Fiche pays : Lesotho
Informations générales :
Nom officiel : Royaume du Lesotho
Nom propre : Muso oa Lesotho
Continent : Afrique
Sous-continent : Afrique Australe
Capital : Maseru (environ 250.000 habitants)
Pays frontalier : Enclavé à l’intérieur de l’Afrique du Sud
Démographie : 2,240 millions d’habitants (2017)
Superficie : 30 355 km²
Densité : 72,60 habitants / km²
Structure politique : Monarchie constitutionnelle
Chef de l’État : Roi à rôle honorifique, Letsie III (depuis 1996)
Chef du gouvernement : Tom Thabane (depuis le 16 juin 2017)
Langues officielles : Sesotho, anglais
Principales ethnies : Sotho du sud et Zoulou
Principale religion : Christianisme
Monnaie : Loti (1€ = 16.35 LSL au cours 30/11/17)
IDH : 0,497 (2015)
PIB : 2,8 milliards USD (2017)
Introduction :
Le Lesotho est un pays d’Afrique austral avec une particularité géographique car il est enclavé au sein de l’Afrique du Sud. Cet enclavement le rend particulièrement dépendant de son voisin sur de multiples domaines comme l’économie par exemple.
Ce pays est sous le régime d’une monarchie constitutionnelle avec pour roi depuis 1996 : Letsie III. Depuis son indépendance en 1966, le pays fait partie du Commonwealth grâce à la langue anglaise qui est l’une de ses langues officielles. Cependant, elle obtient uniquement un soutien moral et non économique de cette adhésion.
Le Royaume du Lesotho fait partie de l’ensemble des pays les moins avancés au monde (PMA) qui rassemble à lui seul l’ensemble des défis des pays en sous-développement. A travers cette fiche nous analyserons sur quels domaines le Lesotho peut s’appuyer pour se développer et sortir de cette dépendance de l’Afrique du Sud.
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Evaluation du risque politique :
La stabilité du gouvernement et des institutions
Historiquement, le Lesotho a connu depuis 1966 des multiples événements d’instabilité politique comme par exemple des coups d’Etat militaire en 1986 et 1991. Après des élections contestées en 2007, l’implication de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) et le conseil des Eglises chrétiennes du Lesotho a permis une réforme de la loi électorale en permettant un accord entre la majorité et les oppositions politiques.
La première alternance démocratique et pacifique a été créée suite aux élections de 2012. Cependant suite à des tensions entre le premier ministre (membre du ABC) et du Vice-premier ministre (membre du LCD), le parlement a été suspendu le 10 juin 2014.
Suite à cette crise, de nouvelles élections ont été organise le 28 février 2015 et ont mis en place un gouvernement de coalition comptant sept partis différents. Cependant suite à l’assassinat d’un ancien Etat-major, une nouvelle crise politique apparaît et la SADC propose donc des recommandations pour essayer de trouver une issue durable pour retrouver une stabilité politique.
Ces recommandations ont créé d’importants désaccords qui ont amené à une scission au sein de la majorité politique du pays. Depuis novembre 2016, des remaniements ministériels ont eu lieu et ont conduit le parlement à voter une motion de défense contre le gouvernement en mars 2017. Résultat de ce vote, le parlement est dissous et des élections sont organisées le 3 juin 2017.
Suite à ces élections, un nouveau gouvernement de coalition est mis en place car le parti de Thomas Thabane n’obtient que 48 sièges sur 120. En septembre 2017, le chef d’état-major des armées est assassiné ce qui engendre une nouvelle instabilité. En décembre 2017 pour essayer d’apaiser la situation, la SADC a déployé une force conjointe de 250 hommes dans le pays.
Les conditions socio-économiques
Le Lesotho est l’un des pays les plus pauvres du monde, traduisant des conditions socioéconomiques très faibles. Il est classé dans la liste des pays les moins avancés au monde et son IDH est de 0.497 (167ème sur 194).
D’un point de vue de la population, le taux de croissance est de 0,41% par an. En 2015, l’indice de fécondité est de 3,18 enfants par femme. L’espérance de vie au Lesotho est de seulement 50 ans, ce qui est très bas. Le taux de mortalité est aussi très important dans ce pays avec plus de 19%. Pour le taux d’alphabétisation, il s’élève en 2011 à 87,40%.
Ces résultats socio-économiques s’expliquent par différents problèmes que rencontre le pays. En effet, plus d’une personne sur 4 est atteinte du VIH dans le pays, sans compter les épidémies de tuberculose. Le pays tente d’endiguer ses maladies avec l’aide des Nations Unies. Ainsi, une grande partie de la population malade est dans l’incapacité de travailler. Le travail des enfants est donc très développé comme le taux de viol qui est l’un des plus élevés du monde.
Les conflits internes
D’un point de vue des conflits internes du Lesotho, on constate de nombreux conflits d’origines politiques. En effet depuis son indépendance, de nombreux conflits politiques et des coup d’états militaires ont eu lieu. Cette instabilité est toujours d’actualité et freine le développement du pays.
De plus certain mouvement comme le « People’s charter movement » demande l’incorporation du Lesotho au sein de l’Afrique du Sud pour améliorer la situation économique, sanitaires et sociales du pays.
On constate rarement des conflits ethniques. En effet, les minorités ethniques du pays sont complètement effacées par l’ethnie majoritaire du pays qui représente presque 80% de la population.
Les pressions ethniques
La population du Lesotho est évaluée à 2,2 millions d’habitants environ. Il existe cinq ethnies importantes au Lesotho. L’ethnie des Sotho du Sud qui représente 79% de la population, celle des Zoulous (15% de la population), les Phuthis (2,3% de la population), les Sotho-Taung (1,5% de la population) et les Xhosas (1% de la population).
Il existe d’autres ethnies africaines mais aussi des petites communautés chinoises, indiennes et britanniques très activent dans l’économie du pays. Ces ethnies minoritaires sont souvent discriminées à cause d’une majorité écrasante et demandent une certaine reconnaissance égalitaire d’un point de vue socioéconomique.
Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel
Le Lesotho étant un pays enclavé au sein de l’Afrique du Sud, il a comme principal risque un conflit externe avec ce dernier. En effet, le royaume est sujet à une dépendance très importante de son voisin.
D’un point de vue économique, il est l’un de ses principaux clients et fournisseurs ce qui lui permet de réaliser des embargos à tout moment. L’Afrique du Sud emploie également une grande partie de la population du pays.
D’un point de vue politique, l’Afrique du Sud à travers la SADC est très impliquée dans la politique du pays et essaye par différents moyens de gérer l’instabilité. Cependant, cette implication pourrait être mal vu par la population dans les années à venir.
Le Lesotho est donc en position de faiblesse face à la puissance de l’Afrique du Sud. Son voisin pourrait donc à tout moment par différentes méthodes affaiblir considérablement le pays vu son implication politique et économique.
Le niveau de corruption
Selon l’indice de perception de la corruption en décembre 2016, le Lesotho est classé 83ème sur un total de 176 pays. Le pays lutte contre la corruption à travers des lois et un organisme : la « Direction de la lutte contre la corruption et les délits économiques ».
Cependant malgré la création de ces dernièrs, la corruption reste très présente sur les organismes et marchés publics. Dans le royaume, la majorité de la corruption se trouve à des niveaux hiérarchiques peu élevés même si la DCEO a déjà inculpé un ministère.
Il faut relativiser le résultat de 2016 car en 2013 le pays était classé 55ème ce qui traduit une croissance importante de la corruption au sein du pays depuis ses dernières années.
Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme
Le niveau de criminalité est important et de nombreux pays dans le monde ne conseillent pas à ces citoyens de se rendre au Lesotho, ce qui ralentit par conséquent le tourisme. En effet, on constate en 2012 un taux de 38 homicides volontaires pour 100 000 habitants selon l’UNODC.
Ce chiffre est explicable par l’instabilité politique, le marché de la drogue et la corruption. De plus, la faiblesse économique et sanitaire du pays pousse certains individus à la criminalité.
Evaluation des risques économiques et financiers :
En 2017, le taux de PIB par habitant du Lesotho est l’un des plus bas du monde avec 1330$ US. Le taux de croissance de son PIB en 2016 était de 2,4% et il est prévu à 3,8% en 2017. Cette croissance s’explique par le développement de son secteur tertiaire et les investissements dans le secteur minier.
L’eau est une force majeure du pays et représente aujourd’hui environ 3% de son PIB grâce à la revente de ses ressources hydrauliques. Le Lesotho Highlands Water Project (LHWP) lui a permis de devenir complètement autonome d’un point de vue électrique et d’avoir une bonne gestion de ses ressources en eau. En novembre 2017, quatre ministres du Lesotho, du Botswana, de la Namibie et de l’Afrique du Sud ont signé un accord visant à construire un barrage de construction et d’approvisionnement en eau du Lesotho au Botswana.
Malgré une croissance du PIB importante, la pauvreté touche 56,2% de la population et le taux de chômage s’élève à environ 25%. En 2016, la part des principaux secteurs d’activité dans le PIB était de 8% pour l’agriculture, 31,9% pour l’industrie et 60,1% pour les services. Pour lutter contre le chômage, le pays a mis en place un « Plan national de développement stratégique » qui prévoit de développer la participation du secteur privé et de l’entreprenariat au sein de l’économie.
Le taux d’inflation s’élève à 8,6% en 2016 et le déficit public prévus en 2017 est de 9,2% du PIB, portant la dette s’élève à 55,8% du PIB. Quant à la balance commerciale du pays, elle se situe à -510 millions de USD en 2016.
Ces principaux clients sont les Etats-Unis avec 59,7% de ses exportations, la SACU et l’Afrique du Sud avec 19%, et la Belgique avec 17 %. Cependant ses fournisseurs sont principalement l’Afrique du Sud avec presque 80% de ses importations, la Chine avec 6,8% et Taiwan avec 4,9%.
La part des Etats unis s’explique par l’appartenance du pays au Fonds monétaire américain du développement qui lui permet d’avoir un accès préférentiel au marché américain. De plus, le pays commence à entretenir des relations commerciales avec la Chine.
Le taux de change est également très instable et peut déprécier à tout moment. Il est membre de la zone monétaire commune (CMA) et de la SACU. Ainsi, elle est monétairement liée avec la banque centrale sud-africaine.
Le pays est très exposé aux évènements climatiques car plus de 75% de sa population vit grâce à l’agriculture. Environ la moitié des revenus des ménages du Lesotho sont à l’origine des transferts financiers des migrants travaillant en Afrique du Sud.
Les données économiques citées précédemment sont à relativiser car le pays reste opaque et peut manipuler ses données.
Evaluation des risques géographiques et environnementaux :
Les risques sismiques et géologiques
On ne trouve pas des risques sismiques et géologiques au Lesotho. Cependant entre novembre et février, l’apparition de violents orages sont la cause de nombreuses victimes chaque année.
Les risques sanitaires et épidémiques
Le système médical du Lesotho est très peu développé et il est conseillé de se faire soigner en Afrique du Sud. Dans le pays, on trouve de nombreuses épidémies comme le chikungunya, la tuberculose et différentes hépatites. Cependant, le VIH reste la maladie la plus développée avec plus de 25% de la population atteinte.
Cette maladie se propage davantage car la proportion de viol est également très importante au Lesotho. En effet, plus de 60% des femmes ont déjà subi dans leurs vies des violences sexuelles.
Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et le pays lors de sécheresses, par exemple, n’arrive pas nourrir sa population. Il demande souvent appel à des organisations et au Programme Alimentaire Mondial. En novembre 2017, l’Inde a fait un don de 500 tonnes de riz au Royaume du Lesotho car le pays est confronté à une grave pénurie alimentaire due à la famine.
Evaluation du Hard power du Lesotho :
Au niveau de la sécurité du pays, le Lesotho possède trois forces bien distinctes qui sont sous la responsabilité du ministère de la défense :
– La Force de défense du Lesotho (FDL) comportant 3000 hommes. Elle est composée majoritairement d’infanterie mais possède également des unités d’artillerie, de logistique, d’aviation (6 hélicoptères) et de blindée.
– Le Service de police à cheval du Lesotho (LMPS) qui assure la sécurité intérieure du pays dans le cas de la criminalité par exemple. Elle possède également des unités spécialisées dans le crime de haute technologie, l’immigration et le terrorisme.
– Le Service national de sécurité du Lesotho (LNSS) est le service de renseignements du pays et utilise une multitude de méthodes pour obtenir des informations stratégiques.
Le nombre de militaires exact n’est pas connu mais selon une étude de 2002, environ 200 000 hommes seraient aptes au service militaire. En 2014, les dépenses militaires du Lesotho représentaient 2,19% de son PIB. On peut constater que le Lesotho possède une armée peu développée et ne possède pas un réel pouvoir militaire.
Le Lesotho fait partie d’institutions internationales comme l’OMC, l’ONU, etc. Il fait partie également d’organisations régionales comme la SADC, CMA, SACU par exemple. Elle entretient des relations étroites avec la Chine et les Etats-Unis avec des ambassades communes mais aussi avec l’adhésion au fonds américain de développement.
D’un point de vue européen, il bénéficie d’un accord de partenariat économique intérimaire mais également de la FED et du BEI. Malgré sa présence dans de nombreuses institutions, le Lesotho à très peu d’influence dans la politique internationale et n’est pas une priorité géopolitique pour les autres pays du monde.
Le Lesotho n’est pas à l’origine d’innovation technologique ou autres. En effet, elle ne possède pas de grande université ou des entreprises investissant dans la recherche et le développement. Cependant, on peut signaler que sa politique actuelle à travers le Plan national de développement stratégique (PNDS) souhaite améliorer les innovations et l’adoption des technologies dans le pays mais aussi de développer les relations avec l’étranger.
Evaluation du Soft power du Lesotho :
Le soft power du pays est presque inexistant vu le faible développement du pays. En effet, sa reconnaissance médiatique sur la scène internationale est très faible. On parle peu de ce pays sur les chaines de télévisions et les articles de presse sont rares. Cette faible médiatisation prouve le faible intérêt géopolitique que possède le pays.
Les médias ne sont pas totalement libres dans le pays et font face à de la censure. La majorité des médias ne sont pas d’origines du pays et les quelques-uns originaires du Lesotho sont sous la propriété de l’Etat. Egalement, l’Afrique du Sud possède plusieurs médias publiant au Lesotho.
En autres, le pays ne possède pas de diasporas à l’étranger et n’a pas les moyens de développer un soft power puissant à travers des outils classiques comme le cinéma par exemple. Cependant, le Lesotho possède sa propre culture mais il est actuellement partagé entre ces traditions et les influences du soft power des autres pays. On remarque clairement une différence culturelle entre la population rurale et citadine.
Pourtant, le Lesotho possède une géographie intéressante et des paysages magnifiques. Elle pourrait ainsi développer son touriste mais les problèmes sanitaires, économiques ainsi que l’instabilité politique freinent son développement.
Conclusion :
FORCES | FAIBLESSES |
– Ressources minières
– Ressources hydrauliques – Une croissance forte pouvant aider au développement |
– Instabilité politique
– Insécurité – Problème sanitaire et démographique – Censure et faible liberté d’expression |
OPPORTUNITES | MENACES |
– Développement du tourisme
– Relation économique avec la Chine et les USA – Relation économique avec l’UE et le Commonwealth – Développement du secteur privé et de l’entreprenariat |
– Dépendance économique de l’Afrique du Sud
– Présence de l’Afrique du Sud dans la politique – Futur conflit interne au sujet de son voisin – Risque de perte d’indépendance et d’absorption du pays au sein de l’Afrique du Sud |
Le Lesotho est l’un des pays les plus pauvres du monde et rassemble à lui seul de nombreux problèmes économiques, sanitaires et sociales. Cependant, il possède une ressource importante dans la région où il se situe. En effet, il fournit l’eau a plusieurs pays et cette ressource peut devenir très stratégiques dans les relations avec son voisin.
On peut souligner également que le Lesotho a acquis son indépendance face à l’Angleterre mais peut-on la considérer aujourd’hui vraiment indépendant. L’Afrique du Sud à travers différents domaines à une place très importante dans l’économie et la vie du pays. Peut-on dire aujourd’hui que le Lesotho est sous la domination de la puissance locale ?
Le Lesotho doit donc dans les prochaines années absolument retrouver une stabilité politique et développer ses relations économiques avec d’autres acteurs que l’Afrique du Sud. Elle doit également développer son secteur privé mais cela est déjà soutenu par une politique intérieure.
Le Lesotho a donc des défis importants à relever d’ici aux prochaines années pour se développer et devenir un acteur majeur de l’Afrique austral.
Bibliographie :
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http://www.rfi.fr/afrique/20170607-lesotho-ex-premier-ministre-thomas-thabane-remporte-elections (Consulté le 03/12/17)
https://www.afriqueeducation.com/politique/lesotho_remplacement_du_chef_d_tat_major_assassin_par_ses_coll_gues_par_le_g_n_ral_lineo (Consulté le 03/12/17)
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