Fiche – le Tiers-monde

– LE TIERS-MONDE-

INTRODUCTION

Dans le contexte de la Guerre Froide en 1947, l’Asie est en cours de décolonisation et les Indes acquièrent leur indépendance. Il se pose alors la question de la place et de l’avenir de ces pays dans un monde bipolaire, mené par l’URSS et les États Unis. C’est ainsi que va apparaître la notion du Tiers-monde.

Cette notion après avoir été vulgarisée dans les années 1960 et 1970, a peu à peu perdu de sa portée, face au développement de chacun des pays appartenant au Tiers-monde de 1952.

Ainsi, nous pouvons nous interroger sur la problématique suivante : Quel est le sens propre d’origine et l’évolution de la notion du Tiers-monde ?

Dans un premier temps, nous essayerons de  définir cette notion de Tiers-monde et d’analyser son évolution, puis dans un second temps, l’exemple de Singapour sera étudié pour illustrer les propos avancés.  

I.Qu’est ce que le Tiers-Monde ?

A.  Son origine

La notion française du Tiers-monde fut inventée par l’économiste Alfred Sauvy en 1952 pour désigner les pays d’Afrique et d’Asie qui, après la seconde Guerre Mondiale, se dégagent de l’emprise coloniale européenne et s’orientent petit à petit vers l’indépendance. Il a utilisé cette expression pour la première fois dans l’hebdomadaire L’Observateur du 14 août 1952. L’écrit se terminait ainsi: «car enfin, ce Tiers-Monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers-État, veut lui aussi, être quelque chose».

Alfred Sauvy a fait une comparaison des aspirations de ces pays avec celles du Tiers­­-État de l’Ancien Régime en France. Ce Tiers-État d’avant 1789 représentait le peuple n’appartenant ni au clergé ni à celui de la noblesse, considéré comme moins privilégié.

La notion du Tiers-monde a pris ensuite une dimension économique en désignant les pays nouvellement indépendants qui luttaient contre la pauvreté et la guerre tout en essayant d’exporter leurs matières premières.

B.   Les conséquences de la conférence de Bandung

Le Tiers-monde rassemblait l’ensemble des pays qui vont apparaître en 1955 lors de la Conférence de Bandung. Lors de celle-ci, des chefs d’États des pays d’Afrique et d’Asie se réunirent. Ce sont des pays nouvellement indépendants, issus de la décolonisation et qui partagent plusieurs points communs. En général, ceux-ci se retrouvent dans une pauvreté ou un manque de développement.

L’objectif de la Conférence est de trouver un compromis et leur idée est donc de s’allier. En effet, dans le contexte de la Guerre Froide, ces pays ne voulaient s’associer ni avec l’URSS ni avec les États-Unis. Leur principal souhait était d’être des « non-alignés ». C’est-à-dire, conserver une position de neutralité et n’appartenir ni au camp Américain ni à celui soviétique afin de se développer progressivement de façon indépendante.

C.  L’aide au Tiers-monde

L’une des résolutions du 19 décembre 1961 prise lors de l’assemblée générale de l’ONU (Organisation des Nations Unies) par le pays industrialisés fixait deux objectifs essentiels :

D’une part, les pays industrialisés devaient consacrer chaque année 1% de leur revenu national, à l’aide aux pays en voie de développement. D’autre part, ces nations dites « du Tiers-monde », devaient de leur côté, prendre l’engagement d’augmenter de 5 % le taux annuel de croissance de leur revenu national jusqu’en 1970.

Le but de cette aide au Tiers- monde était d’inciter ces pays sous-développés à se tirer d’affaire par leurs propres moyens.

Aujourd’hui, l’expression du tiers-monde est considérée comme péjorative et cela s’explique en particulier par l’évolution qu’a suivie le Tiers-monde.

II. L’évolution du Tiers-monde

A.  La désillusion du Tiers-Monde et le problème de la dette

Le Tiers-Monde s’est révélé être une désillusion au fil des années. En effet, beaucoup de pays du tiers-monde qui ont peiné à se développer vont, dans les années 1960 et 1970,  se ranger du côté des américains ou de celui des russes pour pouvoir recevoir de l’argent et ainsi se développer plus rapidement. Par exemple, la Chine communiste va se ranger du côté de l’URSS. Les pays du tiers-monde ne vont donc pas garder la promesse  de rester neutre et le principe politique de demeurer « non-alignés » ne va pas perdurer.

D’autre part, certains pays du Tiers-monde ne vont pas réussir leur objectif de développement. En effet, aujourd’hui l’appellation Tiers-monde est péjorative et désigne des pays très pauvres. Certains en Afrique, vont rester sous-développés connaissant la famine, la pauvreté et des guerres qui vont d’autant plus les ravager et empêcher leur développement. Dans certains pays comme le Zaïre les sommes allouées ont été détournées par des dirigeants corrompus à des fins personnelles, ou encore affectées à la création d’infrastructures que ces pays étaient incapables d’entretenir. Ils vont se retrouver pour certains dans l’incapacité totale de rembourser les aides et va apparaitre au niveau international le problème de la dette du tiers-monde. Celle-ci n’a fait au cours des dernières décennies  que grossir,  laquelle  s’est avérée devenir un enjeu de politique internationale, les pays riches du Nord devenant créanciers des pays du Sud en voie de développement, avec toutes les conséquences en découlant.

En revanche, certains pays du tiers-monde réussiront  peu à peu à  émerger,  avec un effacement partiel ou un rééchelonnement de leur dette. Ces pays se sont développés économiquement comme la Chine, Taiwan ou encore le Mexique avec l’apparition de véritables classes moyennes.tiersmonde51

B.   Le Tiers-monde aujourd’hui

Le tiers-monde est donc un échec, une désillusion pour le plus grand nombre de pays.

Aujourd’hui, on n’appelle plus les pays pauvres du monde : les « pays du tiers-monde » mais on parle plutôt : « des sud » ou du « quart-monde ».

D’autre part, ces pays du Tiers-monde n’ont pour certains plus trop de points de ressemblance. On a aujourd’hui des pays dit « émergents » comme la Chine, l’Inde, le Brésil qui sont des Etats anciennement du Tiers-monde, mais qui ont réussi peu à peu à se développer. Mais d’un autre côté,  on a des pays qu’on appelle les PMA : pays les moins avancés. C’est-à-dire les nations du Tiers-monde qui ont sombré dans l’extrême pauvreté. Ce sont principalement des pays d’Afrique qui n’ont pas réussi à se développer ni à profiter pendant la guerre froide de l’aide d��un des deux camps.

Des États comme la Chine sont arrivés, même avec une forte croissance démographique, à favoriser l’apparition d’une véritable classe moyenne, et l’augmentation du salaire moyen.  Les coûts de production augmentant, ces pays commencent même à faire fabriquer certains produits de base dans des pays où la main d’œuvre est encore moins chère, notamment en Afrique.

Donc le tiers-monde, en résumé c’est une belle idée en 1952 : s’entraider pour se développer. Mais  à l’arrivée, c’est une dislocation et un échec économique pour certains,  laquelle a abouti à un éclatement des pays du sud de par leurs diversités économiques et culturelles.

III. Exemple de SINGAPOUR

Singapour est une cité-État d’Asie du sud-est qui est bordé au nord par le détroit de Johor et au sud par le détroit de Singapour. Ce pays, d’une superficie de 647.8 Km² se compose de 64 îles.malacca

Après une longue période de colonisation britannique, Singapour a obtenu son indépendance en 1965. À cette date, le pays ne possédait que peu de ressources naturelles et des problèmes socio-économiques persistaient,  tels que le chômage, le manque de logements et le déficit de soins et santé.

A.  Le développement de Singapour

Malgré de faibles ressources naturelles, M. Lee Kuan Yew, fondateur et premier ministre de la République de Singapour a réussi à développer le pays de 1965 à 1990. Depuis son indépendance, le pays a connu une croissance spectaculaire à raison d’un taux de 9% par an en moyenne.

Tout d’abord, l’avantage de sa situation géographique a permis à la cité-État, de se développer. En effet, l’embouchure du détroit de Malacca a été attribuée au port de Singapour ce qui lui a permis de profiter d’une plateforme incontournable pour faire le lien entre l’Inde et l’extrême Orient. En 2008, le port de Singapour est le plus important au monde.edito_110201_carte3_triangles_croissance_gm

D’autre part, pour lutter face à la hausse du chômage, l’État a, dans un premier temps, encouragé les industries qui avaient besoin d’une importante main-d’œuvre. C’est ainsi qu’est créé en 1967 la première usine de semi-constructeurs, marquant le début de l’expansion de l’industrie électrique et électronique.

L’année 1967 est également marquée par la création de l’association des nations de l’Asie du sud-Est par les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et Singapour. Cela permettra de mettre en place une zone de libre échange qui prendra de plus en plus d’importance au fil des années.

C’est à partir des années 1970, que la politique industrielle menée par le gouvernement va s’orienter vers des produits à hautes valeurs ajoutées et à forte intensité capitalistique telle que le raffinage. Aujourd’hui, Singapour est le premier producteur mondial de disque dur.

De plus, afin d’attirer les capitaux étrangers, l’activité des services bancaires et financiers vont également se développer rapidement dans la cité-État.

Face à cette dynamique de croissance, Singapour entre, en 1980,  dans les « 4 dragons asiatiques » qui représentent des États de transitions ayant un développement effréné.

Cependant, pour faire face à la concurrence chinoise, les autorités vont stimuler à compter de 1990 : les industries pharmaceutiques, les services tel que la communication et  la recherche. Ainsi, les entreprises n’ont cessé de se développer à Singapour créant ainsi des emplois et donc une amélioration des conditions de vie dans cet île-État. De plus, Singapour est aujourd’hui le troisième raffineur au monde.

D’autre part, il est important de noter que les infrastructures intérieures ont suivi le développement du pays et cela a donc permis de mettre en place un réseau performant que ce soit au niveau autoroutier ou au niveau de la télécommunication.

B.   En 2014, Singapour ne plus être comparé  au «Tiers-monde »

Ancien pays du Tiers-monde, aujourd’hui, Singapour est connu dans le monde entier pour sa réussite de croissance.

Cet Cité-État est considéré comme l’un des pays les plus développé et le plus prospère en terme de santé, d’éducation et de sécurité. En effet, le produit net par habitant (PNB), qui était inférieur à celui des philippines en 1965, est actuellement égal à celui de la France.

Comparé à des pays d’Afrique ou le développement a été inexistant depuis la création du Tiers-monde, nous ne pouvons donc pas aujourd’hui comparer ces pays et les classer dans la même catégorie qu’était le Tiers-monde.

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Conclusions :

Cette étude a donc mis l’accent sur le décalage progressif dans le développement de ces pays dit du Tiers-monde depuis 1952. Ceux s’étant tournés vers le capitalisme plutôt que vers le communisme ont connus un meilleur développement. D’autres pris dans un « carcan religieux » ou dans des problèmes de corruption et de guerres civiles intestines n’ont connu que peu d’évolution. Ainsi, nous pouvons constater que cette notion n’a plus de sens face aux différentes directions qu’on prit les États. Aujourd’hui, beaucoup de personnes ont cessé d’employer cette expression de par son imprécision.

D’autre part, la disparition de la notion de Tiers-monde est sans doute liée dans une certaine mesure au recul de la grande pauvreté dans le monde. Selon les chiffres et les données de la Banque Mondiale (octobre 2014) : 45 pays sur 84 sont en voie de réaliser l’objectif de réduction de moitié de la pauvreté et on prévoit 27 % de pauvres de moins en 2015 par rapport à 1990.

Cela est dû au phénomène de mondialisation de l’économie, de sa globalisation, due à la plus grande liberté des échanges avec le développement des nouveaux moyens de transports et technologiques.

Reste, qu’il demeure encore une grande pauvreté dans certains pays et notamment comme l’Afrique, et qu’il est apparu par ailleurs de graves inégalités dans ces pays que viennent de se développer.

 

Bibliographie

Livres :

  • Les mémoires de Lee Kuan Yew: 2 volumes : Tome 1, L’histoire de Singapour ; Tome 2, Du tiers-monde à la prospérité (1965-2000)
  • Le Tiers-monde : croissance, développement, inégalités / Bernard Bret (2006)
  • Asie : les enjeux d’une croissance élevée et varia, revue du Tiers-monde, 186
  • Décolonisations et émergence du tiers-monde / Marc Michel (2005)

Sites :

 

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