi totalité des produits, biens doivent être importé. Les seules ressources sont les poissons et la noix de coco
– Les habitants n’ont pas d’avenir professionnel, car très peu de corps de metier sont développé là bas
– A Tarawa ce sont 50000 personnes qui s’entassent sur 16 km carré
– Les îles sont complétement coupés du reste du monde, l’accès à Internet est quasiment impossible, il y a très peu de poste de television et seulement une chaine nationale diffuse 2h/ jour des programmes.
– Certaines îles ne sont reliées au reste du pays que par un vol toutes les semaines -> ce qui implique des problèmes notamment au niveau de la santé. Il n’y a aucun hopitaux, aucune structure médicales, seulement un dispensaire pour tout le pays
– Un autre probléme de santé publique est l’alcoolisme. Les habitants boivent énormément et principalement leur bière artisanale : la sour-toddy, qui ressemble à un vin de palme. Ce sont surtout les homes qui boivent et cela entraine des consequences graves, notamment en termes de violences: 2 femmes sur 3 subissent des violences conjugales.
Le réchauffement climatique vient s’ajouter à tout cela. En effet, les habitants des Kibirati risque bien d’être les premières victimes humaines du réchauffement climatique… Un phénomène dont ils n’ont absolument aucune part de responsabilité. En effet, tous les petits archipels du Pacifique Sud réuni ne produisent que 0,6 % de la pollution mondiale mais ce sont eux qui subissent le plus sévèrement les effets du changement climatique.
A) Les Kiribati, premières victimes du réchauffement climatique
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité : un pays envisage sa propre disparition. En effet, les îles Kiribati
Anoe Tong, le président des îles Kiribati a déclaré devant l’ONU le 2 octobre 2007
« Notre survie en tant que nation et en tant que peuple, avec une culture et un mode de vie qui nous sont propres, est gravement menacée par le réchauffement climatique et la montée du niveau de la mer. »
Quelques temps plus tard il ajoutera : « Se préparer pour le jour où notre pays n’existera plus est très douloureux, mais je pense que c’est ce que nous devons faire. »
Voici une photo de L’ilot de Bikeman au sud de Tarawa qui va bientôt disparaître, comme en témoigne la tour qui en marque le centre de l’île
Les habitants passent beaucoup de temps à construire des barrages à la main, notamment avec de simples pierres, contre le Pacifique.
Voici le témoignage d’un habitant d’un village des Kiribati sur leur lutte contre la mer: http://www.youtube.com/watch?v=QFeAfZCRRq0 (Vidéo : Thalassa – Exode à Kiribati)
Comme l’on peut le voir sur cette video. Le centre du village est coupé en deux par la mer, recouvert d’un mètre cinquante d’eau salée, suite à la montée des eaux. Les habitants luttent avec acharnement contre un phénomène qu’ils ne maîtrisent pas et ne comprennent pas forcément.
Comme nous avons pu le voir sur cette vidéo, de nombreuses maisons sont détruites les jours de grandes marées. 2 petites îles ont déjà été englouties (fin des années 1990). De plus, des populations ont été déplacées dans des îles d’une grande pauvreté et déjà surpeuplées.
Mais la montée des eaux n’entraine pas seulement le déplacement de population. L’infiltration de l’eau de mer dans les terres menace les précieuses reserves d’eau douce. Les îles risquent d’être inhabitable avant meme d’être engloutie
Est ce que les habitants des Kibirati ont-ils conscience du réchauffement climatique et de la menace qui existe, celle de la disparition de leur territoire ?
Les personnes les plus informées et éduquées sont très conscientes de cette situation. Ils se sentient concernés, voire paniqués et certains pensent à partir des îles. Une autre partie de la population n’accorde pas d’intérêt à ce problème. Enfin, certains sont totalement dans le déni et n’y croient pas. Mais il faut savoir que la majeur partie de la population à une vraie conscience du problème et savent que l’ont parle de leur pays à l’international à cause de cela. Un effort important de communication au sein du pays est realisé. Plus particulièrement auprès des communauté les plus isolés.
Quoiqu’il en soit, même s’ils ne connaissaient pas les causes de la montée des eaux, tous les habitants se sont bien rendu compte des faits. Ce n’est que depuis une 10aine d’année que le phénomène de réchauffement climatique est expliqué à la population.
Les îles Kiribati sont en train de souffrir à la fois de l’isolement et de la surpopulation. C’est une situation unique dans le monde. Que fait les pouvoir publics public pour la protection de son peuple ?
B) La lutte des pouvoirs publics pour la protection du peuple
Changements climatiques : des petites îles menacées de disparition (https://www.youtube.com/watch?v=NsPPoSQvkcw)
Président des îles Kiribati Anote Tong est très de plus en plus engagé pour faire entendre sa voix et la voix de son peuple. Il a notamment fait un voyage en au Pôle Nord pour constaté de lui-même et comprendre le phénomène de la fonde des glaces. Il a declaré : « Nous parlons de la vie des gens, nous ne parlons pas de celle des ours polaires. La vie des ours est précieuse et je ne voudrai pas la voir disparaître. Mais je ne voudrais pas voir notre peuple disparaître non plus”
L’archipel de Maldives court et s’est lancé dans une campagne ambitieuse d’achat de terres notamment en Inde, au Sri Lanka et en Australie afin de reconstruire de nouvelles Maldives qui remplaceraient les anciennes quand celles-ci auront disparu sous les flots.
Une situation similaire est-elle envisageable pour les Kiribati ?
Cela paraît difficile sans un aide étrangère au vu d’un objectif aussi ambitieux financièrement. Cependant, le gouvernement des Kiribati a déjà acheté un bout d’île aux Fidji dans l’optique d’un éventuel transfert intégral de la population.
Anote Tong, souhaite agir au plus vite pour son peuple et à commencé à organiser l’exode de son peuple vers une terre plus ferme. Il a entrepris une tournée internationale afin de trouver un pays d’adoption pour son peuple mais pour l’instant, l’appel ne reçoit pas de nombreux appels positifs.
Le président a même envisagé la construction d’un vaste îlot flottant artificiel. Une société japonaise, pionnière en la matière a dessiné les plans du projet. Cet edifice pourrait héberger 30 000 des 100 000 habitants des Kiribati ainsi que des bureaux et des magasins. A l’intérieur, un puits devrait accueillir des plantations de fruits et légume. L’îlot artificiel est également pensé pour garantir l’autosuffisance alimentaire.
Ce projet a également été pensé par Vincent Callebaut architecture qui proposait un vaste îlot flottant en forme de nénuphar
Cependant, un tel projet semble difficilement réalisable pour les Kiribati. Il couterait plusieurs milliards d’euro tandis que le PIB de l’Etat est de moins de 100 millions d’euros chaque année et qu’il repose essentiellement déjà sur les aides internationales.
Un des enjeux de ce réchauffement climatique est d’éviter que les habitants soient déplacés de force car d’autres solutions n’aient pas été envisagées avant. Les autorités invoquent uniquement le réchauffement climatique dans leur discours officiels mais Il y a aussi des problèmes environnementaux locaux provoqués par les populations et infrastructures locales : le gouvernement à par exemple bouché le lagon en construisant des routes au mauvais endroit.
Derrière ces visages souriants d’enfants de Betio sur l’atoll de Tarawa, le plage est devenue une déchetterie géant. Les Kiribati n’ont souvent ni WC ni poubelles.
Cependant la mobilisation des pouvoirs publics ne suffit pas. Il n’y a pas vraiment d’amélioration concrètes réalisées.
Certains habitants eux-mêmes en appel à la communauté internationale. C’est ainsi que Ionae Teitota, un habitant des Kiribati de 37 ans a demandé à la Nouvelle-Zélande le statut de réfugié pour cause de réchauffement climatique pour lui et pour ces 3 enfants.
Les autorités de Nouvelle-Zélande ont refusé de leur accordé le statut de réfugié car personne ne menancent leur vies. En effet, le statut de réfugié tel qu’il est définie dans la convention de Genève de 1951 est une personne “craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques”.
Il n’y a aucune reconnaissance légale pour l’instant du statut de réfugié climatique. Un réfugié climatique est une personne qui est obligé de se déplacer de façon temporaire ou permanente – à cause de la dégradation de son environnement local ou biogéographique qui ne lui permet plus de vivre normalement en sécurité et subvenir à ses besoins primaires.
Or, dans notre cas les besoins primaires des habitants sont clairement menaces puisque l’infiltration d’eau sale est en train de détruire toutes les réserves d’eau douces.
Il existerait trois stratégies d’adaptation des sociétés face au changement climatique dans les espaces insulaires coralliens tels que les Maldives et les îles Kiribati :
– « Rester » : demande des adaptations techniques fortes et des décisions politiques déterminantes
– « Penser à partir » : demande une forte organisation de l’émigration climatique : vers quels lieux ? quand ? quels seront les conséquences ?
– Faire entendre sa voix à l’international
C) Les relations avec la communauté international
Les îles des Maldives et des Kiribati ont pu commencer à faire entendre leur voix dans deux évènements récents de politique internationale. Le premier a été la constitution en 2009 du Climate Vulnerable Forum réunissant des pays en développement, menacés par les conséquences du changement climatique. Ses objectifs étaient :
– de montrer le peu d’effort fournis par les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre
– et de montrer qu’il devenait possible pour ces petits pays vulnérables de s’imposer comme des « leaders écologiques et éthiques »
Le deuxième évènement a eu lieu en 2011, lors du Sommet de Durban, en Afrique du Sud. Les gouvernements des Maldives et des Kiribati ont pu témoignés et faire appel à la communauté internationale.
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon est venu rendre visite aux Kiribati sur l’île-capitale de Tarawa le 4 septembre 2011. A la suite de sa visite, il a également alerté la communauté international que les 33 îlots composant les îles Kiribati risque de disparaître à cause du réchauffement climatique, et ce, à court terme.
La Nouvelle-Zélande est le seul pays a s’être engagé à acceuilir des milliers de Kiribati. Elle n’a bien sur aucun responsbailté juridique envers les Kiribati mais a bien conscience du problème majeur dans lequel se trouve ses voisins. Ils acceuillent déjà de nombreux Kiribati dans le cadre d’un programme de migration de travail. Mais cela ne représente qu’une toute petite partie de la population. La Chine et l’Australie ont, quant à eux, choisi d’ignorer l’appel du président Anote Tong.
Le gouvernement compte sur l’aide intenationale. Le discours des autorités des îles Kiribati est diplomatiquement intelligent: ils jouent sur la carte de la responsabilité globale pour attirer l’attention et l’aide international.
Malgré une mobilisation gourvernementale de plus en plus marquée, beaucoup de jeunes souhaitent partir des îles pour fuir l’absence d’avenir et l’isolement totale face au monde contemporain. Environ 8’000 Kiribati postuleraient chaque année pour aller en Nouvelle-Zélande. Seuls 75 visas seraient accordés.
Alors, quel futur pour les îles Kiribati ?
III. Quel futur pour les îles Kiribati ?
A. Un enjeu pour l’influence en Pacifique
Le vide laissé par le Royaume-Uni après l’indépendance de Kiribati en a fait un potentiel allié stratégique pour ses voisins. En effet, entourées de la Chine, du Japon, des États-Unis, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ; les Kiribati pourraient bien devenir un enjeu pour ces grandes puissances, afin de maintenir et de développer leur influence en Pacifique. Cependant, il semblerait que seule la Chine souhaite et ait les capacités de réellement développer son influence dans le Pacifique. Le Daily Telegraph identifie trois raisons de cet attrait stratégique de la Chine pour les îles du Pacifique Sud : la rivalité avec Taïwan pour une reconnaissance diplomatique exclusive de la part des groupements d’îles, un intérêt pour les matières premières de ces territoires, et « la lutte d’influence avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis, qui ont peu à peu tenté de combler le vide laissé par le Royaume-Uni ».
En effet, le Pacifique Sud serait aujourd’hui le théâtre de la guerre sino-taïwanaise, à l’aide de la « diplomatie du chéquier », c’est à dire en accordant des avantages économiques (prêts à taux préférentiel, projets d’assistance…) en échange du développement des liens diplomatiques. La Chine a ouvertement l’ambition de maîtriser les mers qui l’entourent. Elle s’est ainsi liée aux Kiribati très tôt, dès 1980. En effet, de 1980 à 2003, les Kiribati reconnaissent la République populaire de Chine. Cela avait un intérêt stratégique pour la puissance chinoise : elle a établi en 1997 sur les Kiribati une base pour suivre ses satellites, dans le cadre de son programme spatial. Le bénéfice était cependant double : les Kiribati ont ainsi pu profiter des nombreux plans d’action de la Chine pour le développement des îles du Pacifique Sud. Un complexe sportif de 5,5 millions de dollars aurait été offert aux Kiribati, selon le Courrier International.
La proximité diplomatique est cependant brisée au début des années 2000. En effet, en 2003, les Kiribati commencent de nombreux pourparlers avec Taïwan, en supportant leur entrée au sein de l’ONU sous la dénomination de Taïwan, et non pas simplement de « République populaire de Chine ».
Le Pacifique Sud devient donc réellement une zone d’influence pour la bataille diplomatique sino-taïwanaise. Ce jeu semblerait pourtant bien en faveur du géant chinois : en 2006, Asia Times rapporte que « huit des quatorze membres du Forum des Îles Pacifiques reconnaissent la Chine populaire, et seulement six Taïwan ». Cela pourrait amener, dans le futur, à une présence militaire chinoise dans le Pacifique Sud ; puisque la Chine développe de plus en plus les capacités de sa marine.
Les États-Unis ont-ils réellement les moyens de s’opposer à l’influence chinoise en Pacifique ? Il semble bien probable que non, comme l’illustrent les propos du chef du Commandement de la Marine des Etats-Unis : « Notre suprématie historique, qui satisfait la majorité de la population de cette région, est en train de se réduire considérablement ». D’autant plus que, selon cet article, il serait assez facile pour la Chine d’exercer une influence dans la région, puisqu’à l’instar du Japon, allié incontesté des Etats-Unis, la Chine aurait une très bonne image auprès des îles du Pacifique en prônant une réelle union du territoire asiatique.
Il resterait pour autant trop simple d’affirmer que les Kiribati, ainsi que l’ensemble du Pacifique Sud, serait sous influence d’une puissance en particulier.
Un article de Fabrice Argounès, politologue spécialiste de l’Australie et du Pacifique-Sud, résume le potentiel futur du Pacifique sous une influence plutôt multipolaire qu’unipolaire ou bipolaire : « L’idée d’un Pacifique occidental devenant un « lac chinois » reste largement hypothétique et Washington reste l’acteur stratégique de référence dans la région, d’autant que le Japon et l’Australie disposent également de marines en modernisation rapide. Mais la diplomatie chinoise, entre visites officielles, aide, prêts et contrats, est déjà présente dans tout le Pacifique. Tel est le nouveau visage de l’Asie-Pacifique. »
B. Vers un exil et une acculturation des populations ?
Pour anticiper une éventuelle submersion des îles et assurer à ses habitants un lieu de repli, les îles Kiribati ont racheté 2000 hectares des îles Fidji. Les îles Kiribati sont exactement dans le même cas que Tuvalu et les Maldives: elles seront les premières victimes du réchauffement climatique. De fait, les autorités cherchent des moyens d’urgence pour déplacer les populations, en cas de réel désastre climatique.
Cela reste pourtant difficile pour un peuple de procéder à un exil, tant en termes d’organisation et de culture. En effet, comment déplacer une population de plus de 100.000 personnes dans des îles situées à plus de 2000 kilomètres ? D’autant plus que la compagnie aérienne qui reliait le territoire au reste du monde a stoppé son activité. Que dire également de la culture ? Comment forcer un peuple à oublier des centaines d’années d’histoire, une tradition propre et des paysages introuvables nulle part ailleurs ?
Pourtant, le scénario semble bien se dérouler de cette manière. Le problème est évidemment géographique, comme le souligne le responsable des Énergies aux Kiribati : « La terre comme les ressources en eau ne sont malheureusement pas extensibles ». Si la population ne fait qu’augmenter, avec un taux de natalité extrêmement fort ; un phénomène se développe pourtant ces dernières années. En effet, même si la densité de population augmente d’année en année (de 46 personnes au km² en 1965 à 124 en 2012), beaucoup de jeunes I-Kiribati s’exilent. Cela s’explique par les énormes efforts des pouvoirs publics pour promouvoir l’éducation des jeunes générations. Efforts visibles et efficaces, puisque les données de la Banque Mondiale nous rapportent que les jeunes I-Kiribati ont vu leur taux d’inscription dans le système éducatif secondaire (avec une entrée dans le système à 13 ans, et une sortie à 19 ans) décoller en un demi-siècle. Si, en 1975, seulement 16% des jeunes étaient enrôlés dans l’éducation secondaire, le ratio s’est élevé à 25% en 1985, 41% en 1995, pour finalement atteindre 86% en 2008.
Cependant, ces jeunes qui ont bénéficié d’une réelle éducation (13 ans de système scolaire) font face à un problème fondamental : le manque de professions sur l’île. En effet, vivant traditionnellement de pêche et d’agriculture, ils trouvent difficilement un emploi à la hauteur de leurs compétences sur le territoire, sans cesse dévasté par les catastrophes écologiques. Un professeur d’IUT confirme cette tendance : « Une majorité d’entre eux va devoir chercher un emploi à l’étranger ». Quelques-uns arrivent pourtant à trouver une position au sein des institutions gouvernementales de leur pays, qui prône une féminisation de ces institutions, rendue possible grâce à l’exceptionnelle scolarisation des filles (supérieure à celles des garçons).
Par manque de visibilité à long terme, de ressources sur le territoire et de développement économique, les jeunes sont donc poussés par les anciennes générations à s’établir chez leurs voisins, majoritairement en Nouvelle-Zélande et en Australie, mais aussi dans les îles les plus proches ayant un réel développement économique. Ces jeunes diplômés en sont conscients, et même s’ils restent attachés à leur culture, une certaine acculturation se fait naturellement, en raison de l’éloignement géographique qui rend difficiles leurs retours sur la terre de leur enfance.
C. Un scénario plus positif
Pourtant, le scénario catastrophique annoncé par le président des Kiribati, Anote Tong, pourrait ne pas se produire, selon de récentes études scientifiques. Si le chef d’Etat a ému la communauté internationale en annonçant la disparition de son pays dans les vingt prochaines années, des scientifiques ayant étudié le sujet s’accordent sur un autre avenir pour ce micro-Etat du Pacifique Sud.
En effet, les scientifiques s’accordent à dire que la montée de la mer dans le Pacifique central n’aurait pour l’instant eu aucun effet sur la taille des îles. Deux études scientifiques ont été menées et amènent au même résultat : les îles auraient bougé, mais pas rétréci. Pourtant, nos précédents propos et l’expérience des habitants sur place nous laissent penser le contraire. Le problème doit donc s’expliquer d’une autre façon.
Et les scientifiques diagnostiquent très vite le réel problème de l’île : Tarawa, à la fois capitale et atoll, est surpeuplée en comparaison des divers autres atolls qui forment les Kiribati. L’érosion aurait donc majoritairement ét�� créée par les activités humaines sur l’atoll, plutôt qu’à cause des changements climatiques.
De plus, la côte est très mal gérée, ce qui amplifie le problème et donne naissance à ces désastres environnementaux que subissent fréquemment les I-Kiribati. Des digues plus solides, et donc plus coûteuses, devraient être mises en place pour protéger ces atolls surpeuplés, en particulier Tarawa.
40% de la population des Kiribati vit donc sur moins d’un centième des terres. Cependant, les populations restent attirées par l’atoll principal, en raison de la présence des meilleures performances en termes d’éducation, de santé, de transports… Les adversaires du président des Kiribati ironisent le coup marketing fait par le président avec le rachat des îles Fidji. Selon eux, tout comme le pensent les scientifiques, l’urgence est de développer les réseaux d’éducation, de transport et les établissements de santé dans les autres atolls, pour mieux répartir la population en leur permettant de se réinstaller dans leurs atolls d’origine. Selon les adversaires du président, il s’agirait donc d’un réel « coup de publicité », dans le but d’émouvoir la communauté internationale, et obtenir à la fin de son mandat un poste important dans les organisations internationales ayant un lien avec le réchauffement climatique ; voire un prix Nobel de la paix…
Ce dernier point laisse donc de meilleurs auspices pour les îles Kiribati, qui ne devraient probablement pas disparaître du paysage mondial immédiatement. Les doutes persistent, mais les scientifiques sont clairs : l’engloutissement des îles par le Pacifique n’est pas pour demain, contrairement à ce que prétend le président Anote Tong.
Par ailleurs, il y a aussi une volonté des Kiribati de s’intégrer dans la communauté internationale. Par exemple, le comité national olympique a été créé en 2002 et reconnu par le le Comité International Olympique la même année. Depuis 2004, les Kiribati participent donc aux Jeux Olympiques
Voici la délégation des Iles Kiribati envoyée Jeux Olympiques de 2012
Sources :
Livre
- BLANC-GRAS, Julien. – Paradis (avant liquidation) La Laune : Au Diable Vauvert, 2013.
- LEVINE, Stephen. – Pacific ways : Government and Politics in the Pacific Islands. Wellington : Victoria University Press, 2009.
Article de Presse
- Aux Kiribati, la montée des eaux ne menace pas les îles, Le Figaro, 1/08/2014
- Les îles Kiribati s’agrandissent, La Croix, 15 juin 2014
- Pékin veut faire du Pacifique Sud une chasse gardée, Courrier International, 5/04/2006
- Asie-Pacifique : les USA perdent leur hégémonie dans la région, La Voix de la Russie, 19/01/2014
- Les îles Kiribati ont déjà commencé à disparaître, Courrier international N° 922 – juillet 2008
- SANCHEZ Cyrille. Etude sur la République de Kiribati. – Ambassade de France à Suva
Sources Internet
- France Diplomatie : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/kiribati/presentation-de-kiribati/
- Données de la Banque Mondiale: http://donnees.banquemondiale.org/pays/kiribati
- Kiribati Adaptation Program: http://www.climate.gov.ki/category/action/adaptation/kiribati-adaptation-program/
- Le Monde : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/10/17/un-habitant-des-kiribati-reclame-le-statut-de-refugie-climatique_3496991_3216.html
- France Culture : http://www.franceculture.fr/blog-globe-2012-02-08-les-maldives-et-les-kiribati-survol-en-images-de-deux-archipels-menaces-par-la
- Maxi sciences: http://www.maxisciences.com/r%E9chauffement-climatique/les-kiribati-un-merveilleux-archipel-menace-par-la-montee-des-eaux_art29514.html
- Nouvel observateur : http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20130618.OBS3762/les-kiribati-le-pays-qui-envisage-sa-propre-disparition-physique.html
Reportage TV
- Sale temps pour la planète, SOS Kiribati, France 5
- Changements climatiques : des petites îles menacées de disparation, Organisation des Nations Unies
- Exode à Kiribati, 14 octobre 2011, Thalassa
- Effects of climate change in Kiribati – Quick facts, La Banque Mondiale
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