La langue arabe

La langue Arabe

Une langue est définie comme «  un système de signes vocaux, éventuellement graphiques, propre à une communauté d’individus, qui l’utilisent pour s’exprimer et communiquer entre eux ». (Larousse)

Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de langues parlées dans le monde, en raison de la difficulté qu’il y a à tracer des frontières précises entre les langues, notamment à différencier les langues des dialectes. Selon les estimations, il existerait aujourd’hui entre 3 000 et 7 000 langues vivantes.

La langue arabe demeure la seule parmi les langues sémitiques qui a constamment subi des modifications durant les 3 derniers millénaires. Les 150 dernières années ont été parmi les plus décisives de son évolution, c’est pour cela qu’il est important de s’interroger sur les raisons de telles modifications et de se demander :

 La langue arabe devra-t-elle faire face à de nouveaux changements et est-ce que la vaste propagation des différents dialectes arabes constituent-ils une menace pour la transmission de la langue arabe littéraire ?

Pour répondre à ses questions il est opportun d’étudier dans un premier temps la naissance et la propagation de la langue tout en exposant les différents dialectes. Ensuite, on évoquera les modifications amenées à la langue ainsi que les raisons de celles-ci. Puis, il est essentiel d’exposer la relation quasi-indissociable entre l’arabe et l’islam afin d’expliquer les circonstances de futurs modifications et enfin comprendre  le véritable rôle des dialectes.

1)      Histoire de la langue arabe

De nos jours, la langue arabe est parlée par plus de 250 millions de personnes dans le moyen Orient  et dans le Nord de l’Afrique et estimée à 450 millions dans le monde.  L’arabe est également la langue de l’islam, une religion regroupant prés de 1 milliard de personnes, mais qu’en est-il de son début ?

A)    Naissance et propagation  de l’arabe : Les dialectes/ l’arabe littéraire

L’origine de la langue arabe remonte au IIe siècle, dans la péninsule Arabique, dans une forme assez proche de l’arabe standard moderne actuel. Le radical ʿarab, désigne le désert et c’est un mot araméen “arâbâh” et peut également dériver de la racine sémitique Abhar « se déplacer ».

L’arabe doit son expansion à la propagation de l’islam, à la diffusion du Coran et à la puissance militaire des Arabes à partir du VIIe siècle et notamment grâce à leurs conquêtes allant de l’Afrique du nord jusqu’à la péninsule ibérique, le moyen orient et même jusqu’en Chine.

La langue parlée par les locuteurs natifs est répartie souvent en « dialectes » (لـَهْجة), et ces différents dialectes sont uniquement parlés (langues vernaculaires orales), et nous retrouvons en parallèle la langue arabe littéraire, classique, standard (dite FusHa : العَرَبيّةالفـُصحى)   qui est écrite et parlée dans les médias (presse écrite, télé…).

Cette langue arabe classique a été celle des textes Coraniques, celle des poèmes arabes préislamiques mais aussi celle des contributions arabes majeures dans les domaines de la science, mathématique, astronomie, médecine et sociologie.

Aujourd’hui on distingue 4 groupes principaux de dialectes parlés dans le monde arabe (répartie en 26 sous-dialectes): l’arabe maghrébin (Afrique du Nord), l’arabe égyptien (Egypte et Soudan), l’arabe du Levant (Liban, Syrie, Jordanie et Palestine) et l’arabe Iraquien/du Golf. Ces dialectes peuvent différer au point où il existe une intelligibilité mutuelle (des locuteurs de langues distinctes mais proches peuvent se comprendre mutuellement sans avoir particulièrement étudié l’autre langue et sans effort significatif).

En ce qui concerne la typologie de la langue, l’arabe appartient à la famille des langues sémitiques, qui incluent l’Arabe, l’Araméen (petites communautés en Iraq et Syrie), l’Amharique  (langue nationale de l’Ethiopie), le Tigre (parlée en Érythrée) et l’Hébreu (parlée en Israël)

B)    Les modifications amenées à la langue et leurs raisons

L’arabe classique a subi certaines modifications vers la fin du 19ème siècle, ce qu’on a appelé la «période de la Nahda», signifiant  «Renaissance», une renaissance à la fois politique, culturelle et religieuse.

La modernisation de la langue arabe s’est généralement portée sur trois sujets de préoccupation : la réforme de l’orthographe, la simplification grammaticale (création de méthodes d’enseignement visant à aider les élèves dans l’acquisition de la langue littéraire) et le développement du vocabulaire (l’intégration de nouveaux mots techniques apparus avec les progrès scientifique) (ouvrage d’Abu-Absi).

Plusieurs réformateurs entreprirent de moderniser la langue arabe en modifiant et en simplifiant la syntaxe originale du VIIe siècle, mais surtout en ajoutant des mots modernes tels que «train», «compagnie», «démocratie»… Aujourd’hui, près de 60 % du vocabulaire moderne provient de cet arabe réformé.

La raison de telles modifications a été l’assimilation du vocabulaire étranger au sein de la langue arabe de façon à permettre d’établir un langage adapté à la vie moderne, tout en préservant son caractère essentiel.

Les nouvelles exigences de la langue sont venues donc symboliser le conflit entre le respect de la tradition et le désir de modernité.

2)      L’arabe littéraire se trouve-t-il en danger ?

A)    L’islam et l’arabe : éléments indissociables

L’arabe doit sa fortune à l’expansion de l’islam, qui s’est étendu en l’espace de quelques siècles (entre le VIIe siècle et le XIIe siècle), de l’Afrique du Nord à l’Espagne, puis au Proche-Orient et en Asie. C’est ce lien puissant entre une grande religion et une langue qui a contribué à sacraliser l’arabe et à maintenir une unité linguistique à travers le temps et l’espace. C’est pourquoi, dans le monde occidental, on associe facilement l’islam et les musulmans à la langue arabe, croyant que religion islamique et monde arabophone forment un tout quasi indissociable.

Il s’agit là d’une généralisation semblable à celle qui consisterait, par exemple, à croire que tous les anglophones du monde sont de religion protestante ou anglicane.

Bien que les liens entre l’arabe et l’islam soient manifestes et que l’islamisation d’une population ait souvent entraîné son arabisation, certaines populations islamisées n’ont pas adopté l’arabe et certaines populations arabisées ne se sont jamais islamisées (exemple : les maltais, les chrétiens en Egypte ou au Liban…)

À l’heure actuelle, on dénombre 1,25 milliard de musulmans dans le monde. Mais seulement 240 millions sont arabophones et 120 millions ont une connaissance réelle de l’arabe classique comme langue seconde. Autrement dit, 90 % des musulmans ne peuvent lire le Coran dans le texte original. Comme quoi les mots «musulmans», «Arabes» et «arabophones» ne sont pas équivalents.

Néanmoins l’arabe et l’islam restent extrêmement liés vu qu’il existe dans le monde musulman un certain courant dominant pour reconnaître que, parmi toutes les langues du monde, seul l’arabe, «la langue sacrée du Coran», ne peut être sujet à la révision.

Pour certains Arabes, toucher à la langue arabe reviendrait à porter atteinte au Saint Coran. Comment comprendre encore le Saint Coran et la Sunna du prophète si l’on change les règles de la grammaire et de la syntaxe? Pour certains, les appels à la suppression des règles actuelles de la grammaire arabe sont «des signes de l’existence du complot  impérialo-sioniste» dans les analyses les plus critiques.

B)    Les dialectes constituent une richesse plutôt qu’une menace à l’arabe

Alors que certains Arabes très religieux croient que, parmi toutes les langues, l’arabe est celle qui dispose des ressources les plus vastes et du lexique le plus riche, d’autres n’y voient là que du remplissage, de la verbosité ou du vain étalage et c’est justement  ici où réside la richesse des dialectes.

C’est peut-être cette verbosité qui explique pourquoi il est presque impossible d’écrire et de parler l’arabe classique de façon totalement irréprochable. Autant l’arabe dialectal peut être une langue simple à pratiquer, autant l’arabe classique peut paraître complexe et difficile. C’est un peu ce qui explique qu’aucune population arabophone ne l’ait adopté comme langue maternelle.

Bien que cette distinction souvent citée entre l’arabe classique et l’arabe dialectal puisse être utile, elle ne représente que les deux pôles d’un continuum qui caractérise plus précisément une situation linguistique complexe.

Il parait donc logique d’affirmer que  l’arabe littéraire ne se trouve pas confronté à un danger, et malgré quelconque modification, ou développement de nouveaux dialectes plus modernes, l’arabe classique restera la langue unissant arabophones ,musulmans et arabes du monde et resteront les acteurs qui assurerons sa pérennité.

 

Sources

Annexes

Carte des dialectes de l’arabe

1024px-Arabic_Dialects_fr.svg

l’alphabet arabe

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*