Le Confessionalisme

Le confessionnalisme

Définition du Larousse :

 

  • Sentiment d’appartenir à une confession, à une religion, plutôt qu’à une nation.
  • Système politique du Liban, qui répartit proportionnellement entre les nombreuses confessions religieuses (maronites, sunnites, chiites, druzes, orthodoxes…) les sièges au Parlement et les postes dans les grandes fonctions publiques.

 

Le confessionnalisme « sociétal »

On peut tout d’abord revenir sur le fait que le confessionnalisme est un sentiment d’appartenir à une religion plutôt qu’à un pays. Certain sont d’abord, en tout cas dans leur façon de penser de religion juive, musulmane ou chrétienne avant d’être Français, Anglais ou Allemand par exemple. Cela peut déboucher sur une forme de communautarisme qui peut être source de problème car à l’origine de fracture dans la société. On peut clairement se demander si ce confessionnalisme poussé à l’extrême, est en adéquation avec des sociétés modernes multiculturelles, et surtout multiconfessionnelles.

Le confessionnalisme « politique »

Dans un deuxième temps, on peut affirmer que le confessionnalisme est aussi une forme d’organisation politique de la société. Ainsi des descriptions formelles ont été faites de ce que l’on nomme de façon limitée “le confessionnalisme politique”. Ceci signifie que l’organisation des différentes fonctions régaliennes de l’Etat est basée sur la répartition religieuse en fonction de la démographie. En plus de ces caractères exclusivement politiques, les communautés confessionnelles gèrent elles-mêmes d’autres organisations et institutions comme les écoles, les universités, la presse, des sociétés de bienfaisance, des sociétés foncières, voire même des tribunaux… Ce sont à la base des institutions qui sont gérées par l’Etat et dont le développement, par ce système de confessionnalisme, est réparti de façon très inégale entre les communautés. Le confessionnalisme est accusé la plupart du temps d’être une idéologie politique. Ce terme est souvent utilisé de manière péjorative, ce qui fait que les Etats, et même les personnes physiques, qui font sa promotion son très peu nombreux. En effet, selon l’opinion commune le confessionnalisme ne rime pas avec modernité et même avec Justice et Progressiste.

L’exemple du Liban

Le Liban est sans doute le pays de la région qui possède la plus grande diversité religieuse : ses 3,8 millions d’habitants se répartissent en plus de vingt communautés confessionnelles. Dix-huit confessions ont un statut officiel. Il s’agit, pour les musulmans, qui représentent plus de 60 % de la population, des chiites (35 %), des sunnites (23 %), des druzes (5 %) et des alaouites (1 %). Les 40 % restant correspondent pour l’essentiel aux communautés chrétiennes : les maronites (24 %), les grecs-orthodoxes (13 %), les arméniens-orthodoxes (2 %). Les autres communautés (jacobites, syriaques, nestoriens, chaldéens-catholiques, catholiques-latins, notamment) sont d’un poids démographique aujourd’hui négligeable.

 

Dans sa constitution, établie à son indépendance en 1943, il est établi de façon explicite un système de gouvernement basé sur le confessionnalisme, c’est-à-dire la répartition des sièges au parlement selon la répartition religieuse du pays.

En effet, il existe trois articles de cette constitution où il est fait mention des différentes confessions

Article 9

« La liberté de conscience est absolue. En rendant hommage au Très-Haut, l’Etat respecte toutes les confessions et en garantit et protège le libre exercice à condition qu’il ne soit pas porté atteinte à l’ordre public. Il garantit également aux populations, à quelque rite qu’elles appartiennent, le respect de leur statut personnel et de leurs intérêts religieux. »

Article 10

« L’enseignement est libre en tant qu’il n’est pas contraire à l’ordre public et aux bonnes moeurs et qu’il ne touche pas à la dignité des confessions. Il ne sera porté aucune atteinte au droit des communautés d’avoir leurs écoles, sous réserve des prescriptions générales sur l’instruction publique édictées par l’Etat. »

Article 24

« En attendant l’élaboration par la Chambre des députés d’une loi électorale sans contrainte confessionnelle, les sièges parlementaires seront répartis conformément aux règles suivantes:

a) A égalité entre chrétiens et musulmans.

b) Proportionnellement entre les communautés de chacune de ces deux catégories.

c) Proportionnellement entre les régions.

A titre exceptionnel, et pour une seule fois, les sièges parlementaires vacants à la date de la publication de la présente loi ainsi que les sièges qui seront créés par la loi électorale, en application du principe de l’égalité entre chrétiens et musulmans, conformément à la Charte d’entente nationale, seront pourvus par nomination en une seule fois par le Gouvernement d’Union Nationale à la majorité des deux tiers. »

Cependant, l’abolition du confessionnalisme est prévue par l’Article H du préambule de la constitution du Liban : « La suppression du confessionnalisme politique constitue un but national essentiel pour la réalisation duquel il est nécessaire d’oeuvrer suivant un plan par étapes »

L’Accord de Taef, qui mit officiellement fin à la guerre du Liban en 1989, enlève aux chrétiens leur prédominance politique, mais conserve le système selon lequel le président de la république est choisi parmi les chrétiens maronites, alors que le premier ministre et le président de l’Assemblée sont respectivement un sunnite et un chiite

 

 

Le débat

Les pours

Ceux qui veulent mettre en place ce système,  affirment que c’est un moyen de garantir la paix entre plusieurs communautés religieuses, en leur permettant de disposer d’un pouvoir proportionnel à la démographie du pays, donc en toute égalité.

Les contres

Ceux qui sont contre avancent  que le confessionnalisme politique ne peut que dégénérer et entrainer dans le conflit les différentes confessions. En effet,  la communauté confessionnelle qui va avoir le plus de pouvoir politique, va être enclin à l’utiliser pour favoriser les membres de son propre groupe et même profiter de celui-ci pour « nuire » aux autres communautés, plus minoritaires. Comme la démographie change et évolue avec le temps, ce système doit aussi évoluer, ce qui n’est pas toujours le cas et peut entraîner des conflits comme dans le cadre du Liban et de la guerre civile de 1975.

Une autre critique qui touche les deux confessionnalismes, le politique et le sociétal : Le confessionnalisme peut nuire à l’identité nationale de certains qui sont plus attachés à leur religion qu’à leur patrie, ce qui peut fragiliser l’identité nationale et même lui porter directement atteinte.

Il y a donc clairement un débat sur le bien-fondé de l’existence même du confessionnalisme, déjà dans un premier temps en tant que fait établi dans nos sociétés modernes et multiconfessionnelles, et dans un second temps en tant que système politique encadré par une constitution qui formalise ce système de gouvernance.

 

Source :

http://www.lefigaro.fr/international/2006/02/13/01003-20060213ARTFIG90266-le_liban_est_fonde_sur_le_confessionnalisme.php

http://www.charbelnahas.org/textes/These/CONFESSIONNALISME_AU_LIBAN.pdf

http://www.cjpmo.org/DisplayDocument.aspx?DocumentID=48

http://www.renenaba.com/presidentielles-liban-le-confessionnalisme-le-cadeau-empoisonne-de-la-france-a-ses-enfants-cheris-libanais/Sans titre 1 Sans titre 3 Sans titre

 

Pierre Place

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