Cartographie – Geolinks Observatoire en Géostratégie de Lyon Thu, 08 Jun 2017 17:25:51 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.6.1 Les chiffres clés de la Défense française en 2015 /geopolitique/les-chiffres-cles-de-la-defense-francaise-en-2015/ /geopolitique/les-chiffres-cles-de-la-defense-francaise-en-2015/#respond Tue, 08 Sep 2015 09:10:07 +0000 /?p=11534 INTRODUCTION

Récemment, et conformément à l’article 6 de la Loi de programmation militaire (LPM) de 2014-2019, une actualisation de celle-ci a été menée pour tirer les conséquences des attentats de janvier 2015 sur notre territoire et de l’intensité des engagements de nos armées.

Cette actualisation a permis de consolider l’effort de défense de la France, devenu prioritaire compte tenu de la dégradation du contexte stratégique, en majorant la dépense de défense de 3,8 milliards d’euros et en atténuant de 18 750 postes la déflation des effectifs par rapport à la trajectoire initiale de la LPM, sur les années 2015 à 2019. Par ailleurs, l’actualisation de la LPM sécurise les ressources du ministère en remplaçant dès 2015 la majeure partie des recettes exceptionnelles prévues par la programmation initiale par des crédits budgétaires.

La sanctuarisation du budget 2015, à 31,4 milliards d’euros, permettra de pleinement mettre en œuvre les priorités que sont la protection du territoire national, l’équipement et l’activité opérationnelle des forces ou encore le renseignement

1. Les principales missions de l’État

1.1 La répartition des crédits budgétaires entre les missions de l’État (LFI 2015)

1.2 Part du budget du ministère de la Défense (y compris pensions) dans le budget général de l’État (LFI 2015)

2. Le budget de la défense

La Loi organique relative aux lois de finances (LOLF) présente le budget selon une ventilation par destination des crédits, déclinée en missions, programmes et actions.

À ce titre, le ministère de la Défense est concerné par trois missions : la mission « Défense »
proprement dite, la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation », auxquelles s’ajoute le programme « Recherche duale (civile et militaire) » qui s’intègre dans la mission interministérielle « Recherche et enseignement supérieur ».

Le budget 2015 de la mission « Défense » s’élève à 31,4 Md€, hors pensions, au même
niveau qu’en 2014. À l’issue de l’actualisation de la LPM, les crédits budgétaires de la mission « Défense » ne seront complétés en 2015 que par 0,23 Md€ de recettes extrabudgétaires issues des cessions immobilières, du fait de la budgétisation prévue dans la prochaine loi de finances rectificative des 2,14 Md€ devant initialement provenir de la cession de la bande de fréquences des 700 MHz.

2.1 Le budget de la défense au format LOLF (loi organique relative aux lois de finances)

chiffres défense 4

2.2 La répartition des crédits budgétaires entre programmes (avec pensions, après actualisation de la LPM)

2.3 La répartition des ressources de la mission “Défense” (y compris les recettes exceptionnelles, après actualisation de la LPM).

2.4 Le soutien à la recherche et au développement de la défense

Le ministère de la Défense suscite et accompagne l’innovation industrielle et technologique. En 2015, il consacre 3.6 milliards d’euros à la Recherche et développement (R&D).



3. Les effectifs du ministère en 2014

3.1 La répartition des effectifs en 2014 par programme


3.2 La répartition des effectifs en 2014 par catégorie de personnel

3.3 La répartition des effectifs par armée, direction, service et catégorie en 2014

3.4 Les effectifs de la réserve opérationnelle en 2014

4. Carte des opérations extérieures

5. Missions permanentes / forces françaises

6. Les équipements en dotation dans les armées

6.1 Armée de terre (chiffres au 1er juillet 2015)

6.2 Marine nationale (chiffres au 1er juillet 2015)

6.3 Armée de l’air (chiffres au 1er juillet 2015)

7. Comparaisons entre les États Unis et l’Union européenne (hors pensions)

POUR EN SAVOIR PLUS 

Site internet du ministère de la Défense: www.defense.gouv.fr

SOURCES 

Loi de finances initiale 2015

Annuaire statistique de la défense 2014-2015

Bilan social 2014

Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013 • Actualisation de la programmation militaire 2014-2015

Les chiffres clés de la défense, édition 2015, Franck Leclerc, ministère de la Défense

 

 

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L’Iran d’aujourd’hui : puissance et identité /geopolitique/liran-daujourdhui-puissance-et-identite/ /geopolitique/liran-daujourdhui-puissance-et-identite/#respond Fri, 04 Sep 2015 14:18:47 +0000 /?p=7518 Introduction :

L’Iran a connu ces dernières années de nombreux bouleversements modifiant considérablement sa situation aussi bien sur le plan économique, politique que culturel. Ce pays connait un développement important depuis quelques années. En effet, l’Iran est considéré comme étant un pays émergent, c’est à dire qu’il connait une croissance économique rapide, une évolution de son ouverture à l’international et un développement de son marché intérieur.

L’Iran se situe en Asie du Sud-Ouest et a des frontières communes avec de nombreux pays : l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Irak, la Turquie, l’Afghanistan et le Pakistan. Le territoire iranien est donc un point de passage puisqu’il est à l’intersection des mondes arabes, russes et indiens. De plus, l’Iran est bordé par la mer caspienne, le golfe persique et l’océan indien, ce qui en fait un pays géographiquement très intéressant.

Carte du Moyen-Orient

L’Iran a pour capitale Téhéran. Avec plus de 77 millions d’habitants, ce pays a une diversité culturelle très intéressante puisqu’on y retrouve plus de 80 populations différentes : les Perses (61% de la population nationale), les Azéris (16%), les Kurdes (10%) et d’autres minorités telles que les Baloutches, les Turkmènes. L’identité culturelle désigne le sentiment d’appartenance d’une personne ou d’un groupe à une même culture, religion, ethnie… La population iranienne est majoritairement perse et l’identité culturelle perse du pays est très marquée et contraste avec la culture arabe, dominante dans le reste du Moyen Orient.  

 L’Iran est à majorité religieuse chiite (90% de la population) et est un des rares pays qui vient contrebalancer la situation religieuse du Moyen-Orient, qui est lui à majorité sunnite. Les 10% restants sont composés de sunnites et d’autres minorités religieuses mais malgré la présence de ces minorités l’Iran est un des seuls pays où la situation religieuse est plutôt stable et peu de conflits sont à déplorer.

L’Iran est le deuxième producteur de pétrole au monde, ce qui est un avantage déterminant dans son développement. C’est le premier pays du Moyen-Orient à avoir commencé à en exporter et il  dispose également de la deuxième plus grande réserve mondiale en gaz.

Suite aux évènements de ces dernières décennies, notamment la révolution iranienne et la guerre Iran-Irak, le pays a connu un certain nombre de difficultés mais a su se relever et connait aujourd’hui une évolution de sa croissance. Ce pays a su tirer des avantages de ses ressources naturelles. Cependant, étant bordé par de nombreux pays, l’Iran doit faire face à plusieurs menaces. De plus, la situation interne reste encore instable et subsiste encore des séquelles du régime du Shah.

Quel est la place de l’Iran au Moyen-Orient et dans le monde de nos jours ?

On peut définir la puissance d’un pays comme étant « un concept à dimension internationale qui définit l’attractivité d’un pays et sa faculté d’apparaitre aux autres comme un pôle tant au niveau culturel, économique que militaire ». Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’évolution de l’Iran des dernières années au niveau politique et culturel, puis dans une seconde partie, nous développerons les enjeux posés par ce pays aujourd’hui sur la scène internationale.

A.   L’évolution de la situation Iranienne depuis la révolution

1.      L’Iran depuis 1979

La révolution iranienne de 1979 est un évènement bouleversant dans l’histoire de l’Iran. En effet, cette révolution met fin au régime du Shah : Mohammad Reza Pahlavi et remet en cause la situation du pays puisque l’Iran va dès lors devenir une république islamique. Cette révolution a été d’une violence extrême et a considérablement affaibli le pays. A la suite de cette révolution, le futur de l’Iran est encore incertain, et  Khomeini va alors mettre en place un gouvernement provisoire afin de calmer la situation rétablir l’ordre. Mais, l a du mal à se stabiliser puisqu’il est confronté à de nombreux conflits internes avec des contestations qui continuent et des conflits externes notamment avec les Etats-Unis et l’Irak.

Pendant la guerre froide, l’Iran faisait partie du bloc américain, pourtant entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981, des jeunes Iraniens retiennent 52 otages américains à l’ambassade des Etats-Unis de Téhéran. Cet évènement détériore fortement les relations entre les Etats-Unis et l’Iran, et le président américain de l’époque met en place des pressions d’ordre économique et diplomatique telles que l’arrêt des importations de pétrole, l’expulsion d’iraniens du territoire américain, etc. Les Etats-Unis cherchent alors à tout prix à isoler l’Iran.

Au même moment, en 1980, l’Irak profite de la faiblesse Iranienne pour envahir le pays. Les Etats-Unis vont jusqu’à armer l’Irak pour les aider à attaquer l’Iran. Saddam Hussein a peur de la montée en puissance de Khomeini dans le monde musulman et en menant cette guerre il a plusieurs objectifs : affaiblir le régime iranien, déplacer les frontières Iran/Irak afin de s’emparer du pétrole du Khuzestân (région frontalière de l’Irak situé au sud-est de l’Iran) et reprendre trois îles situées dans le détroit d’Ormuz. Cette guerre dure 8 ans et aura des conséquences catastrophiques sur le pays puisqu’on recense des milliers de morts et le pays en sort très affaibli. A la suite de cette guerre, l’Iran et l’Irak tentent de rétablir de bonnes relations mais ils essayent encore de nos jours de trouver un arrangement au niveau des frontières.

            A la fin de cette guerre, les relations entre l’Iran et le reste du monde sont très mauvaises. L’Iran s’est mis un grand nombre de pays à dos mais cherchera par la suite à reconstruire des relations avec l’occident. Par exemple, la situation entre l’Iran et l’Union-Européenne s’améliore puisque l’Iran devient l’un des fournisseurs principaux de pétrole pour certains pays comme l’Italie, l’Allemagne ou bien la France.

D’autres désaccords persistent cependant avec certains pays. Par exemple, les frontières de la mer caspienne ne sont pas encore définies. L’Azerbaïdjan, le Turkménistan et l’Iran sont donc encore en négociation pour définir au mieux ces nouvelles frontières. Les Emirats arabes eux réclament deux petites îles détenues par l’Iran qui se trouvent dans le golfe persique.

Avec la révolution et la guerre contre l’Irak, la situation de l’Iran a été très mouvementée et le pays a mis du temps à se stabiliser et à améliorer ses relations avec le reste du monde. De plus, l’Iran a aussi dût gérer différents conflits politiques internes.

2.      La situation interne iranienne

Depuis la révolution Iranienne et la fin du règne du Shah, des conflits internes ont persisté et viennent à peine de s’apaiser mais pour combien de temps ?

<Ces conflits internes sont principalement dus aux élections dans le pays. En effet, à la fin de la révolution islamique, l’Iran va être déclaré comme une république islamique basée sur le Coran.Attention le terme république ne signifie en rien la notion de république telle que nous la connaissons. Cette république islamique est, en réalité, basée sur la jurisprudence religieuse. On désigne donc l’Iran comme ayant un régime théocratique. Une théocratie est un régime politique où le pouvoir provient de Dieu. Une nouvelle constitution va donc être créée en se basant sur la religion islamique. Ce système est tout à fait atypique puisqu’on y retrouve le chef de l’état considéré comme étant le guide suprême. C’est le premier personnage du régime iranien et il est au pouvoir pour une durée indéterminée. Ali Khamenei occupe donc ce rôle depuis 1989. Il s’occupe de la gestion des grandes orientations du régime, des questions législatives, et des questions judiciaires. On retrouve ensuite le président de la République qui lui estélu au suffrage universel direct, pour une durée de 4 ans. Il s’occupe des questions exécutives. Son pouvoir est assez limité puisque le chef suprême a un droit de regard sur les actions menées par le président et peut à tout moment contrer une décision du président. On retrouve également un conseil des gardiens de la constitution, le conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime, le parlement et l’assemblée des experts.

Ce système politique reste assez instable puisque les élections présidentielles de 2009 ont été très controversées.A la suite de celles-ci, le président Mahmoud Ahmadinejad va être réélu pour une durée de 4 ans. Mais cette réélection va provoquer de nombreuses contestations. En effet, les Iraniens dénoncent des élections truquées avec « une falsification massive » et des « fraudes massives ». De nombreuses manifestations ont lieu pour contester la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. De nombreux morts sont à déplorer lors de ces revendications. Cet évènement fera le tour du monde et marquera fortement les esprits. C’est pourquoi, l’Occident va aller jusqu’à demander à l’Iran d’assurer la validité de ces élections. L’ONU en viendra même à demander l’arrêt des manifestations mais aussi l’arrêt des violences exercées contre les iraniens. Les élections présidentielles de 2009 ont donc bouleversé le pays puisqu’elles ont été largement contestées et qu’il y a eu un retour à la violence. En effet, il n’y avait plus eu de mouvements de contestations d’une telle ampleur depuis la révolution iranienne. Ces élections ont donc montré l’insatisfaction du peuple iranien envers ce régime qu’il juge encore trop autoritaire. Une forte violence persiste dans le pays et les iraniens ont encore une faible liberté d’expression.

Afin d’améliorer l’image de l’Iran à travers le monde, des efforts sont faits pour les élections législatives de 2012. Grâce à ces efforts, l’Iran a su prouver, au monde entier, qu’il pouvait avoir un système politique mature, une certaine stabilité politique et qu’il était capable de surmonter d’importants conflits internes. Une certaine sérénité regagne le pays et les élections se passent sans souci majeur.

On assiste ensuite en 2013 aux élections présidentielles qui mènent à l’élection d’Hassen Rohani. Tout comme les élections de 2012, celles-ci se passent sans gros problèmes et à la suite de ces deux élections, l’Iran retrouve une certaine stabilité au sein du pays même si la légitimité des élections reste largement contestée par certains pays tels que les Etats-Unis ou la France.

L’élection de Rohani, moins conservateur que son prédécesseur, est porteuse de nombreux espoirs quant à l’évolution de l’Iran. Pourtant, la question des droits de l’homme et de la liberté d’expression reste un vrai problème. En effet, Amnesty international retient l’Iran comme étant le pays où il y a le plus d’exécutions sommaires. Ces dernières semaines, une centaine de journalistes iraniens ont adressé une lettre au président Rohani pour demander la libération des journalistes emprisonnés en Iran, dont le nombre ne cesse d’augmenter depuis son arrivé au pouvoir, bien qu’il ait promis un environnement moins hostile pour ces derniers. Le président avait aussi promis plus de liberté et un assouplissement de la police des mœurs, pourtant le parlement travaille actuellement sur une loi visant à encourager les individus cherchant à « organiser le bien » et « interdire le mal ». Ainsi les femmes mal voilées devraient suivre des cours de bonnes mœurs et seraient passibles d’amendes voire de peines de prison… La question reste de savoir si le président ne tient pas ses promesses ou s’il s’agit des décisions du guide suprême dont le pouvoir est supérieur à celui du président…

A travers cette première partie, nous avons pu comprendre les évolutions de l’Iran ces dernières années et nous allons à présent nous demander quelle est la position actuelle de l’Iran sur la scène internationale.

B.   L’Iran sur la scène internationale

1.      Un point stratégique du transport pétrolier : Le détroit d’Ormuz

L’Iran est un acteur clé au Moyen Orient, et son principal avantage stratégique est la domination du détroit d’Ormuz. Il existe un certain nombre de détroits stratégiques pour l’acheminement du pétrole, notamment le canal de Suez, le détroit de Malacca, et le plus important : le détroit d’Ormuz.

Le détroit d’Ormuz

Entouré par l’Iran, et le sultanat d’Oman, le détroit d’Ormuz offre un passage du Golf Persique à la mer d’Arabie. Ses eaux sont peu profondes et de nombreuses îles rendent la navigation assez compliquée, et en son point le plus étroit il n’est large que de 54 km. Pourtant il est le point de passage du pétrole le plus important au monde puisque chaque jour 20 millions de barils de pétrole y circulent.

Le détroit d’Ormuz en quelques chiffres :

  • 20 million de barils /jour (la France consomme moins de 2 million barils/ jour)
  • 1/4 du pétrole mondial
  • 1/8 pétrole brut  à destination des USA
  • 1/4 pétrole brut à destination de l’Europe
  • 1/3 pétrole brut à destination du Japon
  • Il est bordé d’un grand nombre de gisements pétroliers dont le plus grand au monde Ghawar (Arabie saoudite, 5 millions barils/jour, 280km*30km, 6% prod mondial).

Le contrôle de ce détroit représente un pouvoir considérable sur le marché mondial du pétrole, et l’Iran cherche à consolider cet avantage. En effet, l’Iran a construit un très grand port militaire, le port de Bandar Abbas afin de contrôler cette zone. De plus il a également installé des bases militaires pour protéger les iles d’Abu Musa et Tomb, qui forment un couloir que les pétroliers sont obligés d’emprunter. Il possède aussi une importante puissance militaire sous-marine.

Le transit du pétrole mondial : zoom sur le détroit d’Ormuz

Les enjeux posés par le détroit d’Ormuz sont d’autant plus importants qu’il n’y a actuellement pas d’alternative aussi efficace pour assurer le transport du pétrole. Les pétrolines terrestres ne peuvent sortir que 5 millions de barils par jour (soit 1/4 de la capacité du détroit) et bien que la création de nouveaux pipelines puisse être envisagée, cela serait toujours moins important que le transport maritime, d’autant que la situation actuelle au Moyen Orient rend ce type de grand projet plutôt difficile à mettre en place.

L’Iran dispose donc d’un fort pouvoir de pression sur le monde entier via la maitrise de ce détroit. Le prix du pétrole réagissant au coût marginal, le moindre dérèglement à Ormuz pourrait entrainer une explosion des prix, un choc pétrolier, une crise économique… L’Iran a donc bien assuré ses positions et est prêt à profiter de son pouvoir. En effet, le guide suprême Khamenei a déclaré : « Tous les pays doivent le savoir si les intérêts de l’Iran sont menacés, nous ne permettrons pas aux autres d’utiliser le détroit d’Ormuz. »

Le détroit d’Ormuz à déjà était le théâtre de plusieurs accrochages, par exemple en 2008 trois navires de guerre américains ont été menacés par des bateaux détenus par les gardiens de la révolution. Le gouvernement américain a considéré qu’il s’agissait de provocation de la part du gouvernement iranien.

2.      La position de l’Iran dans le conflit Syrien

Si l’Iran se positionne aujourd’hui comme un acteur incontournable au Moyen Orient et sur la scène internationale c’est en grande partie grâce à sa prise de position très ferme sur la question de la guerre en Syrie. En effet,  Téhéran s’engage des le début du conflit à soutenir le gouvernement de Bachar el Assad par tous les moyens possibles et considère que les troubles en Syrie sont le résultat d’un complot occidental (ainsi que de la Turquie et des monarchies du Golf). La position de l’Iran est claire : il faut rétablir la paix et apaiser les tensions en Syrie mais il est hors de question de destituer Bachar el Assad.

L’Iran va donc appuyer le régime el Assad de différentes façons :

Soutien moral :

  • – Conseils sur la sécurité publique tout en encourageant les parties à négocier.

Soutien Politique :

  • – L’Iran s’oppose à toutes les ingérences étrangères en Syrie (à part la sienne) et soutient systématiquement la Syrie devant l’ONU
  • – Lorsque l’ONU vote le texte condamnant le recours à la violence massive en Syrie, seuls quatre pays ne signent pas : la Syrie, l’Iran, la Chine et  la Russie
  • – En Juillet 2012, l’Iran organise sa propre conférence de paix entre la Syrie et l’opposition (cependant, l’occident, le Qatar, l’Arabie saoudite et l’opposition syrienne n’y sont pas représentés).

Soutien militaire :

  • – Envoi d’armes en Syrie,
  • – Action sur le terrain notamment via la milice libanaise du Hezbollah, grand allié de l’Iran

Soutien économique et financier :

  • – L’Iran aide Damas à écouler son pétrole à destination de la Chine via l’Irak
  • – Accord de libre-échange Syrie-Iran
  • – L’Iran aurait déjà prêté 10 milliards de dollars à la Syrie en octobre 2012,
  • – Ouverture d’une ligne de crédit pour la Syrie de 1.3 milliard de dollars en 2013 puis de 4 milliards supplémentaires pour contrer l’embargo international sur la Syrie

L’Iran a donc fait preuve d’une grande constance diplomatique depuis le début de la crise Syrienne soutenant systématiquement son allié. Une exception ; en mai 2013, l’Iran condamne l’utilisation d’armes chimiques en Syrie (l’Iran ayant lui-même été victime de ses armes pendant la guerre avec l’Irak).

Ce soutien constant à d’ailleurs porté ces fruits, le General marines James Attis déclare en Avril 2013 : « absent Iran s help, I don’t believe that Assad would have been in power the last 6 months ».

Avec ce soutien sans faille, on en vient donc à se demander pourquoi l’Iran tient tant à soutenir la Syrie et plus particulièrement le gouvernement de Bachar El Assad ?
L’Iran est très fortement opposé aux occidentaux (en particulier aux Etats Unis) et à Israël. Pour renforcer ses positions face à l’occident, on assiste à la mise en place de ce que le gouvernement Iranien appelle « l’axe de la résistance » (ou de façon plus réductrice « arc chiite ») et qui comprend donc Gaza, le Liban (notamment le sud avec la présence du Hezbollah), l’Irak (depuis la chute de Saddam Hussein en 2003), la Syrie, l’Iran et l’ouest de l’Afghanistan (depuis la chute des talibans en 2001).  L’Iran a donc apporté tous son soutien à la Syrie pour éviter de voir cet « axe de la résistance » brisé et donc de perdre sa position au Moyen-Orient. De plus, ce conflit a ravivé les tensions entre sunnites et chiites dans la région et l’Iran se doit donc d’empêcher une victoire des sunnites.

Carte du Moyen–Orient représentant « l’axe de la résistance »

Ce conflit représente également une opposition indirecte entre Téhéran et l’occident, Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar, et finalement, soutenir l’opposition Syrienne signifie également s’opposer à Téhéran et chercher à affaiblir l’arc chiite. La crise syrienne aura bien permis à l’Iran d’affirmer qui sont ses alliées, notamment la Russie et la Chine car ils prennent les mêmes positions à l’ONU et Téhéran soutient la Russie pour mettre fin à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.

Cependant il est important de noter que l’arrivée au pouvoir du président Rohani en juin 2013, à redéfini la stratégie diplomatique de l’Iran. En effet, même si la position de l’Iran face à la Syrie n’a pas changé, le nouveau président tente d’améliorer ses relations avec « ses ennemis »:

  • -Rencontre avec le président Hollande,
  • -Entretien téléphonique avec Obama (ce qui constitue les premières relations US-Iran depuis 1979),
  • -Se rapproche du Qatar en déclarant que «ce pays peut jouer un rôle vital dans le règlement de la question syrienne » et que « ces deux pays (Iran et Qatar) sont en mesure d’établir la paix régionale ».
  • -A également fait un pas vers la Turquie dans un souci d’apaisement des tensions (il s’agit également de diviser les soutiens à l’opposition Syrienne).

Mais ce qui confère à l’Iran un pouvoir de négociation important, face aux occidentaux dans le règlement de la crise Syrienne est également sa position sur le plan du nucléaire, grande source de tensions depuis quelques années…

3.      Les relations Occident/Iran : le cas de la crise nucléaire

Le programme nucléaire iranien a été lancé dans les années 50 et l’Iran a ratifié le traité de non-prolifération (TNP) en 1970. Depuis 2002, les tensions autour de la question du nucléaire en Iran sont importantes car les Etats-Unis et l’Europe pensent que ce programme a été corrompu à des « fins militaires » après la découverte d’une installation d’enrichissement de l’uranium à Natanz (dont une partie est souterraine) et une installation à l’eau lourde à Arak (enrichir l’uranium n’est pas interdit par le TNP). Le gouvernement iranien lui, maintient qu’il ne s’agit que de recherche visant un but énergétique et accepte d’arrêter momentanément ses recherches en gage « de bonne foi ». Mais l’enrichissement reprend dès l’élection du président Ahmadinejad et la question du nucléaire iranien est portée devant le conseil de sécurité de l’ONU.

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Les principaux sites nucléaires iraniens

Au Moyen-Orient, 4 pays possèdent l’arme atomique : la Russie (accord TNP), l’Israël, l’Inde et le Pakistan (n’ont jamais signé le TNP).

L’Iran continue d’affirmer qu’il ne s’agit pas de recherche militaire mais en 2009, Ali Khamenei déclare : « en se renforçant sur le plan scientifique, économique et technologique, l’Iran surmontera tous les complots de l’étranger et dans un avenir proche, atteindra un point tel qu’aucun ennemi n’osera plus même penser à une offensive militaire, politique ou économique… »

Même si l’arrivée au pouvoir de Rohani détend un peu l’atmosphère, les inquiétudes grandissent  autour de ce problème du nucléaire. Israël, grand ennemi de l’Iran, se dit très inquiet de la possibilité que l’arme atomique tombe aux mains de ce pays « instable ». Cependant les frappes aériennes sont impossibles car la plupart de ces sites sont enterrés et l’explosion d’un site nucléaire aurait des retombés catastrophiques sur le pays et ses voisins. Les seules alternatives sont donc les sanctions imposées à l’Iran par l’ONU afin de parvenir à un accord (notamment la réduction du nombre de centrifugeuses).

En janvier 2012 un embargo partiel se met donc en place sur l’Iran notamment un embargo pétrolier (on passe de 2.6 millions de barils exportés par jour à 800 000) et des sanctions sur la banque centrale iranienne afin d’assécher les moyens de financement du programme nucléaire. L’Iran accepte donc de geler une partie de ses recherches contre la suspension partielle de ses sanctions dont le poids économique est difficile à gérer. De plus les sanctions ont également eu un poids écologique assez important. En effet, l’Iran, ayant très peu de raffineries, est dépendant des importations d’essence (pour 1/3 de sa consommation) et a dû pendant l’embargo « improviser » des raffineries produisant de l’essence de mauvaise qualité ; ceci a entrainé des pics de pollution importants. En 2012, 4 460 personnes seraient mortes à cause de la pollution de l’air.

Plus récemment en juillet 2015, les négociations menées à Vienne entre l’Iran et les P5+1 (soit les cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne) accouchent finalement d’un accord. C’est un accord fait suite à l’Accord préliminaire de Genève signé le 24 novembre 2013, qui prévoyait alors de parvenir à une solution globale mutuellement acceptable à long terme qui permette d’assurer que le programme nucléaire iranien reste exclusivement à usage civil et pacifique.

Malgré les difficultés et la longueur des négociations, le Plan d’Action conjoint sera signé le 14 juillet 2015  à Vienne par les P5+1, l’Iran ainsi que l’Union européenne. L’accord prévoit la levée des sanctions imposées au pays aussi bien par les États Unis que l’Union européenne et l’ONU. Cet accord fut salué par la population iranienne, qui reste la première victime des sanctions internationales. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon espère que cet accord permettra une meilleure coopération internationale sur les problèmes de sécurité au Moyen-Orient, un sentiment partagé par beaucoup de chancelleries occidentales. Cependant, Israël, ayant été menacé de destruction par l’ancien président iranien, c’est prononcé en défaveur de la levée des sanctions, exige plus de garanties que le programme iranien reste pacifique.

Conclusion :

            L’Iran demeure incontestablement une puissance de premier plan au Moyen-Orient de par son pouvoir de pression via la maitrise du détroit d’Ormuz, ses importantes réserves de pétrole et sa volonté de créer un arc chiite fort pour contrebalancer la majorité sunnite au Moyen-Orient. Cependant l’Iran doit faire face à de nombreuses menaces et doit faire face aux conséquences des sanctions imposées par l’Occident. Le soutien financier apporté au gouvernement d’Assad ainsi qu’au Hezbollah combattant à ses côtés et la baisse importante du prix du pétrole pèsent lourdement sur l’économie nationale du pays. L’Iran risque de se retrouver à court de temps et de ressources si des signes de redémarrage économique ne se font pas rapidement. De plus, l’accord sur le  nucléaire n’a été si bien accueilli que de par les promesses de recouvrement économiques qu’il portait. S’agissant d’un domaine de fierté et d’indépendance nationale, les élites dirigeantes  auraient eu du mal  à faire accepter ce qui pourrait passer pour diktat occidental, sans promesse d’amélioration concrète de la vie quotidienne des Iraniens. Il est donc essentiel pour le gouvernement que l’économie de l’Iran renoue avec la croissance et surtout avec les créations d’emplois, afin d’assurer la stabilité interne du pays. 

De plus, bien que l’Iran ait su se rendre indispensable à la résolution de la crise syrienne, l’inexorable progression de Daesh, un mouvement au demeurant anti-chiite, et la proclamation de l’État islamique sur les territoires de Syrie et l’Irak, a bouleversé et complexifié un peu plus la situation au Moyen-Orient et les intérêts de l’Iran en Syrie s’en trouvent d’autant plus menacés. 

On peut donc se demander comment la situation actuelle au Moyen-Orient va influencer la politique de l’Iran et plus particulièrement ses relations avec l’occident avec qui il partage désormais un ennemi commun, Daesh. Cette opportunité de se rapprocher de l’occident marquera-t-elle le retour de l’Iran sur la scène internationale ? On peut également observer la problématique sous un angle différent, à savoir de se demander en quoi l’apparition de la menace de Daesh aurait-elle pu influencer les négociations et permettre l’obtention d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances. 

Mathilde Calvet & Margot Caracciolo

Edition et mise à jour: Omar Tarabay

Bibliographie : 

  • – Le détroit d’Ormuz, le verrou géopolitique de toutes les peurs, par Alain Nonjon, le 2 mars 2011 : http://www.diploweb.com/Le-detroit-d-Ormuz-le-verrou.html
  • – L’Iran face à la crise syrienne,par Mohammad Reza Djalili et Thierry Kellner, le 7 septembre 2014 : http://www.diploweb.com/L-Iran-face-a-la-crise-syrienne.html
  • – Nucléaire, pourquoi il fallait prolonger les négociations avec l’Iran, par the Washington Post, le 21 juillet 2014 : http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/21/pourquoi-il-fallait-prolonger-les-negociations-avec-l-iran
  • – Iran, pourquoi le nucléaire rend l’air irrespirable, par Courrier international, le 17 juillet 2014 : http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/17/pourquoi-le-nucleaire-rend-l-air-irrespirable.
  • – L’Iran : http://fr.wikipedia.org/wiki/Iran
  • – Iran, mais si Monsieur Rohani il y a bien des journalistes en prison, Rooz Online, le 9 octobre 2014 : http://www.courrierinternational.com/article/2014/10/09/mais-si-monsieur-rohani-il-y-a-bien-des-journalistes-en-prison.
  • – Histoire de l’Iran : http://www.linternaute.com/histoire/histoire-de-l-iran/iran.shtml
  • – Iran : chronologie historique : par Olivier Pironnet en juin 2007 : http://www.monde-diplomatique.fr/mav/93/PIRONET/15168
  • – Politique en Iran : http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_en_Iran
  • – Un dossier sur Hassan Rohani, le nouveau président du régime iranien est-il une force de changement, le 4 juillet 2013 : http://www.ncr-iran.org/fr/actualites/iran-resistance/12215-un-dossier-sur-hassan-rohani-le-nouveau-president-du-regime-iranien-est-il-une-force-de-changement-.
  • – Puissance :http://www.portail-ie.fr/lexiques/read/41.
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I/ Introduction

 

L’Iran ou plus précisément la République islamique d’Iran est comme son nom l’indique une république théocratique à travers laquelle la législation est en grande partie dictée par le droit musulman ou au moins en conformité avec celui-ci. Avant la révolution iranienne de 1979 et le départ du Shah Mohammad Reza Pahlavi, l’Iran était une monarchie constitutionnelle autoritaire prooccidentale. Sa capitale est Téhéran, et compte 10 400 000 habitants. L’État iranien est localisé géographiquement au Moyen-Orient (ou en Asie de l’Ouest selon le point de vue) et s’étend sur une superficie de 1 648 195 km2. Il possède des frontières terrestres avec l ’ I rak , la Turquie, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Turkménistan,
l’Afghanistan et le Pakistan. Il partage également des frontières maritimes avec le Koweït, l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et Oman. La langue officielle de l’Iran est le persan (ou farsi) mais tous les iraniens ne parlent pas persan en famille. Dans cet espace multiethnique, on retrouve environ 18% de la population qui parle une langue turque ou encore 10% de la population qui s’exprime aussi en kurde. En 2014, on estimait à 80 840 713 le nombre d’iraniens avec environ 61% de perses, 16% d’azéris, 10% de kurdes, 7% de gilakis et mazandérans, 2% d’arabes et 4% d’autres appartenances ethniques. 98% de la population est de confession musulmane et 89% de la population est musulmane chiite ce qui en fait la grande spécificité de l’Iran.

En 2013, 72% de la population iranienne est urbaine. La monnaie officielle de l’Iran est le rial ; 1 euro équivaut à 31, 764 IR (mai 2015). L’Iran a un Indice de Développement Humain (IDH)* en nette progression depuis les années 80 (0.443 en 1980 et 0.749 en 2013) mais qui tend à stagner depuis le milieu des années 2000. Son IDH en 2012 était 0.742 ce qui place la République au-dessus de la moyenne mondiale (0.694) et en dessous de l’IDH français (0.884 en 2013) et équivaut à peu près à l’indice de la France en 1985. En étant iranien en 2014 on peut espérer vivre jusqu’à 70,89 ans. 85% de la population est alphabétisée. L’Iran a une culture nationale très ancienne et très riche contrairement aux autres états relativement jeunes de la région.

Ce qui fut autrefois la Perse est aujourd’hui au centre de l’actualité internationale de par le développement controversé de son programme nucléaire. La mauvaise volonté de l’Iran en matière de transparence vis-à-vis des aspects potentiellement militaires de son programme nucléaire, a contraint la communauté internationale à établir des sanctions économiques à son encontre, sanctions prévues par le Traité de Non-Prolifération nucléaire que l’Iran a signé. Cette situation critique serait actuellement en phase de détente suite aux accords de Genève du 23 Novembre 2013 qui prévoient un allègement des sanctions contre plus de coopération iranienne sur le dossier nucléaire. Cette conjoncture nouvelle marque certainement le début d’une ère d’intégration de l’Iran sur la scène internationale et a de quoi redonner un nouveau souffle à une économie iranienne asphyxiée par les sanctions. Face aux espoirs du présent, l’évaluation des risques à l’investissement en Iran prend tout son intérêt.
*calculé selon la méthode du Programme des Nations Unies pour le Développement (voir sources)

 

II/ Évaluation du risque politique

 

Quelques précisions sur la politique iranienne :

 

La République iranienne est basée sur la loi islamique et sur le principe du Velayat-e faqih. Le Velayat-e faqih signifie la « tutelle des théologiens » et confère au religieux la plus grande partie du pouvoir politique.
Le chef d’état du régime iranien est ainsi un Ayatollah (plus haut titre dans la hiérarchie du clergé chiite) élu en tant que Guide Suprême de la Révolution Islamique. Le Guide Suprême est élu à vie par l’Assemblée des Experts (membres du clergé choisis par la population) qui a en théorie la possibilité de le démettre de ses fonctions mais qui dans la pratique n’a jamais utilisé ce pouvoir. C’est Ali Khamenei qui occupe la fonction de Guide Suprême depuis 1989. Il est le chef des armées, il oriente les politiques générales du pays et supervise leur exécution et il fait également office d’arbitre entre les différentes branches du pouvoir.
Il nomme le chef du pouvoir judiciaire, six des douze membres du Conseil des gardiens de la Constitution, les commandants des Forces armées, l’information, les fondations religieuses, et confirme la validation, par le Conseil des gardiens des gardiens, de l’élection du président. Le président de la République quant à lui a un rôle plus proche de celui de premier ministre que nous connaissons. Le président est à la tête du gouvernement composé de 20 ministres, mais il n’a aucun contrôle sur les institutions importantes comme la Justice et les Forces armées. Il est également chargé de la diplomatie et de l’économie.
C’est le chef du gouvernement et le Guide Suprême lui délègue le commandement des armées sous réserve de conserver tout de même le mot final tout comme pour la politique étrangère. Le président a une marge de manoeuvre réelle mais si sa politique est en désaccord avec celle du Guide Suprême, ce dernier a le mot final. Il est élu au suffrage universel tous les quatre ans, renouvelable une fois mais sa présentation aux élections n’est pas libre et doit être validée par le Conseil des Gardiens qui fait un tri drastique entre tous les candidats. Cet organe a le pouvoir d’interpréter la Constitution, d’approuver ou mettre un veto à des projets de loi approuvés par le Parlement La politique iranienne est réservée aux islamistes qui s’affrontent en deux camps : les conservateurs et les réformateurs. Le parlement iranien est élu par les citoyens iraniens âgés de plus de 18 ans, il vote les lois mais doit composer avec le conseil des gardiens qui approuve ou s’oppose aux projets parlementaires. Les membres du conseil des gardiens sont tous nommés par le Guide Suprême. Ce système fait de l’Iran un régime très verrouillé.

Stabilité du gouvernement et des institutions :

 

La République Islamique d’Iran a été proclamée le 1 er avril 1979 à la suite d’une révolution. La constitution iranienne actuelle date de décembre 1979 et a été révisée seulement une fois, le 28 Juillet 1989 à la mort de l’Ayatollah Khomeini. Le chef de l’État actuel, le Guide Suprême Ali Khamenei, est en place depuis plus de 20 ans et possède des pouvoirs d’arbitre qui permettent d’éviter une paralysie du système politique qui déboucherait évidemment sur une crise. Ce régime autoritaire est pensé pour être stable.
Cependant la République a sérieusement tremblé en juin 2009 à la suite de la réélection du président Ahmadinejad, un conservateur endurci et fidèle au Guide Suprême. Des centaines de milliers d’iraniens sont descendus dans la rue pour protester contre des élections jugées largement frauduleuses et ont ainsi participé à la plus grande contestation que le régime ait connue. Les pasdarans (les gardiens de la Révolution islamique, branche armée entièrement contrôlée par le Guide Suprême) ont réprimé violemment les manifestations et sont à l’origine d’au moins 150 morts. En plus d’une efficacité à réprimer les manifestants, le régime a fait preuve d’une grande capacité à restreindre la liberté de la presse et de l’internet pendant les évènements de Juin 2009. Ahmadinejad a pu finir son mandat. Cet épisode de la vie politique iranienne montre que même en période de grave crise, le régime et le gouvernement savent se montrer relativement solides. Sauf retournement de situation, le nouveau gouvernement plus modéré de Rohani élu en juin 2013 laisse présager un environnement plus stable (au moins en matière de politique interne) pour les années 2013-2017.

Conditions socio-économiques, revendications ethniques et corruption :

Le grand problème actuel de l’Iran réside dans les sanctions internationales (elles sont en train d’être renégociées favorablement) qui le touchent à cause de la portée militaire éventuelle de son programme nucléaire. Ces sanctions, surtout américaines, visent principalement le secteur énergétique iranien qui est la principale source de revenus du pays. Cela se traduit dans l’économie persane par une montée catastrophique de l’inflation (taux d’inflation qui frôle les 40%) et corollairement par une baisse significative du pouvoir d’achat. Les sanctions ne sont pas les seules fautives, on accuse volontiers la mauvaise gestion en matière d’import/export des précédents gouvernements d’Ahmadinejad. Le gouvernement iranien reconnaît les difficultés croissantes de l’économie iranienne du fait des sanctions, mais cherche aussi à mener « les réformes de fonds recommandées par les institutions de Bretton Woods ». La mission du Fonds monétaires international de février et septembre 2014 a mis en évidence l’importance d’adopter des réformes importantes dans les secteurs bancaire et fiscal (taxation des fondations religieuses et parapubliques), et dans le programme de logements sociaux.
Dans l’immédiat, le gouvernement réduit le nombre de bénéficiaires des subventions alimentaires et énergétiques.
L’emploi est aussi un autre problème qui vient noircir le tableau. Le taux de chômage est estimé à 12% en 2014, et il est sans doute sous-évalué, en effet d’après le FMI il serait d’environ 30%. Le pays n’est pas égal en matière de développement économique et des régions sont en retard par rapport au reste du pays. À cela s’ajoute un taux de chômage plus élevé dans ces mêmes zones peuplées de minorités ethniques et religieuses comme les kurdes de la province d’Ilam. Bien qu’à terme cette situation puisse déboucher sur des revendications ethniques il semblerait toutefois que le sentiment national en Iran soit très fort et que l’iranité apparaisse plus forte que la religion ou le sentiment ethnique. D’autre part, notons l’existence de tensions contre les nombreux immigrés afghans qui fuient la guerre et qui posent des problèmes croissants. En parallèle, la corruption est un autre élément qui fait partie des grands fléaux problématiques de l’Iran. Le rapport de Transparency International du 3 décembre 2013 place le pays à la 144 ème place sur 177 dans le palmarès des pays les moins corrompus ce qui le fait reculer de 11 places par rapport à 2012. Cette évaluation de la corruption se fait selon plusieurs critères : la pratique de pots-de-vin dans les services publics, les possibilités d’obtenir des postes gouvernementaux par le biais de la corruption ou encore le niveau de corruption de l’appareil judiciaire.

Conflits internes

 

Les principales revendications populaires proviennent de la situation économique entrainée en grande partie par les sanctions internationales. Lors des récentes élections le redressement de l’économie nationale et le réchauffement des relations avec l’Occident étaient au centre des préoccupations de la population. En dehors de ça, la population relativement jeune de l’Iran aspire à plus de démocratie et à plus de liberté. Par exemple le strict code vestimentaire imposé aux femmes (existence d’une police chargée de surveiller le port du voile) fait partie des sujets sensibles pour les iraniennes qui sont tout de même très bien intégrées dans la société (il y a plus d’étudiantes que d’étudiants).
Preuve de cette évolution, la porte parole de la diplomatie iraniènne, Marzieh Afkham va devenir la première femme a obtenir un poste d’ambassadeur depuis 1979. Sous le précédent président la situation était très tendue et malgré des organes de
répression efficaces (voir les évènements de juin 2009) la situation était potentiellement explosive. Mais l’élection récente d’Hassan Rohani change complètement la donne.
Rohani est un conservateur très modéré, partisan du réchauffement des relations internationales et de l’assouplissement interne du caractère autoritaire du régime exacerbé sous Ahmadinejad. Il est soutenu largement par la population (élu dès le premier tour à plus de 50% des voix), le parlement pourtant conservateur a salué son succès pour l’obtention d’un accord avec les occidentaux sur l’allégement des sanctions et enfin le Guide Suprême en personne, d’habitude réfractaire à toute modération, lui a apporté récemment son soutien. Un avenir paisible semble donc se dessiner sous la présidence de Rohani. Toutefois le soleil promis pourrait laisser place à l’orage si l’Iran trompe la communauté internationale sur son programme nucléaire, si les sanctions économiques ne sont pas suffisamment allégées et mettent en échec les bonnes perspectives économiques prédites par la présidence Rohani ou encore si un scandale quelconque (corruption ou autre) éclate au sommet du régime.

Conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel

 

La République Islamique d’Iran a une grande façade maritime qui débouche sur le Golfe persique (ou Golfe arabique selon le point de vue), autrement dit la région la plus riche en pétrole du monde. De ce fait l’Iran est assis sur une poudrière géopolitique. À cet égard on se souviendra de la guerre Iran-Irak (1980-1988) qui était bel et bien une guerre d’attrition à travers laquelle Saddam Hussein voulait s’accaparer une région hautement pétrolière sous contrôle iranien. Autrefois adversaire principal de l’Iran, l’Irak est aujourd’hui neutralisée et ce depuis la deuxième guerre du Golfe. Mais la chute du régime de Saddam Hussein a créé un face à face direct entre l’Iran et ce qui est aujourd’hui son ennemi juré :
l’Arabie Saoudite. La concurrence est telle entre les deux pays qu’on parle même de « Guerre froide du Moyen- Orient » pour définir leurs relations. En plus d’être des concurrents acharnés sur le plan économico-pétrolier, ces deux grands régionaux
s’opposent sur la religion (chiisme pour l’Iran, sunnisme voire wahhabisme pour l’Arabie saoudite), sur la scène internationale (positions en contradiction avec l’ordre mondial occidental pour l’Iran, positions en adéquation avec cet ordre pour l’Arabie saoudite) ainsi que sur le Golfe persique. Sur le plan géopolitique le contrôle iranien du détroit d’Ormuz irrite au plus haut point les saoudiens et a plusieurs fois failli être un casus belli. L’Arabie saoudite a trouvé le moyen de contourner le passage obligé d’Ormuz en construisant des pipelines qui traversent tout le pays ce qui rend la situation moins dangereuse.
Cet ennemi se condolide avec la guerre menée au Yemen. En effet depuis l’été 2014, les al- Houthi, tribus de religion zaydite proche du chiisme mais aux pratiques s’apparentant aussi a celles du sunnismes, sont a l’offensive. Ils sont soutenues discrètement par l’Iran qui a trouvé la le moyen de s’opposer a l’influence de l’Arabie Saoudite. En septembre 2014, les al-Houthi ont conquis la capitale du Yemen : Sanaa puis les provinces de la côte ouest. En janvier 2015, le nouveau président Adb-Rabbo Mansour Hadi a du quitter son poste sous la pression des al-Houthi. Il s’est réfugié dans le Sud à Aden ou des résistants et des milices sunnites tentent de renverser la situation.
Le 25 mars, les al-Houti saisissent la base d’Al-Anad, bombardent le palais présidentiel et le président Hadi est exfiltré vers l’Arabie Saoudite, puis prennent Aden.
Le 26 mars 2015, l’Arabie Saoudite a la tête d’une coalition de pays arabes a bombardé les rebelles au Yemen pour empecher les Houthistes de prendre le pouvoir. L’Iran, lui, soutient les rebelles chiites houthistes en leur fournissant des armes. Ceux-ci a été confirmé par l’ONU, alors que l’Iran cherche a le garder secret. Les spécialistes en géopolitique et les journaux parlent de « Guerre froide » opposant Riyad à Téhéran.
Outre cet ennemi tenace on peut citer Israël comme adversaire notable de l’Iran. Après que Mahmoud Ahmadinejad ait affiché sa volonté de détruire l’État hébreu durant son mandat, c’est à présent au tour d’Israël de menacer Téhéran. Après la conclusion des accords de Genève de Novembre 2013, Netanyahou, le premier ministre israélien, a en effet déclaré qu’Israël n’hésiterait pas à attaquer seul les sites nucléaires iraniens. Ces déclarations peuvent être interprétées plus comme un message adressé aux États-Unis pour qu’ils continuent à donner des garanties sécuritaires à Israël que comme une véritable volonté belliqueuse, mais le risque existe. En plus de ce risque et face à la situation actuelle de réchauffement des relations irano-occidentales les cartes peuvent être redistribuées au Moyen-Orient et bouleverser l’échiquier géopolitique de la région. L’issue du processus en cours peut potentiellement entraîner deux options polémogènes à prendre en compte. La première option pourrait s’enclencher s’il s’avère que l’Iran continue secrètement de développer une arme nucléaire. Dans ce cas là il y aurait un grand risque de conflit armé avec une coalition occidentale menée par les États-Unis. Cette option est toutefois peu probable car les iraniens aspirent à redevenir une grande puissance et ceci n’est pas possible avec la situation économique actuelle. Le nouveau gouvernement semble avoir pleinement saisi l’importance de mettre l’économie au premier plan au détriment de la puissance nucléaire. Il n’est absolument pas dans l’intérêt de ce pays étranglé par les sanctions internationales de ne pas respecter ses engagements récents. La deuxième option, peut être plus probable, s’amorcerait dans le cas où l’Iran, aidé par ses nouveaux amis occidentaux, devienne l’hégémon régional et concurrence de plus en plus l’Arabie saoudite. Une guerre pourrait être éventuellement déclenchée dans ce cas là, mais il n’est pas sûr non plus que les saoudiens soient prêt à se risquer à des sanctions internationales à leur tour. La guerre sera plutôt économique comme l’affirme Bertrand Badie.

Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme : Si dans le passé l’Iran et surtout sa capitale était peu sujette à la délinquance, il semblerait que celle-ci ait augmenté de manière inquiétante jusqu’à s’insérer dans le débat publique local. En Outre, certaines régions comme le Sistan-Balouchistan (frontali��re à l’Afghanistan) ou Kermanshah (frontalière à l’Irak) sont sujettes au trafic de drogue (pour le Sistan- Balouchistan) et au terrorisme (pour les deux).
Les trafics de drogue de l’Afghanistan vers la Russie et l’Europe passent par l’Iran. Le trafic de drogue est donc un point important que le gouvernement veut combattre. En effet dans la plupart des pays, les autorités confisquent entre 3 et 10% de drogue, or en République Islamique, les autorités confisquent jusqu’à 33% de drogue. C’est en Iran que 80% de l’opium et 40% de la morphine dans le monde sont confisqués.
L’Iran est au coeur d’une zone où des groupes terroristes évoluent, s’ajoute à cela de forts soupçons qui pèsent contre l’Iran vis-à-vis de son implication dans le terrorisme international. Son évolution potentielle en tant que grande puissance régionale en ferait une cible de choix en proie au terrorisme sunnite, peut-être kurde et pourquoi pas israélien. L’ambassade d’Iran au Liban a été la cible d’attentats meurtriers en Novembre 2013, en pleines négociations avec l’Occident. Le centre de l’Iran semble être plus sécurisé face au risque terroriste mais cette menace peut s’accroitre dans les années qui viennent sans pour autant faire vivre les iraniens et du coup les investisseurs dans la terreur. Citons quand même le ministère des affaires étrangères (MAE) français qui déconseille à ses ressortissants d’aller en Iran sauf pour des raisons impératives et qui déconseille formellement d’aller dans les régions frontalières à l’Irak et à l’Afghanistan.
Selon le MAE les risques d’enlèvements sont toujours probables à l’heure actuelle et il convient aux étrangers de suivre avec attention les relations qu’entretiennent leur pays avec l’Iran : pour la France elles sont en passe de s’améliorer.

III. Évaluation des risques économiques et financiers

Les secteurs de l’économie iranienne :

D’après la constitution de l’Iran, le système économique de la république islamique est fondé sur 3 secteurs :
• le secteur public, qui regroupe toutes les grandes industries de base, le
commerce extérieur, les mines, la banque, les assurances, l’énergie, les barrages et les réseaux d’aqueducs, la radio et la télévision, les poste, télégraphe et téléphone, l’aviation, les lignes maritimes, les routes et les chemins de fer.
• le secteur coopératif, qui regroupe les sociétés et établissements coopératifs de production et de distribution créés conformément aux principes islamiques.
• le secteur privé, qui regroupe les activités de l’agriculture, de l’élevage, de l’industrie, du commerce et des services complémentaires aux deux autres secteurs.

Le secteur pétrolier :
L’Iran est le deuxième producteur de pétrole de l’OPEP et détient 10 % des réserves mondiales confirmées de pétrole. Il a aussi les deuxièmes réserves mondiales de gaz naturel (après la Russie) avec une réserve de 29,61 milliards de mètres cubes (au premier janvier 2011). La production de pétrole iranienne culmine en 1974 à 6,1 millions de barils par jour.
En 2011, l’Iran exportait 2 millions de barils par jour. En septembre 2012, suite aux sanctions économiques occidentales, le volume est passé à 800 000 barils par jour.

Le secteur des transports :
L’Iran a assemblé 1 051 430 véhicules en 2008, volume constitué de voitures à 89,5%, plaçant le pays au 16e rang mondial par sa production, après la Turquie, mais devant l’Italie9. Le marché iranien est par ailleurs estimé à 1,3 million de véhicules10. Cependant, la production automobile iranienne a fortement reculé en 2009, rétrogradant au 18e rang mondial, et passant à 752.310 véhicules : ceci marque une chute de 28,54 % par rapport à 2008, alors que la production mondiale a baissé de 13,5 %.

Le secteur de l’agriculture :
L’agriculture reste un des secteurs employant le plus grand nombre de personnes, avec 22 % de la population active d’après le recensement de 1991. Les sécheresses de 2007 et 2008 ont provoqué un effondrement de la production agricole et ont obligé l’Iran à acheter 1,18 million de tonne de blé aux États-Unis, livrables entre 2008 et 2009.
L’économie iranienne est historiquement basée sur une forte implication de l’État qui élabore des plans quinquennaux et exerce un contrôle serré sur les industries énergétiques (essentiellement pétrole et gaz) ainsi que sur les grandes entreprises. Le coeur de son économie gravite autour des revenus du pétrole. Les sanctions internationales contre l’Iran qui vise en particulier ce secteur (plus les exportations, les transports et le secteur financier) se sont finalement révélées très efficaces puisque l’économie persane se retrouve aujourd’hui dans une situation critique.

Données chiffrées :
En 2014 le Produit Intérieur Brut iranien (PIB) était de 402,7 milliards de dollars. En
prévision pour 2019 l’Iran aurait un PIB de 1 855 milliard de $ et se placerait au 19ième rang mondial.
La République islamique affichait en 2014 une croissance de 1.5% et cela pourrait encore grimpé en 2015 (une croissance de 2,2% selon le FMI).
Le PIB par habitant a légèrement augmenté par rapport à 2013 et atteint en 2014 5,165 USD (5,284 USD en prévision pour 2015).
L’inflation quand à elle a considérablement baissé passant d’environ 40% à 20% en 2014. L’endettement de l’Etat (en % du PIB) reste stable (11,3% en 2013 et 11,2% en 2014).
Le taux de chômage (en % de la population active) a augmenté d’1,2% par rapport à 2013 (passant de 10,4% à 11,6%). Le solde budgétaire (en % et en fonction du PIB) a baissé et atteint -2,1% en 2014 (contre -0,9% en 2013). Le solde courant (en % du PIB) a également dégringolé passant de 7,5% en 2013 à -4,2% en 2014.
La dette publique reste quand à elle stable autour des 11%.
La monnaie iranienne est le RIAL. En Février 2015, le taux d’échange du dollar est 34 000 rials, et 1 euro égale 39 000 rials. Le rial ne cesse de baisser depuis l’application, il y a un an, des sanctions américaines et européennes contre l’Iran, soupçonné de préparer un programme nucléaire militaire (fin 2011, il fallait 12 000 rials pour un dollar).
D’après les données officielles, l’Iran a un taux de pauvreté qui avoisine les 18 % de la population, par conséquent 16,5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Or, selon le CIA World Factbook, 40 % de la population vivait en 2002, sous le seuil de pauvreté. Pourtant, en dépit du fait que l’IDH du pays se situe dans la catégorie moyenne (0.746, en 2004), la société iranienne serait en phase de transition. Dès lors, bien qu’étant traditionnellement rurale, l’Iran poursuit sa mutation dans le but d’accéder à une société semi-industrialisée. Quelle qu’en soi la cause, la pauvreté augmente en République Islamique d’Iran. De ce fait, le gouvernement iranien doit affronter de nombreux fléaux, tels qu’un taux de chômage élevé, qui est estimé à 25 %, de même qu’une répartition déséquilibrée des revenus, étant donné que la part du revenu des 20 % les plus riches équivaut à 50 %, tandis que celle des 20 % les plus pauvres représentait seulement 15 %, en 2004.
—> L’inflation galopante, le chômage et la pauvreté croissante entraînent les forces vives du pays, notamment les jeunes, à quitter l’Iran.

Face à ces données on comprend mieux la stratégie actuelle de l’Iran qui vise explicitement à annuler les sanctions internationales à son encontre. Et les accords récents de Genève (24 novembre 2013 entre les Membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, d’une part, et l’Iran, d’autre part, le Conseil de l’UE comme les Etats-Unis ont allégé pour six mois, à compter du 20 janvier 2014, le régime de sanctions applicable. Sous réserve du régime restrictif des transferts de fonds, les sanctions sont levées pour toutes les activités en lien avec l’industrie automobile, l’aéronautique (s’agissant des pièces détachées à destination de l’aviation civile iranienne), l’or, les métaux précieux et la pétrochimie) viennent confirmer qu’il est en bonne voie pour atteindre ses objectifs. Même si comme le dit Laurent Fabius, le ministre français des Affaires Étrangères, l’allégement des sanctions est « ciblé et réversible » il n’empêche qu’une brèche immense est ouverte et que les perspectives d’investissements étrangers sont énormes.
Le marché iranien, fort de presque 80 millions d’habitants, a un très grand potentiel, il représente le dernier grand marché qui ne fait pas partie de l’Organisation Mondiale du Commerce. En effet l’Iran a un statut d’observateur à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2005. Les États-Unis n’ont cessé de bloquer l’Iran dans ses efforts visant à joindre l’OMC depuis que Téhéran a demandé un statut de membre il y a plusieurs années. Le veto arrive sans surprise -Washington soutient que l’Iran est un état terroriste et maintient les sanctions commerciales contre lui. Et malgré le soutien de pays comme la Chine à la candidature de l’Iran, sans l’approbation de Washington, Téhéran ne réussira pas à intégrer l’organisation.

Les iraniens sont un peuple éduqué (plus de 93% des 15-40 ans sont alphabétisés) et avide de biens de consommation et de biens technologiques: le marché de l’internet est en train d’exploser et le nombre de souscription à un abonnement de téléphonie mobile dépasse le nombre d’habitants. Ce marché est solvable et présente de grands besoins en équipements et en projets d’infrastructures. Les coûts de production sont faibles. De plus le nouveau gouvernement affiche une grande motivation pour faciliter la privatisation de l’économie nationale ainsi que les procédures pour l’investissement étranger. Il y a de grands enjeux pour les intérêts français. Rappelons qu’avant les sanctions états-uniennes sur le secteur automobile iranien, Peugeot (PSA) fabriquait 400 000 voitures par an.

Cela représentait le deuxième plus gros marché après la France pour la multinationale. Notons par ailleurs que les sanctions sur le secteur automobile ont largement cassé les opportunités françaises et avantagé les intérêts américains de Général Motors. Aussi Google et Apple comptent arriver massivement dans le pays. Les américains seront donc des concurrents de taille sur ce marché potentiellement émergent. Toutefois, s’il est avéré que les relations entre gouvernements français et iranien sont fluctuantes, les deux peuples se côtoient depuis le Moyen-Age et la France a accueilli de nombreux iraniens en exil. Ceci peut être un avantage de poids face au « Grand Satan » américain.
Pour Behzad Azarsa, conseiller économique de l’ambassade iranienne à Paris, les français pourraient tirer profit de rapprochements dans les secteurs du tourisme, de l’agriculture, des technologies, de la construction et destination transports. Selon lui « la prudence, en ce moment surtout, n’est pas nécessairement bonne conseillère » (voir sources). Les prochains investisseurs auront également à composer avec des concurrents asiatiques et russes.

Poids des sanctions de l’ONU, UE et USA en raison du programme nucléaire iranien

 

– Le durcissement des sanctions internationales, en 2013, vis-à-vis de l’Iran a aggravé le ralentissement économique que traverse le pays depuis plusieurs années. L’embargo sur les exportations d’hydrocarbures, mais aussi l’exclusion des banques iraniennes du système SWIFT, ont fortement limité les échanges extérieurs. Ce recul de l’activité combiné à une inflation forte et erratique a réduit le pouvoir d’achat des ménages et a entrainé un redoublement des tensions sociales en période de taux de chômage élevé.
Dans ce contexte, les négociations qui devraient se clôturer en juin 2015 seront déterminantes. Une levée de l’embargo international et une reprise économique permettraient de désamorcer le climat de tensions que traverse le pays avant la tenue des élections parlementaires prévues en mars 2016. De plus, une réussite des négociations en ferait un allié potentiel des puissances occidentales au Moyen Orient. Le pays joue un rôle de plus en plus central dans la dynamique politique de la sous-région grâce notamment au renforcement de ces liens avec Irak et la Syrie et à sa lutte contre l’Etat Islamique.
Cependant, la nature du programme nucléaire iranien est encore sujette à débat. Les Etats Unis et l’Europe souhaiteraient que ce dernier se cantonne à une utilisation civile de l’uranium enrichi. Or l’Iran possède suffisamment de ressources pour en produire à une échelle militaire. Aussi, un échec des négociations sur la question nucléaire risquerait de mettre un terme au processus d’ouverture initié par le modéré président Horani et pourrait favoriser le retour de partis plus radicaux au pouvoir.
Bien que les négociations entre les Etat Unis et l’Iran soient engagées depuis les accords de Genève en 2013, l’opposition à une normalisation des relations entre les deux pays persistent. D’une part, l’hostilité historique nourrie par le régime iranien vis-à-vis des Etats Unis reste présente au sein d’une partie de la classe politique iranienne. D’autre part, l’accession d’une majorité républicaine au sénat américain réfractaire à un accord avec l’Iran risquerait, via le vote de nouvelles sanctions, de ralentir le processus de négociations.
– En 2015, la reprise devrait se poursuivre tirée par un redressement de la consommation privée et du secteur non pétrolier. La stabilisation attendue de l’inflation autour de 15 % devrait favoriser une augmentation du pouvoir d’achat des ménages iraniens. Le redémarrage de la production du secteur automobile devrait également contribuer à dynamiser l’activité. Directement touché par les sanctions internationales, ce dernier avait enregistré une croissance nulle en 2012 et 2013. Cependant, un ralentissement de la production des hydrocarbures qui représente 75 % des exportations iraniennes est fort probable. Le secteur pétrolier demeure encore sous le coup des sanctions internationales et la baisse constatée des cours mondiaux autour de 75 dollars en 2015 pourrait le fragiliser d’avantage.
– Le faible déséquilibre des finances publiques devrait perdurer en 2015. La contraction des recettes fiscales risque en effet de se poursuivre en raison de la baisse du cours des hydrocarbures, principale source de financement de l’Etat. Le prix du brut pourrait en effet se stabiliser à un prix inférieur à celui permettant l’équilibre budgétaire iranien. Le gouvernement Horani a d’ores et déjà entrepris de limiter les effets de cette baisse en la répercutant sur le budget 2015 au risque d’initier une politique d’austérité dans un contexte social difficile.
Le solde courant restera faiblement excédentaire en 2015 mais cet excédent est fragile. En dépit des sanctions, les entreprises iraniennes ont bénéficié, en raison de la dépréciation du rial iranien, d’une baisse des prix de leurs exportations leurs ouvrant d’avantage les marchés asiatiques. Cependant la faible progression des exportations en hydrocarbures pourrait influer négativement sur les évolutions du compte courant.
-À la suite des sanctions, l’Iran reste coupé des marchés européens et américains. Le pays reste fermé aux exportations malgré le processus d’ouverture initié par le président Rohani. De plus, même si les sanctions devaient être levées le pays souffre toujours de carences institutionnelles et d’un cadre contractuel handicapant l’environnement des affaires.

En clair :
Point fort de l’économie iranienne
-importantes réserves de gaz et de pétrole – sanctions maintenues par l’ONU
(respectivement aux second et quatrième rangs – forte inflation mondiaux)
-très faible endettement extérieur
-positionnement stratégique de la sous-région

Point faible de l’économie iranienne
– sanctions maintenues par l’ONU
– forte inflation
– tensions sociales
– mauvais environnement des affaires

IV. Évaluation des risques géographiques et environnementaux

Les risques sismiques et géologiques :

 

L’Iran se situe entre deux zones sismiques principales : la plaque iranienne est coincée entre la plaque arabique et la plaque eurasiatique. De ce fait le risque sismique en Iran est très élevé et encore plus à Téhéran. En 1990, un tremblement de Terre de magnitude 7.7a fait plus de 45 000 morts dans le Nord-Ouest du pays. Les 2 derniers séismes en date, sont de décembre 2003 (mort de 31 000 personnes, dans la ville de Bam) et le 11 aout 2012 (double séisme au nord-ouest de l’Iran qui a fait 306 morts, en majorité des femmes et des enfants, et 3037 bléssés). De plus les infrastructures ne sont pas forcément développées pour absorber un séisme de forte magnitude. En 2002 le chef du centre international de recherche sismographique alarmait les autorités iraniennes sur la probabilité de 65% qu’un séisme de forte magnitude se déclenche dans les dix prochaines années (à partir de 2002). Ce pourcentage augmenterait avec le temps.

Les risques sanitaires et épidémiques

L’Iran n’est pas particulièrement dangereux d’un point de vue épidémiologique mais il faut être vigilant. Aucun vaccin n’est exigé pour séjourner en Iran il est néanmoins conseillé d’effectuer des vaccins contre la polio, la diphtérie, le tétanos, l’hépatite A et de se prémunir contre le paludisme si on séjourne dans certaines régions à risques. Il y a des risques de transmission du coronavirus. Il vaut mieux consommer des aliments cuits et des boissons en bouteilles hermétiquement fermées car l’eau est parfois non potable (aucun problèmes dans les grandes villes). D’un point de vue sanitaire il est important de préciser que les sanctions internationales ont entraîné une pénurie de beaucoup de médicaments.

V. Évaluation du hard power du pays

Pouvoir militaire réel

 

En Iran il y a deux organisations de la défense :
le conseil suprême de la défense (CSD) : Selon l’article 110 de la Constitution de la
République islamique d’Iran de 1979, le CSD ou « Faqih » est directement placé sous l’autorité du guide suprême de la révolution. Il a la possibilité de proposer toute déclaration de guerre, de mobiliser les forces armées, de désigner les chefs des
différentes armées et des Pasdarans. Les plans stratégiques et la politique de défense sont de son ressort. Il a également un rôle de contrôle de la défense à tous les niveaux et peut imposer à tout moment un droit de veto.
le conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) : Selon l’article 177 de la Constitution, le CSSN a en charge : de déterminer la politique de sécurité et de défense du pays ; de coordonner les activités politiques, sociales, culturelles, économiques et le renseignement en vue de respecter la politique de sécurité et de défense du pays ; de gérer les ressources du pays afin de faire face aux menaces intérieures et extérieures.

Troupes actives : 648 000 hommes. L’Iran alloue 17 700 millions de dollars (soit 4,39 % du PIB) au budget de la Défense (chiffres de 2015).

L’armée de terre iranienne comporte environ 350 000 hommes avec 60% de conscrits (service militaire de 18 mois obligatoire à 18 ans) et 1 600 véhicules blindés. Les forces aériennes font état d’environ 52 000 hommes avec 300 avions de combat (dont la moitié clouée au sol) et la marine iranienne est composée de 20 000 hommes avec entre autres 3 sous-marins « Kilo » russes et quelques mini sous-marins efficaces dans les eaux peu profondes du Golfe persique.

Par manque d’informations vérifiables, les experts ne sont pas d’accord lorsqu’il s’agit d’évaluer les capacités militaires de l’Iran. Certains comme ceux de la Rand Corporation défendent l’idée que la République islamique constitue une menace modérée pour ses voisins en raison de ses faibles capacités de projection à l’extérieur. D’autres pensent que l’évaluation de la menace doit davantage se baser sur l’idéologie agressive du régime plutôt que sur ses moyens militaires réels. Quoi qu’il en soit il est avéré que la stratégie de défense de l’Iran est essentiellement défensive afin de protéger son territoire ainsi que son système politique. Cette stratégie est fondée sur trois axes. Le premier réside dans les forces conventionnelles iraniennes qui sont scindées entre l’armée classique et les gardiens de la Révolution islamique. L’armée iranienne a perdu de sa superbe par rapport à ce qu’elle était avant la Révolution. Ses équipements sont disparates et ses commandements, divisés entre les deux branches armées, entretiennent une rivalité, ce qui est un point faible. Le deuxième axe repose sur des forces populaires qui, dans le cadre d’une guerre asymétrique, pourraient infliger des dégâts importants rendant improbable le contrôle du territoire iranien par ses ennemis. Et enfin le dernier axe s’appuie sur les armes stratégiques iraniennes : missiles continentaux et potentiellement arme atomique.

D’un point de vue matériel on dit de sa marine qu’elle a bonne réputation (efficace dans le harcèlement des pétroliers), en revanche cette appréciation n’est pas valable pour le reste de son armée. Seulement la moitié de ses matériels (char, artillerie lourde, hélicoptère de combat) serait opérationnelle. Sa force aérienne quant à elle est hétérogène et insuffisante pour assurer la défense d’un espace aussi vaste que le territoire iranien. On considère que l’Iran a des connaissances scientifiques avancées dans le domaine du nucléaire militaire mais les évènements récents limitent fortement la probabilité que le pays fasse l’acquisition prochaine de l’arme atomique. Ces connaissances scientifiques sont valables dans d’autres domaines et on parle souvent de l’ingéniosité des iraniens pour recycler leur matériel (voire leur matériel capturé) ou pour détourner les obstacles qui se dressent devant eux lors d’un conflit, cette compétence est donc à ranger du côté de ses atouts.

D’après l’IRIB (site américain spécialisé dans le pouvoir militaire) « il se peut que l’Iran ne soit pas encore une superpuissance mais ce pays a des capacités qui l’ont rendu capable de faire face aux pressions américains, européennes et onusiennes ». D’après ce site l’Iran est à même de produire des chars, des sous-marins et il peu procédé à des techniques de rétroingénierie pour concevoir des drones.

Poids du pays dans les institutions internationales

 

 

L’Iran, ce pays culturellement et historiquement plurimillénaire, est réputé pour la qualité de son corps diplomatique. En revanche même si la situation évolue favorablement à l’heure actuelle on peut dire de la République islamique qu’elle est exclue (de par ses positions révolutionnaires) de l’ordre mondial occidental. Pour preuve elle ne fait même pas partie de l’Organisation Mondiale du Commerce. Malgré cela, force est de constater, que l’Iran est au centre de l’actualité internationale et que l’expression de son avis attire l’attention du monde entier. Sa contestation de l’ordre pan occidental lui donne paradoxalement une dimension diplomatique accrue. De plus ses mauvaises relations avec l’Occident ne l’empêche pas d’être en très bon terme avec la Chine et la Russie ou encore avec certains pays d’Amérique latine comme le Venezuela. Le pays n’est pas si isolé que ça et exerce une influence territoriale de l’Afghanistan jusqu’en Syrie en passant par l’Irak. En prenant la présidence tournante du sommet des non alignés en 2012, l’Iran a étendu son aura auprès des pays du Sud. In fine, bien que non conventionnel, le poids de l’Iran sur la scène internationale est important.

Technologie et innovation

L’Iran a une longue histoire scientifique et les perses sont à l’origine d’importantes découvertes dans des domaines tels que la chimie, la médecine, l’optique qui ont grandement inspiré les scientifiques européens.
Par exemple :
• En 1960, Ali Javan a inventé le premier laser à gaz.
• Le cœur artificiel a été inventé par un cardiologue iranien, Toffy Musivand.
• L’Hémoglobine glycosylée (qui mesure la gravité du diabète a été découverte par
Samuel Rahbar
• La découverte des cellules souches spermatogoniques est due à Karim Nayernia
• L’invention des systèmes moléculaires à réplication organisée vaut le prix Feynman
1998 à Reza Ghadiri.

De nos jours, l´Iran est une puissance technologique, de loin plus performante que les autres pays musulmans. Ce ne sont pas des actes isolés ! Plus près de nous, Ebay est une création de M.Omydiar, le vice-président de Google est M.Omid Kordestani, l’ancien maire de Beverly Hills est Jamshid Delshad… Shirin Abadi est la seule femme musulmane à avoir reçu le prix Nobel.

L’Iran moderne est un pays très axé sur l’éducation et la formation et a l’ambition de redevenir une puissance scientifique comme par le passé. La preuve : en 2003, surprise des responsables du département d’« Electronical Engineering » de l’Université de Stanford, qui constatent que les meilleurs étudiants aux difficiles épreuves d’admission à leur cycle Ph.D. proviennent d’un même pays et d’un même établissement : la « Sharif University of Science and Technology » en Iran. Sharif dispense, selon de nombreux spécialistes, l’un des meilleurs programmes « undergraduate » (niveau licence) du monde en electronical engineering en compétition avec le MIT, Caltech, Stanford, Tsinghua et Cambridge.
Quelles sont les raisons d’un tel succès ? Les parents privilégient les formations d’ingénieurs et la médecine aux autres disciplines, telles que le droit par exemple. Le taux de ses publications scientifiques, le plus élevé du Moyen-Orient, a quadruplé
durant la dernière décennie mais reste largement en retrait par rapport au nombre de publications des scientifiques américains ou chinois. L’Iran est un des pionniers de la transplantation, il a aussi développé son propre riz génétiquement modifié et est en train de construire le télescope le plus puissant de la région. C’est aussi le 3ème pays à réussir l’implantation d’un télescope miniature dans l’oeil d’un patient pour améliorer ses troubles visuels causés par la dégénérescence maculaire liée à l’âge. L’Iran aspire à devenir le centre scientifique du monde musulman et investit réellement le domaine de la science mais les sanctions internationales viennent encore une fois limiter ses ambitions.
L’Iran met son avancé en technologie au profit de son armée : L´avion de combat, entièrement conçu et fabriqué par les ingénieurs iraniens, a effectué, en 2009, avec succès, son premier vol-test, en présence du ministre de la Défense et des hauts
responsables militaires, à Ispahan. Cet avion de combat baptisé « Azarakhsh » (la foudre) est le deuxième. Le premier du nom est baptisé « Saegheh » (l´éclair).
L’Iran testera son missile intercontinental d’ici 2015 et recrute des robots soldats (contrôlés à distance et armés de roquettes et mitrailleuse.

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VI. Évaluation du soft power du pays

 

Le soft power d’un État est ce qui lui permet de convertir un autre État à adopter son point de vue de manière non coercitive avec l’aide de son modèle culturel ou de son économie rayonnante. Autrement dit c’est la capacité d’un État à se rendre attractif aux yeux des autres. Toutefois et c’est souvent le cas, les éléments qui forment le soft power peuvent échapper au contrôle de l’État en émanant directement de sa population ou de sa société civile.

Reconnaissance médiatique et culturelle et vecteurs d’influence

 

L’Iran possède une reconnaissance culturelle très importante du fait de son histoire très riche et du rayonnement passé de l’Empire perse à travers le monde. C’est aussi le centre mondial de la religion musulmane chiite, de ce fait elle exerce une influence considérable sur les populations d’Irak et d’Azerbaïdjan mais aussi du Liban avec le Hezbollah. Ses positions politiques lui valent également une forte reconnaissance en Syrie et en Afghanistan. Les observateurs s’accordent à dire que l’Iran gagne du terrain dans la région. En matière de vecteur d’influence, on peut dire que le cinéma iranien est mondialement reconnu et beaucoup de films iraniens ont été nominés ou ont reçu des prix internationaux, bien que ces films soient souvent dissidents du régime. Malgré les interdictions du régime islamique, le cinéaste iranien Jafar Panahi, pourtant interdit de filmer, a sorti « Taxi Téhéran » le 15 avril 2015. Ce film est contre la dictature et en faveur de la liberté d’expression. Il s’est vu récompensé par l’Ours d’or à Berlin.
Aussi, certains membres issus de la diaspora iranienne sont célèbres pour leur réussite. C’est le cas de Pierre Myanmar, fondateur de Ebay et de Salar Kamangar, le CEO de youtube. En 2010 l’Iran a lancé sa chaine iFilm dans le monde arabe. Cette chaine présente sur le câble propose des films, reportages et documentaires à destination de 300 millions de téléspectateurs potentiels. En Janvier 2012 il a lancé Hispan TV à destination des pays hispanophones. Il est vrai cependant que l’Iran, en raison des manquements de son régime aux droits de l’homme, ne bénéficie pas d’une très bonne image auprès des occidentaux. Ces derniers sont plus au fait des « dérapages » gouvernementaux et moins éclairés sur sa culture, pourtant opulente.
Les séjours en Iran sont « déconseillés sauf raison impérative » par le ministère des Affaires étrangères français. Or depuis, l’élection du nouveau président Hassan Rohani, les relations diplomatiques entre l’Iran et l’Occident se sont réchauffées. Les Occidentaux prévoient donc de suspendre partiellement les sanctions internationales qui pèsent sur l’économie du pays, et on peut imaginer que le MAE pourrait lever sa recommandation visà- vis de la destination. Des tour-opérateurs, comme ‘’Clio’’ n’ont jamais arrêtés leur tour en Iran, et ils notent une hausse de 35 à 40% des demandes depuis mai 2013.

Organisations Non Gouvernementales
Les ONG internationales ont mauvaise presse en Iran et sont vues en général comme un outil d’ingérence au service des étrangers. Les ONG iraniennes se sont considérablement développées dans les années 2000 et on estime leur nombre entre 3000 et 8000 mais le gouvernement n’en a autorisé que 88. Ces ONG sont donc discrètes et agissent surtout dans l’humanitaire et dans les domaines où il est délicat d’agir pour une République islamique comme celui du SIDA par exemple. On ne peut pas dire que les ONG iraniennes brillent sur la scène internationale et celles qui sont actives à l’extérieur sont ironiquement appelées par les iraniens des « ONG gouvernementales » à cause de la main mise du gouvernement sur ces dernières.

VI. Conclusion

 

 

L’Iran est un pays potentiellement explosif aussi bien dans le sens positif du terme que dans le sens négatif. Il existe de réelles menaces à l’investissement mais d’un autre côté les bénéfices possibles sont énormes dans ce marché presque vierge de 80 millions d’habitants. Aussi les risques paraissent considérables de par leurs conséquences potentielles mais sont minimes de par leur probabilité d’éclore. Tout se joue dans l’issue des négociations actuelles sur le nucléaire iranien et sur les sanctions qui en découlent.
La version la plus probable est aussi celle qui est la plus bénéfique économiquement. L’analyse des risques conclut que les chances que l’Iran et que l’Occident s’entendent et permettent au pays de retrouver une vraie croissance économique sont plus élevées que le contraire. Le rapport risque/opportunité apparait favorable à l’investissement, il faut toutefois être vigilant. La levée possible des sanctions peut aussi ne pas être suffisante pour redresser le pays et poser un gros problème au gouvernement actuel. Mais au final il y a une réelle opportunité à saisir. Les hommes d’affaires qui y réussiront le plus seront sans doute les moins prudents d’aujourd’hui même si les dangers existent. Il convient aux investisseurs futurs de toujours se tenir informés de l’évolution de la situation.

FORCES FAIBLESSES – deuxième production pétrolière de l’OPEP
(3ème réserve mondiale), deuxième réserve de gaz- bonne défense (défensive) militaire pouvoir diplomatique et soft power important
– dette extérieure très faible
– faibles coûts de production- sanctions internationales- instabilité régionale- économie
trop centrée sur le pétrole
– pas de capacité militaire de projection
– présence de l’ État dans l’économie ( mais envoie d’amélioration)

OPPORTUNITÉSMENACES- sanctions définitivement levées => reprise de la croissance et ouverture sur le monde du marché iranien de 79 millions d’habitants qui est très solvable- politiques économiques prises par le gouvernement actuel favorisant l’investissement étranger- partenariat irano-français très ancien
– situation géographique idéale pour s’attaquer aux marchés régionaux- allègement des sanctions réversibles ou éventuellement non suffisantes pour l’économie => instabilité politique interne- reprise du nucléaire militaire iranien => conflit international- guerre froide avec l’Arabie saoudite qui se réchauffe
– concurrence étrangère (américaine) sur le nouveau marché iranien potentiel
– séisme
– mauvaise image de la France pendant les négociations récentes

 

VII. Annexe

Fiche pratique pour ceux voulant voyager en Iran
Y aller :
Pour se rendre en Iran, il existe des vols directs entre Paris et Téhéran chez les compagnies Air France et Iran Air. Le voyage dure 5 heures. Attention, au mois de mars, mieux vaut réserver son billet à l’avance : de nombreux Iraniens expatriés rentrent en Iran pour le Nouvel an (21 mars).

Les formalités administratives :
Pour aller en Iran, il faut impérativement demander un visa touristique à l’ambassade de la République Islamique d’Iran, à Paris.

COMMENT SE COMPORTER ?
En Iran, veillez à respecter les lois islamiques : port du voile pour les femmes, pas de
bermuda pour les hommes. Interdiction de boire de l’alcool.

COMMENT SE DÉPLACER ?
Le réseau routier est dense et il existe en Iran de nombreuses compagnies de bus qui sillonnent le territoire. Les bus sont climatisés et confortables. Le train est aussi une option . Mais pour les grandes distances, mieux vaut prendre l’avion.
A Téhéran, il est préférable de se déplacer en taxi, pour éviter d’avoir à conduire soi-même dans la circulation chaotique.
NUMÉROS / ADRESSES UTILES ?
Ambassade d’Iran en France
Adr. : 4, avenue d’Iéna – 75116 Paris
Tél : 01.40.69.79.00
Fax : 01.40.70.01.57/01.47.23.89.48
Courriel : [email protected]

Ambassade Française en Iran
81 avenue Neauphle-le-Château – BP 113 – Téhéran 11365
Tél: [98] (21) 670 60 05 (à 08)
Fax: [98] (21) 670 65 44

IRAN Téhéran Section consulaire
81 avenue Neauphle-le-Château – BP 113 – Téhéran 11365
Tél: [98] (21) 670 60 03 (à 04)
Fax: [98] (21) 670 65 44

OFFICE DE TOURISME D’IRAN
c/o A.I.T.O
9, avenue de Friedland
75008 PARIS
Tél : 01 56 59 91 86
Fax : 01 45 61 16 20
Lexique important :
– Oui / non : Baleh/na
– Bonjour : Salam
– Au revoir : Khodafes
– S’il vous plaît : Lotfan
– Merci : Merci
– Je ne comprends pas : Ne mifahmam
– Combien coûte ? : In tche qadr hast?

VIII. Références

Bibliographie
-ADELKHAH Fariba, Les paradoxes de l’Iran : idées reçues sur la République islamique, le Cavalier bleu, Paris, 2013, 240p.

-BONIFACE Pascal (dir.), L’année stratégique 2016, Armand Colin, Paris 2015, 368p.
-BOZARSLAN Hamit, Sociologie politique du Moyen-Orient, La Découverte, Paris, 2011, 126p.

-COVILLE Thierry, Iran la révolution invisible, La Découverte, Paris, 2007, 280p.
-GHANNAD Hervé, Identité et politique extérieure de l’Iran, Studyrama, Paris, 2013, 365p.
-HOURCADE Bernard, Géopolitique de l’Iran, Armand Colin, Paris, 2010, 296p.
Sitographie :
-Ensemble de données chiffrées sur l’Iran: https://www.cia.gov/library/publications/theworld- factbook/geos/ir.html
-Sur l’IDH : http://hdrstats.undp.org/fr/pays/profils/IRN.html
-Sur l’inflation : http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201311/11/01-4709552- iran-le- fmi-pointe-linflation-elevee.php
-Sur le soutien à Rohani : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/10/02/97001-
20131002FILWWW00288-rohani-soutenu-par-le-parlement-iranien.php
http://www.dhnet.be/dernieres-depeches/belga/le-president-rohani-juge-populaire-parpres- de-60-des-iraniens-52a897143570105ef7d1cf64
-Sur la rivalité Iran-Arabie saoudite : http://www.anneguion.ouvaton.org/spip.php?article90
-Sur le Sistan-Balouchistan : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/attentatau-sistan-balouchistan-un-65882
-Sur les intérêts français en Iran – interview de Behzad Azarsa : http://www.lemonde.fr/
proche- or ient /ar t icle/2013/11/06/ la- f rance-a- la- reconquete-du-marcheiranien_3509011_3218.html
http://www.comiteafi.net/index.php?option=com_content&task=view&id=438&Itemid=9 7
http://www.futura-sciences.com/magazines/terre/infos/actu/d/terre-triste-realite-risquesismique- iran-1416/
-Sur les conditions sanitaires : http://www.cimed.org/index.php/cimed_fr/layout/set/popup/Les-fiches-sante/Liste-des- pays/Moyen-Orient/Iran/Teheran
-Sur l’Iran et le mouvement des nonalignés : http://www.lemonde.fr/international/article/2012/08/27/l-iran-tente-dinstrumentaliser-les-non-alignes_1751671_3210.html
-Sur les technologies et innovations : http : / / fr.wikipedia.org /wiki/Science_et_technologie_en_Iran Sur l’influence de l’Iran dans sa région : http://french.irib.ir/info/international/item/275404- l%E2%80%99influence-iranienne-granditdans- la-r%C3%A9gion,-celle-des-usa-se-r%C3%A9duit
-Sur les ONG : http://www.grotius.fr/ong-medias-et-societe-civile-en-iran/
Catégorie : Iran , Proche et Moyen-Orient , Risques, menaces & Opportunités Mots-clés : golfe persique, Iran, Moyen-Orient, -Opportunité, risque pays
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Fiche Pays – Tibet /geopolitique/fiche-pays-tibet/ /geopolitique/fiche-pays-tibet/#respond Mon, 15 Jun 2015 15:00:02 +0000 /?p=11425 SOMMAIRE :

I. DONNEES DU PAYS :
A. Données générales
B. Données géographiques
C. Données démographiques
II. EVALUATION DU RISQUE POLITIQUE :
A. Conflits internes
B. Conflits externe
III. EVALUATION DES RISQUES ECONOMIQUES ET FINANCIERS :
A. Données économiques et financières
B. Données relatives a toute la Chine
C. Les chiffres du commerce international Chinois
IV. EVALUATION DES RISQUES GEOGRAPHIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX :
A. Les risques sanitaires et épidémiques
B. Les risques environnementaux
V. EVALUATION DU SOFT POWER
A. Reconnaissance médiatique et culturelle
B. Vecteur d’influence
C. Événement futur
VI. EVALUATION DU HARD POWER
A. Pouvoir militaire réel
B. Poids du pays dans les institutions internationales et technologies et innovations

I Données du pays

 

 

A Données générales

 

 

Nom officiel : Région autonome du Tibet
Nature du régime : République communiste (République populaire de Chine)
Chef de l’État : Xi Jinping
Premier ministre : Lobsang Sangay (depuis le 15 août 2011)
Prochaine élection : 2016

B Données géographiques

 

 

Superficie : 1,2 million de km², soit 1/8e de la superficie de la Chine (Tibet administrative)
Capitale : Lhassa
Villes principales : Gyantsé , Chamdo , Lhoka
Langue(s) courante(s) : tibétain, mandarin
Monnaie : yen
PIB : 7600 ( en million )
Fête nationale : 10 mars

C Données démographiques

Population : 2 700 000 habitants
Densité : 2,4 hab./km2
Décalage horaire : +6h
Frontières : Pakistan , Inde , Nepal
Croissance démographique : 13,4%
Espérance de vie : 65 ans
Taux d’alphabétisation : femmes 13% et hommes 38%
Religions : bouddhisme, ou lamaïsme
Indice de développement humain : 0,63

Le Tibet est une région de plateau située au nord de l’Himalaya, sa superficie est de 2,5 millions de km2 (Tibet historique) , elle se situe à 4300 mètres d’altitude, plus grand plateau du monde il est surnommé « le toit du monde » et est bordé de trois chaînes de montagnes les monts Kunlun, la chaîne de l’Himalaya et le Karakoram constituant ainsi ses frontières naturelles.
Le Tibet est un pays dont le gouvernement est en exil à Dharamsala (en Inde), également appelé l’Administration Centrale tibétaine, il est démocratique. Le Tibet est alors reconnu officiellement par la Chine en tant que région autonome et le gouvernement intérieur actuel est communiste dont la capitale est Lhassa.

Les langues sont le tibétain et le mandarin (langue officielle), or le tibétain est une langue menacée par la politique linguistique imposée par la Chine. Les groupes ethniques sont très nombreux, avec 2 716 388 de personnes (2,4 hab./km2), les Tibétains forment officiellement presque 90,5% de la population de la Région Autonome du Tibet. Les Hans constituent officiellement également environ 8% des 3 002 165 résidents permanents de la Région autonome, puis on trouve également des ethnies minoritaires : Monba (0,3%), Hui (0,3%), Deng, Sherpa et autres (0,2%).

Démographiquement, ces dix dernières années, la population de la Région autonome a augmenté en moyenne de 38 000 personnes par an. Son niveau de santé s’élève aussi très rapidement.
L’espérance moyenne de vie est passée de 36 ans avant la libération pacifique du Tibet à 65 ans aujourd’hui. La monnaie du Tibet est le yen (par son rapprochement à la Chine). L’IDH n’est cependant pas communiqué officiellement, l’United Nations Development Program l’estimait à 0,63 en 2000.

Signification :
L’origine du drapeau national tibétain remonte au 7ème siècle, durant le règne du grand empereur Songtsen Gampo. A cette époque le Tibet, l’un des plus puissants empires en Asie centrale, disposait d’une armée de presque 3 millions de soldats et était divisé en districts de tailles inégales, chacun d’entre eux militairement protégé aux frontières. Afin de marquer leur appartenance à un district particulier, les régiments en place arboraient des drapeaux quelque peu différents les uns des
autres. Mais sur tous, l’on pouvait déjà y trouver certains des symboles, comme le lion des neiges, qui allaient figurer bien des siècles plus tard sur le drapeau tibétain tel qu’on le connaît de nos jours.

 

II Evaluation du risque politique

 

 

Indépendant, durant la période 1911-1949, et principal enjeu russe, anglais et chinois au 19e siècle, le Tibet a souvent été une prétention. Or Mao Zedong proclame le 1er octobre 1949 la fondation de la République populaire de Chine et envahit le Tibet l’année suivante. Ses raisons sont que le Tibet a toujours fait partie intégrante de la Chine et qu’il doit libérer le Tibet dont les modes de vie et l’économie sont « sous-développés » et selon ces chinois « libérateurs », le féodalisme tibétain était une entrave au progrès. Pour autant d’autres raisons peuvent être avancées quant à cette invasion, économiquement : le Tibet est une des plus grandes réserves minérales d’Asie, on y trouve en grandes quantités du chrome, du borax, du plomb, du zinc, du charbon, du lithium, de l’uranium, de l’or, de l’argent… de même c’est une région très boisée (222 000 km2 en 1949) ; militairement : jusqu’en 1949, le Tibet était un état-tampon entre la Chine et l’Inde, aujourd’hui il abrite trois cent mille soldats et un quart des missiles nucléaires chinois et la Chine procède à des essais nucléaires à Lop Nor, située au nord de la Région Autonome du Tibet.
Le 23 Mai 1951, les délégués du gouvernement tibétain signent sous la menace, à Pékin, « l’Accord en 17 points » sur la libération pacifique du Tibet, un accord stipulant l’intégration du Tibet à la Chine.
Extrait de « l’Accord en 17 points » :
POINT 1 : Le peuple tibétain s’unira pour chasser hors du Tibet les forces d’agression
impérialistes : le Tibet reviendra à la grande famille de la Patrie, la République populaire de Chine.
POINT 4 : Les autorités centrales ne modifieront pas l’actuel système politique du Tibet. De même, les autorités centrales ne modifieront pas le statut établi, les fonctions et les pouvoirs du dalaï lama.

Les fonctionnaires des différents grades rempliront leur charge comme à l’accoutumée.
Le dalaï-lama signe ensuite en 1954 un accord officialisant l’intégration du Tibet en Chine. Dès 1956, les premières révoltent tibétaines apparaissent. Puis en 1959, une rumeur d’arrestation du dalaï-lama débouche sur la fuite du chef spirituel en Inde à Dharamsala, où il réside encore actuellement. Le 10 mars 1959, hommes et femmes descendent par dizaines de milliers dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. Un peu plus de trois jours après, l’Armée Populaire de Libération vient à bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de résistance qui se répandait dans tout le Tibet. Selon une estimation chinoise, près de 87000 Tibétains furent massacrés dans le seul Tibet central. Le contrôle de Pékin devient alors bien plus étroit sur la région à travers une autorité directe, des réformes radicales ou encore l’installation encouragée de nombreux chinois au Tibet. En 1965, le Tibet est officiellement déclarée Région autonome au sein de la République populaire de Chine.

De 1966 à 1976, la Révolution culturelle chinoise va fortement impacter le Tibet, de nombreux monastères vont être détruits et une sinisation du Tibet a lieu. Avec l’arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir en 1976, la Chine s’ouvre économiquement. Plus pragmatique, le nouveau dirigeant va tenter de rétablir une situation sociale et économique très difficile au Tibet. Après une visite exceptionnelle du secrétaire général du Parti communiste chinois au Tibet, six mesures sont adoptées dans le but de rendre plus réelle l’autonomie de la région. Parmi les décisions prises : la création d’une Assemblée populaire régionale à majorité tibétaine, une aide économique plus importante, une exemption d’impôts ou encore le rétablissement de « la culture, l’éducation, la science du Tibet ». Mais ces réformes ne suffisent pas à apaiser les tensions sino-tibétaines et de nombreuses manifestations ont lieu de 1980 à 1990 dont les émeutes de Lhassa en 1989 où une vingtaine de manifestants est tuée.

A. Conflits internes

 

Les conflits internes sont très présents au Tibet, ils sont dus pour la plupart aux différends entre le gouvernement chinois et le gouvernement en exil du Tibet [expliqués dans la partie 2.1]. De 2009 à 2013, plus d’une centaine de tibétains se sont immolés par le feu, le rythme s’accélère depuis 2011.
Que ce soit sous la forme extrême des immolations ou de manière moins violente à travers des chansons et des livres, de nombreux tibétains expriment leur désaccord avec la domination des Han et s’inquiètent des menaces envers leur langue ou leur religion. Les tibétains s’étaient soulevés en 2008 peu avant les Jeux Olympiques, sous formes de manifestations pacifiques à Lhassa, sous formes plus violentes dans les villages alentours. La répression fut implacable.

Émeutes de Luhuo et de Serta (Sichuan) en 2012 :
Alors que plusieurs Tibétains se sont immolés au Tibet depuis mars 2011, la police chinoise a ouvert le feu en janvier 2012 lors de manifestations en faveur de l’indépendance dans la préfecture autonome tibétaine de Garzê faisant au moins trois morts.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, le 23 janvier 2012, des dizaines de casseurs, dont quelques moines, prirent d’assaut et détruisirent des magasins et un commissariat de police dans le district de Luhuo de la préfecture autonome tibétaine de Garzê du Sichuan. Le groupe, dont certains étaient armés de couteaux, jeta des pierres sur des policiers et détruisit deux véhicules de police et deux ambulances. Un membre du groupe fut tué et quatre autres blessés dans l’affrontement, cinq policiers furent blessés. Le 24 janvier, des émeutes encore plus violentes secouèrent Serta, un autre comté de la région. Des émeutiers jetèrent des pierres et des cocktails molotov et firent feu, blessant 14 agents de la force publique avant d’être dispersés. Un émeutier fut tué et 13 autres arrêtés. À Serta, comme à Luhuo, dans le but d’intimider les habitants qui observent les traditions Han, des émeutiers s’en prirent aux maisons qui arboraient décorations et lanternes de la fête du Printemps.
Ainsi, les principales pressions ethniques opposent Han et tibétains. Les Han qui affluent de plus en plus au Tibet grâce au développement des transports.

 

B. Conflits externes

 

 

A la périphérie du Tibet se situe la Région autonome ouïgoure du Xinjiang et la province du Qinghai au nord, le Sichuan à l’est, le Yunnan au sud-est. Au sud et à l’ouest, 3 842 km de frontière séparent, d’ouest en est, le Tibet du Népal, du Bhoutan, de l’Inde et du Myanmar.
Le principal contentieux concerne les frontières entre la Chine et l’Inde, dont trois zones :
Le conflit sino-indien remonte aux années 50, et plus particulièrement en 1962, lorsque Mao Zedong déclenche une guerre pour le contrôle des territoires himalayens qui causa la perte de 3000 indiens et 900 chinois. La zone de contact entre l’Inde et la Chine se situe au niveau de l’Himalaya (Hindu Kush, Karakoram, Pamir), immense système montagneux qui marque la rupture entre le sous-continent indien et le plateau tibétain. Pour autant les trois secteurs de la frontière sinoindienne
sont sujets à contentieux :
Le secteur central est le moins conflictuel, Chine et Inde défendent certains cols pour des avantages locaux en termes tactiques.

En revanche, dans le secteur occidental, l’Inde revendique la souveraineté du plateau d’Aksaï Chin (38000 km2) occupé par la Chine. Et dans le secteur oriental la Chine conteste la souveraineté indienne sur l’Arunachal Pradesh (83000 km2) qu’elle considère comme le Sud-Tibet. Pour autant, Arunachal Pradesh n’a pas forcément d’importance pour la Chine qui est difficile à administrer et est surtout un élément de négociation avec l’Inde pour obtenir le contrôle de l’Aksaï Chin. En effet ce dernier a une importance stratégique majeure pour la Chine car la route qui le travers a été construite dans les années 50 pour contrôler les provinces de l’Ouest, Xinjiang et le Tibet, le terrain étant plus accessible que par le Sichuan. De 1962 jusqu’en 1980, les tensions sont vives mais un accord de normalisation a apaisé ces troubles. Pour autant, l’amitié sino-pakistanaise ne conforte pas les relations sino-indiennes puisque l’Inde est en conflit depuis plusieurs années avec le Pakistan.

Ensuite le principal conflit externe du Tibet concerne une nouvelle fois l’opposition entre la Chine et le gouvernement en exil qui connaît du soutien dans le monde entier. En 1950, l’ONU a reconnu que la Chine a violé ses accords internationaux et commis un génocide. En 1989, le dalaï-lama reçoit le prix Nobel. Aujourd’hui, les puissances occidentales mettent en garde la Chine contre son comportement au Tibet, tout en la ménageant. Des exemples qui dévoilent un réel soutien au peuple
tibétain, tout comme le 21 février 2014 lorsque le Président des Etats-Unis Barack Obama reçoit le dalaï-lama à la Maison Blanche, ce qui déclencha une vive réaction de la part du gouvernement chinois.

Un dialogue entre le gouvernement tibétain en exil et le gouvernement de la République populaire de Chine a débuté en 2002 sur la base de pressions politiques d’instances indépendantes au conflit sino-tibétain sous la forme de courtes rencontres entre les émissaires du dalaï-lama Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen et les émissaires de Pékin. Elles firent suite à une rupture de pourparlers en 1993. Bhuchung K. Tsering, également impliqué dans ce processus de dialogue, a accompagné les émissaires dans toutes les rondes de discussions qu’ils ont eues avec la direction chinoise depuis 2002.

En 2008, après 8 rencontres, cette série a connu 15 mois d’interruption2,3 avant la 9e rencontre le 26 janvier 20104.
Le dialogue tib��to-chinois est au point mort depuis janvier 20105.
Le 4 juin 2012, Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen ont démissionné en tant que représentants du dalaïlama dans les discussions avec le gouvernement chinois, invoquant leur « frustration » liée à l’absence de réponse positive des autorités chinoises et à la façon dont la Chine gère la région où se produisent les immolations de Tibétains.

III Evaluation des risques économiques et financiers

 

A. Données économiques et financières

 

 

En 2013, l’économie de la région a enregistré une croissance de 12,1%. Le Tibet a atteint un PIB de 80,767 milliards de yuans (13,19 milliards de dollars) soit près du double de celui de 2009 et le taux de croissance du PIB est ainsi de 4,4 points de pourcentage supérieur à la moyenne nationale. Le revenu net par habitant chez les agriculteurs et les éleveurs (80% de la population) s’est élevé à 6.578 yuans en 2013, soit une hausse de 15% en glissement annuel, tandis que le revenu disponible
par habitant chez les résidents urbains a augmenté de 11,1% sur un an pour atteindre 20.023 yuans.
En 2015, le PIB du Tibet devrait être de 15,11 milliards de dollars (92,5 milliard de yuans), toujours sur la lancée d’une croissance à deux chiffres depuis 20 ans. En 2014, chez les agriculteurs et les bergers le revenu net par habitant est de 7.471 yuans une hausse de 14 % en une année. Chez les urbains le revenu disponible à également augmenté de 8 % en atteignant 22.026 yuans. Le Tibet reste un pays relativement pauvre, cependant avec l’objectif réussi de croissance à deux chiffres ces 20 dernières années le taux d’urbanisation augmente progressivement avec pour 2015 une prévision de 23.72 %. Le Tibet grâce à la croissance, réussi à sortir 327 000 paysans de la pauvreté, étant la région qui concentre le plus de gens pauvres. Le taux d’inflation devrait atteindre 2.5 %.

B. Données relatives à toute la Chine

 

tibet 1

tibet 2

En 2015, les secteurs ont atteint 9.4 milliards pour le primaire, 3,6 milliards pour le secondaire, 49,5 milliards pour le tertiaire, avec respectivement des augmentations de 4%, 13,5% et 12,6%.

 

C. Les chiffres du commerce international Chinois

 

 

tibet 3

110 milliards de yuans devraient être atteint pour les investissements en capital fixe, une augmentation de 19,8%. Quant aux taxes elle devraient atteindre 17,2 milliards de yuans, le budget public lui devraient atteindre 12 milliards de yuans.
Ce sont les indicateurs économiques les plus élevés du pays. Les 130 milliards de dollars devraient être dépassés par l’ensemble de la société d’investissement en actifs fixés au Tibet, une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.

 

IV Evaluation des risques géographiques et environnementaux

 

 

A. Les risques sanitaires et épidémiques

 

 

Pour se rendre au Tibet, aucun vaccin n’est obligatoire, cependant il est conseillé de se faire vacciner contre l’hépatite A, la rage car il y de nombreux chiens errants, l’hépatite B et la typhoïde.
La tuberculose est un problème de santé majeur, pour éviter d’être contaminée, il faut garder des contacts protégés.
Concernant l’hygiène alimentaire, il est fortement recommandé de cuire ses aliments et de vérifier leurs origines, de ne pas consommer de viande de porc crue ou insuffisamment cuite par crainte d’attraper la Trichinose ; L’eau n’est pas potable. diarrhée du voyageur fréquente donc désinfecter les eaux et privilégier les eaux en bouteilles.

Le mal des montagnes est un risque à ne pas prendre à la légère. Il peut survenir à une altitude de plus de 3 000 m. En cas de maux de tête, d’insomnie ou de légers étourdissements, l’aspirine et le repos suffisent en général. En cas d’aggravation (saignements de nez, vomissements…) il est impératif de descendre immédiatement.

On remarque une amélioration des conditions sanitaires ces dernières années : le risque épidémique est relativement faible (en mars 2007, des poulets infectés par H5N1ont été découverts sur les marchés de LXA) ; on note aussi quelques cas de peste en particulier dans la région de Zhonga (frontière Népal).

 

B. Les risques environnementaux

 

 

Le Tibet est une région qui connait une activité sismique importante, les Tibétains ont pour dernier « grand » souvenir, le terrible séisme du Sichuan en 2008 qui fera plus de 80 000 victimes, des milliers de disparus et également des infrastructures détruites. La région Tibétaine du Kham a connu aussi un tremblement de terre le 14 avril 2010 qui causera la mort de 2000 personnes, 195 disparus, plus de 12 000 blessés et près de 100 000 sans-abris. Cette région a subi plus d’une cinquantaine de secousses d’une magnitude supérieure à 5,0 depuis 2001, et plus de 1 200 répliques sismiques ont été enregistrées en une semaine, depuis le premier choc. Il faut noter que le Tibet connait du retard par rapport à d’autres régions en termes de surveillance et de prévention des catastrophes, et de secours aux sinistrés. La région appelle donc le gouvernement central à lui accorder un plus grand soutien financier en matière de prévention des catastrophes, de secours aux sinistrés et de formation
du personnel.

Plus de 280 000 personnes dans la région autonome du Tibet (sud-ouest) sont menacées par des risques géologiques, selon Ngawang, directeur du département régional du Territoire et des Ressources du Tibet.
Une étude géologique a déterminé 8 930 zones au Tibet sujettes aux catastrophes géologiques, principalement sous forme d’effondrement et de glissement de terrain

On peut essayer d’expliquer ces nombreux phénomènes sismiques au Tibet par la collision entre la plaque indienne et eurasienne, qui sont à l’origine des ensembles structuraux majeurs de la croûte terrestre où se rencontrent les plus forts séismes continentaux, les plus hauts reliefs de la planète, les fleuves les plus actifs, des paysages contrastés par la diversité des reliefs et des climats. La chaîne
Himalayenne, le Haut-Plateau du Tibet et les chaînes montagneuses qui ceinturent ces deux plaques représentent de part leurs altitudes une des très importantes anomalies topographiques du globe, et sont exceptionnels sur le plan géologique.

V Evaluation du soft power

 

 

A. Reconnaissance médiatique et culturelle

 

 

Par son histoire, le Tibet a fait beaucoup parlé sur la scène internationale et continue à le faire aujourd’hui. Les nombreuses manifestations au Tibet contre le pouvoir Chinois pour leur indépendance, comme la première manifestation antichinoise à Lhassa en 1987, puis des manifestations en 1988 après le nouvel an, furent des évènements très peu relayé par la presse internationale, à cause du gouvernement chinois qui interdit tous les journalistes étrangers à se rendre au Tibet, ce qui rend extrêmement difficile de relayer l’information. En effet, depuis quelques années et particulièrement aujourd’hui, la Chine surveille et renforce sa sécurité concernant tous les moyens de communications, en insistant sur les téléphones portables et
Internet, sous prétexte de “garantir l’intérêt général et la sécurité nationale” et surtout pour ne pas informer l’opinion publique internationale. Par exemple, les autorités chinoises, empêchent toute couverture médiatique sur les différents mouvements de protestation dans les provinces du Sichuan et du Qinghai, ainsi que dans la région autonome du Tibet. Le gouvernement communiste chinois a également décidé d’emprisonner quelques écrivains et journalistes tibétains, comme par exemple
Gagkye Drubpa Kyab, journaliste et professeur qui est maintenant en détention pour des raisons de « sécurité » ; ou encore Kalsang Tsultrim qui a été condamné à 4 ans de prison pour avoir demandé à la communauté internationale d’agir.

Les chefs politiques chinois en arrivent même à faire de plus en plus de la censure sur internet sur les principaux sites Tibétains en supprimant des informations, des articles ou tout simplement en coupant internet de certaines régions, ce fut le cas par exemple du Xinjiang qui a été coupé du monde pendant plusieurs mois suite aux émeutes interethniques du 5 juillet 2009 à Urumqi, la capitale provinciale. Suite à ces évènements et à plus de 60 immolations par le feu de la part de tibétains réclamant plus de liberté, la responsable de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pilllay, a
interpellé la Chine en 2012 concernant la répression qu’il menait contre les manifestants tibétains.
Malgré des efforts de certains Tibétains et à cause du gouvernement chinois, la reconnaissance médiatique du Tibet est très difficile ; la stratégie des autorités chinoises étant d’isoler certaines régions pour pouvoir les réprimer dans le silence absolu sans que personne ne le sache.

La reconnaissance culturelle du Tibet est-elle, en revanche, plus largement développée dans le monde entier à travers principalement la religion Bouddhiste, avec pour chef spirituel le dalaï-lama.
D’ailleurs en 1989, le prix Nobel de la paix est décerné à Tenzin Gyasto, XIVe Dalaï-lama, ce qui montre déjà une marque de l’esprit tibétain à l’échelle mondiale. Le bouddhisme Tibétain est d’ailleurs représenté par les arts Regong, arts ayant pour sujet le bouddhisme Tibétain, sous différentes formes : la peinture, la sculpture, l’architecture et la broderie. En 2009, les arts Regong ont été inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

 

B. Organisations non gouvernementales

 

 

Il existe aussi de nombreuses organisations, associations pour un Tibet libre et pour aider les populations locales à vivre dans de bonnes conditions, il est donc possible de faire des dons à ces populations sur différents sites, des associations culturelles, humanitaires ou qui défendent la cause tibétaine. Ces ONG se trouvent dans le monde entier et montrent l’influence de la question sinotibétaine.

Notamment « Confluences tibétaines » , « Tibet-Village-Projet » , « Aide et Espoir pour le Monde Tibétain » , « Graines d’Avenir » , « SolHimal – Aide au Tibet et aux Peuples de l’Himalaya » , « Comité de Soutien au Peuple Tibétain » etc…

 

C. Évènements international

 

 

Le 1er juillet 2006, Hu Jintao inaugure le premier train pour Lhassa à la gare de Golmud, dans la préfecture autonome mongole et tibétaine de Haixi de la province du Qinghai. Cette nouvelle ligne ferroviaire relie désormais le Tibet au reste de la Chine, mettant Pékin à deux jours de train259.
Grâce à elle, 4 561 km sont franchis pour environ 80 Euros. Elle devrait, à ce que dit le gouvernement chinois, favoriser l’intégration économique, le développement économique et touristique de la région autonome du Tibet.

De plus, la divulgation d’une lettre officielle chinoise mettant en garde contre l’évolution négative des relations avec les pays ayant rencontré des députés tibétains en 2012

La lettre a également exhorté le Président Hu à “stopper les politiques et programmes visant à détruire l’identité du peuple tibétain” tout en appelant à la reprise du “dialogue avec les Tibétains, avec l’engagement et la conviction de trouver une solution durable à la question du Tibet”.
“Nous exprimons ces sentiments avec l’espoir dans nos coeurs que le sens positif l’emportera auprès de vous et de vos collègues et répondra immédiatement aux préoccupations légitimes, faute de quoi vous et votre gouvernement serez tenus pour seuls responsables des conséquences néfastes si les questions ne sont pas abordées humainement.”

Cependant, la démonstration de puissance de la Chine a été largement ignorée puisque des ambassadeurs et des représentants des missions diplomatiques se sont entretenus avec la délégation parlementaire tibétaine.
Les Ambassadeurs de la République tchèque, de Slovaquie, de Suisse, de Suède et du Danemark ont personnellement rencontré les députés du Tibet, tandis que les administrateurs généraux et responsables politiques des ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, d’Allemagne, de France, de Taiwan, et de l’Union européenne, entre autres, ont reçu la délégation tibétaine.

VI. Evaluation du hard power

A. Pouvoir militaire réel

 

 

Le Tibet est une région autonome de la Chine, par conséquent elle n’a pas d’armée. En 1950, Mao Zedong décide d’envahir le Tibet pour « libérer » le pays de l’impérialisme des pays occidentaux ;
le 7 octobre 1950, 40 000 soldats de l’armée de libération Chinoise pénètrent au Tibet. Il faut savoir à ce moment-là que l’armée tibétaine, mise en place par le XIIIe dalaï-lama, ne dispose pour les arrêter, que d’une armée hétéroclite de 8 500 hommes et d’un arsenal sommaire. Malgré des résistances vives de la part de tibétains, en particulier des guerriers Khampas qui se battent farouchement à cheval et au sabre, la lutte est trop inégale et l’armée tibétaine est repoussée. Il
semble important aussi de rappeler que le Tibet lors de l’invasion chinoise, de par son influence très forte du bouddhisme (religion prônant la non-violence et la paix comme valeurs essentielles) dans la politique, s’était assez mal préparé à la défense de son territoire, et également le pays était resté volontairement dans l’isolement le plus total, et donc n’avait pas pu tissé de liens et de relations diplomatiques avec des puissances étrangères qui aurait pu aider à sa défense. « L’accord en 17
points » [Partie 2.1] scellent définitivement le destin du Tibet au niveau militaire, comme on peut le voir avec le 8eme point de cet accord :

POINT 8 : « Les troupes tibétaines seront réorganisées par étapes au sein de l’Armée populaire de Libération et formeront une partie des forces de défense nationale de la République populaire de la Chine.»

La situation n’ayant pas évolué, le pouvoir militaire réel du Tibet aujourd’hui est inexistant, le Tibet est une région de la Chine donc le pays est entièrement représenté par la Chine. Le poids du pays dans les institutions internationales est donc inexistant.

tibet 4

Cartographies représentant le Tibet avant et après 1950 lors de l’invasion Chinoise: On remarque une perte importante de territoire pour le Tibet

 

B. Poids du pays dans les institutions internationales et technologies et innovations

 

 

Le poids du pays dans les institutions internationales est quasi-inexistant car le Tibet n’est pas reconnu officiellement comme un pays à part entière mais comme partie intégrante de la Chine. Le Gouvernement en exil du Tibet a lui une influence morale et politique indirecte sur le Tibet mais n’ayant pas le poids ni le titre officiel pour pouvoir faire bouger les instances internationales. Les technologies et innovations sont aussi inexistantes, le Tibet est en plein développement et les technologies et innovations qu’il bénéficie proviennent du pays dans lequel il est intégré : la République Populaire de Chine.

La Chine qui « contrôle » le Tibet utilise en grande partie le soft power pour conserver ces relations avec les autres pays, en acquérir de nouvelles, et gagner de l’influence sur la scène internationale.

L’URANIUM DU TIBET : UN ENJEU POUR PÉKIN

Le Tibet abriterait la plus grosse réserve mondiale d’uranium (source : Le Monde daté du 27 mars 2008, p. 22). Peu de choses transpirent sur l’exploitation de ces mines, qui seraient au nombre de neuf sur le plateau tibétain (source : www.motherearth.org, une ONG belge), dont au moins une aux alentours de la ville de Nyingtri,

 

Conclusion

 

Le Tibet est une des zones les plus sensibles du monde, ancien Etat-tampon entre la Chine et l’Inde et partie intégrante de la République Populaire de Chine en tant que Région autonome du Tibet désormais, le Tibet anime toujours les débats internationaux. Le gouvernement en exil du Tibet, les manifestations, les nombreuses immolations par le feu de tibétains, sont la représentation d’un
trouble politique, culturel et religieux très important face à la Chine qui revendique pour sa part libérée le Tibet en développant cette région. Un développement incontestable au Tibet puisque la Chine a développé le réseau routier tibétain, a amélioré les moyens de communication, les conditions de vie des Tibétains, a reconstruit des villages tibétains. Le Tibet commence à acquérir sa propre économie qui progresse grâce au tourisme, puisque de nombreux chinois voyagent aujourd’hui au Tibet. Une économie en expansion continu garce aux différents projets prévus pour les années à venir comme le développement de l’exploitation des ressources miettes dans le courant 2015.

Mais toutes ces réformes économiques, ces améliorations, ces innovations sont en très fort décalage avec la culture tibétaine qui dispose de sa propre vision de l’économie à travers l’Economie Bouddhiste ayant ses propres principes et concepts.
La question qu’il faut se poser est plutôt pour qui profitent ces innovations, qui sembleraient plus tournées vers l’expansion chinoise que tibétaine.

La Communauté internationale ne prend pas vraiment position sur la question de l’indépendance du Tibet et ne s’oppose pas à la Chine. Les différents pays disposant d’un Bureau internationale approche le problème et entende plus profondément le cas tibétain. Mais c’est l’Inde en abritant le Gouvernement en exil du Tibet qui s’oppose le plus farouchement à la Chine, ce qui n’est pas étonnant entre ces deux belligérants de longues dates.

Le Tibet surnommé le « toit du monde » est une région sismique importante et rencontrant des problèmes environnementaux liés à la pollution. Les risques sanitaires ne sont pas importants tant que l’hygiène est conservée.
Le Hard Power est inexistant pour le Tibet depuis qu’il est intégré à la Chine. Et le Soft Power médiatique est très limité à cause de la censure chinoise. Mais la culture tibétaine vit dans le monde entier en partie grâce au bouddhisme.

SWOT du pays

tibet 5

 

Bibliographie

 

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Fiche Pays – Kirghizistan /geopolitique/fiche-pays-kirghizistan/ /geopolitique/fiche-pays-kirghizistan/#respond Wed, 10 Jun 2015 14:17:28 +0000 /?p=11409 1. Introduction

Informations générales

 

– Le Kirghizistan : nommé aussi Kirghizstan ou Kirghizie, est un pays d’Asie Centrale. Son nom officiel est : la République Kirghize.

– La capitale : Bichkek, située près de la frontière du Kazakhstan, se trouve être aussi la plus grande ville du pays avec 875000 habitants. Désormais multiethnique, elle fut fondé au XIXe siècle par les Russes et se nommait autrefois Frounzé (en hommage au dirigeant soviétique). La capital fut un lieu de tensions majeurs durant la révolution des tulipes et la révolution kirghize de 2010.

– Forme de l’Etat: République parlementaire composé d’un pouvoir exécutif bicéphale, formé du président, élu au suffrage universel pour 5 ans et du premier ministre nommé par ce dernier. L’assemblée législative est composée de 90 membres élus pour 5 ans.

– Président de la République : Almazbek Atambaiev (depuis décembre 2011).

– Premier Ministre : Djoomart Otorbaiev.

– La monnaie nationale : Le Som (1euros = 66 Soms).

– IDH : 0,628 (d’après les chiffres de 2013) avec un rang de 125eme sur 186 (classement ONU 2013) / Taux d’alphabétisation : 99% (données PNUD 2010)

Démographie

 

– Le Peuple Kirghize : (traditionnellement) d’origine nomade, est caractérisé par un attachement fort aux traditions telles que l’artisanat avec la fabrication et décoration de yourtes et l’équitation du à l’importance du cheval dans la culture kirghize. De même la notion de pastoralisme semi-nomade est encore présente dans les mentalités du pays. La conservation du mode de vie ancestral est donc ancrée la culture du pays.
On peut noter un certain enclavement culturel et médiatique du fait de son faible rayonnement traduisant un soft power qui marginalise le pays de la scène internationale.

– Peuples et ethnies : Il y a une diversité ethnique importante avec 60% de Kirghizes, 20% de Russes, 15% d’ouzbeks mais aussi avec la présence de Ouighours, de Tadjiks, de Tatars ou de Chinois. Cette diversité est liée à l’histoire et la position géographique du pays. Notons cependant que la présence des russes dans le pays s’affaiblit petit à petit laissant les kirghizes devenir l’ethnie la plus importante dans le pays.

– Le nombre d’habitants : 5, 64 millions habitants soit 28 hab. /km2 (estimation FMI de 2013) (ceux-ci sont nommés les kirghizes).

– Population majoritairement rurale (66%)

– L’espérance de vie : environ 68 ans (sources PNUD 2010)

– Croissance démographique : 1% (estimation FMI 2013)

Langues

– Langues officielles du pays : Le Kirghize (faisant partie du groupe des langues turques) est la langue d’Etat et fut instauré en septembre 1991 et vient en supplément au Russe (langue officielle) qui fut conservé après l’indépendance du pays en 1991. Le Kirghize est désormais majoritairement parlé (71% de la population) à l’inverse du Russe qui ne représente qu’une faible part (9%) même si celui-ci reste maitrisé (40%) de par le fait qu’il soit la langue des affaires et de la politique, ou autrement dit, de l’administration d’une manière générale. Le Kirghize continu cependant de prendre de l’importance au niveau des instances Politique (parlement). De même, L’Ouzbek est une langue courante du pays parlée par une faible partie de la population (minorité).

Religion

– La religion principale est l’Islam Sunnite (de l’école hanafite) ponctuée des influences chamanistes (précédant l’islamisation du pays) et du soufisme (missionnaires de l’islamisation) en rapport à une islamisation tardive du pays (XIIe siècle environ).

– Répartition religieuse : Il y a 75% de sunnites, 20% d’orthodoxes et quelques milliers de catholiques et protestants.

– La part non musulmane de la population est en constante baisse, passant de 32% en 1979 à 15% de nos jours.

– Islamisation : Malgré la volonté du pays d’être un état laïc sans influence religieuse dans sa conduite afin de garantir la liberté de culte, l’Islam a toutefois un rôle de plus en plus important de par son émancipation interférant face à cette volonté. En effet, de nombreux personnages publiques montrent leur soutient envers l’Islam. L’inquiétude atteignit une partie de la population lors du mouvement de création d’état islamique comme dans certains pays d’Asie centrale (Iran et Afghanistan) en lien avec la révolution iranienne et le fondamentalisme islamique en étant ressortie dans cette partie du monde.

 

Géographie et Topographie

 

– Superficie : Le Kirghizistan a une superficie de 199900 km2.

– Frontières : Pays d’Asie Centrale, entouré par la Chine (Est), le Kazakhstan (Nord), l’Ouzbékistan (Ouest) et le Tadjikistan (Sud). Le pays possède 3878 km de frontières : Chine (858km), le Kazakhstan (1051km), l’Ouzbékistan (1099km) et le Tadjikistan (870km). Le Kirghizistan possède des frontières naturelles grâce aux Montagnes (renforçant l’isolement géographique) comme le Kokshal-Tao séparant le pays de la Chine.

– Exclusion géographique : Le pays est dans une position d’enclavement géographique avec un non accès à la mer étant de fait un handicap majeur.

– Relief : Pays montagneux à 95%, situé en altitude et possédant de nombreux glaciers. Il est divisé en deux par zone montagneuse : Nord-Est et Sud-Ouest. Les villes sont principalement implantées dans les zones à faibles altitudes.

– Enjeux fluviaux : Le fleuve Amou-Daria est un objet de litiges entre le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, et aussi un désastre écologique majeur à cause du détournement massif qui lui a été fait pour l’agriculture durant la période soviétique. Il a été en partie asséché, pénalisant une partie de la mer d’Aral partagée entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. De même, l’un des principaux fleuves nourriciers de l’Asie centrale, nommé le Syr-Daria (partagé entre Tadjikistan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Kazakhstan) se voit attribué les mêmes problèmes que le fleuve Amou-Daria. Il n’alimente de nos jours qu’une infime partie de la mer d’Aral, uniquement au Kazakhstan.

2. Evaluation du risque politique

 

 

Influence Russe : L’influence russe au Kirghizistan commença au XIXe siècle lorsque le pays se trouva sous le contrôle de l’Empire Russe (1876) qui y exerça une répression entrainant par la suite de multiples révoltes ayant pour conséquences, l’exil d’une partie de la population vers les pays frontaliers comme la Chine. Après de multiples étapes « d’intégration soviétique », le pays devint en 1936, la république socialiste soviétique kirghize, promulgué comme membre de l’URSS.

Indépendance : L’instabilité de l’URSS à la fin des années 80, permit au Kirghizistan, peu de temps après, lors de la chute de l’URSS, l’accession à l’indépendance (31 aout 1991) grâce aux élections libres permettant l’élection de Askar Akaïev en tant que président en 1991. Dans un même temps, le nom officiel du pays (l’ancienne république de l’URSS ) devint, la République du Kirghizistan (dec.1991), la capital (Fronzé) fut renommée Bichkek (fev.1991) et le pays adhéra à la Communauté des états indépendants.

Révolution des tulipes : Après des troubles survenus au début des années 2000 au sein du pays, le pouvoir autoritaire exercé par Askar Akaïev ne pourra durer plus longtemps. En effet, les élections législatives de 2005 furent dénoncées comme frauduleuses (OSCE), engendrant des soulèvements pour la démission du gouvernement en place. A ce soulèvement, se rajouta l’insurrection du peuple face à la corruption et à la situation économique déplorable du pays. Ce mouvement d’opposition aboutira le 24 mars 2005, à la prise d’assaut de l’immeuble présidentielle à Bichkek, par 15000 manifestants en rapport à des rumeurs d’exil (en Biélorussie) du président Akaïev. Celui-ci s’exila finalement le pays avec sa famille au Kazakhstan et se rendit ensuite à Moscou. De ce coup d’état, s’en suit la mise en place d’un gouvernement intermédiaire (par les chefs de l’opposition) et la démission forcée de l’ancien président déchu par le Parlement Kirghize, le 11 avril 2005.

L’instabilité politique : Kourmanbek Bakiev prendra la position de président et premier ministre et remportera ensuite l’élection présidentielle du 10 juillet 2005 et le gouvernement sera finalement constitué en Septembre 2005.
En 2006, les anciens alliés et partisans du président déchu organisèrent une nouvelle opposition afin d’exiger la mise en place des reformes promises par le gouvernement aboutissant à une manifestions sur la place centrale de la capitale, accusant le président de népotisme et de corruption et réclamant divers changements. Un compromis aboutira de ce mouvement de protestations, visant à rendre les institutions du pays plus démocratiques.
Le 9 Novembre 2006, suite au mouvement d’opposition, la nouvelle constitution mise en place par le gouvernement, instaure une république présidentielle et parlementaire, mais celle-ci sera de nouveau modifiée (fin décembre 2006) du à la crise institutionnelle touchant le pays. Cette révision confèrera plus de pouvoirs au président.
A partir de 2007, apparaît une forte instabilité politique par la mise en place et la démission successive de nombreux personnages politiques. Malgré cela, le gouvernement de Bakiev perdure jusqu’en 2009 jusqu’à un « net virage présidentiable » (rapport au népotisme et à la corruption) menant par la suite à une dégradation du climat politique accentué par l’opposition politique, les ONG de défense des droits de l’homme et les protestations de l’Union Européenne suite à plusieurs meurtres de journalistes et opposants. Ce « net virage » peut être expliqué en partie à la tentative d’instauration d’un « système dynastique de transfert des pouvoirs » dans la Constitution.

Révolution Kirghize : Le 7 avril 2010 apparaît de nouveau une violente manifestation des opposants au régime de Bakiev (accusé de dérives autoritaires) dans Bichkek entrainant de nombreux morts et des centaines de blessés. Dans la même journée, le Parlement fut assiégés par des centaines d’opposants (situé près de la résidence présidentielle) ayant pour effets la déclaration d’état d’urgence, la mise en place d’un couvre-feu et l’arrestation des chefs de l’opposition. Ensuite, le premier ministre (Daniar Oussenov) donna sa démission et l’opposition forma son « propre gouvernement » dirigé par Roza Otounbaieva. Environ une semaine plus tard, Kourmambek Bakiev, déchu, partit en exil au Kazakhstan après avoir démissionné officiellement auprès du nouveau gouvernement.

Violences de Juin 2010 : Suite à la révolution d’avril 2010, apparut des situations de violences interethniques éclatantes dans le pays. Les affrontements, entre groupes kirghizes et groupes de population d’origine ouzbèke, engendrèrent l’état d’urgence, décrété par le gouvernement provisoire pour deux provinces en particulier (province d’Och et province de Jalal-Abad). Cette tentative de déstabilisation du nouveau pouvoir mis en place, par les pro-Bakiev (Sudiste) fut dénoncé par le gouvernement et engendra une situation de tensions armées sans précédents, impliquant militaires et civils et divisant le pays.

Division (fracture) nationale : Le Kirghizistan est depuis longtemps est proie à une situation de déstabilisation de l’unité nationale par l’opposition de la minorité ouzbèke (économiquement plus importante) face à la majorité kirghizes. Cela est du à « la prédominance d’un phénomène de solidarité ethnique sur le territoire » (le sud du pays constitue le second foyer principal de peuplement de la République). Cette situation dégénéra à deux reprises : en 1989 et en Juin 2010 par des affrontements violents. Les Ouzbeks désormais en situation de faiblesse et soumis à une pression politique Kirghize (sans compté le nationalisme et la neutralité du pouvoir ouzbek) se tournent auprès de l’Islamisme radical.

Une politique tangible : En 2010, le premier régime semi-parlementaire d’Asie centrale fut instauré au Kirghizistan et fut érigé en modèle démocratique de la région. Les élections législatives qui avaient été faite la même année furent caractérisées par un pluralisme important et un émiettement de l’électorat.
En 2012, des scandales de corruption éclatèrent au sein de la coalition gouvernementale et le retrait de la scène politique de certains partis politiques conduisit le premier ministre (Babanov) à la démission et entraina par la suite la création d’un nouveau gouvernement (6 septembre). Peu de temps après, 3 députés du parti nationaliste (Ata Jurt) tentèrent de réaliser un coup d’état à l’aide d’un millier de manifestants, réclamant la nationalisation de la mine de Kumtor. Cependant voués à l’échec, ils seront finalement jugés et déchus de leur mandat de députés. Les tensions sociales et politiques concernant de la mine de Kumtor s’amplifièrent début 2013 avec des manifestations régulièrement.

Un équilibre politique et social précaire: En 2014, l’assemblée législative kirghize avait accepté le gouvernement actuel dont l’objectif principal est de lutter contre l’insécurité et d’attirer les investissements étrangers. De nombreux acteurs politiques sont issus comme le premier ministre, d’une coalition politique fragile et faisant face à une instabilité sociale continue accentuée par la situation de division politique opposant le pouvoir central et le Sud. En effet, le gouvernement n’arrive pas à s’imposer au sud à cause de l’opposition nationaliste de la région et du fait qui se trouve être contrôlé par certaines élites politiques reliées à la criminalité organisée.
« Le gouvernement doit composer en permanence avec les différents partis politiques, dont certains visent son renversement, et ne parvient pas toujours à obtenir le soutien de sa propre majorité, comme l’illustre le débat autour de la mine de Kumtor. »

La menace Djihadiste : Les institutions religieuses du pays sont de moins en moins contrôlable, ayant comme répercutions la production de redoutables prêcheurs djihadistes. Ceux-ci séduisent de nombreux acteurs importants de la scène politique ou administrative. De nombreuses organisations recrutant de nouveaux éléments pour le djihad sont d’ailleurs actives dans le pays alors que celles-ci sont interdites dans le reste de la région, sous couvert d’un Islam non-Violent. S’infiltrant au sein des hautes instances du pays afin de promouvoir leurs revendications par la suite (perte de contrôle des institutions), ces organisations ont pour but de rallier le plus grands nombres de personnes en visant principalement les populations défavorisées (plus facile à séduire sous couvert d’un « Islam Pur ») et les étudiants (jeunesse défavorisée) pour finalement les envoyer au Djihad.
De même un phénomène de propagande d’un islam dit « pacifiste » se fait au sein des prisons, permis par l’infiltration de ses organisations, radicalisant les détenus (ceux-ci faisant face à des problèmes sociaux lourds et souffrant de la corruption, sont d’autant plus facilement séduit par les discours des imams). Ceci étant, la vulnérabilité du pays face au terrorisme grandissant, peut entrainer une déstabilisation de la région par les islamistes.
Pour palier à la situation, les services secrets du pays ont pris le contrôle des canaux de communication de ces organisations et des institutions empêchant une propagande islamiste permettant de nouvelles recrues, et les autorités continuent de renforcer le contrôle tout comme dans l’espace post-soviétique qui se trouve être dans le même cas d’invasion islamiste.
N.B: « Le Mouvement islamique du Turkestan oriental profite du départ d’Afghanistan des troupes occidentales, et appelle au djihad contre la Chine, qui oppresse les musulmans dans la région autonome ouïghour du Xinjiang. Un appel aux forces islamistes à combattre le gouvernement chinois puis à passer en Asie centrale via le Tadjikistan et le Kirghizistan a été fait. »

3. Evaluation des risques économiques et financiers

 

 

– PIB (2014) : 4,1 Mds USD (estimation du FMI pour 2015 : 4,9 Mds USD.)

– PIB par habitant : 1280 USD

– PNB 2008 :161e/231

– PNB/habitant 2007 :195e/231

– Parité du pouvoir d’achat : 2150$

– Taux de croissance : 5,7 % en 2011, -0,9% en 2012 (en raison de l’arrêt partiel de la mine de Kumtor), + 7,6% en 2013 (estimation provisoire).

– Taux d’inflation (moyenne annuelle en 2014) : 8,0 % (estimation FMI 2015 : 8,9%)

– Solde budgétaire/PIB (2014): – 4,4 % PIB (estimation FMI 2015 : -3,2%)

– Solde Courant/ PIB (2014) : -14,2% (estimation FMI 2015 : -14,8%)

– Solde commercial (2014) : -4000 M$

– Dette publique/PIB (2014) : 51 % (estimation FMI 2015 : 50%)

– Dette externe/PIB (2012) : 4 Mds USD

– Balance commerciale (2012) : -53 % du PIB (export 1894 M$, import 5374 M$, déficit 3480 M$)

– Principaux clients (2012) : Suisse (29 %), Kazakhstan (21,4 %), Russie (11,6 %)

– Principaux fournisseurs (2012) : Russie (33,2 %), Chine (22,5 %), Kazakhstan (9,7 %)

– Part des principaux secteurs d’activité dans le PIB (estimation 2012) : Agriculture : 20 % (50% de la population active) ; Industrie : 27 % (dont 10-12 % pour la mine d’or de Kumtor) ; Services : 53 %.

– Taux de pauvreté : 32 % (pays le plus pauvre de la CEI après le tadjik).

– Le climat des investissements : peu favorable

– La corruption : élevée (150e/177 selon Transparancy International).

Les ressources du pays : L’élevage et l’agriculture sont les principales ressources du pays.
Riche en eau, permettant les cultures des pays voisins, et de gaz (importantes réserves), le pays n’en dégage que peu de revenus. Les rivières kirghizes ont un important potentiel hydroélectrique faisant du pays un des principaux fournisseurs d’électricité des pays environnants. Le pays possède d’importante ressources aurifères : des gisements (de métaux précieux et produits minéraux) comme les pierres précieuses, l’or, les minéraux et de l’uranium, représentant une part importante de ses exportations (60%). Il y a aussi d’immense réserves de charbon estimées à 2 ,5 milliards de tonnes dans le nord du pays. Cependant, ces gisements sont difficilement accessibles à cause de la topographie du pays. De plus, l’activité économique du pays dépend en partie de l’exploitation de la mine de Kumtor, plus grande mine d’or du pays (10% du PIB) et un des plus grands gisements aurifères du monde.
Depuis peu, le pays est enclin à la favorisation du développement croissant du tourisme par divers moyens comme la libre circulation sans visa des touristes sur le territoire pour une soixantaine de pays durant une durée limitée.

L’impact économique de la Russie : Vivant autrefois de la dépendance économique de Moscou (apports financiers / échanges), le pays s’est vu affecté économiquement de par son indépendance à partir de 1991. Notons que 98% des exportations du pays étaient destinées à l’Union Soviétique. Désormais, l’importation du pétrole russe et des matériels sont nécessaires au développement de Kumtor et maintiennent le déficit commercial du pays à un niveau élevé de 3,4 Mds $ en 2012. Face à de telles difficultés économiques, la Russie accorde depuis 2010 une aide financière massive au Kirghizistan. Par ailleurs, Moscou a permis la levée des taxes sur les hydrocarbures depuis 2011, ainsi que l’annulation de la dette du pays (189 M$ + 300 M$ échelonnés). Une part importante des flux financiers entrants provient des transferts monétaires des Kirghizes expatriés (situés dans le secteur de la construction en Russie et au Kazakhstan), représentant 35% du PIB (environ).
N.B : « Le Kirghizstan devrait pâtir du ralentissement économique de la Russie, accentué par les sanctions européennes. »

Les faiblesses : Le Kirghizistan voit son développement freiné par divers facteurs structurels : tout d’abord la situation d’enclavement du pays et le non-accès à la mer sont un handicap notable dans son insertion international ; l’étroitesse du marché kirghize et la dépendance énergétique et alimentaire empêchent la croissance économique du pays et rendent vulnérable l’économie à tous choc externe. A cela s’ajoute une dette importante (le pays recourt aux bailleurs de fonds internationaux pour financer le déficit budgétaire représentant 5,25% du PIB en 2012 d’après le FMI), une diversification insuffisante des exportations et une faiblesse des reformes structurelles. De plus, un chômage touche la population active et plus particulièrement les régions méridionales et les jeunes.
N.B : Le Kirghizistan est l’un des pays les plus pauvres d’Asie Central avec plus de 40% de population vivant sous le seuil de pauvreté.

Prévisions économiques : Une reprise de croissance devrait être prévue du au rattrapage de la production industrielle qui avait été fortement dégradée par la chute d’activité (2012) de la mine de Kumtor et par le secteur de la construction. La production aurifère de Kumtor devrait soutenir la croissance malgré la modération du prix de l’or, en plus du fait que le conflit relatif à l’exploitation de la mine fut mis temporairement hors-tensions grâce à l’accord conclu avec l’entreprise canadienne Centerra en 2014 (société canadienne propriétaire de la mine d’or de Kumtor de nos jours). De même les secteurs de la construction et des télécommunications devraient continuer de soutenir le secteur industriel malgré une croissance ralentie. Enfin, les investissements en infrastructures et un meilleur accès au crédit devraient également permettre le développement économique.
En 2014, le déficit budgétaire s’était accentué à cause du ralentissement de la croissance et de la fermeture de la base américaine de Manas mais il devrait de nouveau diminuer en 2015 du à la réduction des dépenses du gouvernement et à la hausse des aides internationales dont la Russie contribuera fortement avec une aide de 200 millions de dollars en supplément d’un prêt de un milliard de dollars ayant pour but de soutenir le pays afin qu’il remplisse les conditions d’accès à l’union douanière de l’UEE (membre depuis janvier 2015). La dette publique quand à elle devrait demeurer stable et le déficit courant qui s’était atténué en 2014 grâce aux dons devrait se creuser légèrement en 2015 à cause de la diminution des transferts d’expatriées kirghizes en Russie (30% du PIB) et des IDE russes, qui ont pour conséquences une baisse de la consommation des ménages et donc de la Demande.
Les importations en voie de diminution du fait d’une demande plus faible, devraient être compensées par la dépréciation du Som (liée à l’effondrement du rouble et à l’appréciation du dollar) qui favorisera les exportations du pays. Toutefois cette dépréciation monétaire entraine une hausse de l’inflation, accentuée de surplus par l’augmentation des tarifs de l’électricité et l’arrêt de l’approvisionnement en gaz ouzbek.

Place dans l’économie mondiale : Le Kirghizstan a été le premier Etat de la CEI faire partie de l’OMC en 1998 grâce à son engagement dans le processus des réformes, de privatisations (75% du PIB provient du secteur privé) et de la réforme du système bancaire qui reste cependant de taille très modeste. Le pays y tire des profits de son activité de réexporte de produits chinois vers la CEI. Depuis 2013, le pays a entamé des négociations en vue de l’adhésion à l’Union douanière avec la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. Il a demandé un tarif dérogatoire, la création de zone commerciales franches sur ses marchés de réexporte et des compensations financières qui seront difficilement acceptables par les autres pays.

4. Enjeux Géopolitiques

 

 

A. Evaluation du Hard power

 

Le poids du pays dans les institutions internationales (chronologie):
– 1991 : Création de la CEI (communauté des états indépendants)
– 1992 : Création de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) (vocation politico-militaire)
« Certains experts pensent que l’OTSC serait, à moyen terme, un contrepoids de l’OTAN. »
– 1993 : Accord-cadre d’union économique signé entre la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Géorgie auquel l’Ukraine et le Turkménistan se sont rajoutés.
– 1995 : Signature d’un traité de défense commune des frontières extérieures avec la mise en place de gardes russes aux frontières par la Russie, la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Tadjikistan, la Géorgie et le Kirghizistan.
– 2000 : Création de l’Eurasec poursuivant l’objectif de la CEI voulant créer un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.
– 2000 : Création d’une force d’intervention (ou force de réaction rapide) par la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie, le Tadjikistan et le Kirghizistan.

Pouvoir militaire réel : Les forces armées kirghizes sont composées d’une armée de Terre, d’une armée de l’air et de gardes frontières. Avec un budget de 1,4 milliards de Soms en 2007, l’équipement militaire du pays provient toutefois en grande partie de l’ex-URSS. Le commandant en chef des forces armées se trouve être le président, avec sous sa responsabilité 15000 actifs et 10000 réservistes.

B. La place du Kirghizistan dans la géopolitique mondiale

 

Les tensions transfrontalières : La relation du Kirghizistan avec les pays voisins d’Asie centrale se voie confrontée à de multiples problèmes. Un problème de frontières entame la mise sous tension de la région. En découle un problème de solutions introuvables par rapport aux enclaves du Sud (Barak, village sous administration kirghize en Ouzbékistan – Sokh et Chakhimardan, enclaves ouzbèkes au Kirghizstan – Voroukh, enclave tadjike au Kirghizstan) qui entretiennent les tensions avec les Ouzbeks et les Tadjiks pour des raisons d’accès à l’eau et aux pâturages dans les zones où la démarcation des frontières n’est pas achevée.
Début 2013, des affrontements entre kirghizes et ouzbeks avaient éclatés dans l’enclave ouzbèke de Sokh ayant pour répercutions des rencontres régulières entre gardes-frontières pour éviter de nouveaux incidents. Ces tensions sociales tendent à s’empirer, en rapport à la coupure de gaz faite par l’Ouzbékistan (2014), à la crise économique russe (possible retour d’une partie des expatriés kirghizes de Russie), au trafic de drogues, à l’islamisation et à l’accentuation des rapports en forces entre Tadjiks et Kirghizes.

« Les relations entre les cinq républiques centrasiatiques demeurent tendues du fait de leurs difficultés à résoudre des problèmes essentiels tels que la délimitation des frontières, la gestion des enclaves territoriales, ainsi que la gestion des ressources énergétiques et en eau. Le pays est très dépendant de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan pour son approvisionnement en gaz et en pétrole tandis que ces pays de l’aval dépendent des ressources hydriques kirghizes et de la gestion des barrages hydroélectriques.»

L’immixtion Américaine : Les Etats-Unis possédait la base (militaire) aérienne de Manas (depuis 2001), dans le principal aéroport du Kirghizistan, située à 25km de la capitale, qui devait être fermée depuis Juillet 2014 (du à la pression de l’OCS et principalement de la Russie qui de ce fait avait octroyé au pays un crédit de 2 milliards de dollars, ainsi que par le non respect de l’engagement financier des E.U envers le Kirghizistan). Elle s’appelle désormais : « centre de transit de l’aéroport international de Manas » dans le cadre du renouvèlement de l’accord avec le Kirghizistan (qui ne devait pas avoir lieu mais qui au final qui reste donc accessible aux Etats-Unis entrainant la fureur de ses opposants). La base aérienne de Manas avait d’ailleurs facilité la surveillance des bases militaires et des principaux sites de lancement de missiles du Xinjiang chinois. A noter que ce fait provienne d’un accord entre Russie et Etats-Unis pour l’utilisation de bases militaires en Asie Centrale (en plus de 10 autres pays dont la France) dans le cadre de « la guerre contre le terrorisme » suite aux attentats de 2001 (ralliement à la coalition anti-terroriste). L’autorisation d’établir des bases militaires en Kirghizistan par Akaïev envers les Etats-Unis et la Russie avait fait suite à la crise financière de la région à la fin des années 90 (1998) et à la régression économique du pays. A l’époque, la Chine (et la Russie) s’était opposé à l’implantation américaine par l’intermédiaire de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai et en lançant un appel au retrait des troupes présentes dans les bases états-uniennes d’Asie Centrale. Au même moment, la Chine réalisait des négociations secrètes en vue d’établir sa propre base militaire au Kirghizistan et de modifier les frontières engendrant des retombés politiques contre Akaïev par la suite.
La base servit notamment durant la guerre en Afghanistan en accueillant un millier de soldats américains (pont servant au transfert d’hommes et de matériels), soit l’établissement d’une force militaire permanente en Asie Centrale, étant la stratégie de domination globale de la région (rapport au « Full Spectrum Dominance »), sous couvert de missions de « maintien de la paix » par les Etats-Unis. Cela contribua au positionnement de forces états-uniennes suivant « l’arc d’instabilité », prenant en compte le long de la Méditerranée, de l’Afrique, du Moyen-Orient, du Caucase, de l’Asie centrale et méridionale.
Nous pouvons souligner le fait que la stratégie adoptée pour étendre la militarisation soutenue des Etats-Unis, est de générer des conflits et des insurrections (tribales locales) en Asie Centrale par l’intermédiaire d’atrocités sur les civils (en partie), la terreur des populations et l’encouragement d’actes de résistance désespérés. Cette stratégie de crimes de guerres délibérés (assumée officiellement par les Etats-Unis) vise à perturber au final la Russie et la Chine (par l’intermédiaire de la province du Xinjiang). La guerre contre le terrorisme est de ce fait une excuse valable à la présence permanente américaine en Asie Centrale. Le nouveau centre d’entrainement antiterroriste de Batken situé au Kirghizistan (combiné à la base de Manas) est d’ailleurs un élément clé dans le contrôle de la région eurasiatique dans cette logique de stratégie.

« La prolifération de la drogue et la lutte antidrogue, les actes de terrorisme et les opérations antiterroristes, la brutalité délibérée de la police locale et la main mise sur les pipelines eurasiatiques existants ou à venir sont autant d’ingrédients composant la recette explosive des missions de l’OTAN sous tutelle états-unienne projetées hors d’Afghanistan. »

Durant la Révolutions des Tulipes, les américains empêchèrent l’intervention des forces militaires kirghizes durant le soulèvement afin d’empêcher la répression de la révolution alors qu’ils soutenaient depuis longtemps le régime. En 2005, l’ambassadeur américain du Kirghizistan avait reconnu la responsabilité américaine lors de la révolution des Tulipes (permettant le renforcement des positions américaines déjà présentes dans les pays voisins). Cela était du en partie au fait qu’il avait eu un renforcement des liens économiques entre la Chine et le gouvernement d’Akaïev, expliquant le désir de l’effondrement de gouvernement prochinois par les américains qui considérait ce rapprochement comme un « obstacle à son programme d’expansion stratégique ».
Nous constatons donc l’inquiétude des Etats-Unis face à l’instabilité du Kirghizistan, ceux-ci voulant conserver leurs positions en Asie Centrale.

« Située entre la Russie, la Chine et l’Asie du Sud-est, l’Asie centrale occupe une position de pivot stratégique sur le continent eurasiatique. Cela en fait une zone de transit majeure pour les échanges régionaux et internationaux et pour l’approvisionnement des forces de coalition présentes en Afghanistan. »

L’immixtion Russe: La Russie quand à elle possède la base aérienne de Kant (création de la première base Russe, hors-Russie, depuis la fin de l’URSS en 2003), et a renforcé ses « positions » sur le territoire par un accord économique et financier avec Bichkek. Les accords réalisés étaient aussi l’une des raisons pour lesquelles Washington avait participé à la révolution des tulipes en 2005, dans le but de mettre au pouvoir le régime pro-états-unien de Bakiev. De même, elle possède aussi d’autres bases militaires dont le centre d’essai d’armement anti-sous-marins basé à Karakol, une station-radar réactivée depuis peu (région de Tchouï) et une garnison de 700 soldats russes.
Enfin, depuis la fermeture d’une base américaine en Ouzbékistan, celle de Manas restait l’unique base des E.U en Asie centrale. De par son projet de fermeture, la Russie était dès lors seul « résident » sur l’ancien territoire de l’ex-URSS. Cependant, le renouvèlement de l’accord du Kirghizistan avec les Etats-Unis concernant la base de Manas, a engendré le mécontentement de Moscou.
La diaspora russe vivant dans l’ancien état soviétique qu’est le Kirghizistan, représente environ 600 000 personnes et engendre le fait que la Russie veuille défendre les minorités russes de l’Ex-URSS, mais explique aussi l’axe prioritaire de la diplomatie du pays quand au maintient d’une relation privilégiée avec la Russie sachant que 500 000 émigrés kirghizes vivent en Russie. Dans cette idée de consolidation de la relation avec la Russie, le Kirghizistan a favorisé ce rapprochement depuis le retrait de la FIAS d’Afghanistan et des conséquences qu’ils pourraient en découler. Cet évènement fut célébré par la visite du président Poutine en 2012, ponctué par le renouvellement du bail de la base militaire de Kant pour 15 ans, la possibilité d’ouvrir une nouvelle base militaire russe dans le Sud du pays, une coopération économique, des aides financières massives et l’effacement de la dette kirghize.
Dans une dimension politique, la Russie a su montré son « influence » en soutenant le président Akaïev (La Russie avait bénéficié de la croissance économique du pays à l’aide des reformes agraires et de l’exploitation de la mine de Kumtor sous le régime d’Akaïev, expliquant des lors ce soutient russe) qui fut détrôné par la Révolution des Tulipes en 2005, mais aussi par la reconnaissance du nouveau pourvoir kirghize par Poutine après le soulèvement populaire du 7 avril 2010 renversant Bakiev et son gouvernement, qui entraina une vague de soupons sur le rôle de Moscou dans les évènements survenus (soutenus par l’envoie de forces armées et d’aides financières pour le nouveau gouvernement Kirghize), d’autant que juste après, la Russie proposait 300 millions de dollars d’aide immédiate à la stabilisation. Finalement, Otunbeava, chef du gouvernement provisoire depuis la chute de Bakiev, se trouve être plus proche de Moscou que de Washington. Pour finir, la constitution d’un gouvernement pro-russe ou neutre au Kirghizistan permettrait une élévation de la Russie considérable dans les enjeux Eurasiatique mais aussi le développement de zone d’échanges capitale pour les intérêts russes et une stabilisation territoriale de zone stratégique (vallée de Ferghana) au niveau économique.
Soit : « une coopération plus étroite avec le Kirghizistan apporterait un bénéfice certain à la Russie ; elle lui donnerait l’occasion de « refouler », comme le disent certains, l’invasion états-unienne de l’espace eurasiatique. »

La coopération avec la Chine : Le Kirghizistan échange avec la Chine essentiellement dans le cadre de l’OCS et par les investissements chinois dans l’économie kirghize (signature d’accords en 2013 prévoyant 3Md $ d’investissements). Le Kirghizistan voit ses importations chinoises augmentées (doublées en 2012) alors que ses exportations y sont largement inferieures. (1,2 Md $ en 2012 d’imports face à 61 M $ d’exports). Toutefois, la Chine joue un rôle en Asie Centrale grâce à d’importantes aides financières aux pays comme en 2009 avec un fond de 10 milliards de dollar destiné aux Nations-Membres d’Asie Centrale (dont Kirghizistan).
En 2001 la Chine, la Russie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan avaient signé l’acte de naissance de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai. Peu de temps après, Pékin octroyait un prêt important au Kirghizistan pour l’acquisition de matériel militaire.

L’avenir Kirghize, vecteur d’enjeux pour la Chine : Dans un premier temps, la Chine possède une frontière importante avec le Kirghizistan dont une partie longe la province sensible du Xinjiang qui possède d’importantes réserves de pétroles (indispensable à la consommation domestique de la Chine) et se trouve être un carrefour majeur dans l’acheminement de ressources énergétiques entre la Chine et le Kazakhstan ou la Russie.
Ensuite, la présence militaires des Etats-Unis sur le territoire est lourd de conséquences pour la sécurité nationale chinoise : l’implantation américaine au porte du territoire chinois permet la réalisation d’opérations clandestines de déstabilisation dans le Xinjiang et une couverture aux activités d’espionnage (surveillance base militaires et principaux sites de lancement de missiles chinois) et de sabotages, ce qui représente une réelle menace. Dernièrement, la création d’un réseau de distribution du Nord par les Etats-Unis pour approvisionner les zones de combat afghanes, renforce les préoccupations chinoises envers la présence américaine proche de leur territoire. Ce réseau pourrait permettre de générer des attaques simultanées par des groupuscules selon les suspicions chinoises.
Enfin, le Kirghizistan joue un rôle majeur dans le développement économique de la Chine et son émancipation en Asie Centrale, par son implication dans divers projets chinois visant à favoriser les échanges comme la création d’autoroutes (rendant les économies des pays voisins dépendantes du réseau routier relié au Xinjiang), le projet d’un immense réseau ferré à grande vitesse en Eurasie ou encore la connexion du port de Gwadar à la province du Xinjiang assurant l’approvisionnement en ressources énergétiques nécessaires à la Chine dans un contexte d’expansion économique. « C’est dans ce contexte global que la stabilité politique au Kirghizistan est essentielle à la Chine. »
N.B : Omourbek Tekebaïev avait déclaré devant les médias russes: « Notre politique étrangère va changer… La Russie, le Kazakhstan et nos autres voisins, y compris la Chine, resteront nos partenaires stratégiques.

5. Conclusion

 

 

Le Kirghizistan a une position stratégique entre l’Asie et la CEI et reste plus ouvert que ses voisins en étant le pays le plus libre de la région malgré une dégradation du climat politique, une corruption importante (parmi les pays les plus corrompus du monde), des problèmes sociaux-économiques, des tensions et enjeux géopolitiques majeurs entre les puissances régionales et supra-régionales, ayant pour conséquence un enchainement de crises et une opposition politique nationaliste ponctuées d’un islamisme montant.

 

Sans titre

 

 

 

 Rédigé par Charles-Edwin ROLOT – Pierre ZAYNEH

Bibliographie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kirghizistan

http://www.routard.com/guide/code_dest/kirghizistan.htm

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http://www.lonelyplanet.fr/destinations/asie/kirghizistan

http://atlas.challenges.fr/pays/KG-kirghizstan/population.html

http://www.statistiques-mondiales.com/kirghizstan.htm

http://www.isesco.org.ma/index.php?option=com_k2&view=item&layout=item&id=9920&Itemid=83&lang=fr

http://www.huffingtonpost.fr/akhmed-rahmanov/islamisme-kirghizistan-terrorisme-asie_b_6612702.html

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Kirghizistan

http://www.mondialisation.ca/la-chine-et-l-avenir-g-opolitique-du-kirghizistan/19795

http://www.voltairenet.org/article165890.html

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http://www.canalmonde.fr/r-annuaire-tourisme/monde/guides/cartes.php?p=kg

http://www.diploweb.com/La-crise-au-Kirghizistan-analyse.html

http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/kirghizistan/solde-commercial.html

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Actualité défense du 22 Mai 2015 /geopolitique/asie-centrale/actualite-defense-du-22-mai/ /geopolitique/asie-centrale/actualite-defense-du-22-mai/#respond Fri, 22 May 2015 11:53:19 +0000 /?p=11350

EUROPE

Conseil européen des Affaires étrangères et de la Défense à Bruxelles

Lundi 18 mai, Jean-Yves Le Drian était à Bruxelles dans le cadre du Conseil des affaires étrangères et de la Défense de l’Union européenne (UE) au cours de laquelle les pays de l’UE ont décidé la création d’une opération navale européenne avec pour objectif de contrecarrer l’activité des trafiquants en mer Méditerranée, décision à confirmer par le Conseil européen des 25 et 26 juin prochains.

Cette opération, baptisée EUNAVFOR Med, est planifiée pour une durée initiale d’un an à la suite d’une phase préparatoire de deux mois. Elle sera conduite en plusieurs séquences. Une première consacrée au partage d’information sera lancée dès que possible, puis les deuxième et troisième phases, opérationnelles, consisteront à saisir les bâtiments en haute mer dans le respect du droit international, puis à les neutraliser ou les détruire.
Le quartier général de cette opération se tiendra à Rome, sous le commandement de l’amiral Enrico Credendino (Italie). Le coût estimé de cette opération est de 11,82 millions d’euros pour la phase préparatoire et le mandat initial.

Accord sur le drone MALE européen

Les ministres de la Défense allemand, français et italien ont signé en marge du Conseil européen des affaires étrangères, une lettre d’intention pour conduire les études préalables au développement d’un drone MALE (Moyenne altitude longue endurance).

Dans l’attente, l’Armée de l’Air française est équipée de quatre Harfang (anciennement Système intérimaire de drone MALE) conçus par Cassidian, une filiale d’EADS et d’IAI.

Première en Europe : La FREMM (Frégate Multi-Mission) Aquitaine tire un missile de croisière naval

La frégate Aquitaine, tête de série du programme des Frégates multimissions (FREMM), vient de tirer avec succès un Missile de croisière naval (MdCN) le 19 mai 2015, sur les polygones de tir du centre DGA Essais de missiles au large de l’île du Levant (Var). C’est la première fois en Europe qu’un bâtiment de surface tire un missile de croisière.
Destiné à frapper des objectifs situés dans la profondeur du territoire adverse avec une portée de plusieurs centaines de kilomètres, le MdCN est adapté à des missions de destruction d’infrastructures de haute valeur stratégique.

AFRIQUE

La Réserve renforce le CTS de Conakry

Le 12 mai, une première équipe d’une dizaine de réservistes sanitaires est partie renforcer les équipes du Centre de traitement des soignants de Conakry (CTS). Tous ont été formés par les armées, en même temps que le personnel militaire, pour une mission de 30 jours. Le CTS accueille tous les soignants qui œuvrent dans la lutte contre Ebola. Il a pris en charge 37 patients, dont 21 contaminés, depuis son ouverture le 23 janvier 2015.

La dernière épidémie d’Ebola qui débuta au Sud-Est de la Guinée en décembre 2013, est la première qui entraine une contamination hors du continent africain.

République Centrafricaine : SANGARIS

La situation est restée calme dans l’ensemble du pays. La semaine a été principalement marquée par la clôture du Forum de Bangui, le 11 mai 2015.
La capitale a par ailleurs connu quelques agitations de faible ampleur les 11 et 12 mai 2015, entièrement résorbées par la MINUSCA qui a engagé sa force de police de réaction rapide (QRF).
La force Sangaris n’a pas eu besoin d’intervenir en appui. Dans le même temps, quelques patrouilles conjointes avec la MINUSCA ont été conduites dans les régions de Kaga Bandoro, Damara et Sibut.
Le mardi 19 mai, la base opérationnelle avancée de Bria a été transférée à la MINUSCA.

MOYEN-ORIENT

Fin de mission pour le GAN

Le 19 mai 2015, les bâtiments du Groupe aéronaval (GAN) ont retrouvé les quais de la base navale de Toulon, leur port base.
Ces accostages, précédés il y a quelques jours par celui du Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Améthyste, marquent pour le porte-avions Charles de Gaulle, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, la frégate anti-sous-marine Jean de Vienne et le pétrolier ravitailleur Meuse, la fin de la mission Arromanches qui les aura menés en océan Indien et dans le nord du golfe Arabo-Persique.

Le GAN a participé pendant huit semaines à l’opération Chammal de lutte contre le groupe terroriste Daech en Irak. Commandée par le chef d’état-major des armées (CEMA) à partir du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), cette opération est réalisée sous le contrôle opérationnel du contre-amiral Beaussant, amiral commandant la zone océan Indien (ALINDIEN). Paris considère que la légitimité internationale est offerte par la résolution 2170 du Conseil de sécurité de l’ONU, en date du 15 août. À la suite de ces déclarations, l’opération Chammal est engagée le 19 septembre 2014.

Cet engagement opérationnel au cours duquel le GAN a mené quotidiennement et avec succès 10 à 15 sorties de combat, a été conduit au sein des structures de commandement américaines, en coordination étroite avec la Task Force 50, constituée autour du porte-avions américain Carl Vinson. Signe des progrès considérables réalisés dans l’interopérabilité avec nos alliés américains et des relations de confiance qui unissent nos marines, la TF 473 a, à plusieurs reprises, assuré la permanence aéronavale dans le nord du golfe Arabo-Persique, notamment pendant la relève des porte-avions américains.

TERRITOIRE NATIONAL

Fin de l’opération Tavara

Les forces armées en Guyane ont achevé le 17 mai une nouvelle opération de lutte contre l’orpaillage illégal dans le département français.
Débutée le 7 avril 2015, cette opération était conduite conjointement avec les forces de sécurité brésiliennes.
Elle avait pour objectif d’assécher les filières logistiques par la mise en place de contrôles fluviaux sur le fleuve Oyapock. En coordination avec les forces de gendarmerie, de police, de douanes, et la police aux frontières, cette opération a permis de bloquer l’afflux de pirogues et donc le soutien logistique aux orpailleurs illégaux.

Actualisation de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014-2019

L’année 2014-2015 a vu la concrétisation et la précipitation des menaces identifiées par le Livre Blanc de 2013, par la multiplication des crises en Afrique et au Moyen-Orient, la résurgence de conflits ouverts aux portes de l’Europe et l’attaque terroriste qui a touché directement le territoire national en janvier 2015.

Ces évènements ont très fortement mobilisé les moyens de connaissance et d’anticipation de la France et mis sous tension les forces armées, atteignant et dépassant dans plusieurs domaines les capacités définies par leurs « contrats opérationnels ».

Cadrée par les grands principes de la stratégie de défense et de sécurité nationale du Livre blanc, et dans le respect des grands équilibres de la programmation militaire, l’actualisation de la Loi de programmation prend en compte cette évolution du contexte stratégique, et tire les conséquences de l’intensité des engagements de nos forces armées comme des nouveaux besoins apparus depuis ces derniers mois.

Elle consolide ainsi l’effort de défense de la France.

Les grandes décisions de l’actualisation

 

• Le nouveau contrat « protection » permettra le déploiement sur le territoire de 7 000 hommes des forces terrestres dans la durée, pouvant monter à 10 000 pendant un mois, ainsi que les moyens adaptés des forces navales et aériennes.

• Les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) atteindront 77 000 hommes, au lieu des 66 000 prévus dans la LPM initiale.

• Le budget du ministère de la Défense augmentera de 3,8 Md€ par rapport à la trajectoire initiale de la Loi de programmation militaire, pour un total de 162,41 Md€ sur 2015-2019, constitués de crédits budgétaires et des seules recettes extrabudgétaires issues des cessions immobilières et de matériels militaires.

• Une réduction de la déflation des effectifs de la défense est décidée afin notamment de renforcer la FOT, ainsi que les domaines du renseignement et de la cyberdéfense. Initialement prévue à hauteur de 33 675 ETP, la déflation est atténuée de 18 750 ETP et s’établira sur la période 2014 – 2019 à 14 925 ETP, dont 6 918 sur 2015-2019. 2,8 Md€ permettront de financer ces effectifs et les coûts de fonctionnement afférents.

• Ces 3,8 Md€ incluent un effort supplémentaire de 500 M€ au profit de la régénération des matériels.

• Au vu des engagements extérieurs depuis 3 ans, l’effort sera accentué dans le domaine des équipements critiques, ainsi au profit de la composante « hélicoptères », de la capacité de projection aérienne tactique ou encore du renseignement, pour 1,5 Md€ supplémentaire dont 1 Md€ par réaffectation des gains de pouvoir d’achat induits par l’évolution favorable des indices économiques.

• L’appel à la réserve sera renforcé par une nouvelle politique de réserve, fondée sur un accroissement du nombre de jours d’activité des réservistes, une augmentation du nombre de réservistes et une hausse du budget associé.

• Avancée majeure, la concertation au sein du ministère et des armées sera profondément rénovée par l’institution d’un droit d’association professionnelle adapté à l’état militaire, concrétisé par la possibilité de créer des associations professionnelles nationales de militaires et d’y adhérer librement.

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Actualité Défense du 15 Mai 2015 /geopolitique/russie-caucase/actualite-de-defense/ /geopolitique/russie-caucase/actualite-de-defense/#respond Fri, 15 May 2015 08:20:37 +0000 /?p=11334 dL’Eurasie 

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Liban : Renforcement de la coopération franco-libanaise

La relation franco-libanaise bilatérale est construite sur la base du contrat DONAS, mis en place lors du déplacement en Jordanie du ministre de la Défense. Cet accord a pour objectif d’établir des bases pour la formation, l’entraînement, ainsi que le soutien à la restructuration des forces armées libanaises.

Golfe d’Aden : Une guerre ne s’arrête pas

La 34e flotte de la Marine iranienne, comprenant le destroyer Alborz et le navire de guerre porte-hélicoptère Bushehr, effectuera des patrouilles anti-piraterie en haute mer et dans le golfe d’Aden afin de protéger les cargos et les pétroliers contre les pirates. La mission de la 34e flotte dans le golfe d’Aden et la mer Rouge durera environ trois mois.
La flotte avait quitté le port de Bandar Abbas, dans la province sud de Hormozgan, par le golfe d’Aden, le 8 avril.
La 33e flotte de la marine iranienne a envoyé des navires de guerre en haute mer qui sont retournés en Iran le 7 avril après une mission de 77 jours. La 34e flotte iranienne de navires de guerre a été déployée dans le golfe d’Aden suite à des récentes allégations des médias arabes que des navires de guerre égyptiens avaient chassé une flotte iranienne dans les eaux internationales.

En réaction à ces rapports, le commandant de la marine iranienne, l’amiral Habibollah Sayyari, a déclaré qu’aucun pays ne pouvait émettre d’avertissement aux navires de guerre iraniens dans le Golfe d’Aden, soulignant la décision ferme de l’Iran de continuer à être présent dans la zone.
Task Group 52.2 participe à la guerre de mine pour la sécurisation de la navigation dans cette voie maritime mise en péril par la situation de crise que traverse le Yémen.

Pologne : La collaboration aérospatiale, arrivée des équipements militaires

Le contrat n’est pas encore signé, mais son annonce, faite par le président polonais, Bronislaw Komorowski, lui-même, mardi 21 avril, a été aussitôt honorée à Paris comme à Varsovie : la Pologne a choisi d’entrer en négociation exclusive avec Airbus Helicopters pour l’achat de cinquante hélicoptères militaires de transport H225M Caracal.

Une phase d’essai des appareils s’ouvre. Si elle est concluante, ce contrat d’environ 2 milliards d’euros devrait être scellé en septembre, pour de premières livraisons en 2017. Les offres concurrentes amenaient de l’américain Sikorsky pour le S-70 Black Hawk et de l’italien Agusta Westland avec l’AW149.

« Le choix semble difficilement retournable et c’est une excellente nouvelle, explique un proche du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, car la Pologne fait le choix d’entrer dans le groupe des grands industriels européens de la défense. » La commande initiale portait sur 70 appareils et il n’est pas exclu que Varsovie exprime des besoins complémentaires.
« Cette décision va solidifier la coopération militaire entre nos deux pays, dans les opérations comme dans le domaine industriel », se réjouit une source diplomatique polonaise, pour qui « le savoir-faire français inclus dans les hélicoptères d’Airbus a été déterminant ».

Afghanistan : Transmission d’une mission interministérielle

Le gouvernement a annoncé la création d’une commission interministérielle pour examiner les situations de candidats à une mobilité vers la France. Laurent Fabius a rappelé le 21 avril que la France ne se déroberait pas à ses devoirs envers les personnels civils de recrutement locaux qui ont travaillé avec les forces françaises en Afghanistan entre 2002 et 2014. Il a annoncé que les demandes d’installation en France qui sont en attente seront traitées dans un délai de deux mois et que les dossiers ayant donné lieu à un refus feront l’objet d’un réexamen dans le même délai, sur simple demande des intéressés.

Afrique

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Algérie: M. Jean-Marc Todeschini Secrétaire d’État aux anciens combattants et à la mémoire

M. Jean-Marc Todeschini s’est déplacé en Algérie le 19 et 20 avril pour honorer marins algériens et Français morts les morts durant la Deuxième Guerre mondiale. Au cours de ces commémorations, il a rappelé l’amitié franco-algérienne, un lien renforcer par le sacrifice des victimes ayant combattu sous le même drapeau.

Bande Sahélo-Saharienn: visibilité de la force militaire

La mobilisation de la force Barkhane pour la méditation de victimes d’écrasement Avion Algérie en 2014. À partir du 16 avril, les militaires ont déplacé sur ce site avec les soutiens militaires internationaux pour la sécurisation de la proximité.
À cause de la tension du Gao, les groupes armés terroristes, traduits par l’action des forces internationales. Pendant la période du 15 au 27 avril, une opération tripartite de reconnaissance de la frontière nigéro-tchadienne a mené au Niger, qui a pour l’objectif d’affirmer la visibilité de la force militaire bilatérale sur leur frontière commune et de lutter contre les actions terroristes.

Centrafrique-Déclaration contre des militaires de l’opération Sangaris

Le ministre de la Justice a réagi ce jeudi suite aux révélations par la presse sur des accusations de viols sur mineurs commis en 2014 dans un camp de déplacés par des militaires français de l’opération militaire Sangaris.

La Centrafrique va engager des « poursuites » contre des ’ à Bangui, a annoncé ce mercredi le ministre de la Justice, Aristide Sokambi C’était la première réaction officielle du gouvernement centrafricain à ce sujet.

Le ministre de la Défense a pris des mesures nécessaires concernant les soldats français de l’opération Sangaris accusée d’agressions sexuelles sur des jeunes enfants. Pierre Bayle a annoncé au point de presse la priorité donnée par le ministre à la tolérance zéro pour les violences sexuelles. Le ministère s’est engagé sur ce dossier à une transparence absolue.

De plus, le ministre a insisté ” sur le fait qu’il ne faut pas tomber dans la larme, ce n’est pas Sangaris, ce n’est pas en France. Ce sont des individus, ce sont des militaires et c’est contre ceux-là que nous nous insurgeons”. ’ affirmé le ministre.

Territoire nation

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Annonce du projet Source Solde-Toulon

En déplacement dans le centre d’expertises des ressources humaines de la Marine nationale à Toulon, la directrice générale de l’armement notifiait à la société SOPRA le marché d’accomplissement du logiciel de paie des soldats, Source Solde, destinée à remplacer Louvois.

Journée nationale du souvenir

Vendredi 17 avril à Reims, le ministre de la Défense a inauguré le congrès national annuel du Souvenir français. Le lendemain, samedi 18 avril, ce con- grès a élu son nouveau président. Le Contrôleur
général des armées Serge Barcellini, jusqu’alors directeur de cabinet de M. Jean-Marc Todeschini, succède au contrôleur général des Armées Gérard Delbauffe, président sortant.

Les représentants d’une cinquantaine d’États et d’organisation internationaux ont rendu visite à la BA 116 de Luxeuil. Ils ont visité les anciens dépôts de munition d’armes nucléaires et les anciennes installations de l’escadron de chasse 2/4 “La Fayette”.

Déménagement symbolique

L’ensemble des états-majors et directions du ministère, le secrétariat général pour l’administration ont pris possession de ses nouveaux bureaux à Balard.

Actualité de la Loi de programmation militaire (LPM)

À la suite du Conseil de Défense convoqué par le Président de la République mercredi 29 avril, François Hollande a annoncé un effort d’accompagnement pour l’actualisation de la Loi de programmation militaire (LPM), la première qui sera révisée à la hausse.

1. Pour l’année 2015, le budget est sanctuarisé à 31,4 milliards d’euros, 3,8 milliards supplémentaires sont attendus sur les quatre prochaines annuités, avec 0,6 Md pour 2016, 0,7 Md pour 2017, 1 Md pour 2018 et 1,5 Md pour 2019.

2. Les sociétés de projet ne sont par conséquent plus nécessaires. L’amendement prévu à cet effet au projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances (loi Macron), actuellement en examen au Sénat, va être retiré.

3. La pérennisation de l’opération Sentinelle a été décidée, avec le maintien du déploiement
7 000 hommes sur le territoire national. Cela entraînera une non-déflation de 18 500 emplois Au ministère de la Défense.

4. Pou autant les réorganisations annoncées ne sont pas remises en cause et la Défense reste un ministère qui contribuera aux efforts de modernisation de l’État et poursuit ses opérations de réorganisation structurelle (projets Défense 2020, Au Contact, …).

L’engagement de la jeunesse

Le 27 avril, le ministre de la Défense a accompagné le Président de la République à l’Établissement public d’insertion de la défense (EPIDe) d’Alençon (Orne), sur le thème de « l’engagement de la jeunesse ». Il s’est exprimé sur les dispositifs d’encadrement diversifiés de la jeunesse appuyée sur le volontariat, dont les EPIDe, le service civique, et le Service militaire volontaire (SMV). Les deux nouveaux centres crées par les EPIDe reçoivent 4500 au total.

Déplacement à Nice

Jean-Marc Todeschini a visité lundi 27 avril à Nice pour saluer l’action des militaires étendus dans le cadre de l’opération Sentinelle.

Après avoir fait le tour des dispositifs à l’aéroport et à la gare de Nice, le secrétaire d’État a déjeuné avec les militaires, avant de présider la cérémonie du 70e anniversaire de la libération du massif de l’Authion.

Tir du missile Meteor

 

Le 28 avril, le ministère de la Défense a procédé, sur le site DGA-essais en vol de Cazaux, au premier tir guidé du missile air-air de longue portée Meteor, à partir du Rafale et contre une cible aérienne. Les premières fusées seront livrées en 2018 afin d’équiper l’ensemble des Rafales de l’armée de l’air et de la marine.

Le Meteor est le fruit d’une coopération entre la France et l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède, destinée à consolider la Base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) dans le domaine des missiles.

Entraînement de sauvetage de sous-marins

Un exercice de sauvetage de sous-marins s’est déroulé du 20 au 24 avril, au large du Cap Sicié dans le Var, constituant un exercice complet à la mer pour les opérateurs français du NSRS (NATO Submarine Rescue System). Le SRV (Submarine Rescue Vehicle) Nemo s’est posé pour la première fois sur un sous-marin nucléaire d’attaque français afin d’effectuer un transfert du personnel.

Exercice d’entrainement européen de transport tactique (EAATTC)

Dix nations, soit près de 300 personnes, se sont réunies pour participer à cette 3ème édition. Parmi elles, l’armée de l’air met en œuvre d’un Hercule C130. Deux équipages et des mécaniciens de l’escadron de transport 2/61 «Franche-Comté» de la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, ainsi que des instructeurs du centre d’instruction des équipages de transport (CIET) et trois aviateurs de l’escadrille aérosanitaire «Étampes» de la base aérienne 107 de Vélizy-Villacoublay sont déployés.

L’EATT est un exercice dédié à l’entraînement des avions de transport dans le domaine tactique. Il est basé sur la mutualisation et le partage des moyens «pooling and sharing». Son objectif principal est de promouvoir l’interopérabilité entre les nations participant’s. Des entraînements communs dans un contexte international sont ainsi réalisés. L’objectif de cet entrainement, au cours duquel huit vols seront effectués, est de fournir aux équipes de transport militaire une qualification pour le vol en formation, tout en renforçant l’interopérabilité, entre forces aériennes européennes, par des entrainements communs.

Selon les annonces du Président de la République à la suite du Conseil de Défense du 30 avril, l’effort des armées déployées dans le cadre de l’opération Sentinelle depuis janvier 2015 sur le territoire national s’inscrit désormais dans la durée, et verra le maintien de 7 000 militaires déployer sur le territoire national. Chaque unité est affectée à cette mission de surveillance et de protection pendant une période de 6 semaines, 24h/24 et 7 j/7. Un peu plus de 4 000 soldats son t déployés en région parisienne.

Dans le cadre du contrat protection, l’effort des armées sur le territoire national peut être poussé à 10 000 hommes (soit 3 000 soldats supplémentaires par rapport au dispositif Sentinelle), pendant quatre semaines, sur demande du Président de la République.

Naufrage de migrants en Méditerranée : envoi d’un bâtiment de la marine nationale

La France a mis un bâtiment de la marine nationale à disposition de l’agence européenne Frontex pour contrôler des frontières et pour éviter toute nouvelle perte de vies humaines.

L’aviso Commandant Birot a rejoint le port italien de Brindisi dans la journée du samedi 25 avril où l’équipage a embarqué du matériel sanitaire du Service de santé des armées (SSA), acheminé depuis la France par un avion de la marine nationale.

Source :

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/04/22/le-contrat-qui-arrime-varsovie-a-l-europe-de-la-defense_4620447_3234.html

http://le-blog-sam-la-touch.over-blog.com/2015/04/les-navires-de-guerre-iranien-arrivent-dans-le-golfe-d-aden.html

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/afghanistan/la-france-et-l-afghanistan/evenements-4388/article/afghanistan-mission-conjointe-des

http://www.defense.gouv.fr/air/actus-air/eatt-2014-entrainement-des-unites-des-transports-tactiques

Documents d’actualité défense du 23 et 30 Avril 2015

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Les conséquences de la guerre civile syrienne au Liban et en Jordanie /sans-categorie/les-consequences-de-la-guerre-civile-syrienne-au-liban-et-en-jordanie/ /sans-categorie/les-consequences-de-la-guerre-civile-syrienne-au-liban-et-en-jordanie/#respond Tue, 12 May 2015 10:14:44 +0000 /?p=7905 Article co-rédigé par Laurène Barrier et Léa Célant.

Introduction

Le 25 septembre 2014 à Toulouse, une exposition préparée par Federico Dessì et Francesco Fantini présentait en photo la vie des réfugiés syriens dans les camps en Jordanie et au Liban. En effet, depuis 2011, la guerre civile syrienne déstabilise le Moyen et le Proche-Orient.

Source : http://www.tstgroup.biz

Source : http://www.maxicours.com

Le Moyen et le Proche-Orient se composent de la Turquie, le Liban, la Syrie, Israël, la Jordanie, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan, le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman et le Yémen. C’est une zone très instable politiquement et socialement, soumise à de fortes tensions, comme en témoignent les nombreuses guerres qui s’y sont succédé ces dernières années : Iran-Irak (1980-1988), la guerre du Golfe (1990-1991), en Afghanistan (2001), en Irak (2003)…

De plus, dès 2010, plusieurs pays voisins du Moyen-Orient, au Maghreb, ont connu une vague de contestation populaire contre les pouvoirs traditionnels en place, les « printemps arabes ».

C’est ainsi qu’en Syrie, en 2011, des manifestations se sont propagées à travers tout le pays pour contester le pouvoir du dirigeant en place, Bachar Al-Assad. Ces mouvements ont été réprimés, et le conflit est ainsi devenu une guerre civile selon le Croissant Rouge et la Croix Rouges. Par guerre civile, on entend un « conflit violent qui oppose entre eux des concitoyens ».

Toutefois, cette guerre civile ne s’est pas limitée à la Syrie. Elle a fortement impacté ses voisins, notamment le Liban et la Jordanie. Ces répercussions sont importantes, mais assez peu médiatisées, car les atrocités commises en Syrie, et l’expansion de l’État islamique concentrent l’attention des médias au détriment des réalités libanaises et jordaniennes.

Ces deux anciens mandats respectivement français et anglais ont un lien culturel significatif avec l’Occident. Le fort attachement et les nombreuses relations dans des domaines variés nous conduisent à nous intéresser à la situation actuelle de ces deux États.

Il convient de voir en quoi la guerre civile syrienne impacte-t-elle les États voisins que sont le Liban et la Jordanie ?

Ainsi, après avoir considéré les caractéristiques essentielles du Liban, de la Jordanie et de la Syrie, nous nous intéresserons aux causes de la guerre civile syrienne et à ses conséquences sur le Liban et la Jordanie. Enfin, nous aborderons les éventuelles solutions qui pourraient venir soulager ces derniers.

Sources :

Ouvrages :

P. Berthelot (coord.)(2013). Théories et pratiques des relations internationales au Moyen-Orient

Jean-Pierre Derriennic (Presses de Sciences Po, 2001). Les Guerres civiles 

 

I. Liban, Jordanie, Syrie : des Etats dans la tourmente

  • Le Liban

Généralités

C’est un petit pays (10 000km², équivalent de la Gironde) situé au Proche-Orient, dont la capitale est Beyrouth.

Le Liban, souvent appelé pays du Cèdre, est un pays « moderne », est un membre très impliqué de la Francophonie, considéré comme “occidentalisé”. On en parle souvent comme de la Suisse du monde arabe, tant au niveau économique que médiatique.

Son activité économique se concentre autour des services (75% du PIB), viennent ensuite l’industrie (20%) et l’agriculture (5%).

Qualité de vie

Le Liban a été qualifié d’ « ilot de développement au sein d’un monde arabe sous-développé »,  faisant ainsi figure d’exception parmi les pays du Proche et Moyen-Orient, comme en témoignent ces quelques chiffres :

Un salaire moyen quatre fois plus élevé que le celui de son voisin syrien

Un Indice de Développement Humain élevé : 0.791

Toutefois, comme beaucoup de pays occidentaux, le Liban fait face au chômage des jeunes et des femmes, à la précarité de  certains secteurs (agriculture et industrie), et à la polarisation économique de la société (accentuée par les problèmes politiques du passé).

Sa population

Après une forte hausse ces 50 dernières années, la population libanaise atteint aujourd’hui  4,2 millions d’habitants.

Il y a une forte densité de population +390hab/km².

Le Liban est depuis toujours une « terre de refuge de minorités ethnico-religieuses », ce qui en fait une véritable “mosaïque de communautés”. Ainsi il compte 18 communautés confessionnelles au total, toutes reconnues officiellement et « disposant d’une reconnaissance juridique et relevant de fait d’un droit sui generis ».

Réalisé selon les informations de Elzein, Notteau et Dravet (2013). Géopolitique du Liban, se reportant aux informations du World Factbook de la CIA (2012).

 

carte issue de l’ouvrage : D. Elzein, M. Notteau, C. Dravet (2013). Géopolitique du Liban.

On voit aussi sur la carte, que les religions sont réparties un peu partout sur le territoire.

À noter que les réfugiés représentent un pourcentage non négligeable de la population libanaise (désormais plus d’un quart de la population), rappelant le passé et présent de « terre d’accueil de réfugiés » du pays. On compte notamment 12 camps de réfugiés comportant 400 000 Palestiniens et 50 000 Irakiens.

Rapide rappel historique

Selon les informations recueillies dans D. Elzein, M. Notteau, C. Dravet (2013). Géopolitique du Liban.

À l’instar de la Syrie, le Liban est placé sous mandat français, après en avoir fait la demande en janvier 1919 lors de la conférence de la Paix. Les Libanais sont considérés comme indépendants et les autorités françaises vont les aider à installer un « gouvernement autonome » dès 1920, jusqu’à arriver à la rédaction d’une Constitution, adoptée le 23 mai 1926. C’est la première qui possède une vision démocratique et surtout laïque dans le monde arabe.

À partir de 1936, la France va pousser le Liban et la Syrie sur le chemin de l’indépendance et le 13 novembre 1936, le traité franco-libanais est signé.

Le Liban est par la suite touché par une guerre civile : de 1975 à 1990, des affrontements régionaux (notamment avec la Syrie) et internes causeront des milliers de morts jusqu’à ce que les accords de Taëf (1989) soient signés et rétablissent une paix relative.

La Syrie et Le Liban signent par la suite, en 1991, un « accord de fraternité, de coopération et de coordination ». C’est pourquoi jusqu’en 2005, des troupes syriennes seront présentes au Liban. La Syrie a souvent considéré le Liban comme faisant partie de son territoire et n’a reconnu le Liban comme État en tant que tel qu’en 2009.

Le Liban s’applique à défendre les intérêts de la Palestine, ce qui lui vaut de nombreuses frictions avec l’Israël. Il est toujours formellement en guerre avec Israël et aucun cessez-le-feu permanent n’a été conclu entre les deux pays qui ont cependant cessé leurs hostilités.

Toutefois aujourd’hui, à l’instar de l’ancien premier ministre libanais, Fouad Siniora, qui disait que « les Libanais n’accepteraient plus que le Liban soit un champ de bataille pour le combat des autres » en 2006, le Liban est las de toujours subir les conséquences, sur son territoire, des guerres des autres.

L’unité libanaise

Le Liban a réussi le pari de faire cohabiter des communautés fondamentalement différentes, la paix interconfessionnelle étant indispensable au bon fonctionnement de ce régime. Tout d’abord grâce à l’arabité : la langue et la culture arabes unissent la population.

Ensuite, le Pacte National, conclu entre chrétiens et musulmans lors de l’indépendance en 1943, prévoit notamment :

– « la reconnaissance par les chrétiens de l’arabité du pays »

– L’acceptation par les musulmans des frontières fixées lors du mandat français (et donc de se défaire de l’emprise syrienne)

Enfin, la république parlementaire du Liban se base sur le confessionalisme. Ses « mécanismes constitutionnels » garantissent à toutes ses communautés une représentation politique :

– Le parlement se divise entre communautés

– Les hautes fonctions que l’Etat aussi : un président chrétien maronite, un premier ministre sunnite et un président de l’Assemblée Nationale chiite.

– Les emplois dans la fonction publique aussi

Chaque communauté « disposent de compétences propres […] judiciaires et juridictionnelles »

Source : ouvrage : D. Elzein, M. Notteau, C. Dravet (2013). Géopolitique du Liban.

Site : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/liban_418/presentation-du-liban_988/index.html

 

  • La Jordanie

Source :  http://www.1clic1planet.com/jordanie.htm, document issu de la Division Géographique de la Direction des Archives du Ministère des Affaires étrangères

Généralités

État situé au Moyen-Orient, la Jordanie est entourée par la Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Irak et Israël. Ce pays compte environ 7 274 000 habitants, la grande majorité est de religion musulmane sunnite (92%), viennent ensuite les chrétiens (6% de la population), et ensuite les chiites et les druzes (environ 2%).

Sa capitale est Amman.

Graphique réalisé selon les informations de http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Jordanie/126104

Histoire :

L’État jordanien tel qu’on le connait aujourd’hui est assez récent et nait suite à la chute de l’Empire ottoman. En effet, après la Première Guerre mondiale, la Jordanie, alors appelée Transjordanie, est soumise à un mandat britannique. Le territoire est érigé en émirat en 1923 par le Royaume-Uni. À sa tête, l’émir Abdullah bénéficie d’une indépendance toute relative.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, un nouvel accord anglotransjordanien est signé : c’est la naissance du Royaume Hachémite de Jordanie. Abdullah, descendant par le prophète Mahomet de l’ancienne tribu hedjazienne Banu Hachim, monte sur le trône.

En 1949, la Cisjordanie, territoire voisin, sera annexée suite à l’afflux de réfugiés palestiniens, puis en 1988.

L’histoire jordanienne est marquée par ses liens avec les réfugiés palestiniens. En effet, les réfugiés palestiniens avaient bénéficié d’une politique d’assimilation suite à la création de l’État d’Israël et pouvaient obtenir la nationalité jordanienne automatiquement, ce qui provoqua d’importantes arrivées de réfugiés.

Réalisé selon les informations recueillies dans http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Jordanie/126104

Aspects politiques

La Jordanie est un régime monarchique, parlementaire et arabe, où l’islam est religion d’Etat comme l’indique la Constitution de 1952. L’égalité des citoyens et les principales libertés publiques y sont garanties. Le roi nomme le gouvernement, responsable devant une Chambre de députés élue au suffrage universel. Avec le Sénat, nommé par le roi, la chambre des députés vote la loi. Le pouvoir judiciaire est en principe indépendant. Malgré ces procédés démocratiques, certaines décisions sont prises uniquement par le Roi.

Régionalement, la Jordanie a un rôle ‘tampon’ au Proche-Orient, rôle d’apaisement et de préservation de la paix dans la région. C’est une région soumise à de nombreux flux de population et à de nombreuses tensions entre les différents États. Au niveau international, la Jordanie est très liée aux États-Unis, qui comptent sur elle pour assurer ce rôle et qui ont plusieurs bases militaires implantées sur le territoire.

La position de la Jordanie face à la crise syrienne est assez équivoque. Le Roi de Jordanie a demandé à Bachar al-Assad de quitter le pouvoir, mais il n’y a pas eu d’implication militaire jordanienne en Syrie. Cependant, on a pu constater l’accueil des services secrets américains assurant la coordination des puissances hostiles au régime syrien et également une assistance aux rebelles par ce biais, existence de camps formant des combattants pour l’opposition syrienne.

Elle a aussi un rôle réformateur, dans le sens où elle concilie islam et démocratie. Ainsi, elle favorise le dialogue entre les religions, comme cela a été souligné par le rapport de stratégie de l’Union européenne.

Ses velléités de modernisation et de modération sont malgré tout mises à mal par son environnement.

Sources :

Sites :

http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Jordanie/126104

http://ifpo.hypotheses.org/5419

http://www.lesclesdumoyenorient.com/La-Jordanie-entre-perils.html

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/jordanie/presentation-de-la-jordanie/

  • Syrie

Source : http://www.msf.fr/presse/communiques/syrie-deir-ezzor-dizaines-milliers-habitants-blesses-et-malades-prives-assistance (Médecins sans frontières)

Histoire

Réalisé selon les informations recueillies dans Z. Taha (octobre 2013). Syrie

La Syrie faisait autrefois partie du « Pays de Damas » qui regroupait Liban, Syrie, Jordanie et Palestine. C’est un peuple ancien, mais dont les frontières sont récentes. C’est un État nation formé au début du XXe seulement. De nombreuses civilisations y ont laissé leurs marques (Araméens, Babyloniens Byzantins…). Vers les IXe  et Xème siècles, ce fut notamment une terre d’asile pour les groupes religieux hétérodoxes.

Le christianisme y fut présent avant l’islam. A ce titre, la liberté religieuse est garantie : les minorités ont l’indépendance des tribunaux pour leur statut personnel (chrétiens, druze…)

En 1916, les accords Sykes-Picot déterminent le partage du Moyen-Orient. La Syrie sera alors confiée à un mandat français en 1920. Les autorités françaises diviseront ensuite le territoire syrien en 4 états confessionnels : 2 états sunnites finalement regroupés en un en 1925, un état alaouite et un état druze. Ces deux derniers rejoindront l’État de Syrie en 1936.

L’indépendance de la Syrie sera reconnue en 1946.

 Source : ouvrage : Z. Taha (octobre 2013). Syrie

 

II. La guerre civile syrienne

  • Le contexte

La guerre civile syrienne

Elle nait en 2011 de la contestation de la légitimité du régime de Bachar Al-Assad,

Le régime d’al-Assad est d’ailleurs à l’origine de tensions intercommunautaires, tout particulièrement entre les sunnites qui représentent 82 % de la population et les alaouites qui n’en représentent que 10 %. Ainsi les alaouites constituent une minorité dominante dont le dirigeant Bachar-Al-Assad est issu.

Cela ne signifie pas que le régime soit uniquement centré sur les intérêts de la communauté alaouite ni qu’il soit bénéfique à la totalité de cette dernière. Al-Assad s’associe également avec des sunnites lorsqu’il est question d’affaires. La doctrine du Baath aux penchants socialistes et panarabiques est adoptée. C’est un mouvement laïque qui se concentre sur l’individu au-delà de son appartenance religieuse, et cherche à rassembler les pays de civilisation arabe, du Maroc jusqu’à l’Irak.

 Source : ouvrage : Z. Taha (octobre 2013). Syrie

Site : http://irak.arte.tv/reperes/grandeur-et-decadence-du-parti-baas/

Le soulèvement : le printemps syrien

S’inspirant des révolutions arabes, des adolescents ont inscrit sur le mur de leur école : « le peuple veut la chute du régime ». Ils ont par la suite été torturés et séquestrés par les services de sécurité syriens. Cela a provoqué une révolte, largement diffusé sur les réseaux sociaux et a conduit à des manifestations contestatrices du régime. Les principales revendications concernaient l’atteinte à la dignité et aux libertés, mais la répression brutale entrainant une propagation de ces manifestations à plusieurs villes à travers le pays.

Par la suite, Al-Assad promulgue en 2012 une nouvelle constitution, perçue comme illégitime. Les bombardements continuent de la part des troupes de Bachar al-Assad, réprimant de nouveau les mouvements populaires. Le conflit a été qualifié de guerre civile en 2012 par la Croix Rouge et le Croissant Rouge suite à l’escalade des violences et de la brutalité, les civils étant les premières victimes.

Le régime Al-Assad tente de convaincre les populations que le maintien du régime permet la paix communautaire et empêche le développement de l’islamisme, alors que les premiers soulèvements n’impliquaient pas d’organisation islamique. Cependant, le soulèvement a créé une brèche dans laquelle d’autres communautés s’engagent, comme les Kurdes et les Frères Musulmans, comme l’illustre ce graphique. On voit que la Coalition Nationale Syrienne a une composition assez diversifiée.

Source  : ouvrage : Z. Taha (octobre 2013). Syrie

 

Issu de Z. Taha (octobre 2013). Syrie

 

  • Les conséquences sur le Liban et la Jordanie

Les réfugiés

Terre d’accueil depuis toujours, accueillant déjà des réfugiés palestiniens, le Liban et la Jordanie doivent aujourd’hui faire face à une arrivée massive de réfugiés syriens sur leur territoire. Au Liban cela représente déjà plus 1,14 million de personnes et plus 600 000 en Jordanie.

Proportionnellement à la taille du Liban, l’afflux de réfugiés a été tel qu’à titre de comparaison, si cela s’était passé en France, il aurait fallu accueillir l’équivalent de 8 fois la population parisienne en deux ans soit environ 16 millions de réfugiés. Au nord du pays, dans certains villages on dénombre plus de réfugiés syriens que de Libanais.

– La scolarisation : Au Liban, la moitié des réfugiés sont des enfants et leur nombre surpasse celui des enfants libanais scolarisés. Il en va de même en Jordanie où les écoles sont saturées.

– Subvenir aux besoins des réfugiés: le nombre de réfugiés est tel que les besoins essentiels des réfugiés (nourriture, eau, soins…) ne peuvent être satisfaits par aucun des pays. Toutefois la prise en charge de ces réfugiés varie subtilement entre le Liban et la Jordanie. Au Liban, les organismes des Nations unies (UNICEF, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés…) sont en charge de l’accueil des réfugiés. L’État libanais, encore très marqué par la présence depuis plus d’un demi siècle de camps palestiniens sur son territoire,  ne s’implique que légèrement et ne souhaite pas ouvrir lui-même des camps. En Jordanie, on voit que l’État est davantage impliqué, comme l’illustre la vidéo suivante (voir vidéo de l’ONU : http://www.un.org/content/fr/_vidout/video870.shtml). On voit donc qu’il existe une certaine coopération entre l’ONU et la Jordanie �� ce niveau-là. Toutefois, les zones urbaines jordaniennes sont également très touchées, notamment les villes proches des frontières du Nord.

 Source : Sites :

http://www.france24.com/fr/20140829-trois-millions-refugies-syriens-record-onu-liban-jordanie-turquie-syrie-etat-islamique-unhcr/

http://www.france24.com/fr/20140403-liban-refugies-syriens-crise-humanitaire-syrie-hcr-million/

http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

 

Conséquences économiques

Les économies des deux pays ont beaucoup souffert depuis le début de la guerre civile syrienne. Étant limitrophes, les échanges entre les trois pays étaient importants.

Tout d’abord, le marché du travail a été touché par l’arrivée des Syriens prêts à travailler à moindre coût et à effectuer des tâches ingrates.

En Jordanie, l’arrivée des réfugiés cause une hausse du loyer, mais surtout une flambée des prix des produits de base. Dans la même idée, au Liban cela menace de faire passer 170 000 Libanais sous le seuil de pauvreté entre 2014 et 2015.

Le conflit syrien menace aussi grandement les activités économiques des deux pays : au Liban, dont la seule ouverture terrestre avec l’extérieur est la Syrie, en 2013, le conflit a causé une perte d’activité de 1.82 milliard d’euros, en freinant le tourisme, le commerce et les investissements.

Sources : Revue : – Emile Bitar Karim, “La Syrie, foyer de déstabilisation régionale ?”, Confluences Méditerranée, 2014/2 N°89, p. 67-79

Site : http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

http://www.france24.com/fr/20140403-liban-refugies-syriens-crise-humanitaire-syrie-hcr-million/

 

Les problèmes aux frontières

En Jordanie, les frontières sont le théâtre d’intenses activités de contrebande : les forces armées jordaniennes interceptent régulièrement des cargaisons d’armes, d’explosifs, de drogue, de munition en direction de Syrie. Les contrôles sont d’autant plus difficiles que les réfugiés utilisent les mêmes points de passages. Cette activité est soit motivée par le profit, soit par la volonté de soutenir les rebelles syriens.

Ainsi ces flux contribuent à l’insécurité et au non-respect de la loi en Jordanie. La présence de grandes quantités d’armes pourrait en effet conduire à des violences civiles, entre Jordaniens et réfugiés.

Le Liban, quant à lui, est fréquemment victime de tir d’obus venant de la Syrie et l’armée syrienne viole régulièrement l’intégrité territoriale du Liban au niveau de la frontière Nord du pays.

 Sources :

http://carnegieendowment.org/syriaincrisis/?fa=54509

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/liban_418/presentation-du-liban_988/index.html

ouvrage : D. Elzein, M. Notteau, C. Dravet (2013). Géopolitique du Liban.

 

Les tensions sociales

Tant au Liban qu’en Jordanie, la crise syrienne est à l’origine de tensions entre populations locales, réfugiés et acteurs de la guerre.

En effet, se développe en Jordanie une certaine xénophobie : les Jordaniens ont l’impression que le gouvernement prend soin des réfugiés syriens à leur détriment. Dans les villes où les réfugiés affluent massivement, ces tensions sont d’autant plus palpables : 88 % de la population de la ville de Mafraq se prononçait en 2012 en faveur de l’arrêt de l’accueil des réfugiés (étude du Center for Strategic Studies). Cela n’est pas sans rappeler les frictions entre Jordaniens et réfugiés palestiniens qui avaient conduit à une guerre civile en septembre 1970.

Dans le même esprit, il y avait eu au Liban, vers la fin des années 1970, de violents affrontements, car les camps qui accueillaient les 450 000 réfugiés palestiniens étaient rapidement devenus des sortes de quartiers généraux des organisations propalestiniennes, dont l’OLP. Ceux-ci avaient même été l’un des éléments déclencheurs de la guerre civile. C’est ainsi qu’après accueilli « généreusement » les réfugiés syriens, les Libanais craignent fortement que des événements similaires se produisent. On dit même qu’un « point de saturation a été atteint ». À ce titre, les autorités libanaises prennent des mesures drastiques : « expulsions », « couvre-feux »…

 Sources :

Sites : http://carnegieendowment.org/syriaincrisis/?fa=54509

http://www.france24.com/fr/20140829-trois-millions-refugies-syriens-record-onu-liban-jordanie-turquie-syrie-etat-islamique-unhcr/

http://ifpo.hypotheses.org/5419

http://www.france24.com/fr/20140403-liban-refugies-syriens-crise-humanitaire-syrie-hcr-million/

 

Syrie : délocalisation des affrontements entre Hezbollah libanais et son opposition sunnite libanaise

Au Liban une opposition existe entre le Hezbollah et un camp sunnite, appelés « le camp du 14 mars » suite à des faits politiques passés, concernant la politique intérieure. La guerre civile syrienne n’a fait qu’exacerber cette opposition. En effet, d’un côté, le Hezbollah libanais soutient ouvertement Bachar al-Assad grâce à un apport militaire important ; tandis que le camp du 14 mars s’affiche du côté des rebelles en leur fournissant plus sobrement des ressources « logistiques et financières ».

Les attentats survenus dans les camps palestiniens au Liban durant l’été 2013 pourraient laisser penser que les affrontements libano-libanais relatifs au conflit syrien ont lieu sur le territoire national. En réalité, il s’avère que les affrontements entre les Libanais pro-Assad et les prorebelles se déroulent en Syrie.

Afin d’éviter de reproduire les erreurs du passé, le Liban se protège de possibles déstabilisations par la guerre syrienne en conjuguant trois éléments :

— Des mécanismes institutionnels, fondamentalement garants de la stabilité politique, comme le dispose la Constitution

— L’instauration de la politique de dissociation, qui a pour but de prévenir toutes implications et interventions du gouvernement libanais en Syrie

— La déclaration de Baabda du 11 juin 2012, qui concrétise la volonté de toutes les parties de préserver le Liban et son unité en évitant les conflits sur son territoire à ce sujet ; ainsi que le souhait de faire bloc avec l’armée libanaise face à ce conflit

Sources : ouvrage : D. Elzein, M. Notteau, C. Dravet (2013). Géopolitique du Liban.

Revue : Emile Bitar Karim, “La Syrie, foyer de déstabilisation régionale ?”, Confluences Méditerranée, 2014/2 N°89, p. 67-79

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/liban_418/presentation-du-liban_988/index.html

Déstabilisation interne de la Jordanie

La monarchie jordanienne, qui voyait déjà ses soutiens traditionnels diminuer, s’est retrouvée d’autant plus contestée avec la crise syrienne. Ainsi, le conflit syrien et l’arrivée des réfugiés ont poussé les autorités à réduire les aides publiques alors que le prix des ressources augmentait. Les protestations populaire ont alors laissé craindre une possible « contagion révolutionnaire ». Cependant, cette contestation de la monarchie a peu à peu été remise en cause par la situation critique en Syrie qui a effrayé les protestataires. Les Jordaniens préfèrent ainsi la stabilité apportée par la monarchie, ce qui n’empêche pas le roi de devoir tenter d’améliorer la situation et les conditions de vie.

La montée du salafisme inquiète également : des salafistes jordaniens combattent en Syrie aux côtés des djihadistes s’opposant à Al-Assad et on observe une montée de l’islam radical auprès de certains réfugiés syriens en Jordanie. Ces deux phénomènes préoccupent les Jordaniens et les autorités d’autant plus que la Jordanie a été traumatisée par les attentats d’Al-Qaïda à Amman en 2005. La gestion des relations avec ces extrémistes est un enjeu national majeur.

Sources :

Revue : Emile Bitar Karim, “La Syrie, foyer de déstabilisation régionale ?”, Confluences Méditerranée, 2014/2 N°89, p. 67-79

Sites :

http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

http://www.lesclesdumoyenorient.com/La-Jordanie-entre-perils.html

http://carnegieendowment.org/syriaincrisis/?fa=54509

 

III. Quelles solutions pour l’avenir ?

  • La résolution du conflit syrien

Étant donné que le conflit syrien constitue la base de tous ces problèmes, une résolution de cette guerre serait la solution ultime.

Bien sûr, cela semble utopique compte tenu de la situation actuelle et de la tournure désastreuse que prennent les évènements avec la présence de l’État islamique sur le territoire syrien.

Cette résolution ne peut être envisagée que comme une solution sur très long terme, et il faut en attendant trouver des solutions à plus court terme, afin d’assurer la survie des réfugiés et la stabilité de la région.

  • Aide internationale

Tant la Jordanie que le Liban réclament des aides internationales. La Jordanie a récemment déposé une requête de 4.1 milliards de dollars afin d’améliorer les conditions de santé et d’éducation, et les autres services publics que réfugiés Syriens et Jordaniens partagent dans les zones urbaines.

L’ONU a d’ailleurs demandé à plusieurs reprises qu’une aide internationale soit mise en place afin de soulager ces deux pays qui sont submergés.

Cela permettrait une meilleure gestion des réfugiés, d’apaiser les tensions politiques et sociales dans le pays, et de minimiser l’impact du conflit sur leurs économies respectives.

Sources :

http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

 

  • Intégration des réfugiés

Cette intégration devrait s’effectuer au niveau local en permettant aux réfugiés syriens de s’impliquer légalement dans l’économie locale, afin qu’ils puissent obtenir plus facilement de permis de travail ou ouvrir des commerces employant des locaux.

Mais il est important que les Syriens puissent également participer aux projets relatifs aux réfugiés, afin de mieux cerner les besoins et ainsi permettre une meilleure appréhension de leurs particularismes.

Source : Site :

http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

 

  • Accueil des réfugiés sur d’autre territoires

Afin de soulager le Liban et la Jordanie, il serait bon d’ouvrir d’autres zones géographiques aux réfugiés : aux États-Unis ou en Europe. Quelques milliers de réfugiés ont déjà été accueillis par la Suède et l’Allemagne. Le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi convié de nombreux ministres des Affaires étrangères et représentants d’organisations internationales telles que le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à la conférence sur les réfugiés organisée à Berlin, le 28 octobre.

Source : site : http://www.nytimes.com/2014/03/18/opinion/jordans-urban-refugees.html?_r=2

 

  • Notre analyse

Le conflit syrien est loin d’une résolution. Il semble donc primordial de se pencher sur la question de l’accueil des réfugiés, le Liban et la Jordanie ne pouvant à eux seuls s’occuper de ce « fardeau ».

Il est fondamental que les réfugiés soient pris en charge, ce en vertu du droit international et particulièrement au nom de la Convention de Genève (1951) qui a posé les bases en matière de droit relatifs aux populations réfugiées. Ainsi, le « Non-Refoulement ne signifie pas seulement que personne ne peut être renvoyé dans un pays dans lequel sa vie ou sa liberté est menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou en raison de ses convictions politiques, mais aussi qu’une personne, qui exprime cette crainte, doit se voir accorder le droit d’entrée. Le principe du Non-Refoulement fait partie du droit international public coutumier et lie de cette manière l’ensemble des états. »

De plus, dans notre société mondialisée, les évènements à un point a de la planète ont des répercussions positives ou non sur un point B aussi éloigné soit-il. À ce titre, les situations libanaises et jordaniennes nous impactent également. Il est donc impensable de laisser ces deux États s’occuper seuls des réfugiés et gérer les tensions internes que cela a provoquées.

Enfin, Liban et Jordanie font office de piliers de stabilité dans cette région soumise à de nombreuses tensions. Il est donc indispensable de leur apporter de l’aide afin qu’ils restent unis et paisibles pour garantir leur stabilité. On ne peut laisser la crise d’un pays déstabiliser une région entière.

En conséquence, une intervention internationale devient, selon nous, indispensable et urgente.

Source : site : http://www.unhcr.ch/services/questions-reponses/convention-de-geneve-relative-au-statut-des-refugies.html?L=1

 

CONCLUSION

La Jordanie et le Liban font figure de forces économiques et politiques stables et fortes au Proche et Moyen-Orient.

Lorsque la guerre civile a éclaté en Syrie, ils n’ont pas été épargnés par le conflit. Des conséquences non négligeables, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales, se sont manifestées sur leurs territoires. Ils ont fait face à des flux de réfugiés, des pertes d’activité,  des intrusions sur leurs territoires, des actes illégaux et une remise en cause de l’équilibre politique…

Des appels à l’aide ont déjà été lancés par le Liban et la Jordanie, une intervention internationale efficace se fait donc attendre.

Cependant, cette aide ne peut se limiter au Liban et à la Jordanie, d’autres États tels que la Turquie et l’Irak accueillent également des réfugiés et les mêmes conséquences peuvent s’y faire sentir.

 Source : revue : Emile Bitar Karim, “La Syrie, foyer de déstabilisation régionale ?”, Confluences Méditerranée, 2014/2 N°89, p. 67-79

 

Auteurs: Laurène Barrier et Léa Célant

 

 

 

 

 

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Népal : le peuple du sommet du monde ne perd pas espoir /geopolitique/nepal-le-peuple-du-sommet-du-monde-ne-perd-pas-espoir/ /geopolitique/nepal-le-peuple-du-sommet-du-monde-ne-perd-pas-espoir/#respond Mon, 04 May 2015 15:29:27 +0000 /?p=11296 Introduction

Le séisme qui a frappé le Népal, samedi 25 avril, est le plus grave qu’ait connu ce pays. C’est un pays à risque, car il se situe exactement sur la zone de chevauchement des plaques eurasiennes et indiennes, chevauchement à l’origine de l’élévation de la chaîne de l’Himalaya. Le pays enclavé est principalement composé de reliefs montagneux et de vallées difficiles d’accès. Le dernier bilan du séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter s’établit désormais à 7240 morts, et 14,023 blessés. Selon l’ONU, ce sont plus de huit millions de personnes qui ont été gravement affectées par ce séisme qui a causé simultanément destructions, famines et épidémies.

Caroline Sengupta remarque que “cela aurait pu être pire, le séisme s’est produit un samedi, jour férié au Népal. Il n’y avait personne dans les bureaux, dans les écoles, peu de trafic routier et beaucoup de gens dans les rues en train de se promener, ce qui leur a évité de se trouver chez eux quand le séisme a eu lieu, vers midi”.

Pourquoi le Népal est-il touché violentent par ce tremblement de terre ?

D’après le géophysicien, Vincent Courtillot, la plaque indienne et la plaque asiatique (eurasienne) se rapprochent de 2 cm chaque année, après plusieurs siècles de rapprochement on en arrive à plusieurs mètres, causant une intense friction qui peut se libéré d’un coup et l’énergie qui s’en libère crée le tremblement de terre. Un tremblement de terre d’ont épicentre c’est trouvé à 80km de la capitale du Népal, Katmandou. Les pays limitrophes du Népal ont également subi des dommages, notamment la Chine (et plus particulièrement le Tibet, l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan.

Voici les plaques tectoniques via Wikipédia Commons et la carte du séisme :

Face à l’ampleur de la catastrophe, le Népal devra déployer d’importants efforts de reconstruction de ses villes où beaucoup de bâtiments anciens ont été détruits ou endommagés et de ses axes routiers qui relient entre elles des vallées difficiles d’accès.
Cependant, la priorité reste à l’urgence de rechercher et secourir les personnes touchées par la catastrophe.

Quelle aide concrète a apporté au pays?

Deux jours après la catastrophe, les associations et organisations internationales ont multiplié leurs appels aux dons, meilleurs moyens d’aider les dizaines de milliers de sinistrés.

La Croix Rouge qui œuvre à la recherche de survivants et à l’aide aux blessés, fais appel aux dons qui seront affectés à la construction d’abri, à l’aide médicale et alimentaire de la population. Cette mesure nous demande la rapidité, explique-t-on au siège de l’organisation, ‘‘Nous avons besoin d’une aide exclusivement financière, car les aides matérielles sont trop compliquées à acheminer sur place’’.

Une aide d’urgence internationale

 

L’ONU

« Nous n’avons pas de temps à perdre concernant les opérations de recherche et de sauvetage », a déclaré la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires et coordonnatrices des secours d’urgence, Valerie Amos, dans un communiqué de presse publié dimanche.
« Nos pensées vont au peuple du Népal alors qu’il fait face aux pertes en vies humaines et aux dévastations causées par le séisme de samedi et par ses répliques », a-t-elle ajouté, faisant écho aux condoléances exprimées la veille, le jour de la catastrophe, par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Des équipes dépêchées par l’Inde, le Pakistan, la Chine et Israël ont également commencé à travailler, et d’autres sont sur le point d’être déployées en provenance des États-Unis, de Singapour, des Émirats Arabes Unis, de l’Union européenne et d’ailleurs. Mme Amos a souligné aussi l’assistance fournie sur le terrain par les agences onusiennes, notamment le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La Chine

La Chine a immédiatement envoyé des équipes techniques et médicales sur place pour venir en aide aux victimes, mais aussi pour évacuer ses ressortissants. Les 62 secouristes chinois ont été parmi les premiers à arriver à Katmandou. Cependant il y a aussi des médecins et des psychologues spécialement entraînés pour travailler en altitude. Le gouvernement a promis 3 millions d’euros pour venir en aide aux victimes. La Croix-Rouge chinoise a également envoyé des tentes et des couvertures.

L’Inde

Les régions de l’est et du nord-est de l’Inde qui bordent le Népal ont également été touchées par le séisme, qui s’est ressenti à un millier de kilomètres plus à l’ouest. L’État indien du Bihar, qui borde le Népal au sud a été le plus affecté, c’est là que le séisme a fait le plus de victimes. L’Uttar Pradesh et le Bengale-Occidental ont également été touchés. Mais les dégâts sont sans commune mesure avec ce que l’on peut constater au Népal.
New Delhi a également réagi quasi immédiatement après la catastrophe et proposé son aide. Le Premier ministre indien Narendra Modi a communiqué via Twitter samedi. Treize avions militaires chargés d’aide (nourriture, couvertures, des sauveteurs avec des chiens et un hôpital de campagne) ont été affrétés dans le cadre de l’opération « Amitié ». L’Inde a également rapatrié plus de 1000 de ses ressortissants bloqués au Népal depuis samedi et devrait aussi envoyer des bus et des hélicoptères pour évacuer les victimes de la catastrophe.

L’Europe

Le Secours Populaire Français se mobilise pour apporter assistance aux sinistrés. Ces aides commencent par la distribution de produits alimentaires et des systèmes de potabilisation de l’eau
Des experts de l’Union européenne ont été dépêchés dans les zones les plus affectées par le séisme.
Berlin, Londres, Paris et Madrid ont aussi promis leur aide, la Norvège annonçant pour sa part le déblocage de 4,6 millions de dollars.
Le FMI s’est dit prêt à envoyer une équipe au Népal «dans les plus courts délais pour aider le gouvernement à évaluer la situation macroéconomique et à déterminer les besoins financiers», en coordination avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD) notamment.
Enfin, le pape François a exprimé «sa solidarité à l’égard de tous ceux affectés par ce désastre» et a fait part de sa «tristesse», selon le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican.

Les États-Unis

Les États-Unis ont annoncé l’envoi d’équipes de secours et le déblocage d’une première enveloppe d’un million de dollars. « Du fond du cœur, nous adressons notre sympathie aux peuples du Népal et des régions touchées par cette tragédie », c’est exprimé le secrétaire d’État américain John Kerry.

Conséquences de séisme Népalais

Pertes économiques

L’USGS, l’institut géophysique américain, qui a évalué l’amplitude du séisme, note sur son site que les « pertes économiques estimées pourraient surpasser le PIB du Népal ». Un PIB qui atteignait en 2013 à peine 18 milliards d’euros, pour une population d’un peu plus de 26 millions d’habitants d’après un recensement de 2011.

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Ce schéma montre que les pertes économiques ont 34% de chance de se situer entre 1 et 10 milliards de dollars et 29% de chance de se situer entre 10 et 100 milliards de dollars. Cependant à ce jour, l’impact économique de la catastrophe reste difficile à estimer, l’ampleur des dégâts n’ayant pas encore précisément établie, 40% du pays étant été touché par le tremblement de terre.

Pour le moment, le coût à long terme de la reconstruction du Népal, en appliquant les critères de reconstruction des bâtiments situés dans des régions menacées par d’importants séismes, pourrait dépasser les 5 milliards de dollars », annonce Rajiv Biswas, chef économiste pour l’Asie-Pacifique du cabinet IHS.

Une aide internationale financière massive pour la reconstruction du pays est donc absolument nécessaire et devra venir complexer les aides d’urgence déjà débloquées. Si l’on cumule les aides financières promises par la communauté internationale, le Népal devrait pouvoir compter sur au moins 19,5 millions d’euros. Parmi les plus gros donneurs, l’Union européenne a promis une aide immédiate de 3 millions d’euros, les États-Unis de 1 million de dollars, le Canada de 5 millions de dollars canadiens, le Royaume-Uni de 5 millions de livres et la Chine de 3,4 millions de dollars. Les aides matérielles affluent également. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’Organisation des Nations unies, notamment, se prépare à une opération de grande ampleur au Népal, et la France participe également, avec des secouristes arrivés dès lundi et un avion gros porteur parti le 28 avril dernier, emmenant une autre équipe spécialisée.

Baisse du tourisme

Face à la situation humanitaire catastrophique, les visiteurs sont sous le choc et l’émotion d’émotion, mais également l’angoisse de par la difficulté de rappariement des étrangers dans leur pays d’origine. L’État népalais doit s’attendre, à court terme, à une baisse significative du tourisme après Fédéric Giroir, directeur général d’Allibert trekking, leader français des treks au Népal. Mais à moyen terme, dès l’automne prochain, le meilleur moyen d’aider le pays, ce sera d’y retourner.
Selon le responsable du département touristique Tulsi Gautam, il est estimé qu’il serait impossible de poursuivre des ascensions cette année, mais aucune décision officielle n’a encore été prise.

Dommages culturels

 

Ce drame est une catastrophe humaine, mais également culturelle, en effet; les grands temples du Durbar, la grande place de Katmandou où se situe l’ancien palais d’Hanuman Dhokka, se sont effondrés. Ce qui fut l’un des lieux les plus symboliques du riche patrimoine du pays est désormais un quasi-champ de ruines.
La tour de Bhimsen, également connue sous le nom de Dharahara, qui avait la forme d’une mince colonne d’une hauteur de 69 mètres construite en 1825, n’a pas résisté non plus à la violence du séisme. Un escalier étroit permettait d’accéder au sommet et de nombreux visiteurs se sont retrouvés coincés sous les décombres.

Conclusion

Le Népal est un pays à risque, certes, mais nos technologies actuelles ne nous permettent pas de prévoir les tremblements de terre avec la précision et la rapidité nécessaires pour pouvoir mettre les populations à l’abri de telles catastrophes. Cependant on sait qu’un séisme important augmente la probabilité d’autres séismes. Le Népal vit encore dans la peur de réplique qui est géologiquement importante pour le réajustement des masses rocheuses. De manière générale, les répliques diminuent en magnitude et en fréquence.
Un séisme ne tue pas, c’est l’effondrement des bâtiments inadapté qui cause la majeure partie des pertes humaines. L’effort de reconstruction népalais devra inclure un fort accent sur des constructions résistances aux séismes. En tant que pays particulièrement exposé, l’État pourrait inciter plus d’étudiants à poursuivre des études en séismologie, une meilleure compréhension du phénomène augmentant les solutions de survie.
Agir contre les séismes, c’est comme agir contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement. On sait que la menace est réelle et inévitable. Mais on préfère consacrer des moyens à ce qui peut sembler plus urgent. Les difficultés économiques et financières du Népal augmentent sa vulnérabilité face à ce genre de tragédie. D’où la nécessité que l’élan de solidarité observé pour l’aide d’urgence puisse se perpétuer dans le déblocage de somme plus importante pour la reconstruction du pays.
À la fin, le monde entier prie pour les sinistrés et espère que les Népalais se remettront.

Images du séisme

 

 

 

Sources

Articles et photos:

http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9pal#G.C3.A9ologie
http://www.francetvinfo.fr/monde/asie/pourquoi-un-tel-seisme-a-t-il-frappe-le-nepal_887651.html
http://www.lefigaro.fr/international/2015/04/27/01003-20150427ARTFIG00189-nepal-voici-comment-aider-concretement-les-victimes-du-seisme.php
http://news.xinhuanet.com/english/photo/2015-04/29/c_134195187_4.htm
http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/25/le-seisme-et-les-destructions-au-nepal-tragiques-mais-attendus_4622825_3244.html#
http://www.rfi.fr/asie-pacifique/2min/20150427-seisme-nepal-chine-secours-victimes-aide-touristes-tibet/
http://www.leparisien.fr/acheres-la-foret-77760/seisme-au-nepal-le-secours-populaire-francais-se-mobilise-27-04-2015-4728827.
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=34676#.VUIdhZM70Uc
http://www.journaldemontreal.com/2015/04/26/violente-replique-de-magnitude-67-au-nepal
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/27/sept-chiffres-pour-comprendre-la-catastrophe-au-nepal_4623498_4355770.html
http://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/02133291939-seisme-au-nepal-quel-impact-economique-1114815.php
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/nepal-pourquoi-il-est-impossible-de-prevoir-un-seisme_1675181.html
http://french.xinhuanet.com/seismenepal/index.htm
http://image.baidu.com/

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Ukraine et Russie : Les tensions ne peuvent pas être ralenties ? /geopolitique/russie-caucase/ukraine-et-russie-les-tensions-ne-peuvent-pas-etre-ralenties/ /geopolitique/russie-caucase/ukraine-et-russie-les-tensions-ne-peuvent-pas-etre-ralenties/#respond Mon, 27 Apr 2015 13:28:46 +0000 /?p=11270 Relation actuelle

• Réchauffement

A partir de 2010, dès que le président Ukraine a signé l’accord, avec son homologue russe, Dmitri Medvedev, un traité portant d’une part sur le prolongement pour vingt-cinq ans du bail de la Flotte russe de la mer Noire basée à Sébastopol16 en Crimée, et d’autre part sur la diminution du prix du gaz russe livré à l’Ukraine de de 30 %. Cependant, suite à la déclaration d’indépendance du Parlement de Crimée, le gouvernement ukrainien affirme qu’il n’enverra pas de troupes en Crimée, par crainte de dégarnir les frontières orientales de l’Ukraine, où la Russie a déployé d’importantes troupes. En 18 Mars 2014, à cause de l’annonce issue de gouvernement Russe sur l’affirmation de la République de Crimée et la ville de Sébastopol comme deux nouveaux sujets fédéraux de la Fédération de Russie, les tensions restent fortes entre les deux pays. Ainsi, les deux pays rétablissent le contrôle total de la frontière russo-ukrainienne.

• Retrait d’armes lourdes

Selon les accords Minsk 2, les deux parties doivent retirer “toutes les armes lourdes” afin d’établir une zone tampon d’une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d’armes lourdes. Pour mettre en place cette zone, l’armée ukrainienne doit retirer ses pièces d’artillerie par rapport à la ligne de front actuelle, située plus à l’ouest par rapport à celle qui était accordée en septembre dans le cadre des précédents accords de paix de Minsk étant donné que les rebelles ont gagné du terrain depuis.

De leur côté, les rebelles doivent se retirer par rapport à la ligne de front de l’époque, celle de septembre. Les territoires nouvellement conquis sont ainsi de facto intégrés à la zone tampon élargie par rapport aux précédents accords qui prévoyaient une zone de 30 kilomètres de largeur.

• Echange des prisonniers

La veille un échange de prisonniers à également eu lieu entre les deux camps. 139 soldats ukrainiens et 52 combattants rebelles retenus prisonniers ont été échangés samedi à Jolobok, un village situé sur la ligne de front dans la région de Lougansk, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. Des soldats étaient blessés et certains se déplaçaient difficilement, bien qu’ils aient dû marcher plusieurs kilomètres dans une campagne ukrainienne frappée par les tirs d’artillerie pour arriver au lieu de l’échange.
Il s’agit du plus important échange de prisonniers depuis le début de l’année. Les accords de Minsk 2 prévoient qu’Ukrainiens et rebelles libèrent “tous les prisonniers et les otages” retenus depuis le début du conflit en avril dernier. Les séparatistes ont précisé que plusieurs prisonniers avaient été capturés à Debaltseve. Environ 2500 soldats ukrainiens avaient réussi mercredi à s’extirper de ce verrou stratégique, quasiment encerclé et soumis à des bombardements quotidiens des rebelles depuis un mois.
Vingt soldats sont morts au cours de cette retraite, et la bataille a causé en un mois la mort de 179 soldats ukrainiens, a annoncé vendredi Iouri Birioukov, un proche conseiller du président ukrainien Petro Porochenko. Il a ajouté que 81 soldats étaient toujours portés disparus. Malgré la signature des accords de Minsk 2 prévoyant l’instauration d’un cessez-le-feu à partir du 15 février, les rebelles avaient continué leur offensive autour de Debaltseve, dont la prise leur permet de relier les deux “capitales” séparatistes de Donetsk et Lougansk.
La définition du statut de ces deux fiefs fait d’ailleurs partie des autres points qu’exigent les accords de Minsk 2. Voici ce qu’il reste donc à accomplir aux deux camps pour répondre aux exigences de ces accords.

• Définition du statut des régions de Donetsk et Lougansk

 

Minsk prévoit de promouvoir un dialogue pour l’organisation d’élections locales conformément à la législation ukrainienne et pour définir le futur statut des régions de Donetsk et de Lougansk. Une amnistie doit également être décrétée pour les combattants impliqués dans le conflit.
Kiev avait déjà voté en septembre une loi sur le “statut spécial” des territoires aux mains des rebelles qui leur donnait davantage d’autonomie, garantissait le libre usage du russe et fixait au 7 décembre l’organisation d’élections locales. Une autre loi prévoyait l’amnistie d’une partie des combattants séparatistes.
Les rebelles ont cependant rejeté cette offre et ont organisé le 2 novembre leurs propres élections présidentielles et législatives, condamnées par Kiev et les Occidentaux. L’Ukraine a fini par annoncer l’annulation des deux lois et a coupé à la mi-novembre le financement budgétaire des territoires sous le contrôle des séparatistes. Les insurgés dénoncent dès lors un “blocus économique” imposé par Kiev.

Rédaction d’une nouvelle constitution en Ukraine

Le texte prévoit la mise en place d’une nouvelle Constitution ukrainienne d’ici à fin 2015, prévoyant une “décentralisation” des régions de Donetsk et de Lougansk, en accord avec les représentants de ces zones.
A ces points s’ajoute également la mise en place d’un cessez-le-feu effectif. Celui-ci devait entrer en vigueur le 14 février mais les combats ont continué dans certaines villes notamment à Debaltseve. Ces violations du cessez-le-feu ont provoqué les foudres de Washington qui réfléchit à des sanctions “graves” contre la Russie, accusée de soutenir les séparatistes. Et beaucoup en Ukraine craignaient par ailleurs une nouvelle offensive séparatiste, cette fois sur le port de Marioupol, derrière grande ville de l’Est située dans le sud de la ligne du front, que les rebelles avaient déjà dans le passé désigné comme leur prochain objectif.
• Renforcement de la présence militaire Russie
La Russie a déployé des systèmes de défense antiaérienne supplémentaires dans l’est de l’Ukraine et contribue à entraîner les forces séparatistes pro-russes en violation de l’accord de cessez-le-feu de Minsk.
“Il n’y a pas eu autant d’équipement de défense antiaérienne russe dans l’est de l’Ukraine depuis le mois d’août” 2014 a déclaré dans un communiqué la porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf. L’armée russe aurait aussi renforcé sa présence à la frontière avec les territoires contrôlés par les rebelles séparatistes, où elle n’avait pas déployé autant d’hommes et de matériel depuis octobre dernier.

Perceptives prises par Ukraine en 2015

A) De la nécessité des réformes politiques et économiques

L’application des réformes par le gouvernement. Parmi les plus importantes, on trouve :
• La réforme des retraites, point focal des mécontentements sociaux possibles en 2015 ;
• La structuration d’un Etat de droit et la réforme du secteur public : réforme de la police, du système pénal, de l’administration publique, approfondissement de la loi anti-corruption, lustration, etc.
• La refonte totale du système judiciaire, qui traine depuis l’ère Ianoukovitch et qui représente un point majeur de la pérennité de l’Accord d’Association avec l’UE. L’Ukraine aurait déjà dû effectuer la réforme pour obtenir la signature du document par Bruxelles ;
• La modernisation des forces armées : la coalition parlementaire prévoit que 3% du PIB soit attribué à la défense, ce qui semble insuffisant pour un pays en “guerre” et une armée exsangue. A noter que les derniers équipements militaires ont été fournis en novembre par les Etats-Unis lors de la visite de Joe Biden ;
• Les mesures clés de la coalition : la décentralisation, le retour de la Crimée (qui ne sera même pas discutée par Moscou en 2015) et l’accession à l’OTAN (qui ne sera pas à l’ordre du jour, du moins tant que la question du Donbass n’est pas réglée).

Le gouvernement est donc attendu au tournant en 2015 et devra faire ses preuves, sous peine de provoquer une vague de mécontentement des activistes civils issues de Maïdan. Le rythme des réformes va en réalité surtout dépendre de la capacité de la Rada à faire son travail correctement sans entraves de l’opposition, qui risque de déchaîner le peu de ressources administratives qui lui reste pour casser la coalition et entraver la majorité constitutionnelle. Ralenties par ces nombreux facteurs d’incertitude, les réformes se feront de manière progressive, lente et pas à pas. Or les réformes sont intrinsèquement liées entre elles et doivent être coordonnées de manière concomitante : c’est justement là où des problèmes apparaitront en 2015, dans le sens où il va être difficile de déterminer lesquelles réaliser en premier. Une forme de “compétition aux réformes” prioritaires, selon les intérêts des gouvernants et la répartition des tâches au sein de la coalition, risque de voir le jour l’année prochaine.

Par rapport au côté économique, c’est purement et simplement le sauvetage de l’économie ukrainienne, et le retour sur le chemin de la croissance, qui sont en jeu pour l’année 2015. Depuis 9 mois, la communauté internationale fournit à Kiev le minimum nécessaire en termes de prêts et de financement pour éviter un inévitable défaut de paiement et l’effondrement total du pays. Le FMI a d’ailleurs annoncé le 9 décembre que 15 milliards de dollars supplémentaires seraient nécessaires pour renflouer l’économie ukrainienne, en plus des 17 milliards d’aide initialement prévus dans le plan d’action d’avril 2014. Début décembre 2014, l’Union Européenne avait également déclenché l’enveloppe de 500 millions d’euros sous forme de prêts, inclue dans le programme d’aide d’1,6 milliards d’euros signé en mars dernier.
2015 sera une année charnière en termes de choix économiques. D’intenses réformes sont donc nécessaires, sur fond d’austérité provoquée par la conditionnalité de l’aide du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale ainsi que concernant le respect des critères de convergence de la partie économique de l’Accord d’Association de l’Union Européenne (DCFTA). On s’attend à ce que l’Ukraine connaisse au moins 5 ans de marasme économique, les critères macro-économiques du pays étant aujourd’hui au niveau de ceux années 1990.

L’Ukraine a besoin de plus de 40 milliards de dollars d’assistance pour sortir la tête de l’eau, alors même que les prêteurs internationaux demandent des conditions d’austérité qui risquent de provoquer des vagues de mécontentement social l’année prochaine. Les points de crispation se cristalliseront sur la question du gel des augmentations de salaire et des aides sociales, de la réforme des retraites, de la montée du chômage et l’absence d’investissements étrangers pour relancer l’économie.

De plus, l’année 2015 risque de connaître une nouvelle crise gazière entre Kiev et Moscou après mars 2015, date officielle de la fin de l’accord gazier du 30 octobre dernier signé entre les deux états sous la bienveillance de l’Union Européenne. En l’échange du remboursement immédiat de 1,45 milliards de dettes à Gazprom, Moscou avait convenu de la reprise de fourniture de gaz à Kiev sous condition de prépaiement (comme c’est toutefois le cas pour tous les états européens). Ce faisant, Kiev avait déboursé les deux tiers de son enveloppe d’aide du FMI et de l’UE pour rembourser Moscou, représentant ainsi un camouflet sévère pour les autorités européennes et internationales. Pour rappel, les livraisons de gaz russe avaient repris le 9 décembre, après 6 mois d’arrêt. En plus du chantage sur les futures livraisons, Moscou pourrait également tenter de renégocier à la hausse le prix du gaz, déjà élevé pour Kiev. En effet, l’Ukraine paye aujourd’hui entre 378 et 375 dollars pour 1 000 mètres cubes de gaz russe, comparé à 304 dollars en moyenne en UE.

B) Entre le Donbass et Moscou, l’avenir sécuritaire de l’Ukraine dans la balance

Les enjeux stratégiques de l’année 2015 sont primordiaux pour Kiev, d’autant plus que le président Poroshenko a fait du retour de la Crimée une de ses priorités. Mais dans la perspective où la Crimée est désormais belle et bien russe, perdre définitivement les deux territoires de l’est représenterait un premier échec politique et un facteur supplémentaire de crispation pour la population. Cette stratégie est à double tranchant pour Poroshenko, dont le côté “va-t’en guerre” pourrait provoquer des mécontentements et la perte du soutien populaire en cas d’incapacité de l’armée de récupérer le Donbass. L’impossibilité totale d’infléchir Moscou sur la question de la Crimée va donc pousser le gouvernement de Kiev à se concentrer en 2015 uniquement sur la récupération du Donbass dans une logique jusqu’au-boutiste. Au final, Kiev va devoir gérer la partition de facto de son territoire.

Le contexte sécuritaire dans l’est va devenir de de plus en plus précaire en début d’année 2015. Autour de Donetsk, les échanges de tirs et les bombardements étaient encore quotidiens début décembre, ce en raison des tentatives d’incursions des forces armées et des tirs d’obus sur les points stratégiques tenus par les rebelles. Malgré l’organisation d’une “Journée du Silence” le 9 décembre -sorte de test de cessez-le-feu- les combats vont continuer dans les mois à venir.
Quoi qu’il en soit, la phase active des combats est donc terminée pour le moment : l’hiver 2014 va littéralement “geler” le front sur les positions actuelles et Moscou s’oriente maintenant sur une bataille diplomatique pour la reconnaissance des territoires de l’est. Le 19 novembre, le Cabinet des ministres adoptait un décret présidentiel prévoyant la démarcation unilatérale de la frontière entre l’Ukraine et la Russie : la création d’une ligne de front fortifiée pérennise encore plus le “gel” du conflit et son inscription dans la durée. Les prochains mouvements de troupes auront lieu, si c’est le cas, au printemps 2015. Cette situation d’attentisme entraîne malgré tout un large potentiel de déstabilisation envers les forces armées ukrainiennes, ce étant donné que les deux parties au conflit sont rentrées dans une logique de guerre de position. En cela, les “opérations anti-terroristes” (ATO) ont échoué dans leur objectif de reprendre rapidement les positions dans l’est et mettre fin aux velléités séparatistes.

La situation dans le Donbass reste un fait accompli pour le Kremlin, qui va désormais devoir gérer les appels des deux “Républiques” à un rattachement au territoire de la Fédération de Russie en 2015. Leur indépendance, fictive, n’aura pas duré longtemps. Les leaders séparatistes appellent désormais à la création d’un “nouveau statut” négocié sur une base égale et bilatérale avec Kiev dans le cadre du groupe de contact de Minsk ainsi que la révision du protocole d’armistice du 5 septembre dans un sens qui pousserait Kiev à reconnaitre de facto l’existence des entités du Donbass. En 2015, La Russie va par conséquent chercher à renforcer le rôle diplomatique officiel des leaders rebelles, présents à la table des négociations depuis juin dernier, et sur la nécessité d’un dialogue direct entre Kiev et les séparatistes – de préférence sous médiation russe.

Toutefois Moscou n’est pas dans l’optique d’un règlement rapide du conflit, préférant voir la situation dans l’est se détériorer et “pourrir” tout en créant des conditions de vie telles qu’il sera quasi-impossible de réintégrer le Donbass à l’Ukraine territoriale sans le sacrifice économique de Kiev et un travail pluri-générationnel de “confidence-building” entre les populations. La logique de guerre civile prenant de plus en plus le dessus, Kiev aura du mal à recréer un climat de confiance avec les populations de l’est, meurtries par les frappes indiscriminées de l’armée et l’appellation de “terroristes”. La logique jusqu’au-boutiste du Président, qui a même déclaré être prêt à livrer une “guerre totale” dans l’est, s’accommode mal avec les perspectives d’une reconstruction post-conflit et la réintégration des territoires à l’Ukraine. Le Kremlin en est conscient, le temps jouera en la défaveur de Kiev, dans un scénario similaire aux territoires séparatistes de Géorgie (Abkhazie et Ossétie du Sud), ou dans une autre logique la Corée du Nord.

Kiev et Moscou n’étant au final pas sur la même longueur d’onde – volonté de récupérer les territoires d’un côté contre nécessité de temporiser de l’autre – les négociations de paix dans le cadre du processus de Minsk se sont déjà enlisées.
Grande perdante dans l’histoire, l’Ukraine devra s’accommoder de négocier avec la Russie l’année prochaine, et donc forcément consentir à faire des concessions. De son côté Moscou jouera la carte de l’apaisement mais sans réels avancées diplomatiques, tout en plaçant progressivement ses hommes sur la scène diplomatique et en poussant pour la reconnaissance des territoires.

Pour résumer :

Sur le plan politique, l’année 2015 sera marquée par le rythme des réformes structurelles, et en premier lieu la décentralisation, sous le contrôle de la société civile issue de Maïdan. Des craquements pourraient toutefois apparaître dans la coalition “pro-européenne” majoritaire au Parlement ainsi que dans le duopole entre le Président Poroshenko et le Premier ministre Iatseniouk.
Sur le plan économique, 2015 sera comme un couperet en termes de survie même d’un pays en défaut de paiement virtuel et sa capacité à gérer à entamer des réformes, conditionnées à l’obtention des prêts internationaux. Il s’agira de relancer la croissance, dont les moteurs restent à définir, et gérer la probable crise gazière au printemps 2015.
Sur le plan stratégique et sécuritaire, Kiev va devoir gérer à la fois le “gel” du conflit dans le Donbass et la pression accrue de Moscou. Si la Crimée semble s’éloigner définitivement, la question des “Républiques” de l’est reste ouverte et l’Ukraine devra forcément faire face à son voisin russe pour éviter la perte totale de contrôle sur ses territoires.

Comment l’Union Européenne fait la face à la cette tension forte ?

Premièrement, l’Union européenne doit s’engager dès à présent pour l’avenir de l’Ukraine, qui risque de plonger sous peu dans un chaos économique et politique. L’Ukraine nécessite d’urgence une assistance financière massive dès le début de l’année 2015 pour lui permettre d’éviter le défaut de paiement et lui donner une chance d’en finir avec une économie politique inefficace et corrompue. Elle se doit de relever le défi – au moyen d’instruments nationaux, européens et multilatéraux (FMI) – en lui offrant, autant que possible, des subventions plutôt que des prêts, afin de ne pas alourdir le poids déjà considérable de la dette ukrainienne. En échange, elle pourrait demander à Kiev de mettre en œuvre un plan de réformes afin d’améliorer, entre autres, son efficacité énergétique, ce qui dynamiserait la croissance du pays tout en le rendant moins vulnérable aux chantages économiques russes.

En dépit des restrictions auxquelles sont actuellement soumises les opérations de l’OSCE dans l’est de l’Ukraine, l’Union européenne pourrait contribuer à la sécurité du pays en déployant une mission chargée d’observer le respect du tout nouveau cessez-le-feu avec les séparatistes ainsi que les sections de frontières russo-ukrainienne non-contestées. Même si ces observateurs se trouvaient démunis face à un assaut militaire, leur présence pourrait dissuader la Russie d’intensifier ses incursions.

Toutefois, le succès ou l’échec d’une politique européenne vis-à-vis de la Russie ne peut pas dépendre uniquement de la question ukrainienne. Le renforcement de la solidarité entre les Etats-membres constitue, en effet, une deuxième priorité. Poutine pense qu’il peut diviser les Etats membres et il tentera certainement de le faire. Pour cette raison, il est souhaitable que, à l’avenir, aucun Etat membre ne soit contraint d’affronter seul les pressions économiques de la Russie. Il en va de même pour la sécurité européenne. Lors du sommet de l’OTAN de Newport, des Etats européens membres de l’Alliance atlantique ont pris des engagements à propos de la sécurité de leurs alliés situés en Europe centrale et orientale, ce qui constitue une étape positive. A présent, les Etats européens doivent assurer leur contribution financière au nouveau plan de réactivité (Readiness Action Plan) de l’OTAN. Ils doivent également préparer des plans d’action détaillés prévoyant l’éventualité d’une escalade du conflit en Ukraine et dans d’autres régions ou pays d’Europe de l’Est. Il est souhaitable que les Etats évaluent les scénarios qui pourraient justifier la vente d’armes au gouvernement ukrainien.

Troisièmement, en tenant compte du fait que la Russie utilise l’approvisionnement énergétique à des fins stratégiques, l’Union européenne doit établir une ” union énergétique ” prévoyant un rôle pour la Commission européenne lors d’accords énergétiques avec des pays tiers. De même, les décisions concernant les grandes infrastructures de transport d’énergie, telles que le gazoduc South Stream, devraient être prises en veillant à préserver la sécurité énergétique à long terme de l’Union européenne, et non pour satisfaire les intérêts particuliers de quelques Etats membres.

Quatrièmement, les entreprises et les investisseurs russes qui opèrent dans l’Union européenne devraient faire l’objet d’une attention accrue de la part des autorités régulatrices européennes. Une forte dépendance à l’égard du gaz russe a poussé certains gouvernements à tolérer des niveaux d’opacité contractuelle et tarifaire qui sapent les progrès vers une intégration énergétique européenne. Accepter que des entreprises contrôlées par l’Etat russe pénètrent davantage dans les marchés européens peut porter atteinte à l’approche réglementée de la gouvernance économique de l’Union européenne et favoriser l’expansion de la corruption, particulièrement dans les systèmes politiques nationaux les plus vulnérables du sud-est de l’Europe. Les structures de gouvernance des entreprises russes devraient être prises en compte avant d’autoriser leur accès aux marchés et aux investissements.

Cinquièmement, les gouvernements européens doivent aider à consolider les Etats membres tels que la Bulgarie, la Roumanie et les pays baltes, qui sont les plus vulnérables à la pression ” hybride ” exercée par la Russie. Ce qui implique la création d’initiatives communes afin de renforcer le contrôle de leurs frontières, de professionnaliser leurs forces de police, de protéger leurs minorités, d’assurer la transparence et le pluralisme des médias, d’améliorer la cybersécurité et de mieux lutter contre la corruption. La même attention doit être accordée aux Etats candidats à l’adhésion à l’Union européenne, comme la Serbie et le Monténégro, où la Russie espère à présent accroître son influence. Dans ce contexte, les dirigeants européens devraient admettre que l’Union économique eurasiatique joue le rôle d’un cheval de Troie pour l’influence politique russe et qu’ils ne devraient pas accorder à cette institution plus de crédit qu’elle n’en mérite. Par ailleurs, l’Union européenne ne gagnerait rien à retarder les échéances convenues pour la signature des traités d’adhésion ou d’association.

Les cinq points décrits ne visent pas à sanctionner la Russie. Ils constatent plutôt qu’une épreuve de force s’est engagée entre les idées et valeurs de l’Union européenne qui souhaite apporter la sécurité et la prospérité à travers l’expansion et l’approfondissement de l’état de droit dans toute l’Europe, et les convictions du président russe, qui pense que les idées européennes doivent être mises à l’épreuve avant qu’elles ne menacent le système de contrôle qu’il exerce sur la Russie et ses pays voisins. Les dirigeants russes utiliseront leurs acteurs économiques, autant que leur force militaire ou leurs services de renseignement, pour tenter de gagner le bras de fer qui s’est engagé. L’Union européenne doit imposer de manière systématique et cohérente des limites à la puissance russe.

Vladimir Poutine n’est pas intéressé par une intégration de la Russie dans l’Union européenne ou dans l’Occident. Il souhaite plutôt que l’Europe accepte les différences fondamentales qui la séparent de la Russie en matière de gouvernance politique et économique. Par-dessus tout, il désire que la Russie soit internationalement reconnue comme une grande puissance et qu’elle ait le droit d’exercer cette puissance sur ses pays voisins sans tenir compte des aspirations de leurs populations. L’existence d’une telle ” sphère d’influence ” est inacceptable d’un point de vue européen.

Sachant que l’Europe n’accepte pas cette perspective, les relations bilatérales resteront tendues à l’avenir, et particulièrement en Europe centrale et orientale. Malgré cela, les deux parties peuvent tirer des bénéfices économiques de leurs relations, si les gouvernements européens ne perdent pas de vue qu’ils ont affaire non à un partenaire mais à un concurrent. Indépendamment du comportement de Moscou à l’égard de l’Ukraine, l’Union européenne doit donc limiter sa dépendance économique vis-à-vis de la Russe.

Les dirigeants européens peuvent dès à présent mettre à profit le court laps de temps dont l’Ukraine dispose pour que ce pays puisse envisager un avenir européen. En attendant de savoir à quel point l’Ukraine désire cet avenir, l’Europe doit se préparer à gérer des relations tendues sur le long terme en espérant que la prochaine génération de dirigeants russes aura pour le pays des ambitions autres que les maigres consolations offertes par le << révisionnisme historique >> qui anime le président russe.

Source

http://news.sina.com.cn/w/zg/hwgc
http://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_la_Russie_et_Ukraine
http://www.huffingtonpost.fr/2015/02/22/ukraine-accord-retrait-armes-lourdes-echange-prisonnier-minsk2
http://www.huffingtonpost.fr/mathieu-boulegue/quelles-perspectives-pour-lukraine-en-2015
http://www.lemonde.fr/europe/article

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