Le Patrimoine

arborescence sur le patrimoine et ses caractéristiques

« Tout devient patrimoine : l’architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique. »

de Marc Guillaume, dans La politique du Patrimoine, (1980).

 

De nos jours, lorsque l’on entend le mot « patrimoine », nos premières pensées se dirigent souvent vers le patrimoine culturel et tout le champ lexical qui s’y rapporte : monument,… . Or, la notion de patrimoine ne se résume pas seulement à la culture : elle est beaucoup plus vaste que cela. En effet, elle peut être rattachée à une multitude d’autres domaines que la culture, comme la biologie, la finance, l’immobilier, l’architecture, etc. Le concept de patrimoine renferme donc plusieurs réalités qui permettent de le caractériser. La combinaison de ces réalités fera que l’on pourra déterminer si oui ou non quelque chose est un patrimoine.

De par son étymologie, patrimoine veut dire « l’héritage du père ». Il s’agissait alors d’une chose transmise dans le cercle familiale. Depuis le début, le patrimoine renvoie donc à une notion de transmission et par la suite, il va énormément évoluer, de siècles en siècles. Au début il sera surtout culturel, puis au fur et à mesure il va s’étendre à d’autres domaines et notamment à l’industrie : c’est d’ailleurs à ce moment que l’on va se pencher sur la meilleure manière de conserver et de restaurer le patrimoine (Larousse Encyclopédie, 2014). Les « témoignages de la vie du passé » du point de vue immatériel entrent aussi dans la dimension du patrimoine : les « arts et traditions populaires, l’artisanat et la vie paysanne » (Larousse Encyclopédie, 2014). Ensuite, en 2003, l’Unesco va continuer sur cette voie en établissant « la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » (Larousse Encyclopédie, 2014). Aujourd’hui, l’étendue du patrimoine est vaste et la relation de l’Homme avec son patrimoine n’est plus vraiment la même qu’à ses débuts.

Mais alors, avec toutes ces évolutions, il est intéressant de se pencher sur les caractéristiques qui définissent vraiment le patrimoine. Qu’est-ce qui fait qu’une chose est considérée comme patrimoine ?

Ainsi, après avoir appréhendé les éléments fondamentaux nécessaires pour caractériser le patrimoine, nous aborderons le patrimoine d’un point de vue plus concret.

1. Les caractéristiques fondamentales du patrimoine

Lorsque l’on aborde la question du patrimoine, trois concepts reviennent : la transmission, la propriété et la valeur.

  •  La transmission : le lien avec le passé

Comme nous l’avons introduit précédemment, le patrimoine induit une notion de transmission et en l’occurrence une transmission de la part de ses « ascendants » (Larousse dictionnaire, 2014). Cela tient donc de l’héritage et sous-entend que le patrimoine ne se transmet qu’à la mort dudit ascendant (Le petit Robert, 2013). Toutefois des nuances ont été apportées au fil du temps et le patrimoine, au sens où on l’entend désormais, peut se transmettre durant une vie entière (Larousse dictionnaire, 2014) – à l’instar du patrimoine génétique qui se transmet à la procréation (Le Petit Robert, 2013) –, par une personne ou un groupe envers une autre personne ou un autre groupe, comme le patrimoine culturel d’un pays qui se transmet communément de générations en générations (Larousse dictionnaire, 2014).

C’est cette notion de transmission qui a fait naître le besoin de protection du patrimoine : certes « nous [en] profitons aujourd’hui » (Unesco, 2014), mais il y a une part de « responsabilité dans la transmission aux générations futures » (Larousse Encyclopédie, 2014).

  •  La propriété et la définition d’une identité

Avec son implication de transmission, le patrimoine engendre alors une notion de propriété. Le patrimoine est un « apanage » (Le petit Robert, 2013). C’est un « bien propre », dont on est « titulaire », que l’on transmet à d’autres pour qu’ils en soient à leur tour « titulaires » (Larousse dictionnaire, 2014). Par exemple, le patrimoine mondial, lui est universel : il appartient à tout le monde, au-delà des frontières (Unesco, 2014).

Le fait que le patrimoine se possède, donne une identité à la personne ou au groupe qui le possède. Ainsi, « une nation, voire une civilisation, se définit par un patrimoine linguistique, culturel, historique, dans lequel se réalisent l’enracinement des individus et leur socialisation » (Larousse Encyclopédie, 2014). C’est pour cela qu’en cas révolte ou de guerre, on cherche souvent à démolir le patrimoine de notre adversaire ou de ce qui nous définissait auparavant : lors de la révolution française on a cherché à abattre le patrimoine relatif au pouvoir monarchique en place et à l’Eglise, ou tout du moins à le déposséder de son titulaire initial pour lui donner un usage tout autre (Larousse Encyclopédie, 2014).

  • La valeur

Le patrimoine a une valeur, dénombrable ou non.

En effet, d’un côté, un élément de notre patrimoine peut s’évaluer au niveau monétaire (Planiol dans le petit Robert, 2013). C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de « patrimoine brut ou net » lorsque l’on se penche sur ce que possède une entreprise : on compare la valeur économique de tous les biens qu’elle possède avec ce qu’elle doit rembourser (Larousse dictionnaire, 2014). Mais on peut également quantifier autrement que par l’argent. Cela peut être le cas lorsque l’on parle de patrimoine intellectuel d’une personne (Larousse dictionnaire, 2014). Ici, on pourra évaluer son élément de patrimoine (son intelligence) par une note de Quotient Intellectuel.

D’un autre côté un élément de patrimoine peut avoir une valeur non dénombrable, non mesurable en termes en chiffres. Quand on ne se penche pas sur sa valeur ‘quantifiable’, on lui accorde quand même un autre type de valeur non-négligeable : une valeur affective. Comme expliqué précédemment, un élément de patrimoine se garde et se transmet. Mais cela n’est possible que si on y est attaché, notamment sentimentalement, sinon on le substitut par un autre élément de patrimoine. C’est ce qui est induit par l’exemple de la Révolution Française cité auparavant : une population en révolte veut généralement se séparer des éléments de patrimoine auquel elle n’attache plus d’importance affective. Pour elle ils n’ont plus de significations symboliques. On parle de « sentiment patrimonial » (Larousse Encyclopédie, 2014).

En fait, les personnes en donnant de la valeur de toute nature à leur patrimoine, montre que le patrimoine leur provoque de l’intérêt. Cette valeur qui lui est accordée engendrera généralement une implication pour sa sauvegarde.

 

Après avoir décrit les caractéristiques indispensables pour définir le patrimoine, il est intéressant de voir le patrimoine d’un point de vue concret.

 

2. Le patrimoine en pratique

  • La diversité du patrimoine

Comme expliqué précédemment, on applique la notion de patrimoine à des champs très divers. Il peut ainsi être décrit en fonction de :

–          sa provenance : le patrimoine paternel (venant du père), maternel (venant de la mère), etc.

–          son application: le patrimoine régional, le patrimoine national pour toute la nation d’un pays, le patrimoine universel à vocation supranationale, etc.

–          sa nature : le patrimoine matériel (comme des bâtiments, des objets d’arts…) ou immatériel (des danses, des chants…)

–          son domaine d’application : le patrimoine archéologique, immobilier, financier, architectural, linguistique, historique, génétique, culinaire, économique, culturel, naturel, littéraire, musical, etc.

[Sources : Larousse Encyclopédie (2014), Larousse dictionnaire (2014), Le petit Robert (2013)]

 

Afin de mieux comprendre les caractéristiques du patrimoine, il convient maintenant d’aborder un cas concret : Le Palais et parc de Versailles.

  •  Un cas concret : Le Palais et parc de Versailles

Grâce aux actions grandissantes de l’UNESCO, le patrimoine culturel prend de plus en plus d’importance dans notre société actuelle. Cet organisme onusien s’applique à « recenser » le patrimoine culturel matériel et immatériel ayant une portée planétaire, ainsi qu’à « aider matériellement et financièrement les Etats à préserver ces vestiges » (Lakehall, 2014).

Le château de Versailles

Source : http://www.e-voyageur.com/chateau/chateau-de-versailles.htm

 

Le parc du château de Versailles

Source : http://bluegarden.fr/blog/le-metier-de-paysagiste/

En France, le château de Versailles, classé par l’UNESCO en 1979, représente une icône incontournable du patrimoine sur le territoire français.

Carte

 

Source : http://whc.unesco.org/fr/list/83

Le château de Versailles a subit son plus gros réaménagement au XVIIe siècle sous Louis XIV et fut dès lors, un lieu emblématique de la monarchie en France. Il de trouve près de Paris (voir point jaune sur la carte ci-dessus), et s’étale sur plus de 1 070 hectares (voir la délimitation du bien sur la carte ci-dessous).

Palais et parc de Versailles : délimitation du bien lors de son inscription sur la liste en 1979

Source : http://whc.unesco.org/fr/list/83

Le château de Versailles fait donc parti du patrimoine universel culturel et historique présent sur le territoire français. En effet, lors de son inscription à l’UNESCO, il a été mis en avant que Versailles était « une réalisation artistique et esthétique unique, un chef d’œuvre de l’esprit créateur de l’homme par l’ampleur et la perfection du programme réalisé » ; que sa vocation était universelle car il avait une renommée internationale qui a influencé et inspiré l’architecture au niveau mondial ; et que le château renferme des connaissances sur l’Histoire française et européenne en général (Unesco, 2014).

Le château se transmettait entre les différentes générations de la famille royale française. Désormais, il a une portée commune et se transmet donc de génération en génération, sans distinction d’appartenance.

Etant donné sa portée universelle, c’est une propriété commune. Il est cependant géré par l’Etat français en collaboration avec l’UNESCO. Le château est le symbole de l’Ancien Régime en France, de la monarchie française : il a clairement marqué son identité.

Il a aujourd’hui une valeur économique non-négligeable, étant donné le nombre de richesses qui s’y trouvent en termes d’œuvres d’art (tableau, statuts, fontaines, matériaux rares…) et la manne financière générée par le tourisme. Le château est aussi fortement ancré dans l’affectif des français notamment : il représente la grandeur de la France à une époque donnée, fait parti des symboles qui définissent la France, à l’instar de la Tour Eiffel, et a eu une influence dans son Histoire et celle de ses voisins européens. C’est une des raisons pour lesquelles le château a fait l’objet d’une demande d’inscription à l’UNESCO : l’Etat français lui accordait de la valeur et avait besoin de l’ONU pour entretenir ce témoignage du passé et le faire partager à toutes les populations (notamment celle qu’il avait touché durant son Histoire).

 

Conclusion

arborescence sur le patrimoine et ses caractéristiques

Comme l’illustre l’arborescence ci-dessus, le patrimoine se définit grâce à trois notions fondamentales : la propriété, la transmission et la valeur. D’ailleurs ces deux premières implications sont illustrées par une des définitions du patrimoine donnée par le dictionnaire Larousse : « ensemble des éléments aliénables et transmissibles qui sont la propriété, à un moment donné, d’une personne, d’une famille, d’une entreprise ou d’une collectivité publique ». L’importance de la valeur accordée pour le patrimoine s’illustre par l’accent qui est mis sur sa conservation, sa restauration et sa diffusion. Ces trois dernières actions sont d’ailleurs les principaux soucis de l’œuvre de l’UNESCO, organisme référence en matière de patrimoine culturel mondial.

Les enjeux et les débats actuels qui subsistent autour du patrimoine, sont des questions justement liées à sa conservation. D’un côté le patrimoine permet de générer de l’argent grâce à l’afflux de touristes du monde entier, permettant également de sauvegarder les « témoignages du passé » et la mémoire collective. Toutefois, d’un autre côté, certains clament que cette conservation trop intensive du patrimoine est un vrai frein à l’innovation et à l’expression des générations actuelles.

A titre de bibliographie complémentaire sur ces sujets de débat, un dossier sur le patrimoine rédigé par Larousse Encyclopédie : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/patrimoine/77550

 

Bibliographie :

Ouvrages :

  • Le petit Robert (2013). Dictionnaire
  • M. Lakehall (2014). Le grand livre de la politique, de la géopolitique et des relations internationales

Sites internet :

Mots clés :

Conservation, propriété, héritage, Unesco, sentiment patrimonial

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