“Ce que Poutine a donné à l’Arménie et ce qu’il a pris”

   

I) Présentation du journal et de l’article

            a) Le journal

Le journal se nomme « HETG » qui signifie « TRACE ». Il a été  fondé en 2011 à Erevan qui est la capitale de l’Arménie.

C’est un journal en ligne qui peut être consulté gratuitement. Depuis 2009, le journal est diffusé également en version anglaise. Le journal se base  sur des articles, des interviews, des enquêtes journalistiques et des films d’investigations. L’apparition de ce journal a introduit le journalisme d’investigation.

En effet « HETQ » se caractérise par des  enquêtes journalistiques qui sont réalisées de manière régulière  et souvent menées en équipe. Ce phénomène est nouveau pour l’Arménie où ils n’ont pas pour credo de donner la possibilité aux journalistes de faire leur travail dans les meilleures conditions.

Par ailleurs,  « HETQ» donne la possibilité à ses lecteurs d’envoyer leurs commentaires et leurs recommandations concernant les articles publiés. Le journal a eu beaucoup de récompenses : par exemple en 2004, « HETQ » a été récompensé pour sa contribution significative dans le cadre de la lutte contre la corruption.

En ce qui concerne la pensée politique du journal, nous pouvons constater que c’est un journal d’opposition qui attaque et met à mal le pouvoir en place avec des révélations sur des sujets poignants comme la corruption.

b) L’article

L’article présenté dans ce dossier concerne la visite du président russe en Arménie, le 2 décembre 2013. Une visite qui s’inscrit dans un contexte particulier.

En effet, ces derniers mois, l’Arménie se trouvait devant un dilemme : choisir l’Europe en signant les accords d’associations avec l’Union européenne soit entrer dans l’Union Douanière composée de la Biélorussie, du Kazakhstan et évidemment de la Russie qui la dirige.

Les impressions tirées de la lecture des actualités avaient tendance à aller dans le sens de rapprochement avec l’UE. Mais à la surprise générale, lors d’une visite officielle à Moscou,  le 3 septembre 2013, le président arménien Serge Sarkissian a annoncé que l’Arménie allait rejoindre l’Union Douanière. Cette annonce a provoqué un choc dans la population et dans les rangs de l’opposition qui sont persuadés que le président a pris cette décision sous les menaces de Vladimir Poutine.

L’article a été rédigé le 3 décembre 2O13 par Armen Aragelyan qui est un journaliste d’opposition  spécialisé dans les questions politiques et géopolitiques.

II) Traduction de l’article

 

 “Ce que Poutine a donné à l’Arménie et ce  qu’il a pris”

                                                                                    19h47, le 3 décembre 2013 – Arman Araqelyan

                                                                

Après  la visite officielle de Vladimir Poutine, le pouvoir arménien a caractérisé cette visite comme unique en lui donnant une importance historique. Mais en réalité, cette visite répondait seulement aux intérêts militaires de la Russie et non à ceux de l’Arménie. Ainsi si on regarde de plus près on constate que c’était plus une visite de travail qu’officielle.

Pour argumenter les propos, si nous avions été dans le cas d’une visite officielle, il est évident que M. Poutine aurait dû commencer sa visite par Erevan et non par Gyumri pour une raison très simple : Erevan est la capitale. Le choix de Gyumri pour commencer la visite a été imposé par la Russie et bien évidemment, Erevan n’avait pas le pouvoir de refuser pour ne pas mettre en question l’arrivée de ce président d’une importante capitale.

En choisissant de débuter sa visite par Gyumri, M. Poutine a montré  une attitude irrespectueuse et d’indifférence, non seulement  à la République d’Arménie, mais aussi et en particulier, aux habitants de l’Arménie. En général, le pays qui reçoit doit avoir plus de conviction, et doit donner une place très importante aux détails du protocole qui sont souvent plus importants que la signification et le contenu de la visite.

Durant le mois d’août, le président de la Russie avait planifié d’effectuer un tour en région Caspienne, en allant dans les pays proches de la mer du même nom. L’Iran, qui venait d’élire un nouveau président et pour qui la Russie est un partenaire stratégique important, a refusé de recevoir le président russe. Il a été demandé au nouveau président iranien, Hassan Rohani, de changer le lieu de la rencontre qui n’est plus à Téhéran, mais sur la plage de Bender-Engel. En effet Téhéran a considéré que la proposition  de Poutine était une humiliation pour le guide suprême Ayatollah Ali  Khamenei et a boycotté l’arrivée de Poutine.

Dans  le cas de la visite en Arménie, nous ne sommes pas dans la même situation. En effet, Vladimir Poutine est tout de même venu à Erevan, mais cela n’a pas changé le cœur du problème. Si dans le cas de l’Iran, l’humiliation réside dans le fait de ne pas se rendre à Téhéran, dans le cas de l’Arménie, l’importance a été donnée à sa base militaire qui se trouve à Gyumri. Poutine a fait comprendre au peuple arménien, mais aussi à la communauté internationale qu’il  n’était pas venu dans un État souverain, mais sur un territoire dans lequel se situe sa base militaire.

Afin de cacher cette situation inacceptable, les délégations arméniennes et russes avaient organisé une conférence économique  entre deux pays dont le but était d’assurer des discours des deux  présidents depuis Gyumri.

Malgré tout, cette rencontre a été positive pour la Russie, mais également pour l’Arménie. En effet, pour le pouvoir arménien il était important  de se rassurer que la volonté qu’avait  l’Arménie de s’associer avec l’Union européenne ne dégraderait pas ses relations avec la Russie, qui était tentée de l’abandonner. À travers cette visite, le président russe, dans son rôle du « père », a fait comprendre qu’il pardonnait pour cette fois-ci sont « fils » capricieux. Donc l’Arménie qui n’a plus un vrai soutien de la part de l’Union européenne a pu trouver un toit rassurant en choisissant  d’intégrer l’Union Douanière.

Le deuxième problème qui a pu être réglé concerne le prix du gaz et des dettes accumulées par l’Arménie. En raison d’un prix de gaz moins élevé pour le consommateur arménien, le problème tend à être résolu. D’après l’accord signé entre les deux pays, il a été convenu que la Russie va baisser de 30% le prix du gaz pour l’Arménie même si cela n’a aucune influence sur le prix que le consommateur final va payer. Ce qu’obtient l’Arménie est surtout une limitation pendant 5 ans, de l’augmentation du tarif.

La troisième incertitude concerne  les accords militaires signés avec la Russie. Poutine a assuré que l’Arménie pourrait obtenir des armes de la part de la Russie en payant le prix intérieur de la Russie. Mais, déjà auparavant, l’Arménie achetait des armes avec un prix bien inférieur. Donc ces accords ne donnent rien de nouveau à l’Arménie, mais permettent d’agir psychologiquement sur l’Azerbaïdjan.

La Russie augmente sa présence militaire en Arménie et va poursuivre ce processus. En effet, Poutine a confirmé cela de manière claire à Gyumri en disant que non seulement ils ne s’apprêtaient pas à quitter le Caucase du Sud, mais au contraire allait confirmer  et élargir leur présence. Personne ne peut assurer que  pendant la guerre, ces armements russes installés à Gyumry vont être utilisés pour défendre les intérêts de l’Arménie. À Erevan, Poutine a évité de répondre directement à cette question pour une raison très simple, c’est qu’il n’est pas prêt à une telle évolution de la situation.

La seule chose positive que l’Arménie a obtenue avec la visite de Poutine est que la Russie est à annuler les impôts douaniers concernant les produits alimentaires exportés de la Russie vers l’Arménie. C’est l’unique pas en avant effectué par la Russie à l’encontre de l’Arménie pour qu’il entre dans l’Union Douanière. Poutine était même surpris dans la volonté sincère de l’Arménie d’intégrer cette union.

La Russie a obtenu plus que l’Arménie  à l’occasion de la visite de Poutine. Tout d’abord la Russie  a privatisé la totalité du système énergétique de l’Arménie, mais aussi est devenue le seul actionnaire  de « arméno-russe gaz »en obtenant les 20% des actions qui appartenaient à l’État arménien. Donc la Russie « met dans sa poche »  l’Arménie et même si  ce dernier entre dans l’Union Douanière, elle ne sera jamais compétitive, n’aura aucune possibilité et le droit de fixer une politique autonome. Alors que la Russie obtient pour ses bases militaires, un territoire stratégique important. Mais en même temps ne veut pas être le responsable du destin de la population de ce territoire.  Portons  ainsi notre attention sur le fait que lors de sa visite Poutine n’a pas confirmé quand et comment l’Arménie allait joindre l’Union Douanière ? Finalement entrera-t-elle ou pas ? Il a mis tout simplement la responsabilité  sur les deux autres pays  membres de l’Union Douanière qui sont la Biélorussie et le Kazakhstan. En conclusion, la Russie ne donne aucune garantie sur le futur destin de l’Arménie.

Avec sa visite Poutine donne la possibilité à l’Arménie de « nourrir » sa propre  population avec des accords socio-économiques et militaires qui sont imaginaires. Par ces accords, la Russie justifie l’intégration de l’Arménie dans l’Union Douanière et se comporte de manière agressive  et menaçante au sujet des tentatives de l’Arménie de s’orienter vers une autre voie.

III) Analyse de l’article

  

En lisant l’article, nous pouvons avoir l’impression que l’Arménie est totalement dominée par la Russie, qu’il est sous son influence. Mais ce n’est pas une simple impression, c’est la réalité d’aujourd’hui.

En effet l’Arménie a  besoin de la Russie pour faire face à l’Azerbaïdjan avec qui  le pays est en situation de conflit depuis les 1990 en raison de Karabakh contrôlé par l’Arménie et que l’Azerbaïdjan réclame comme son territoire. L’Arménie toute seule ne pourra pas faire face à l’Azerbaïdjan, donc il a besoin d’un allié comme la Russie, qui a installé ses bases militaires sur son territoire.

En ce qui concerne la Russie elle menace régulièrement l’Arménie de lui abandonner contre l’Azerbaïdjan par exemple en vendant lui vendant des armes pour un milliard de dollars. Ces menaces ont pris de la force lorsque l’Arménie  a eu l’intention de signer le protocole d’association avec l’Union européenne.

Finalement sous la pression de la Russie l’Arménie a abandonné  cette idée et a décidé de rejoindre l’Union Douanière.

Donc l’Arménie a choisi la sécurité de son pays en renonçant plus ou moins à son autonomie. Cette perte d’autonomie est soulignée plus par les partis d’opposition. Mais on met aussi l’accent sur le fait qu’en choisissant la Russie l’Arménie ne pourra pas se développer  de manière démocratique  en donnant plus de place à la liberté d’expression.

Alors que la Russie joue sur deux tables différentes. D’un coté il veut garder son influence sur l’Arménie et d’un autre ne veut pas perdre un partenaire économique comme Azerbaïdjan  qui possède beaucoup de ressources naturelles (exemple : pétrole). Et c’est pour cette raison-là que la Russie évite de se positionner en cas de guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Pour faire une comparaison avec l’Ukraine qui a aussi refusé de signer les accords  d’intégrations dans l’Union européenne,  on constate qu’il y a le mécontentement d’une partie de la population. Elle demande le départ du pouvoir actuel et une organisation de nouvelles élections.Le mécontentement se traduit par des manifestations de grande ampleur à Kiev. Alors que par exemple la Géorgie a signé sans surprise les accords d’associations qui  lient son destin avec l’Europe et les Occidentaux d’une manière générale. La Géorgie est l’alliée principale des États-Unis dans le Caucase et l’ennemi de la Russie.

Ainsi on peut dire, que Poutine  veut revenir à l’esprit de l’URSS, c’est à dire avoir un bloc puissant face à aux pays occidentaux. Et l’idée de créer l’Union Douanière a comme objectif de faire naitre ce bloc.

Enfin pour conclure nous pouvons dire les habitants en Arménie sont partagés entre l’Europe et la Russie, entre la sécurité des frontières et  le désir de la démocratie, des droits de l’homme.

 

Bibliographie

  

http://hetq.am/arm/

https://www.facebook.com/hetqonline

http://hetq.am/arm/news/31147/inch-tvec-putiny-hayastanin-u-inch-tarav-aystexic.html

 

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