En République Centrafricaine se mêlent pressions ethniques, violences et exactions. Les tensions sont nombreuses et une guerre civile déchire le pays depuis plus de quatre ans. Zoom sur ce pays qui force les populations en détresse à s’exiler pour protéger leurs vies.
1. Introduction
Récemment, l’Human Right Watch faisait un constat désastreux : En Centrafrique, 296 femmes ont été violées et utilisées comme esclaves sexuelles par les groupes armés, entre 2013 et jusqu’à la moitié de l’année 2017. Ces crimes sont les résultats directs du conflit qui dure depuis plusieurs années et qui déchire chaque jour un peu plus le pays.
Quels sont les enjeux auxquels doit faire face la République Centrafricaine dans sa marche vers le développement ?
La République Centrafricaine est un Etat d’Afrique Centrale complètement enclavé. Elle partage ses frontières avec le Cameroun (à l’Ouest), le Tchad (au Nord), le Soudan et le Soudan du Sud (à l’Est), la République Démocratique du Congo et le Congo (au Sud). Le fleuve Oubangui forme la frontière Sud du pays et le sépare de la République Démocratique du Congo. Comme le nom du pays l’indique, la République Centrafricaine est une République dont le chef de l’Etat actuel est M. Faustin Archange Touadéra, ancien Premier Ministre de l’ex-Président François Bozizé.
Il s’agit d’un état relativement étendu avec une superficie de 622 984 km² pour 5,1 millions d’habitants (Selon l’INED, 2017). Sa capitale est Bangui et compte à elle seule 600 000 habitants. La densité du pays est de 8,65 habitants/km², faisant du Centrafrique un pays plutôt sous-peuplé. L’espérance de vie se situe à 52,9 ans en moyenne. On observe que celle-ci est en forte augmentation, puisqu’elle était de 36 ans en 1960.
Seuls 56,6% des adultes sont alphabétisés. La République Centrafricaine était le pays ayant le plus bas IDH en 2016. En effet, avec un IDH de 0,341, le pays est classé 188ème sur 188 et a perdu 29 places par rapport à 2013. La croissance démographique est de 19,9/1000.
La religion chrétienne, très présente il y a quelques années en raison du passé colonial du pays, se réduit aujourd’hui peu à peu puisque seul 25% de la population pratique cette religion, contre 15% de religion musulmane, et 60% d’animisme.
On compte plus de quatre-vingt-dix groupes culturels dans le pays, eux-mêmes répartis en neuf groupes. Le pays est peuplé de quatre ethnies majeures. Les Gbayas-Mandjas et Bandassont les deux ethnies majoritaires puisqu’elles comprennent plus de la moitié de la population. Les Babingas et Pygmés sont présents dans les forêts du pays, et les Zandes sont des agriculteurs mobiles à l’intérieur du pays.
La République Centrafricaine est un pays composé essentiellement de forêts et de savanes. Le pays se situe entre deux climats particuliers. Le sud du pays est traversé par un climat subéquatorial, tandis que le nord est une région plus sèche et plus chaude. L’urbanisation du pays est relativement faible. La plupart des populations vivent dans la partie Centre et Ouest du territoire (90%), tandis que les autres territoires sont pratiquement vides, notamment le Nord et l’Est, qui représentent pourtant 40% du territoire.
Le drapeau du pays fut initié par le président Boganda. Il symbolise à la fois le passé commun du pays avec la France avec le Bleu, le Blanc et le Rouge ; et le Panafricanisme avec le Vert, le Jaune et le Rouge. La couleur bleue correspondrait au Congo et ferait référence à son océan. La bande de couleur blanche rappellerait le coton, et ainsi le Tchad. Le Gabon et les forêts qui s’étendent sur son territoire sont symbolisés par la bande verte. Le jaune, quant-à-lui, réfère aux mines du pays. Le rouge est un hommage aux martyrs du pays. Enfin, l’étoile jaune symbolise ce qui doit conduire le peuple centrafricain vers la liberté.
Le président actuel Faustin Archange Touadéra a été élu en 2016. Il est à la fois Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement. Il a de nombreux pouvoirs en politique étrangère, en politique de la défense, dans le domaine législatif, et dans le domaine exécutif.
Le pays est aujourd’hui encore très profondément marqué par son histoire coloniale et possède de nombreuses similitudes avec la France. Au niveau linguistique, le français demeure une des deux langues officielles du pays, avec le Sango. Cependant, la langue française reste privilégiée, notamment par les intellectuels. Le pays est devenu l’un des membres de la Francophonie en 1973. Cette organisation regroupe « l’ensemble des personnes et des pays parlant le français 1». Cependant, le pays a été suspendu des instances de l’Organisation Internationale de la Francophonie en mars 2013 en raison de sa situation politique.
La monnaie utilisée est le Franc CFA. Il s’agit d’une monnaie relativement faible au niveau mondial. Aujourd’hui, 100 Francs CFA correspondent à 0,15 centimes d’euros. Le Centrafrique est aussi culturellement influencé par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, le Tchad, le Cameroun, et la France.
Depuis 2013, le pays est le foyer de conflits entre des groupes opposant les forces gouvernementales et forces armées.
2. Risque politique
La stabilité du gouvernement et des institutions
Le Centrafrique a aujourd’hui encore un régime politique instable qui tient à son histoire moderne. La ville de Bangui, capitale actuelle, fut créée en 1889, suite à la décision de l’Empire colonial français d’affirmer sa position dans la région. En effet, cette localisation a été choisie pour rivaliser avec l’Empire Belge, ennemi de l’époque, installé non loin de là. La France eut recours à de nombreux soldats de l’Oubangui Chari (ancien nom de la République Centrafricaine, en référence aux fleuves qui le traversent) lors de la Première Guerre Mondiale ou bien pour des projets de constructions. L’Oubangui Chari devint officiellement une colonie française en 1905.
Barthélémy Boganda devint le premier président du pays, après avoir été élu à l’Assemblée française en 1946 puis sera réélu (en 1951 et 1956). Il fonda le MESEAN (Mouvement pour l’évolution sociale de l’Afrique noire), basé sur l’idée de la justice pour tous.
La République Centrafricaine est née le 1er décembre 1958, après l’échec de Boganda de créer une Union des Etats de l’Afrique Latine, formée des pays colonisés par la France, le Portugal et la Belgique.
A la mort de Barthélémy Boganda en 1959, David Dacko, son cousin, lui succéda et fit obtenir l’indépendance au pays en 1960. Cette élection marque le début d’une succession de régimes autoritaires, de Coups d’Etats et de guérillas :
Jean Bedel Bokassa (1965 à 1979) devint président à vie en 1972, maréchal en 1974 puis empereur en 1976. Sous son autorité, cent cinquante lycéens selon Amnesty International furent tués dans la prison de Ngaragba à Bangui à la suite d’une manifestation.
Par la suite, l’opération Barracuda ramena David Dacko au pouvoir (1979 à 1981), puis fut créé le régime militaire d’André Kolingba (1981 à 1993) qui mis en place le Rassemblement Démocratique Centrafrique (RDC). Se succédèrent ensuite Ange-Felix Patassé (1993 à 2003), François Bozizé (par Coup d’Etat, 2003 à 2013), qui sera renversé par la Séléka (union de plusieurs mouvements rebelles du Nord). Michel Djotodia (2013 à 2014) s’auto-proclama président, jusqu’à l’arrivée de Faustin Archange Touadéra actuellement en poste.
Le système institutionnel quant-à-lui reprend les principes généraux du système français. En effet, le Chef de l’Etat est un président élu pour cinq ans au suffrage universel, qui va lui-même élire son Premier Ministre. Ensuite, il y a la présence d’une Assemblée Nationale et d’un Sénat. Le président peut dissoudre l’Assemblée, et le Premier ministre est responsable devant celle-ci et peut être sanctionné après un vote à majorité absolue des députés.
Les conditions socio-économiques
Le Centrafrique est caractérisé par la vulnérabilité de certaines populations qui sont exposées à un ensemble de risques : La pauvreté, la violence physique et morale, la maladie.
Les femmes sont en général écartées de l’activité politique et économique du pays. Lorsque ces dernières ont des activités ménagères ou informelles, (Mini commerce/Agriculture) cette dernière n’est pas comptabilisée dans le calcul de la production de richesse nationale. De plus, la polygamie demeure autorisée et même légale dans le pays, où chaque homme peut avoir jusqu’à quatre épouses. Les mariages forcés, viols, violences conjugales ou bien les mutilations génitales sont encore très présents dans le pays. Malgré la mise en place de dispositions comme le Code de la famille, ou bien l’intégration de clauses spéciales dans le Code Pénal du pays, ces horreurs subsistent.
Plus de 76% de la population est en situation d’extrême pauvreté, et la moitié de la population a un besoin urgent d’aides humanitaires. Les infrastructures sanitaires sont en très mauvais état, seules 2% ont un accès à l’eau potable et 25% à une source d’énergie.
La main d’œuvre centrafricaine est moins qualifiée que certains de ces voisins. Seuls 56,6% des adultes de plus de quinze ans sont alphabétisés. « Le montant dérisoire des dépenses estimées de santé (4% du PIB) et d’éducation (1,2% du PIB) contribue à expliquer la détresse dans laquelle est maintenu ce peuple. »2 Si l’on considère que la population est relativement jeune, elle n’est pas pour autant très scolarisée, seuls 28,6 % des enfants le sont.
Les conflits internes
Les causes des conflits en Centrafrique sont nombreuses. Premièrement, l’instabilité des institutions de l’Etat crée une forte fragilité au sein du pays. Les acteurs sociaux sont intransigeants, la discussion avec le peuple est inexistante, les problèmes de non-paiement de salaires courants, la pauvreté et la misère sont omniprésentes. Enfin, l’échec de la mise en place d’une démocratie est l’une des explications principales de la situation actuelle.
En effet, la succession de gouvernements a créé une instabilité énorme dans le pays. Lors de la présidence de François Bozizé, des coalitions se sont formées, telle la « Séléka », qui regroupe partis politiques et forces rebelles musulmanes. Bien qu’officiellement dissoute en 2013, la situation dans le pays reste identique. A la chute du président Bozizé, de nombreuses exactions apparaissent : c’est le début du chaos pour le Centrafrique.
L’ex-Séléka, de confession musulmane, affronte des groupes d’auto-défense très majoritairement chrétiens, appelé les « anti-balakas ». Ces combats ont créé une véritable guerre civile à l’intérieur du pays. Selon le Monde, « A l’heure actuelle, 80% du pays échappe au contrôle du gouvernement ». Les Nations Unies ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme en ce qui concerne le risque énorme de génocide dans le pays. Plus d’un million de personne a quitté le pays depuis le début des conflits. Les différents groupes demandent chacun l’amnistie pour les crimes commis. Cependant, aucune instance de Justice n’est réellement en place dans le pays. Des dizaines d’accords de réconciliation ont vu le jour et ont été signé, mais aucun n’a été appliqué.
En 2013, la mission Sangaris a débuté en Centrafrique. Des soldats français ont été envoyés sur place et ont lutté pendant près de trois ans au maintien de la paix. La même année, l’ex-Séléka avait commis plus de 400 meurtres en quatre mois.
En 2014, l’ONU a déployé la mission Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique). Plus de 13 000 professionnels sont présents sur place, dont environ 9 500 miliaires. Le but est de protéger les civils, notamment en travaillant sur la réconciliation et stabilisation du territoire.
De plus, on peut ajouter à ce conflit d’autres menaces, telles que les coupeurs de routes qui sévissent sur les axes principaux de la ville et empêchent le bon ravitaillement du pays. Les braconniers sont aussi très nombreux, et le trafic d’armes illicites est commun.
Les pressions ethniques
Comme évoqué auparavant, la République Centrafricaine est un pays composé de plus de 90 peuples. Ces différentes ethnies ont d’ailleurs été au centre du débat en mai 2017, du fait du resurgissement des tensions ethniques et religieuses. Le ministre des Affaires sociales et réconciliation nationale avait annoncé que « La résurgence des derniers foyers de tensions au cours des deux dernières semaines a fait environ 100.000 nouveaux déplacés, 200 blessés et 300 morts ». Les tensions subsistent donc entre les peuples et ajoutent de nouveaux risques à ceux déjà en présence.
Les conflits externes et pays voisins entraînant un risque potentiel
La République Centrafricaine est le foyer de nombreux conflits, mais est encerclée par des pays ayant eux-aussi de nombreuses faiblesses. Le Cameroun et le Tchad, ses pays frontaliers, sont très fortement touchés par la présence de groupes djihadistes sur leur territoire. Idem, la République Démocratique du Congo est le lieu d’incessantes guerres depuis de nombreuses années. Le Soudan et Soudan du Sud sont eux aussi en situation critique, avant, mais surtout depuis leur séparation. Ces différents pays voisins constituent la base arrière des rebelles et des islamistes. La République Centrafricaine subit en plus les effets négatifs des guerres en présence dans la région des Grands Lacs, qui créent une migration de réfugiés très importante, et accentue le trafic d’armes illégales.
Les conditions de sécurité
Au vu des conflits en cours dans le pays, il est évident que les risques sont très nombreux. Selon la carte établie par le ministère des Affaires étrangères et du Développement International, le pays serait divisé en deux zone : une à l’accès formellement déconseillé (en rouge), et l’autre à l’accès déconseillé sauf raison impérative (en orange).
L’insécurité est donc présente partout dans le pays, où les meurtres et viols sont malheureusement très courants. Les politiques centrafricaines bénéficient du soutien de la Communauté internationale et plus particulièrement de la France. Cela a pour conséquence d’accroître les tensions.
La corruption
La corruption très forte est certainement l’un facteur des facteurs de paralysie du pays. Selon l’organisme Transparency International, la République Centrafricaine était classée au 159ème rang sur 176 en 2016. Le pays était aussi le 40ème sur 50 en ce qui concerne les pays d’Afrique. La corruption est omniprésente et touche toutes les administrations et organismes, empêchant une bonne marche du système.
3.L’évaluation des risques économiques et financiers
La République Centrafricaine est un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB de 1,756 milliards de dollars. Le PIB par habitant s’élève à 382,21 USD en 2016.
La croissance reprend peu à peu dans le pays après des taux catastrophiques rencontrés en 2013 ( -36,7%). Une remontée importante a été réalisée en 2014, où le taux de croissance du PIB s’est élevé à 1%, puis à 4,9% en 2015, et enfin à 5,1% en 2016. Pour 2017, la COFACE estime la croissance à 4,7%. Cette remontée est notamment due aux aides internationales qu’a reçu le pays.
L’inflation estimée pour l’année 2016 s’élevait à 4% et pourrait baisser jusqu’à 3,5% en 2017.
Le solde budgétaire estimé est de -2,8%, et le solde courant de -9,7%. La dette publique est estimée à 41,2% pour 2017. Concernant la dette externe, les données n’ont pas été communiquées ces dernières années.
La chute du PIB et de la croissance en 2013 sont dues en grande partie à la situation du pays cette année, où la Troisième Guerre Civile a éclaté dans le pays. L’opération Sangaris avait d’ailleurs été menée cette année-là par les Nations Unies pour tenter de rétablir la sécurité.
Le taux de chômage pour 2016 était de 4,5% et demeure très instable, car la situation économique a bien évidemment des effets sur l’économie du pays. La dette publique représentait en 2016 environ 42,5% du PIB.
La balance commerciale s’élevait à -29,8Mds de dollars en 2014, puisque le pays importait beaucoup plus que ce qu’il exportait. Le taux de change fluctue énormément et ne facilite donc pas les échanges avec les autres pays. Cependant, l’embargo présent sur les ventes de diamants devrait permettre au pays de relancer ses exportations et donc sa croissance.
L’économie peine à se développer au sein d’un pays secoué par les guerres et l’instabilité générale. La baisse du prix du pétrole a fait entrer de nombreux pays du centre de l’Afrique dans une crise économique importante. Six pays (La République Centrafricaine, le Tchad, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, et la République du Congo) ont été particulièrement touchés. En conséquent, le Fond Monétaire International (FMI) a été saisi à leur demande en fin d’année 2016, et devrait leur accorder des aides d’une valeur de 6% du PIB.
Tous les 6 mois, les responsables des finances du pays (ainsi que ceux d’autres pays africains) se retrouvent à Bercy afin d’évaluer la situation économique et budgétaire des pays.
Le PIB du pays se découpe en trois secteurs économiques : L’agriculture représente 58%, l’industrie forme 12% et les services 29,8%. L’agriculture est essentiellement vivrière : culture du manioc, de l’arachide, des bananes plantains, du sorgho, des avocats, etc. En 2011, plus de 70% de la population active travaillait dans cette branche de l’économie.
Les centrafricains exportent des diamants, du bois, du tabac, etc. Cependant, cela ne permet pas de financer les dépenses de l’Etat qui est encore déficitaire. De plus, de nombreuses activités économiques sont tombées dans les mains d’un secteur informel et ne rapportent donc plus au pays.
4.L’évaluation des risques géographiques et environnementaux
Risques sismiques et géologiques
La République Centrafricaine possède un climat plutôt favorable, cependant, des inondations peuvent se produire lors de la saison des pluies. En effet, du fait de sa localisation entre deux fleuves, le pays souffre de débordements qui sont d’autant plus graves qu’aucune infrastructure n’a été mise en place. De plus, la présence de sables mouvants cause de nombreux décès de nageurs.
Risques sanitaires et épidémiques
En termes de risques sanitaires, ceux-ci sont élevés dans le pays, comme dans de nombreux pays d’Afrique. Le site du gouvernement français établit une liste impressionnante de vaccins à effectuer avant de se rendre dans le pays. De plus, la République Centrafricaine est aussi victime du paludisme. Le gouvernement classe le pays en zone 3, c’est-à-dire en « zone de prévalence élevée et multirésistance ». Le virus Zika est aussi présent dans le pays.
Plus inquiétant encore, le gouvernement incite les voyageurs à être vigilants s’ils sont amenés à se rendre dans des hôpitaux. De plus, le Sida est très largement répandu dans le pays, et touche près de 5 % de la population avec 60 000 personnes contaminées.
L’eau est aussi très largement contaminée et peut transmettre le choléra, et la mortalité infantile est importante.
Etant donné la situation actuelle du pays, les notions de hard power et soft power sont réduites.
5.L’évaluation du Hard power du pays
L’Etat bénéficie d’un hard power très faible avec une armée presque inexistante. L’armée centrafricaine compte environ 7500 hommes. Le Chef d’Etat-major a lui-même expliqué que le pays avait des capacités militaires si faibles qu’il ne pouvait équiper plus de 150 soldats, et leur offrir des munitions qui ne permettaient pas plus de trente minutes de combat. De plus, le pays étant soumis à un embargo sur les armes, il doit faire des demandes de dérogation afin de se fournir en armement.
Par ailleurs, le gouvernement américain a fourni à la FACA (Forces Armées Centrafricaine) des équipements militaires pour une valeur de 8 millions de dollars. De plus, la Mission Européenne de Formation Militaire forme les soldats au combat depuis avril 2017.
Le pays faisait partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie mais en a été suspendu il y a trois ans.
Récemment, un nouveau système a été mis en place pour lutter contre la fraude et optimiser les recettes douanières du pays. Celui-ci a constitué une avancée technologique importante puisqu’il s’agit d’un système de pointe dématérialisé qui permettra de gérer les procédures douanières et le commerce extérieur du pays. Celui-ci pourrait aider à la baisse de la corruption dans le pays.
6. L’évaluation du Soft power du pays
Le soft power d’un pays caractérise la puissance d’un pays en termes d’influence et de persuasion, sans qu’aucune pression ne soit effectuée.
La République Centrafricaine dispose d’un soft power très faible. En effet, sa situation actuelle ne lui permet pas de diffuser internationalement et donc d’atteindre d’autres pays. De plus, l’instabilité générale fait que le tourisme, qui aurait pu être un outil de diffusion du soft power, est inexistant.
Le pays compte malgré tout deux sites classés à l’UNESCO :
Le parc national du Manovo-Gounda St Floris
Trinational de la Sangha
Conclusion générale
La République Centrafricaine demeure aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et du monde entier. La situation du pays laisse voir un réel paradoxe : une extrême pauvreté malgré de nombreuses ressources.
Les risques sécuritaires, économiques, financiers, et politiques se complètent et renforcent l’instabilité du pays. Au niveau sécuritaire, l’Etat n’est plus capable d’assurer le maintien de l’ordre et la sécurité de sa population. Le faible budget alloué à la défense ne permet pas de voir une amélioration de la situation. La guerre civile qui a éclaté il y a près de 4 ans crée des conflits violents qui opposent les rebelles et l’Armée régulière.
De plus, cette situation a de fortes conséquences sur une économie déjà faible. L’économie du Centrafrique se concentre sur les activités agricoles, et n’est pas assez diversifiée. L’exploitation des ressources reste sous l’emprise étrangère et n’est pas développée au profit du pays.
Les tensions en République Centrafricaine sont nombreuses, d’origine politico-ethniques et causent l’affaiblissement du pays. Les tensions conduisent progressivement le pays vers une insécurité politique et humanitaire. La situation actuelle est préoccupante et nécessite des changements rapides, afin de rétablir un système juste, et une paix dans le pays.
SWOT
Forces |
Faiblesses |
De nombreuses ressources minières : diamant, or, uranium |
Dépendance vis-à-vis de la Communauté Internationale. |
Nombreuses aides internationales |
Dépendance militaire vis-à-vis de la France. |
Alliés régionaux et internationaux : Tchad, Cameroun, France. |
Faible éducation des populations |
Territoire relativement grand. |
Territoire enclavé entre 6 pays aux situations difficiles (guerres, terrorisme) |
Population jeune et nombreuse, dynamique |
Fragilité sanitaire : Pandémie, épidémie, Paludisme, SIDA. |
Climat plutôt favorable |
Rivalité religieuse et ethnique (nombre d’ethnies important) |
Agriculture riche et diversifiée |
Instabilité politique très forte, faillite de l’état |
Groupes armés sur le territoire, guerre civile qui amène des atrocités (viols, esclavage sexuels), terrorisme, génocide. |
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Monnaie nationale faible |
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Faible part des IDE |
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Menaces |
Opportunités |
Déplacements de population massifs dus aux conflits dans les pays frontaliers |
Amélioration des techniques de production agricoles afin d’avoir des productions plus rentables et efficaces. |
Conflits au Tchad, Soudan, dans la région des Grands Lacs |
Créer un marché commun avec les pays voisins pour tenter de rétablir une bonne situation |
Processus de mondialisation croissant qui laisse des pays en marge |
Développement de l’énergie hydro- électrique |
Construire des projets de développement avec de nouveaux alliés économiques : Exemple Chine. |
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Bibliographie
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COFACE, Fiche Centrafrique : http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Republique-centrafricaine
Diploweb, (1er octobre 2013), « République Centrafricaine : géopolitique d’un pays oublié » : https://www.diploweb.com/Republique-centrafricaine.html
France Diplomatique, Présentation de la République Centrafrique :
Francophonie, Fiche Centrafrique : https://www.francophonie.org/Centrafrique.html
Géolinks, Fiche Centrafrique : /geopolitique/fiche-risques-pays-la-republique-centrafricaine/
Knomea, Croissance réelle du PIB : https://knoema.fr/atlas/R%c3%a9publique-centrafricaine/Croissance-r%c3%a9elle-du-PIB
Larousse, « République Centrafricaine ou Centrafrique » :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/R%C3%A9publique_centrafricaine/112337
Larousse, « République Centrafricaine : Institutions » :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/R%C3%A9publique_centrafricaine%C2%A0_institutions/112338
Le Monde, (2013) « Six clés pour comprendre le conflit en République Centrafricaine » : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/12/05/republique-centrafricaine-le-conflit-en-six-points_3526169_3212.html
Le Monde, (2017) « Human Rights Watch dénonce les viols et l’esclavage sexuel dans le conflit centrafricain »
Rfi, (7 mars 2017) « RCA : un colloque sur l’armée relève des chiffres inquiétants » : http://www.rfi.fr/afrique/20170306-republique-centrafricaine-rca-colloque-armee-faca-mission-europeenne-formation-militaire
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