Nous allons nous intéresser à la notion de mégalopole.
Tout d’abord, nous chercherons à déterminer les origines du terme ainsi que sa définition. Ces éléments nous amènerons à relever les principales caractéristiques d’une mégalopole, à ne pas confondre avec une mégapole.
Nous chercherons à savoir quelles sont les implications de ce terme. Pour cela, nous passerons en revue les 3 grandes mégalopoles existantes :
– de manière générale, la mégalopole nord-américaine et la mégalopole européenne
– et opérer un focus sur la mégalopole japonaise, afin de mieux comprendre comment la géographie peut influencer la démographie.
Nous finirons par conclure en observant le monde d’aujourd’hui pour déterminer quelles sont les mégalopoles en devenir et les implications sur la signification du terme de mégalopole.
I- Origines du terme et définition d’une mégalopole.
Terme forgé sur des racines grecques (megas, megalos, « grand » et polis, « ville »), d’abord appliqué à la Megalopolis nord-américaine par Jean Gottmann, géographe français, dans son livre intitulé « Megalopolis, The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States». Le terme désigne des ensembles urbains reliés fonctionnellement, via des réseaux de transports et de communications notamment.
La mégalopole se distingue d’une conurbation par ses dimensions spatiales et son poids démographique. Par ailleurs, l’urbanisation n’y est pas forcément continue : elle peut inclure des espaces ruraux, naturels (forêts, zones humides), des poches de marginalité.
À la différence de la métropole, la mégalopole ne relève plus d’une gestion locale, de proximité, car celle-ci est composé de plusieurs centres urbains interconnectés.
Ainsi, nous pouvons dresser les principales caractéristiques d’une mégalopole :
– elle se traduit donc comme un ensemble urbain, ce qui signifie la proximité de nombreuses grandes villes, voir même de mégapoles. Bien entendu, celle-ci ne sont pas proches au point de se toucher. Mais leur expansion, notamment au travers de leur banlieues et périphéries, fait que de plusieurs de ces grandes villes peut naitre un grand espace urbanisé, qui peut comporter des espaces ruraux, comme vu plus haut. La hiérarchisation des villes y est très présente.
– elle se traduit aussi par des zones comportant une grande population, sans pour autant atteindre une très forte densité de population, en particulier pour la mégalopole européenne. Mais en ce qui concerne la mégalopole japonaise, celle-ci est bel et bien caractérisée par une très forte densité de population.
– elle possède un réseau de transport très développé, qui relie très bien toutes les villes de la zone concernée. On peut y ajouter aussi les réseaux de communications, que ce soit inter-zones comme intra-zones.
– elle concentre généralement des pouvoirs économiques, financiers, politiques et décisionnels importants. Les trois mégalopoles mondiales constituent en effet les 3 centres économiques mondiaux, même si d’un point de vue purement économique les choses sont en train de changer avec l’essor de pays comme la Chine, l’Inde ou encore le Brésil.
Ainsi, nous pouvons voir que les mégalopoles ne constituent pas de simples amas de population, mais bien des espaces complexes et hiérarchisés, qui concentrent un fort pouvoir sur la scène locale et mondiale. Elles forment les trois pôles de la Triades.
Nous allons maintenant voir comment cela se traduit concrètement en étudiant les trois mégalopoles.
Sources:
géoconfluences.ens-lyon.fr
II- Les trois mégalopoles actuelles.
1. Les caractéristiques de la mégalopole nord-américaine, communément appelée BosWash.
La mégalopole américaine est appelée Mégalopolis (45 millions d’habitants). Elle s’étend sur la façade atlantique pendant 800 km de Boston à Washington. Elle concentre des lieux de pouvoir : Manhattan, le Central Business District de New York, abrite de nombreux sièges sociaux, notamment de firmes transnationales, la bourse de Wall Street, le siège de l’ONU. A Washington, se trouve la capitale fédérale avec la Maison-Blanche, le Congrès, le Département de la Défense (le Pentagone), mais aussi le Fonds monétaire international (FMI) et les ambassades. Boston reçoit de prestigieux établissements universitaires comme Harvard et le Massachussets Institute of Technology (MIT).
Les différentes villes de la mégalopole sont extrêmement connectées par les transports, qu’ils soient routiers, aériens ou ferroviaires (l’Acela, ligne à grande vitesse, en parcourt toute la longueur).
http://compodispo.free.fr/voir-geo.php?id=4
2. Les caractéristiques de la mégalopole européenne.
La « mégalopole européenne » ou « dorsale européenne » est donc constituée d’un ensemble de ville de toutes tailles. Elle s’étend de Londres à Milan (du bassin londonien au nord de l’Italie, en passant par la Rhénanie) interrompu seulement par l’arc alpin. Elle fait 1500 km de long et compte pas moins de 70 millions d’habitants.
On la nomme encore « la banane bleue » nom donné par Roger Bruner du à sa luminosité vue de l’espace. Ce même Roger Bruner qui fut le premier à qualifier cette zone de mégalopole européenne, en 1973, dans un article intitulé « Structures et dynamiques du territoire français ».
On y trouve des métropoles financières comme Londres, Paris, Francfort, Zurich et Milan ou siègent les firmes les plus importantes. A Londres, on trouve La Bourse (Wall Street) et la City qui est la plus importante place financière du monde.
Les nombreuses autoroutes, la mise en place du tunnel sous la Manche et des tunnels alpins permettent de faciliter le transport des marchandises intra zone. Les voies ferroviaires sont aussi très développées.
Cependant, cette notion de mégalopole européenne a perdu de son sens, pour finalement évoluer en « Ring » en 1998, « anneau » en allemand. Qui prend en compte diverses régions supplémentaires dont Paris.
http://beaugency.over-blog.com/article-partie-3-theme-1-l-union-europeenne-une-union-d-etats-106963378.html
3. La mégalopole japonaise, caractéristiques et limites.
La mégalopole japonaise, ruban urbain et littoral de 1 500 km de long et de 50 km de large, regroupe 105 millions d’habitants. C’est la mégalopole la plus densément peuplée avec une densité de population d’environ 1 500 hab./k2m. Elle comprend l’agglomération la plus peuplée du monde, Tokyo, qui compte plus de 30 millions d’habitants. Elle est la 1ère région industrielle du monde. La puissance financière du Japon s’y exerce depuis les Bourses de Tokyo (le Kabuto-Cho) et d’Ôsaka, les établissements financiers et les sièges sociaux des multinationales japonaises, concentrés dans les centres d’affaires de ses métropoles.
La mégalopole japonaise est organisée autour d’un axe complet de communications : autoroutes, trains rapides (Shinkansen), liaisons aériennes. Grâce à des ponts et tunnels, les îles de Shikoku et de Kyushu forment avec Honshu un archipel d’un seul tenant ; ainsi, ces îles accueillent les extensions récentes de la mégalopole. Quatre aéroports internationaux, ceux de Tokyo (Narita et Haneda) et ceux d’Osaka, notamment l’aéroport du Kansai aménagé sur un gigantesque terre-plein, assurent un trafic passagers considérable et croissant. Ils contribuent à l’ouverture de la mégalopole sur le monde.
La création de cette mégalopole a été faite en grande partie à cause des contraintes géographiques. En effet, l’intérieur du Japon est très montagneux, ce qui rend la sédentarisation difficile. En revanche, la plupart des côtes du sud du pays sont des plaines, ce qui a favorisé la culture du riz via les rizicultures. L’abondance de nourriture dans les plaines à alors permis une forte concentration de population. Et c’est donc tout naturellement que les premières industries se sont développées dans ces régions, créant ainsi les prémices de la mégalopole que l’on connait aujourd’hui.
http://www.images.hachette-livre.fr/media/contenuNumerique/029/1919085102.pdf
Cependant, la mégalopole japonaise est aussi exposée à des dangers et fait face à ses limites.
Une mégalopole soumise à de forts risques.
Rançon du « miracle économique », la façade pacifique du Japon souffre de saturation de l’espace et de dégradation de l’environnement. Les fumées industrielles et une intense circulation automobile libèrent une grande quantité de gaz à effet de serre. La superficie agricole recule, grignotée par l’étalement urbain, les terrains industriels et les résidences périurbaines.
En outre, les risques naturels affectant la mégalopole sont redoutables. Volcanisme, séismes, tsunamis, typhons, inondations, ravinement frappent fréquemment l’archipel. Le séisme de Kôbe, en 1995, a fait plus de 6 000 victimes ; il a révélé les lacunes de l’architecture antisismique et les inégalités sociales face aux risques naturels.
Des efforts peu efficaces pour déconcentrer la mégalopole.
Les gouvernements japonais ont essayé de créer de nouveaux espaces industriels loin des grandes villes de la mégalopole. En 1983, le plan Technopolis a eu pour objectif d’implanter 26 technopôles dans les zones les moins développées de la mégalopole ou hors de la mégalopole. Mais le bilan est mitigé : la mégalopole concentre toujours l’essentiel de l’activité économique du pays.
Plusieurs plans de déménagement de la capitale, Tokyo, ont été imaginés dans les années 1980 et 1990 : elle apparaît en effet saturée et polluée. L’objectif était d’installer les institutions politiques dans une ville nouvelle à environ 70 kilomètres de Tokyo. Mais, face au coût d’une telle entreprise et en raison de la présence du palais impérial à Tokyo, le projet a été provisoirement abandonné en 2000.
La mégalopole et le défi du développement durable
Les Japonais ont pris conscience des problèmes environnementaux résultant de l’industrialisation et de l’urbanisation et s’efforcent d’y remédier. Un ministère de l’Environnement a été créé en 2001. La dépollution des eaux maritimes de la mégalopole a été engagée. En 1995, le plan Marinovation est élaboré par l’État pour financer les opérations de dépollution et de repeuplement de poissons dans les eaux littorales.
Des efforts sont tentés pour réaménager l’espace mégalopolitain de façon plus équilibrée. Ils se traduisent en particulier par une élévation du bâti de manière à dégager de la place pour les espaces verts. Des chantiers de réaménagement du littoral se développent : des terre-pleins proches des centres abandonnant leur vocation première industrielle sont désormais destinés à une vocation plus urbanistique : résidences, bureaux, espaces de loisirs.
Sources:
lechathuant.e-monsite.com
http://philippoherve.h.p.f.unblog.fr/files/2011/02/lesmegalopoles.pdf
http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M202/Brunet.pdf
http://www.images.hachette-livre.fr/media/contenuNumerique/029/1919085102.pdf
lewebpedagogique.com_aguedet_files_2012_05_MEGALOPOLE_JAPONAISE_avec_croquis.pdf
cbhg.org_wp-content_uploads_2009_06_la_m%C3%A9galopole_japonaise.pdf
lyceedadultes.fr
Guide National Geographic sur le Japon
III- Conclusion et perspectives.
Pour conclure, nous pouvons dire qu’il existe bel et bien des critères qui permettent de définir si une mégalopole est identifiable ou non. Cependant, avec l’évolution du contexte économique et démographique mondial, les zones qui regroupent certains de ces critères sont de plus en plus nombreuses. Nous sommes alors en droit de nous demander si ces zones seront dans un futur plus ou moins proche des mégalopoles, ou si nous devront réviser la définition que l’on a de celle-ci.
Ainsi, d’autres regroupements de villes peuvent être perçus comme des mégalopoles :
– Au Brésil, la zone littorale comprise entre Rio de Janeiro et São Paulo.
– Aux États-Unis, la zone urbaine située entre San Francisco et San Diego, appelée Sansan.
– La conurbation transfrontalière de la région des Grands Lacs, en Amérique du Nord, et ses 65 millions d’habitants. Elle réunirait des métropoles américaines comme Chicago et Detroit, et canadiennes comme Montréal et Toronto.
– En Afrique du Sud, la fusion des aires urbaines de Johannesburg, Pretoria et de la zone comprise entre les villes plus petites de Witwatersand, Vereeniging et Sasolburg. Cette zone, qui compte plus de 8 millions d’habitants, semble elle aussi détenir des caractéristiques propres aux mégalopoles.
Sources:
www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/08/13/20002-20140813ARTFIG00025-la-moitie-des-megalopoles-seront-dans-les-pays-emergents-d-ici-2030.php
fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9galopole
www.archipress.org
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