Mondialisation / Globalisation

Carte de la BosWash

« Nous n’appartenons plus qu´à un seul monde. Nous expérimentons des versions locales du monde et, en le faisant, nous devons nous localiser dans le contexte le plus large du global »- Jérémy Rifkin.

L’avenir de la société : globalisation et/ou mondialisation ?

Il existe un grand débat théorique entre ces deux notions. D’un point de vue étymologique, ces deux termes paraissent être de parfaits synonymes. L’un est donc simplement la traduction anglophone de l’autre. Pour d’autres (la plupart des géographes et philosophes), la nuance est plus marquée et dépend de l’accent qu’ils mettent sur la dimension des notions (économique, culturel etc.). En ce sens, une entreprise globale peut être active dans le monde entier tandis qu’une entreprise mondiale considère la Terre comme un village. Nous nous demandons donc : en quoi ces deux notions sont-elles réellement distinctes ?

I – La mondialisation – Une adaptation aux cultures

La notion de mondialisation vient du latin « mundus » qui signifie univers. La mondialisation est une analyse mondiale des dynamiques sociale, économique et spatiale retrouvées à la fois aux niveaux local, régional et national. D’après le Dictionnaire Larousse, il s’agit d’un agrandissement du champ d’activités des acteurs économiques en interaction (entreprises, banques, Bourse ou encore Etats). Il en résulterait un mouvement d’intégration économique commerciale et des communications de la majorité des pays. Ou même encore, un accroissement planétaire des échanges à la fois culturels politiques et économiques.

Définie en ce sens, la mondialisation, ajoute Laurent Carroué, (géographe français né en 1958) est une diffusion du capitalisme occidental vers les pays émergents. Les espaces moteurs étant principalement les pays de la Triade (Amérique du nord, Europe et Japon). Paul Valéry (1871-1945), écrivain et philosophe français, connu pour son œuvre Regards sur le monde actuel connaissait dès 1930 les résultats de cette mondialisation : « rien ne se fera plus sans que le monde entier ne s’en mêle ». Autrement dit, le monde et sa population sont désormais interdépendants à l’échelle mondiale.

Enfin, comme nous l’indique Gilles Ardinat (chercheur en sciences humaines) dans son œuvre Comprendre la globalisation en 10 leçons, la mondialisation est un processus dynamique, et non un état immobile.

Historique

Cette création d’un espace mondial interdépendant date du XVe et XVIe siècle, période des expéditions maritimes et des Grandes Découvertes, donc des connexions entre les différentes parties du globe. Mais sa préhistoire remonte à l’Ancien Monde où se développaient les flux de populations, de marchandises et de connaissances. La mondialisation prendra finalement son essor au cours du 20ème siècle. La notion s’est répandue dans les années 1990 grâce à Marshal McLuhan (philosophe et sociologue – 1911-1980) et ses thèses philosophiques sur le « village global », un village d’interconnexion où les frontières sont supprimées pour rendre les informations fluides. En France, le mot apparaît en 1916 dans l’ouvrage de Paul Otlet (auteur, entrepreneur et juriste – 1868-1944), qui désigne la mondialisation comme un ajustement à l’échelle mondiale et un réaménagement post guerre.

Comment penser la mondialisation géographique ?

La mondialisation est un résultat : celui du monde. Olivier Dollfus (1931-2005), géographe, nous définit la mondialisation comme « un échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité ». L’une de ses œuvres intitulées La Mondialisation apporte des définitions et concepts clés liés à la complexité de cette notion. A ce titre, il souligne le caractère réprouvé de la mondialisation qu’il qualifie de « bouc émissaire » (la mondialisation donne des explications sur une réalité mal connue).

Comment penser la mondialisation économique ?

La mondialisation est une libre circulation des moyens de production, tels que le capital financier, les ressources humaines et les monnaies. La mondialisation a évolué considérablement durant ces dernières décennies, grâce à quatre principaux éléments : facteurs institutionnel, technique, économique et stratégique – un développement des moyens de transports et de marchandises (accord de GATT, réduction des coûts de transport) ; des innovations à savoir le développement des technologies de l’information et de la communication (internet, radio, TV) ; une restructuration de l’espace mondial encourageant le modèle occidental à s’amplifier ; et de nouvelles stratégies d’entreprises tournées vers l’internationalisation -. Cela se manifeste également par l’intensification de la concurrence et les interactions humaines.

Face à la mondialisation

Les effets pervers de la mondialisation (déréglementation des économies nationales, libéralisation exagérée des échanges, standardisation des échanges humains et disparition des particularités etc.) font monter des mouvements, nés pour limiter cette mondialisation : les altermondialistes. A ce propos, il existe aujourd’hui des institutions qui gèrent ces effets néfastes. Par exemple, l’Europe a créé le Fonds Européen d’ajustement de la mondialisation (FEM), qui reprend les idées du Trade Adjustement Assistance (TAA) mis en place par les USA en 1962. 

II- La globalisation – Une uniformisation des process

Historique

La globalisation vient de l’anglais « globalization » et du latin « globus » qui signifie globe. Le terme « globalization » est né de l’essor du commerce mondial en 1945. Il est la conséquence de deux changements importants : technologique (transports, information et communication : Le World Wide Web) et politique (mesures de déréglementations, libéralisation…).

Quid ?

Globaliser indique la réunion de plusieurs éléments dissemblables en un tout homogène. Henri Bartoli, professeur d’économie à l’Université de Paris définit la globalisation comme « une chose qui tend à devenir un ensemble régit par des règles tel que le tout organisé constitue un système ». Plus utilisé par les sociologues, ce terme ferait référence à un système-monde, qui surplombe les relations internationales et la mondialisation.

Pour David Harvey (géographe britannique né en 1935), la globalisation repose sur deux caractères ontologiques : « la compression de l’espace et du temps ». En effet, nous construisons des relations sociales grâce à notre discernement du temps et de l’espace.

Le processus de globalisation se fait étapes par étapes : l’entreprise développe ses exportations, elle établit à l’étranger des services (comme la vente) et commence à produire localement. Elle accorde ensuite toute l’autonomie à ses filiales. A la fin du processus, on parle d’intégration globale : les entreprises font tout à l’échelle mondiale.

Points communs et divergences avec la mondialisation

La globalisation présente un point commun avec la mondialisation : c’est un processus d’intégration. Dans cette définition, l’intégration part de perspectives fonctionnelles pour arriver à des perspectives mondiales de process opérationnels.

L’une des différences majeures avec la mondialisation est que la globalisation désigne un processus uni causale, se réduisant à la dimension économique (la mondialisation quant à elle décrit un processus multi causal et multidimensionnel). On parle alors ici de globalisation financière, un marché unifié de l’argent ou encore une interdépendance croissante des économies. Ce terme est apparu avec la naissance des « 3 D » : la déréglementation (arrêt des règlements en matière de capitaux d’un pays à un autre), le décloisonnement (atténuation des frontières entre les marchés) et la désintermédiation (se financer directement sur les marchés sans recours au crédit bancaire).  Si la mondialisation se présente comme une force subjective (nous inventons et expérimentons les transformations), la globalisation quant à elle semble plus objective (il ne reste qu’à obéir aux transformations naturelles de la réalité).

Les agents économiques contrairement à la mondialisation sont principalement les entreprises multinationales qui tendent d’élaborer des stratégies à l’échelle mondiale. Ces entreprises n’ont plus d’identité nationale ni de délimitation claire. Ce ne sont plus que des réseaux d’échanges mondiaux. A ce titre, il ne faut pas confondre internationalisation et globalisation. Par exemple, lorsqu’une firme française fusionne avec une firme américaine, les décisions sont toujours prises au niveau local. Autrement dit, la globalisation ne détruit pas la dimension locale. Elle déplace les frontières et les réordonne.

D’autres « types » de globalisation

La globalisation industrielle est la capacité des entreprises multinationales à apprêter leurs stratégies à l’échelle planétaire. La globalisation commerciale correspond quant à elle au développement d’échanges commerciaux. D’autres domaines sont également touchés comme l’environnement, la politique, la culture etc.

Pour aller plus loin…la dimension organisationnelle

Dans son livre GlobalisationChristian Fournier  nous explique la nécessité d’une adaptation de l’organisation de l’entreprise face à la mondialisation. Selon lui, la globalisation est un phénomène obligatoire vu la tendance à la mondialisation de l’économie. Chaque entreprise se concentre sur ses avantages concurrentiels pour accroitre son efficacité dans  une économie aujourd’hui globale. Elles cherchent à tirer profit de l’avantage des marchés locaux, mais également des marchés globaux : c’est à dire combiner le global et le local, d’où la célèbre devise « Think Global, Act Local ».

III – Annexes

  • Mots clés : Intégration, Interdépendance, Interaction, Système-monde

Intégration : coordination étroite et sans couture d’activités visant à atteindre un but ou un objectif commun précis. Interdépendance : dépendance réciproque entre plusieurs éléments. Interaction : échange d’informations, ou d’énergie entre 2 agents au sein d’un système. Système-monde : un seul monde connecté par un réseau complexe de relations d’échanges économiques (une économie-monde).

  • Citations

 « Avant, les évènements qui se déroulaient dans le monde n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. » Polybe (II siècle avant JC)

« Nous sommes devenus des marins électroniques capables de faire venir le monde à nous sur nos écrans. Nous sommes entrés dans l’âge de la globalisation accomplie : nous englobons le monde » Peter Sloterdijk.

  • Webographie

Wikipédia & Wiktionnaire : Mondialisation / Globalisation

Dictionnaire Larousse : Mondialisation / Globalisation

http://www.scienceshumaines.com/globalisation-versus-mondialisation_fr_1044.html

http://www.annales.org/gazette/Gazette_web_04.pdf

http://economie.trader-finance.fr/globalisation/

http://socio-anthropologie.revues.org/440

http://www.forum.lu/pdf/artikel/4432_200_Schuller.pdf

http://www.lalibre.be/debats/opinions/fiche-philo-mondialisation-vs-globalisation-51b734b4e4b0de6db975a1b9

http://classiques.uqac.ca/classiques/Valery_paul/regards_sur_le_monde_actuel/regards_monde_actuel.html (livre téléchargé)

  • Bibliographie

ARDINAT G. (2012), Comprendre la mondialisation en 10 leçons. Editions Ellipses, Paris.

FOURNIER C. (2013), Globalisation, adapter l’organisation de son entreprise face à la mondialisation. EMS, Condé-sur-Noireau.

VALERY P. (1988), Regards sur le monde actuel et autres essais. Folio.

DOLLFUS O. (2007), La Mondialisation, Les Presses de Sciences Po.

  • Cours de Master 1 Management international

Environnement international des Affaires, MERCIER SUISSA

Développement international des Affaires, MAYRHOFER

  • Pour aller plus loin

 

– Le cas Nutella

«Nutella est un parfait exemple de ce que signifie la mondialisation pour les denrées alimentaires populaires: non seulement il est vendu partout dans le monde, mais ses ingrédients viennent de partout aussi.»

 

– Apple, une mondialisation qui profite à tout le monde

http://www.atlantico.fr/decryptage/apple-mondialisation-qui-profite-tout-monde-851565.html

 

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