Sans catégorie – Geolinks Observatoire en Géostratégie de Lyon Thu, 08 Jun 2017 17:25:51 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.6.1 La sociologie – Karl Marx et son impact sur la société /sans-categorie/la-sociologie-karl-marx-et-son-impact-sur-la-societe/ /sans-categorie/la-sociologie-karl-marx-et-son-impact-sur-la-societe/#respond Thu, 12 Jan 2017 15:26:34 +0000 /?p=12045 Introduction

 

La sociologie est la science humaine qui a pour objet les phénomènes sociaux. Elle étudie les formes, les développements et les évolutions de la cohabitation des hommes, ainsi que les facteurs qui ont une influence sur cette cohabitation.

Nos recherches se sont axées sur Karl Marx et son implication dans la pensée politique actuelle avec notamment la lutte des classes qui semble être toujours présente.

L’ensemble des courants de pensée inspirés des travaux de Karl Marx est désigné sous le nom de « marxisme » par laquelle a eu une grande influence sur le développement de la sociologie actuelle.

La sociologie marxiste s’intéresse aux structures économiques et sociales pour comprendre comment fonctionnent les sociétés au sein desquelles les comportements humains sont fondamentalement déterminés par la situation historique générale et la position de classe que chacun occupe.

L’importance des écrits de Karl Marx tient non seulement à leurs contenus, mais aussi à leurs influences considérables depuis plus d’un demi-siècle. De nombreux pays ont axé leur politique en s’inspirant des travaux de Karl Marx ainsi que de sa vision de la société (nous parlons ici des pays communistes).

La Chine, pays communiste, s’est fortement inspirée, et s’inspire toujours de l’idéologie de Karl Marx dans sa politique. Nous distinguons néanmoins, une lutte des classes toujours présente à l’intérieur de ce pays.

La lutte des classes, élément moteur de l’histoire et élément clé de la sociologie selon Karl Marx, semble toujours permettre l’analyse de la société malgré un système communiste.

En quoi le marxisme a-t-il influencé le monde politique ?

Dans un premier temps, nous étudierons la biographie et la pensée de Karl Marx, puis, dans une deuxième partie la lutte des classes avec l’exemple de la Chine.

  1. Biographie et pensée de Karl Marx

 

Né à Trèves en Allemagne le 5 mai 1818 dans une famille juive convertie au protestantisme, Karl Marx étudie le droit, l’histoire et la philosophie à Bonn puis à Berlin.

Karl Marx est connu pour sa conception matérialiste de l’histoire, sa description des rouages du capitalisme et pour son activité révolutionnaire au sein du mouvement ouvrier.

Plongé au milieu de la philosophie allemande (Hegel, Feuerbach), du socialisme utopique français (Saint-Simon, Fourier) avec qui il lie des liens, et de l’économie politique britannique (Smith, Ricardo), Karl Marx met au point en 1844 sa conception de l’Etat dans sa critique de la philosophie du droit de Hegel et publie la question juive, où il expose ses vues sur la lutte politique pour supprimer l’Etat et l’argent, et permettre ainsi l’émancipation de l’humanité.

Contrairement à la pensée d’Hegel, selon laquelle l’Etat est la réalisation de la raison, il montre que l’Etat est l’expression d’un rapport de forces. On peut souligner le ralliement à la cause du prolétariat. Il parle également d’aliénation qui voit comme le fondement de la vie des travailleurs.

En effet, la doctrine philosophique de Karl Marx suppose que l’homme est un être agissant et non un être pensant. Il critique la religion et l’Etat, qui sont des réalisations imaginaires, et substitue la conscience humaine à la conscience divine.

Karl Marx développe une philosophie basée sur la lutte des classes (exploitants et exploités) qui définit être le moteur de l’histoire.

Selon lui, le prolétariat doit s’organiser à l’échelle internationale afin de s’emparer du pouvoir et, après une période de transition (dictature du prolétariat), conduire à l’abolition des classes et la disparition de l’Etat (il s’agit du communisme).

Karl Marx prédit la fin de la société actuelle où le capitalisme se détruira lui-même, permettant ainsi l’avènement d’un état ouvrier.

Passant de la théorie à la pratique, Karl Marx crée avec Friedrich Engels la Ligue des communistes en 1847 et rédige avec lui le “Manifeste du parti communiste”. Ce manifeste expose avec clarté et vigueur la nouvelle conception du monde, le matérialisme conséquent appliqué à la vie sociale, c’est à dire la théorie de la lutte des classes et du rôle révolutionnaire dévolu dans l’histoire mondiale au prolétariat, créateur d’une société nouvelle, la société communiste.

Après l’échec de la Révolution allemande en 1848, il s’exile à Londres où il mène en parallèle son activité militante (animation de la première “Internationale ouvrière”) et la rédaction de l’œuvre essentielle de sa vie, “Le Capital”, qu’il laisse inachevée.

Malade, Karl Marx fait diverses cures tout en continuant de multiplier les contacts avec des socialistes en Europe. Notamment, Les socialistes français pour lesquels il donne les considérants du programme du parti ouvrier français (1880), allemands (Wilhelm Liebknecht) et russes (Vera I. Zassoulitch).

Il décède le 14 mars 1883 à Londres (Angleterre).

 

Karl Marx a vécu dans la pauvreté et a été soutenu financièrement par son ami Engels. Ses théories ont été reprises après sa mort sous une forme dogmatique, le marxisme, pour servir de fondement aux mouvements socialistes et ouvriers de la fin du XIXe et du début XXe siècle.

Sociologue, économiste, philosophe et acteur politique, la théorie marxiste analyse la nature et l’évolution des sociétés en accordant une place centrale à la lutte des classes.

 

  1. Les classes sociales selon Karl Marx

 

Toutes les sociétés sont marquées par une hétérogénéité au niveau de la répartition des richesses et du pouvoir. Selon Karl Marx, les classes sociales jouent un rôle prépondérant dans le fonctionnement de la société. Les rapports de propriété entre les classes sociales sont au cœur de l’analyse du fonctionnement d’une économie. D’après lui, tout cela va permettre de construire une organisation de la production, de la répartition des richesses, de la consommation, des échanges et de la satisfaction des besoins.

Selon ses moyens de production, un individu appartient à une classe sociale, c’est-à-dire un groupe de grande dimension, réunissant des individus partageant un ensemble d’éléments objectifs tenant à la position de la société. Karl Marx va accentuer sur le fait que chaque individu ne va intégrer une classe sociale que lorsque celui-ci va prendre conscience des intérêts communs et des ennemis communs qu’il a avec d’autres individus. Cette « conscience de classe » va donc contribuer à la naissance de la lutte des classes et de l’organisation politique des classes.

La stratification sociale génère des rapports d’exploitation entre les différents étages. La lutte des classes tient aux conflits d’intérêts issus de ces rapports d’exploitation. Karl Marx énonce le fait que lorsque les classes dominées prennent conscience de leur intérêt commun et de leur ennemi commun, une logique d’opposition au système social nait alors. Cet affrontement global de grande envergure va souvent aboutir à une révolution sociale. Cette révolution va détruire un mode de production dépassé au profit d’un nouveau. C’est dans ce contexte là que Karl Marx va considérer que la lutte des classes exerce un impact positif sur la société et « fait avancer l’Histoire ». Pour lui, le conflit social donne naissance au progrès social.

Karl Marx distingue deux classes sociales fondamentales dans la société :

  • Les capitalistes : la classe bourgeoise
  • Les prolétaires : la classe ouvrière

 

Des rapports d’exploitation et de domination sont présents, les capitalistes exploitent les prolétaires. Cette domination bourgeoise est maintenue à travers divers instruments comme la loi, la religion (« l’opium du peuple ») et l’Etat. Pour diverses raisons, le capitalisme connaît des crises économiques récurrentes et Karl Marx juge que ce concept capitaliste, a certes fait « avancer l’Histoire » mais devient à son tour dépassé. La lutte prolétaire va permettre de détruire ce concept au profit d’une société idéale : le Communisme.

 

  1. Une analyse marxiste de la société chinoise

 

La Chine, puissance mondiale, s’est fortement inspirée des travaux de Karl Marx pour créer son état communiste. Même si Karl Marx ne fut pas le seul à influencer les décideurs politiques (le Maoïsme et l’Athéisme ont également eu un impact considérable), il est au fondement de l’idéologie communiste avec son « Manifeste du parti communiste ».

Mao Ze Dong (1893 – 1976), premier dirigeant de la République Populaire de Chine, a déclaré avoir utilisé et adapté le marxisme comme idéologie principale afin de créer un état le plus égalitaire possible.

Aujourd’hui, l’analyse de la société chinoise peut se faire à travers une analyse marxiste. En effet, on remarque une lutte des classes toujours très présente :

  • La lutte entre les villes et les campagnes
  • La lutte entre les personnes manuelles et intellectuelles
  • La lutte entre les ouvriers et les paysans

 

De nombreuses réformes économiques visant à réduire ces oppositions ont été instaurées et sont aujourd’hui d’une importance capitale pour la Chine.

Une des réformes consiste à établir une égalité entre les populations urbaines et rurales. En effet, la population rurale abrite encore 70% de la population totale. Une des réformes du gouvernement chinois est la mise en place du Huko (institution similaire à la Propiska en URSS).

Le Huko va attribuer à chaque personne un permis de résidence dans un lieu précis. Le gouvernement a systématisé cette institution en 1958 afin d’assurer la distribution d’aide sociale et de ressources aux résidents. De plus, cela permet un meilleur contrôle des flux de population (comme l’exode rurale par exemple). Le Huko est alors considéré comme un système de répartition de droit, censé mettre les populations sur un même pied d’égalité.

En revanche, des disparités sont relevées entre les Hukos urbains et les Hukos ruraux, ce qui entraine une lutte ville/campagne entre la classe prolétaire rurale et la classe prolétaire urbaine.

Depuis les reformes, le prolétariat est séparé en deux fractions principales :

  • La « vieille » classe ouvrière : les paysans
  • La « nouvelle » classe ouvrière : les ouvriers

 

La « nouvelle » classe ouvrière est constituée de travailleurs issus de l’exode rural. Les multiples réformes du droit du travail chinois ont lancé des millions de chinois sur les routes en direction des villes. Cependant, la législation du Huko reste inchangée, faisant des migrants des sans-papiers en zone urbaine (car hors de leur zone de résidence). Le gouvernement a toutefois autorisé les « sans-papiers » à travailler en zone urbaine jusqu’à ce qu’ils soient au chômage.

Ces réformes peuvent être un prélude à une égalité des droits entre les populations, mais les migrants ne possèdent pas les avantages sociaux que les populations urbaines ont, ce qui entraine des conditions de travail et de vie misérable.

Mao Ze Dong, a nationalisé toutes les terres en imposant des quotas de production homogène, appauvrissant fortement la « vieille » classe ouvrière : les paysans.

Au début des années 1970, le Parti Communiste a mis en place une réforme sociale de décollectivisation et introduit un système de « responsabilité des ménages ». Des propriétés de terres agricoles sont confiées aux familles paysannes, afin de rééquilibrer la disparité des ressources entre paysans et ouvriers.

Cette réforme marxiste dérivée a permis à la fois une répartition des terres entre les familles, mais aussi une hausse non négligeable de la production agricole.

 

Conclusion

 

Karl Marx a été un véritable précurseur de la sociologie moderne en analysant la société à travers les classes sociales. Sa formation et ses compétences dans divers domaines ont permis d’affiner sa vision de la société et de créer une idéologie ou chacun serait égal dans un monde communiste.

Le marxisme a eu un impact considérable sur la politique de nombreux pays parmi lesquelles la Chine et la Russie font parties.

La lutte des classes sociales semble aujourd’hui perdurer et permet toujours d’analyser les sociétés comme nous venons de le faire pour la Chine.

En revanche, cela soulève plusieurs questions : en choisissant un modèle communiste et en souhaitant l’homogénéisation des droits et des devoirs de la population, cela ne crée-t-il pas de nouvelles disparités (Cf le Huko en Chine) ? Nous pouvons donc nous demander si le marxisme n’est pas utopique puisque même dans les pays ayant opté pour un régime « communiste », une lutte des classes perdure.

 

Bibliographie

Adler, A. (2001) Le communisme, Puf edn., Paris.

Astarian, B. (2009) Luttes de classes dans la Chine des réformes (1978 – 2009), Acratie edn.

Barbusse, B. and Glasmann, D. (2015) La sociologie en fiches, Ellipses edn., Paris: .

Calvez, J. (1956) La pensée de Karl Marx, Editions du Seuil edn.

Larousse (2014) Karl Marx, Available at: http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Karl_Marx/126631 (Accessed: 14th December 2015).

 

Rédacteurs : Baptiste PIRAUD & Clifford ZHU

 

]]>
/sans-categorie/la-sociologie-karl-marx-et-son-impact-sur-la-societe/feed/ 0
Le Qatar fiche pays /sans-categorie/le-qatar-fiche-pays/ /sans-categorie/le-qatar-fiche-pays/#respond Thu, 12 Jan 2017 15:21:22 +0000 /?p=12091

Pauline Molmerret & Laura Meleo

Capture d’écran 2015-12-18 à 13.51.44 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.51.49

Le Qatar est depuis des millénaires habité par des populations, le pays a vu le bassin de la civilisation se développer, a été un grand allié de Babylone durant son hégémonie avant de traverser une période d’invasion étrangère. Tout d’abord par le Portugal qui possédait auparavant la flotte la plus puissante du monde. Manuel Ier voulant s’emparer de la route des épices, envahit toute la côte orientale. Cependant l’emprise portugaise ne durera qu’un temps, vite détrôné par le fort empire Ottoman qui ne cesse d’agrandir ses frontières. Au XVIIIème siècle, l’empire s’affaiblit et une importante famille fait son apparition sur le territoire : la famille Al Thani. Pendant cette période, d’une part l’empire Britannique fait son entrée sur le territoire Qatarie voulant sécuriser la route des Indes, d’autre part le Bahreïn, sous la dynastie Al Khalifa, veut annexer le Qatar. Les anglais poussent la famille Al Thani à gouverner le pays, s’en suit de nombreuses conflits entre l’Empire Ottoman et le pouvoir Qatari. En 1916, le Qatar devient officiellement un protectorat Anglais, qui laisse une autonomie factice mais protectrice au pays. La vague de décolonisation commence dans les années 60 avec la montée des revenus du pétrole. En 1971 le Qatar devient indépendant et à sa tête un membre de la famille Al Thani qui détient les pleins pouvoir. Par conséquent, le pays devient une monarchie absolue constitutionnelle héréditaire. Après l’indépendance du Qatar en 1971, le nombre d’habitant a été estimé à environ 122 000 personnes principalement autochtones et parmi celle-ci de nombreuses personnes de tribus bédouines. Désormais le pays abrite plus de 2 000 000 d’habitants. Du faite de l’histoire, l’anglais est souvent parlé et compris par les habitants du Qatar mais l’Arabe est la langue officielle du pays. La monnaie officielle est la Riyal Qatarie. Concernant le drapeau officiel du pays, il a été adopté en 1949 et était à la base rouge comme de nombreux drapeaux de la péninsule arabique. Néanmoins le Qatar a décidé d’ajouter du blanc afin de signifier la paix. Avec le temps la couleur s’est foncée pour représenter le sang perdu lors de la guerre d’Al Zubarah et s’est transformé en un marron pourpre. En effet, beaucoup de Qataris sont morts lorsque l’empire Ottoman en 1872 a pris le contrôle de cette zone. Les neufs pointes du drapeau représentent les 7 Emirats du Golfe, le Bahreïn et Qatar. L’IDH du pays est en croissance constante depuis les années 80, il plafonne en 2013 a 0,851 et en fait le 31eme pays mondial et le premier pays Arabes avec le meilleur indice de développement humain.

Lors de notre présentation nous aborderons les risques politiques, économiques, financiers ainsi que les risques géographiques et environnementaux. Pour finir nous verrons l’impact du soft et du hard power dans le pays.

2

I. Evaluation du risque politique

Le Qatar est une monarchie semi autoritaire, l’émir est un personnage central qui concentre la majorité des pouvoirs comme le pouvoir exécutif, partagé avec le conseil des ministres. La charia est la principale source de la constitution permanente du pays. Concernant le pouvoir législatif, il est détenu par un conseil consultatif qui est élu pour un tiers par l’Emir et le reste au suffrage universel. Le judiciaire est lui indépendant et fonctionne avec des tribunaux de différents degrés. Sous cette apparente organisation démocratique, le Qatar montre une volonté de transparence politique afin de satisfaire l’Occident mais l’Emir demeure au centre de cette organisation et semble indétrônable. Cette place centrale pourrait à terme desservir le pays dans sa modernisation.

La politique interne du Qatar est moins ferme et réactionnaire que celle des pays voisins. En effet, les femmes ne sont pas forcées de porter le voile et ont le droit de vote. Le pays a mis en place une politique sociale interne nommée : Permanent Population Commitee. Cela permet au gouvernement d’avoir une vision globale sur la qualité de vie des Qataries et de la qualité de leur environnement. Au sein des habitants Qataries, il y a plus de 80% d’étrangers, la majorité d’entre eux viennent du Pakistan ou d’Inde. Ils représentent la main d’œuvre du pays et travaillent ainsi que vivent dans des conditions précaires. Le gouvernement a décidé de biser son image d’obscurantisme religieux en étant plus ouvert aux autres religions, les laissant s’exprimer sur le territoire tout en exerçant un contrôle sur leur degré d’importance. Le taux de criminalité est relativement bas avec un indice de criminalité de 1 personne emprisonnée pour 100 000 individus. Contrairement au taux de criminalité, le Qatar connait un fort taux de corruption ressentis au sein du pays. Une illustration notoire de cette corruption est son élection plus qu’étonnante pour la coupe du monde de foot en 2022. Cette corruption pourrait à terme nuire au pays. La politique extérieure du pays consiste principalement à contenir la volonté expansionniste de l’Arabie Saoudite qui n’a jamais accepté l’indépendance Qataries en 1996. Le pays entretient aussi des relations étroites avec les Etats Unis et veut se lancer dans une politique pour renforcer ses liens avec les pays occidentaux comme l’Angleterre et la France. Ces différentes actions internationales sont mise en place afin d’installer le petit pays Qatarie dans une stabilité et une force afin de s’imposer sur la scène mondiale. Lors du printemps arabes, le Qatar a pris part au financement de certains mouvements contestataires au sein des pays touchés par les révolutions. Cette position forte, surtout contre certains de ses pays voisins, pourrait constituer un risque pour le pays.

II. Evaluation des risques économique et financiers

Le Qatar sur un plan économique connaît un développement remarquable. Le PIB par habitant en 2015 est de 78 829 dollars, on constate une baisse comparée à l’année 2012 qui était de 103 606 dollars par habitants mais néanmoins reste un des PIB les plus élevés au monde. Le taux de croissance du PIB a fortement augmenté depuis les années 1970 (A1) étant désormais de 4% en 2015. Cela s’explique en particulier par une forte hausse des hydrocarbures depuis les années 2000 ainsi que par les nombreux investissements de Doha dans des infrastructures de production de gaz naturel liquéfié. En 2015 le taux d’inflation du Qatar a très nettement baissé depuis les deux années précédentes allant de 3.1% à 1.8% en 2015 cela s’explique par une baisse des prix de commodité permettant de contenir l’inflation.

3

Le solde budgétaire du Qatar en fonction du PIB a fortement diminué, en 2013 il était de 14.4% et désormais en 2015 de 1.0%. Le solde courant en fonction du PIB a lui aussi fortement diminué allant de 30.8% en 2013 et étant de 8.4% en 2015. La balance commerciale du Qatar a très fortement augmenté ces deux dernières décennies de 32.2%. C’est en 2012 que la balance commerciale a enregistré le plus haut niveau étant de 46.83%. Ainsi la situation économique et financière semble mettre le Qatar à l’abri de risques qui ont pu survenir dans les autres pays de la région. En effet le Qatar possède de forts excédents financiers grâce à des revenus presque illimités basé sur une politique volontariste. Le Qatar est donc constitué d’un secteur bancaire stable et bénéficiant d’une stabilité politique ainsi qu’un rayonnement à l’international lui permettant un avenir brillant.

III. Evaluation des risques géographique et environnementaux

Le Qatar possède 7 ports distincts sur son territoire, 4 sur son territoire principal et 3 sur les iles avoisinantes : Al Ryyane, Al Shaeen & Haful Island. Le pays est dépendant du détroit d’Ormuz qui est une zone de tensions notables dans la péninsule. Ormuz est tiraillé entre l’Iran et le sultanat d’Oman. Cette situation de dépendance peut constituer un risque pour le pays car en cas de conflit et de fermeture du détroit d’Ormuz, le Qatar pourrait faire face à des problèmes concernant son activité pétrolière. Les risques sanitaires au Qatar ne sont pas nombreux, il existe un risque de maladie transmise par un insecte vivant la nuit et véhiculant la leishmaniose. Le second risque est celui de l’environnement, à cause du sable très présent des infections ophtalmologiques sont possibles. Les risques sanitaires ne constituent pas un fort facteur de déstabilisation pour le pays en revanche sa situation géographique pourraient créer un risque pour le pays.

IV. Une évaluation du Hard power du pays

Le Hard Power consiste au pouvoir de coercition militaire d’un pays. La hausse du prix des hydrocarbures et de la hausse de ses investissements en infrastructures ont permis au Qatar de disposer d’une grande puissance financière. Doha a fortement bénéficié de la crise financière de 2008 avec l’affaiblissement des pays occidentaux et de la capacité diplomatique de ses pays voisins ainsi que son rapprochement avec Riyad. L’utilisation du hard power par le Qatar a été remarquée notamment lors du conflit libyen en 2011 puis avec celui de la Syrie situation provoquée par les Printemps Arabes et permettant ainsi le Qatar a ouvertement soutenir certains acteurs des conflits au sein de ces pays et donc instauré une stratégie de hard power.

Cette intervention a été mise en place par l’émir Hamad qui a stipulé que « les Arabes doivent résoudre les problèmes des Arabes ». Cette stratégie a aussi pu être aperçue lors de la crise de Bahreïn où le Qatar a envoyé des troupes du Conseil de Coopération du Golfe. C’est par la suite que le Qatar a décidé de revenir à une stratégie de Soft Power explicité dans le paragraphe suivant. Le Qatar a des relations convenables avec l’Iran et ses pays voisins mais a cependant développé depuis quelques années des relations à l’international notamment avec la France et les Etats-Unis. En effet, le Qatar manque de force militaire et est faiblement peuplé d’où le besoin de s’allier avec ses pays voisins et à l’international.

4

L’importance des alliances internationales est aussi due à sa position géographique qui le lui impose. Le budget militaire du Qatar en 2015 a été d’environ 1,930 milliards de dollars et dispose de 11 800 hommes (comparé à la France au 6ème rang des plus grandes armées du monde avec 202,761 militaires et ayant en réserve 195,770). Ses fournisseurs militaires sont les USA, la France, le Royaume Unis, la Suisse, l’Italie et l’Allemagne. Le Qatar dispose des plus grands navires de transport et mise fortement sur le système GTL qui est un procédé permettant de transformer le gaz naturel en essence liquide, cette nouvelle technologie pourrait permettre au Qatar d’être le leader mondial d’ici 2030. Par ailleurs le Qatar a pour ambition de devenir un hub régional le destinant à une plateforme centrale de correspondance dans les connexions entre l’Europe et l’Extrême Orient.

V. Une évaluation du soft power du pays

Lors de la modernisation et la démocratisation du Qatar, l’Emirat a opté pour une levée partielle de la censure médiatique. Il y a eu sur le pays un vent de libération sociale surtout véhiculé par la chaine de télévision Al-Jazeera. Cette chaine de télévision est le principal instrument du Soft Power, surtout connue pour être un canal d’expression a toutes les tendances politiques du monde arabes surtout des peuples opprimé par des gouvernements illégitimes. La chaine se fait très vite des ennemis après sa création en 1995, ses pays voisins voient d’un mauvais œil cette liberté médiatique comme par exemple l’Arabie Saoudite. La chaine veut avant tout être une chaine libre sans influence au plus proche de la réalité, c’est pourquoi la chaine diffuse des vidéos très choc comme par exemple lorsque les Américains ont déclaré la guerre à Irak. La chaine a une volonté de se développer à l’internationale, en commençant en 2011 avec la création d’une chaine en Angleterre. D’autre pays sont visé dont la France, cette volonté d’expansion pourrait constituer un risque car dans certains conflits, la chaine a provoqué une amplification des tensions. La puissance du soft power passe par la chaine Al-Jazeera ainsi que le football mais aussi désormais avec la Formule 1. En effet le Qatar n’a jamais caché son attrait pour le sport et le confirme en investissant à outrance dans sa propre course de F1.

VI. Conclusion & SWOT

Le Qatar comme l’ensemble de la région persique a pour religion l’islam de majorité sunnite et est donc religieusement allié aux autres pays de la région. Le Qatar se situe au 3ème rang des pays avec le plus gros PIB par habitants. Cela s’explique par ces réserves naturelles fortement dotée en hydrocarbures permettant à ce pays d’exporter en masse aux quatre coins du monde. Cependant, la position géographique du Qatar soulève une double problématique, d’un côté concernant l’aridité de ses terres et d’un autre côté les tensions qui existent au sein de la péninsule arabique. Ces problématiques expliquent la nécessité de créer de nombreuses alliances avec ses pays voisins ainsi qu’à l’international. Par ailleurs, le Qatar effectue de nombreux investissements afin de limiter sa dépendance aux autres pays et a pour objectif d’être leader dans certaines innovations afin de lui permettre de stabilisé sa croissance sur le long terme. Du fait de ses alliances le Qatar est dans l’obligation de moderniser sa structure organisationnelle nationale.

5

Le pays a été soumis à de fortes critiques de la communauté internationale aux regards de son application des droits de l’homme ainsi que son système juridique. Le Qatar afin d’asseoir sa présence dans la région et à l’international à allier des stratégies de soft et hard power allant des médias jusqu’à une ingérence dans les pays voisins.

Force

Faiblesse

􏰀 Alliances stratégiques (Etats-Unis : Invasion Koweit par l’Irak : 98 partenariat de défense militaire)
􏰀 Coopération avec pays occidentaux militaire et économique (France, Grand Bretagne (membre de l’ONU)

  • 􏰀  Stratégie Soft Power
  • 􏰀  Main d’œuvre d’immigrants
  • 􏰀  14% des réserves mondiales de gaz naturel (plus grande réserve de la planète)
  • 􏰀  Doha : capital de l’art islamique
  • 􏰀  Forte croissance
  • 􏰀  Infrastructures des services de santé de très bonne qualité
  • 􏰀  Capacité militaire faible
  • 􏰀  Non-respect des droits de l’homme (nombreuses critiques de Human Rights Watch)

􏰀 Rôle subalterne des étrangers : image dégradée du Qatar
􏰀 Dépendant de l’importation + approvisionnement à l’étranger

  • 􏰀  Condition climatique
  • 􏰀  Forte corruption
  • 􏰀  Déséquilibre entre hommes et femmes (25% de femmes)

Opportunité

Menace

􏰀 Rôle grandissant de la femme dans la société ( 1996 Qatar Foundation) proportion des femmes dans la population active est grandissante.

􏰀 Investissement important dans le système GTL : permettant éventuellement d’être leader mondial d’ici 2030.
􏰀 Forte innovation dans l’aéronautique ( 2009 : Qatar Airways premier vol avec un appareil propulsé par du kérosène)

􏰀 Diversification de l’économie ( pétrochimie, aciérie, fertilisant chimique…)

  • 􏰀  Conflit au sein du Golfe (Bahreïn conflit
  • 􏰀  Conflit à l’international (Lybie..)
  • 􏰀  Autosuffisance future des Etats-Unis vis à vis du gaz, le pays veut d’ici 2020 devenir le premier producteur de pétrole au monde.

􏰀 Destination du gaz à travers le monde entrain de changé: désormais dirigé vers l’Asie

6

Bibliographie :

Source internet :

Institut Européen de recherche

QATAR

Qatar Central Bank

http://www.qcb.gov.qa/English/Pages/Default.aspx

Indice de Développement Humain 2014: En tête du Maghreb, la Tunisie gagne 4 places et se classe au 90ème rang mondial, Huffington post, 27/06/2014 http://www.huffpostmaghreb.com/2014/07/26/classement-idh-2104_n_5623123.html

Site officiel de la Coface

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Qatar

France Diplomatie

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/qatar/presentation-du-qatar/

Perspective Monde : Qatar

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays= QAT&codeStat=SECU.GPI.DIST&codeStat2=SECU.GPI.JAIL

Géolinks, Fiche pays Qatar

Fiche Pays – Qatar

Stung by FIFA furor, Qatar’s soft power at risk, Reuters, 1/06/2015

http://www.reuters.com/article/us-qatar-fifa-image- idUSKBN0OH2FW20150601#MHJx6jPqTyLdqcTQ.97

Les « echos data » : Qatar

http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/qatar/pib-par-habitant.html

Qatar 2008-2014 : du soft au smart power, Par Mehdi LAZAR, Diploweb, le 23 mars 2014 http://www.diploweb.com/Qatar-2008-2014-du-soft-au-smart

While limited in size, the Gulf nation of Qatar fields a military with access to rather modern Western equipment. http://www.globalfirepower.com/country-military-strength-detail.asp?country_id=qatar

Ministère des finances

https://www.tresor.economie.gouv.fr/pays/qatar

Livre :
QATAR – Nabil Ennasri Collection dirigée par Mathieu Guidère, Edition : De Boeck

]]>
/sans-categorie/le-qatar-fiche-pays/feed/ 0
Escalade et désescalade de la violence /sans-categorie/escalade-et-desescalade-de-la-violence/ /sans-categorie/escalade-et-desescalade-de-la-violence/#respond Tue, 10 Jan 2017 14:07:25 +0000 /?p=12653 Escalade et désescalade de la violence

 

 

“La violence se donne toujours une contre-violence, c’est-à-dire pour une riposte à la violence de l’autre” (Jean Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, 1960). Le soulèvement des peuples face à l’oppression coloniale, la première intifada en Palestine témoignent de l’utilisation de la violence face à la violence. Aujourd’hui, le Moyen-Orient est le théâtre de la violence, les guerres religieuses entre chiites et sunnites, le conflit israélo-palestinien, la guerre syrienne, la lutte contre daesh ne laissent planer aucun espoir pour une paix réelle.

La violence peut être définie comme: “l’ensemble des actes caractérisés par des abus de la force physique, des utilisations d’armes, des relations d’extrême gravité” (Larousse). Le gain de tension, amenant à une intensification de la violence au cours d’une période définira l’escalade et par extension la période d’apaisement définira la désescalade. L’Etat joue un rôle prépondérant dans l’utilisation de la violence puisque selon Max Weber, l’Etat possède le monopole de la violence et est légitime quant à l’utilisation de celle-ci. Dans le Savant et le politique, il définit l’Etat de la manière suivante: « un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné ».

Dans notre étude nous étudierons la crise des missiles de Cuba de 1962 qui aurait pu entraîner le monde dans une guerre nucléaire. Cette crise représente parfaitement l’escalade de la violence entre deux Etats fondamentalement opposés sur le plan politique. Enfin nous approcherons la désescalade de violence à travers la Détente de 1963 à 1979 qui désigne la période de rapprochement entre le bloc de l’est et le bloc de l’ouest.

La crise des missiles de Cuba

 

Avec l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir à Cuba en 1959 soutenu par la majorité du peuple cubain, les Etats-Unis craignent une perte d’influence sur la politique de ce territoire qui était sous leur contrôle durant les années 1950. Plusieurs manœuvres américaines pousseront le gouvernement cubain à se tourner vers Moscou notamment le fiasco du débarquement de la baie des cochons en 1961 pour renverser le gouvernement cubain. Le début de la crise est marqué par l’opération Anadyr lancée par Nikita Khrouchtchev en mai 1962 qui envoie 50 000 soldats à Cuba et prévoit d’y installer du matériel militaire lourd.

En août 1962, des avions de reconnaissance de la CIA U-2 survolent Cuba et repèrent l’installation de rampes de lancement de missiles. Les cubains qui émigrent en Floride témoignent de l’afflux de matériel d’armement soviétique sur l’ile ce qui a pour effet de renforcer la surveillance américaine sur le sol cubain. Les agents de la CIA informent le gouvernement américain que des missiles circulent sur les routes de l’île, ils sont en effet acheminés vers différentes bases militaires. Ayant connaissance des ces informations, le gouvernement américain ne s’inquiète pas puisque ces missiles ne concernent qu’un éventuel débarquement américain à Cuba.

John McCone directeur de la CIA pense que l’URSS veut faire de Cuba une base militaire pour ses missiles offensifs. Kennedy met alors l’URSS en garde contre toute velléité d’aller au delà (des missiles défensifs). Il déclare que rien ne prouve la présence de missiles offensifs mais s’il en était autrement les conséquences pourraient être sans précédent.

Les Etats-Unis qui redoutent tout de même une crise diplomatique si un U-2 se faisait abattre par un missile défensif soviétique interrompent les missions de reconnaissance au dessus de l’île en septembre 1962. Dans un même temps, un avion de reconnaissance américain photographie au dessus de l’atlantique un cargo soviétique en route vers Cuba chargé de missiles nucléaires. Malgré la possibilité d’un possible incident diplomatique J.F Kennedy donne son accord pour l’envoie d’un avion de reconnaissance. Le 14 octobre 1962 décolle un U-2 au dessus de la pointe ouest de l’île et parvient à photographier à proximité de San Cristobal la construction de bases de lancement de missiles offensifs à moyenne portée (SS4).

Le 18 octobre Kennedy reçoit le ministre des affaires étrangères soviétiques Andreï Gromyko qui se livrera à la masirovska, l’art de la désinformation militaire. Messager de Khrouchtchev, il explique à Kennedy que le déploiement d’armement soviétique n’est que purement défensif. Arthur Lundhal chef de l’interprétation photographique de la CIA fourni de nouvelles preuves venant corroborer les doutes américains quant au discours de Gromyko. Il découvre sur les photos des missiles SS5 qui ont une portée de 3 500 kilomètres mettant ainsi la quasi totalité du territoire américain sous une menace soviétique directe.

Trois possibilités se présentent alors au gouvernement américain: envahir Cuba, diriger une frappe aérienne détruisant les rampes de lancement, établir un blocus des cargos soviétiques transportant les armes. Les conseillers de Kennedy lui préconisent l’usage de la force soit par le biais du débarquement soir par le biais de frappes aériennes mais le Président redoute une contre attaque soviétique à Berlin. Le gouvernement américain optera donc pour le blocus maritime. Dans le discours du 22 octobre 1962, Kennedy déclare: “une quarantaine va être instaurée sur toute cargaison de matériel militaire à destination de Cuba”.

En parallèle, l’armée américaine prend place dans plusieurs positions stratégique du monde en cas de conflit ouvert. C’est la plus importante mobilisation depuis la 2nd guerre mondiale. La marine américaine se place dans l’océan atlantique, une partie de l’aviation américaine chargée d’ogives nucléaires met le cap sur le cercle polaire en attendant l’ordre d’attaquer l’URSS en cas de conflit et les missiles nucléaires américains des différentes bases sont prêts au lancement. Avec le déploiement d’armement soviétique à Cuba et le déploiement de l’armée américaine, la stabilité du monde ne tient qu’à un fil, en l’espace de quelques jours le monde est au bord du chaos.

Le 24 octobre, la stratégie du gouvernement américain porte ses fruits, plusieurs cargos soviétiques transportant du matériel militaire offensif font demi-tour avant d’arriver à la ligne de blocus. Néanmoins, la crise n’est pas terminée puisque les missiles de Cuba sont toujours sur les rampes de lancement et orientés vers le sol américain. Le 25 octobre, Adlai Stevenson ambassadeur des Etats Unis aux Nations Unies demande ouvertement à son homologue soviétique Valerian Zorin lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies: “Mr Zorin, niez-vous que l’URSS ait installé des missiles de portée moyenne et intermédiaire à Cuba ? N’attendez pas la traduction, oui ou non ?” Zorin ne souhaitera pas répondre mais Stevenson appuiera ses propos avec les photographies prises par les avions d’espionnage de la CIA.

La crise des missiles atteint son paroxysme lorsqu’un avion de reconnaissance américain est abattu par un missile de défense soviétique au dessus de Cuba. Depuis le 18 octobre la tension entre les deux superpuissances n’a fait que monter, la guerre semble la seule issue. Malgré la pression de ses conseillers et des généraux, Kennedy souhaite résoudre le conflit de façon diplomatique, il craint que toute intervention à Cuba ne plonge le monde dans le chaos le plus total. Il posera alors un ultimatum à Khrouchtchev qui explique dans son livre “Souvenirs”:

“Le président Kennedy, dans un ultimatum, exigea que nous retirions les fusées et les bombardiers amenés à Cuba. Je garde un souvenir très vif de ces journées. Je me rappelle particulièrement cet échange avec Kennedy parce que j’en pris moi-même l’initiative et que, dans la mesure où c’est moi qui envoyais les messages et recevais les réponses, je restais jusqu’au bout au coeur de l’action. Je revendique l’entière responsabilité du contact direct qui s’établit entre le président Kennedy et moi-même au moment le plus crucial et le plus dangereux de la crise […]”.

Dans la négociation, l’avantage de Kennedy réside dans la puissance de l’équipement américain par rapport à celui des soviétiques. De ce fait, Kennedy pense que Khrouchtchev reviendra sur ses positions et souhaitera négocier de façon diplomatique avec lui. Finalement le 28 octobre sous promesse de ne pas envahir Cuba, et avec le retrait de ses missiles en Turquie les Etats-Unis obtiennent les désassemblages des rampes de missiles à Cuba.

Raymond Aron qui avait défini la guerre froide comme “paix impossible, guerre improbable” a failli voir cette expression tomber à l’eau suite à la crise des missiles de Cuba. Le manque de communication entre les deux superpuissances combiné à l’ego fort des deux nations a conduit à une escalade de violence qui aurait pu bouleverser la face du monde. Suite à la crise de 1962, le bloc de l’est et de l’ouest ont cherché à se rapprocher ce qui a conduit à la période dite de “Détente”.

 

La Détente 1963-1979

 

Le dégel des relations entre les Etats-Unis et l’URSS s’est installé en 1963 après la crise des missiles de Cuba. Aucune des deux nations n’est prête à prendre le risque d’un conflit nucléaire et c’est ce qui amorcera le processus de détente. La détente ne verra pas le jour uniquement grâce aux concessions des deux superpuissances, l’Europe et la Chine joueront également un rôle essentiel. La détente n’est en revanche pas synonyme de paix, chaque bloc conserve son ambition de l’emporter sur l’autre. Au début de cette période, la question de confiance sera un enjeu de taille, notamment pour les américains; peuvent-ils réellement faire confiance aux soviétiques qui ont essayé de les duper à Cuba en plaçant des missiles offensifs?

Kennedy sera le précurseur de ce processus d’apaisement avec Moscou, il proposera une stratégie de paix et prendra l’initiative d’arrêter les essais nucléaires dans l’atmosphère. Processus que Khrouchtchev acceptera, en juin 1963 la “ligne rouge” sera établie, ainsi la Maison Blanche et le Kremlin pourront se concerter et éviter une diplomatie “au bord du gouffre”. Les changements des gouvernements suite à l’assassinat de Kennedy et à la destitution de Khrouchtchev ne changeront pas la ligne directrice entamée par les deux nations.

D’autres puissances ne souhaitent pas se voir influencée par les Etats-Unis et l’URSS en matière de politique extérieur. La France du Général de Gaulle refusera catégoriquement l’hégémonie américano-soviétique, et amorcera le retrait de la France de l’OTAN en 1966. De Gaulle s’oppose à la fois à la guerre du Viêt Nam menée par les Etats-Unis et au régime totalitaire communiste installé par l’URSS. La stabilisation politique de l’Europe est primordiale pour le Général de Gaulle qui souhaite voir la Russie se rapprocher de l’Europe sur le plan économique et politique. Sa rencontre à Moscou avec Brejnev marquera la détente en Europe. Le 28 avril 1969 De Gaulle se démet de ses fonctions et Willy Brandt prendra le relais en matière de stabilité politique en Europe avec l’Ostpolitik. Cette politique “tournée vers l’est” permettra à trois traités de voir le jour. Premièrement, le traité germano-soviétique de 1970 reconnaissant l’inviolabilité des frontières européennes et le statut quadripartite de Berlin. Deuxièmement, le traité germano-polonais de 1970 où la RFA reconnaît l’Oder-Neisse (frontière entre l’Allemagne et la Pologne). Troisièmement, l’accord quadripartite sur Berlin de 1971 où l’URSS s’engage à ne plus entraver la libre circulation entre la RFA et Berlin-ouest, et à améliorer la situation résultant de la présence du mur de Berlin. En 1972, le traité fondamental voit également le jour, la RDA et la RFA sont alors tous les deux admises à l’ONU en 1973. Willy Brandt recevra le prix Nobel de la paix en 1971 pour sa réussite quant à l’instauration de la détente en Europe.

Dans un même temps, les Etats-Unis et l’URSS éprouvent des difficultés économiques. La course à l’armement représente des dépenses faramineuses, ajouté à cela la guerre du Viêt Nam et la conquête spatiale pour les Etats-Unis et les pertes agricoles pour l’URSS qui l’oblige à se tourner vers l’ouest, la pérennité financière des deux puissances est donc en jeu. Afin de réduire leurs dépenses respectives en armement les accords de SALT 1 signés par Nixon et Brejnev verront le jour le 26 mai 1972 à Moscou. Les accords de SALT permettent alors de contenir le déploiement, la diffusion et la croissance des arsenaux nucléaires des deux pays. Enfin le traité ABM (Anti-Balistic Missile) a permis la limitation du nombre de missiles des deux nations. Les accords de SALT 1 combinent à la fois la limitation d’armes défensives et offensives.

Après 1973 et le choc pétrolier la récession se fait sentir dans les deux camps et fait ressortir le doute quant à la détente. D’autant plus que l’instabilité politique fait perdre une certaine crédibilité, d’un côté le Watergate et la démission de Nixon et de l’autre la perte d’influence de Brejnev du fait de son âge. Les accords de SALT 2 verront le jour dans la continuité des accords de SALT 1 en 1979 en limitant le nombre de bombardier et de lance-missiles stratégiques. Cependant en opposition à l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques le Sénat ne ratifiera pas le traité bien que les Etats-Unis le respecte.

La guerre d’Afghanistan marquera la fin de la détente et ce pays se verra être le théâtre de la guerre froide entre soviétiques et moudjahidines soutenus par les Etats-Unis.

En 1962, la non-communication entre les deux superpuissances, la recherche de zones d’influences supplémentaires ainsi que leur égo a failli amener le monde à une guerre nucléaire. La capacité des deux nations à gérer une crise a été mise à rude épreuve même si les Etats-Unis et l’URSS n’étaient pas prêts à entamer une guerre nucléaire. L’épisode de la crise des missiles de Cuba, synonyme d’escalade violence permettra d’instaurer une période de détente faisant suite à la coexistence pacifique post deuxième guerre mondiale. Cette période de désescalade de violence a vu le jour grâce au gouffre budgétaire que représentait l’extension des zones d’influence et la course à l’armement pour les deux nations. Instiguée par le Général de Gaulle et Willy Brandt en Europe, les chefs d’état des deux blocs ont aussi initiée un processus d’apaisement avec les accords de SALT limitant l’armement nucléaire. La détente fut une réussite avec la réduction du risque de guerre, le dialogue instauré (ligne rouge, accords) permis de stabiliser la situation de Berlin (Ostpolitik). Cette période bien que bénéfique n’a pas abouti à la paix, la recherche de zones d’influence et l’opposition des systèmes politiques étant toujours le nerf de la guerre. Les tensions reprendront alors en 1979 lors de l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques afin d’étendre leur hégémonie au Moyen-Orient.

 

Annexes:

Une image prise par un avion de reconnaissance U-2 de la CIA à Cuba en septembre 1962

rampes-lancement-cuba

 

Le bras de fer politico-nucléaire entre Khrouchtchev et Kennedy

(Leslie G. Illingworth, Daily Mail, 29 octobre 1962)

caricature-bras-de-fer-cuba-nucleaire

 

 

La portée des missiles soviétiques SS4 et SS5 depuis Cuba

portee-missiles-cuba

 

Le Général De Gaulle et Willy Brandt instigateurs de la Détente en Europe

Sources:

 

]]>
/sans-categorie/escalade-et-desescalade-de-la-violence/feed/ 0
Par quels moyens les Etats de l’Afrique Centrale peuvent-ils soutenir leurs économies face à une conjoncture économique morose ? /sans-categorie/par-quels-moyens-les-etats-de-lafrique-centrale-peuvent-ils-soutenir-leurs-economies-face-a-une-conjoncture-economique-morose/ /sans-categorie/par-quels-moyens-les-etats-de-lafrique-centrale-peuvent-ils-soutenir-leurs-economies-face-a-une-conjoncture-economique-morose/#respond Fri, 18 Nov 2016 14:38:11 +0000 /?p=12133 ÉCONOMIE CENTRE-AFRICAINE: 

Baisse continue des cours du pétrole, menace sécuritaire et financement des infrastructures en Afrique Centrale Par quels moyens les Etats de l’Afrique Centrale peuvent-ils soutenir leurs économies face à une conjoncture économique  morose ? Telle est la question que se sont posées en ce début d’année 2016 les autorités de la sous-région lors de la récente visite en terre camerounaise de la Directrice Générale du FMI Mme Christine Lagarde.

En effet, engagés dans des vastes et ambitieux programmes de modernisation de leur économie respective, les pays de l’Afrique Centrale sont dans leur majorité depuis l’année dernière confrontés à un retournement défavorable de la conjoncture économique mondiale et à une menace terroriste grandissante. Le ralentissement observé de la croissance mondiale (3,1% en 2015) et chinoise (6,8%) alimente la nervosité des marchés. L’indexation des cours du pétrole sur le dollar (la financiarisation), les chocs d’offre et de demande amplifient le cycle (le Brut léger frôle les 29 dollars et le Brent 30 dollars qui rappelle au scénario historique de 1999, où le baril s’était établit à 10 dollars) et sont venus noircir l’embelli des cours du pétrole (120 dollar mi-2014) qui avait tracé une euphorie de la conjoncture et des finances publiques des Etats. Le poids important des recettes pétrolières dans les économies n’étant plus à ignorer, la baisse des revenus tirés de la production pétrolière a alimenté les tensions des trésoreries des pays de la CEMAC. Son impact et son ampleur sur le PIB et sur les recettes publiques sont logiquement proportionnels au niveau de diversification de chaque économie et de  leur dépendance vis-à-vis de l’or noir.

Pourtant, à l’exception du Cameroun doté d’une économie plus diversifiée (10% la part des recettes pétrolières dans le PIB du pays), tous les autres pays de la sous-région ont une économie peu, voir même très peu diversifiée et donc extrêmement dépendants des recettes pétrolières. Le FMI et la BM dans leur rapport BP Statistical Review of World Energy de juin 2015 estiment à 85 %  du PIB le poids des recettes pétrolières pour la Guinée Equatoriale, 50 % pour le Congo-Brazzaville et 45 % pour le Gabon. En rapportant les recettes pétrolières des Etats sur le budget et sur leurs recettes d’exportation, la dépendance à l’égard du pétrole devient plus qu’alarmante. En effet, selon le même rapport, les recettes pétrolières représentent 20% du budget du Cameroun contre 50%, 75% et 85% respectivement pour le Gabon, le Congo et la Guinée Equatoriale. Elles pèsent pour 50% des recettes d’exportations du Cameroun et respectivement 70%, 80% et 90% de celles des trois autres pays respectifs. Ceci traduit en fait, la place inexorable des revenus du pétrole dans les sources des financements de leurs économies. Logiquement, le financement des grands projets d’infrastructures y est fortement tributaire.

En outre, contrairement à l’année 2015 où ces pays, et même le FMI n’avaient pas anticipé la baisse des cours du pétrole, les prévisions de l’année 2016 sont nettement corrigées. Celles-ci, défavorables à un rebond immédiat des cours, entretiennent un pessimisme certain pour les perspectives régionales.  En réalité, la baisse de la croissance économique sous-régionale est de 2% en 2015 contre 2,4% l’an dernier selon la Banque des États de l’Afrique Centrale, la BEAC, le creusement du déficit combiné de la CEMAC porté à 6,5% en 2015 et le faible taux d’échanges commerciaux intracommunautaires en dessous de 5%, handicapent les pays de la CEMAC. Le besoin des ressources pour financer les gigantesques programmes d’infrastructures va se faire sentir. Ils ont d’ailleurs tous fait recours aux avances statutaires de la BEAC en 2015 et ont vu les agences de notation financières baisser leur note souveraine, à l’exception une fois de plus du Cameroun. Celui-ci s’est d’ailleurs lancé en compagnie du Gabon sur le marché obligataire international. Ils ont émis respectivement des euro-obligations pour un montant de 750 millions et 500 millions de dollars sur le marché international de la dette.

Face à cet effet récessif de période de vache maigre, le FMI propose de tracer un nouveau chemin au risque de voir les mêmes causes produire les mêmes effets. Il s’agit des politiques mixtes judicieuses et des reformes structurelles solides orientées vers l’amélioration du climat des affaires et le renforcement de l’intégration régionale. Dans ce contexte, le financement d’un projet doit satisfaire les conditions basiques de la théorie économique et financière. Bien plus, la rentabilité d’un projet à financer doit être supérieure aux couts engagés pour sa réalisation à défaut, le projet est non porteur et doit être évincé par ceux qui le sont. Les financements concessionnels permettent de pallier ce problème d’arbitrage entre les projets en même temps qu’ils permettent de garantir la viabilité de la dette à moyen terme.

De l’autre coté, la sous région sort gagnante si elle pilote une réelle politique d’intégration. L’harmonisation des procédures incitatives permettrait de pallier aux concurrences fiscales entre les pays. Cette concurrence est plus que défavorable à un regain soutenu de l’activité dans la région. Encore que, le chevauchement des institutions communautaires en l’absence d’une volonté et des projets concrets d’interconnexion des pays, paralyse le processus illusoire d’intégration de l’Afrique Centrale puisque à l’évidence, tous semblent multiplier des avantages comparatifs et compétitifs dans les mêmes secteurs d’activités sans une spécialisation porteuse d’externalités positives à l’ensemble de la région.

Au total l’Afrique Centrale : CEMAC, CEEAC, CEPG (Communauté Economiques des pays des Grands Lacs) et CGG (Communauté du Golfe de Guinée) ne s’en tirera qu’aux prix des rationalisations des mécanismes communautaires et des politiques budgétaires saines en diversifiant son tissu économique. Dans cette exercice, priorité est donnée aux infrastructures qui seraient de possibles niches de croissances et pourvoyeuses d’emplois décents.

 

]]>
/sans-categorie/par-quels-moyens-les-etats-de-lafrique-centrale-peuvent-ils-soutenir-leurs-economies-face-a-une-conjoncture-economique-morose/feed/ 0
Les facteurs de déstabilisation de la péninsule arabique /sans-categorie/les-facteurs-de-destabilisation-de-la-peninsule-arabique/ /sans-categorie/les-facteurs-de-destabilisation-de-la-peninsule-arabique/#respond Fri, 18 Nov 2016 14:08:47 +0000 /?p=12079 SOMMAIRE

Introduction

  1. Les facteurs sociologiques source de conflits dans les pays du golfe
    1. Islam : source de cohésion des pays du Golfe
    2. Le pouvoir des dynasties – Répression dans les pays du Golfe & mouvement de révolte
    3. Mouvance de groupes islamistes
    4. Le fait minoritaire

 

  1. Les facteurs géographiques et l’impact des ressources.
    1. L’importance des frontières : une unité ?
  2. L’approche historique
  3. Les conséquences de l’histoire
    1. L’enjeu des mers et des détroits
    2. Le rôle central des ressources
  4. Un développement non durable
    1. Question des hydrocarbures sur la scène internationale : alliances & accords.

Conclusion

 

Introduction

 

 

La péninsule arabique est une vaste péninsule située au sud ouest de l’Asie. Elle joue un rôle fondamental en géopolitique du fait de ses ressources naturelles. A l’ouest de la péninsule le berceau de l’islam est présent avec la présence de Médine et de la Mecque. Néanmoins de nombreux conflits sont apparus du fait des minorités mais aussi des fractures identitaires réprimées tant bien que mal. La péninsule est composée de 7 États présentés ci-dessous.

L’Arabie Saoudite, crée en 1981, est le pivot central de l’économie pétrolière dans le monde. C’est une monarchie absolue anciennement sous protectorat britannique. La famille Saoud y règne en maître depuis le XVIIIème siècle. L’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole dont la vente a commencé après la seconde Guerre Mondiale. L’islam sunnite est la religion de l’État et le pouvoir est wahhabite avec un droit basé sur la Charia. Ce pays est à la tête de la Coopération du Golfe et se considère comme le réceptacle de l’islam le plus pur. C’est un allié de la France et des États-Unis.

Les Émirats Arabes Unis (EAU) composés de 7 émirats est un pays sous ancien protectorat britannique qui a vu son indépendance en 1971. La religion de l’État est l’islam sunnite et la législation est fondée sur la Charia. Cet État est aussi membre du Conseil de Coopération des Pays du Golfe.

Le Koweït est un émirat constitutionnel, anciennement sous protectorat britannique. Son économie est aussi exclusivement basée sur le pétrole.

Concernant Oman, c’est un sultanat sous ancien protectorat britannique. La religion officielle est l’islam ibadiste. La législation est basée quand à elle sur la Charia. C’est le seul pays à ne pas être chiite ou sunnite.

Le Qatar qui était anciennement sous protectorat britannique a pour source majeure de sa législation la Charia. Il fait parti du top 5 des pays avec le revenu le plus élevé par habitant. Le pétrole et le gaz sont deux éléments majeurs des revenus de ce pays. Il est aussi membre du Conseil de Coopération du Golfe.

Le Yémen est une République née dans les années 1990 de la réunion du nord et du sud. Ce pays est connu pour être le fief d’Al Quaida dans la péninsule. Cependant, il est un allié important des États-Unis ayant autorisé des attaques de drones américaines sur le territoire yéménite.

De nombreuses tensions sont apparentes dans cette zone du fait de la position stratégique de la Péninsule arabique et des nombreuses revendications sociales. L’Arabie Saoudite possède le plus grand territoire de la péninsule qui amène à se questionner sur l’influence de l’Arabie Saoudite sur la péninsule Arabique ? Cette domination serait-elle bénéfique ou serait-elle source de déstabilisation ?

Tout d’abord nous aborderons les facteurs sociologiques qui impactent cette zone puis nous aborderons l’importance des délimitations géographiques ainsi que le rôle central des ressources dans les décisions géostratégiques.

 

 

  1. LES FACTEURS SOCIOLOGIQUES:  SOURCE DE CONFLITS DANS LES PAYS DU GOLFE:

 

 

  1. Islam : source de cohésion des pays du Golfe:

 

Les musulmans dans le monde représentent environ 1.2 milliards de fidèles. Le Moyen Orient compte environ 20% de musulmans. L’Islam, désigné comme la « soumission à la volonté de Dieu » est né au début du VIIème siècle avec la prédication de Mahommet.

Les premiers siècles de l’Islam connaissent une civilisation brillante puis s’est atténué dans le temps.

Cette religion se caractérise par un monothéisme strict et par l’appartenance à l’Umma qui comporte 5 piliers (Chahada : profession de foi Salat : 5 prières par jour, Zakat : aumône envers les pauvres, Saoum : jeune lors du ramadan, Hajj : pèlerinage à la Mecque), ainsi que des normes sociales (tel que la prohibition de l’alcool, des interdits alimentaires) ainsi que des interdictions économiques (interdiction du prêt avec intérêt qui découle de la Finance islamique)

L’influence de la loi coranique est très forte dans la péninsule arabique. La charia est la source principale de la législation en Arabie Saoudite et au sein des pétromonarchies.

Le droit pénal et laïc est le même pour tous cependant le droit civil (droit du mariage et de la famille) dépend de la religion de chacun.

 

  1. Le pouvoir des dynasties – Répression dans les pays du Golfe & mouvement de révolte:

 

A la fin de la Grande Guerre, avec la défaite de l’empire Ottoman, la décolonisation s’en est découlé notamment avec le Traité de Sèvres en 1920 et le Traité de Lausanne en 1923. Se sont créés alors des futures pétromonarchies basées sur un fondement religieux : les Etats du Golfe, légitimant la religion de type traditionnel au sein de la configuration de l’Etat. Nombreuses sont les dynasties présentes depuis l’indépendance des États, telle que la dynastie de Al-Sabah au Koweït, Al-Thani au Qatar et la plus connu des dynasties, celle des Saoud. La création du Royaume d’Arabie Saoudite, en 1932, avec la dynastie du clan Saoud est la plus fondamentaliste d’entre toutes. Berceau de l’islam ce fondamentalisme peut s’expliquer par la présence des lieux les plus saints pour les musulmans, la Mecque et Médine. Ainsi, chacune de ces dynasties se réclament de la même légitimité religieuse, tribale et dynastique. Il est à noté que les dynasties des pays du Golfe sont considérées comme plus ouvertes et moins fondamentalistes sur le plan religieux que celle d’Arabie saoudite. Néanmoins ces régimes sont peu crédibles. Cela est démontré en parti par la faible participation électorale et la faible restitution des richesses à la population ce qui mène à de fortes inégalités et donc à de fortes tensions au sein de la Péninsule Arabique (voir Annexe 1). Ainsi cette légitimité religieuse proclamée mène à une très grande corruption qui est un facteur majeur de déstabilisation au sein des pays du Golfe. Ainsi l’organisation Transparency International a établit une carte de la perception de la corruption qui affecte les différents pays, le barème est de 0 à 10 et 0 correspond à une corruption totale et 10 à aucune corruption. La corruption est donc une réalité commune pour les pays du Golfe. En effet l’opposition si elle existe est muselé, l’économie est contrôlée par les clans installés au pouvoir ainsi que par les proches. Par ailleurs les dirigeants sont établis depuis plusieurs décennies et ne correspondent plus forcément aux envies du peuple.

De plus l’Arabie Saoudite a un fort contrôle sur les pays alentours et s’immisce dans les affaires nationales qui s’est d’ailleurs illustré lors des manifestations de 2011 avec les printemps arabes.

Au Yémen, pays considéré comme le plus pauvre de la péninsule arabique, mais ayant paradoxalement de vastes ressource en gaz et ayant aussi en la moindre mesure bénéficié du boom pétrolier par l’exportation de sa main d’œuvre a une population vivant dans des conditions misérables avec des coupures d’eau et d’électricité récurrentes. Le peuple n’a donc aucun contrôle vis à vis des richesses du pays et seule la dynastie en profite. L’Arabie est très attentive à la situation au Yémen et n’hésite pas à s’interposer lors des conflits en étant lourdement armé.

Bahreïn aussi a prit part aux manifestations du printemps arabe : des manifestations en faveur de la démocratie faites en majorité par des chiites qui a elle aussi été fortement réprimé, là encore l’Arabie Saoudite s’est imposé pour réprimer les manifestations.

Au sein de l’Arabie Saoudite de nombreuses oppressions ont lieu notamment en 2013 des activistes libéraux demandant la liberté de religion ont été punis a coup de fouet assorti de 7 ans de prison. La Péninsule Arabique présente donc un déficit démocratique important. L’Oman a aussi été impliqué dans des révolutions mais de même les manifestations ont été réprimées.

 

  1. Mouvance de groupes islamistes:

 

Les groupes islamistes représentent un défi pour la survie des régimes politiques du Golfe. Cette tendance à l’islamisation a décollé dans les années 70 après l’échec de certaines décisions gouvernementales et avec le soutien financier des saoudiens. Les islamistes ont pu renforcer leur influence avec la mise en place de réseaux de solidarité, de services sociaux là ou l’Etat avait abandonné son soutien. L’idéologie des groupes islamistes dénie toute légitimité aux états laïques, nationaliste et moderne voulant suivre le modèle occidental. Ces mouvements islamistes ont été favorisé par l’échec social et économique des régimes étatistes musulman. En effet, comme la carte en annexe 2 le montre, la démographie est un composant important ; la population y est jeune et désœuvrée permettant le succès de l’EI (exemple au Yémen 66% de la population a moins de 25 ans)  (voir annexe 3) Par ailleurs cette jeunesse forte démographiquement a aussi un fort taux d’alphabétisation dans les pays du Golfe.  le minimum étant 84% au Yémen). Néanmoins avec le marché fermé instauré par les gouvernement grand nombre d’entre eux sont au chômage. L’EI et les autres mouvements radicaux tirent donc à profit cette jeunesse désœuvrée et opprimée afin de les attirer vers leur idéologie.

Très tôt les mouvements islamistes ont reçu le soutien de l’Arabie Saoudite directement et indirectement (tel que Al-Quaida, l’EI, Boko Haram et d’autres) et une partie a ainsi fondée la pratique du djihad. En effet, l’Arabie Saoudite a contribué à faire naitre les groupes islamistes mais désormais combat contre eux. La dynastie a peur du fait que la jeune population désœuvrée se dirige vers l’EI en quête d’un avenir meilleur. Désormais plusieurs attaques ont été commises en Arabie Saoudite, généralement anti chiite, ainsi en mai 2015, l’EI avait revendiqué deux attentats suicide ayant fait 25 morts.

De part sa menace non seulement interne aux pays arabes mais aussi sur la scène internationale une coalition a été formée, mise en place par les Etats-Unis en septembre 2014 et comptant une soixantaine de pays. Une quinzaine de pays prennent part aux frappes et les autres pays se limitent à un soutien logistique ou humanitaire. A noté que l’Arabie Saoudite prend part aux frappes de la coalition anti EI en Syrie ainsi que les Emirats arabes. Le Qatar et le Koweït on mis leurs bases à la disposition de la coalition (voir annexe 4).

 

  1. Le fait minoritaire

 

Au sein des pays musulmans et notamment dans la Péninsule Arabique, les groupes minoritaires sont souvent discrédités et exclus du pouvoir. Les Juifs et les Chrétiens sont néanmoins considérés comme des gens du Livre et bén��ficie donc d’un statut (Dhimmi) et ne sont donc pas persécutés mais cantonné à des rôles subalternes.

La principale source de conflit s’impose donc entre les sunnites et les chiites. Les monarchies du Golfe possèdent de fortes minorités chiites. Les chiites représentent moins de 10% des 1.2 milliards de musulmans à travers le monde, cependant leur nombre est majoritaire dans les pays du Golfe ou est concentré la moitié des ressources pétrolières mondiales. 75% à Bahreïn, 27 aux Emirats, 25% au Koweït, 20% au Qatar. De plus les chiites résident surtout dans les régions pétrolières : ils sont socialement et politiquement opprimés par un pouvoir central sunnite qui les considère comme hérétiques. Cela mène à de nombreuses tueries.

 

 

 

  1. Les facteurs géographiques et l’impact des ressources.

Les populations se doivent de s’adapter à leur environnement naturel pour leurs propres survies, certaines adaptations sont plus difficiles que d’autres. La zone de la péninsule arabique est une zone géographiquement aride avec une excessive chaleur. Par conséquent, les conditions de vie nécessitent une certaine adaptation pour les populations.

Ces dernières ont longtemps répondu à ces conditions climatiques par le nomadisme, créant ainsi un certain équilibre entre évolution des peuples et exploitation des terres. L’évolution de leur mode vie vers celui contemporain a bouleversé cet équilibre, provoquant une nécessité de nouvelles adaptations.  Celles–ci ont façonnée le paysage politique et sociale actuelle des pays. Nous essayerons d’expliquer à travers différentes variables, comment les adaptations géographiques et l’exploitation de ressources peuvent être des facteurs de déstabilisation de la péninsule arabique.

 

 

  1. L’importance des frontières : une unité ?

Visuellement parlant la péninsule forme une zone distincte qu’on peut définir assez facilement. Mais en regardant de plus près les 7 Etats qui forment cette péninsules n’ont rien d’unis géographiquement ni géopolitiquement parlant.

 

  1. L’approche historique

Les frontières dans la péninsule Arabique jouent un rôle important dans la délimitation des pouvoirs de chaque Etats. Les frontières sont des vecteurs de l’influence politique, il se doit donc que chaque frontière soit solidement définie. Cela pour qu’aucune tension n’émane d’un éventuel contrôle lâche d’une certaine région. A l’intérieur de la péninsule plusieurs frontières indéterminées sont sources de tensions, de conflits.

Tout d’abord il est important de replacer la détermination des frontières dans un contexte historique afin de comprendre les tensions actuelles.

Durant des siècles une grande partie du moyen Orient a été sous la gouvernance de l’empire Ottoman ensuite lors de son démantèlement un mouvement de revendication nationaliste identitaire a vu le jour. Pendant la première guerre mondiale, l’Angleterre va baser sa stratégie sur la constitution d’un Royaume Arabe unifié qui va conclure par l’exacerbation des tensions ethniques dans la zone. Les accords de Sykes-Picot entre Français et Anglais ont pour but de satisfaire leurs ambitions politique et se mettent d’accord sur des frontières en 1916. Lors de la révélation de cet accord le monde Arabe est indigné : cette redéfinition n’a pas pris en compte les revendications ethniques des populations.

 

  1. Les conséquences relatives à l’Histoire:

Aujourd’hui, les conséquences de l’Histoire sont un manque d’unité entre les Etats et des tensions qui pourraient faire basculer la péninsule dans une zone de guerre. En effet entre l’Arabie Saoudite, l’Oman et les Emirats Arabes Unis les frontières sont largement contestées. D’un côté la définition des frontières entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis n’a été ratifiée que par l’Arabie Saoudite en 1974, les Emirats Arabes Unis revendiquent le prolongement de leurs frontières ouest jusqu’à le frontière du Qatar. D’un autre coté le Yémen suite à sa réunification, a établie de toutes nouvelles frontières en 1992 avec l’Oman qui sont encore sous tensions. La zone n’est donc pas unie sous l’influence de ses frontières qui cause des zones de tensions qui peuvent à tout moment basculer. On peut voir que les tensions autour des frontières tournent autour de l’Arabie Saoudite. La volonté expansionniste de l’Arabie Saoudite est à l’origine de certaines des tensions.

 

  1. L’enjeu des mers et des détroits: 

Outre les frontières qui sont d’une importance majeure dans la péninsule arabique, l’enjeu des mers et surtout des détroits créé une nouvelle source de tensions prête à remettre en cause l’équilibre instable de la péninsule.

Il y a deux mers semi-fermées qui bordent la péninsule arabique, la Mer Rouge et  le golfe Arabo-Persique qui communique avec l’océan Indien via deux détroits  Bab el-Mandeb et Ormuz. A cause du trafic liée au canal de Suez et a l’activité pétrolière, cela est une des zone maritime les plus fréquentée au monde. Cet espace est partagé entre les différents pays suite à la convention sur les droits de la mer en 1973 qui fixe les notions de mer territoriale, de zone économique exclusive et de plateau continentales.

Par conséquent cela est une source de conflit pour les pays de la zone, bien que certain pays cohabite sereinement de nombreux conflit existe, pour montrer l’ampleur de cette situation nous nous concentrerons sur les problèmes liés au détroit d’Ormuz.

Ce détroit est situé entre les Emirats Arabes Unis, à la pointe du Sultanat d’Oman et l’Iran. Il a une situation géostratégique majeure car 30% du pétrole mondiale circule à travers ce détroit. L’Iran et le Sultanat d’Oman doivent s’entendre afin de laisser le libre passage. Ce détroit a été la scène de nombreux conflit comme la guerre Irak/Iran ainsi que la première guerre du golfe qui laisse des tensions palpables. Désormais c’est l’outil de l’Iran qui, en 2011, menaça de fermer le passage si des sanctions contre son programme nucléaire touchaient ses exportations de pétrole. Cette fermeture déstabiliserait toute la zone de la péninsule et raviverait des conflits mondiaux toujours présents. De plus, l’Arabie Saoudite est le plus gros exportateur de pétrole dans le monde et aurait tout intérêt à contrôler ce type de détroit afin de pérenniser leur transport de pétrole. Pour cela l’Arabie Saoudite devra étendre sa suprématie sur les pays bordant la cote Est ou il existe déjà des tensions comme avec le Qatar.

 

  1. Le rôle central des ressources:

Apres avoir analysé les rôles des frontières, des mers et des détroits de la péninsule Arabique, nous nous concentrerons sur l’importance des ressources de la zone. Pour comprendre comment l’exploitation des ressources crée un développement non durable en abordant la question centrale géopolitique des hydrocarbures.

 

  1. Un développement non durable

L’exploitation des ressources naturelles dans la péninsule arabique est un enjeu central. La ressource principale, sur laquelle est basée le développement de tous les pays, est et reste le pétrole. Malgré tous, les autres ressources sont aussi à prendre en compte pour visualiser tous leurs enjeux et comment elles peuvent impacter la stabilité relative de la péninsule.

L’eau est un ressources vitale mais cette zone du monde a des nappes phréatiques très peu profondes et avec des dotations en eau qui vont de 200 m3/hab/an  jusqu’à moins de 60 m3/hab/an. De plus l’eau est de plus en plus utilisée ce qui pourrait à terme provoquer un tarissement des ressources fossiles. Cet enjeu de la répartition de l’eau pourrait dans les décennies à venir devenir une question majeure géopolitique de la région en considérant le réchauffement climatique. Des tensions, voir des guerres pourraient apparaitre. L’Arabie Saoudite possède le plus grand territoire mais celui qui est le plus aride également, le pays a tout intérêt de maîtriser les ressources d’eau de la péninsule. Les autres pourraient comprendre le jeu de l’Arabie Saoudite et pourrait se braquer contre le soit disant leader de la péninsule.

Ce constat essaye d’être nuancé par les pays qui mettent en place des procédés de dessalage de l’eau ou encore le développement des énergies renouvelables. Bien que des efforts soient mis en place les pays de la zone arabique sont de très gros pollueurs. Le phénomène de pollution s’est accentué avec l’explosion économique des hydrocarbures et l’augmentation accrue de la population.

 

  1. Question des hydrocarbures sur la scène internationale : alliances et autres accords: 

La péninsule arabe est une zone stratégique mondiale concernant la question des hydrocarbures. En effet plus de 60% des richesses mondiale de pétrole que les grandes puissances mondiales convoitent se trouvent dans cette zone. Ces ressources sont nécessaires à leur approvisionnement, l’Arabie Saoudite est un des plus gros producteur de pétrole, il est un acteur central dans l’exploitation des hydrocarbures de la péninsule.

Concernant le rôle clé de l’Arabie Saoudite dans l’exploitation d’hydrocarbure et sa répartition mondiale, un autre acteur semble vouloir lui faire de l’ombre : les Etats Unis.

Depuis le pacte de Quincy en 1945 qui scelle un accord entre l’Arabie Saoudite et les Etats unis expliquant que la stabilité de l’Arabie Saoudite est un « intérêt vital » pour les Etats Unis en contrepartie l’Arabie Saoudite garantit l’approvisionnement énergétique américain en laissant les compagnies américaines exploiter les ressources contre des titres de location de parcelles. Bien que cet accord soit mis en place en 2015, les Etats Unis surplombe l’Arabie Saoudite et devient le premier producteur de pétrole dans le monde.

L’Arabie Saoudite étant membre central de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), il a un rôle régulateur et directeur du prix du baril de pétrole en faisant fluctuer sa production pour ne pas faire augmenter trop fortement le prix des barils. Avec ce pouvoir ci, l’Arabie Saoudite pourrait remettre en cause l’approvisionnement du reste du monde en augmentant ses volume d’or noir pour créer une hausse de prix, forçant de fait  les Etats-Unis à réduire leur production. Ces manipulation stratégiques auraient pu avoir une issue fatal pour les deux protagonistes, des tensions auraient pu apparaitre et forcer l’un ou l’autre à arrêter sa distribution mondiale ce qui aurait été catastrophique pour le reste de la planète.

Ce schéma type s’applique au reste de la péninsule Arabique, les ressources pétrolières sont les seules à pouvoir intervenir en cas de manque dans le reste du monde. Il y a donc un jeu subtil entre les acteurs afin de maintenir la production mondiale et ne pas tomber dans une guerre des prix. Lors de l’entrée en Guerre des Etats-Unis contre l’Irak, un grand nombre d’économiste croyait en la dissolution du pacte de Quincy, mais les deux pays ont su collaborer, pour combien de temps ?

Conclusion :

Les facteurs de déstabilisation de la péninsule arabe sont multiples sur la zone en question. Ils nécessiteraient chacun un approfondissement afin de comprendre leur ancrage dans la péninsule. Ils sont de nature sociologique comme la montée de l’Islamisation, le poids des dynasties et les minorités exclues. La déstabilisation peut aussi émerger de l’organisation et la situation géographique ainsi que le rôle centrale des ressources se trouvant dans la zone arabique, principalement la question centrale de l’hydrocarbure. L’Arabie Saoudite joue certes un rôle de leader, le pays essaye d’influencer les pays voisins car le pays est conscient de ses faiblesses. Mais cette vision expansionniste pourrait à terme fragiliser la péninsule et faire jaillir, à nouveau, d’autres facteurs de déstabilisation.

 

Comment la péninsule arabique pourrait pérenniser une certaine stabilité ? Le panarabisme ayant été un échec, est ce qu’une autre alliance entre les Etats Arabes de la péninsule mènerait à d’autres divergences et tensions dans la zone ? Cette une zone complexe, tant dans son organisation interne que sur la scène internationale, les grands acteurs mondiaux ont-ils des intérêts à conserver la péninsule dans un équilibre instable ?

Bibliographie :

Source internet :

Le monde arabe au défis de l’eau, Georges Muttin, 2009,

http://arxiv.org/ftp/arxiv/papers/0911/0911.4948.pdf

 

Le détroit d’Ormuz un passage stratégique, Valentin Germin, les clés du moyen Orient.

http://www.lesclesdumoyenorient.com/Detroit-d-Ormuz-un-passage.html

 

http://www.liberation.fr/planete/2015/01/26/les-sept-familles-de-la-peninsule-arabique_1187047

 

/geopolitique/les-blood-borders-au-moyen-orient-vers-une-solution-miracle-a-la-problematique-des-frontieres-16/#vz_tabs-2

 

http://www.nusrah.com/fr/biographie-du-prophete/2440.article.htm

 

http://www.diploweb.com/Le-detroit-d-Ormuz-le-verrou.html

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/petrole-l-arabie-saoudite-en-passe-de-gagner-son-pari-508781.html

 

http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-141212-petrole-et-si-larabie-gagnait-1163588.php

 

 

Livre :

Hydrocarbures et conflits dans le monde: stratégies énergétiques et enjeux contemporains par  By Françoise Ardillier-Carras, Philippe Boulanger, Didier Ortolland

Annexes :

Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.10 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.16 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.28 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.32 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.05 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.22 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.47.38 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.46.46 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.46.53 Capture d’écran 2015-12-18 à 13.46.58

 

]]>
/sans-categorie/les-facteurs-de-destabilisation-de-la-peninsule-arabique/feed/ 0
Le Liban /sans-categorie/le-liban/ /sans-categorie/le-liban/#respond Tue, 08 Nov 2016 15:53:15 +0000 /?p=8384 Introduction

 

Le Liban est un état du Proche-Orient, Il partage ses frontières avec la Syrie au nord et à l’est et Israël au sud. Il est bordé à l’ouest par le bassin levantin donc  la partie orientale de la mer Méditerranée, avec 220 km de côtes.

 

Il a une superficie de presque 10 500 km² (l’équivalent du quart de la superficie du Rhône-Alpes  par exemple).

 

Le Liban possède une population d’un peu plus de 4 millions d’habitants sans compter plus de 12 millions de libanais qui existent dans le monde. La capitale  Beyrouth est également la plus grande ville, ou se concentre plus d’un million de la population.

En termes de topographie, le Liban est distingué par quatre unités topographiques :

 

D’abord, une plaine littorale étroite et discontinue. À l’intérieur du pays, dominent deux importantes chaînes de montagnes, séparées l’une de l’autre par la fertile plaine de la Bekaa. Ainsi, la chaîne du Liban se dresse, telle une muraille, face au littoral et retombe de façon abrupte sur la plaine de la Bekaa. À l’est de la Bekaa, l’autre chaîne montagneuse importante, l’Anti-Liban, marque la frontière avec la Syrie. Quant à la Bekaa, c’est une haute plaine située dans une dépression, elle est parcourue par les deux fleuves Nahr al-Asi (Oronte) et Litani (plus long fleuve du Liban, le seul navigable toute l’année)

Superficie:  10 452 km²

Population totale :4 125 247 habitants

Capitale : Beyrouth

Topographie:

2 chaînes de montagnes

 

 

Problématique : la diversité du Liban, une source de force ou de faiblesse ?

 

 

I. La diversité du Liban : un réel atout

 

A.  Rappel historique:

 

Le 10 août 1920 : Chute de l’empire Ottoman

 

L’Empire ottoman, allié de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale, signe la paix à Sèvres, le 10 août 1920. Les Alliés imposent alors un démembrement de l’Empire ottoman.

Les provinces arabes sont placées sous mandats français et britanniques, nous faisons référence aux accords Sykes-Picot qui vont donner la naissance au Liban.

Les accords Sykes-Picot sont des accords secrets signés en 1916, entre la France et la Grande-Bretagne prévoyant le partage du Moyen-Orient à la fin de la guerre en zones d’influence entre ces 2  puissances.Le Liban se trouve donc sous mandat français qui délimite pour la première fois les frontières libanaises en créant le « GRAND LIBAN »  devenu plus tard la république libanaise en 1926.

 

La Guerre civile :

 La guerre du Liban est une guerre civile ponctuée d’interventions étrangères qui s’est déroulée de 1975 à 1990 faisant près de 250 000 victimes civiles. Les accords de Taëf mettent fin à la guerre civile, mais les séquelles du conflit se font sentir sur une longue période avec une laborieuse reconstruction, le maintien de milices armées autonomes et des reprises ponctuelles de violences.  

L’accord de Täef, instaure au Liban une paix fragile grâce notamment à la tutelle de la Syrie qui maintient la vie politique du pays dans un état artificielle. En effet, la politique libanaise  était alors arbitrée par les intérêts de Damas.

 

 

B. La diversité: un élément quotidien de la vie libanaise:

Diversité confessionnelle :

La liberté de culte est reconnue pour toutes les religions.

L’État reconnaît officiellement 18 religions. Il est difficile d’établir des statistiques exactes  sur la répartition des religions du fait de l’absence de recensement depuis 1932. De nos jours on estime que les répartitions sont les suivantes :

  • 59 % de musulmans

–      Sunnites 27,3 %

–      Chiites 67,4 %;

–       Druzes :6,8 %

  • 40 % de chrétiens

–      maronites 56%

–      grecs orthodoxes 19.5%

–      melkites12.2%

–      2.4% catholiques romains

–      2.4  % de protestants et

–      5 % d’autres groupes chrétiens)

  • <1 % d’autres confessions en général d’origines étrangères

 

 

Diversité Politique : un système politique unique :

Le Liban est une démocratie parlementaire (confessionnelle), régie par la constitution du 23 mai 1926, qui a été modifiée six fois depuis. La modification la plus importante étant l’accord de Taëf qui réorganise le partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses.

La Constitution énonce que le Président, obligatoirement chrétien maronite, est élu par le Parlement (Majlis Al Nuwab ou Chambre des députés) à la majorité des deux-tiers et pour six ans.

Par l’accord de Taëf, ses pouvoirs ont été réduits au profit du Conseil des ministres. Le Premier ministre doit être musulman sunnite et il est responsable devant les députés ainsi que le président de l’Assemblée nationale, qui lui doit être musulman chiite. Le vice-premier ministre et le porte-parole du gouvernement sont des chrétiens orthodoxes. L’Assemblée nationale comporte 128 sièges, répartis entre chrétiens et musulmans, qui sont élus au suffrage universel direct selon un système électoral complexe et « segmenté par la religion

 

Petite anecdote intéressante :

Dans ses Mémoires, le président français Jacques Chirac a admis avoir proposé à Damas cinq noms pour que la Syrie choisisse l’un d’eux comme chef de l’État libanais : ce fut, en 1998, Émile Lahoud. Ceci illustre la permanence, au travers de la diplomatie, de l’influence des deux puissances tutélaires sur le Liban.

 

Diversité culturelle et linguistique :

La culture libanaise est issue du croisement de nombreuses cultures à travers les milliers d’années que compte son histoire. Influencé à l’origine par les Phéniciens, le Liban est conquis et occupé, par ordre chronologique, par les Assyriens, les Perses, les Grecs, les Romains, les Arabes, les Croisés, les Turcs ottomans et plus récemment par les Français. La culture libanaise a emprunté à travers les millénaires de son histoire des éléments culturels de chaque occupant.

L’arabe, langue officielle parlée au Liban appartient à un groupe de dialectes appelé syro-libano-palestinien. La loi autorise l’utilisation du français pour certains documents officiels qui est la deuxième langue officielle.

On retrouve également l’anglais (système éducatif, “english educated” ou “french educated“)

Les influences régionales et les différentes occupations au cours des siècles pourraient expliquer pourquoi tant de langues différentes sont parlées au Liban. De plus, en raison de l’importante communauté libanaise expatriée et de la place du Liban dans le monde des affaires, la maîtrise de langues étrangères autres que l’arabe a toujours été de première importance. C’est pourquoi beaucoup de libanais parlent couramment le français et/ou l’anglais.

Par ailleurs, quelle que soit leur confession, les Libanais de l’étranger ont davantage conscience des liens qui les unissent et de leur identité commune. La diaspora, active et influente, conserve des liens privilégiés avec ses origines en injectant de l’argent et son savoir-faire, et est avide de culture libanaise.

En définitive, cela fait plusieurs années déjà que la situation politique se dégrade au Liban. Le pays doit faire face à la montée de la radicalisation des relations entre musulmans sunnites et musulmans chiite ainsi que les tensions existantes entre l’Alliance du 14 mars et celle du 8 mars. Le Liban subit aussi les répercussions de la guerre froide qui se joue entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et qui commence à embraser l’ensemble du proche orient. La crise au proche orient et plus particulièrement la crise syrienne viennent relancer de vieux foyer de discordes qui n’ont jamais été vraiment traité : comme l’assassinat de Rafiq Hariri

 

II. La Syrie et le Liban: deux destins mêlés:

 

Le Liban est une miniature du Moyen-Orient. Toute personne qui se rend au Liban se trouvera émerveillé face à la diversité présente dans ce pays. Celle-ci se retrouve dans différentes facettes de la vie Libanaise comme la géographie, la culture, la politique mais aussi la religion. Sur ce pays soixante fois plus petit que la France cohabite une mosaïque de communautés religieuses : 22 communautés ethniques et 17 groupes religieux.

 

La cohabitation religieuse entre musulmans sunnites, musulmans chiites et chrétiens résulte d’un partage millimétré du pouvoir sur une base égalitaire après l’indépendance de 1943.

 

En 1989, l’accord de Taëf réaffirme le partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses : le Président est obligatoirement : maronite chrétien, le premier ministre musulman sunnite et le président de l’Assemblée nationale musulman chiite. Cet accord se présente comme une tentative de restauration de la paix par un cessez-le-feu et une réconciliation nationale après 15 ans de guerre civile. L’accord de Täef, instaure au Liban une paix fragile grâce notamment à la tutelle de la Syrie qui maintient la vie politique du pays dans un état artificielle. En effet, la politique libanaise était alors arbitrée par les intérêts de Damas.

Comment le Liban, lui même tiraillé entre 17 communautés religieuses, peut il échapper à la fracture béante qui se creuse dans tout le Proche Orient entre Sunnite et Chiite ?

 

Le 15 mars 2011 débute en Syrie une série de manifestations anti-régime et pro-régime Bachar el Assad. Le caractère pacifique de ces manifestations fait débat et rapidement la Syrie tombe dans un conflit armé, c’est le début la guerre civile. Le conflit se transforme rapidement en l’affrontement de deux camps armés au milieu de la population civile. D’un côté se trouve les forces armées régulière ainsi que des milices supplétives telles que « moukhabarat » (les services de renseignements des pays arabes) et les miliciens du Hezbollah. Et de l’autre coté  les rebelles anti-régime.

Des éléments antagonistes à la crise Syrienne viennent perturbés la stabilité du Liban en renforçant la radicalisation des relations entre les musulman sunnites et chiites.

 

 

A.  L’ASSASSINAT DE RAFIQ HARIRI:

 

Le 14 février 2005 est assassiné à Beyrouth lors d’un attentat à la voiture piégé Rafiq Hariri. C’est un homme d’affaire et homme politique libanais musulman sunnite. Il sera président du conseil des ministres d’octobre 1992 à décembre 1998 puis d’octobre 2000 à octobre 2004.

A partir de la fin de l’année 2004, Rafiq Hariri devient opposant à l’influence du gouvernement syrien sur le Liban. Il entretient alors des relations conflictuelles avec le Président du Liban, Emile Lahoud.

Rafiq Hariri décide donc de démissionner en signe de protestation et signifie son intention d’unifier les parlementaires d’opposition en vue des élections législatives devant se tenir en 2006.

Lors de ces deux mandats, Rafiq Hariri sera associé au Président Emile Lahoud, chrétien maronite.

Pour ses partisans, Emile Lahoud a reconstitué l’armée libanaise à l’issue de la guerre civile en la plaçant au service de l’Etat et non au service des communautés. Il sera aussi l’instigateur de l’association de l’armée libanaise à la branche militaire du Hezbollah.

Pour ses détracteurs, Emile Lahoud a laissé s’éterniser la présence militaire syrienne voulue par l’accord de Taëf, ce qui a placé le Liban sous la tutelle de la Syrie durant de nombreuses années. Ses détracteurs  à majorité musulmans sunnites l’accusent directement ou indirectement de l’assassinat de son ancien Premier ministre Rafiq Hariri. De nombreux doutes persistent autour des services secrets syriens. En effet, à la suite d’un entretien entre Bachar el Assad et Rafiq Hariri selon des témoins, Bachar el Assad a menacé Rafiq Hariri de rétorsions physiques dans l’éventualité où celui-ci n’abandonnait sa politique hostile à la tutelle syrienne au Liban.

 

Le 16 janvier 2014, Le Tribunal spécial pour le Liban a ouvert son audience en l’absence des accusés, qui n’ont jamais été arrêtés. Aucun jugement n’ayant été prononcé, l’assassinat de Rafiq Hariri provoque encore aujourd’hui des tensions palpables au sein de la population libanaise.

 

Le mois qui précède l’assassinat de Rafiq Hariri, une grande partie de la population libanaise descend dans les rues de Beyrouth à l’occasion des manifestations du 8 et du 14 mars 2005.

 

Le 8 mars 2005, les partis pro-syriens Amal, Hezbollah, el Marada et PSNS organisent une manifestation afin d’affirmer la volonté de la présence syrienne dans le pays.

L’Alliance du 14 mars 2005 est une coalition politique libanaise regroupant des personnalités et des mouvements politiques prenant part à la révolution du cèdre. Venant de toutes les régions du pays essentiellement druzes, sunnites et chrétiennes la foule réclame la vérité sur l’assassinat de Rafiq Hariri ainsi que la fin de l’occupation syrienne au Liban.

 

A la suite de ces manifestations, il y a clairement une rupture politique qui s’installe dans le pays: d’un côté les pro-syrien et de l’autre l’alliance du 14 mars.

 

Encore aujourd’hui, on assiste à cette rupture progressive qui s’est constitué à partir de 2005. Elle donne lieu à une bipolarisation entre les confessions majeures du pays notamment entre Chiite et Sunnite et c’est là qu’est toute la problématique.

 

Le 26 avril 2005, une cérémonie officielle marque la fin de l’occupation syrienne au Liban. L’ONU commence alors ses travaux de vérification du retrait effectif des forces militaires syriennes au Liban.

 

B. LE LIBAN : UN PAYS SANS PRÉSIDENT:

 

Les députés libanais doivent trouver un successeur au Président Michel Sleimane dont le mandat s’est achevé fin mai 2014. Le Parlement Libanais n’a toujours pas pu élire de nouveau Président. Au delà des problèmes institutionnels que le Liban peut rencontrer, le débat montre la difficulté pour le pays de trouver un homme de compromis parmi le personnel politique maronite.

 

La constitution Libanaise stipule que le vote pour l’élection du Président ne peut avoir lieu qui si au moins deux tiers des 128 députés sont présents à l’assemblée, 86 députés sont donc requis.

 

Depuis fin mai 2014, c’est la sixième fois que le vote ne peut se dérouler car l’effectif minimal requis à l’assemblé pour procéder au vote n’est pas requis. C’est le Premier ministre Tamman Salam qui est provisoirement en charge des fonctions présidentielles.

 

L’impasse politique actuelle trouve sa source dans la bipolarisation politique très marquée chez les principaux parlementaires, bipolarité apparue après l’assassinat de Rafiq Hariri.

 

D’un côté, les députés de l’Alliance du 8 mars soutiennent le Président syrien Bachar el Assad. Ce groupe n’a pas encore choisi de candidat présidentiel et ils étaient absents lors des derniers votes de l’assemblée. Le Hezbollah est fortement soutenu par l’Iran chiite mais aussi par la Syrie, il y a eu un lien très fort qui a été mis en place avec l’arrivée de Bachar el Assad au pouvoir en 2000. Une alliance de circonstance s’est créée entre Bachar el Assad et Hassan Nasrallah, une alliance qui a été entretenu et qui est devenu aujourd’hui un lien très fort. Hassan Nasrallah a soutenu Bachar el Assad, l’a aidé à entrer en politique. Les deux dirigeants ce sont soutenus en 2005, lors de l’attentat qui a causé la mort de Rafiq Hariri. En 2006, Hassan Nasrallah n’oubliera pas le rôle capital qu’a joué la Syrie lors du conflit Libano-Israélien.

 

Le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, évoque dans un discours une dialectique entre la victoire et la défaite. Il prétend que la crise syrienne est terminée et que le pouvoir de Bachar el Assad est légitimé. Pour le Hezbollah, il faut donc prendre en compte cette victoire afin de composer le gouvernement libanais et recomposer l’équilibre gouvernemental au sein du Liban.

 

L’autre groupe principal, l’Alliance du 14 mars est dirigé par le fils de Rafiq Hariri. Le groupe bénéficie du soutient de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis. Le chef choisi comme candidat est le militaire Samir Geagea qui ne fait pas l’unanimité dans le pays. C’est un personnage très contesté de la politique libanaise, il est l’un des seuls à avoir fait de la prison à l’issue de la guerre civile durant laquelle ses actions de miliciens ont laissé des souvenirs sanglants.

 

Le 2 juillet 2014, l’Assemblée libanaise a encore échoué à réunir suffisamment de députés pour participer au scrutin. Ce huitième échec prolonge la vacance du pouvoir dans le pays qui est actuellement aux prises à de nombreuses violences qui s’aggravent. A la guerre civile en Syrie, s’ajoute des difficultés économiques importantes, conséquences de l’afflux d’un million de réfugiés syriens.

 

C. PROBLÈME DES RÉFUGIES SYRIENS

 

« En avril 2012, il y avait 18 000 réfugiés syriens au Liban ; en avril 2013, ils étaient 356 000, en avril 2014, un million » résume Antonio Guterres, le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés.

 

 

Actuellement, le Liban enregistre l’arrivée de 2500 réfugiés quotidiennement, soit plus d’une personne par minute. Après trois ans de conflit en Syrie, le Liban est devenu le pays au monde qui héberge le plus de réfugiés par habitants : 25% de la population vivant au Liban sont des réfugiés.

Une étude publiée par la Banque mondiale indique que les réfugiés syriens « coûtent » au Liban « un milliard de dollars par an directement » et « 4 milliards et demi indirectement ». Cela représente environ 12% du PIB du pays.

Selon la Banque mondiale, entre 2012 et 2014, le PIB libanais a chuté de 2,9% par an, 170 000 Libanais sont tombés sous le seuil de pauvreté et le chômage a doublé pour atteindre aujourd’hui le taux de 20%.

La présence des réfugiés syriens au Liban vient bouleverser l’équilibre économique. Les Libanais reprochent aux réfugiés syriens une concurrence déloyale dans des secteurs tels que la construction, l’agriculture, la coiffure, la mécanique, la couture. Ce sont des secteurs d’activités où les réfugiés acceptent de travailler pour des salaires plus bas que la moyenne nationale. Les municipalités et les habitants se plaignent aussi de l’impact que peut avoir le nombre important de réfugiés sur les réseaux d’électricité, d’eau sur les égouts et sur la collecte des ordures.

 

On accuse aussi les réfugiés syriens de participer à l’explosion des prix des loyers à Beyrouth et dans ses banlieues. Plusieurs familles syriennes vivent ensemble dans un même logement ce qui leur permet de partager le loyer. Il devient donc difficile pour les familles Libanaises de trouver des logements à des prix raisonnables dans les quartiers populaires. Cependant, seul une minorité de la population syrienne peut se permettre de vivre dans des logements en « durs ». La majorité des réfugiés vivent dans des camps informels dans plusieurs parties du pays.

 

Le 11 septembre 2014, Rachid Derbés, ministre des affaires sociales du Liban, annonçait la mise en place de deux camps afin d’accueillir les réfugiés syriens. Chaque camp sera composé de campements préfabriqués pouvant héberger près de 10 000 personnes.

Les réfugiés syriens qui se rendent au Liban comptent sur l’aide humanitaire ainsi que le soutien combiné des communautés d’accueil, du gouvernement et des organisations humanitaires. Les Libanais ont réalisé des efforts incommensurables pour intégrer, aider et soutenir les réfugiés syriens. Cependant les contraintes financières ne permettent pas au Liban d’accueillir un nombre illimité de réfugiés. On se dirige donc dangereusement vers une perspective d’assistance réduite voir quasi inexistante ce qui va constituer un danger pour la santé des réfugiés. C’est un scénario qui commence déjà à apparaître dans certaines régions du pays, c’est notamment le cas dans le camp de réfugiés de Saida.

Le haut commissariat des réfugiés ne distribue plus les coupons permettant l’achat de vivres. Les réfugiés n’ont pas accès à l’emploi ce qui entraîne une très grande précarité. L’Etat Libanais se retrouve donc face à une situation délicate car sans emploi et sans accès à la nourriture, les réfugiés syriens n’ont d’autres choix que de voler ce qui va poser à terme des problèmes au niveau de la sécurité.

 

L’arrivée en masse des réfugiés syriens entrainent un déséquilibre communautaire. Dans un pays où les trois grandes composantes religieuses chrétienne, sunnite et chiite peine difficilement à vivre en harmonie cet afflux de réfugiés majoritairement sunnites (90% des réfugiés syriens se trouvant au Liban sont des musulmans sunnites) perturbe l’équilibre politique et communautaire libanais. Les réfugiés syriens sont en grande majorité anti Bachar el Assad donc par  transition très anti Hezbollah. Cela pose un problème lorsque l’on sait que le Hezbollah contrôle la quasi totalité de la décision judiciaire, politique et sécuritaire du pays.

 

 

Conclusion:

 

En définitive, cela fait plusieurs années déjà que la situation politique se dégrade au Liban. Le pays doit faire face à la montée de la radicalisation des relations entre musulmans sunnites et musulmans chiite ainsi que les tensions existantes entre l’Alliance du 14 mars et celle du 8 mars. Le Liban subit aussi les répercussions de la guerre froide qui se joue entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et qui commence à embraser l’ensemble du proche orient.

La crise au proche orient et plus particulièrement la crise syrienne viennent relancer de vieux foyer de discordes qui n’ont jamais été vraiment traité : comme l’assassinat de Rafiq Hariri.

 

On peut alors se demander si le Liban ne sera pas obligé de se contenter d’une action de  gestion de crise plutôt que de  solution de crise ou de  construction nationale.

 

« Nous glissons de crises en crises avec des phases de calme entre elles », Monsieur Chatah, économiste et diplomate libanais mort lors d’un attentat à Beyrouth en 2013.

 

 

 

Sources

 

 

 

Lien vidéo youtube : https://www.youtube.com/watch?v=OrGKRanj6G0

 

]]>
/sans-categorie/le-liban/feed/ 0
Fiche Pays: Norvège /sans-categorie/fiche-pays-norvege-2/ /sans-categorie/fiche-pays-norvege-2/#respond Tue, 08 Nov 2016 15:25:58 +0000 /?p=12325 INTRODUCTION:

La Norvège, en formule longue le Royaume de Norvège,  est un pays situé en Europe du Nord, à l’ouest de la péninsule scandinave. Il possède des frontières communes avec la Suède, la Finlande et la Russie. Sa longue côte atlantique abrite de nombreux fjords. Avec 5 millions d’habitants pour 385 199 km2, dont 307 860 km2 de terre, la Norvège est après l’Islande le pays le moins densément peuplé d’Europe. Elle a pour capitale Oslo, pour langue officielle le norvégien (bokmål et nynorsk) et pour monnaie la couronne norvégienne (NOK).

Elle exerce sa souveraineté sur les îles arctiques de l’archipel de Svalbard et l’île Jan Mayen. La souveraineté de la Norvège sur le Svalbard est basée sur le traité du Svalbard, qui ne s’applique pas à l’île de Jan Mayen. L’île Bouvet dans l’Atlantique sud, l’île Pierre Ier et la Terre de la Reine-Maud en Antarctique sont des dépendances externes mais ne font pas partie du Royaume de Norvège.

Après la Seconde Guerre mondiale, la Norvège a connu une expansion économique très rapide, et compte aujourd’hui parmi les pays les plus riches du monde, avec une politique sociale très développée. Le progrès économique s’explique en partie par la découverte et le développement de grandes réserves de pétrole et de gaz naturel sur sa côte. Depuis plusieurs décennies, la Norvège est classée première sur l’indice de développement humain, et est également considérée comme le pays le plus démocratique au monde avec un indice de démocratie de 9,8 en 2011. Elle a aussi été déclarée pays le plus pacifique du monde en 2007 par le Global Peace Index. Elle est membre fondateur de l’OTAN.

 

GÉOGRAPHIE

La Norvège occupe le côté ouest de la péninsule scandinave, en Europe du Nord. Les côtes norvégiennes, d’une longueur de plus de 2 500 km (continent uniquement) ou 83 000 km (littoral des îles de l’archipel inclus), sont ponctu��es de fjords et d’une multitude de petites îles (environ 50 000 au total). Sur toute sa longueur, la Norvège borde l’océan Atlantique ainsi que trois autres étendues d’eau : la mer du Nord au sud-ouest, Skagerrak au sud-est, la mer de Norvège à l’ouest et la mer de Barents au nord-est. Les frontières terrestres du pays mesurent 2 542 km de long, la plupart avec la Suède, mais aussi avec la Finlande et la Russie au nord.

Le climat norvégien est raisonnablement tempéré, en particulier sur le littoral grâce à la chaleur apportée par le Gulf Stream et les pluies amenées par les vents de l’ouest. Cette chaleur permet notamment aux navires de l’Hurtigruten de naviguer tous les jours de l’année jusqu’à Kirkenes, au Finnmark, alors que les eaux de la mer Baltique (bien plus au sud pourtant) sont prises par les glaces. Les conditions climatiques à l’intérieur des terres, en revanche, peuvent se révéler plus rudes, et le nord du pays connaît un climat subarctique. L’archipel de Svalbard, par contre, connaît un climat arctique de toundra.

La Norvège est parfois surnommée « pays du soleil de minuit » en raison de sa situation septentrionale : une partie du pays se trouve en effet au nord du cercle polaire arctique, où le soleil ne se couche jamais en été (de mai à fin juillet) et ne se lève jamais en hiver (de fin novembre à fin janvier).

POLITIQUE

La Norvège est une monarchie constitutionnelle à gouvernement parlementaire.

La famille royale, originaire du Schleswig-Holstein, descend de la famille princière de Glücksbourg. Le roi ne joue pour l’essentiel qu’un rôle honorifique, mais il constitue un symbole fort d’unité nationale. Bien que la Constitution de 1814 lui accorde d’importantes prérogatives dans le domaine de l’exécutif, ces dernières sont presque toujours exercées en son nom par le gouvernement. Les pouvoirs investis au monarque par la Constitution de la Norvège, ont, au cours du XXe siècle, été largement symboliques. Sauf dans quelques cas importants comme pendant la Seconde Guerre mondiale, où le monarque annonçait qu’il allait abdiquer si le gouvernement capitulait face aux demandes des Nazis.

Le gouvernement est composé du ministre d’État et des ministres, tous nommés par le roi. Mais depuis 1884, l’évolution parlementaire du régime fait que le gouvernement doit obtenir un vote de confiance du Parlement : la désignation du gouvernement par le roi n’est donc qu’une formalité quand il y a une majorité claire au Parlement pour un parti en particulier (ou coalition de partis). Après une élection sans majorité claire, le chef du parti le plus susceptible de créer un gouvernement est nommé ministre d’État par le roi. La Norvège a vu plusieurs de ces gouvernements gouverner en minorité. Le roi assiste aux réunions du gouvernement chaque vendredi au palais royal, mais le gouvernement prend ses décisions en avance, à des conférences présidées par le ministre d’État et tenues chaque mardi et jeudi. Chaque année, le roi ouvre le Parlement en septembre. Il accueille les ambassadeurs à la cour et est symboliquement le commandant en chef des Forces de défense norvégiennes et est à la tête de l’Église de Norvège.

Le parlement norvégien, le Storting, est monocaméral depuis les élections générales de 2009 (amendement de la constitution du 20 février 2007) et comprend 169 membres (soit quatre membres de plus à la suite des élections du 12 septembre 2005). Les députés sont élus tous les quatre ans dans chacun des 19 fylker du pays, à la représentation proportionnelle. Il y a 19 sièges, les « sièges égalisant », un par fylke, pour faire que la représentation au parlement corresponde mieux au vote populaire. Il y a un seuil électoral de 4 % pour ces sièges.

 

ÉCONOMIE

L’économie norvégienne est un bastion prospère du capitalisme social, offrant une combinaison entre la liberté des marchés et l’intervention de l’État. Le gouvernement, par le biais de grandes entreprises publiques, contrôle quelques domaines particulièrement stratégiques, comme une partie du secteur pétrolier. Mais une vague de privatisations a débuté en 2000, lorsque l’État a vendu un tiers de l’entreprise Statoil, qu’il contrôlait jusqu’alors dans sa totalité.

Le pays et sa Zone économique exclusive regorge de ressources naturelles (pétrole, hydroélectricité, poissons, forêts, minéraux…) et sa prospérité est très dépendante des revenus générés par l’exploitation du pétrole : ce dernier représentait en 1999, avec le gaz, 35 % des exportations du pays. Seules l’Arabie saoudite et la Russie exportent davantage que la Norvège, laquelle ne fait pas partie de l’OPEP.

La croissance économique, forte, a atteint 1,3 % en 2016.

Le R.N.B de la Norvège s’élevait en 2008 à 455,95 milliards de US dollars, ce qui permettait pour la même année un revenu national par habitant de 95 624 US $.

Malgré un niveau de vie comptant parmi les plus élevés au monde, les Norvégiens s’inquiètent à propos des deux prochaines décennies, lorsque leurs réserves de gaz et de pétrole commenceront à s’épuiser. C’est pourquoi le pays engrange, depuis 1990, la totalité des revenus générés par le pétrole dans le fonds pétrolier de Norvège. Le capital ainsi obtenu est investi à l’étranger : à la fin 2009, il est estimé à 355 milliards d’euros.

En mars 2015, le taux de chômage est à 4,1 % de la population active. La Norvège a cependant un important problème d’emploi avec sa population vieillissante.

RELATIONS INTERNATIONALES

Quoique non membre de l’Union européenne, la Norvège a accès au marché unique européen à travers l’Espace économique européen. Le parlement et le gouvernement sont en dialogue permanent avec les autres pays scandinaves dans le cadre du Conseil nordique.

La Norvège maintient des ambassades dans 86 pays du monde ainsi que des relations diplomatiques avec beaucoup d’autres sans toutefois y avoir des ambassades. Soixante pays maintiennent à leur tour des ambassades à Oslo.

La Norvège est membre fondateur des Nations unies, de l’OTAN, du Conseil de l’Europe, de l’AELE, de l’OCDE et de l’OSCE. Elle est aussi membre de plusieurs autres organisations internationales.

DÉMOGRAPHIE

La Norvège compte environ 5 millions d’habitants, chiffre en augmentation de 1,3 % par an. D’un point de vue ethnique, la plupart des Norvégiens sont d’origine germanique. Une minorité Saami habite les régions centrales et septentrionales du pays ainsi que la Suède, le nord de la Finlande et dans la péninsule de Kola en Russie.

L’immigration, ces dernières années, a assuré plus de la moitié de la croissance démographique. En 2006 Statistisk sentralbyrå, le service de statistiques du gouvernement, a trouvé que 45 800 immigrants sont arrivés sur sol norvégien, soit 30 % de plus qu’en 2005. Au début de l’année 2009 il y avait 508 200 personnes d’origine immigrée en Norvège (immigrants et enfants d’immigrants), soit 10,6 % de la population. En janvier 2009 on compte 244 873 immigrants non-occidentaux légaux en Norvège. Les nationalités les plus représentées parmi la population d’origine immigrée sont les Polonais, les Pakistanais, les Suédois, les Irakiens, les Somalis, les Allemands, les Vietnamiens et les Danois. Depuis quelques années on voit un plus grand nombre d’immigrants de l’Europe centrale et orientale, dont les Polonais sont la nationalité la plus représentée en Norvège, suivis des Lituaniens. Oslo est la ville avec le plus grand pourcentage d’habitants d’origine immigrée, avec 152 100, soit 25 % de sa population totale. Selon l’institut Norvégien des statistiques, au 4 mars 2015, on comptait en Norvège 669 380 immigrés et 135 583 Norvégiens nés de parents immigrés soit un total de 804 963 personnes immigrées ou nées de parents immigrés, soit 15,6 % de la population norvégienne.

La Norvège est passée sous le seuil de renouvellement de sa population (2,1 enfants par femme) en 1975, mais maintient un des taux de fécondité les plus élevés d’Europe (1,85 en 2012).

]]>
/sans-categorie/fiche-pays-norvege-2/feed/ 0
L’intégrisme religieux est-il une menace ? /sans-categorie/lintegrisme-religieux-est-il-une-menace/ /sans-categorie/lintegrisme-religieux-est-il-une-menace/#respond Tue, 08 Nov 2016 14:05:33 +0000 /?p=9127 « L’intégrisme est une nostalgie du passé qui se prend pour une référence à l’éternel ».

Cette citation d’Étienne Borne, journaliste et philosophe français, illustre parfaitement la problématique que pose l’intégrisme. Pour comprendre cette citation, il faut d’abord définir clairement ce que signifie l’intégrisme.

L’intégrisme se définit comme la branche située à l’extrême d’une religion. Il désigne ceux qui suivent au pied de la lettre les textes religieux qui ont été choisis comme ceux dictant les règles à suivre. Il s’agit des croyants faisant partie de la branche des religions la plus attachée aux fondamentaux.

L’intégrisme a pour objectif d’appliquer les règles religieuses à la vie politique et sociale dans le but de lutter contre les dysfonctionnements issus la mondialisation. L’application de cette idéologie se traduit par la mise en place de codes normatifs, inspirés de textes sacrés, qui varient selon les contextes politiques et selon les principes des religions. Ainsi l’intégrisme peut être défini comme une idéologie, c’est-à-dire un système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et politique à la base d’un comportement individuel ou collectif (Larousse)

Le terme intégrisme apparait au début du 20 eme siècle lorsque les catholiques en faveur d’une modernisation de l’Eglise l’utilisent pour qualifier l’attitude d’une minorité de catholiques qui dénonce violemment le mouvement moderniste.
Par la suite, ce terme va être utilisé pour désigner une position d’intransigeance et de dureté au sein de quelque religion que ce soit.

On peut se demander si cette obsession du retour à la tradition véhiculée par l’intégrisme religieux constitue une menace ? Si telle est le cas, qui est donc menacé et de quelle façon ?

Pour répondre à ces questions nous allons dans une première partie, identifier les différents intégrismes en présentant les principales entités menacées et la façon dont elle le sont et dans une seconde partie nous relèverons les différentes solutions envisagées pour lutter contre l’intégrisme.

I. Présentation de l’intégrisme :

1) Selon les différentes religions

– Intégrisme catholique :

Comme indiqué précédemment, les catholiques vont lancer le terme d’intégrisme lors de l’apparition d’un courant religieux appelé le « catholicisme intégral » qui se réclame être une alternative au modernisme et au libéralisme.
Plus généralement, l’intégrisme catholique est à l’encontre du libéralisme intellectuel, politique et religieux. Cette idéologie veut répondre aux problèmes actuels de la société par un retour à la tradition catholique pure et entière.
Un mouvement est particulièrement représentatif de cette opposition à la modernité du Vatican c’est le mouvement lefebvriste qui a l’origine de la Fraternité Saint Pie X. La décision de son fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, d’ordonner lui-même quatre évêques sans l’accord du pape lui vaudra d’être excommunié en 1988, c’est-à-dire exclu de la religion chrétienne ce qui et la punition la plus grave des peines canoniques.
Le mouvement est encore d’actualité, récemment une discussion s’est ouverte entre le pape Benoit XVI et la Fraternité afin que celle-ci revienne sous l’autorité du Pape mais qui s’est finalement terminé sans accords.

– Intégrisme protestant

Quant à l’intégrisme protestant, il a fait parler de lui récemment lors des élections aux Pays Bas puisque un parti politique appelé Parti Politique Réformé (S.G.P.) a interpellé la scène internationale.
En effet, ce parti a obtenu un siège au Sénat, un siège au Parlement Européen et trois sièges à l’Assemblée Nationale alors qu’il défend ouvertement l’instauration d’un gouvernement qui suivrait les principes de la Bible. Il commence donc à peser de plus en plus lourd sur la scène politique.
Pour illustrer leur idéologie et comprendre l’indignation de ses pays voisins, il faut lister quelques unes de leurs idées qui sont assez représentatives. Concernant le rôle de la femme par exemple, ils veulent leurs interdire de travailler et de voter et refusent qu’elles deviennent membre du parti.
Ils sont également opposés à l’homosexualité et défendent la peine de mort.
Cette histoire se passe en plein cœur de l’Europe, ceci peut donc paraitre étonnant et montre que l’intégrisme peut se trouver là ou on ne l’attend pas forcément et que son influence ne doit pas être sous estimé.

– Intégrisme juif :

L’intégrisme religieux dans la religion juive concerne les juifs qualifiés d’ultra-orthodoxe qui rejettent violemment tous les aspects de la modernité.
Par exemple en Israël, les « Haredim », nom qui signifie les « Craignant Dieu » sont des personnes de confession juives qualifiées d’ultra-orthodoxes. Elles souhaitent imposer un mode de vie qui suivrait les règles dictées par la Torah.
Ces intégristes font pression sur la population ce qui créer de fortes tensions à Israël.
Ils défendent violemment leurs convictions et souhaitent instaurer la ségrégation des femmes.
En 2012, ils choisissent de faire parler d’eux par la provocation, ils défilent dans Israël en portant l’étoile jaune qui rappel la persécution des juifs. Revendiquant avec ferveur leur idéologie, ces intégristes juifs sont à l’origine de nombreuses tensions dans la zone Israélienne.
Les « Haredim » ont d’ailleurs créé un parti politique appelé « Shass » qui a obtenu 9,5 % des voix. (12 sièges sur 120).

– Intégrisme islamique :

Il faut d’abord distinguer plusieurs termes, cela afin d’éviter certains amalgames possibles :
L’islam correspond à la religion monothéiste basée sur le Coran. Les Sunnites sont majoritaires, les chiites eux sont minoritaires.
L’islamisme, lui, correspond à une idéologie politico-sociale luttant contre tout modernisme.
Il existe aussi l’islamisme radical qui est la forme plus extrême et se traduit par des actes de violence.
La volonté de l’islamisme est de mettre en place un État islamique, c’est-à-dire un état où la politique découlerait directement de la loi islamique qui est appelé la «charia» et serait imposée à toute la population.
Nous verrons un exemple de cet intégrisme dans la seconde partie avec le cas de Daesh.

– Les intégrismes religieux se valent-ils ?

Après avoir présenté les différents types d’intégrisme selon les religions, il est intéressant de se demander s’ils ont des caractéristiques qui les distingueraient entre eux.

En effet, selon René Guitton, experts de l’Alliance des Civilisations des Nations unies, il existe des nuances qui distinguent ces intégrismes.
Alors que certains de ces intégrismes ont tendance à privilégié l’isolement de leurs membres de la société, notamment chez les intégristes protestants ou chez les juifs ultra-orthodoxes d’autres, comme l’intégrisme musulman apparait comme plus dangereux notamment pour les sociétés occidentales dans la mesure où il menace les valeurs républicaines.
Alors que les intégristes chrétiens craignent l’excommunication par exemple, qui représente à leurs yeux une grande menace, les intégristes musulmans n’ont généralement pas de réelles craintes car ils pensent que leur mission d’islamisation du monde nécessite tous les moyens possibles.
L’intégrisme musulman dénature ainsi la religion musulmane elle-même.

– Les causes de l’intégrisme :

L’intégrisme apparait souvent à un moment où les sociétés religieuses connaissent brusquement une phase de modernité.
Les populations peuvent alors vouloir revenir à la tradition par opposition aux dilemmes et problèmes apparus avec la modernisation. Elles vont vouloir garder leurs habitudes et peuvent craindre cette nouveauté.
L’intégrisme va alors apparaitre comme une bonne alternative car les intégristes pensent répondre aux problèmes modernes en l’appliquant une loi issue des textes religieux.
L’intégrisme religieux représente donc une menace mais qui et concerné et de quelle manière ?

2) Qui est menacé et comment ?

– Les cibles de l’intégrisme

Les premiers ennemis de l’intégrisme sont les symboles d’une certaine forme de modernité.
En effet, les intégristes cultivent une haine profonde de la civilisation occidentale qui diffuse des valeurs modernes et diamétralement opposées à celles de l’intégrisme. Ce que Samuel Huntington nommait choc des civilisations provoque un fort rejet et une lutte acharnée de la part des intégristes.
Les peuples historiques de culture chrétienne qui incarnent la civilisation occidentale sont notamment les Américains et les Russes. Ils représenteraient, par conséquent, les deux premières cibles pour les intégristes. Les deux pays partagent ainsi des valeurs communes, comme la laïcité par exemple.
Malgré une menace étendue sur tous les citoyens de sociétés occidentales, la civilisation américaine apparait comme étant la plus menacée. Cela est du au fait que son idéologie est jugée plus étrangère et que son pouvoir qui est le plus redouté de tous.

La seconde cible des intégristes religieux sont les croyants d’autres religions car pensant que leur idéologie est la bonne il n’y a aucune tolérance envers les autres religions.
Ceci va mener à des confrontations qui peuvent aller jusqu’à des persécutions dans le cas d’intégrismes extrémistes.
Par exemple, le Daesh persécute actuellement les minorités en Irak, notamment les chrétiens. Les familles doivent ainsi soit se convertir, soit payer une taxe spéciale, soit elles risquent l’exécution.

D’un point de vu occidental, les valeurs de la république, au sens moderne du terme, sont la liberté, l’égalité et la fraternité sont également menacées.
Tous les domaines de la liberté sont concernés comme la liberté d’expression, la liberté de penser…
L’égalité qui stipule que tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs et qu’ils sont soumis aux mêmes lois est aussi menacé notamment l’égalité entre les hommes et les femmes.
Enfin, la fraternité évoque la solidarité entre les citoyens.

Les principes de la république que l’on définit par l’indivisibilité, la laïcité et la démocratie constituent également une menace pour l’intégrisme et sont donc menacés.
Le principe d’indivisibilité peut se traduire par exemple par le choix d’une langue commune officielle qui facilite l’homogénéisation d’une culture.
La laïcité et la démocratie sont les principaux principes menacés par l’intégrisme religieux. Le premier garantie la liberté de conscience et le second stipule que le pouvoir appartient au peuple qui élit ses représentants.

– Comment sont-ils menacés ?

Ainsi, après avoir exposé les différents acteurs, valeurs, et principes menacés il est judicieux de présenter sous quelles formes on peut retrouver ces menaces.
On dénombre trois types d’actions :
– L’action pacifique qui est la recherche de disciples et de pratiquants et qui peut passer par de la propagande dans les médias, les lieux religieux, par l’éducation etc…
– L’action politique qui peut se présenter par la création d’un Etat théocratique. Cela passe par la création de partis politique et par le biais de campagnes.
– L’action terroriste qui utilise l’action violente et terroriste que ce soit à l’intérieur d’un pays (le Hamas) ou à l’extérieur (Al-Qaïda).

II. Comment lutter contre l’intégrisme religieux ?

Comme on a pu le voir, l’intégrisme religieux peut se manifester à long terme par une opposition contre un ennemi cible, défini par chaque groupe intégriste. Au nom de la religion et d’un Dieu, ces groupuscules développés vont jusqu’à mener des actes terroristes en finalité.
La question que nous pouvons maintenant nous poser est : quels sont les moyens mis en place pour lutter contre l’intégrisme religieux au sein du monde et des Etats ; et les actes qui en succèdent ?

1) Des organisations  à l’échelle internationale luttent contre les menaces d’intégrisme religieux :

A l’internationale, une organisation inter étatique a été mise en place suite aux attentats du 11 septembre 2001. Cela consiste en la mise en place d’actions policières politiques et militaires contre Al-Qaïda. À la suite des événements du 11 septembre, la coopération policière, judiciaire entre les États-Unis et l’Europe fut renforcée, de même que la coopération policière et judiciaire intra-européenne. Les services spéciaux du continent échangent quasiment toutes leurs informations sur les menaces terroristes en temps réel entre autre par la mise en place d’Alliance Base, un service de coopération des services de renseignements, à Paris.

Alliance Base (étant la traduction littérale d’Al Quaid) a été mise en place par le Président de la République française Jacques Chirac et américaine avec  George W. Bush à la suite des attentats du 11 septembre 2001. C’est un système permanent d’échanges d’informations et de coordination entre les services secrets Français (la Direction Générale de la Sécurité Extérieure), la CIA et d’autres services qui pouvaient être utiles à ces deux organismes de part leur connaissance dans le domaine du terrorisme islamiste (par exemple le B.N.D. Allemand qui est le service fédéral de renseignement ou les services secret anglais du MI6). Cette alliance a été demandée par les américains car ces derniers avaient une connaissance moindre en termes de terrorisme islamiste que les Européens. Leur cible première était bien entendu Al-Qaïda. Alliance Base avait pour but de surveiller les mouvements terroristes à travers les pays afin de lancer des opérations d’espionnage ou de capture de différents suspects.
Une activité militaire pour lutter contre l’islamisme radicale existe. Une opération d’interdiction maritime («active endeavour ») à été mise en place. Les forces navales permanentes de Méditerranée de l’OTAN ont été déployées pour participer à la lutte anti-terroriste en escortant des navires dans le détroit de Gibraltar.

De plus, il y a eu la création de la résolution 1373 par les Nations Unies. Elle oblige tous les États à pénaliser l’assistance aux activités terroristes et à mettre fin à leurs supports financiers, mais elle exige aussi le partage des informations sur des groupes planifiant des actes terroristes entre les États membres.

2) Des organisations propres aux États

Les États ont un rôle à jouer dans la lutte contre l’intégrisme religieux et les déviances qui peuvent s’en suivre.
Avec différents programmes d’éducations, l’État se doit de lutter contre la possibilité de propagation de l’intégrisme. Le système laïc est, en ce sens, fait pour ne pas exposer sa religion et qu’elle reste dans le domaine du privé, mais son efficacité est limitée car il n’empêche la montée de l’intégrisme qui se fait dans le dos de la République Française mais aussi dans d’autres pays du monde.

3) Un cas d’actualité, DAESH(aussi connu sous le nom d’État Islamique) :

Nous savons aujourd’hui que l’État Islamique détient une organisation bien ficelée : à sa tête se trouve le chef Abu Bakr Al-Baghgagi. Il est le chef religieux et politique du territoire de l’État Islamique. C’est celui qui va transmettre le message aux fidèles, comme par exemple en Juillet 2014 lorsqu’il leur demanda de combattre les « ennemis de Dieu ». A ses côtés se trouvent deux députés (anciens généraux de Saddam Hussein) qui s’occupent respectivement des opérations en territoire Irakien et Syrien : Abu Muslim al-Turkmani et Abu Ali al-Anbari. Ces derniers parlent aux gouverneurs locaux et régissent la bureaucratie de l’Etat Islamique. Des cabinets conseillent Al Baghgagi sur ses décisions et les 7 provinces de l’Etat Islamique détiennent à leur tête des gouverneurs qui sont en contact avec les députés. Ainsi ils sont actifs dans l’organisation et la prise de décision des zones géographiques où ils se trouvent. Grâce à leurs contacts et leur pouvoir, ils imposent des lois et leurs idées à la population.

Le danger de l’État Islamique est qu’il est arrivé aujourd’hui à se développer, et a être indépendant financièrement grâce à la prise de contrôle de centre pétrolier leur générant des gains très importants. De plus, il a une influence sur certaines personnes qui partent rejoindre leurs rangs pour combattre avec eux. On a appris récemment qu’une centaine de femme avaient rejoint DAESH(dont ¼ de française). Ainsi ils s’implantent à l’international grâce à ceux qui le rejoigne, ce qui permet de diffuser leur influence en dehors de son champ de rayonnement actuel.
Pour lutter contre Daesh une mesure exceptionnelle à été prise avec la création d’une coalition internationale qui a vu le jour soutenue par plus de quarante pays, elle intervient dans plusieurs domaines tels que les renseignements, l’assistance militaire, l’humanitaire, la diplomatie, la lutte contre le recrutement et les réseaux financiers du groupe djihadiste.

Conclusion

L’intégrisme religieux correspond donc à une idéologie préconisant le respect de la tradition religieuse et visant à intégrer la vie collective dans la doctrine religieuse qu’il défend. On a ainsi pu remarquer que l’intégrisme n’est pas limité à une seule religion ou un seul pays mais présente un peu partout.
Cet intégrisme est une menace pour les sociétés occidentales qui représentent les symboles de la modernité mais aussi pour les peuples qui subissent les pressions des groupes intégristes voulant imposer leurs codes religieux.
Nous avons aussi vu que découlant de la vision occidentale, les valeurs et principes de la république sont directement visés ce qui en revient à menacer l’ordre social, les droits et les devoirs de chaque individu.

Il y a différents degrés dans la menace des intégristes, de l’action pacifique au terrorisme. Ainsi les mesures de lutte qui en découlent doivent être proportionnelles au type de menace. Les solutions qui peuvent être mises en place peuvent donc variées : de l’éducation, qui limiterait l’embrigadement de nouveaux partisans, à l’utilisation d’une action plus violente dans des cas extrêmes comme celui du Daesh.

Ce cas d’actualité montre dans une certaine mesure l’importance que peux prendre l’intégrisme mais aussi démontre que les actions mises en place pour lutter contre celui-ci sont plutôt inefficaces.

On peut alors se demander si l’intégrisme religieux n’a pas été sous-estimé par les États jusque là et si les solutions choisies pour le réprimer sont inadaptées?
Ce qui est certain c’est que la compréhension des problématiques liées à l’intégrisme est essentielle pour analyser les problèmes auxquels est confronté le monde occidental.

Anaïs PRITZY, Thomas PROFIT

Sources :

– Larousse, définition idéologie: http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/id%C3%A9ologie/41426

– Rosa Moussaoui, (2012), « Les intégristes israéliens veulent imposer leurs codes », L’Humanité : http://www.humanite.fr/monde/les-integristes-israeliens-veulent-imposer-leurs-codes-486895

– XavierTernisien, (2001), « Intégrisme, fondamentalisme et fanatisme la guerre des mots » Le Monde : http://www.lemonde.fr/international/article/2001/10/08/integrisme-fondamentalisme-et-fanatisme-la-guerre-des-mots_229565_3210.html

– Sarah Halifa-Legrand, (2012), « Un réseau social pour lutter contre l’extrémisme » L’OBS : http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20120427.OBS7243/un-reseau-social-pour-lutter-contre-l-extremisme.html

– Jean-Marie Guénois (2014), « Le Vatican et les lefebvristes reprennent les négociations » Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/09/23/01016-20140923ARTFIG00243-le-vatican-et-les-lefebvristes-reprennent-les-negociations.php

– Joachim Véliocas (2009), « Orthodoxes musulmans et juifs : le choc des intégrismes » : http://www.islamisation.fr/archive/2009/02/03/essai.html

– Marine Tertrais « La lutte contre l’intégrisme religieux passe par l’éducation », JOL Press : http://www.jolpress.com/rene-guitton-la-france-des-integristes-livre-laicite-article-819063.html

– Micheline Milot, « Religion et intégrisme, ou les paradoxes du désenchantement du monde ». Article publié dans la revue Cahiers de recherche sociologique, no 30, 1998, pp. 153-178. Montréal : Département de sociologie, UQAM).

– « Qui participe à la coalition contre l’Etat islamique », (2014) LeMonde.fr : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/09/15/etat-des-lieux-des-participants-a-la-coalition-contre-l-etat-islamique_4487310_3218.html

– « Guerre contre le terrorisme», Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_contre_le_terrorisme

]]>
/sans-categorie/lintegrisme-religieux-est-il-une-menace/feed/ 0
Le TPP : Une mesure de « containment » ? /sans-categorie/le-tpp-une-mesure-de-containment/ /sans-categorie/le-tpp-une-mesure-de-containment/#respond Thu, 29 Sep 2016 09:54:53 +0000 /?p=12402 « A l’âge de la mondialisation et des guerres asymétriques, la réponse américaine aux enjeux du moment est fort différente (par rapport aux années 1970) : les nécessités du désengagement militaire les poussent à privilégier une stratégie géoéconomique afin de conserver leur ascendant géopolitique. Concrètement, Washington identifie aujourd’hui deux rivaux à encadrer : la Chine et la Russie. Il est frappant que les deux vastes traités de libre-échange négociés actuellement (le TAFTA et le TPP) réactualisent dans l’ordre économique et commercial l’ancienne logique du containment. Dans les deux cas, les rivaux sont non seulement exclus des négociations mais menacés par elles ». C’est en ces termes que Frédéric Munier, enseignant en géopolitique en classes préparatoires au lycée Saint Louis de Paris, qualifie la stratégie Américaine pour conserver son statut de puissance hégémonique à l’échelle mondiale dans le 7ème numéro du magazine « Conflits ».  « Containment », le mot est fort : c’était en effet le terme utilisé pour décrire la stratégie Américaine qui visait à stopper l’extension de la zone d’influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947, et à soutenir tous les États non communistes. Dès lors, en quoi l’accord de partenariat Trans pacifique (TPP), traité multilatéral de libre-échange  visant à intégrer les économies des régions Asie-Pacifique et Américaine, obéit-il à une mesure de « containment » ?

tpp map

Les Etats-Unis sont sur le déclin, économiquement et géopolitiquement, et ils en sont conscients. Le centre de l’économie mondiale bascule de l’Ouest, de l’Atlantique, vers l’Est, le Pacifique, l’Asie. L’obtention du « fast track » par Barack Obama, voté par le Sénat après de nombreuses réticences, lui octroyant un pouvoir de négociation accru dans la négociation du TPP, témoigne de l’empressement de ce dernier de redistribuer les cartes en sa faveur . En effet, les multiples échecs militaires (Afghanistan, Irak), les déficits abyssaux (La dette publique Américaine s’élève en 2015 à 18 milliards de dollars), la perte de l’hégémonie économique et la montée en puissance de rivaux menaçants (BRICS) sont autant de facteurs qui poussent les Etats-Unis à consolider leurs blocs géopolitiques en Europe et surtout en Asie, nouveau moteur de la croissance économique mondiale, dont ils entendent bien tirer profit. Cette focalisation sur l’Asie-Pacifique se traduit aussi par la présence militaire : actuellement, 60% de l’US Navy est présente dans le pacifique, contre 50% il y a quelques années. Le partenariat militaire avec le Japon, ennemi héréditaire de la Chine, a été renouvelé, tout comme les bases militaires à Guam, dans les Philippines ainsi qu’en Australie, à Darwin. Aux yeux de la Chine, une telle situation est interprétée comme une volonté d’endiguement de son territoire…

Le TPP est aujourd’hui le plus grand traité économique jamais réalisé : il représente en effet 40% du PIB mondial. En plus d’être un accord de libre-échange, il vise également à établir des normes communes entre les Etats signataires. Dès lors la Chine a tout à perdre face à un basculement des échanges en faveur des membres du TPP en Asie : selon le PECC, les pertes en termes de recettes pour la Chine pourraient s’élever à 34,8 milliards de dollars. Pourquoi un basculement des échanges aurait-il lieu ? Car le TPP inclut 12 des 21 membres de l’APEC, Etats avec lesquels Xi Jinping souhaite créer un traité de libre-échange concurrent, baptisé le FTAAP, traité qui avance à tâtons vu qu’il ne contient pas de calendrier de fin de négociations… Surtout, le TPP vise expressément les membres de l’ASEAN, pré-carré Chinois en termes d’exportations : il faut savoir que bien que les gains potentiels de la Chine, si le FTAAP venait à voir le jour, seraient moindres (+0,27% de PIB, toujours selon le PECC), l’économie Chinoise est extrêmement dépendante des exportations. Du point de vue des économistes Américains, le TPP n’est pas une mesure agressive, bien au contraire. Elle vise simplement à rééquilibrer les forces dans cette région du monde car, selon l’économiste Français Jean-Michel Quatrepoint : «Les Américains et leurs multinationales considèrent que le marché chinois n’est pas suffisamment accessible à leurs entreprises, que les chinois copient allègrement —ils n’ont pas tort —, ne versent pas de redevances quand ils copient, que, en plus, ils ne donnent pas un accès suffisant à leurs marchés aux groupes américains, et qu’ils privilégient les entreprises chinoises pour leur marché». En résumé, l’objectif des Etats-Unis est de un de réduire leur dépendance commerciale vis-à-vis de la Chine, en créant un réseau de partenaires en pleine croissance, et de deux d’étouffer les velléités Chinoises dans le Pacifique et en Asie… Du « containment » à l’état pur.

 

tpp map 2

La stratégie d’endiguement américaine trouve ses origines au XIXème siècle, sous la plume d’Alfred Mahan. Dans son livre intitulé «Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire », le géopoliticien Aymeric Chauprade explique sa pensée comme suit : « En 1897, (…) Mahan définit la doctrine qu’il entend voir défendue par son pays. Elle recommande de : s’associer avec la puissance navale britannique dans le contrôle des mers, contenir l’Allemagne dans son rôle continental et s’opposer aux prétentions du Reich sur les mers, mettre en place une défense coordonnée des européens et des américains destinée à juguler les ambitions asiatiques ». On retrouve le même conflit terre/mer, et la même volont�� d’étouffer les ambitions des puissances continentales qu’aujourd’hui. On peut aussi trouver ici les germes de l’OTAN et du TAFTA. Dans le même ouvrage, Mr Chauprade explique en quoi les puissances maritimes étreignent le « heartland » à défaut de l’atteindre, ce qui est aujourd’hui l’objectif du TPP : « La thèse centrale de Mackinder définit l’épicentre des phénomènes géopolitiques à partir du concept de centre géographique. C’est autour du pivot, du « heartland », que s’articulent toutes les dynamiques géopolitiques. Ce pivot de la politique mondiale est l’Eurasie, que la puissance maritime ne parvient pas à atteindre et son cœur intime est la Russie, qui occupe dans l’ensemble du monde la position stratégique qu’occupe l’Allemagne en Europe (…) Autour de cet épicentre des secousses géopolitiques mondiales, (…) s’étendent les terres à rivages. Au-delà des coastlands, deux systèmes insulaires viennent compléter l’encadrement du heartland : la Grande-Bretagne et le Japon ». Ce qui explique les relations étroites qu’entretiennent les Etats-Unis avec ces deux nations, qui peuvent être vues comme les « gendarmes » des Américains autour du bloc continental. L’ancien conseiller du président Carter et éminence grise du TAFTA, Zbigniew Brzezinski, s’inscrit lui aussi dans cette pensée. Toujours selon Mr Chauprade : «Brzezinski défend la logique d’endiguement par les Etats-Unis de la masse Eurasiatique :  les Etats-Unis ne pourront rester la superpuissance unique et globale que s’ils parviennent à isoler la Russie. Le leadership mondial des Etats-Unis passerait par une maîtrise américaine des zones occidentales, méridionales et orientales de l’Eurasie, autour du heartland. L’alliance Atlantique serait la garantie de contrôle de la zone occidentale (…) quant à l’influence Américaine dans la zone orientale, elle aurait fortement décru en Chine, au Viêt-Nam et dans les pays de l’Indochine mais resterait forte en Corée du Sud et au Japon. ». Il a conscience de la vulnérabilité Américaine et voit dans l’alliance du heartland une menace. Il faut isoler la Russie, via une alliance Atlantique et une alliance avec le Japon. Prise en étau à l’Ouest par le TAFTA et à l’Est par le TPP, La Russie se trouve bel et bien dans la position décrite précédemment, et lorsque l’on regarde les membres des deux traités sur une carte, l’isolement du bloc continental saute aux yeux.

tppktpp h

 

Mais les BRICS, et particulièrement la Chine et la Russie, premières victimes du containment, n’entendent pas se laisser abattre : Sous l’égide de la Russie, les BRICS se donnent les moyens de rivaliser contre les Américains. Cette année, la Russie a réussi à organiser le sommet de l’organisation de coopération de Shanghai et celui des BRICS. L’adhésion de l’Inde et du Pakistan à l’OCS a été acceptée et se concrétisera en 2016, et celle de l’Iran, normalement, suivra. Au-delà de l’économie, c’est un front anti hégémonique qui se construit. C’est une réaction à l’hégémonie américaine, et comme le précise Pascal Marchand dans « Conflits » : « Ce double et même triple sommet constitue un véritable tournant : les BRICS se donnent les moyens de résister à la puissance américaine et de se mettre à l’abri des sanctions économiques qu’elle peut décréter à tout moment, comme elle l’a fait en Crimée. Un véritable front anti-hégémonique serait en cours de constitution pour faire de « l’espace eurasiatique […] notre maison », selon la formule de Vladimir Poutine, à l’abri des intrusions étrangères ».   Les BRICS se donnent les moyens de riposter sur trois fronts : la finance, les nouvelles technologies, et surtout l’énergie. Ainsi en 2014, lors du sixième sommet des BRICS à Fortaleza, la création d’un fonds de réserve monétaire a été décidée, ainsi que celle d’une nouvelle banque de développement, concurrente de la banque mondiale de Washington. En cause, le refus du congrès Américain de valider la réforme du FMI de 2010 qui aurait augmenté les quotes-parts de la Chine, de l’Inde et du Brésil. Elle pourrait accorder ses premiers crédits cette année. Aussi, au sommet d’Oufa, la mise en place d’une station orbitale commune aux BRICS  a été décidée. Mais c’est surtout au niveau de l’énergie que la riposte s’articule : « En s’installant au Moyen-Orient, réservoir pétrolier de la planète, les États-Unis sont en train de contrôler la dépendance énergétique de la Chine. Pékin doit donc diversifier ses approvisionnements. C’est le sens des rapprochements que les Chinois tentent avec La Russie, l’Iran, L’Arabie Saoudite, le Venezuela et les pays Africains du golfe de Guinée. » C’est en ce sens qu’Aymeric Chauprade, dans son ouvrage « Chronique du choc des civilisations », nous décrit la nouvelle inflexion de la Chine en faveur de la Russie. En Mai 2014, par exemple, Pékin et Moscou se sont mis d’accord pour construire le gazoduc force de Sibérie à partir de gisements orientaux déconnectés des bassins travaillant actuellement pour l’Europe. Il explique aussi que bien que « La Chine pourrait être tentée par les immenses richesses de Sibérie Orientale, elle y investit de façon importante (…) mais pour l’instant la Chine a tout intérêt à ne pas assumer les frais d’aménagement et de gestion d’un espace naturellement difficile (…) de toute façon le seul débouché rationnel des matières premières de cette région est l’extrême –orient (…) par ailleurs la complémentarité entre Pékin et Moscou est forte en ce qui concerne la haute technologie ». Malgré des intérêts parfois divergents, les BRICS se rejoignent dans leur volonté d’émancipation vis-à-vis du pôle Atlantiste. Toujours dans le même numéro du magazine « Conflits », Pascal Gauchon explique que « Lors des récents sommets des BRICS et de l’OCS, (…) Xi Jinping a présenté les grandes lignes de sa réponse stratégique : soutenir la Russie, histoire de détourner l’oncle Sam de l’Asie-Pacifique, et s’assurer de la neutralité de l’Inde, cette dernière étant indispensable à la stratégie Américaine d’endiguement » car en effet « Les USA travaillent depuis des années à un rapprochement avec l’Inde. (…) en retour la Chine poursuit une politique de bon voisinage afin d’éviter un partenariat trop solide entre l’Inde et les USA. » La forte diaspora Indienne présente aux Etats-Unis en fait un partenaire naturel, mais l’Inde a conscience de l’intérêt qu’elle a de se rapprocher des pays membres de l’OCS, futur poids lourd de la scène économique mondiale. Mais ceci n’est pas sans intention, cette nation a conscience qu’à l’avenir elle pourra disputer le rôle de leader asiatique à la Chine, c’est pourquoi elle ne regarde pas forcément dans la même direction que cette dernière : « L’Inde travaille aussi avec ses voisins de l’est, notamment le Japon, espérant construire un triangle Inde-Japon-Etats-Unis capable de rivaliser avec La Chine (…) parallèlement les USA sont en train de déposséder l’allié traditionnel Russe de sa place de premier fournisseur d’armement ». Dans la culture Indienne, d’après «la théorie du Mandala» de Kautilya «Votre voisin est votre ennemi naturel et le voisin de votre voisin est votre ami» La question dès lors est de connaître la priorité de l’Inde : l’indépendance vis-à-vis de l’Occident ou voler le titre de leader Asiatique à la Chine ? Une telle situation pourrait faire voler en éclats la stratégie de bloc continental orchestré par la Chine et la Russie… Et les Etats-Unis le savent pertinemment… Quand la Chine et la Russie gardent une rancune historique envers l’Occident, l’une pour les « Traités inégaux » et l’autre pour la Guerre froide, l’Inde doit son rayonnement à l’influence Britannique, par la langue Anglaise.

En conclusion, on peut dire que cette stratégie, ce conflit qui ne dit pas son nom, s’inscrit dans la lignée des conflits entre les paysans (Heartland) qui pensent le temps et les marins (Les Etats-Unis) qui pensent l’espace, pour reprendre la terminologie du penseur Tunisien Ibn Khaldoun. Néanmoins, avec le recul, on peut citer plusieurs incohérences, voire des erreurs dans la stratégie Américaine : premièrement il faut noter qu’une des constantes géopolitiques de la Chine est qu’elle a toujours privilégié la terre au détriment de la mer… Alors que le propre du containment est de bloquer les puissances continentales en leur bloquant leur accès aux mers chaudes voire aux mers tout court (réf : Grand Jeu). Première incohérence. Ensuite, on peut se demander si, à long terme, la Chine et la Russie seront les principaux rivaux des Etats-Unis. C’est vite oublier que le continent affichant les plus gros taux de croissance ces dernières années est l’Afrique, malgré, évidemment, un retard énorme. On peut aussi se demander si l’ingérence brutale des Etats-Unis à l’étranger ne peut pas entraîner un effet boule de neige contre eux, et ainsi perdre de précieux alliés en plus d’affaiblir son Soft Power… Mais surtout, il convient de souligner un bouleversement majeur en Chine qui pourrait contrarier la stratégie Américaine : Les Etats-Unis souhaitent faire diminuer les exportations Chinoises en leur coupant l’herbe sous le pied en Asie du sud-est. C’est ne pas savoir que la crise actuelle en Chine résulte d’un déséquilibre : les prix des exportations Chinoises ont augmenté ces dernières années en raison de l’augmentation des salaires dans l’empire du milieu, elles sont donc moins compétitives sur le marché mondial. Les entreprises Chinoises elles-mêmes délocalisent au Vietnam. Or la demande interne ne suffit pas à compenser le déficit d’exportation. C’est pourquoi, depuis quelques temps, la politique économique Chinoise s’oriente de plus en plus vers une économie de la demande, au détriment des exportations, une demande d’un milliard quatre-cent millions d’individus, soit plus de quatre fois la population Américaine… en plus du projet Chinois de nouvelle route de la soie, autre moyen de contrer l’interventionnisme Américain au Moyen-Orient, visant à développer ses transports et ses apports énergétiques vers l’Europe, l’Asie centrale et l’Afrique. Le containment Américain ne fait qu’accélérer ce processus. Le grand défaut des marins est de trop s’éloigner pendant que les paysans continuent de cultiver…

rs

 

 

Petit Adrien

Janvier 2016

 

Sources

Numéro 7 du magazine Conflit

Chroniques du choc des civilisations, Aymeric Chauprade, édition Chroniques

Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire, Aymeric Chauprade, éditions Ellipses

http://www.latribune.fr/economie/international/tpp-le-japon-et-les-etats-unis-confirme-la-signature-d-un-large-accord-510833.html

http://www.revueconflits.com/

http://blog.realpolitik.tv/

http://www.lexpress.fr/actualite/l-inquietude-de-l-inde-face-aux-actions-de-la-chine_1702886.html

http://www.chinausfocus.com/finance-economy/tpp-or-ftaap-what-it-means-for-us-and-the-asia-pacific-region/

http://chine.blogs.rfi.fr/category/tag-pour-votre-blog-encres-de-chine/apec-chine-zone-de-libre-echange-asie-pacifique-

http://www.latribune.fr/economie/international/asie-pacifique-pour-contrer-le-tpp-la-chine-relance-son-projet-de-plus-grande-zone-de-libre-echange-du-monde-521258.html

]]>
/sans-categorie/le-tpp-une-mesure-de-containment/feed/ 0
Fiche pays Jordanie /sans-categorie/fiche-pays-jordanie/ /sans-categorie/fiche-pays-jordanie/#respond Thu, 02 Jun 2016 13:00:02 +0000 /?p=12213  

SOMMAIRE

1. Présentation de la Jordanie

2. Economie

3. Politique intérieure

4. Le risque pays

5. Politique extérieure

6. La France et la Jordanie

7. Conclusion

Sources

 

PRESENTATION DE LA JORDANIE

  • Géographie

Bordée au Nord par le Yarmouk, et à l’Ouest par le Jourdain, la Mer Morte et le Wadi Araba, la Jordanie dispose, à Aqaba, d’une ouverture large de quelques kilomètres sur la Mer Rouge. Son territoire est composé à 80% de déserts qui s’étendent à l’Est en direction de l’Irak et, au Sud-Est, vers l’Arabie Saoudite. 1.Géographie

La Jordanie, en forme longue le Royaume hachémite de Jordanie, est un pays d’Asie occidentale dont la superficie est de 92300 km². Sa capitale est Amman.

Voisine immédiate de l’Irak et de la Syrie, elle accueille des centaines de milliers de réfugiés en provenance des zones de guerre, et continue actuellement à en recueillir. Ils étaient au nombre de 811 000 en janvier 2015, selon l’Agence des

Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR). Soit un habitant sur neuf.

Le climat jordanien est sec et chaud et la Jordanie figure parmi les pays du monde les moins riches en eau. La Jordanie s’est modernisée et est entrée dans le 21e siècle.

  • Histoire

Outre la Transjordanie à partir de 1921, les Hachémites ont régné sur l’Irak et le Hedjaz, province occidentale de l’actuelle Arabie saoudite. Ennemis des Turcs pendant la Première guerre mondiale, ils bénéficient du soutien des Britanniques, notamment de Lawrence d’Arabie, pour engager une grande révolte arabe. Arrière grand-père du roi Hussein, le chérif de la Mecque proclame l’indépendance du Hedjaz, en novembre 1916. Il en est chassé en 1924, et définitivement dépossédé du Hedjaz fin 1925, par Abdel Aziz Al-Saoud, qui s’apprête à réunir les diverses provinces de la péninsule arabique pour fonder son royaume.

2.Histoire

Le pouvoir des Hachémites continue de s’exercer sur deux royaumes, l’Irak et la Transjordanie, confiés respectivement à Fayçal et Abdallah – les deux fils de Hussein – par la Grande-Bretagne. L’émirat de Transjordanie est créé en 1921.

La Jordanie est une monarchie constitutionnelle dont les actuels souverains sont, depuis le 7 février 1999, le Roi Abdallah II et la reine Rania.

  • Démographie

La population de Jordanie est estimée à 6 460 000 habitants avec 51,4 % d’hommes et 48,6 % de femmes (mars 2015, source : http://countrymeters.info/fr/Jordan). Environ 98 % de la population sont des Arabes. Avant l’occupation de la Cisjordanie en 1967, environ 70 % de celle-ci étaient Palestiniens. Actuellement, il y a 1 951 603 réfugiés Palestiniens dans le pays. Les Tcherkesses composent la grande partie des 2 % restants. Les autres groupes ethniques minoritaires sont les Tchétchènes, les Turkmènes, les Kurdes et les Bosniaques. L’Anglais est parlé par la classe aisée, l’élite, l’armée, et les milieux du tourisme. La densité de la population est de 72,31 hab/km2 avec une croissance démographique de 2,2 % (en 2014).

  • Religion

L’islam est la religion d’État. Selon les estimations officielles, 92 % des habitants sont sunnites et les chrétiens représentent 6 % de la population. Les chrétiens sont surtout grecs-orthodoxes ; cependant, on compte aussi des grecs-catholiques, des orthodoxes coptes, des orthodoxes arméniens, des syriens orthodoxes et un petit nombre de protestants et de catholiques latins. Le pays abrite aussi des chiites et des druzes.

  • Monnaie

Devise : Dinar jordanien

Taux d’échange actuel : 1JD = 1,26

ECONOMIE

  • Conjoncture économique

La Jordanie est une économie émergente de taille modeste, avec un PIB supérieur à 24 Milliards d’euros, tiré par le secteur des services financiers – la première banque arabe est une banque jordanienne – mais aussi le tourisme, le commerce et l’immobilier. Le secteur manufacturier représentait moins de 30% du PIB en 2013. L’économie jordanienne a été largement libéralisée et privatisée dans les années 2000, période de forte croissance.

La Jordanie dispose de ressources naturelles et énergétiques très limitées (absence d’hydrocarbures, pénurie d’eau), ce qui l’oblige à importer une grande part de ses besoins et ce qui rend son économie vulnérable. La Jordanie est l’un des pays de la région les plus engagés dans les réformes (privatisations, réformes fiscales, ouverture du secteur bancaire…). Les trois principales richesses du pays sont le phosphate, le potasse et le calcaire. Des réformes économiques récentes visant à libéraliser le commerce et à attirer les investissements ont permis à la Jordanie d’afficher de bonnes performances. Le taux de croissance du PIB a été de 3,5% pour l’année 2014 contre 3,3% en 2013.

L’économie jordanienne a subi de plein fouet l’impact combiné de la crise financière internationale, du printemps arabe et de la crise en Syrie sur son commerce extérieur et sur les flux touristiques. Son taux de croissance, après avoir oscillé autour de 8% entre 2004 et 2008, s’est stabilisé à un niveau plus modeste (estimé à +3,3% en 2014), légèrement supérieur à celui de la population (+ 2,2%). Le taux de chômage était de 12,6% en 2015.

Le pays est marqué par un déficit budgétaire important marqué par un lourd endettement qui a atteint 89% du PIB fin 2014. Toutefois, le développement de la Jordanie bénéficie en 2014 de l’attention – notamment financière – des grands pays occidentaux et des monarchies du Golfe car le pays a su devenir un élément central de la stabilité du Proche et Moyen Orient en assurant la tranquillité des frontières qu’elle partage avec l’Arabie Saoudite, l’Irak et Israël notamment. Le royaume reçoit un soutien budgétaire important de la part de ses principaux partenaires (FMI, BM, Etats-Unis, pays du Golfe, UE, Japon, France).

La pauvreté, le chômage, une importante dette extérieure et une forte dette publique demeurent les principaux obstacles du pays. L’économie jordanienne reste vulnérable aux chocs externes et aux troubles régionaux.

L’afflux massif de près de 620.000 réfugiés syriens pèse également sur les infrastructures (éducation, santé notamment) et les ressources du pays (eau, énergie), ainsi que sur la situation de l’emploi et le marché immobilier.

  • Principaux indicateurs économiques

3.

4.

Source : http://fr.tradingeconomics.com/jordan/gdp

  • Secteurs d’activité

L’agriculture représente 3,2% du PIB et emploie seulement 1,3% de la main d’œuvre locale. Le manque d’eau constitue un obstacle au développement de l’agriculture. Les principales récoltes sont le blé, l’orge, les lentilles, les tomates, les aubergines, les agrumes, les olives et les raisins. Les phosphates et le potassium sont les seules ressources naturelles du pays. Il est à noter que 6 gisement d’uranium ont été identifiés représentant 3% des réserves mondiales mais restent à ce jour non exploités.

L’industrie (principalement pharmaceutique) et l’exploitation minière contribuent à 29,9% du PIB, et concentre 17,9% de la main d’œuvre. Le secteur manufacturier est plutôt limité et dominé par les textiles, secteur actuellement en crise à cause de la concurrence internationale.

Le secteur tertiaire, qui emploie plus de 80,7% de la main d’œuvre, aura contribué environ aux deux tiers du PIB en 2013 (67%). La Jordanie est particulièrement active dans le domaine des technologies de communication et des services financiers. Les secteurs de la distribution et des infrastructures touristiques contribuent aussi de manière importante au PIB, bien qu’ils aient connu un ralentissement au cours de ces dernières années. Les secteurs de la construction et des transports sont en plein essor. Le gouvernement encourage également les secteurs des nouvelles technologies de l’information et du tourisme.

(Source : “Market Analyses about Jordan” de Globaltrade.net, the Directory for International Trade Service Providers.)

5.

6.

POLITIQUE INTERIEURE

La Jordanie, par ses choix politiques et économiques, se veut un exemple de modération et de modernité au Proche-Orient. Dans un environnement régional marqué par les crises, elle s’efforce de préserver sa stabilité et son identité. Sa population est pour moitié transjordanienne et pour moitié d’origine palestinienne. Le HCR recense deux millions de réfugiés palestiniens enregistrés dont 17% vivent encore dans dix camps répartis sur le territoire. La communauté irakienne est également importante (450 000 selon les autorités dont 25 000 réfugiés selon le HCR) et le nombre des réfugiés syriens augmente de jour en jour (620 000 selon le HCR).

Marquée par le printemps arabe, la Jordanie a connu à partir de janvier 2011 une contestation politique et sociale d’amplitude moyenne. Celle-ci s’est exprimée de manière globalement pacifique mais a pu donner lieu à des heurts ponctuels et localisés. Les manifestants ont exprimé des revendications d’ordre économique et politique.

D’une part, les classes modestes et moyennes réclamaient plus de justice sociale et une lutte plus efficace contre la corruption. D’autre part, plusieurs partis politiques, réunis sous la bannière du Front national pour la Réforme, appelaient à des réformes institutionnelles, notamment la modification de la loi et du découpage électoraux et la désignation du Premier ministre par la Chambre des députés.

Dans ce contexte, le gouvernement a lancé une réforme constitutionnelle en septembre 2011, afin d’étendre les prérogatives de l’autorité judiciaire, renforcer les pouvoirs du parlement et créer une cour constitutionnelle. La loi électorale a également été modifiée en juillet 2012. Des élections législatives se sont déroulées le 23 janvier 2013, leur déroulement a été qualifié de « globalement transparent » par la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Le Premier ministre Abdallah EL-NSOUR a été reconduit dans ses fonctions le 30 mars 2013.L’ampleur des manifestations s’est atténuée au cours de l’année 2013.

  • Sécurité

Le Royaume hachémite de Jordanie, pôle de stabilité dans un environnement régional particulièrement instable, n’est cependant pas à l’abri de troubles, et du risque terroriste en particulier.

La Jordanie connait une menace permanente d’attentats. Cette menace est bien prise en compte par les autorités jordaniennes qui continuent de se mobiliser pour prévenir le risque terroriste ou toute infiltration aux frontières. La plupart des lieux publics font l’objet d’une vigilance renforcée, parfois de filtrages de sécurité, auxquels il faut se conformer.

La situation, calme à ce jour, mais susceptible d’évoluer brutalement, doit donc inciter à faire preuve de grande prudence, à se tenir informé des développements régionaux et à consulter régulièrement.

Par ailleurs, du fait de l’intervention de la coalition internationale contre Daech et des menaces existant à l’encontre de la France et de ses ressortissants, une vigilance accrue est nécessaire, et requiert notamment d’adopter une attitude générale de prudence dans la fréquentation des lieux publics aux heures de grande affluence. Les événements en cours en Syrie incitent à déconseiller formellement tout déplacement vers le nord du pays, et particulièrement aux abords de la frontière entre la Jordanie et la Syrie, cette zone étant classée rouge, y compris le site touristique de Gadara/Oum Qaïs. Les déplacements à la frontière avec l’Irak sont formellement déconseillés.Enfin,il est fortement déconseillé de se rendre de Jordanie en traversant la péninsule du Sinaï ou d’y entreprendre un voyage.

  • Transport

À l’exception d’un système de chemin de fer, la Jordanie dispose d’un système de transport public et privé développé. Comme ce est un pays de transit pour les marchandises et les services aux territoires palestiniens et l’Irak , la Jordanie maintient une infrastructure de transport bien développée. Jordan classé comme ayant la meilleure infrastructure 35e dans le monde, l’un des meilleurs classements dans le monde en développement, selon l’indice du Forum économique mondial de la compétitivité économique.

  • Transport routier : La densité des routes est le rapport de la longueur du réseau routier total du pays à la superficie du pays. Le réseau routier comprend toutes les routes dans le pays: autoroutes, routes principales ou nationales, routes secondaires ou régionales, et d’autres routes urbaines et rurales.
  • Transport maritime : En 2006, le port d’Aqaba a été classé comme ayant le “Meilleur terminal à conteneurs” au Moyen-Orient par la Liste de Lloyd.
  • Transport ferroviaire : le réseau ferroviaire est quasi inexistant. Il en existe deux. Le chemin de fer du Hedjaz Jordan dirige un train de voyageurs par jour dans chaque sens.
  • Transport aérien : Il y a trois aéroports internationaux en Jordanie. La Jordanie a trois aéroports commerciaux, tous les recevoir et de transmettre les vols internationaux. Deux sont dans Amman et le troisième est dans Aqaba . Le plus grand aéroport du pays, servant de plaque tournante de la compagnie nationale Royal Jordanian , est l’aéroport international Queen Alia à Amman. L’aéroport est actuellement en expansion significative
  • Santé

Dans l’ensemble, les conditions sanitaires en Jordanie sont bonnes. On peut considérer que le risque sanitaire n’est pas important pour le voyageur. L’infrastructure médicale est satisfaisante dans les hôpitaux d´Amman. Il n’est donc, dans de nombreux cas (même graves), pas indispensable d’envisager un rapatriement sanitaire. En cas de problème, on contactera toutefois sa compagnie d’assistance et, éventuellement, l’ambassade de France à Amman. Cependant, on constate aujourd’hui une réapparition de cas de poliomyélite, de rougeole, de rubéole et de tuberculose comme conséquence de la détérioration de la situation sanitaire en Syrie. Il est recommandé de vérifier que les vaccinations contre ces types d’affections sont à jour avant tout voyage vers la Jordanie et sa région. Par ailleurs, les mesures d’hygiène classiques sont recommandées pour limiter les risques de transmissiondu Coronavirus.

LE RISQUE PAYS

  • Tensions politiques et sociales persistantes

Depuis début 2011 des manifestations se poursuivent, à l’aune des événements dans divers pays arabes. Le système électoral en vigueur pour les législatives de janvier 2013, boycottées par une partie de l’opposition, a permis de reconduire une majorité favorisant les zones rurales, au détriment des aspirations politiques et sociales de la population urbaine majoritair7.e, dont une forte part d’origine palestinienne. Le gouvernement reste néanmoins confronté aux exigences divergentes des loyalistes et des tribus d’une part, et de l’opposition d’autre part, en particulier du Front d’action islamique, émanation des Frères musulmans, désormais affecté par des divisions internes. En tout état de cause, en dépit d’une amorce de réformes, le roi Abdallah II – qui conserve un large soutien dans la population et l’appui des forces armées – souhaite conserver l’essentiel du pouvoir. Par ailleurs, un regain de la contestation sociale est possible en réaction aux réductions des subventions induites par l’accord avec le FMI. Enfin, la Jordanie reste exposée à l’instabilité politique régionale, particulièrement à cause de l’essor en Syrie et en Irak du groupe terroriste de l’organisation Etat Islamique, avec un important afflux sur son sol de réfugiés syriens (représentant près de 10% de la population).

 

  • Légère progression de la croissance attendue en 2015

Une légère progression de la croissance est attendue en 2015 malgré la recrudescence de très fortes tensions dans les pays voisins – particulièrement la guerre civile en Syrie et en Irak – qui va continuer d’affecter l’économie jordanienne. En effet, côté demande, la consommation publique et privée devrait soutenir la croissance, en dépit d’un taux de chômage élevé (13% en 2014). Du côté de l’offre, le secteur de la construction et les services (deux tiers du PIB) – notamment la finance, les transports et le commerce – continueront d’apporter une contribution déterminante.

  • Maintien d’importants déficits budgétaire et extérieur ayant entraîné un recours au FMI mi2012

Le cumul d’importants déficits budgétaires a contraint la Jordanie à recourir, en août 2012, à un prêt du FMI de 2 Mds$ sur trois ans. Cet accord impliquant notamment une réduction des subventions et une hausse de certaines taxes, le déficit pourrait diminuer en 2015. Cependant l’accumulation des déficits de l’Etat et de la compagnie nationale d’électricité NEPCO conduit à une forte augmentation de l’endettement public, majoritairement interne et en grande partie financé par les banques locales. Les exportations de biens ne devraient que légèrement augmenter en 2015, les ventes en Asie compensant partiellement la chute des réexportations vers l’Irak et la faible vigueur de la demande européenne. Elles demeurent, en outre, exposées aux variations des cours mondiaux des phosphates et de la potasse. D’autre part, les importations d’hydrocarbures continueront de peser sur les comptes extérieurs malgré la baisse récente des prix du pétrole. Toutefois, la Jordanie reçoit du pétrole irakien à moindre coût et du gaz égyptien à prix réduit, quoique cet approvisionnement soit aléatoire. De plus, la facture des importations d’énergie devrait se réduire grâce à la mise en service mi 2015 d’une unité de liquéfaction de gaz naturel à Aqaba. Au total et en raison de la résilience des transferts des expatriés, le déficit courant devrait diminuer. Il restera en partie financé par des investissements directs étrangers issus principalement des pays du Golfe.

Par ailleurs, le ratio d’endettement extérieur se stabilise à 70% du PIB, le pays devant continuer de profiter de flux d’aide bilatérale et multilatérale à des taux concessionnels. En dépit du problème de la forte proportion de la dette à court terme, l’augmentation escomptée des réserves en devises (à plus de sept mois d’importations) doit renforcer la capacité de résistance du pays à d’éventuels chocs ainsi que l’ancrage du dinar jordanien au dollar américain.

  • Relative attractivité du pays au plan des affaires

Les indicateurs de compétitivité et de gouvernance restent relativement corrects à l’échelle de la région, nonobstant les problèmes liés à la bureaucratie, aux allégations de corruption ou à la protection des investissements. L’attractivité du pays repose notamment sur la qualité des infrastructures, la solidité et le dynamisme du système bancaire, ainsi que l’ouverture économique qui a permis la création de zones franches et de partenariats public-privé.

Quant aux entreprises locales, elles demeurent tributaires des tendances économiques dans les pays limitrophes et dans ceux du Golfe. Il n’est pas constaté de dégradation significative de leur situation et leur comportement de paiement observé par Coface est proche de la moyenne mondiale. Néanmoins, les problèmes ponctuels possibles, aussi bien avec des entreprises privées que publiques, incitent à la prudence.

POLITIQUE EXTERIEURE

L’alliance avec les Etats-Unis constitue le fil rouge de la diplomatie jordanienne, ce qui a été encore rappelé lors de la visite du Roi Abdallah II aux Etats-Unis début décembre 2014. Les Etats-Unis fournissent à la Jordanie une aide militaire et économique importante. Un accord de libre-échange a été signé en 2001 (le premier entre Washington et un pays arabe) et les Etats-Unis sont le 3ème fournisseur et le 1er client de la Jordanie.

Second pays arabe, après l’Egypte, à avoir signé un accord de paix avec Israël (1994), la Jordanie est fortement mobilisée en faveur d’une relance des négociations de paix israélo-palestiniennes. Elle joue à cet égard un rôle important en tant que membre arabe du Conseil de sécurité depuis janvier 2014. Le Roi de Jordanie rappelle régulièrement l’urgence de mettre en œuvre une solution prévoyant la création d’un Etat palestinien sur la base de l’initiative arabe de paix. Le Royaume a nommé le 28 septembre 2012 un nouvel ambassadeur à Tel-Aviv.

La relation avec les pays du Golfe se développe, notamment avec le Koweït (premier investisseur étranger en Jordanie), les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, qui est l’autre grand partenaire économique. La relation avec le Conseil de Coopération des Etats Arabes du Golfe fait l’objet d’un partenariat renforcé dont les projets de coopération s’appuient sur une enveloppe de 5 Mds$ d’aides projets sur 2012-2017.

La Jordanie subit de plein fouet l’impact de la crise syrienne. Alors qu’elle fait face à une menace sécuritaire due aux combats qui font rage de l’autre côté de sa frontière nord, elle a accueilli un flux important de réfugiés syriens (620.000 inscrits au HCR, plus de 1.300.000 selon les autorités en incluant les Syriens déjà présents en Jordanie avant le conflit). Le camp de Zaatari, situé près de la frontière syrienne, compterait près de 80.000 résidents.

La Jordanie est très préoccupée par les conséquences des crises régionales sur sa propre stabilité. Membre du Core group des Amis du peuple syrien, la Jordanie est mobilisée en faveur d’un règlement politique du conflit syrien. Elle a apporté son appui au nouveau gouvernement irakien avec l’espoir que celui-ci conduira un processus politique impliquant toutes les composantes du peuple irakien. Elle s’est associée à la Coalition internationale visant à soutenir l’Etat irakien dans sa lutte contre l’organisation terroriste Daech. Dans ce cadre, elle a participé à des frappes aériennes conduites contre cette organisation terroriste depuis le 23 septembre en Syrie.

LA FRANCE ET LA JORDANIE

  • Relations bilatérales

La France et la Jordanie sont liées par une relation d’amitié et de confiance. La France partage une grande proximité de vues avec la Jordanie sur de nombreux sujets régionaux et internationaux. Le dialogue entre les deux pays est donc étroit et approfondi, il s’illustre par la régularité de leurs contacts bilatéraux à haut niveau.

Le Roi Abdallah II et la Reine Rania ont tenu à marquer leur solidarité avec la France en participant, aux côtés du Président de la République, à la marche du 11 janvier en hommage aux victimes des attentats des 7 et 9 janvier 2015.

Le Roi Abdallah II de Jordanie a effectué une visite de travail en France, les 17 et 18 septembre 2014, au cours de laquelle il a été reçu par le Président de la République François Hollande, le Premier ministre, et les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ce déplacement a été l’occasion d’un dialogue approfondi sur les crises régionales et a fait l’objet d’un communiqué conjoint. La France et la Jordanie ont ainsi marqué leur soutien conjoint à la mobilisation internationale contre le terrorisme et leur soutien au nouveau gouvernement irakien ; la nécessité de relancer les efforts de paix israélo-palestiniens ; leur condamnation unanime de la violence en Syrie et l’urgence de la mise en place d’une transition menant à une solution politique globale.

Sur le volet bilatéral, cette visite a illustré la qualité de la relation franco-jordanienne et l’attachement de nos deux pays à l’approfondir. Plusieurs accords ont été signés en présence du Roi et du Président de la République, ils ont marqué le renforcement de notre coopération dans des secteurs clés comme le développement économique durable, le développement local (en particulier à Aqaba), la gestion durable des ressources en eau, les énergies renouvelables et les médias. Le Roi Abdallah II a également été accueilli au MEDEF où il a eu un échange direct avec les entreprises françaises consacré à l’environnement économique et aux opportunités d’affaires en Jordanie.

Le Ministre des Affaires étrangères et du Développement international a reçu à Paris le 8 janvier 2015 son homologue jordanien, M. Nasser Joudeh, afin d’évoquer le conflit israélo-palestinien, la lutte contre Daech et la crise syrienne. Il s’était précédemment rendu à Amman le 19 juillet 2014 afin de marquer l’engagement de la France en faveur d’un cessez-le-feu dans le conflit de Gaza.

Les ministres jordaniens de l’Industrie et du Commerce, M. Hazem El Nasser, et de l’Eau et de l’Irrigation, M. Hazem El Nasser, ont effectué une visite en France les 6 et 7 mars 2014 afin de développer notre coopération économique. Ils ont notamment été reçus par la ministre du Commerce extérieur, le MEDEF, et l’Agence française de développement. Une délégation d’entreprises françaises s’est quant à elle rendue à Amman les 14 et 15 mai 2014 afin de participer au Forum de l’énergie organisé par le Club d’affaires franco-jordanien (CAFRAJ).

  • Relations économiques

Les relations économiques franco-jordaniennes ont connu un important développement à l’occasion de la privatisation de l’économie du royaume. Si la France n’est que le 17ème fournisseur de la Jordanie (13ème en 2012), nos exportations vers la Jordanie ont enregistré une bonne progression en 2013 atteignant un montant de 381,5 M€ (+ 11% par rapport à 2012). 54ème client de la Jordanie, la France a importé pour 48,5 M€ de produits en 2013, ce qui a porté notre excédent commercial à 333 M€.

Avec 1 Md€, la France se place au troisième rang des investisseurs étrangers, derrière le Koweït et l’Arabie saoudite, à parité avec les Etats-Unis. La France est surtout présente dans les télécommunications qui représentent 66% des investissements français (France Telecom), les services bancaires, la production de ciment (Lafarge), la distribution et le traitement des eaux (Veolia, Suez), la distribution de carburant (Total) et les transports (gestion de l’aéroport d’Amman par ADP).

  • Coopération culturelle, scientifique et technique

La France entretient une coopération scientifique et technique variée dans des secteurs clés de l’économie jordanienne tels que l’énergie, l’eau et le tourisme. La bonne gouvernance, la justice, la modernisation de l’Etat, la valorisation des ressources archéologiques et la culture font aussi partie de nos priorités.

L’antenne de l’Institut Français du Proche-Orient (IFPO) d’Amman conduit des recherches archéologiques, d’histoire et de sociologie contemporaine d’intérêt scientifique pour la France et la Jordanie. L’Institut français de Jordanie (IFJ) est l’opérateur culturel de la France en Jordanie. Il assure notamment la promotion et la diffusion de la langue et de la culture françaises par des cours de français et une ambitieuse programmation culturelle. Il s’associe également avec les acteurs culturels jordaniens afin de promouvoir des projets conjoints.

Le nouveau lycée français d’Amman, inauguré en septembre 2013, constitue un vecteur de renforcement de notre coopération éducative, culturelle et linguistique avec la Jordanie.

Avec un volume de financements en cours de 560 M€ (août 2014), l’Agence française de Développement (AFD) et sa filiale PROPARCO se placent parmi les principaux bailleurs de fonds bilatéraux du Royaume hachémite. L’Agence se concentre sur les secteurs essentiels pour le développement économique et social du pays : eau, énergie, transports et développement local (y inclus la création d’emplois). Elle a octroyé, avec PROPARCO, 200 M$ en 2009 pour le projet d’adduction d’eau de la nappe de Disi, inauguré par le Roi de Jordanie en juillet 2013. La visite en France du Roi Abdallah II en septembre 2014 a permis la signature d’un Memorandum d’entente qui fixe le cadre d’intervention de l’AFD en Jordanie pour la période 2014-2016. Cet accord prévoit notamment un engagement fort de l’Agence dans le secteur de l’eau sous la forme d’un appui aux réformes et d’un soutien au développement des infrastructures.

CONCLUSION

8.

SOURCES

]]>
/sans-categorie/fiche-pays-jordanie/feed/ 0