Le risque
Introduction
La définition du risque peut prendre plusieurs formes :
- la possibilité, la probabilité d’un fait, d’un événement considéré comme un mal ou un dommage
- le danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé : courir le risque d’un échec
- le fait de s’engager dans une action qui pourrait apporter un avantage, mais qui comporte l’éventualité d’un danger
- le préjudice ou sinistre éventuel que les compagnies d’assurance garantissent moyennant le paiement d’une prime
Ces définitions ont un point commun, elles font toutes correspondre un sens péjoratif au terme risque (mal, dommage, échec, danger, préjudice, sinistre). Le risque induit donc, de par sa définition, un aspect négatif. Le risque semble donc être le fait de se mettre en situation d’inconnu, de perte de stabilité ou de maîtrise.
Nous nous demanderons donc dans quelle mesure l’éducation, la culture et l’environnement jouent un rôle fondamental dans la perception du risque.
I) La perception du risque dans les sociétés occidentales
1.1. Les différents types de risques existants
On peut classer les risques en 2 temps. Il existe tout d’abord différents types de risques :
- les risques naturels : avalanche, feu de forêt, inondation, mouvement de terrain, cyclone, tempête, séisme et éruption volcanique…
- les risques technologiques : industriel, nucléaire, biologique, exploitation minière, transport de matières dangereuses…
- les risques de la vie quotidienne : accidents domestiques, accidents de la route, accidents dans les transports en commun…
- les risques liés aux conflits : guerres…
Dans un second temps, on peut classifier les risques selon Farmer, un ingénieur nucléaire britannique concepteur d’une courbe qui met en relation la fréquence et la gravité des accidents. La courbe se décompose en 3 domaines :
- événements à fréquence très élevée et de faible gravité
- événements à fréquence moyenne et de gravité importante
- événements à fréquence faible et d’extrême gravité
Dans la société occidentale que nous connaissons à l’heure actuelle, les risques auxquels nous sommes le plus exposé sont d’ordre :
- technologique : explosion de l’usine AZF de Toulouse en 2001
- naturel : 5 morts dans les inondations du Sud de la France en novembre 2014
- de la vie quotidienne : accidents de la route
Les risques liés aux conflits ne sont pas directement supportés par les populations occidentales. Indirectement, si l’on prend l’exemple de la France, on peut quand même souligner que le pays est engagé dans des opérations militaires extérieures qui peuvent comporter un risque de représailles. Ce risque a récemment coûté des vies humaines notamment en Somalie et au Mali (militaires) ou en Algérie (Hervé Gourdel). De plus, il existe un risque sur le territoire français relatif aux actes de terrorisme possibles.
Comme nous l’avons développé dans l’introduction, on peut aussi voir le risque comme le fait de s’engager dans une action qui pourrait apporter un avantage, mais qui comporte l’éventualité d’un danger. Cette composante de la définition du risque est un élément auquel nous sommes confronté au quotidien. En effet, chacune de nos actions est motivée par une anticipation sur le gain et la perte engendrée. La décision d’agir ou de ne pas agir sera prise si l’agent considère que le gain est plus important ou plus probable que la perte potentielle.
On peut donc comprendre qu’il soit difficile d’agir, d’entreprendre. Lorsque nous devons prendre une décision, nous nous projetons dans l’avenir et créons un scénario, en prévoyant la plupart du temps le pire, ce qui nous pousse à l’inaction.
On peut comparer 2 représentations occidentales du risque. La vision latine et la vision anglo-saxonne. La vision latine est celle que nous connaissons, la définition du risque étant, comme nous l’avons démontré, péjorative. Les anglo-saxons, eux, voient le risque comme une opportunité, comme une chance. En effet on peut traduire « prendre un risque » en anglais : « Take a risk » mais une seconde définition « Take a chance » est autant, si ce n’est plus utilisée dans ces pays. La nature linguistique de cette transformation du risque en chance est probablement en partie à l’origine de l’importance de l’entreprenariat dans les pays anglo-saxons (USA) comparativement aux pays latins (France).
Le rapport au risque diffère donc au sein même des sociétés occidentales, similaires par leur mode de vie, leur vision du monde (mondialisation). Cela montre l’importance de notions propres à chaque société, l’éducation et la culture, dans la perception du risque
1.2. La mesure et la protection face au risque
Depuis l’avénement de la finance consécutif au développement du capitalisme, le risque est devenu un concept mathématique, donc probabilisable. On calcule le niveau de risque pour savoir comment s’en prémunir. Dans un investissement financier le risque est intimement lié au profit. Ainsi, un niveau de risque élevé permettra de dégager un gain plus important mais en cas de défaut, les pertes seront plus importantes. Le degré de risque auquel l’investisseur sera exposé représente donc généralement un choix, en amont, de celui-ci. Cette hypothèse peut, dans une certaine mesure, être réfutée par l’apparition de crises économiques. En effet, peu d’acteurs du monde financier ont eu la capacité de prévoir la crise de 2007-2008. Malgré tout, on sait que les crises font parie intégrante du système dans lequel nous vivons. Elles appartiennent aux cycles économiques qui se succèdent et sont donc récurrentes (Croissance – Crise – Récession -Croissance…). Elles sont donc, en théorie prévisible mais le moment où une crise survient est difficile à prévoir dans un contexte de croissance et d’euphorie.
Ce postulat est adaptable au quotidien de chacun. En effet, lorsqu’un agent souhaite par exemple assurer sa voiture, c’est pour se protéger du risque d’avoir un accident et pour se prémunir de dépenses auxquelles il n’aurait pas pu faire face sans être assuré.
Il y a aussi une dimension légale. L’état oblige tous les conducteurs à être assurés. Malgré cette contrainte, certaines personnes font le choix de prendre le risque. Ce choix peut être motivé par différents motifs : moyens financiers insuffisants, défiance de l’autorité, perte de permis et travail nécessitant de se déplacer en voiture. Le choix de l’agent face au risque est donc central. Généralement, lorsqu’il est exposé au risque, il l’a choisi mais ce n’est pas toujours le cas. On peut citer les risques naturels (inondation, tempête, séisme…) ou encore les risques de la vie quotidienne (accident de voiture…).
En définitive, le risque est un élément que l’on peut, la plupart du temps, calculer. La notion de choix de l’agent dans la prise de risque est centrale. Certains risques sont difficiles voire impossibles à prévoir. Ici, l’agent n’a d’autre choix que de subir le risque.
II) Le risque dans les pays les moins avancés
1.1. Une perception différente du risque
La notion de pays les moins avancés a été définie en 1971 par le Conseil économique et social des Nations Unies et intègre les pays cumulant 3 critères :
- un PIB brut par habitant inférieur à 900$
- un retard dans le développement humain basé sur un indice incluant des indicateurs de santé, de nutrition et de scolarisation
- une vulnérabilité économique basée sur un indice incluant des indicateurs sur la production et les exportations agricoles, le manque de diversification de la production
On compte 48 PMA : 34 en Afrique, 9 en Asie, 4 en Océanie et 1 dans les Antilles. Ils étaient 25 lors de la création de l’appellation. Cela montre une augmentation des inégalités entre les pays depuis 1971.
Pour essayer d’expliquer la différence que ces pays ont au niveau de la perception du risque, partons de l’exemple de Clair Michalon (conférence Tedx). Il a écrit 3 livres entre 2002 et 2007 et s’intéresse à la question de la diversité culturelle. Il a beaucoup voyagé au cours de sa vie et a notamment rencontré des populations en Algérie, au Burkina Faso, en Inde, en Chine et en Bolivie.
Chacun des peuples qu’il a rencontré au cours de ses différentes visites ont déclaré avoir une spécifié culturelle, celle d’avoir un très grand respect pour les personnes âgées. Pour l’expliquer, Clair Michalon a cherché un point commun à ces 5 peuples qui n’avaient ni la même nationalité, ni la même religion, ni la même couleur de peau. Il en est arrivé à la conclusion que suivante : si ces peuples se trompent, ils meurent. Cette logique est en lien direct avec le contexte hostile dans lequel ils vivent. C’est donc le reflet d’une grande précarité. Cela implique que si ces populations ne meurent pas, elles ne se sont pas trompées et qu’à force de ne pas se tromper, elles vieillissent. Une personne âgée, c’est donc quelqu’un qui ne s’est jamais trompé. Le respect pour les personnes âgées dans ce contexte difficile est logique, il provient donc du fait qu’ils aient réussi à ne pas mourir.
A partir de ce raisonnement, on peut faire le lien avec un risque spécifique auquel sont confrontés les peuples vivant dans les pays les moins avancés, le risque de mourir. Ce risque est beaucoup plus important dans les pays les moins avancés car les populations font face à un manque de moyens (eau, nourriture, électricité, hôpitaux…) duquel résulte une grande précarité. Au contraire, en occident, on constate un excédent de moyens duquel résulte une certaine sécurité, un meilleur contrôle des risques.
1.2. La prise de risque condition nécessaire à la vie, à la survie
Les populations des pays les moins avancés sont confrontées à une grande précarité cumulée à un faible contrôle des incertitudes (hostilité du milieu de vie). Elles sont obligées de prendre des risques car elle n’ont pas accès à la sécurité qui les mettrait à l’abri des conséquences du dit risque. Le rapport à la mort est fondamental dans ces sociétés. Les peuples n’ont pas le choix au regard du contexte économique car le seul choix possible est celui de prendre le risque de mourir ou de mourir sans prendre de risque. Il n’y a pas d’échappatoire, d’assurance, de garantie. En effet, l’erreur est souvent condamnée par la mort. L’initiative est risquée mais indispensable pour la survie du groupe.
Ainsi, Clair Michalin nous rapporte l’exemple du trafic d’essence au Bénin, l’essence étant 8 fois moins cher au Nigéria, pays voisin du Bénin. Les béninois, disposant de moyens limités, ont créé une scooter doté d’un réservoir de 250 litres servant à acheter l’essence au Nigéria pour la revendre au Bénin. Ce procédé était très dangereux mais les béninois ont justifié leur acte par l’absence de choix à laquelle ils étaient confrontés.
Conclusion
En définitive, le risque est une notion qui comporte une perception différente selon le contexte dans lequel on se place. Nous avons comparé une conception occidentale à la vision que pouvaient avoir les populations des pays les moins avancés.
Cette différence de perception a une incidence sur la manière de se protéger face au risque. Les peuples vivant dans la pauvreté reproduisent les pratiques antérieures en utilisant la tradition comme protection, c’est à dire l’ensemble des dispositions qu’un groupe, en milieu difficile, a imaginé pour réussir à survivre. Les occidentaux utilisent eux la procédure, c’est à dire un ensemble de dispositions qu’un groupe, en milieu hostile, prend pour éviter qu’une erreur individuelle ne mette en péril la survie du groupe.
Ces deux concepts représentent sensiblement la finalité : se protéger du risque. Cependant, 2 systèmes s’opposent, un système sécuritaire dans lequel l’initiative n’est plus risquée mais devient une opportunité et un système de précarité où l’initiative est risquée du fait du contexte (un seul mot en Bolivie pour dire initiative et risque).
L’environnement, l’éducation et par prolongement la culture jouent donc un rôle dans la perception du risque. En effet, la culture étant l’adaptation des hommes à leur environnement et découlant directement de l’éducation, le rapport au risque sera fonction du contexte dans lequel les hommes vivent.
Bibliographie
https://www.youtube.com/watch?v=6DXmjKlL0Os
https://www.youtube.com/watch?v=06vbPIJlkZU
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=lWei-dU8B0M
http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/ressources-humaines/entrepreneurs-l-amendement-dividende-qui-fache-104740.php?xtor=CS1-60 dur d’entreprendre en France
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/risque/69557
http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module3/risques/1.1/html/2_2-1_3.html
http://www.risquesmajeurs.fr/definition-generale-du-risque-majeur
http://www.unit.eu/cours/cyberrisques/etage_2/co/Module_Etage_2_7.html
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