Le Pakistan, ou république islamique du Pakistan obtient son indépendance en août 1947 et entre à l’Onu en septembre 1947. C’est la constitution de 1973, qui fera du pays une république présidentielle fédérale composée de 4 Provinces : Baloutchistan, Khyber Pakhtunkhwa, Pendjab et Sind. On compte également le territoire fédéral de la capital Islamabad, les zones tribales au nord, et la région du cachemire (divisée avec l’Inde) à l’est du pays.
L’actuel président de la république est Asif Ali Zardari, élu en 2008, et le premier ministre depuis 2013 est Nawaz Sharif.
La monnaie est la roupie pakistanaise. On estime la population à plus de 180 millions, soit une densité importante de 229 hts/km2. Parmi elle, on trouve 5 principales ethnies : Les Pendjabis, Sindhis, Pachtouns, Balouchs, et Mujahirs. Ainsi, de multiples langues régionales sont parlées, la langue administrative est l’Ourdou. L’anglais est la seconde langue administrative. En 2009, l’idh était de 0,515.
Pour comprendre la stratégie diplomatique du pays, il faut considérer ce dernier dans sa géographie. Ainsi, le territoire s’étend le long de la vallée de l’indus et contrôle plusieurs passages stratégiques du golfe persique. Ce pays de 804 000 km2 possède une frontière avec l’Iran, l’Afghanistan, la Chine et l’Inde. Il a également un accès direct à l’océan indien.
I. Évaluation des risques politiques basée sur :
- la stabilité des institutions politiques
Dans un article publié dans la revue Hérodote, Jean-Luc Racine définit le paradoxe Pakistanais. Selon lui : « sa genèse a été pleine de promesses, mais depuis qu’il existe, le pays va de crise en crise, tout en rêvant de puissance »
Il est vrai qu’en 1947, lors de sa création, le pays se définit comme le territoire des musulmans du sous-continent. L’Islam est donc le ciment de cette nation. Mais l’espoir de la création de ce pays s’est rapidement dégradé et aujourd’hui le pays doit faire face à d’importantes problématiques, notamment à la fragilité des institutions politiques.
En effet, celles-ci ne font pas le poids face à un pouvoir militaire très puissant. Pour preuve, de septembre 1978 à 1988, une véritable dictature militaire s’installe sous la présidence du général Zia ul-hacq. La loi martiale a été appliquée plusieurs fois depuis l’indépendance du Pakistan et les coups d’Etat sont nombreux. Le dernier en date est celui du général Mucharraf qui sera au pouvoir de 1999 à 2008.
Cependant, des changements récents vont dans le sens d’un renforcement des institutions. Depuis 2010, une grande partie des pouvoirs du président sont transférés au premier ministre. Il devient alors le réel détenteur du pouvoir. De plus, la place du parlement a été renforcée pour éviter que le président puisse dissoudre l’assemblé comme il l’entend. La nomination des chefs de l’armée et celle des juges a également été modifiée, encore une fois pour éviter que le chef de l’état possède tous les pouvoirs de décision.
Aujourd’hui la situation semble stabilisée et le pouvoir en place s’est donné comme objectifs principaux la lutte contre la corruption et contre les conflits internes.
- La corruption
Elle touche tous les lieux de pouvoir (armée, politique, justice). La dernière accusation que l’on peut citer est celle du président Asif Ali Zardari en personne accusé d’avoir reçu des pots de vins dans les années 90 alors que son épouse était premier ministre.
De plus, si le taux de corruption s’est abaissé par rapport aux années 90′, il reste aux alentours de 2% (d’après l’indice publié par l’université de Sherbrooke) .
- les conditions socio-économique :
On l’a dit, le Pakistan a une densité de population importante. Le taux d’accroissement naturel est élevé et le pays n’a pas mis en place de politique de contrôle des naissances.
Cependant, le développement socio-économique reste fragile avec un niveau élevé de pauvreté et d’analphabétisme.
La société est très hiérarchisée. Ainsi, le pouvoir et les propriétés foncières sont aux mains de quelques grandes familles. Le système est particulièrement élitiste et est renforcé par l’endogamie.
Le taux de chômage est moyen était de 5,9% en juillet 2011.
Cependant, il existe une véritable différence de développement entre les régions. En effet, dans la région du Pendjab, qui est riche en matière première et plus moderne, le développement est rapide. Tandis que la région désertique du Baloutchistan souffre d’un manque de développement. Cette situation renforce le climat social assez conflictuel.
- Les conflits internes
L’islam, ciment de la nation, n’a pas effacé les identités linguistiques et culturelles.
Les principaux conflits internes sont d’ordre religieux. En effet, les minorités chiite et chrétienne (3%) sont discriminées et parfois victimes d’attentats. Notamment dans la région du Khyber Pakhtunkhwa, sous l’influence de groupes talibans pakistanais. Le dernier attentat en date est celui perpétré contre une église chrétienne de Peshawar, en septembre 2013.
En parallèle de ces conflits religieux, le pays est en proie à de nombreux conflit ethniques, qui divisent la nation.
- Les pressions ethniques
Le pays est confronté à des revendications identitaires. Si ces mouvements sont assez groupusculaire, ils ne sont tout de même pas à sous-estimer, car ils sont très violents. Ils sont bien souvent le reflet des frustrations socio-économiques que l’on a évoqué précédemment. Le système fédéral ne parvient pas à combler l’insuffisant développement de certaines régions. Faute d’action gouvernementales, les tensions montent et les actions terroristes se développent : ainsi en août 2010 par exemple, l’armée de libération du baloutchistan a exécuté des voyageurs pendjabis. Ces groupes utilisent donc des moyens terroristes pour faire entendre leurs revendications.
- Les conditions de sécurité dans le pays liées à la criminalité et au terrorisme.
Le pays se trouve sur la région que l’on appelle le croissant d’or pour ce qui est de la production d’opiacés. Ainsi le commerce de stupéfiant engendre de la criminalité dans le pays. Le Pakistan est principalement une route pour les producteurs Afghan. Le gouvernement mène cependant une lutte organisée avec d’autres pays contre ce commerce de drogue.
La criminalité est également fortement implantée dans les villes et notamment à Karachi (capitale économique du pays). On y dénombre en moyenne 10 homicides par nuits. La possession d’arme est très répandue dans le pays, et la facilité d’accès renforce la criminalité. Cependant, la faute est reportée sur les parties politiques qui sont accusés de nourrir la haine et d’encourager la violence.
Mais c’est le terrorisme qui est aujourd’hui la principale menace du Pakistan. Les attentats sont réguliers et visent les lieux publics, tout comme les lieux de symbole de la république ou les hommes politiques.
La zone la plus dangereuse reste tout de même le nord-ouest du pays. En effet, frontalière de l’Afghanistan, cette région abrite les talibans pakistanais. Si le gouvernement les soutenait jusqu’alors, en 2001, il s’allie avec les USA dans la guerre en Afghanistan. Les attentats sur le sol pakistanais se sont alors intensifiés. Depuis 2007, le gouvernement oscille entre négociations et interventions militaire pour lutter contre les terroristes. Dans la vallée de Swat par exemple, après une intervention militaire sans succès majeur, le gouvernement signe en 2009 un compromis et cède en acceptant en février 2009, l’imposition de la charia au Swat. L’armée devait se retirer et les talibans coopérer avec l’administration civile. En 2009, l’armée intervient à nouveau dans cette région.
Ainsi on voit que le gouvernement pakistanais ne sait pas trop comment s’y prendre avec les groupes terroristes. Si il affiche une politique sévère et participe à des arrestations de chefs talibans, il limite tout de même la lutte contre les djihadistes et cherche à établir des négociations. Cela crée des tensions avec les pays voisins qui accusent le Pakistan de jouer un double jeu.
- Les conflits externes et pays voisins entraînant un risque potentiel.
Le principal point de tension se trouve à la frontière entre l’Inde et le Pakistan. Ces frères ennemis sont en effet en litige sur la question du Cachemire. Plusieurs guerres ont eu lieu dans cette région. Aujourd’hui le dialogue est rétabli entre les deux pays et les interventions armées se font plus rares. Cependant, les actes terroristes sont encore nombreux et l’Inde est suspicieuse et accuse le Pakistan de ne pas contrôler les terroristes intentionnellement. En novembre 2008, les attentats de Bombay provoquent la colère de New Delhi qui accuse les services secrets d’Islamabad d’être impliqué. En 2009, le Pakistan apaise la situation en reconnaissant une part de responsabilité. On peut donc conclure sur ce point que malgré des crises passagères, la communication entre les deux gouvernements semble bien rétablie et en novembre 2012, le Pakistan a même fait savoir son intention d’octroyer à L’Inde la clause de la nation la plus favorisée.
Le deuxième point de tension à souligner concerne les relations avec les USA. Si en 2001, le Pakistan prend part, au côté des américains, à la guerre contre les talibans afghans, les USA accusent le Pakistan de jouer double jeu. En effet, même si des opérations conjointes sont menées, la confiance n’est pas totale. Les USA accusent le gouvernement de ne pas d��manteler certains fiefs talibans. Ainsi ils interviennent à de nombreuses reprises sur le territoire pakistanais dans la lutte contre les talibans afghans en utilisant des drones sans l’accord d’Islamabad, ce qui renforce le sentiment d’antiaméricanisme au sein de la population civile.
Cependant le retour de Sharif au pouvoir annonce la relance du dialogue entre les deux pays.
Si le pays manque de stabilité politique, cela s’en ressent sur l’économie. En effet, les caisses peine à se remplir et le pays doit faire face à des risques financiers importants.
II. Une évaluation des risques économiques et financiers basée sur :
D’après les chiffres de l’ambassade de France au Pakistan datant d’Août 2013 :
- PIB par hts : 1309 USD
- taux de croissance du PIB : depuis 2007, en baisse mais reste correct, 3,5% de juillet 2012 à juin 2013. cette croissance est principalement due à une forte consommation (+11,1%) alors que l’investissement enregistrait un reflux.
- taux d’inflation annuel : 8,2% de moyenne annuelle.
- le solde budgétaire : – 7%, en pourcentage du PIB
- la balance des paiements courant : malgré son solde budgétaire déficitaire, la balance des paiements courant du Pakistan est excédentaire grâce aux transferts financiers de la diaspora.
- la dette externe : 25,2% en pourcentage du PIB.
- le solde commercial : -16,8 en mds USD
- la stabilité du taux de change : le taux de change est assez stable. La politique du Pakistan est le flottement libre et la convertibilité totale de la roupie Pakistanaise.
- La situation bancaire : ouvert aux banques étrangères mais dominé par les banques locales, le taux directeur de la banque centrale pakistanaise est de 9%.
Le symbole de cette crise économique, reste la crise énergétique de 2010. Le pays a subit des coupures d’électricité fréquentes car il ne pouvait fournir assez d’énergie. Ces coupures d’électricité dégradent encore un peu plus la situation économique, puisque cela handicape les entreprises et la production industrielle en est très affaiblie.
III. Une évaluation des risques géographiques et environnementaux
- Risques sismiques et climatiques :
Le Pakistan se trouvant sur une zone de forte activité sismique, les secousses sont fréquentes. Ainsi, en 2005, le pays fut confronté à un tremblement de terre de magnitude 7,6 dans la région du Cachemire qui fit 79 000 morts.
Le deuxième risque majeur est celui des inondations. En effet, le pays connaît des périodes de mousson parfois très importantes ce qui cause des inondations conséquentes. Comme celle qui a touché le pays en 2010 qui fit au moins 1760 victimes. De plus, cela a eu des conséquences économiques catastrophiques, puisqu’elle a touché le principal pilier de l’économie qu’est l’agriculture. De plus cette inondation a déstabilisé un peu plus le gouvernement qui s’est montré impuissant et qui a tardé à apporter son aide aux populations sinistrées.
- Risques sanitaires et épidémiques
Le pays est classé en zone 3 pour le paludisme. Cette maladie est en effet présente dans les zones désertiques ou humides. On rencontre fréquemment également des maladies diarrhéiques tel le choléra.
Le Pakistan est l’un des 4 pays du monde où la polio est considérée comme endémique.
Cela est accentué par la faiblesse du budget alloué à la santé: 2,5% du PIB.
IV. Une évaluation du hard power du pays :
- Le pouvoir militaire réel :
Le Pakistan est le 7ème pays du monde à avoir développé l’arme nucléaire.
Il est la 6ème puissance mondiale quant aux effectifs militaires. Ainsi, en 2008, le Pakistan fourni le plus gros contingent aux opérations de maintient de la paix de l’ONU.
Il a un rôle essentiel dans la guerre contre les talibans afghans.
- Poids du pays dans les institutions internationales
Le Pakistan est membre de l’ONU et a siégé au conseil de sécurité à 6 reprises.
Il est également membre du Commonwealth.
- Technologies et innovations
Le Pakistan n’est pas un acteur majeur sur la scène scientifique. Cependant, le gouvernement a lancé un plan national pour la recherche scientifique. L’objectif est d’allouer plus de moyen à la recherche : le budget doit s’accroître de 1 à 2% du PIB à l’horizon 2015, contre 0,6% actuellement.
V. Une évaluation du soft power du pays :
- Reconnaissance médiatique et culturelle
La reconnaissance médiatique et culturelle du Pakistan n’est pas très importante. Cependant quelques personnalités civiles tel la jeune Malala en 2013, donne au pays une reconnaissance dans l’opinion internationale.
- Vecteurs d’influences :
Le principal vecteur d’influence est la diaspora. On compte presque 5 millions de migrants Pakistanais dans le monde, ce qui place le pays au 7ème rang des diasporas.
- Patrimoine culturel :
Le pays possède un patrimoine culturel important. Notamment des monuments issus de la civilisation Moghol. On peut citer la mosquée Badshahi Masjid.
Conclusion
En conclusion, on peut dire que la situation au Pakistan ne rassure pas les investisseurs. En 2013 les investissements sont d’ailleurs en berne avec -50 % à 0,8 Md USD. Cela s’explique par l’instabilité sécuritaire, l’instabilité politique et également l’instabilité économique. La crise énergétique notamment n’a pas du tout rassuré les investisseurs quant à la capacité du pays à recevoir leurs capitaux. Ainsi, le pays n’est pas bien positionné dans le classement Maplecroft 2013 des pays à risques pour les investisseurs. Si celui-ci ne fait pas parti des pays extrêmement risqué, il est considéré tout de même comme à risque.
Cependant, le pays reste un acteur géopolitique important dans la région, notamment dans le règlement de la guerre en Afghanistan. Il possède une démographie dynamique et a vu l’émergence d’une classe moyenne de consommateurs solvables. Étant donné les besoins de développement du pays en énergie, eau, transport… les opportunités sont importantes pour les investissements et certains secteurs sont très dynamiques.
Enfin, le gouvernement de Sharif a su rassurer les investisseurs. En effet, cet homme, élu pour la troisième fois a montré ses capacités de business man et a affiché sa détermination à redresser l’économie du pays (en s’attaquant en priorité à la question énergétique notamment). On peut donc s’attendre à une remontée des investissements dans ce pays, si le gouvernement arrive à faire ses preuves et notamment à se montrer ferme vis à vis des terroristes pour sécuriser son territoire.
Analyse SWOT
Forces:
– La personnalité rassurante de Sharif
– renforcement des institutions
– le dynamisme de sa société : notamment en terme de consommation
– diaspora importante et dynamique
Faiblesses:
–très peu d’investissement interne :de la part des entreprises ou des particuliers
-corruption encore importante
-élitisme de la société, et fracture régionale dans le développement
-tensions régionales, ethniques
Opportunités:
– rôle à jouer dans le règlement du conflit afghans
– renégociation de dette avec le FMI : confiance des institutions internationales
-apaisement (dans le discours) avec le gouvernement de New Dehli
Menaces:
-ingérence américaine dans les affaires internes : dans la poursuite des terroristes
-terrorisme puissant
-frontières remises en questions
Sources
Sitographie
Site du ministère des affaires étrangères :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/pakistan/presentation-du-pakistan/
Encyclopédie Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Pakistan/136799#416302
OMS :
http://www.who.int/countries/pak/fr/
Université de Sherbrooke : perspectives
Direction générale du trésor :
http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/389470
http://www.tresor.economie.gouv.fr/7841_indicateurs-economiques-et-financiers-du-pakistan-aout-2013
http://www.rfi.fr/sites/filesrfi/Economie%20Pakistan.doc.http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/381323
Bibliographie
Le syndrome pakistanais , Christophe Jaffrelot aux éditions fayard
le paradigme pakistanais, Jean-luc Racine, publié dans la revue Hérodote, le 15/11/10
Marion Tondeur