Le modèle centre/périphérie est largement utilisé en géographie car il explique les relations entre les territoires. Cependant il n’est pas exclusivement réservé à ce domaine puisque les historiens, sociologues entre autres lui ont également donné un sens.
La notion de centre/périphérie peut être rapprochée du temps de Marx à la relation ville/campagne.
Dans un contexte de mondialisation, il est nécessaire de voir ce qui définit les centres et périphérie et si ce concept est toujours applicable de nos jours. Nous verrons tout d’abord qu’il existe une asymétrie entre le centre et les périphéries et que ces notions sont valables à toutes les échelles. Puis nous regarderons comment ces espaces ont évolués au cours du temps.
I/ Un développement inégal
Le modèle centre-périphérie décrit le monde comme « un système dans lequel un noyau donne des impulsions, draine des richesses des périphéries qu’il capitalise à son profit, exerce une surveillance politique et économique sur les auréoles » (Brunet, Dollfus 1990).
La notion de centre dans le couple de mots « centre et périphérie » ne se défini pas comme le milieu d’un espace mais plutôt comme le lieu le plus attractif, le plus dynamique dans un espace donné. En effet en France, le massif central n’as pas le rôle de centre dans le sens d’attraction des flux et des richesses. Le centre doit avoir une forte attraction et influence sur ses environnants. Les périphéries ont quant à elles une connotation négative par rapport au centre. Celle-ci subissent l’attraction du centre (l’exemple de l’exode rurale : quitter la campagne pour aller s’installer dans les villes). Elles y concentrent souvent les populations les plus défavorisées.
Centre et périphérie sont indissociables, ils n’ont de sens que dans le raisonnement les mettant en relation. Le centre ne peut exister que s’il a une périphérie autour de lui. La frontière entre les deux est d’ordre spatial, social, linguistique et culturel : il y a une asymétrie. Par exemple, le Brésil regroupe de fortes inégalités sociales (voir annexe 1)
Ces notions permettent d’opposer des ensembles dominants à d’autres dominés et dépendants. Alain Reynaud dans les années 80 définit le centre comme le lieu de concentration des pouvoirs, des fonctions économiques, des richesses, attirant les flux vers lui. La périphérie elle n’est pas autonome mais dépendante des centres, elle se caractérise par un retard de développement, des niveaux de vie moins élevés… (Par exemple la Martinique, dans sa relation de périphérie à la France, à un fort taux d’illettrisme)
Les périphéries se séparent en plusieurs sous ensemble : les périphéries intégrées (certaines activités de moindre importance sont déléguées à la périphérie, des investissements sont effectués vers cette périphérie), les périphéries délaissées (éloignées des centres, en retard, instable politiquement) et certains géographes parlent même de périphéries exploitées (le centre va se servir de la main d’œuvre de faible coûts de ces pays). Certains espaces sont enfin qualifiés d’angles morts (espaces très peu peuplés et contraintes élevées)
Le modèle de Paul Krugman met en relation des lieux dominants et des lieux dominés. Ce modèle expose deux régions (Nord/Sud) ainsi que deux secteurs (agricole/industriel).
II/ Un concept applicable à différentes échelles
Le concept centre/périphérie est valable à toutes les échelles : dans un pays (une ville et son environnement ; une métropole et les autres villes), au sein de l’Europe, mondialement.
Ce sont des notions relatives, ainsi un centre à l’échelle d’un pays pourra être une périphérie à l’échelle mondiale et inversement.
Il est souvent utilisé pour comparer les pays développés et les pays en développement ainsi que pour faire une comparaison entre le Nord et le Sud. En effet, les réseaux des villes des pays riches ont le pouvoir, les plus grandes villes des pays en voie de développement ont seulement des fonctions subordonnées.
Par exemple, la façade Nord-Est des Etats Unis est souvent considérée comme le centre du monde. Il serait le centre principal accompagné de centres secondaires que sont le Japon et l’Union Européenne = La Triade. Celle-ci domine les « Suds » bien qu’ils ne soient pas homogènes.
Avec l’agrandissement de l’espace européen on peut aussi déceler un centre de la périphérie (Voir Annexe 2)
Exemple à l’échelle d’un Etat
Le centre regroupe toutes les fonctions importantes telles que la Mairie, les monuments, le nœud des transports (gare TGV…), l’opéra, le théâtre…
La périphérie appelée aussi parfois la banlieue a une dépendance fonctionnelle. La périurbanisation amène un retour des citadins vers les périphéries, processus d’extension spatial de la ville.
III/ Evolutions des centres et périphéries
Il faut s’assurer de la pertinence de ces notions dans le contexte de mondialisation. Il est nécessaire de prendre en compte la mobilité et les réseaux (au niveau mondial ; les routes maritimes, les lignes aériennes, flux internet et téléphoniques). Les villes localisées sur des axes privilégiés sont favorisées.
Au niveau mondial, la ville principale d’un pays en développement connectée à de nombreux réseaux de communication est plus proche du centre qu’une région enclavée dans un pays riche.
Un autre exemple à prendre en compte est celui de la Chine qui est toujours qualifié de pays en développement (dû à la différence de son PIB, PNB, l’urbanisation encore peu développée) mais qui est cependant un pôle de puissance.
La mondialisation rend quelque peu le concept de centre-périphérie obsolète sans pour autant remettre en cause ou réduire l’existence d’inégalités dans le monde. L’interaction entre les différentes parties du monde grandissant, il n’y a aucun Etat, aujourd’hui, qui n’as pas de relation avec d’autres, il n’y à pas d’isolement absolu, tous participent au système monde.
Du point de vu d’un Etat il y a désormais des fonctions urbaines qui apparaissent dans les périphéries ce qui permet aux habitants de ne pas avoir à se déplacer vers le centre de l’agglomération. La multiplication des pôles commerciaux périphériques explique une partie du déclin des quartiers du centre. De plus, la modernisation des transports rend les périphéries de plus en plus proches du centre. On assiste à une périurbanisation, un tissu urbain se développe au-delà des villes. A cela s’ajoute le développement des NTIC qui diminue la dépendance des périphéries envers les centres.
De nouveaux espaces de centralités émergent dans les périphéries et font ainsi concurrence aux centres traditionnels. Il ressort de plus en plus d’aspects négatifs des centres (au niveau ville) notamment des loyers trop élevés, une circulation catastrophique, des nuisances sonores…
Conclusion
Les notions de centre et périphérie sont relatives et applicables à différentes situations. Au niveau des villes d’un Etat, il peut désormais être difficile de distinguer les frontières : ou s’arrête la ville et ou commence les couronnes périurbaines ? De plus, avec le développement des entreprises, des centres commerciaux en périphérie et des flux de communication (transport, téléphone…), certaines populations se détournent des centres villes, ce qui remet en cause la notion de centre. De nouveaux centres se créent et la ville n’est plus forcément un pôle dominant, organisant un territoire
Au niveau mondial la disparité des périphéries permet de s’interroger sur la notion de celle-ci. En effet, elles ne sont pas homogènes : la Chine ne peut pas être placée au même rang que le Kenya pourtant ce sont tout les deux des pays en développement et donc caractérisés comme des périphéries.
Annexe 2
Le Brésil présente de fortes inégalités, son centre est situé au Sud-Est du pays (Fort IDH et espérance de vie par rapport au reste du pays). On peut voir que ce centre regroupe deux des trois mégalopoles du pays regroupant ainsi les décisions de commandement, les fonctions économiques et le cœur industriel. Les périphéries intégrées par le centre se trouvent au centre-ouest et au sud du Brésil. Enfin les périphéries délaissées sont la région Nord-Est et l’Amazonie (plus forte proportion d’analphabètes, en général la population à moins d’équipements à domicile comme la voiture, la télévision et le téléphone).
Annexe 2
On peut voir sur cette carte le centre actif de l’Europe représenté par une forme bleue. On remarque deux villes mondiales qui sont Paris et Londres. Les grands axes de communication sont très concentrés vers le cœur de l’Europe. Cela explique la formation des centres : ils sont au centre des communications. Les périphéries délaissées en orange pâle se trouvent en Europe de l’Ouest.
Bibliographie
Sites :
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00162580/document
http://yann.lamezec.pagesperso-orange.fr/EPmethodologiecentrep%E9riph%E9rie.htm
http://compodispo.free.fr/voir-geo.php?id=15
http://www.maxicours.com/se/fiche/3/1/12013.html/premiere
http://www.lyceedadultes.fr/sitepedagogique/documents/HG/HG1S/1S_G09_1ereS_T2_Q2_C2_Amenager_les_villes.pdf
http://www.persee.frhome/prescript/article/geoca_0035-113x_1989_num_64_1_6185
http://hist-geo.ac-rouen.fr/doc/ddc/dvlpbre/dvlpbre.pdf
http://www.hypergeo.eu/spip.php?article10
Livres :
Marc Dumont et Emmanuelle Hellier , Les nouvelles périphéries urbaines : Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine , presses universitaires de Rennes.
Jean-Pierre Paulet, Géographie urbaine , Edition Armand Colin, 2e édition
Amélie PELLEGRINI
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