Nationalisme, prospection sur l’état actuel du nationalisme en France.

Schéma créé par Lucie Pajon

Nationalisme

Une fois les bases théoriques posées, prospection sur l’état actuel du nationalisme en France.

Définition et explication du nationalisme

Définition du nationalisme :

Pour commencer voici la défintion du nationalisme selon le site du CNRTL, le Centre Nation des Ressources Textuels et Linguistiques : “Doctrine, mouvement politique fondé sur la prise de conscience par une communauté de former une nation en raison des liens ethniques, sociaux, culturels qui unissent les membres de cette communauté et qui revendiquent le droit de former une nation autonome.”

Nous pouvons compléter cette définition en distinguant deux degrés de nationalisme :

  • au niveau individuel, c’est un sentiment d’attachement à la nation, à l’idée nationale ;

  • au niveau collectif, c’est la volonté d’un peuple de préserver une identité commune, et souvent de posséder un territoire national.

 

Etylmologie du mot nationalisme :

Le nationalisme provient du mot nation, lui-même venant du latin nacio qui signifie progéniture ou peuple. Le mot latin nacio inclut donc une notion de parenté, de plus il faut noter que le mot nation est lui-même entouré de termes familiaux, par exemple : la patrie, la mère-patrie ou encore fatherland en anglais, ce qui fait dire à Walker Connor que “la nation est le plus vaste groupe humain caractérisé par le mythe d’ancètre commun.” [1-1]

Ce que suppose le nationalisme :

Selon John Breuilly, le nationalisme pose trois affirmations : 1. “il existe une nation dotée d’un caractère spécifique explicite” 2. “les intérêts et valeurs de cette nation ont priorité sur tout autre intérêt et valeur” 3. “la nation doit être aussi indépendante que possible, ce qui requiert la reconnaissance de sa souveraineté politique.” [1-2]

À cela, nous pouvons ajouter que “dans son principe organiciste, le nationalisme place l’individu à un rang inférieur à celui du groupe” [1-3], ce principe est appliqué dès que les procédures libérales et démocratiques sont ignorées, les restrictions de liberté faite au nom de la sécurité national illustrent parfaitement ce principe.

La force du nationalisme provient du fait qu’il allie de façon exceptionnelle appel à la raison (l’intérêt qui associe les individus habitant le même territoire) et mobilisation des sentiments (sentiment d’appartenance à un groupe). De plus le nationalisme possède tous les attributs d’une religion avec ses rites (par exemple l’investiture du président, ou le mariage civil), ses symboles (exemple: Marianne ou l’hymne national) , ses croyances, ses modes de vie et l’ensemble des liens qu’il crée entre individus.(exemple: l’école publique) [2]. Ces attributs ont pour but de souder les personnes entre elles autour de la nation.

Les origines floues du nationalisme :

Il est impossible de dater un premier nationalisme. Par exemple, la guerre de Cent Ans, au XIVème et XVème s. qui oppose le droit héréditaire supposant que c’est le roi d’angleterre qui doit règner sur la France au “droit national” qui refuse que ce soit un anglais. Ce long conflit est plus qu’un simple jeu de pouvoir, c’est la première esquisse du nationalisme français, qui refusa d’être dirigée par des étrangers. [1-4]

Un autre exemple est celui de la Chine, Fernand Braudel dans son livre Grammaire des civilisations dit qu’il existe une espèce de nationalisme chinois, très ancien, porté par les classes cultivées, les mandarins, qui administrent le pays.

Ces exemples nous permettent de constater que le nationalisme existe de manière floue et diffuse depuis très longtemps, cela n’a rien d’étonnant, puisque le nationalisme est tout d’abord un sentiment éprouvé par des hommes. Le phénomène a pris de l’ampleur avec le développement économique et sociétal.

Le nationalisme est lié au développement économique et politique :

En Angleterre au XVIIème siècle, aux Etats-Unis, en France au XVIIème, en Allemagne au XIXème siècle, l’établissement progressif de la participation politique du peuple contribue à l’émergence nationaliste. [1-5] Le nationalisme appartient donc complétement à la sphrère de l’individualisme politique et philosophique. Selon Breuilly, le nationalisme est une réponse particulière à la disctinction, propre au monde moderne, entre l’Etat et la société. Il cherche à abolir cette distinction. [1-6] De par les affirmations que pose le nationalisme, celui ne peut exister que si les individus ont conscience de la place qu’ils occupent dans leur environnement géographique et économique, et donc en comprennant l’intérêt de la nation. Par exemple, en France, bien que déjà esquissé, la pleine réalisation de la nation, va de pair avec la chute du système féodal, qui était un système cloisonné. Autre exemple, l’Italie renaissante est composée de ville-états très prospères mais agressées par leurs voisins, c’est dans ce contexte que va naitre le royaume d’Italie, comme moyen de défense, suivi de la nation italienne.

Le nationalisme et sa résultante, la nation:

Comme Renan l’avait bien senti, le nationalisme est un processus qui construit l’origine de son résultat, la nation. Il existe par exemple des nationalismes sans Etat ni nation, tel que le nationalisme arabe. [1-7] On peut rajouter à l’inverse, qu’une nation ne peut perdurer sans nationalisme. Une nation n’existe que s’il y a des hommes pour la porter, pour la soutenir, donc que s’il existe un nationalisme. C’est le nationalisme qui achève l’existence d’une nation, par exemple l’unité linguistique de la France à la fin du XIXème s. est plus une conséquence de la nation que sa cause. [1-8]

Théories critiques sur le nationalisme :

De par ce processus qui lie intimement l’existence de la nation au nationalisme, d’autres regards se portent sur la nation. Pour B. Anderson la nation est une “communauté imaginaire” ne reposant que sur l’illusion et la manipulation des esprits, le nationalisme est “rétrospectif”, il a créé la nation, inventée par des intellectuels romantiques.[2] Pour le socioloque Anthony D. Smith, “une telle invention n’aurait pas été possible sans bases objectives” et il précise que le sentiment d’identité nationale existe bien avant 1800 dans des pays comme les Pays Bas ou le Portugal”. Toutefois selon lui la nation peut être une “prophétie autoréalisatrice” du nationalisme, car le sentiment d’identité nationale n’étant pas évident, patent, il a fallu un dressage des peuples, fait sur des bases elles bien réelles. Le nationalisme peut également être vu comme un instrument de pouvoir, utilisé pour controler et catalyser les peuples, par exemple les soldats français partaient récupérer l’Alsace-Lorraine la “fleur au fusil”. Mais tous les nationalismes ne peuvent pas susciter un tel engouement, le nationalisme est multi-forme.

Divers aspects du nationalisme :

Le nationalisme véhicule différentes valeurs, ces valeurs sont celles de la nation, on peut remarquer notamment les deux couples liberté-autorité et égalitaire-inégalitaire. Il existe donc des nationalismes très différents, celui des Etats-Unis est fait historiquement de liberté, à l’opposé le nationalisme allemand des années 30-40 est très autoritaire et raciste. Le modèle français du nationalisme a deux facettes, l’une étant un nationalisme “ouvert”, d’assimilation, indissociable de l’universalisme républicain, et l’autre est un nationalisme xénophobe, voir raciste, nationalisme “fermé”, identitaire, ethnocentrique, privilégiant l’ethnos par rapport au dêmos. [1-9]

 

Le nationalisme actuellement en France, mourant, constant ou renaissant ?

 

Une nation menacée par le supranationalisme et le régionalisme ?

Pouvons nous considérer la nation française comme menacée, par le bas et par le haut, entre le régionalisme et les institutions supranationales de l’UE ? L’élite au pouvoir s’est détachée de la nation. La globalisation de la culture gène les transmissions entre générations.

Pouvons nous dire comme Daniel Bell que l’état-nation est devenu trop petit pour les grands problèmes et trop grand pour les petits ?

La nation française ne disparait pas dans la nation européenne

L’hypothèse de la dissolution de la nation française dans la nation européenne, est très peu semblable, bien que l’Union Européenne ait ses adeptes, il existe de profondes différences entre les nations composant l’UE. Déjà sur le plan économique la nation française ne se fond pas dans l’Union Européen, les écarts entre l’économie française et celle des autres pays de l’UE ou de la zone euro sont là pour le rappeler. De plus, malgré un anglais sommaire qui se généralise, la barrière linguistique est toujours présente et handicapante, ainsi que de grandes différences culturelles. Enfin, et il s’agit certainement du point le plus important, le nationalisme européen est de bien moindre intensité que le nationalisme français, et l’engouement pour l’Union Européen se désagrège, la montée des partis eurosceptiques en est la preuve.

Les régions sont une composante de la France

Il a toujours existé, et existe toujours des mouvements indépendantistes en France, comme ceux du Pays Basque, de la Savoie ou encore de la Bretagne. Cependant ces mouvements sont de faible ampleur, notamment leur motif, culturel et linguistique en Bretagne et Pays Basque, économique en Savoie. Bien qu’existant ils ne remettent pas en cause la nation française et son territoire. Contrairement à ce qui se passe en Espagne avec la Catalogne qui cumule les deux motifs, économique et culturel. Les identités régionales ne sont pas forcément en contradiction avec la France et inversement.

Un nationalisme français moins influent mais toujours existant

Toutefois les deux phénomènes ébauchés ci-dessus, ont pour conséquence, ou pour cause, un nationalisme moins véhément, moins répandu, et moins puissant. Sinon le gouvenrnement français n’aurait jamais accepté de confier certains pouvoirs à l’Union Européenne, notamment la monnaie, une partie de la législation, et un droit de regard sur la gestion du budget et de l’économie. Ces changements politiques, sont désormais plus soutenu par les élites que par la population, le référemdum de 2005 et la décision de M.Sarkozy l’illustrent très bien.

Il n’en demeure pas moins que la nation française est toujours une réalité, et qu’elle est toujours nourrie par son nationalisme, les éléments suivants sont là pour le prouver. Les bugdets de l’état-nation (incluant la redistribution), n’ont jamais été aussi élévé (+ de 50% du PIB). Les programmes scolaires en histoire sont toujours principalement centrés sur la France. L’indépendance nationale, que suppose le nationalisme, existe au sein de la population française cela se constate par la popularité du Front National, ou d’autres partis politique comme l’UPR, mais également à travers la nostalgie du général De Gaulle.

Un nationalisme renaissant ?

Actuellement le nationalisme français est un nationalisme de réaction, un moyen d’auto-défense à différents maux que connait ou connaitrait la France, à tort ou à raison ce n’est pas le sujet. Ces maux, qui sont à considérer séparément, sont un chômage dû au libre-échange, une perte de souveraineté, une dissolution de l’identité nationale causée par l’immigration massive, ou le mariage homosexuel.

À noter également, que l’immigration fait qu’il existe en France des nationalismes étrangers, bien qu’existant ces nationalismes sont minoritaires et ne peuvent avoir d’impact majeur direct sur la politique française, excepté pour les pays étrangers concernés. De plus ils ne sont pas en contradiction avec toutes les revendications nationales françaises. Ces nationalismes étrangers ont également pour effet d’exacerber un certain nationalisme français, en le renfermant sur lui-même.

Pour conclure, nous pouvons dire que le nationalisme français est plutôt constant dans son existence, excepté pour les élites, et certainement renaissant dans son action et son ambition.

Puisqu’il existe une diversité de nationalisme, nous pouvons nous poser la question : vers quel nationalisme nous dirigeons nous ?

[1] Nation et nationalisme, édition la découverte co-écrit par 14 personnes, dont Yves Lacoste; page par ordre d’apparition: 19, 21, 43, 64, 42, 17, 21, 64, 127.

[2] Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie; Pascal Gauchon. Mots recherchés: Etat-Nation; Nationalisme.

 

 

Source :

Site internet : CNRTL; Wikiberal; histoire-france.net;

Livres : Nation et nationalisme, édition la découverte.

Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie, Pascal Gauchon; collection Major.

Après la démocratie, Emmanuel Todd, édition folio.

 

Mot-clé : nationalisme; nation; France; états-nation; patriotisme.

Peinture : Eugène Delacroix. La Liberté guidant le peuple

.Eugène_Delacroix_-_La_liberté_guidant_le_peuple

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