Introduction
Au sens général, un carrefour est le “croisement de plusieurs voies, plusieurs chemins”. Autrement dit, la croisée, le confluent, l’échangeur.
En se focalisant sur une définition plus géopolitique, le terme “carrefour” évoque immédiatement plusieurs facettes : le carrefour de plusieurs civilisations, le carrefour commercial, le carrefour culturel.
Ce sont ces différents types de carrefour qui ont fait, de tous temps, se confronter marchandises, populations, cultures, conquérants, belligérants…
Et trois lieux, dans le monde, illustrent à mon sens de très bonne manière ces différentes facettes du mot “carrefour”. Nous allons donc, au cours de cet exposé, faire la rencontre de ces trois lieux, chargés d’histoire et de culture. Une histoire et une culture qui en font, ou en ont fait par le passé, trois des plus grands carrefours mondiaux.
Tout d’abord, notre voyage nous amènera en Crète. Ile stratégique de la mer Méditerranée, la Crète a vu défiler de nombreux conquérants et occupants, de nombreux conflits en raison de sa position clé. Les stigmates de ce défilement de cultures sont encore visibles aujourd’hui et font de la Crète un carrefour de civilisations majeur.
Ensuite, nous nous arrêterons à New York. Comment évoquer le terme de “carrefour” sans évoquer New York, cette ville métissée, fruit d’un mélange de cultures incroyable et bouillonnant ? Bien sûr, New York incarne à l’heure actuelle le carrefour culturel par excellence. Nous reviendrons rapidement sur l’histoire de la Big Apple.
Enfin, dans la dernière partie, retour en Europe, avec un zoom sur la région du bassin méditerranéen. Nous expliquerons en quoi la mer méditerranée a été, avant la découverte du Nouveau Monde, le carrefour commercial le plus important de l’époque.
Partie I : La Crète, carrefour de civilisations
La Crète a une histoire riche de civilisations. En effet, il s’agit d’une des îles les plus méridionales de Grèce, qui constitue également une sorte de frontière symbolique entre l’Orient et l’Occident, car elle est équidistante à la fois de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie mineure. Il faut savoir que la Crète n’est rattachée à le Grèce que depuis 1913. De fait, dès l’Antiquité, elle a été très convoitée, car qui prenait le pouvoir en Crète prenait en quelque sorte le contrôle sur le bassin méditerranéen, qui, nous y reviendrons, était une région commerciale très importante, étant donné que le Nouveau Monde et l’Amérique actuelle n’étaient pas encore découverts.
Tout d’abord, dès le XXIème siècle avant J-C, c’est en Crète qu’apparait la civilisation minoenne, qui ensuite s’étendra à toute la région méditerranéenne et à une partie du Moyen-Orient.
L’Empire Romain prend alors possession de l’île, qui après quelques années fait partie du programme d’expansion de l’Empire vers l’Orient. En intégrant l'”Empire d’Orient”, elle devient alors byzantine au XVIIIème siècle, arabe au XIXème siècle puis enfin vénitienne pendant les croisades.
Au XVIIème siècle, l’île passe sous domination ottomane durant trois siècles. Durant tous ces siècles d’occupation diverses, la Crète a vu se soulever de nombreux mouvements d’insurrections venant du peuple crétois, et également de nombreux pirates qui ont tenté de prendre possession de l’île.
La Crète a donc vu défiler cinq civilisations différentes avant de devenir Grecque. Et chacune de ces cinq civilisations a laissé des marques visibles sur l’île, ce qui en fait très clairement aujourd’hui un carrefour de civilisations impressionnant.
La culture et l’architecture du minoen se caractérisent par des palais dont on peut trouver des vestiges partout en Crète, comme à Knossos ou à Phaistos. On retrouve également en Crète de nombreuses fresques et céramiques datant de l’époque minoenne, mais bien sûr toutes les traces de la civilisation minoenne sont aujourd’hui à l’état de vestiges.
La fontaine Morosini, dans la vieille ville d’Héraklion, est le vestige le mieux conservé de l’époque vénitienne. Tandis qu’à Gortyne, on peut admirer l’Eglise Saint Titus, monument byzantin le plus célèbre de Crète.
Enfin, çà et là en Crète, on trouve des mosquées et minarets, symboles d’une culture arabe ou ottomane passée. Les paysages Crétois sont donc aujourd’hui encore empreints de ces nombreuses civilisations qui en font un confluent hors du commun.
Partie II : New York, un confluent culturel impressionnant
A la différence d’une île millénaire comme la Crète, la ville de New York a une histoire beaucoup plus récente. C’est le melting-pot culturel le plus concentré au monde. Ce qui crée une telle diversité culturelle, c’est que mise à part la tribu d’Indiens qui y vivaient bien avant la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492, la population new-yorkaise est “artificielle”, récente et constituée par l’immigration, notamment des Européens.
Bien que la côte est des Etats-Unis ait été découverte au XVème siècle, et la ville nommée Nouvelle Amsterdam, les colons anglais ne débarquent et s’emparent de la ville qu’ils renomment New-York qu’au XVIIème siècle. Ce sont donc d’abord des colons britanniques et hollandais qui débarquent au XVIIème siècle avec des esclaves venus d’Afrique, à New-York. Ainsi se dessine déjà la future composition démographique de la ville, hétéroclite et diversifiée.
Plus tard au XVIIème siècle, la réputation du mode de vie tranquille des new-yorkais s’étend jusqu’en Europe, ce sont donc 12 millions d’européens qui arrivent à Ellis Island en une trentaine d’années, fuyant principalement les persécutions raciales, sociales ou religieuses, la famine ou la misère. De nombreux immigrants russes arrivent également à la fin de la guerre froide. Un chiffre reflète assez bien ce bouillon culturel qui commence à se mettre en place à New-York : à la fin du XIXème siècle, ce sont pas moins de 146 journaux quotidiens rédigés dans six langues différentes qui sont publiés à New-York.
Quelques statistiques actuelles : Le développement démographique de New-York est impressionnant, car il résume assez bien les grands mouvements démographiques qui ont eu lieu en plusieurs siècles aux Etats-Unis. Seulement, à New-York, le phénomène est décuplé car l’espace et la période sont restreints. New-York est aujourd’hui le carrefour culturel par excellence, pour preuve en voici quelques chiffres :
– Parité est assez bien respectée, puisque New-York compte 47% d’hommes et 53% de femmes.
– Population assez jeune, 34.2 ans en moyenne.
– Population assez dense, 8,2 millions d’habitants à New-York même, et 18,7 millions avec les banlieues. New-York est la quatrième région urbaine la plus peuplée au monde, après, dans l’ordre, Séoul, Tokyo et Mexico.
– Melting-pot racial impressionnant de régularité : 37% de blancs, 28% de noirs (trouvent leur origine dans la colonisation et l’esclavage), 27% d’hispaniques et 10% d’asiatiques (trouvent leur origine dans l’immigration).
Il suffit de s’asseoir dans la rue quelques heures au cœur de New-York et d’observer les passants pour vivre cette expérience unique de diversité culturelle, que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Partie III : Le bassin méditerranéen a été un carrefour commercial majeur
Revenons un peu dans le temps pour poser nos valises bien avant la découverte de l’Amérique, lorsque le monde civilisé était concentré autour de notre chère mer méditerranée. Le bassin méditerranéen regroupe donc le sud de l’Europe, l’Afrique du Nord et le Proche Orient.
Etant donné que la région méditerranéenne a été le point de départ de très nombreuses civilisations, comme évoqué dans la première partie de cet exposé, il est normal que la mer méditerranée, dès lors que les hommes ont su construire des embarcations, soit devenue une sorte de lien logique entre les continents, régions et Empires. Et qui dit lien entre régions, dit forcément commerce.
On sait qu’au XIIème siècle, trois civilisations, trois mondes cohabitent en région méditerranéenne, se disputant des terres : le monde chrétien, le monde byzantin et le monde musulman. Et les croisades lancées par les uns pour conquérir les autres vont favoriser énormément les échanges commerciaux en méditerranée à cette époque. C’est donc un cercle vertueux qui se met en place. D’un point de vue des ressources naturelles, c’est également un cercle vertueux : les bateaux partent d’Europe chargés de bois, de textiles et de métaux, et reviennent d’Orient avec de la soie, des pierres et des épices. Enfin, il faut souligner que les italiens se placent rapidement en position d’intermédiaires commerciaux. En effet, ils ont d’une part une position stratégique qui leur permet de faire le lien entre l’Orient et l’Occident. Et d’autre part, ils ont des accords politiques avec l’Empire Byzantin et le monde musulman qui leur permet d’installer des comptoirs et de disposer d’une certaine liberté commerciale. De ce fait, les villes italiennes deviennent rapidement conquérantes. Enfin, la construction du canal de Suez en 1869 renforce encore la position du bassin méditerranéen comme haut lieu des échanges commerciaux.
Revenons maintenant à notre ère, en nous demandant ce qu’est devenu ce carrefour commercial florissant du XIIème siècle… La méditerranée est bel et bien toujours un carrefour commercial et énergétique dominant, il s’agit d’une des principales zones du commerce mondial (30% des échanges mondiaux se font en méditerranée, source Institut de la Méditerranée). Même les échanges de marchandises qui ne sont pas à destination du bassin méditerranéen transitent par la mer méditerranée.
Et le carrefour commercial est encore en plein essor ; les échanges commerciaux qui animent l’espace méditerranéen sont en augmentation de l’ordre de 10% par an. Récemment, des initiatives politiques ont été prises pour favoriser encore ce commerce avec la création d’une zone de libre-échange euro-méditerranéenne notamment.
Conclusion
Voici donc les trois facettes de la notion de “carrefour” en géopolitique ; le carrefour de civilisations, le carrefour culturel et le carrefour commercial.
La Crète incarne le parfait carrefour de civilisations ; en remontant son histoire jusqu’à l’Antiquité, nous avons pu constater qu’elle a été, à l’instar de tout le bassin méditerranéen, la terre de naissance d’une grande civilisation ; les minoens. Elle a ensuite vu passer plusieurs civilisations qui ont chacune laissé derrière elles un héritage, ce qui fait de la Crète un lieu d’histoire majeur.
New-York est quant à elle une ville à l’extrême diversification culturelle. Forte d’une population à l’expansion puissante, rapide et en constante évolution, l’histoire démographique de la Grosse Pomme repose sur la colonisation, l’esclavage et l’immigration. C’est donc naturellement une population hétéroclite et artificielle, souvent en quête du rêve américain, qui peuple cette ville dans un tourbillon de langues, de cultures et d’arts de vivre.
Enfin, l’espace méditerranéen a vu son statut de carrefour commercial s’instaurer au moment de la Pax Romana, au IIème siècle après JC. En une dizaine de siècles, le commerce méditerranéen a explosé, et n’a cessé dès lors de grossir jusqu’à aujourd’hui où il est encore plus que florissant, en expansion tous les ans, ce qui nous permet vraiment de qualifier le bassin méditerranéen de confluent commercial mondial.
Sources :
– interkriti.org – easyvoyage.com – wikipedia.fr – routard.com – insecula.com – voyage-ny.com – lombardf.com – ins-med.com –
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