Introduction
Le Burkina Faso a longtemps porté le nom de Haute Volta. En effet, ce n’est qu’en 1984 que le pays a été renommé par Thomas Sankara[1] qui fut le dirigeant du gouvernement révolutionnaire populaire du Burkina Faso de 1983 à 1987. Burkina Faso signifie le « Pays des hommes intègres » en langues moré et dioula.
Le pays compte 19 512 533 habitants et est niché au cœur de l’Afrique de l’Ouest entre six pays : au nord entre le Mali et le Niger, au sud le Togo, le Bénin, le Ghana et la Côte d’Ivoire séparent le pays de la côte. Le Burkina Faso compte une très forte diaspora : 3 millions de Burkinabés vivent au Ghana, 3 millions en Côte d’Ivoire et 1,5 million au Soudan. Le régime politique est de type présidentiel. L’actuel Président de la République se nomme Roch March Christian Kaboré.
Le Burkina Faso compte plus de 60 ethnies et sous-ethnies mais cette pluralité ethnique n’empêche pas pour autant la cohésion nationale. Deux principales familles dominent le paysage ethnique burkinabé : la famille Voltaïque et la famille Mandé. La langue officielle du Burkina Faso est le français mais de nombreuses langues nationales sont parlées dont les plus courantes sont le moré, le dioula, le gulmancema et le foulfoulde.
La capitale Ouagadougou est située au centre du pays. Le Burkina Faso est membre de L’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA). C’est l’un des dix pays les moins développés du monde avec un indice de développement humain de 0,402 en 2015. Sur le plan monétaire, le franc CFA d’Afrique occidentale est la monnaie officielle du Burkina Faso.
Le Burkina Faso est un pays en voie de développement où l’agriculture représente 32% du produit intérieur brut et occupe 80% de la population active. Il s’agit principalement d’élevage mais également, surtout dans le sud et le sud-ouest, de cultures de sorgoo, de mil, de maïs, d’arachides, de riz. Le pays était à la première place du palmarès des 7 premiers producteurs africains de coton au milieu des années 2010.
En 2017, le Burkina Faso est classé 146ème par le programme « Doing Business » en ce qui concerne les affaires et est le 134ème pays où il fait le plus bon vivre.
Quelques données économiques :
- PIB : 10,678 milliards de dollars en 2015.
- PIB par habitant : 640 dollars en 2015.
- Taux de croissance réelle : 5,2% en 2016.
Evaluation des risques politiques
La stabilité politique du pays
Sur le plan politique et institutionnel, le Burkina Faso se singularise par une stabilit��, par une cohésion sociale, mais également par un élargissement continu des espaces de libertés. Cette stabilité politique et institutionnelle que connaît le pays depuis presque plus de deux décennies s’illustre par : –
- Existence effective d’un Etat de droit républicain
- Existence d’une démocratie multipartite
- Séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).
Un pouvoir exécutif fort
Le président du Faso est l’élément central du pouvoir exécutif, qu’il partage avec le Premier ministre[3]. Le président est élu pour un mandat de cinq renouvelable une fois. Toutefois, il est à notre sens important de rappeler que la constitution burkinabè a été révisée à trois reprises notamment en 1997 pour mettre fin à la limitation du mandat présidentiel, puis en 2000 pour ramener la durée du mandat présidentiel qui était de sept ans à cinq ans, et enfin en 2002 pour introduire à nouveau sa limitation à renouvelable une fois.
Un pouvoir législatif autonome
Le pouvoir législatif est exercé par l’Assemblée nationale avec des députés qui sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est soumis à un réel contrôle de la part du législatif.
Un pouvoir judiciaire indépendant
Le pouvoir judiciaire est indépendant et se compose d’une branche vouée au contrôle de constitutionnalité des lois, assuré par le Conseil constitutionnel[4].
Une pluralité ethnique qui n’empêche néanmoins pas la paix et la cohésion nationale
Le Burkina Faso a su gérer de manière harmonieuse et pacifique la diversité ethnique qui subsiste sur son territoire.
Le conflit malien : un risque potentiel pour le Burkina Faso ?
Le récent conflit malien présente un énorme risque économique, alimentaire et sanitaire pour le Burkina Faso qui dispose d’une frontière directe avec le Mali. En effet, la ville malienne de Gao se trouve à moins de deux cent kilomètres de la frontière burkinabè.
La corruption au Burkina Faso : la Douane, la Police et la Justice en tête du classement
Selon un récent rapport (2012) du Réseau national de la lutte anti-corruption (REN-LAC) sur le niveau de la corruption au Burkina. Il ressort des enquêtes d’opinion que la Douane, la Police et la Justice sont les structures les plus corrompues.
Terrorisme
Le Burkina Faso n’est malheureusement pas épargné par les attaques terroristes d’Al-Quaïda puisque le 15 janvier 2016 ont lieu les attentats de Ouagadougou. En effet, des hommes armés attaquent un bar et un restaurant dans le centre de la capitale et font 30 morts. Ces lieux sont principalement fréquentés par des Occidentaux. En août 2017, une autre attaque djihadiste fait 16 morts à Ouagadougou.
Criminalité
Dans l’ensemble, peu d’étrangers sont victimes d’actes de criminalité sur le territoire burkinabé. Néanmoins, il existe tout de même des actes de banditisme perpétrés par des coupeurs de routes qui n’hésitent pas à user de la violence armée pour parvenir à leur fin.
Evaluation des risques économiques et financiers
Le secteur agricole représente 33% du PIB et emploie 82% de la population active. Le coton constitue la principale culture de rente du pays.
Le Produit Intérieur Brut par habitant (PIB) pour l’année 2013, s’élève à 683 dollars US. Malgré une atmosphère économique hostile, les autorités burkinabè soutiennent que le PIB du Burkina a pu atteindre un taux de croissance de 8%.
Le taux d’inflation annuel : 3,82% (2012), soit 1,0 point de pourcentage de plus qu’en 2011.
En ce qui concerne le solde budgétaire (en % du PIB), il est de – 0,5 pour l’année 2012. Il est important de souligner qu’en 2012 pour la totalité des pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), les soldes budgétaires, dons compris, sont négatifs, ce qui traduit l’impact de la crise mondiale sur les économies de l’Afrique de l’Ouest[5].
Le solde courant (en % du PIB) : – 3,5 (2012).
La dette externe du Burkina Faso (en % du PIB) : 27,5 (2012).
Le solde commercial du Burkina : le déficit de la balance commerciale du Burkina Faso s’est fortement réduit au cours de l’année 2011, passant de – 417 milliards de FCFA en 2010 à – 103,6 milliards de FCFA en 2011. Pour 2012 le déficit de la balance commerciale est de 0,2 milliards de Dollars US.
La stabilité du taux de change : 1 euro = 655 FCFA
Evaluation des risques géographiques et environnementaux
Le Burkina Faso appartient à une zone climatique de type souadano-sahélien caractérisée par un déficit pluviométrique assez important mais aussi par une rigueur de la nature et un environnement naturel fragile à risques. Cette situation physique et climatique rend fragile l’agriculture burkinabé. De plus, la rareté et la mauvaise répartition des pluies provoquent des migrations de plus en plus fortes des populations principalement du nord et du centre vers les villes, le sud-ouest du Burkina Faso et les pays de côte.
Le pays doit également faire face à des risques sanitaires et épidémiques notamment avec le paludisme et la méningite. En effet, le Burkina Faso est classé dans les pays du groupe 3 concernant le paludisme (pays qui connaissent la forme la plus grave de la maladie). Pour la méningite, le pays se situe dans la « ceinture des méningites » de l’Afrique sahélienne (zone à haut risque épidémique en saison sèche).
Evaluation du hard power
Le « Pays des hommes intègres » dispose d’une armée aguerrie et de soldats disciplinés, bien formés et rigoureux dans l’exécution des tâches. Si la Côte d’Ivoire reste indéniablement la locomotive économique ouest-africaine, le Burkina Faso se place comme une puissance militaire ce qui explique les coopérations entre les deux pays.
Le Burkina Faso est membre de plusieurs organisations régionales et internationales : l’Union Africaine (UA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO), l’Organisation des Nations Unies (ONU)…
Evaluation du soft power
Le secteur cinématographique par le biais du FESPACO (Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou) constitue un véritable vecteur de rayonnement culturel pour le Burkina Faso. Cet évènement se tient tous les deux ans à Ouagadougou et représente une véritable vitrine pour le pays en le plaçant sur la scène culturelle internationale.
Récemment, la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest a été inaugurée en présence d’Emmanuel Macron mercredi 29 novembre 2017 à Ouagadougou. Le Président français en a profité pour délivrer un long discours devant des étudiants de l’université de Ouagadougou, discours abordant des sujets tels que l’assassinat de Thomas Sankara, la lutte contre le terrorisme, la migration, l’éducation… Voici les points clés de son intervention :
- Promesse de déclassification des archives françaises sur Thomas Sankara.
- Défense de l’intervention française dans le Sahel.
- Crise migratoire : « un crime contre l’humanité ».
- Franc CFA : « Je suis favorable à ce qu’on échange le périmètre ».
- Jeunesse, éducation et mobilité : « Multiplier les partenariats, les échanges, les formations croisés ».
- Démographie : « Je veux qu’en Afrique, partout, une jeune fille puisse avoir le choix ».
Le Burkina Faso compterait plus de cinq cent organisations non gouvernementales (ONG). Selon les médias, les acteurs eux-mêmes, le « pays des hommes intègres » demeure un pré carré de l’action des ONG. Cette ouverture à l’implantation des ONG en terre burkinabè, s’explique sans doute par une volonté des politiques à promouvoir la stabilité du pays.
Conclusion
Forces
Stabilité politique et sociale Puissance militaire ouest-africaine Une criminalité faible Un pouvoir législatif et judiciaire indépendant FESPACO (Vitrine du pays sur la scène culturelle internationale) |
Faiblesses
Taux de corruption élevé dans l’administration Pays enclavé Déficit pluviométrique important Système sanitaire peu performant
|
Opportunités
Population majoritairement jeune Jouer un rôle de stabilisateur dans la région vu la longue période de stabilité politique que connait le pays Promouvoir d’avantage le cinéma africain sur la scène internationale |
Menaces
Risque important lié au récent conflit malien |
Malgré la présence d’une grande pauvreté sur son territoire, une position géographique enclavée sans accès à la mer, des ressources naturelles limitées et une économie fortement tributaire des exportations de coton, le Burkina Faso est tout de même parvenu à maintenir le taux de croissance de son PIB à plus de 2% par an depuis 2000 et notamment à 5,2% en 2016. Cela est sans doute lié à la longue période de stabilité politique que connait le pays au cours des dernières années.
Toutefois le pays connait un fort taux de corruption notamment dans les structures douanières et policières mais aussi au niveau de la justice. Les conséquences qui peuvent en découler sont nombreuses et néfastes. En effet, la corruption affaiblit les institutions républicaines et pervertit la démocratie.
Sources :
http://www.jeuneafrique.com/497414/politique/burkina-faso-ce-quil-faut-retenir-du-discours-demmanuel-macron/
http://www.gouvernement.gov.bf/spip.php
http://www.jeuneafrique.com/497414/politique/burkina-faso-ce-quil-faut-retenir-du-discours-demmanuel-macron/
Atlas de l’Afrique : le Burkina Faso, Auteurs : Collectif, Les éditions J.A, 2005, p.116
Centre de Recherches sur les Espaces Tropicaux, Aspects du développement économique dans un pays enclavé : le Burkina Faso, Collection « Pays Enclavés » – N°9, 1998, p.98
Thomas Sankara parle : La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, p.449
Jacques BARRAT, Derek EL ZEIN, Nicolas LAMBERT, Géopolitique du Burkina Faso, Collection géopolitiques du XXIe siècle, SEM 2008, p.284
LEJEAL Frédéric, Le Burkina Faso, Karthala, 2002, p.335
http://www.zigzag-francophonie.eu/BURKINA-FASO-FESPACO-cinema-et
http://www.uneca.org/sites/default/files/document_files/16_cie_rapport_economique.pdf
[1] Thomas Sankara est né en décembre 1949 à Yako dans le centre du pays, il était militaire, homme politique panafricaniste et tiers-mondiste burkinabè. Thomas Sankara va incarner et diriger la révolution burkinabè du 4 aout 1983 jusqu’à son assassinat survenu en 1987, dans l’ouvrage Thomas Sankara parle : La révolution au Burkina Faso (1983-1987), Pathfinder, p.22-23
[2] LEJEAL Frédéric, Le Burkina Faso, Karthala, 2002, p.127
[3] Jacques BARRAT, Derek EL ZEIN, Nicolas LAMBERT, Géopolitique du Burkina Faso, Collection géopolitiques du XXIe siècle, SEM 2008, p.195
[4] Op.cit., p.199
[5] http://www.uneca.org/sites/default/files/document_files/16_cie_rapport_economique.pdf
[6] http://www.zigzag-francophonie.eu/BURKINA-FASO-FESPACO-cinema-et
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