Arctique – Geolinks Observatoire en Géostratégie de Lyon Thu, 02 Jun 2016 13:00:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.1 L’Arctique /geopolitique/arctique/larctique/ /geopolitique/arctique/larctique/#comments Thu, 11 Dec 2014 08:55:27 +0000 /?p=10045 L’Arctique tiendrait son nom du grec ancien « arctos » qui signifie « ours » désignant la constellation de la Grande Ourse. Sa particularité géopolitique réside dans sa délimitation source de nombreux débats. En effet elle est généralement considérée comme la région de la Terre se situant au pôle Nord et plus précisément au nord du cercle polaire (66°33’ de latitude nord) soit un peu plus de deux fois la superficie des États-Unis . Au sens Politique, des territoires comme la Laponie sont également inclus. Si on se base sur la dimension écologique, l’Arctique prend fin lorsque l’on franchit la limite isotherme de 10° C au mois de Juillet. Au sens écologique, la ligne de Köppen délimite la zone au-delà de laquelle les arbres ne poussent plus et où s’étend la Toundra ou steppe arctique. Avec l’apparition d’enjeux économiques due à la découverte de ressources naturelles, les États ont revendiqués leur souveraineté sur ces territoires et ont fait appel à diverses théories pour découper et délimiter le territoire à leur avantage. Par conséquent on peut poser le problème en se demandant sur quelles composantes s’appuyer pour définir l’Arctique ? Pour y répondre, nous étudierons différentes dimensions que sont les variables et les constantes géographiques, les cultures et la démographie et enfin les aspects politiques.

I) ASPECTS GEOGRAPHIQUES

 

Les terres

La région Arctique représente 21 324 000 km² de surface et englobe des terres appartenant à cinq états différents :
– Russie : Les archipels François-Joseph, de la Novaïa Zemlia (Nouvelle-Zemble), de la Nouvelle-Sibérie et l’île Vrangel, la région de la mer de Barents ainsi que les régions situées des bouches de l’Ob jusqu’au Kamtchatka
– Canada : le Nunavut (territoire fédéral) et Territoires du Nord-Ouest (plus grandes îles avec les îles de Baffin, de Banks, du Prince-de-Galles et Victoria, ainsi que celles de l’archipel de la Reine-Élisabeth, où se trouve le pôle nord magnétique)
– Danemark : le Groenland, qui est la deuxième plus grand ile du monde après l’Australie, et les Iles Féroé
– États-Unis : par le biais de l’Alaska qui appartenait originellement à la Russie avant d’être vendu aux États-Unis pour une somme dérisoire.
– la Norvège : l’archipel du Svalbard  qui comprend le Spitzberg

Seuls de rares arbres, de petite taille, peuvent résister au froid intense de ces terres tandis que les plantes ont de courtes racines à cause du permagel, permafrost ou encore pergélisol, qui est la couche de glace qui demeure tout au long de l’année. En ce qui concerne la faune on trouve notamment, l’ours polaire, le caribou, le renne et le bœuf musqué ainsi que d’autres mammifères de taille moyenne. L’Arctique détient également de grandes réserves de minerais principalement situés en Russie (gisement polymétallique de Norilsk).

L’océan arctique

L’océan arctique, le plus petit du monde, occupe un bassin de 4000 mètres de profondeur et couvrant 13 millions de km² soit les deux tiers de la surface de l’arctique. Il est alimenté par des fleuves des terres riveraines ce qui a la particularité de diminuer sa salinité. Le détroit de Béring constitue un passage pour accéder à l’océan Pacifique tandis qu’on accède à l’océan Atlantique par la mer du Groenland. La majeure partie de l’océan Arctique est recouverte par: la banquise. Une partie est attachée à la côte, alors que le pack mobile dérive au gré des vents et des courants.

Le climat

La nuit polaire (qui correspond à l’hiver) dure environ cinq mois, ‘en suit une période d’un mois où le jour et la nuit alternent. Au début, les jours sont très courts, puis ils s’allongent progressivement pour durer 24 heures : c’est alors que commence le jour polaire, qui dure lui aussi cinq mois. Les températures sont le plus souvent inférieures à − 10 °C (pouvant tomber à -70°C au Groenland), et n’approchent 0 °C au pôle Nord qu’en juillet et août. Le cœur de l’Arctique est le siège d’un anticyclone qui confère une certaine aridité à cette région. Ce véritable désert glacé ne compte que 250 mm de précipitations annuelles en moyenne, le plus souvent sous forme de neige.

II) CULTURES ET DEMOGRAPHIE

 

Il n’existe pas de recensement global de la population arctique, aussi dite circumpolaire, le premier rapport d’estimation a été publié en 2004 (Arctic Climate Impact Assessment), qui évoquait environ 4 millions d’habitants. La Russie abrite 50% de cette population avec deux millions d’habitants suivi par l’Alaska avec 481 000 habitants, la Norvège (380 000), l’Islande (267 000), la Suède (263 000), la Finlande (201 000), le Canada (93 000), le Groenland (55 000) et les îles Féroé (43 700 habitants). Les principales ethnies sont:

– Les Inuits  répartis en Sibérie, au Groenland, l’Alaska et le Canada
– Les Saames  (Lapons) en Scandinavie et dans l’ouest de la Russie
– Les peuples à faible effectif de Russie : ils sont divisés en quarante et un peuples minoritaires (dont 17 ethnies de moins de 1 500 individus)
– Les Sakhas ou Yakoutes vivant en Sibérie arctique principalement.

Ethnies arctique

Ces peuples sont les acteurs d’un exode massif vers les villes, ainsi, 80 % de ces quatre millions d’habitants sont considérés aujourd’hui comme urbains. Les principaux enjeux de cet exode urbain sont l’offre de biens et services primaires, l’emploi ainsi que d’infrastructures plus élaborées. Cette concentration urbaine de la population arctique induit des problèmes au niveau du développement des villes et de surpopulation (difficultés de logement) qui amoindrissent considérablement le niveau de vie des populations et leurs opportunités d’atteindre un mode de vie décent. L’une des sources de revenus non négligeable pour les populations locales est le tourisme, pour lequel l’Arctique détient un fort potentiel. Ainsi, en 2008, 1,9 million de personnes se sont rendues au Groenland et en Laponie. Néanmoins un certain nombre de tribus indigènes tels que les Saames revendiquent leurs traditions et perpétuent la chasse ainsi que la pêche.

III) DIMENSION POLITIQUE

 

Les revendications des États riverains

Le 19 Septembre 1996 est créé le Conseil arctique à Ottawa dont les  membres permanents sont le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, la Suède et les États-Unis. L’objectif initial est de mettre en place une stratégie de protection de l’environnement arctique (SPEA). Le Conseil arctique se donne alors pour ambition d’être l’unique instance compétente pour traiter les grands dossiers de l’Arctique en prenant en compte les juridictions nationales et internationale. Une présidence tournante a été mise en place mais ses recommandations ne sont toutefois que consultatives et non contraignantes, notamment pour réduire les rejets de gaz à effet de serre. Le 28 Mai 2008 a eu lieu une réunion ministérielle avec les cinq pays ayant une façade maritime sur l’Arctique (Danemark, Norvège, Russie, États-Unis et Canada) afin de trouver une solution aux conflits territoriaux dans cette région potentiellement riche en ressources énergétiques. Le cœur de l’Arctique est un océan dont le statut est réglé par la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, signée en 1982. Ainsi, les eaux territoriales sont contrôlées par les États qui l’entourent : le Canada, les États-Unis (via l’Alaska), la Russie, la Finlande, la Norvège, la Suède, l’Islande et le Danemark (via le Groenland). Ces pays ont en conséquence la possibilité d’exploiter une zone économique exclusive, qui s’étend jusqu’à 200 miles nautiques de la cote. Au-delà se situe la haute mer, qui jouit d’un statut international.

Revendications et conflits territoriaux en Arctique

Les enjeux

Il s’agit d’abord d’enjeux énergétiques et miniers. En effet, l’Arctique pourrait être une des régions les plus riches en hydrocarbures. Presque un quart des ressources en hydrocarbures non découvertes sur Terre. Par ailleurs de multiples minerais, tels l’or, le rubis, les diamants, le nickel, le zinc couvrent la zone.
Les enjeux sont également commerciaux, du fait du rétrécissement de la banquise, les activités de transport et l’exploitation des hydrocarbures seront accrues. On voit émerger la possibilité de création de nouveaux couloirs maritimes le long des côtes russes et à travers l’archipel Arctique canadien si la banquise continue à fondre pendant l’été. Cette perspective a ravivé des différends juridiques sur les eaux bordières. Ainsi le Canada et la Russie clament leurs souverainetés respectives sur l’archipel canadien et les îles au large de des côtes, alors que les États-Unis (mais aussi le Danemark et l’Union européenne) considèrent que ces les détroits ne sont pas territoriales mais internationales et donc permettent le passage de tous les navires quelque soit la nationalité.
Enfin, les enjeux sont environnementaux avec la diminution constante de la banquise, du fait du réchauffement climatique. En conséquence, les différents écosystèmes de la région sont menacés et le mode de vie traditionnel des peuples arctiques est remis en cause. Par ailleurs, les nouvelles routes commerciales du passage du Nord-Ouest et du Nord-Est impliqueront l’augmentation du trafic pétrolier qui ferait peser des menaces supplémentaires sur l’environnement (risque d’accidents, catastrophes écologiques).

L’émergence fragile d’une gouvernance locale

Depuis les années 1990, plusieurs États côtiers de l’océan Arctique, notamment le Canada, le Danemark et la Russie, ont donné davantage d’autonomie aux populations locales par la mise en place de structures gouvernementales autonomes. Dès son origine, le Conseil arctique a intégré une représentation permanente mais non votante des peuples boréaux qui s’est progressivement étoffée des six grandes associations autochtones couvrant la majeure partie de l’espace identitaire polaire. Aujourd’hui certaines instances autonomes ont été mis en place pour gérer les aspects sociaux, d’éducation et visent à la perpétuation des traditions et des coutumes des ethnies locales.

CONCLUSION

Au travers de cette analyse nous avons mis en lumière certaines dimensions qui possèdent chacune leurs constantes et leurs variables et qui composent la zone Arctique. Cette région dont l’intérêt nouveau exprimé par les nations alentours ont remis en cause certains critères qui délimitaient les contours de l’Arctique et faisaient l’objet d’un relatif consensus au niveau international. Avec l’émergence d’opportunités économiques, ces frontières ont été remises en cause ce qui a créé un flou au niveau de l’étendu et de la définition précise de l’Arctique. Pour conclure, nous rappellerons le fait que l’Arctique est un espace historiquement international. Son exploitation tout comme sa préservation doivent faire l’objet d’accords multilatéraux aussi bien au niveau des pays limitrophes qu’au niveau de la communauté internationale. Les enjeux cruciaux dont elle est porteuse, aussi bien au niveau économique qu’environnemental, nécessite de parvenir à des accords dans l’intérêt de la sauvegarde de la faune, de la flore et des populations locales.

Synthèse des délimitations territoriales en Arctique

Sitographie

http://www.institut-polaire.fr/ipev/les_regions_polaires/arctique/regard_sur_la_faune_et_la_flore

http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Arctique/106015

http://www.underthepole.com/milieu-polaire/larctique/

http://www.jeanlouisetienne.com/images/encyclo/imprimer/29.htm

http://www.diploweb.com/Arctique-la-geopolitique-est-de.html

http://www.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/prb0806-f.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Revendications_territoriales_en_Arctique

http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2013/septembre/nouveaux-conflits-g-ostrat-gie-arctique

http://geopolitique.over-blog.fr/article-25950168.html

http://www.terresarctiques.tv/grand-territoire/les-autres-pays-arctiques/les-pays-de-arctiques.htm#fr_01_10_11_04

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/09/07/l-arctique-terre-promise-pour-les-compagnies-petrolieres_1755976_3244.html

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000519-l-arctique-un-nouvel-eldorado/qu-est-ce-que-l-arctique

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCMQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.larousse.fr%2Fdictionnaires%2Ffrancais%2Fpermagel%2F59675&ei=X4p8VMzXH5Tlas3ngbgL&usg=AFQjCNH8kRdPPwRkJIhldkKSDuh4OJ5AjQ&sig2=uznH8NEyomVGRgk8qdOibA&bvm=bv.80642063,d.d2s

« Mondes arctiques, miroirs de la mondialisation », (Documentation photographique n° 8080, mars-avril 2011, La Documentation française)

Les sources des cartes sont indiquées au bas de l’image.

Bibliographie:

« A qui appartient l’Arctique? », Geolinks

– L’Arctique et l’environnement boréal – P. Avérous – CNDP, 1995

– Les Pôles – J.-L. Etienne – Arthaud – La Nouvelle Odyssée,1992

– L’Antactique et l’environnement polaire (2), expédition EREBUS- P. Avérous – CNDP, 1993

– Terres et océans polaires – Ed. PEMF/CNRS/IFRTP – 1993

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La lutte pour la conquête de l’Arctique devient cordiale /geopolitique/la-lutte-pour-la-conquete-de-larctique-devient-cordiale/ /geopolitique/la-lutte-pour-la-conquete-de-larctique-devient-cordiale/#respond Fri, 14 Feb 2014 00:41:29 +0000 /?p=4578 Présentation du journal :

Geopoliticalmonitor.com est un site web canadien de presse et de consultance basé à Toronto. Il offre une perspective canadienne sur des affaires politiques et économiques qui ont un impact signifiant à la fois à l’échelle locale et mondiale.

Présentation de l’original :

L’article original, en langue anglaise, traite de la conquête des territoires de l’Arctique en cette période de débâcle climatique qui laisse entrevoir pour les Etats et les entreprises de nouvelles opportunités économiques (nouvelles routes maritimes, zones de pêche, etc…). L’auteur s’intéresse aux rapports de force existants entre les Etats au sein et hors de la zone Arctique. Il en conclut que malgré les apparences, le conflit reste peu probable et que par le biais du Conseil de l’Arctique, les Etats semblent se diriger vers la voie de la coopération et de l’entente. Il s’interroge également sur la sincérité du discours des Etats impliqués, soulignant l’ambiguïté qui peut en découler de par les intérêts propres de chacun.

Traduction:

                                                    La lutte pour la conquête de l’Arctique devient cordiale

Les règles qui gouvernent la répartition des territoires de l’Arctique commencent à se cristalliser et, chose étonnante, elles indiquent que le processus de résolution du conflit est en passe de se faire de façon pacifique.

Au cours des dernières années, bon nombre d’évènements ont porté à croire que la conquête de l’Arctique mènerait à un conflit militaire : La Russie et son planté de drapeau, le retour des bombardiers de longue portée, la montée en puissance de la flotte aérienne canadienne équipée de CF-18s et les quelques débats brûlants au sein des gouvernements canadiens et américains, pour ne citer que quelques exemples. Cependant, il semblerait que la tendance émergente soit celle d’une entente entre les pays de l’Arctique. Il est probable que cette entente se prolonge car il en va de l’intérêt de tous de négocier sur des sujets critiques dans une atmosphère calme et pacifique, en privilégiant les négociations au sein des institutions tels que le Conseil de l’Arctique. Ainsi, les pays hors de la zone Arctique n’auront aucune chance de s’immiscer dans le débat ou bien pire, de tenter de s’approprier une région de l’Arctique.

Ce sont les opinions du premier ministre canadien Stephen Harper, récemment révélées au grand public, qui sont le plus empreintes de ce thème, à savoir ce retournement de situation en ce qui concerne les relations entre les pays concernés par la conquête de l’Arctique. Ces informations ont été rendu publiques suite aux dernières fuites en date de wikileaks. Il semblerait que Mr Harper soit convaincu qu’il n’y aura pas de conflit militaire dans la région, malgré un discours qui pourrait faire penser le contraire. Il serait même à tel point convaincu de cela qu’il aurait fermement condamné la présence de l’OTAN dans la région, estimant qu’il n’était pas nécessaire de donner aux membres de l’OTAN non présent en zone Arctique une influence au cœur d’une région à laquelle ‘ils n’appartiennent pas’. Les fuites diplomatiques dépeignent un gouvernement moins sensible aux issues géopolitiques induites par le futur statut de la zone Arctique et plus intéressé par l’opinion publique autour du sujet de l’Arctique dans le but de gagner des voix et de justifier la hausse des dépenses militaires.

Le Conseil de L’Arctique se présente comme l’institution idéale pour gérer les conflits entres les pays de l’Arctique sans avoir à intégrer les parties extérieures. Le sommet de la semaine dernière a abouti à un accord permettant aux groupes de recherche internationaux et aux équipes de sauvetage de coopérer sans avoir pour autant les mains liées par des questions de souveraineté. Bien qu’il s’agisse là d’un fait dominant dans l’actualité de l’Arctique, il y a également eu deux autres avancées majeures. Dans un premier temps un accord a été signé pour la création d’un secrétariat permanent du Conseil de l’Arctique en Norvège : une illustration de la montée en puissance de cette institution. Les membres du conseil de l’Arctique se sont ensuite mis d’accord sur les critères permettant aux Etats non-membres d’avoir un droit de regard au sein du conseil (un droit longtemps réclamé par les Etats-Unis et la Chine). Le critère clé à posséder est d’accepter l’idée que les pays de l’Arctique resteront souverain du territoire qui leurs revient. En d’autre terme, pour qu’un pays non-membre possède le statut d’observateur permanent et puissent ainsi avoir son mot à dire, celui-ci devra avant tout renoncer à toutes idée qu’un territoire de l’Arctique puissent devenir un bien commun.

Tout laisse à penser actuellement que la Chine sera probablement promue au rang d’observateur permanent du Conseil de l’Arctique. Les politiciens à Pékin savent parfaitement que leur position concernant le thème de la souveraineté sur la scène internationale lorsqu’il s’agit de l’Arctique ne jouera pas en leur faveur. Même si l’ouverture du territoire renforcera le pouvoir économique et militaire des Etats de l’Arctique, la Chine sait qu’en l’absence d’une frontière avec cette région, la meilleure chose à faire est de limiter la domination russe sur les trajectoires commerciales de l’Arctique ; un scénario qui pourrait être désastreux pour le commerce extérieur de la Chine. La stratégie de Pékin sera donc probablement de mettre en place une politique à deux volets en tentant d’un côté de créer une influence au sein de l’Arctique par le biais de petits Etats comme la Norvège ou l’Islande ainsi que directement en cherchant à obtenir un statut permanent au sein des institutions internationales de l’Arctique.

A la longue, l’analyse des rapports de force au sein de la zone Arctique devra se faire à l’aune des politiques propres à chaque Etats. Moscou s’enquiert-t-il véritablement de la situation militaire de ses frontières avec l’Arctique ou bien le retour des bombardiers à longue portée traduit il plutôt la possibilité de booster facilement et à moindre coût le nationalisme russe ? Quant au premier ministre canadien, est-il vraiment sincère ou bien est-ce seulement une bonne excuse pour justifier l’achat d’avion de chasse F-35 ?

Commentaire :
A l’heure où la société civile et les écologistes sont largement préoccupés par le réchauffement climatique, les Etats voient dans ce phénomène la création progressive d’un eldorado : celui de l’Arctique dont la conquête serait synonyme de création de richesses telles que de nouvelles routes maritimes, zones de pêche ou encore réserves d’hydrocarbures jusque-là inaccessibles. Les intérêts économiques et politiques sont grands, notamment pour les cinq pays riverains de l’Arctique à savoir la Russie, la Norvège, le Canada, les Etats-Unis via l’Alaska, et le Danemark via le Groenland. L’Islande représente également une passerelle non négligeable à l’entrée de l’océan Arctique. Quant à la Chine et la Corée, elles voient dans ce phénomène la possibilité d’élargir leurs zones de pêche.
L’auteur de cet article adopte une position très relativiste quant à la possibilité d’un conflit autour de la conquête de l’Arctique. Certes, le Conseil de l’Arctique se présente comme une instance de conciliation et un rempart face aux menaces de conflits militaires mais ces propos restent tout de même à nuancer aux vu des enjeux économiques et politiques. La carte ci-dessous offre un panorama des nouvelles ressources qui s’offrent aujourd’hui aux Etats frontaliers et passerelles de l’Arctique. Force est de constater que chacune de ces ressources représente un conflit potentiel. Il ne faut également pas négliger le grand nombre et la diversité des parties prenantes. En effet, il ne s’agit pas seulement des Etats, mais aussi des pêcheurs, des pétroliers, des investisseurs, des habitants, etc…

Annexe :

The artic game goes cordial

 

The rules governing the scramble for the Arctic are beginning to crystalize and surprisingly enough they indicate a peaceful process of conflict resolution going forward.

The past few years have provided  us with several instances pointing to potential military conflict over the Arctic: Russia’s flag-planting photo-op, the resumption of long-range bomber flights, the scrambling of Canadian CF-18s, and smatterings of tough talk from the governments of Canada and the United States, just to name a few. Yet, the picture emerging as of late is one of accord among Arctic nations. This trend is likely to continue, as it is in the best interest for Arctic states to deal with conflicting claims in a peaceful and orderly fashion, emphasizing closed organizations like the Arctic Council. This will ensure that non-Arctic players like China and the EU won’t have a chance to assert themselves in the Arctic, or even worse, attempt to classify the region as a global commons in the same vein as Antarctica.

Nowhere is the conflict-turned-cordial theme more obvious than in Canadian Prime Minister Stephen Harper’s recently-revealed private opinions on the region. This information was made public via the latest round of Wikileaks diplomatic cable disclosures. It seems that, despite a public posture that implies otherwise, Prime Minister Stephen Harper is convinced that there is no possibility of military conflict in the region. He is so sure of this that apparently he came down hard against a NATO presence in the region, deciding that it wasn’t worth giving non-Arctic NATO members influence in an area where ‘they don’t belong.’ The leaked diplomatic cables paint a picture of a Canadian government more interested in capitalizing on public anxieties surrounding the Arctic to garner votes and justify military spending increases rather than one that is smitten with geopolitical anxieties over the future status of its Arctic border.

 

The Arctic Council stands out as an ideal institution for handling disputes between Arctic countries without involving outside parties that ‘don’t belong.’ Last week’s summit produced an agreement allowing for international search and rescue teams to cooperate and not be handcuffed by issues of sovereignty. Although this was the factoid that featured prominently in news stories, there were two other developments of far greater importance. First off, there was an agreement to establish a permanent secretariat for the Arctic Council in Norway; a reflection of the institution’s growing importance moving forward. And secondly, Arctic Council members agreed on criteria by which non-Arctic states can achieve permanent observer status in the council (a classification that the EU and China have long sought). Chief among these criteria is the acceptance that Arctic countries will remain sovereign over their corresponding part of the Arctic. In other words, for a non-Arctic country to become a permanent observer and thus pull up a chair at the Arctic game they must first give up all pretensions that the region will be a ‘global common.’

 

This suggests that China will likely ascend as a permanent observer in the Arctic Council. Officials in Beijing are well aware that they are trapped by their own emphasis on sovereignty in international society when it comes to the Arctic. Even though the opening of the region will reap economic and military dividends for Arctic states, China knows that its lack of an Arctic border means that the best it can do is try to avoid Russian domination over Arctic shipping routes; a scenario that could harm Chinese global trade interests. Thus Beijing will likely proceed on a two-track policy of seeking influence in the Arctic indirectly via smaller Arctic states such as Norway and Iceland as well as directly through seeking permanent status in Arctic international organizations.

 

Moving forward, we should be careful to view Arctic developments through the lens of domestic politics in Arctic states. Is Moscow really concerned over the defense implications of its Arctic border, or does the resumption of Arctic long-range bomber flights provide a cheap and easy feel-good boost for Russian nationalism? Does Canadian Prime Minister look north and see conflict, or is the Arctic simply a good fear hypothetical to justify the purchase of F35 Joint Strike Fighters?

 

If one goes by the behaviour of Arctic states,they’re less concerned about conflict amongst themselves and more anxious over the possibility of outside parties trying to stick their thumb in the Arctic pie.

 

Sitographie :

http://www.geopoliticalmonitor.com/the-arctic-game-goes-cordial-4364/

 

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LES ENJEUX ACTUELS ET FUTURS DE L’ARCTIQUE /geopolitique/les-enjeux-actuels-et-futurs-de-larctique/ /geopolitique/les-enjeux-actuels-et-futurs-de-larctique/#respond Wed, 12 Feb 2014 13:30:24 +0000 /?p=2729 Plus que jamais auparavant, la place de l’Arctique dans les relations internationales grandi. Toutefois, il serait prétentieux de considérer l’Arctique comme n’importe quel autre enjeu géopolitique. L’appât de ses ressources doit être relativisé par l’ensemble des contraintes qui font de ce milieu un lieu unique.

Les pôles ont toujours été l’objet de curiosités de la part des hommes, par leur éloignement et par les conditions extrêmes qui y règnent. Aujourd’hui, les scientifiques, politiques, économistes et les multinationales du monde entier préparent le terrain pour les affrontements futurs que vont être amenées à subir ces régions du fait du réchauffement de la planète et de l’accessibilité à des ressources convoitées par tous. Toutefois, les spécificités de ce milieu méritent que l’on s’y attarde afin de comprendre comment sa géographie et ses conquêtes ont pu nourrir l’intérêt des grandes puissances. Par ce que les intérêts y sont nombreux et que les enjeux y sont grands et complexes : problématiques juridiques, sur les ressources, environnementales ou concernant les populations autochtones, il faut prendre le temps de les peser un par un pour comprendre quelles seront les évolutions de cette région et qui y prendra part.

GEOGRAPHIE ET HISTOIRE DE L’ARCTIQUE UNE TERRE D’EXPLORATION TOUJOURS MECONNUE

Un territoire extrême en mouvement perpétuel :

L’océan Arctique s’étend sur près de six fois la superficie de la Méditerranée. Il s’agit d’un bassin bordé par cinq pays : le Canada et la Russie principalement mais aussi les États-Unis par l’état d’Alaska, le Danemark via le Groenland qui et la Norvège via l’archipel du Svalbard et l’île Jan Mayen. Le fond sous-marin Arctique contient des bassins profonds (de 3000 à 5000m) et est parcouru en son centre par une dorsale océanique, la dorsale de Lomonossov (de la longitude du fleuve Russe Lena, elle passe par le pôle nord et s’étend jusqu’à l’île Canadienne d’Ellesmere au nord-ouest du Groenland). Le fond de l’océan Arctique contient des plaines abyssales et des plateaux continentaux (peu profonds en Sibérie et en Alaska, plus profond en Europe et au Canada). Les eaux peu salée viennent du Pacifique par le détroit de Béring, de l’Atlantique via la mer de Norvège et tournent autour du pôle dans le sens des aiguilles d’une montre. La banquise mesure entre 3 et 5 mètres de profondeur et il ne faut pas confondre les icebergs, qui sont de grands blocs détachés du Grand Nord Canadien et du Groenland des glaces dérivantes pouvant heurter les navires. Chaque année, 400 Iceberg atteignent la latitude de Terre-Neuve au Québec (48° de latitude).

La délimitation géographique de l’Arctique est floue, entre les espaces de banquise, les espaces maritimes et terrestres. Il existe toutefois deux approches permettant de représenter géographiquement l’arctique : l’approche extensive qui se base à la fois sur des données physiques : ligne de Koppen[1], limite de la salinité des mers, du pergélisol[2] (permafrost) ou de la présence des arbres et des données démographiques : présence de peuples autochtones. L’autre approche dite traditionnelle se base sur les limites de la banquise, en évolution permanente, et de l’océan glacial arctique. Une autre approche utilisant le cercle polaire arctique est utilisée (66° de latitude nord). Les températures au dessus du cercle polaire vont de -5 à -35° en Janvier (-30 à -35° aux pôles, les températures les plus extrêmes étant atteintes dans les terres russes et canadiennes) et il y fait nuit 6 mois de l’année.

CGAF40

 

L’histoire de la découverte de l’Arctique : le sacrifice des pionniers.

 Les pôles sont restés longtemps inaccessibles aux hommes : distances, sols gelés, dangers de la fonte et de la glaciation, difficultés techniques liées aux températures et à l’utilisation de la boussole en se rapprochant du pôle magnétique, manque de protection des vêtements et affaiblissement des organismes associés à des difficultés de récupération, alimentation déficitaire etc…Vont entraver de nombreuses expéditions. Encore aujourd’hui, les déplacements sont difficiles malgré les progrès technologiques et les secours sont difficiles à déployer dans certaines zones. Ainsi, jusqu’au 15ème siècle, on restait dans le domaine de l’exploration périlleuse.

L’objectif des premiers explorateurs était de trouver une ouverture vers les « Grandes Indes » via le passage du Nord-Ouest. Beaucoup de ces expéditions étaient sans retour car le froid pouvait piéger les bateaux contraignant les marins à un hivernage forcé, ce qui altérait grandement leur santé et favorisait l’apparition de maladies (l’apparition des conserves grâce à la stérilisation, inventée par Nicolas Appert [3]ne se fera qu’après 1795). L’intérêt scientifique ne viendra qu’au 19ème siècle, suscité par les progrès techniques réalisés dans la navigation maritime. La conquête des pôles a longtemps mis en exergue les rivalités entre les hommes et entre les états mais l’héroïsme était aussi remarquable. Ainsi, partait pendant des années à la recherche d’expéditions perdues, quelques fois avec de grandes promesses de récompenses mais souvent par simple esprit héroïque. La coopération interétatique n’aura lieu qu’à partir de la fin du 19ème siècle car les latitudes plus clémentes s’ouvrant au commerce[4], l’exploration des pôles n’incitait plus les états à prendre autant de risque et le partage des dangers apparaissait comme la meilleure option. Les russes ne sont pas sans restes dans la conquête du grand nord. En 1725, Pierre le Grand charge le Danois Vitus Béring [5]d’établir le tracé du commencement du continent américain. Béring découvrira ainsi en 1728 le détroit qui porte son nom mais sans apercevoir l’Alaska. L’objectif géoéconomique des russes était aussi de mettre en valeur leurs fleuves principaux de Sibérie (l’Ob, l’Ienisseï et Lena) via l’exploration du grand nord afin de promouvoir le commerce fluvial à l’intérieur du continent.

Sur le plan aéronautique, nombre d’expéditions et de voyages ont été entrepris pour conquérir l’arctique. Le Suédois Salomon-Auguste Andrée lança son dirigeable depuis l’île Norvégienne de Svalbard avant de se poser en catastrophe après 65h de vol. On ne retrouvera en 1930 que leur dernier campement et quelques corps. La difficulté des voyages en avion venait principalement de la glace. En effet, cette dernière pouvait se former sur les enveloppes des ballons ou sur les bords d’attaque des avions et les endommager. Enfin, la construction de pistes de décollage, étant donnée les conditions de température et le poids des chargements, nécessitait de longues distances et pouvait durer plusieurs semaines quand les conditions météorologiques devenaient défavorables.

Ainsi, la conquête de l’Arctique fut lente et difficile, éprouvante pour les hommes, mortelle et sans rétribution réelle autre que la conquête et la survie contre les éléments. De nombreuses avancées ont été faites grâce à ces conquérants, tant sur le plan technologique que biologique, humain et géographique. Au fil du temps, l’exploration et la connaissance se faisant de plus en plus profonde, des rivalités et des revendications ont émergées.

LES ENJEUX DE L’ARCTIQUE

Les enjeux politiques et juridiques :

  • La convention de Montego Bay :

La convention de Montego Bay sur le droit de la mer est issue de la conférence de Genève de 1958 et de négociations entre 1973 et 1981 suite aux mouvements de décolonisation. Cette convention succède à l’ensemble du droit coutumier et est fondée sur le principe de la liberté des mers. Elle définit les « espaces maritimes normatifs » des états contenant les eaux intérieures, la mer territoriale et la zone contigüe (de 12 milles marins chacune, soit 24 milles marins en tout) ainsi qu’une zone économique exclusive de 200 milles marins (370 km) qui comprend les deux espaces précédents. Cette convention a des conséquences sur l’exploitation des ressources naturelles (minerais, pèche…) et sur la délimitation des frontières maritimes des pays riverains, ce qui fait naître certains litiges, en particulier la délimitation des plateaux continentaux. Seule l’ONU est compétente pour délimiter leurs étendues, sur la base de critères géologiques (via la Commission des Limites du Plateau Continental, CLPC) et chaque pays dispose de 10 ans pour constituer un dossier de contestation afin de délimiter les frontières de son droit et demander une éventuelle extension de son plateau de 150 milles (350 milles en tout). C’est ce point qui pose précisément problème car si tous les riverains de l’arctique en bénéficiaient, cela laisserait peu de place à la haute mer aux abords du pôle qui serait lui-même inclut dans la ZEE Russe.

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Figure 2 – frontières maritimes et revendications

  • Les routes maritimes : Canada vs Russie

En comparaison avec la traditionnelle route des trois caps (Cap Horn, Cap de Bonne Espérance et Cap de Tasmanie) très éloignée des grands centres humains et économiques, Les passages du Nord Ouest Canadien et du Nord Russe représentent un gain de distance et de sécurité non négligeable pour le trafic commercial. En effet, ils sont éloignés des zones de piraterie du Golf d’Aden et pour un trajet entre l’Europe et l’Asie, la distance pourrait être raccourcie de 30 à 40% comparée aux passages de Suez, du Panama ou du Cap Horn. Un trajet Rotterdam Yokohama serait raccourci de 7000km, 3300km de Londres à Vladivostok et 6600km de Hambourg à Vancouver par le Canada. Le passage du Nord permettrait quand à lui d’économiser 8700km entre Rotterdam et Yokohama et 6170km de Londres à Vladivostok. Cependant, les contraintes et les conditions nécessaires pour les emprunter sont nombreuses. Le gain de distance risque d’être annulé par la lenteur des bateaux dans ce type d’eau : 14 nœuds (26km/h) contre 21-24 nœuds (39 à 45km/h) dans les eaux tempérées. les bateaux devraient être renforcés, les équipages plus expérimentés et donc plus couteux (Il en va de même pour les assurances souscrites par les armateurs). Les bâtiments devront se méfier des glaces dérivantes et du brouillard, une réparation dans ces zones étant rendue très difficile par les froids extrêmes.

Le Canada, dont 40% du territoire se trouve en Arctique (30% de l’Arctique est canadien) a longtemps été en conflit sur les délimitations juridiques du passage du Nord Ouest. Les Etats-Unis qui y ont longtemps fait passer des bateaux (superpétrolier en 1969 et 1970, brise glace Polar Sea en 1985) et qui ont toujours considéré cette zone comme un lieu sensible (stratégie des 3 océans, acquisition de sous-marins nucléaires d’attaque, réseau d’alerte avancé), militent pour l’obtention du statut juridique de détroit pour le passage du Nord-Ouest. Ce statut permettrait le « droit de passage inoffensif », c’est-à-dire sans accord préalable pour quelque pavillon national que ce soit.

Or, le pays manque aujourd’hui de ressources pour maintenir sa souveraineté dans la région et est géopolitiquement très exposé : Litige juridique sur le passage du Nord Ouest avec les Etats-Unis, contentieux territorial en mer de Beaufort, litige avec les Russes sur la dorsale de Lomonossov (la Russie et le Canada s’y disputent l’appartenance de la dorsale à leur plateau respectif et donc l’extension de leur ZEE). Le pays a ainsi annoncé en 2007 un renforcement de sa présence aérienne et maritime dans la région car ces dernières étaient devenues trop rares (26 patrouilles dans les années 1980 et 4 en 2000). L’acquisition de nouveaux brise-glaces plus puissants est aussi à l’ordre du jour, de même que le lancement d’un satellite de surveillance maritime et environnementale (Radarsat-2).

Les intérêts de la Russie sur le passage du nord sont d’une tout autre nature que ceux des Canadiens. Sa géographie et son histoire l’obligent à avoir une représentation différente de l’Arctique. La façade Russe est très spécifique car elle couvre 140 degrés de longitude (la Russie traverse 11 fuseaux horaires) et représente une grande partie des 43000 kilomètres de côtes du pays, ce qui permet de la considérer comme une agglomération de sous-ensembles régionaux distincts. Ainsi, les Russes ont très tôt établi une réglementation sur les tarifs de transit, renforçant leurs prétentions à faire de la route du Nord des eaux intérieurs. Le pays nourrit de grands espoirs sur l’augmentation du trafic dans les années à venir : 1 million de tonnes par an en 2011, 20 millions vers 2018. Cependant les obstacles y sont très nombreux : sur 5700km, les détroits sont exigus et vite pris par les glaces, la  mer côtière est peu profonde et les hauts fonds sont redoutés car proches des glaces dérivantes. Cependant, le pays pourra profiter du dégel estival permettant aux fleuves de commercer entre eux, au profit des ports de mer et des ports fluviaux. La mise en valeur de ce passage nécessitera une grande et puissante flotte de brise-glace que Moscou possède déjà et qu’elle s’emploie à moderniser. Elle est le seul pays au monde à disposer de brises glace à propulsion nucléaire qui sont régulièrement loués par des compagnies étrangères (pour un prix de 5 dollars par tonne, pour un navire de 25000 tonnes en 2012).

Ainsi, l’arctique représente aujourd’hui 20% du PIB Russe et 22% des exportations. Même si ses fonds littoraux sont plus profonds, le passage du Nord-Ouest Canadien restera plus complexe de part sa multiplicité de chenaux alors que le passage du Nord deviendra une route transocéanique entre l’Atlantique et le Pacifique. Les deux pays partagent néanmoins la même vision concernant les eaux intérieures alors que les Etats-Unis, la Norvège et l’Union Européenne soutiennent l’idée d’en faire des détroits internationaux.

Figure 3 – la route du Nord-Ouest

Les enjeux économiques et commerciaux : l’accès aux ressources :

  • Les ressources halieutiques :

Actuellement, les réserves halieutiques du bassin Arctique sont inconnues (nombre, habitudes, capacités de reproduction et d’adaptation) et aucune réglementation internationale ne régit les eaux internationales Arctiques contrairement à la plupart des autres régions. 6 espèces de poissons sont convoitées : la morue, le colin, l’aiglefin, le merlan bleu, le hareng et le capelan. La convention sur le droit de la mer de 1982 organise les pêcheries par accords régionaux et un certains nombre existent : coopération régionale en Atlantique Nord-est, gestion des stocks imposée par l’ONU, Accord des Nations Unis sur la pêche en 2001…Mais rien n’est prévu pour réglementer les pêcheries en Arctique central, ce qui laisse craindre l’introduction d’une pêche intensive, notamment de la part des pécheurs d’Asie Pacifique. Pour empêcher cela, certains scientifiques se sont exprimés en faveur d’une interdiction de la pêche dans l’attente d’une meilleure connaissance des réserves de la région et d’une réglementation adéquate. A ce titre, plusieurs pays riverains ont déjà joué un rôle de gendarme comme les Etats-Unis et l’URSS (puis la Russie) en 1980 pour amener la Chine, le Japon et la Pologne à accepter l’interdiction de la pêche à la morue au centre de la mer de Béring. En 2009, les Etats-Unis ont aussi interdit la pêche commerciale en mer de Beaufort. Seule une organisation régionale manque aujourd’hui à l’appel alors que c’est ce que prévoyait la convention de Montego Bay.

  • Les ressources énergétiques :

La recherche et l’extraction de matières fossiles en Arctique ont toujours été difficiles à cause du climat, des conditions de vie hostiles pour l’homme et des moyens techniques exceptionnels à déployer. De plus, l’abondance des ressources au Moyen Orient n’a pas rendu nécessaire la recherche aux hautes latitudes. En effet, les réserves prouvées de pétrole sont situées pour la moitié dans les pays arabes et les deux tiers dans l’ensemble des pays musulmans. De plus, l’essentiel des réserves se trouveraient près des côtes, c’est-à-dire à l’intérieur des ZEE des pays riverains. Cependant, une étude de l’United States Geological Survey a montré que 22% des réserves énergétiques non découvertes mais techniquement exploitables se trouveraient en Arctique (officiellement 50%). Ainsi, l’Arctique contiendrait 13% des réserves mondiales de pétrole, soit 90 milliards de barils, 30% des réserves de gaz naturel (47 000 milliards de mètres cubes) et 20% du gaz naturel liquide, principalement en Russie. Cette dernière exploite principalement ses ressources arctiques terrestres mais c’est la part maritime de son pétrole qui est la plus prometteuse. Le gisement de Shtokman découvert en 1988 (frontalier du gisement norvégien de Snohvit) a des réserves prouvées considérables en gaz (3700 milliards de mètres cubes) mais se situe à 540km des côtes, ce qui pose des problèmes liés à l’agitation des mers et aux glaces dérivantes. La Norvège, 6ème exportateur mondial de pétrole et 2ème sur le gaz (elle assure 20 à 30% de la consommation gazière de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni) dispose de réserves dont l’épuisement rapide (40% des stockes sont déjà exploités, en diminution de 5% par an) amène le pays à se pencher sur des permis d’exploration en Alaska et au Groenland. A propos de l’Alaska, cet état des états unis d’Amérique (1 530 000 km2, soit presque 3 fois la France) est responsable de 17% de la production américaine d’hydrocarbures. Ayant connu son apogée dans les années 1980 (début d’extraction en 1961 dans la péninsule de Kenai), la manne est aujourd’hui en déclin, la production étant passée de 744 millions de barils en 1988 à 233 millions de barils en 2011. Enfin, au Canada, 3ème exportateur mondial de gaz et 6ème sur le pétrole, les ressources arctiques sont extrêmement volumineuses. Elles seraient d’environ 1.7 milliards de barils de pétrole et de 880 milliards de mètres cubes de gaz. L’exploration prend un temps considérable compte tenu des contraintes climatiques, à la méconnaissance des territoires et à la prise en compte des droits des autochtones. Plusieurs bassins apparaissent très prometteurs : celui de Sverdrup (entre le 75° et le 80° de latitude) avec près de 500 milliards de mètres cubes de gaz estimés et le bassin du détroit de Lancaster (74° de latitude).

  • Les minerais :

Le place des minerais stratégiques est bien méconnu mais de plus en plus importante dans les rapports géopolitiques actuels et futurs de l’arctique. Il s’agit ici de tous les minerais ayant une application directe dans les domaines de l’informatique, de l’électronique, de l’électricité ou encore de la défense. A titre d’exemple, la Russie et l’Afrique du Sud possédaient jusqu’à récemment la quasi-totalité de certains d’entre eux (90%). Aujourd’hui ils sont aussi associés aux terres rares, minerais dont la rareté n’est plus due qu’à son accès géopolitique. C’est la Chine qui en possède et en commercialise le plus (95%), imposant des quotas toujours plus faibles. A ce titre, Tien Xiaoping avait prononcé en 1992 : « Le Moyen-Orient a du pétrole. La Chine a des terres rares ». En Arctique, l’éloignement des sites de minerais pose le problème du coût pour des pays comme le Canada mais parait plus prometteur en Russie car les sites sont littoraux et faciles d’accès : mines de Nickel, cuivre et Palladium à Norilsk par exemple. Leur transport reste cependant difficile à cause des conditions (courte fenêtre de transport pour les bateau, transport sur route soumis à la fonte des glaces qui pose de nombreuses contraintes).

Nous l’avons bien compris, l’Arctique devient de plus en plus un véritable bassin plus qu’un milieu gelé en permanence. Ces modifications font apparaître des intérêts divergents de la part des pays riverains et exacerbent la convoitise autour de ressources qui se font de plus en plus rares. Or, les modifications que connait le milieu Arctique sont accentuées par les activités anthropiques et celles-ci ont des conséquences, tant sur le plan scientifique et environnemental que sur la protection des populations autochtones.

Les enjeux climatiques et sociaux :

  • Des changements climatiques profonds :

Depuis la révolution industrielle, les activités humaines ont accentué le phénomène de réchauffement climatique planétaire (30% de gaz carbonique en plus par rapport à l’aire préindustrielle). Au niveau des pôles, il a longtemps été difficile d’évaluer précisément l’impact de ce réchauffement. Il a fallu attendre l’arrivée de moyens modernes (photos satellites, brise glaces, bateaux d’exploration polaire, sous marins nucléaires) pour connaître l’étendu des évolutions aux hautes latitudes. De plus, il faut souligner que la présence de glace a un impact non négligeable sur le réchauffement climatique, dans le sens où cette dernière réfléchit près de 80% du rayonnement solaire alors que l’océan n’en renvoi que 10%. De plus, la présence de poussières et de polluants dans l’atmosphère limitent encore davantage la réflexion des rayons solaires, ce qui accentue le réchauffement. Entre 1979 et 2005, la banquise estivale de mi septembre, dont l’épaisseur ne dépasse jamais les 5 m (entre 3 et 5 m en moyenne) serait passée de 7.5 à 5.9 millions de km2 et le 16 septembre 2012 elle n’était plus que de 3.41 millions de km2. Malgré tout les scénarios qui varient considérablement d’un groupe d’expert à l’autre (le GIEC prévoit une disparition de la banquise estivale pour 2080, d’autres entre 2040 et 2060), on estime que la disparition de la banquise estivale aura bien lieu. Le Groenland est un exemple particulier, de part son ancienneté et ses dimensions. Il perd chaque année 300 milliards de tonnes de glace à cause de l’effondrement des glaciers, et on estime que pour une hausse de 2°C, la fonte de la calotte prendrait 50 000 ans et seulement 2000 ans pour une augmentation de 8°C. De plus, la fonte du pergélisol libère elle aussi des quantités importantes de carbone (1700 milliards de tonnes de carbone sont prisonnières du sol gelé). En 2008, des marins ont observé un panache de méthane remontant à la surface provenant de glaces fondant à 400m de profondeur. La Chine en est particulièrement demandeuse.

Ce phénomène a des conséquences dramatiques sur l’écosystème. La survie de l’ours est menacée par la fonte des glaces qui les oblige à nager plus loin pour trouver de la nourriture, augmentant le risque d’épuisement et de noyade. Les rennes sont eux aussi menacé par l’augmentation du niveau des rivières rendant l’accès aux pâturages plus difficile.

  • La place des peuples autochtones

Il existe en arctique une trentaine de populations autochtones qui représentent 12.5% des 4 millions d’individus vivant au dessus du cercle polaire, soit 500 000 individus. On en dénombre 250 000 en Russie, 50 000 en Alaska américain ainsi qu’au Canada (Inuits, Esquimaux, Indiens), 57 000 au Groenland Danois (Esquimaux et Inuits). On peut aussi citer les Sami de l’ancienne Laponie (environ 85 000 individus), 50 à 60 000 en Norvège, 20 000 en Suède et 7000 en Finlande. Malgré la vision œcuménique de l’occident à propos de ces populations, il faut reconnaître que leur rapprochement ne s’est fait que très récemment et qu’elles partagent autant de dissemblances que de ressemblances. En effet, leur éloignement géographique n’a jamais favorisé leur rapprochement culturel et social et il aura fallu attendre les premiers bouleversements internationaux pour qu’elles décident de tisser des liens respectifs. Les états ont montré leurs intérêts envers ces peuples, par la mise en place d’associations : Assemblée des premières nations au Canada (1982), Association Russe des peuples indigènes du Nord, de Sibérie et d’Extrême Orient (1990)…Toutefois, les peuples autochtones, bien que présents au sein du conseil de l’arctique n’y ont pas de droit de vote. Les compagnies étrangères se sont-elles aussi manifestées, notamment les compagnies pétrolières, avec des conséquences plus ou moins bonnes : urbanisation dans des villes « entrepôts », propagation d’alcool, exposition aux dangers des chantiers à ciel ouvert de minerais, de gaz et de pétrole…Ces populations jouissent de droits différents d’un pays à l’autre. Ils apparaissent dans les constitutions Canadienne et Américaine (Alaska Native Claims Settlement Act aux états unis, possession des terres et des mines au Canada). En Russie en revanche, le profil du régime ne permet pas de distinguer de droits politiques spécifiques. Toutefois, certains mouvements de fonds apparaissent, comme l’indépendance du Groenland qui est appelé à devenir un état de droits (droit à l’autodétermination des peuples autochtones promulgué par les Nations Unis). Ces mouvements annoncent peut être le signe d’une plus grande implication des autochtones dans l’avenir de leur région.

En Conclusion, nous pouvons dire que l’Arctique est une région dont les bouleversements sont essentiellement dus aux modifications récentes, à la fois environnementales (réchauffement global) et économiques (mondialisation, économies émergentes). Il s’agit de plus en plus d’un bassin dont les ressources vont être convoitées mais qui restera toujours hostile à l’homme. En effet, même si les températures augmentent, le bassin arctique sera toujours aussi glacial et il y fera nuit 6 mois de l’année. De plus, le « club » des pays riverains de l’Arctique, bien que montrant des signes de divergences politiques et commerciales sur certains points, continuera de s’entendre sur la défense de leurs intérêts communs dans la zone. Nous ne pouvons donc que spéculer sur un avenir incertain. Ce qui est cependant devenu une certitude, c’est que l’Arctique est et demeurera toujours un lieu de fascination et que sa place dans les mouvements géopolitiques futurs ne fera que grandir.

BIBLIOGRAPHIE :

Thierry, Garcin. Géopolitique de l’Arctique. Economica, 2013. 186p. ISBN 978-2-7178-6575-2

SITOGRAPHIE (à partir de celle utilisée par l’auteur de l’ouvrage ci-dessus) :

Arctic Council:

http://www.arctic-council.org/index.php/en/

Arctic Net:

http://www.arcticnet.ulaval.ca/index-fr.php

Inuit Circumpolar Council:

http://inuitcircumpolar.com/section.php?Nav=Section&ID=16&Lang=En

Observatoire de la politique et de la sécurité de l’arctique:

http://www.arctique.uqam.ca/

 


[1] La ligne de Koppen délimite l’isotherme 10°C atteint durant le mois le moins froid. Au-delà de cette ligne, les arbres ne poussent plus, c’est le début de la Toundra ou steppe arctique.

[2] Sol gelé durant au moins 2 ans. On distingue le pergélisol permanent du pergélisol saisonnier.

[3] Le procédé de stérilisation, appelé Appertisation, fut inventé par Nicolas Appert en 1795, l’ouvre boite manuel date de 1858, l’ouvre boîte « à décollage » par clé de 1894, et l’ouverture verticale facile de 1966. Ce dernier mourra démuni et sera jeté au fond d’une fosse commune.

[4] Le canal de Suez sera percé en 1869, désenclavant la méditerranée et celui de Panama en 1914.

[5] Vitus Béring (1681-1741), explorateur Danois.

 

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A qui appartient l’Arctique ? /geopolitique/arctique/a-qui-appartient-larctique/ /geopolitique/arctique/a-qui-appartient-larctique/#comments Tue, 26 Nov 2013 15:57:53 +0000 /?p=961 Introduction

 

On attribue au cercle polaire arctique de nombreuses expressions comme « le soleil du minuit » ou « la nuit polaire ». Cela signifie que pendant les solstices il fait jour ou nuit pendant 24 heures. Il est difficile de la délimiter, mais pendant un siècle la question de l’appartenance de l’Arctique ne s’était pas posée puisqu’il était envahi par les glaces. Aujourd’hui c’est donc plus d’un million de kilomètres carrés qui n’est pas légalement attribué (un peu moins du double de la France : 674 108 km²). Ces dernières années, le réchauffement climatique de la planète a entrainé une forte fonte des glaces au pôle Nord. Cela permet d’avoir un nouvel accès à de nombreuses routes maritimes et de nouvelles ressources en pétrole. Selon les calculs du United States Geological Survey (Institut d’études géologiques des États-Unis), le plateau arctique pourrait cacher plus d’un quart des réserves mondiales de pétrole et de gaz qui n’ont pas encore été découvertes.

Ces changements climatiques attirent toutes les convoitises internationales. Il faut donc s’attendre à des changements dans les relations entre les pays disposant d’un accès à l’arctique, à une nouvelle répartition des frontières et du plateau continentale.

En effet, le 1er juillet 1909, l’explorateur canadien Joseph-Elzear Bernier prit possession de l’Arctique au nom du Canada, dans l’indifférence générale. Aujourd’hui comme l’arctique devient un territoire en mouvement qui est en changement constant dut au réchauffement climatique et la fonte des glaces, beaucoup plus de pays s’y intéressent et ils veulent tous leurs parts du gâteau. Avec cette fonte des glaces de nouveaux horizons semblent apparaitre, et peut-être que ce territoire peu devenir un nouvel eldorado humain pour le futur.

Mais pourquoi cette zone anciennement gelé, que dans la conscience commune on attribut seulement aux ours polaires, attire tant l’attention de grandes puissances?

Quels sont les enjeux de l’arctique ? A qui appartient l’arctique ?

Nous verrons dans un premier temps les acteurs présents au pôle Nord. Dans un second temps nous étudierons les causes du conflit, puis nous émettrons une hypothèse du dénouement.

 

 I.                   Les acteurs dans l’arctique

A)    Les pays

Il y a  un intérêt direct dans le cercle Arctique. En effet, il existe 8 prétendants qui désirent avoir un territoire Arctique : Les États-Unis, le Canada, la Russie, le Danemark, la Norvège, l’Islande, la Suède et la Finlande.

Ces huit pays font partis du Conseil Arctique qui comprend aussi les représentants des populations indigènes de la région. Ce conseil est une des plus importantes organisations intergouvernementales dans la région, devenu une instance de décision avec un secrétariat et un budget permanent. Il a été formé en 1996, les discussions concernent principalement le développement durable et la protection de l’environnement dans la région.

Les autochtones et les populations indigènes

Il y a deux millions d’habitants autour de la banquise Arctique. En effet, les hommes, les plantes et les animaux vivent toujours sur ces terres malgré la rudesse du climat. Ces personnes vivent en permanence au-delà du cercle polaire, où la présence humaine remonte à la préhistoire.

Le Canada

Dès les années 1950, le canada avait proclamé sa souveraineté sur le pôle Nord. Cette requête pourrait être satisfaite si dans les cent ans à venir à compter de cette date, aucun pays n’arrivait à prouver qu’il est le propriétaire du fond de l’océan Glacial Arctique. C’est donc le Canada qui a provoqué cette « course au Nord ».

Suite au passage controversé du brise-glace américain CGS Polar Sea en 1984 en territoire canadien, un décret fut proclamé, fixant des « lignes de base droites » autour de l’archipel arctique. Celui-ci prit effet le 1er janvier 1986 et décréta que les eaux à l’intérieur de ce tracé devinrent  une partie intégrante de la mer intérieure canadienne. Toujours selon cette Convention, un État côtier détient un contrôle exclusif et absolu sur ses eaux intérieures.

Cependant, la Russie semble remettre en question la souveraineté canadienne sur ces eaux. Elle tente en effet de prouver que la dorsale de Lomonosov, une chaine de montagne sous-marine de 200 kilomètres, est l’extension du territoire Russe. En droit maritime international, faire preuve de cette affirmation permettrait à la Russie de faire valoir ses droits sur un territoire sous-marin allant au-delà des 200 miles marins reconnues normalement.

Il existe également un litige entre le Canada et le Danemark qui tentent de prouver respectivement leur appartenance à la continuité de l’île d’Ellesmere et du Groenland pour établir la délimitation latérale les séparant. De plus, en mer de Beaufort il existe une opposition entre le Canada et les États-Unis.

Enfin, en 2009, le gouvernement prévoit d’investir 1,9 milliard de dollars canadiens dans cette région pour doper l’économie de l’Arctique.

Les États-Unis

Les États-Unis se sentent concerné dans ces « courses à l’arctique » car l’Alaska touche le cercle polaire arctique. De plus, l’Arctique présente un intérêt économique et pétrolier. En effet, c’est une région riche en ressources naturelles et elle permet d’avoir des lignes maritimes de communication entre les océans Pacifiques et Atlantique.

C’est depuis l’installation du Drapeau Russe au pôle Nord par l’expédition Russe en eaux profondes en 2007 que la directive de Georges W. Bush fût elle aussi en 2007 pour l’élaboration d’une stratégie en Arctique des États-Unis.

La politique des États-Unis en Arctique vise la protection environnementale, le développement durable. Les États-Unis cherchent à promouvoir la viabilité et le bien-être socio-économique des communautés de l’Arctique en soutenant la recherche scientifique et la coopération internationale.

Ils ont consacré un site web : « National Oceanic and Atmospheric Administration » (NOOA) qui se consacre aux questions reliées à l’Arctique.

La Russie

En 2007,  des explorateurs ont planté un drapeau russe au fond de l’océan Arctique, à plus de 4 000 mètres sous le pôle Nord, une mission symbolisant les revendications territoriales de Moscou. Puis la publication en 2009 de la nouvelle stratégie Russe de la sécurité nationale jusqu’en 2020. Ce « chapitre arctique » de la stratégie Russe explique que l’évaluation stratégique du rôle et de la place de la Russie dans le monde et des menaces éventuelles, où il est dit qu’à l’avenir les conflits pourraient survenir près des frontières russes en raison des ressources de matière premières. Et que le règlement de ces conflits n’excluait pas le recours à la force militaire à l’Occident, beaucoup ont été choqués.

La Russie revendique la dorsale de Lomonossov, qui est une chaine de montagne sous-marine qui s’étend du Groenland à la Sibérie. Cependant, le Groenland et le Canada affirment que cette dorsale est le prolongement naturel de leurs plateaux respectifs.

Enfin, le gouvernement russe a adopté un programme de nettoyage de l’Arctique qui coûtera 140 millions de dollars d’ici 2014.

La Norvège

La Norvège projette d’ouvrir 86 blocs offshores à l’exploration pétrolière dans l’Arctique qui est la nouvelle terre promise des compagnies pétrolières. En effet, la Norvège souhaite ouvrir 72 blocs en mer de Barents et 14 autres en mer de Norvège, intégralement ou partiellement situé au Nord du cercle Polaire arctique.

Cet engouement pour l’arctique s’est fait à la suite d’une découverte par le groupe norvégien Statoil, de deux gros gisements pétroliers jumeaux, Skrugard et Havis, susceptibles de contenir entre 400 et 600 millions de barils équivalent-pétrole.

Il existe un litige opposant la Norvège et la Russie aux îles Spitzberg.

Le Danemark

En août 2012, une équipe d’une vingtaine de chercheurs danois est partie à destination du Pôle Nord, à bord du brise-glace suédois Oden. Ils ont pour but de prouver que 155 000 kilomètres carrés du fond de l’océan Glacial arctique font partie du plateau continental groenlandais et doivent donc être intégrés au Royaume, qui comprend, le Groenland et les Iles Féroé.

Le Danemark revendique donc la dorsale de Lomonosov et le bassin d’Amundsen à l’est du Pôle Nord, tout comme la Russie. Lors de cette expédition, ils devaient donc relever des données qui permettraient de revendiquer auprès de l’ONU en 2014 cette partie du fond de l’océan.

La Finlande

Elle ne possède pas de côtes maritimes arctiques, tout comme la Suède.

L’Islande

La Russie et l’Islande ont signé en septembre 2011, une déclaration de coopération en Arctique. Les deux pays ont en effet étudié des projets à réaliser dans le cadre du Conseil Arctique,  une politique qui fixe la déclaration de coopération signé entre eux. Ils veulent que le Conseil intensifie ses activités et que les moyens mis en place soient modernisés.

De plus en 2012, la Chine souhaite également signer des traités avec l’Islande (celle-ci faisant partis du Conseil Arctique et pas la Chine).

La Suède

La Suède souhaite la coopération militaire avec la Russie.

La collaboration franco-suédoise dans le domaine polaire est en train de se développer. Le service scientifique de l’ambassade de France a organisé une école d’été franco-suédoise interdisciplinaire pour les deux instituts polaires en juin 2010 sur le thème des environnements subpolaire suivie d’une conférence à destination d’un public majoritairement scientifique sur l’Union européenne et l’Arctique en mai 2011.

La Chine et la France

La Chine souhaite une place au Conseil de l’Arctique. En effet, depuis la découverte de ressources d’hydrocarbures, la région Arctique suscite un regain d’intérêt de la part de nombreuses nations. En particulier la Chine, qui aimerait à terme siéger au Conseil de l’Arctique, et y devenir un membre influent.

A cause de la hausse des températures qui fait fondre les calottes glaciaires et qui permet de découvrir des ressources jusque-là inaccessibles, et de nouvelles routes maritimes, l’Arctique attire donc aussi l’attention de la deuxième puissance économique : la Chine.

La France quant à elle, se mobilise sur un double front : celui de la préservation environnementale du Grand Nord d’un côté, et celui, plus prévoyant, de la préparation énergétique, commerciale et militaire à la disparition du continent. La France détient un statut d’observateur permanent au Conseil de l’Arctique depuis les années 2000 (celui-ci très convoité par la Chine).

L’implication française c’est accéléré en 2009, lorsque Michel Rocard (ancien premier ministre socialiste) fût désigné  comme ambassadeur des pôles Arctique et Antarctique.

 

B)    Les sociétés du secteur de l’énergie

Les groupes pétroliers qui vont jouer un rôle dans la conquête de l’Arctique sont             les norvégiens Statoïl et Norsk Hydro, les russes Gazprom et Rosneft ainsi que les anglo-saxons, BP, Shell et surtout Exxon Mobil.

Norsk Hydro est un groupe énergétique norvégien, également présent dans l’aluminium et anciennement dans les hydrocarbures.

Statoil a une installation, The Snøhvit field, qui permet par un gazoduc de 143 kilomètres de long, d’aller chercher le gaz, à Melkøya. Puis le gaz est traité avant d’être refroidi sous forme liquide et expédié sur des navires spéciaux aux clients du monde entier.

Rosneft est une société d’État russe spécialisée dans l’extraction, la transformation et la distribution de pétrole. C’est la première entreprise pétrolière du monde, le deuxième plus grand producteur de pétrole russe. Rosneft opère également des entreprises maritimes de transport et de pipelines.

Gazprom est le leader russe du gaz. Les principaux secteurs d’activité de Gazprom sont l’exploration géologique, la production, le transport, le stockage, la transformation et la vente de gaz, de condensat de gaz.

Du coté Anglo-saxon Exxon Mobil est le principal acteur qui est le plus grand producteur de gaz et de pétrole  non gouvernementale. La société BP est une compagnie britannique de recherche, d’extraction, de raffinage et de vente de pétrole, tout comme Shell.

Tous ces groupes qui veulent conquérir l’Arctique se livrent une bataille technologique et forment des accords pour unir leurs forces. Notamment Gazprom et Rosneft qui ont conclu un accord depuis 2006 pour leur expansion, ce qui permettra d’avoir un avantage sur la conquête des ressources pétrolières et gazières de l’Arctique. . En juin 2012, Shell a annoncé qu’il forerait, après l’autorisation des États-Unis.

La principale lutte se fait sur les moyens d’extraction de matière et d’accessibilité. Pour cela les gros groupes pétroliers investissent dans des navires brises glaces ou des moyen d’extraction off-shore ou encore des pipelines.

C)    Les ONG

Une ONG, Organisation Non Gouvernementale est une organisation d’intérêt public qui ne dépend ni d’un État, ni d’une institution internationale. C’est une organisation à but non lucratif, qui réunit des bénévoles sous forme d’association. Ses financements proviennent de fonds publics ou privés.

La forme de ses actions peut être différente. Il peut s’agir d’aider des populations en danger lors de catastrophes naturelles, d’épidémies, l’environnement mais également des projets sur le long terme visant à développer les populations.

Une ONGE, Organisation non gouvernementale environnementale, est idem à une ONG mais concerne seulement la question environnementale. Comme il est question pour l’Arctique.

En ce qui concerne l’Arctique, nous pouvons parler plutôt d’organisations comme Greenpeace. Greenpeace est une organisation à but non-lucratif présente dans 40 pays, en Europe, en Amérique du Sud et du Nord, en Asie et dans le Pacifique. Elle compte aujourd’hui près de 3 000 000 d’adhérents répartis à travers le monde. Pour garder son indépendance, Greenpeace refuse les dons des gouvernements et des entreprises. Elle n’accepte que ceux de ses adhérents.

Greenpeace a notamment fait une campagne anti-Shell, visant à discréditer l’intérêt de la compagnie pour l’environnement dans son intervention en Arctique.

Après le sommet de la Terre à Rio, qui a eu lieu entre le 20 et le 22 juin 2012, Greenpeace a décidé de créer le mouvement « Save the Artic ».

Shell est le 1er ennemi de Greenpeace notamment parce que la société a été la première à être autorisé par les États-Unis à forer en eaux profondes, en mer de Beaufort, à titre exploratoire.

Cependant Greenpeace a aussi attaqué Gazprom en août dernier, en escaladant une plateforme pétrolière off-shore.

Le but de Greenpeace est de faire de l’Arctique une zone sans production industrielle et sans pêche intensive pour permettre de préserver la faune et la flore. Greenpeace dénonce aussi le fait que la zone est trop hostile pour le forage et l’activité industrielle. Ce qui pourrait entrainer une catastrophe écologique sans précédent en cas de collision avec un iceberg par exemple.

WWF, qui est une ONGE, est également engagé pour préserver l’Arctique. L’ONGE met notamment en ligne, sur son site, des listes de Tour operators qui visent à protéger la vie sauvage et l’écosystème tout autour de l’Arctique

II.                Les causes du conflit

A)    Les ressources

La région de l’arctique est un coin assez difficile et dangereux d’accès.

Cependant, selon deux chercheurs et consultants en énergie, Wood Mackenzie et Fugro Robertson, l’arctique contiendrait respectivement 29 % et 10 % des ressources mondiales en gaz et en pétrole non découvertes. Tandis que l’Institut américain de surveillance géologique (United States Geological Survey, USGS) et la Compagnie norvégienne Statoil Hydro estiment concurremment que l’océan abriterait un quart des réserves non-découvertes en hydrocarbure. La Russie disposerait de 69% des ressources d’hydrocarbure de la région. Le Ministère Russe a estimé sans le prouvé, que le territoire qu’il revendique abriterait  586 milliards de barils de pétrole. Pour avoir un ordre d’idée, les réserves de l’Arabie Saoudite s’élèvent seulement à 260 milliards de barils.

De même le Danemark et les États-Unis ont une part des hydrocarbures. Le coté de l’Arctique Groenland renfermeraient l’équivalent de 9 milliards de barils de pétrole et 26,2128 trillons de mètre carré de gaz. Quant à la partie américaine, la côte arctique de l’Alaska permettrait de produire au moins 27 milliards de barils.

A l’époque, le gouvernement Bush avait annoncé son souhait d’explorer puis de produire vers 2014 en Arctique pour compenser le déclin des réserves de pétrole en Alaska.

Globalement, les prévisions avancent que, d’ici 2030, la production d’hydrocarbure en Arctique atteindra 10 millions de barils par jour. Notamment grâce à la fonte des glaces qui créé de plus grands axes pour explorer le sous-sol.

Néanmoins, pour explorer et bénéficier des ressources de ses fonds il faut des moyens techniques pointus. C’est pour cela que depuis 2002 la Russie et la Norvège sont en coopération en matière d’hydrocarbure nordique. Ce qui permettra aux sociétés russes Gazprom et Rosnef de bénéficier de l’expérience de la société norvégienne StatoilHydro. Cependant les groupes anglo-saxons BP, Shell et surtout ExxonMobil sont aussi compétent pour intervenir dans ce type de milieu.

Les gisements de pétroles de cette zone risquent d’être un atout important car le prix du pétrole ne cessera pas de croitre à cause de sa rareté.

Il existe également de grandes zones de pêche potentielles. Selon l’Université de Colombie Britannique, l’Arctique recueillerai 70% des réserves de poissons. Ces chercheurs ont comparé les données qu’ils ont trouvéés sur la pêche avec celle publiées par la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ceci est dû au fait que la zone n’était pas attractive avant la fonte progressive des glaces. La Convention de Montego Bay signée en 1982 règlemente la pêche mondiale mais n’a pas été ratifié par les États-Unis.

 

B)    Les intérêts militaires

Dans le contexte de la concurrence géopolitique en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, le début d’une nouvelle phase de lutte pour l’Arctique est passé inaperçu. Tout le monde s’est habitué au fait que tous les principaux événements tournent autour du Conseil arctique créé en 1996 afin de régler les litiges territoriaux entre les pays du Nord, dont la Russie, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède, les États-Unis et l’Islande. Cette approche est rejetée par beaucoup d’États qui souhaitent également prendre part au partage du gâteau arctique. A l’instar de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne et de la Pologne, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, le Brésil et la Chine ont commencé à frapper à la porte du Conseil arctique avec le mot d’ordre « l’Arctique appartient à tout le monde ! ».

Mais militairement des forces sont déjà en place, tous simplement car certains pays veulent montrer leurs présences et aussi protéger leurs chercheurs et scientifiques.

Déjà en 1950 le Canada revendiquait se territoire et avait envoyé des patrouilleurs sur le côté ouest. Ensuite, le Danemark a manifesté sa présence militaire dans la région, (or ce pays est depuis un demi-siècle en litige avec le Canada à cause de l’île Hans Tartupaluk). Bien sûr cela n’a pas été apprécié du gouvernement canadien. Alors que le Danemark préparait le dossier justifiant ses revendications, le Canada a alloué des fonds à la construction d’un port en eau profonde et d’une base de l’armée de mer à Nanisivik, ancien site minier abandonné. Les Canadiens ont ensuite procédé à la rénovation et à l’agrandissement de la base militaire d’entraînement Resolute et à la construction de patrouilleurs arctiques. Par ailleurs, les effectifs du contingent militaire stationné dans la zone arctique ont été multipliés par dix. Chaque été, le Canada s’est mis à organiser des exercices militaires en Arctique. La Grande-Bretagne avait proposé de partager l’Arctique entre le Canada et la Russie. Ainsi, le Canada s’est vu en quelque sorte attribuer un statut spécial de défenseur des intérêts de l’OTAN en Arctique et du principal adversaire de la Russie. Dans le cadre de cette stratégie, les États-Unis et le Danemark participent aux exercices militaires de la marine canadienne en Arctique dont l’envergure va croissant d’année en année. En été 2011 les exercices se sont déroulés avec une participation active de l’armée de l’air avec ses chasseurs et ses avions de reconnaissance et de transport. De plus la Russie a aussi renforcé son arsenal militaire sur ce territoire, pour montrer qu’elle est bien présente notamment au Canada et à l’OTAN car elle ne veut pas que ce dernier ait la main mise sur la région. Les États-Unis, eux, concentrent leurs forces sur le cercle polaire mais restent le pays le plus présent militairement.

C)    Les ouvertures maritimes

Avec la fonte des glaces, l’arctique semble pouvoir ouvrir de nouvelles voies maritimes : une au nord-est (côté russe) et l’autre au nord-ouest (coté États-Unis). Ces nouvelles routes permettraient des gains de temps considérables et donc de réduire  les coûts de transport des marchandises. En effet si on prend l’exemple Rotterdam/Tokyo le passage du nord-est équivaut à 14 100km et le passage du nord-ouest a 15 500 km, alors qu’en empruntant l’Océan Atlantique il faudrait faire 23 300 km et en passant par la méditerranée, le canal de suez puis les océans Indien et Pacifique il faudrait y faire 21 100 km. Donc en empruntant les routes du grand nord on peut considérablement diminuer les coûts du transport vu que celui-ci sera moins long et que par conséquent les entreprises débourseront moins pour  louer les bateaux, donc leurs produits pourront très certainement coûter moins cher à l’exportation. De ce point de vue-là on peut dire que tout le monde y gagnerait.

Mais pour le moment ces routes sont encore bien gelés et il faut donc des bateaux adaptés à la traversé de ces eaux glaciales. Le seul pays qui semblent pouvoir y parvenir est la Russie qui est adapté à ces eaux et qui ce réjouie de pourvoir louer ces brise-glaces à propulsion nucléaire (même si cela ne durera peut être pas si la fonte des glaces continue) car les brise-glaces à moteur diesel ne sont pas assez puissant pour ces mers-là. La Chine vient de rentrer aussi dans la course avec l’acquisition récente d’un brise-glace,  mais les pays comme le Canada, les États-Unis, la Finlande, l’Islande  ou même la Suède en possèdent mais ils ne sont pas forcément assez puissants. De plus casser la glace comme cela, en période de fort réchauffement climatique aura très certainement des répercussions au niveau écologique. Et de toute façon même les navires a propulsions nucléaire ne règlent pas ce problème, donc pour vraiment voir ces routes maritimes exploitées il faudra certainement encore attendre au moins une dizaine d’années.

 

 

Conclusion

Selon nous, la solution qui pourrait mettre un terme aux conflits qui perdurent en Arctique est la coopération. La région ne fait pas historiquement l’objet d’une coopération multilatérale, mais il serait possible à l’avenir d’établir une forme de coopération dans cette région du monde.

En effet, au moment où le traité sur l’Antarctique entrait en vigueur en 1961, la Guerre Froide régnait au pôle Nord, l’empêchant du coup d’établir un traité similaire. L’Arctique n’est donc soumis à aucun système de normes internationales précises et ordonnées.

La conclusion d’un traité constituerait une solution appropriée pour répondre à la vulnérabilité de la région polaire. L’avantage d’un traité est qu’il oblige les parties à prendre des mesures et à les respecter. Pour l’Arctique, il serait nécessaire d’établir des institutions et des règles peut-être semblables à celles appliquées en Antarctique, pour s’assurer que les obligations sont respectées et mises en œuvre.

L’accord de 1959 régissant le pôle Sud a donné progressivement naissance à un régime régional multilatéral nommé Système du Traité sur l’Antarctique. Jusqu’à présent, le traité est un succès. Pourquoi ne pas profiter de cette expérience pour trouver une solution similaire au cas de l’Arctique ?

Tout d’abord, le contexte politique est nettement plus favorable aujourd’hui qu’en 1961, au cœur de la Guerre Froide. Or, le traité sur l’Antarctique réunit dès l’origine les États-Unis et l’URSS ainsi que les puissances britannique, française et japonaise, plus la Norvège. Le Canada y a adhéré en 1988 et a ratifié toutes les ententes du système mises en place. Ainsi, tous les États circumpolaires, excepté l’Islande, sont liés par ce traité. Ils disposent donc d’un modèle prédéfini, auquel ils sont habitués et qu’ils pourraient facilement transposer au pôle Nord. Un tel accord permettrait d’établir les fondements d’une coopération arctique, sans mettre un terme aux revendications territoriales. Chaque acteur pourrait trouver une satisfaction car les défenseurs du caractère international des eaux et terres arctiques apprécieront qu’aucune souveraineté ne soit officiellement reconnue, alors que les acteurs revendiquant certaines régions polaires comme étant à eux estimeront concéder une limitation à l’exercice de leur souveraineté.

Pour se réaliser, un espace démilitarisé est une condition essentielle à toute forme de coopération. Scientifiquement, l’ensemble des études serait alors mené dans des domaines plus larges que les travaux nationaux et géographiquement ciblés, en place actuellement.

Toutefois, un traité Arctique ne pourrait être totalement similaire au Système du Traité sur l’Antarctique, puisqu’un continent et un océan ne peuvent pas être régis de la même façon. La mise en œuvre du Système du Traité sur l’Antarctique fut rendue possible par l’absence de populations autochtones et l’incapacité d’exploiter ses éventuelles ressources. L’intérêt économique des parties était donc réduit et seules des activités scientifiques y sont menées jusqu’à présent. Au contraire, la région arctique est historiquement habitée et son sol est riche en matières diverses. De plus, démilitariser la région semble particulièrement difficile, du fait que l’Arctique fait partie des systèmes de sécurité et de dissuasion russe et américain.

 

Le traité sur l’Arctique doit donc prendre appui sur l’exemple du régime du pôle Sud, tout en respectant les spécificités de la région. Il s’agit de mettre en place une nouvelle organisation internationale dotée d’une structure et de compétences propres, capable d’assurer le développement durable du cercle polaire.

Toutefois, en l’état actuel du droit international, aucun pays ne possède le Pôle Nord ou la région de l’Océan Arctique qui l’environne. Les cinq États entourant la zone (la Russie, les États-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark) voient leur souveraineté limitée par la limite des 200 milles marins. Mais jusqu’à quand ?

 

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