Introduction :
L’Ossétie du Sud est un territoire de 3900 km² situé au nord de la Géorgie, dans le Caucase ayant pour capitale Tskhinvali. C’est un territoire géorgien revendiquant son indépendance puisque celle-ci n’est reconnue que par la Russie depuis 1992 puis par le Nicaragua, le Venezuela et quelques îles du Pacifique depuis 2008. Malgré le fait qu’officiellement, l’Ossétie du Sud dépend de la Géorgie, il existe une Entité Provisoire d’Ossétie du Sud qui fut créée avec l’aide de la Géorgie. Cette entité prend la forme d’une République et lutte pour sa mise en place. Malgré sa participation à la création de cette entité, la Géorgie ne la reconnait pas officiellement.
Sa population exacte est inconnue étant donné les conflits et les migrations qu’il y a eu durant les deux dernières décennies, cependant elle est estimée à 70 000 individus dont environ 70% d’ossètes pour 25 à 30% de Géorgiens. Aussi près de deux tiers des citoyens de la région disposent également de la nationalité Russe, ce qui explique les 3 langues officielles : le russe, le géorgien et l’ossète ainsi que les monnaies utilisées à savoir le rouble russe et le lari géorgien.
I/ Evaluation du risque politique :
- 1. La stabilité du gouvernement et des institutions :
On peut remarquer une stabilité plus importante au fil des années en Ossétie du Sud, notamment avec Edouard Kokoïty qui a eu deux mandats présidentiels consécutifs, sachant qu’un mandat en Ossétie du Sud est de 5 ans. Cependant, certaines élections restent contestées comme l’élection présidentielle de 2011 suite à la démission du Président Edouard Kokoïty. Ces élections ont entrainés un crise politique dans le pays. De plus, on peut ajouter qu’en 20 ans, 17 premiers ministres se sont succédés en tant que chef du gouvernement de la République d’Ossétie du Sud, ce qui témoigne d’une certaine instabilité politique du pays.
- 2. Les pressions ethniques :
Etant donné une population très majoritairement ossète, l’Ossétie du Sud souhaite être rattaché à la région Nord se trouvant actuellement en Fédération de Russie. Cependant les Géorgiens dans les années précédentes avaient connu un grand courant ethno nationaliste refusant de prendre en compte les diversités ethniques et culturelles des peuples présents sur le sol géorgien. On retrouve ici le schéma des problèmes des ethnies et des nationalités de l’ex-Union Soviétique qui ne fut pas résolu à la chute du bloc communiste. On pourrait donc craindre ici un risque indépendantiste accru, notamment avec un renforcement des milices ossètes soutenues par Moscou.
En effet, les Géorgiens sont un peuple caucasien alors que les Ossètes sont un peuple indo-européen venu d’Iran. La langue ossète est une langue iranienne et les ossètes sont les descendants des Alains.
La composition ethnique de l’Ossétie du Sud est très complexe. Les Ossètes sont majoritaires, mais de larges enclaves peuplées de Géorgiens se trouvent encore sur le territoire, y compris aux abords de Tskhinvali, la capitale.
1926 |
1939 |
1959 |
1989 |
2005 |
|
Ossètes |
60 351 (69.1%) |
72 266 (68.1%) |
63 698 (65.8%) |
65 233 (66.2%) |
45 000
|
Géorgiens |
23 538 (26.9%) |
27 525 (25.9%) |
26 584 (27.5%) |
28 544 (28.9%) |
17 500 |
Russes |
157 (0.2%) |
2 111 (2.0%) |
2 380 (2.5%) |
2 128 (2.1%) |
? |
Population totale |
87 375 |
106 118 |
96 807 |
98 527 |
70 000 |
Tableau 1 : Population de l’Ossétie du Sud
Il convient d’ajouter qu’au niveau des croyances religieuses, les ossètes du sud comme les géorgiens sont chrétiens orthodoxes, ce qui n’entraine pas de conflit religieux dans la région.
- 3. Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel :
En proie depuis la chute de l’URSS à des mouvements indépendantistes, l’Ossétie du Sud tout comme l’Abkhazie à l’Ouest ou la République Tchétchène à l’Est, désire son indépendance. En 2008, suite à une intervention de la Géorgie en bombardant la capitale Tskhinvali, l’Ossétie du Sud reçoit en renfort les troupes Russes qui rapidement mettent en déroute les forces géorgiennes alliés des américains et de l’Union Européenne. En effet depuis le début des années 2000, les Etats-Unis, en quête de présence dans la région du Caucase pour s’opposer à la Russie, avaient encouragé la Géorgie à ne pas chercher de compromis à propos du territoire indépendantiste. La victoire éclaire russe place ainsi la Fédération de Russie comme maitre de la région et confirme sa volonté d’expansion et de contrôle sur les anciennes républiques communistes. En 2014 après l’annexion de la Crimée par la Russie, le cas de l’Ossétie pourrait être le même, dans un souci d’expansion dans le Caucase pour agrandir sa sphère d’influence et replacer la Russie au-devant de la scène internationale. La Fédération de Russie du président Vladimir Poutine pourrait accentuer les pressions sur la Géorgie pour le contrôle de ce territoire au nom de la protection des citoyens russes/russophone qui sont nombreux dans la région. De son côté la Géorgie se tourne vers l’Occident et appelle à sa défense. Elle essaye dans ce cadre-là de se rattacher rapidement à l’Union Européenne et à l’Otan afin d’empêcher la Russie de grignoter le territoire Géorgien de manière illégale.
- 4. Le niveau de corruption :
La corruption est depuis longtemps un problème important dans ce pays non-reconnu. D’anciens alliés de l’ex président Edouard Kokoïty, arrivé au pouvoir en 2001, l’accusent d’empêcher les travaux de reconstruction de Tskhinvali de se dérouler normalement mais aussi le gouvernement de détourner les matières servant à la reconstruction des maisons de la ville (ciment et verre). De plus, le président du comité pour la reconstruction de l’Ossétie du Sud, Zourab Kabissov, a déclaré que des problèmes d’arrivées de matériaux à Tskhinvali persistaient depuis 1989.
Deux organisations anti-corruption d’affiliation géorgienne sont apparues en 2004. En 2007, une autre apparaît mais cette fois-ci d’origine ossète dirigé par le journaliste Vladimir Sanakoeiv. Cependant, depuis la guerre en 2008, ces organisations ont cessé leurs opérations.
- 5. Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme :
D’après le gouvernement français, la criminalité est en régression mais le pays est déconseillé aux étrangers. L’agression d’étrangers est y plutôt fréquente.
2/ Evaluation des risques économiques et financiers :
Etant donné le caractère non reconnu de l’Etat ossète, les données économiques sont très souvent incluses dans les données de la Géorgie :
Taux de pauvreté : 14.8%
PIB par Habitant : 3 290$
Taux de croissance du PIB : 6% en 2012
Solde des transactions courantes : -6.3% du PIB
Cependant il semblerait que ces données soient faussées par la présence de l’Abkhazie, et de l’Ossétie. Etant donné les guerres, les revenus quasi exclusivement agricoles et les tensions avec l’Etat géorgien, il est probable que le PIB de l’Ossétie du Sud ne soit que de 250$ par habitant et que le taux de pauvreté soit supérieur à la moyenne du pays.
En effet, l’économie de l’Ossétie du Sud est essentiellement agricole, et peu marchande étant donné son caractère enclavé mais dispose néanmoins du tunnel de Roki, passage frontière entre la Russie et la Géorgie qui permet à l’Ossétie de lever de nombreux fonds par les taxes douanières. Mais face aux destructions durant la guerre de 2008, l’Ossétie projette de grands travaux de reconstructions (bâtiments administratifs, de l’éducation et hospitaliers) et de constructions de nouvelles infrastructures (autoroutes, gazoduc Gazprom) en bénéficiant d’un gros budget financé par un fond russe (estimé à 14 milliards de roubles entre 2007 et 2010 soit 340 millions d’euros) ce qui accroit la dépendance de la région vis-à-vis de la Russie.
3/ Evaluation des risques géographiques et environnementaux :
Tout d’abord, il convient de noter que l’Ossétie du Sud se trouve dans une zone géographique avec une activité sismique très importante. En effet, l’Ossétie est proche de la frontière de deux plaques tectoniques : la plaque Eurasie et la plaque Arabe.
Au niveau des risques sur la santé, des épidémies de grippe aviaire sont possibles, les chiens errants sont souvent porteurs de la rage et il faut noter aussi la tuberculose en forte augmentation à cause de la dégradation des conditions de vie en Ossétie du Sud liée à la guerre.
Pour ce qui est de l’environnement, l’état français met en garde face aux fournitures en eau potable inadaptées et à la pollution des sols par des produits chimiques toxiques.
4/ Evaluation du Hard power du pays :
- 1. La puissance militaire
Elle est composée de 2 500 hommes, si l’on inclut les réservistes, cela donne une armée de 16 000 hommes. Les forces armées ossètes sont composées d’une armée de terre et d’une armée de l’air.
L’armée sud ossète possède :
- 5 chars T-55 ainsi que 10 chars T-72
- 36 obusiers
- 4 canons anti-char
- 30 mortiers
- 52 véhicules de transport de troupes
- 10 canons anti-aériens
- 4 hélicoptères Mi-8
Cependant, les équipements de l’armée sud ossète ont changé car des chars géorgiens capturés durant les batailles ont été transférés dans l’armée sud-ossète, après la deuxième Guerre d’Ossétie du Sud.
A noter également une présence militaire russe constante en Ossétie du Sud et probablement un commerce d’armes entre les deux pays.
- 2. La puissance économique
En 2002, Le PIB de l’Ossétie du Sud était évalué à 15 millions de dollars soit 250$ par habitant. A ce jour, il n’y a pas de données plus récentes. De plus, le PIB est la seule donnée économique que l’on a pu obtenir puisque le pays est non-reconnu par la quasi totalité du monde.
Le secteur secondaire en Ossétie du Sud était composé de 22 petites entreprises avant la guerre de 2008. En 2007, il n’y avait aussi 7 usines en état de fonctionnement mais elles avaient besoin de réparations. Les entreprises ossètes sont confrontées à une pénurie de travailleurs, un endettement important ainsi qu’un manque de fond de roulement.
Comme nous l’avons précisé précédemment, l’agriculture a une grande importance dans l’économie ossète car la majorité de la population vit de cette activité. Les autorités sud-ossètes ont donc misé sur cette activité. En quelques années, la superficie de champs de blé est passée de 130 ha à 1 500 ha.
Le seul gros atout économique de l’Ossétie du Sud réside dans le tunnel de Roki, point de passage majeur entre la Russie et la Géorgie, qui permet à l’Ossétie de lever de nombreuses taxes douanières.
5/ Evaluation du soft power du pays :
En tant que tel, l’Ossétie a un soft power très limité, de par sa non reconnaissance internationale et ses petits moyens, elle n’a donc ni ambassades, ni grande force de diplomatie ou de négociation, et n’a que quelques médias, comme par exemple un site internet officiel. Elle bénéficie cependant de l’appui des quelques pays qui ont reconnu son indépendance mais surtout de celui de la Russie qui évoque souvent son cas et défend à la fois son indépendance, voir son annexion dans la Fédération de Russie sur la scène internationale. Une diaspora ossète est belle et bien ancrée dans certains pays européens. Selon M. Poukhaïev, la diaspora ossète compte près de 200 personnes en Belgique, environ 250 aux Pays-Bas, autant en France et près de 300 en Allemagne. Ils essayent de faire pression sur l’UE pour que la communauté européenne statue sur le la reconnaissance de l’Ossétie du sud
6/ SWOT :
FORCES |
FAIBLESSES |
|
|
OPPORTUNITÉS |
MENACES |
|
Conclusion :
L’Ossétie du Sud est actuellement un Etat en quête de reconnaissance qui connait de grosses difficultés sur le plan économique, politique et diplomatique. Sa lutte pour l’indépendance à appauvri cette petite région caucasienne et l’a rendu très dépendante de l’immense Russie voisine. Cette dernière est d’ailleurs quasiment la seule à l’aider à sa reconstruction, son développement et son combat en lui apportant capitaux, poids diplomatique sur la scène internationale mais aussi des armes et des soldats. Ainsi la crainte d’une annexion russe comme en Crimée en 2014 reste envisageable.
Le développement économique de la région existe quand même mais reste néanmoins compliqué, étant donné les faibles ressources y résidant et une corruption toujours non contrôlée.
D’un autre côté, l’Ossétie connait depuis 2008 une plus grande reconnaissance internationale, quelques pays ont reconnu son indépendance et quelques autres statuent dessus.
Sitographie
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Oss%C3%A9tie_du_Sud consulté le 11 avril 2014
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Bibliographie :
Guerre et Paix au Caucase Bernard Dreano (2010)
Atlas géopolitique du Caucase : Russie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan : un avenir commun possible ? Jean Radvanyi, Nicolas Beroutchachvili (2010)
Caucase du Sud, la nouvelle guerre froide : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie Gaïdz Minassian (2007)
Histoire de la Géorgie la clé du Caucase Pierre Rajoux (2009)
Tous les livres ont été consultés le 18 avril 2014