LA VIOLENCE ARMÉE
La violence armée, selon la déclaration de Genève de 2006 sur la violence armée et le développement, est « l’emploi intentionnel et illégitime de la force à travers l’utilisation d’armes ou d’explosifs contre une personne, un groupe, une communauté ou un état, et qui porte atteinte à la sécurité des personnes et nuit au développement durable ».
Cette définition spécifique met l’accent sur un emploi des armes, source de violence, uniquement en dehors du pouvoir étatique. L’état ne commettrait pas d’acte de violence, malgré l’utilisation d’armes, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions régaliennes.
La violence armée est-elle le monopole du peuple ou peut-elle envisagée au niveau étatique? Et la distinction entre ces deux formes de violence est-elle si évidente ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous partirons du postulat suivant lequel deux types de violence armée se distingue : la violence armée citoyenne et la violence armée étatique.
1. La violence armée citoyenne
Selon le comité de la Déclaration de Genève, réunissant actuellement 112 gouvernements dans le monde, nous assistons depuis une dizaine d’années à une augmentation de la violence citoyenne mondiale principalement dans les pays en développement (corrélativement à l’accroissement de l’urbanisation) mais pas seulement…
En effet, cette violence se manifeste principalement au sein de groupes organisés informels tels que les gangs ou les réseaux criminels transnationaux. La violence armée liée à une économie informelle peut servir de substitut ou de moyen alternatif de régulation de la vie économique et sociale, face à l’insuffisance des moyens étatiques
Ce type de violence se développe également à un niveau plus individuel, dans certains pays occidentaux tels que aux Etats Unis, où le port de l’arme est un droit du citoyen. Il y a 270 millions d’armes à feu aux Etats-Unis, soit 89 armes pour 100 habitants. Ce phénomène a notamment été mis en évidence par Michael Moore dans son documentaire « Bowling for Colombine ».
2. La violence armée étatique
Parallèlement à ce phénomène, il subsiste encore environ une trentaine de conflits armés interétatiques dans le monde.
Cependant, les états, comme la France, tendent à diminuer l’armement et privilégient une utilisation dite « juste » des armes. On distingue ainsi, au niveau étatique, l’utilisation de « la violence armée » au sein d’un conflit pour le maintien de la paix, comme lors des interventions de l’ONU, et au sein d’un conflit à des fins politiques, ethniques ou territoriales (Somalie, Lybie, Ethiopie, Israël).
De plus, de nos jours, le droit international des conflits armés édicte « l’interdiction, la limitation ou la réglementation de l’emploi de certaines armes et munitions », comme les mines anti-personnel.
3. Une distinction difficile à déterminer…
Comme indiqué précédemment, l’utilisation de la violence armée au sein de conflits étatiques est fortement réglementée. Certaines organisations, s’attribuant le statut d’Etat, ne respectent pas ces règles. L’Etat Islamique en est un exemple actuel.
En effet, ce groupuscule armé se proclame en 2006 Etat Islamique d’Irak et est à la source de nombreux conflits armés depuis, comme en Syrie. L’EII est considéré comme le mouvement terroriste le plus violent au monde : utilisant toutes sortes d’armes sans tenir compte des règlementations internationales. Il est accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de nettoyage ethnique… Il se revendique et emploie des moyens tout aussi puissants que celui d’un Etat (50 000 soldats formés au maniement des armes), exerçant ses missions sous couvert d’une idéologie religieuse.
Dans ce cas précis, la distinction entre l’utilisation des armes par le peuple ou l’utilisation des armes par l’état est quasiment impossible. La notion de violence armée de la Déclaration de Genève ne s’applique donc pas.
Pour conclure, l’utilisation d’une arme, de manière offensive ou défensive, est fondamentalement à la source d’un acte de violence.
On ne parle cependant pas de « violence » dans le cadre d’une utilisation étatique des armes à des fins de maintien de la paix.
Pour autant, la distinction entre une violence armée étatique et une violence armée civile est de plus en plus difficile avec l’apparition de groupuscule ayant la puissance d’états et l’utilisation dérivée d’armes propres à la violence citoyenne.
Cette problématique nous amène aussi à nous poser des questions sur la violence légitime ou encore le droit du port de l’arme.
BIBLIOGRAPHIE
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