Violence politique

Violence politique

La violence politique pourrait se définir comme une action physique envers des biens ou des personnes menée dans le cadre de la violence coercitive de l’Etat (répression policière, arrestations arbitraires, torture et exécutions à caractère politique, procès truqués, censure, etc.).

Cette définition traduit-elle à elle seule le concept de violence politique ? Nous verrons que d’autres types d’actions menées par les peuples ou les individus en réaction à ce qu’ils estiment représenter une restriction insupportable de leurs libertés individuelles font partie intégrante de cette violence politique.

Dans un premier temps, à partir de l’exemple d’un régime politique totalitaire (le nazisme), nous verrons comment l’Etat peut exercer cette violence politique de manière exacerbée. Puis nous aborderons différentes manifestations de la violence politique exercée par les citoyens en réaction à la contrainte de l’Etat ou pour exprimer une revendication par rapport à une situation désespérée.

 

I La violence politique exercée par l’Etat.

L’Etat peut être l’acteur majeur de la violence politique. En effet il apparait évident que lorsqu’un Etat de terreur et de répression est en place, les violences qui en résultent sont les tristes répercussions des mesures prises par cet Etat. Cette violence peut s’exprimer de plusieurs manières à travers des répressions policières, des arrestations voire à travers des phénomènes bien plus graves comme une politique d’extermination, des génocides… Le monde a malheureusement été témoin de désastres causés par les Etats dictatoriaux et il est impossible de synthétiser tous ces régimes en si peu de lignes. C’est pourquoi, ici, nous allons nous focaliser sur le régime nazi allemand d’Adolf Hitler mais il est important de rappeler que la violence politique s’est exprimée à travers d’autres régimes (le régime totalitaire de Staline en URSS, le régime sanguinaire de Pol Pot au Cambodge, le régime dictatoriale d’Amin Dada en Ouganda et bien d’autres encore) et à travers les génocides perpétrés dans le monde entier (le génocide des Tutsis au Rwanda par les Hutus, les massacres de la population Kurde d’Irak par le dictateur Saddam Hussein, le génocide arménien par les Turcs sont des exemples parmi les nombreux autres sur la liste des génocides).

La violence politique a été omniprésente sous le régime nazi d’Adolf Hitler et elle s’est exprimée dès le début. En effet cette violence est apparue dès la nomination d’Adolf Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933 car il avait déjà en tête de transformer l’Allemagne en une dictature à parti unique. Il s’est d’ailleurs servi d’un événement violent (l’incendie du Reichstag fin février 1933) pour asseoir sa politique et manipuler l’ancien président alors en fonction Paul Von Hindenburg. Cette violence politique s’est exprimée de plusieurs manières.

Tout d’abord le « décret de l’incendie du Reichstag » suspendit les dispositions de la constitution allemande protégeant les droits individuels fondamentaux, au nombre desquels la liberté de presse, la liberté d’expression et la liberté de réunion. Le décret permit également à l’Etat et la police de s’immiscer dans la vie privée des citoyens puisque la censure de la correspondance, les écoutes téléphoniques et les perquisitions à domicile sans mandat ou sans motif sérieux furent autorisées. Dans le cadre de cet état d’urgence, le régime nazi pouvait arrêter et incarcérer les personnes sans motif et sans limite de temps. Ces exemples montrent bien qu’Adolf Hitler, pas encore seul à la tête du pouvoir, menait déjà une politique privant les citoyens de certains de leurs droits fondamentaux.

Le régime nazi d’Hitler a également eu recours à la terreur pour intimider les opposants notamment à travers les formations paramilitaires telles que les S.A et les S.S qui avaient pour but de terroriser les opposants politiques et d’assurer la protection des leaders du NSDAP (parti national socialiste des travailleurs allemands). Après l’arrivée des nazis au pouvoir, de nombreux membres de ces unités furent recrutés comme auxiliaires de police et autorisés à maltraiter ou tuer ceux qu’ils considéraient comme des opposants. De plus, des militants nazis attaquaient ceux qu’ils considéraient comme des ennemis du régime soit spontanément soit lors de vagues de persécution organisées localement.

Quelques mois seulement après sa prise de pouvoir, Hitler a envoyé des membres de la Gestapo pour arrêter les socialistes, communistes, leaders syndicaux et tout autre ennemi du nazisme. En 1933 le parti nazi était le seul parti politique légal, presque toute l’opposition organisée au régime était éliminé. La violence était alors omniprésente.

Mais ce qui a suivi est encore pire et décrit une violence inouïe et impensable : la mise en place d’une politique d’incarcération systématique des opposants au régime et d’extermination de la race juive.  La création des camps de concentration et d’extermination, où des millions de personnes (en majorité de confession juive) trouveront la mort dans des conditions effroyables, marque le paroxysme de la violence politique de ce régime.

 

Cette violence politique exercée par l’autorité en place peut précéder ou faire suite à la violence politique des citoyens eux-mêmes.

 

II La violence politique exercée par les citoyens

Les luttes menées par certains groupes poursuivant une idéologie contre la loi établie et la liberté des autres citoyens de ne pas adhérer à leur point de vue peuvent illustrer le concept de violence politique. En effet, ce type de réactions peut se traduire par des violences urbaines, des tentatives d’assassinat, des attentats voire à travers des phénomènes plus importants tels que des émeutes ou des révolutions. Dans cette partie, il apparaît important de s’appuyer sur plusieurs exemples pour voir les différents types d’actions violentes qu’utilisent les citoyens pour contester la politique en place. Une fois de plus quelques lignes ne suffisent pas pour recouvrir l’intégralité du sujet, c’est pour cela que pour chaque type d’action menée par les citoyens, nous nous appuierons sur un exemple choisi tout en sachant que beaucoup d’autres évènements historiques pourraient parfaitement être cités également.

La révolution est sans doute l’action de protestation menée par les citoyens la plus forte mais également la plus sanglante. En effet la Révolution Française de 1789 a marqué la fin de l’Ancien Régime en France. Elle a mis fin à la royauté, à la société d’ordres et aux privilèges. Elle a légué à la France la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui proclame l’égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus. Plusieurs centaines de milliers de personnes trouvèrent la mort durant cette révolution, notamment pendant la Terreur (16 594 personnes guillotinées). Cette révolution a émané des citoyens car ils voulaient changer leurs conditions de vies. Ils n’avaient pas d’autres solutions que la révolte pour être entendue. Cette Révolution est un bon exemple de violences qui peut résulter de la colère de la population.

Les émeutes de Soweto de 1976 en Afrique du Sud ont marqué le début du soulèvement des populations noires contre l’apartheid. Néanmoins il faudra attendre 17 longues années pour en finir avec le système de ségrégation. La démocratie en Afrique du Sud a vu le jour grâce à la contestation des habitants qui voulaient qu’on reconnaisse leurs libertés individuelles. Les émeutes raciales à Soweto ont tout de même causé la mort de près de 150 manifestants. On peut également citer les émeutes raciales des années 1960 aux Etats-Unis où les noirs s’étaient révoltés contre la discrimination. Ces émeutes ont eu une influence déterminante sur l’évolution des politiques sociales adoptées par la suite en milieu urbain mais elles ont également coûté la vie à de nombreux américains.

De manière plus individuelles ou cernée à de petits groupes, l’incivilité quotidienne (agression gratuite sur des personnes, dégradations des biens publics) peut traduire également une forme de violence politique de populations vivant dans la marginalité vis à vis de la société « bien pensante » qui ne les accueille pas en son sein.

 

 

“Quant à vouloir s’imposer à ses concitoyens par la violence, c’est toujours chose odieuse même si l’on se donne pour but de réformer des abus” (Salluste, historien romain né en 86 avant Jésus-Christ). La violence politique, qu’elle s’exerce de l’Etat vis à vis des peuples ou des citoyens en réaction aux lois de l’Etat représente une faillite de la capacité des hommes à négocier les conditions du vivre ensemble (organisations de la société pour satisfaire les besoins et garantir les droits de chacun).

Le terrorisme religieux qui monte actuellement et s’illustre à travers notamment les décapitations d’otages occidentaux par les islamistes fanatiques prouve en outre que la violence politique ne se limite pas aux relations entre un Etat et ses citoyens mais peut concerner des mouvements mondiaux.

 

 

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