Fiche Pays – Lettonie

Comment la Lettonie cherche à se détacher du carcan russe?

La Lettonie est un ancien pays qui possède une longue histoire de domination par des forces étrangères sur son territoire.

Du 13ème au 16ème siècle, la Lettonie était sous l’ordre des chevaliers prussiens. Puis elle a été dominée par les rois de Suède dès 1625, d’où ses bonnes relations encore de nos jours avec cet état nordique.

Ensuite elle fuit de nouveau envahie et rattachée à l’Empire Russe, même si la domination traditionnelle par les grands propriétaires germano-baltes prévaut encore (tout comme langue allemande, parfois utilisée pour l’administratif).

Mais le pays apparaît sur la scène internationale en 1918, à la fin de la première guerre mondiale.

En effet, pendant la première guerre mondiale, elle combat aux côtés des russes mais suite au traité de Brest-Litovsk (qui mit fin aux combats sur le front russe), la Lettonie est cédée au Reich. Suite à la défaite de l’Allemagne en 1918, le Lettonie déclare donc son indépendance.

Mais la trêve fut de courte durée, puisque dès 1940, elle est de nouveau envahit par l’Union Soviétique sous « forme d’annexion légitime ».

C’est à la chute du mur de Berlin et à la fin de l’URSS en 1991, que la Lettonie déclare son indépendance.

Depuis, elle tente de se libérer de l’influence de son puissant voisin qu’elle voit comme une menace à son unité.

1. Introduction

Nom : République de Lettonie (Latvija)

Capital : Riga

Langue officielle : le Letton

Etendue : 64 597 km2

Frontières communes avec l’Estonie, la Lituanie, la Biélorussie et la Russie et bordée par la mer Baltique

Population : 1968957 habitants (janvier 2016)

Ethnies : Lettons (62,3%), Russes (26,9%), Biélorusses (3,5%), Ukrainiens (2,5%), Polonais (2,3%), Lithuaniens (1,3%), Juifs (0,4%), Roms (0,4%), Autres (0,4%)

Composition linguistiques : Lettons (58,2%), Russe (37,5%), Lituaniens (4,3%)

IDH : 0,82 (47ème rang)

Accroissement naturel total entre 2015 et 2016 : -17 millions

Croissance démographique : -0.9% (2015)

Structure d’âge (2016)  : les 0-14 ans représentent 15% de la population, les 15-64 ans représentent 65.6% de la population et les plus de 65 ans représentent 19,4% de la population

Taux de fécondité (2014) : 1,65 (1,58 en UE)

Espérance de vie pour les hommes (2014) : 69,3 ans  (UE en 78,1)

Espérance de vie pour les femmes : 79,4 ans

2. Évaluation du risque politique

  • Stabilité du gouvernement et des institutions

La Lettonie est une démocratie récente. Lors de son indépendance en 1991, le pays a largement repris la Constitution de 1922 qui institue une organisation parlementaire du régime, coupant ainsi avec le système communiste russe mis en place depuis 1940. Le Président est élu par la Saeima, le Parlement monocaméral constitué de 100 députés élus pour quatre ans au scrutin proportionnel. Le président désigne ensuite un Premier Ministre qui forme le Gouvernement. Le vote des députés de la Saeima se déroule à bulletin secret et à la majorité absolue. Leur mandat est renouvelable une fois.

Ainsi, le président a peu de pouvoir car le pays est dirigé par le premier ministre et son gouvernement.

Cependant, ce système révèle une grande fragilité compte tenu de la composition ethnolinguistique du pays qui se reflète dans la composition des partis. En effet, la Lettonie compte 1/3 de russophones (qui doivent faire une demande expresse de nationalité, à défaut de quoi ils sont considérés comme apatrides). Cette minorité soutient politiquement le parti du « Centre de la Concorde ».

Le Président de la République désigné par le Parlement en juin 2011, Andris Berzins, est issu de l’Union des verts et des paysans, une coalition à dominante agrarienne et centriste. En septembre  2011, les élections législatives ont donné le parti « Centre de la Concorde »  gagnant. Or le parti est contesté puisqu’il est soutenu par la minorité russophone est qu’il est perçu comme une menace pour l’indépendance du pays vis-à-vis de la Russie.

L’absence de consensus entre les deux clans a obligé la reconduite dans ses fonctions de Valdis Dombrovskis, le Premier Ministre sous l’ancien Président.

La Saeima se trouve donc actuellement dirigée par un parti considéré comme issu d’une minorité russophone, tandis que la Présidence et le Gouvernement sont dirigés par une majorité ethnico-linguistique opposée, qui les voit comme une menace pour l’identité nationale.

Tendance qui se confirme; les résultats de l’élection municipale de 2013  montrent une forte montée du parti russophone dans les villes les plus importantes du pays. Dans ce contexte, les partis lettons, désunis, porteurs de la politique d’austérité se trouve pris au dépourvus.

Cependant, les élections législatives de 2014 ont été marquées par l’influence de la crise ukrainienne. L’annexion de la Crimée par la Russie et son intervention en Ukraine ont marqué le climat des élections. Le chef du parti de la Concorde, de bord russophone, et maire de Riga à l’époque, Nils Ushakovs, se déclarait admirateur de Vladimir Poutine et soutenait fortement ses actions. D’ailleurs son parti est lié à celui de Poutine par un accord de coopération.

Mais lors de l’élection présidentielle de juin 2015, c’est Raimonds Véjonis issu de l’union des Verts et des Paysans qui a été élu Président de la République. Tour à tour ministre de l’Environnement puis ministre de la Défense sous l’ancien gouvernement, son élection est controversée puisqu’il est élu, en parti, grâce aux voix du parti de la Concorde (tendance russophone). C’est également le premier président élu en Europe issu du parti écologiste.

Il inscrit son action dans la continuité de celle de son prédécesseur tout en appuyant davantage sa politique sur l’aspect sécuritaire et les questions de citoyenneté (qui sont au cœur des problèmes lettons).

La situation politique reste tout de même stable en Lettonie.

Une coalition a été mise en place suite aux élections législatives d’octobre 2014. De tendance centre-droit, elle regroupe le parti Unité (23 sièges au Parlement), l’union des Verts et des Paysans (21 sièges) et la formation nationaliste Alliance nationale (17 sièges). Cependant, il faut noter l’absence du parti de la Concorde (24 sièges), la formation de centre-gauche dominée par les russophones (31 % de la population).  Il existe donc toujours des tensions entre Lettons et Russes mais celles-ci ne sont pas démonstratives et sans débordement.

Les prochaines élections législatives auront lieu en octobre 2018.

  • Conditions socio-économiques

A la suite de la crise de 2008, le pays a bénéficié de l’aide de l’UE et du FMI ; pour autant sur les fonds alloués, il n’a utilisé que la moitié et s’est engagé à rembourser le reste. Un tel exploit n’a été possible qu’au prix d’une austérité draconienne : réduction de la masse salariale et des dépenses publiques.

Concrètement les salaires des fonctionnaires ont connu une baisse de 30%, atteignant 50% pour les enseignants, une baisse de salaire minimum de 20% du salaire minimum (soit 140 euros par mois), et enfin une réduction de 10% des retraites. En conséquence, une hausse du chômage, atteignant 19% en 2010 et qui n’est redescendu à 13,5 % qu’en 2013.

A noter l’acceptation et l’approbation ouverte de la population à la politique d’austérité du Gouvernement qui a été reconduit trois fois au cours des années les plus difficiles. Une telle confiance s’explique à la fois par la résistance de la population à des conditions de vie difficile hérité de l’ancienne ère soviétique, mais également de la réactivité des autorités lettonne, sans attendre de perte de confiance des investisseurs et des acteurs économiques.

Pour autant les conséquences de la politique d’austérité sur la population se font ressentir par une progression de la pauvreté et une croissance des inégalités.

Ainsi, Après trois années de récession et une stricte politique d’austérité, l’économie lettone a enfin renoué à partir de 2011 avec la croissance, même celle-ci repose essentiellement sur la consommation des ménages.

Mais la discipline budgétaire, qui a pour objectif un déficit budgétaire nul en 2016 et une dette inférieure à 40 % du PIB, ainsi que la stabilité du secteur bancaire sont notables.

Concernant le système éducatif, celui-ci est très complet, avec un volet initial et professionnel très bien ajusté. Ce qui explique que le pays dispose d’une main d’œuvre qualifié et bon marché.

L’école est obligatoire jusqu’à 18 ans, et on note un taux de décrochage scolaire des 18-24 ans en dessous de la moyenne européenne (soit environ 13% contre 14% au niveau européen).

Les dépenses nationales en matière d’éducation sont de l’ordre de 2,6% du PIB.

Malgré cela, le marché du travail, très flexible, est confronté au manque de main-d’œuvre formée de façon adéquate, tandis que le déclin régulier de la population, lié au vieillissement et à l’émigration massive, est une fragilité importante. Le chômage structurel reste élevé (9,6 %), principalement en dehors de Riga.

Le système de santé est équivalent au premier regard en termes d’efficacité à celui des pays les plus développés de l’Union européenne. Néanmoins, on note une faible proportion de spécialistes qui révèle une faiblesse des structures de soins primaires, et des soins largement déficitaires pour les masses. La pratique des dessous-de-table entre patients et médecins étant courante.

Cependant, les dépenses de sécurité sociale, qui représentent environ 3,7% du PIB en 2016, sont parmi les plus faibles de l’Europe. La Lettonie fait partie des dix pays européens où ¼ de la population est exposée à la pauvreté et à l’exclusion sociale.

La protection sociale y est insuffisante pour une partie de la population, la plus fragile et pauvre.

La Lettonie peine donc à réduire les inégalités. C’est dans ce contexte qu’est actuellement menée une ambitieuse réforme fiscale qui vise à améliorer le taux de recouvrement des impôts et à rationaliser les dépenses publiques. En cas de succès, elle pourrait être suivie d’une refonte du système de santé et de la protection sociale.

La Lettonie reste très dépendante des approvisionnements en hydrocarbures russes (plus de la moitié du pétrole importé et la totalité du gaz) car elle dispose de peu de ressources énergétiques sur son territoire. Les réservoirs naturels de gaz situés à Inčukalns pourraient atténuer cette dépendance et offrir à la Lettonie la possibilité de jouer un rôle de régulateur pour l’ensemble de la région. L’essentiel de la production d’électricité provient de l’hydroélectricité, mais le pays doit importer 30 à 45 % de sa consommation électrique. Ainsi, la part de l’électricité produite à partir de sources d’énergies renouvelables atteint aujourd’hui, presque, les 50% et la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie est de 38% en 2014. C’est un des pays les plus « écologiques » de l’Europe dans le domaine de l’énergie.

Cela s’explique aussi par la volonté de s’affranchir du réseau ex-soviétique.

Dans le domaine des transports, les trois États baltes prévoient de créer une liaison ferroviaire reliant Tallinn (capital de l’Estonie) à la frontière polonaise, en passant par Riga. Rail Baltica est inscrit comme projet prioritaire du réseau transeuropéen de transport (TENT-T) et sera financé par l’Union européenne à hauteur de 85 %.

D’ailleurs, il est intéressant de noter que près de 80% des transports intérieurs sont réalisés en train en 2013.

  • Les relations avec les pays voisins

Le menaçant voisin Russe :

Depuis son indépendance en 1991, le pays a établi des relations cordiales économiques et politiques avec ses voisins baltes, la Lituanie et l’Estonie, mais également avec l’Allemagne qui constitue un de ses principaux clients et fournisseur.

Mais les relations restent tendues avec son voisin Russe qui est perçu comme une menace, du fait d’une minorité russe sur le territoire letton qui reste importante et réussi à s’imposer sur la scène politique nationale.

Le traité frontalier entre les deux pays qui a été élaboré en 1997 n’est toujours pas signé ni ratifié. La Lettonie demande donc la reconnaissance par la Russie de « l’agression dont elle a été victime de la part de l’Union soviétique ».

De plus, la Russie ne cesse de manifester son influence sur le pays par ses actions à l’extérieur. L’intervention de la Russie en Géorgie en août 2008[1]  et la situation d’intervention militaire de la Russie dans la région autonome ukrainienne de Crimée [2] en sont des exemples flagrants, qui prouvent au monde entier, et à la Lettonie, encore aujourd’hui sa capacité d’expansion et d’influence. Dans les milieux d’affaires et économiques, l’influence russe reste aussi très présente en raison des interdépendances économiques et du fait des actions de communication stratégique développées par Moscou.

Les russes de Lettonie qui représentent près de 30% de la population sont majoritaires dans sept des huit plus grandes villes du pays. Cette diaspora est un véritable atout pour la Russie.

La méfiance entre les deux pays vient également du fait de la volonté ferme de la Lettonie de s’émanciper de son grand voisin.

Pour ce faire, le processus de naturalisation est complexe. La loi oblige les candidats à la citoyenneté à parler couramment letton, à connaître le texte de l’hymne national et à renoncer à leur ancienne citoyenneté. Ces mesures extrêmement restrictives ont entraîné un nombre très important (au moins 500 000 en 2014) d’apatrides. Ce statut empêche l’accès aux allocations familiales, aux indemnités chômage, à la gratuité des soins et ne permet en aucun cas d’inviter des personnes venant de l’étranger. Cela oblige les Russophones à prouver qu’ils seront fidèles à la Lettonie.

Uniquement 44% des Russophones ont ainsi pu obtenir la nationalité lettone.

La plupart sont privés de passeport, ce qui les empêche de se déplacer en Russie ou en Europe.

La minorité russe se sent exclue de la société, sentiment renforcé par leur stigmatisation vis-à-vis de la presse et de la politique nationale.

La Commission européenne a donc rappelé à l’ordre la Lettonie concernant ce processus « excluant de nombreuses personnes de leur droit », qui est donc invitée à revoir sa politique en la matière.

Relations avec l’Ukraine :

La Lettonie, fermement attachée à l’intégrité territoriale de l’Ukraine s’inquiète de la présence et de l’influence russe dans ce pays.

Elle défend une ligne ferme à l’égard de Moscou, mais continuent à travailler avec les Russes sur les questions d’intérêt commun. Elles soutiennent le maintien des sanctions infligées à la Russie par l’Europe tant que les accords de Minsk n’auront pas été intégralement mis en œuvre (indépendance des Etats et cessez-le-feu).

Relations avec l’Union Européenne :

La Lettonie est entrée dans l’Union européenne le 1er mai 2004, dans l’espace Schengen en décembre 2007 et dans la zone euro en janvier 2014.

Elle a assuré la présidence du Conseil de l’Union européenne au 1er semestre 2015.

Valdis Dombrovskis est « vice-président de la Commission européenne pour l’euro et le dialogue social, également chargé de la stabilité financière, des services financiers et de l’union des marchés des capitaux ».

La Lettonie dispose de 0,39 % des voix au Conseil de l’Union européenne et de 8 députés au Parlement européen.

Elle a ratifié l’accord de Paris sur le climat lors de la Cop 21 le 20 février 2017.

La Lettonie regrette le Brexit, tout en respectant la décision britannique. Elle souhaite le maintien de liens aussi étroits que possible entre l’UE et le Royaume-Uni (elle milite pour un Brexit soft). Elle suit de près les négociations en cours et est attentive à la situation des près de 100 000 Lettons expatriés au Royaume-Uni.

La Lettonie souhaite éviter toute scission entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, ce qui permettrait à la Russie de réaffirmer son influence sur les pays de l’Est.

Elle voudrait que l’Union se mobilise sur un « agenda positif, porteur de projets allant dans le sens d’une plus grande unité et cohésion ». Pour cela, elle milite en vue d’une « Europe différenciée ».

En matière de défense, la Lettonie participe à certaines opérations extérieures de la PSDC (Atalante, EUTM, Sophia), qu’elle souhaite voir évoluer en complémentarité avec l’OTAN.

Concernant la crise des réfugiés, le pays s’est engagé à accueillir 50 personnes dans le cadre des réinstallations (10 avaient été accueillies mi-avril 2017) et 481 dans le cadre des relocalisations en provenance de l’Europe du Sud (270 accueillies à la même date) pour se conforter aux décisions européennes de septembre 2015.

Pour la période 2014-2020, la Lettonie bénéficie de 5,6 Mds € de fonds européens (soit 2 815 € par habitant)

Relation transatlantique :

L’élection de Trump à la tête des Etats-Unis a inquiété la Lettonie qui y voyait là une nouvelle source de tensions avec la Russie. Le pays doute de la pérennité de la garantie de sécurité américaine.

Mais certains éléments rassurants dans le discours de l’administration Trump ont apaisé son inquiétude.

La Lettonie a été le premier pays européen à avoir ratifié le CETA avec le Canada, le 23 février 2017

  • Le niveau de corruption

Classé 44/176 avec un score de 57/100,  le pays a néanmoins été marqué par le dernier épisode politique au cours duquel le Président sortant qui s’était représenté a été écarté.  Il avait en effet, quelques jours avant la fin de son mandat, demandé la dissolution du Parlement qui avait refusé de lever l’immunité d’un député soupçonné de corruption.

Son classement pour l’environnement des affaires est de 39/82.

Depuis son adhésion à la lutte anti-corruption en 2014, la Lettonie a pris des mesures pour améliorer son dispositif législatif (meilleure sensibilisation), même si elles sont encore insuffisantes. C’est pourquoi un groupe de travail qui a planché sur la question lettone en 2015, a formulé des recommandations visant à améliorer les actions menées pour lutter contre « la corruption transnationale, et en particulier à ce que l’autorité lettone soit opérationnelle, d’enquêter davantage sur la corruption, de renforcer les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux par les banques lettones, d’améliorer la législation en matière d’extradition, de responsabilité des entreprises et sur la diffusion d’informations et finalement d’assurer une protection totale aux lanceurs d’alerte. »

  • Conditions de sécurité dans le pays liées à la criminalité et au terrorisme

Le pays n’est pas particulièrement sujet à la criminalité, pas plus que dans les autres pays de l’Union européenne.

La présidence de l’union européenne par la Lettonie au premier semestre 2015 (avant les attentas de Paris et de Londres) mettait déjà l’accent sur les questions de terrorisme et demandait aux Etats une meilleure coordination de leur politique sur la question des combattants étrangers. Le défi était de trouver l’équilibre entre liberté et sécurité.

Depuis 2014, une coalition internationale pour la lutte contre le groupe armé Etat Islamique (Daesh) est mise en place. Elle regroupe près de 68 pays, dont la Lettonie qui apporte une aide matérielle et logistique aux combattants.

Le niveau de criminalité est de 3/5 en Lettonie. La criminalité urbaine est mal contrôlée par la police, mais elle ne sévit que dans certains quartiers des grandes villes (tels que Riga, la capital). Elle s’explique en partie par le chômage qui avait principalement touchée les villes au moment de la politique d’austérité imposée par le gouvernement suite à la crise de 2008 et à cause des coupes budgétaires dans les services de police qui ont suivi.

3. Évaluation des risques économiques et financiers

PIB par habitant 13573 $US
Taux de croissance du PIB 3,4 %
Taux d’inflation annuel 1,7 %
Solde budgétaire -1,1 % du PIB
Solde courant -1 % du PIB
Dette publique 37 % du PIB
Solde commercial 1947 milliards €
Stabilité du taux de change Oui

Etude Coface pour les prévisions 2017

Depuis son entrée au sein de l’UE, le pays a connu un taux de croissance important sous l’effet des investissements directs étrangers (IDE). Les principaux investissements se concentrent sur les télécommunications, le transit pétrolier, l’immobilier, la distribution et le secteur bancaire.

Mais en 2009, sous l’effet de la crise, le stock d’investissement étranger a très fortement diminué, et ce n’est que depuis 2010 que la Lettonie n’est plus classée par les organismes de cotation comme une destination à risque en termes d’investissement.

Pour autant la reprise est fragile et elle reste conjoncturellement impactée par un contexte européen défavorable.

Son appartenance à l’UE est un atout pour les affaires économiques.

Son système financier est dominé en partie par les banques suédoises (près de 85% du crédit domestique) et ses réformes de la loi sur l’insolvabilité et la justice ont été favorablement accueillit par la communauté européenne. Tout comme sa voisine, l’Estonie, le pays est en phase de digitalisation, mais accuse un retard technologique dans certains domaines (avec seulement 0,6% du PIB déployé dans la R&D). Il doit aussi faire face à une baisse de la population active et un chômage structurel élevé (près de 10%). La corruption et la mauvaise répartition des richesses (Riga face au reste du territoire) ainsi que la taxation importante sur le travail qui pénalise les bas salaires sont un frein à l’expansion économique du pays.

Le risque pays est donc évalué à A3 par l’agence Coface en 2017.

4. Évaluation des risques géographiques et environnementaux

  • Risques sismiques et géologiques : Aucun

En hiver, des tempêtes de neige fortes et imprévisibles peuvent toutefois être observées.

  • Risques sanitaires et épidémiques : Aucun

Mais il est hautement déconseillé de boire l’eau du robinet, surtout dans la capital Riga.

5. Évaluation du hard-power

  • Pouvoir militaire réel

Lors de son accession à l’indépendance en 1991, le pays réforme toute son armée, il crée notamment le Ministère de la Défense, et le très vital corps des Gardes-frontières Lettons. En 1992 est créé le Quartier Général des armées sous lequel sont regroupés tous les corps armés.

La coopération avec l’OTAN commence dès les années 1991 ; le pays s’implique dans de nombreux programme en lien avec la sécurité de la région (Partnership for Peace), qui lui permet en contrepartie de bénéficier d’une assistance civile, militaire et technique.

C’est finalement en 2004 que le pays est formellement admis comme membre au sein de l’OTAN. Une adhésion qui s’explique par la politique de «  Croisade contre le terrorisme » des Etats-Unis, alors que la Russie essaie par tous les moyens d’empêcher l’adhésion des anciens satellites de l’URSS, en particulier les pays Baltes.

Le soutien de la Lettonie aux Etats-Unis est tel qu’elle se range aux côtés des Etats-Unis dans son action en Irak (Coalition internationale contre Daesh), alors même que la France et l’Allemagne ont refusé. Mais sa politique de Défense s’explique largement par sa volonté de tirer partie de l’article V du Traité de l’OTAN : ce dernier énonce en effet qu’une attaque menée contre un membre de l’OTAN est perçue comme une attaque contre tous les États membres. Pour un État comme la Lettonie, c’est vital.

De plus les Pays Baltes ont des difficultés à protéger leur espace aérien en raison du manque de moyens :  l’Allemagne, la France et même le Portugal participent ainsi dans le cadre de l’OTAN à la défense de l’espace aérien de la Lettonie.

Le principal enjeu de la Lettonie au niveau militaire est désormais d’assurer  une relative stabilité de la région, tandis que la Russie tente par tous les moyens de maintenir et même d’installer un climat instable afin de faire monter les prix du gaz et du pétrole.

La force militaire lettone est basée sur le modèle suédo-finnois, soit une «  forme de réaction rapide comprenant une structure de mobilisation et un noyau de militaires professionnels ».

La Garde Nationale comprend près de 7850 réservistes volontaires. En 2015, le pays comptait 5310 actifs militaires divisés entre l’infanterie motorisée, l’armée de l’air et la marine nationale.

La Lettonie coopère avec ses pays baltes voisins dans l’opération BALTRON et BALTBAP qui assure une présence en mer permanente.

L’armé est engagée dans les différentes organisations de l’OTAN, de l’UE et de l’ONU en Irak ou en Afghanistan (quelques centaines d’hommes).

Cependant, la défense de l’espace aérien des 3 pays baltes est assurée par les pays de l’OTAN dans le cadre de la mission Baltic Air Police, faute de moyens.

En effet, selon la loi de l’OTAN, les pays membres doivent allouer 2% de leur PIB à la défense. Or le budget de la défense de la Lettonie approche les 0,8% du PIB.

Pour leur venir en aide face à la « menace russe », le Canada a déployé en juin 2017, sous l’égide de l’OTAN des centaines d’hommes pour rassurer le pays.

Cependant, cette mesure est accueillie de manière mitigée entre les lettons et les russophones, alors même que la Lettonie fête cette année les célébrations du centenaire de l’indépendance.

  • Poids du pays dans les institutions internationales

La Lettonie est membre de la quasi-totalité des grandes organisations  internationales :

ONU, OTAN, UE, OCDE, OMS, OMC, Banque Mondiale, Interpol, FAO Food and Agriculture organisation, Bred

La liste est encore longue mais elle traduit la volonté du pays de s’impliquer dans les affaires internationales, en particulier la lutte contre le terrorisme. C’est également un moyen pour ce petit pays de s’assurer des soutiens sérieux en cas de mise en danger de sa sécurité ou de son intégrité territoriale.

  • Technologie et innovation

Depuis son indépendance et son accession à l’indépendance, la Lettonie a connu une croissance constante alors qu’elle a commencé avec un PIB national au plus bas. Cependant son niveau de développement et de recherche scientifique est resté très bas jusqu’en 2001.

Le pays a hérité d’une tradition Recherche et développement importante de l’ex-URSS, mais dédiée au secteur public, sans lien avec le secteur privé, les entreprises en somme.

La politique de recherche et de développement du pays doit donc faire face à des défis importants : « Le principal défis relatif à l’innovation auquel doit faire face la Lettonie en ce moment est de promouvoir une plus forte implication des entreprises dans le développement des innovations du pays, et ainsi assurer une augmentation régulière et saine des dépenses R&D dans le secteur des affaires. Des efforts doivent être faits pour augmenter le niveau de l’innovation dans les entreprises et promouvoir des capacités nationales dans la capitalisation des résultats de recherche en innovation. »[3]

Dans cette optique le pays possède plusieurs instances dédiées directement ou indirectement au développement des technologies et à l’innovation ; à titre d’exemple le Conseil des Sciences, l’Académie des sciences ou encore l’Agence de Développement et d’investissement Letton.

Ces institutions sont relativement autonomes, elles reçoivent des subventions sur la base de mérites scientifiques, de leur productivité, leur contribution au secteur économique et social ou encore leurs réalisations dans l’éducation supérieur et la collaboration internationale.

Mais le problème majeur qui demeure dans la Recherche et le Développement est le manque de liens entre la recherche académique et le secteur commercial. Les chercheurs et les entités académiques ont peu d’opportunités de mettre en œuvre leurs découvertes, alors même qu’ils constituent la plus grande part des chercheurs dans le pays. Ceci en partie parce que quasiment tous les fonds des ensembles de recherche sont attribués par le Gouvernement, et la recherche n’est donc pas corrélé aux besoins des entreprises.

Les dépenses de R&D représentaient en 2014, 0,7% du PIB, soit le double d’il y a 10 ans. L’objectif du gouvernement est d’augmenter encore davantage cette part.

Le nombre de brevets par millions d’habitants est un indice de l’activité de R&D dans un pays : en 2014, plus de 30 brevets ont été déposé alors qu’en 2004, c’était moins de 10 brevets.

Même si la R&D reste cantonnée à une utilisation purement administrative et académique, on observe une tendance d’amélioration. Au niveau digital d’ailleurs, la Lettonie occupe la 6ème place mondiale pour la connexion internet, devant les Etats-Unis et la Suède. Les mesures du gouvernement doivent donc cibler les entreprises privées et améliorer la communication entre secteur privé et public.

6. Évaluation du soft-power

  • Reconnaissance médiatique et culturelle

La Lettonie n’est pas un pays qui fait particulièrement la une des médias ou qui occupe une place importante dans la culture populaire.

Néanmoins, c’est plus par un manque d’opportunité de découvrir le pays qu’en raison d’une pauvreté patrimoniale. En effet, la Lettonie possède un patrimoine culturel riche, hérités de temps anciens. L’UNESCO a d’ailleurs classé deux sites du pays au Patrimoine Mondial de l’humanité : l’Arc géodésique de Struve et le Centre historique de Riga. Trois autres sont sur une liste indicative : le site viking de Grobina, les méandres e la haute Daugava et la vieille ville de Kuldiga.

Le pays est connu pour son travail artisanal autour de l’ambre, considéré comme « l’or de la Baltique ».

Dans le secteur musical, les « dainas », chansons folkloriques lettones qui font le récit des styles de vie des Lettons existent depuis plus de 1000 ans.

Par ailleurs, le pays a été l’acteur et le théâtre d’un évènement d’une rare envergure en 1989. Cette année-là le 23 août, entre 1,5 et 2 millions d’habitants des trois Pays Baltes ont joints leurs mains pour créer une « Voie Balte » afin de protester contre le traitement fait aux trois pays.

  • Vecteurs d’influences (cinéma, médias, diasporas…)

Ils sont limités.

Politique d’encouragement mais la part des films ou supports véhiculant le letton et la culture lettone restent limitées, et même au sein du pays.

La diaspora quant à elle tend à devenir un élément important dans la politique d’exportation culturel du pays. En 2013, le gouvernement a présenté un rapport d’information intitulé « Sur la coopération du Ministère des Affaires étrangères avec la diaspora en 203-2015 ».

L’objectif du programme est de ne plus percevoir les immigrés lettons comme des pertes irrémédiables mais comme des vecteurs de développement pour le pays.

Ainsi de nombreux programmes de financement d’écoles lettones du samedi et de soutiens à des associations lettones à l’étranger sont prévus.

En matière économique également, le pays prévoit d’encourager les contacts avec les entrepreneurs lettons installés à l’étranger afin de développer des partenariats.

  • ONG

L’Alliance civique-Lettonie est un réseau d’organisations, fondée en 2004 qui réunit plus de 107 organisations non-gouvernementales et des membres privés.

Elle promeut les intérêts du secteur non-gouvernemental en Lettonie, identifie et cherche à résoudre les problèmes du secteur, soutient et renforce les actions menées pour promouvoir la participation des ONG dans la prise de décision et représente les intérêts des ONG dans la communication avec les autorités publiques.

Cependant, il existe une ONG plus ancienne. Les Amis de la Terre Lettonie, créée en 1987, est la plus grande organisation non gouvernementale du pays.

Elle est composée de 3200 sympathisants et possède 64 bureaux locaux à travers tout le pays.

C’est une organisation dont les objectifs sont des initiatives locales en vue de la protection de l’environnement dans les forêts, sur le littoral, les dunes, pour la promotion des énergies alternatives et de l’agriculture biologique.

L’ONG organise aussi des manifestations plus politique sur le traitement des déchets dangereux, la transparence des processus d’adhésion à l’UE ou la planification régionale.

Actuellement, les sympathisants se battent contre la construction d’un terminal pétrolier offshore en mer Baltique.

7. Conclusion

La Lettonie est un pays typique de l’ex Union soviétique, il a la volonté de surmonter ses faiblesses structurelles, mais pour se faire il tend à précipiter des processus vitaux : le passage à l’économie de marché, la redistribution des richesses, et la répartition des pouvoirs. Il en résulte un décalage entre des résultats économiques très positifs et paradoxalement la persistance d’une faiblesse face aux fluctuations conjoncturelles mondiales.

Ainsi on note un honorable taux de croissance et une balance commerciale qui se rééquilibre lentement mais sûrement depuis 2010.

Néanmoins, suivant les remarques de Michael Hudson et Jeffrey Sommers dans le Financial Times et cité par Audrey Duperron, le pays est au contraire un mauvais exemple de reprise économique, et de croissance miraculeuse.

A la suite de la politique d’austérité qui continue d’être appliquée, on observe un taux de suicide parmi les plus importants d’Europe, un taux de mortalité routière élevé dû tout autant à la vétusté des routes qu’à la consommation d’alcool et enfin une augmentation de la criminalité suite aux coupes budgétaires dans les services de polices.

On peut donc dire que le pays est propice aux investissements importants mais rentables sur le court terme, car la fragilité conjoncturelle et structurelle du pays expose les investisseurs potentiels à la nécessité de prévenir les effondrements susceptible de survenir à tout moment.

Le pays mise beaucoup sur la sécurisation de ses frontières et tente de contrer l’influence de son voisin russe en s’engageant dans les institutions européennes et les luttes armées, aux côtés de l’OTAN et de l’UE pour consolider ses appuis.

De nombreuses réformes sociales et de modernisation de l’économie sont menées par le gouvernement mais la situation interne reste tendue, face à la minorité russophone.

La stabilité politique prévaut dans le pays, cependant la corruption et les inégalités persistent toujours.

Pourtant, le pays se distingue par sa gestion des énergies renouvelables, son réseau ferroviaire et la fluidité de sa connexion internet. Ces atouts sont le présage d’un futur favorable pour le pays, s’il engage les ressources nécessaires à une restructuration en profondeur de son système.

Analyse SWOT

Forces Faiblesses
– main-d’œuvre qualifiée et bon marché

– législation harmonisée selon l’Union Européenne, favorable aux investissements

– appartenance à de nombreuses institutions internationales

– fiscalité simple et attrayante : faible niveau de taxation

– productivité importante

– situation géographique stratégique entre Europe et Russie

– population habituée aux conditions de vie difficile et travailleuses

– faiblesse de son marché domestique

– inégalités encore bien présentes

– peu d’entreprises étrangères sur le territoire

– investissement en R&D insuffisant

– budget militaire pas respecté

– système de santé non efficace

– système bancaire dépend des banques suédoises

Opportunités Menaces
– tradition politique efficace et simple

– population favorable à la mise en place des politiques d’austérité

– secteur tertiaire en augmentation

– secteur primaire qui bénéficie des aides européennes

– système légal souhaitant faciliter l’implantation et le développement des entreprises étrangères sur le territoire

– influence russe qui s’intensifie dans le pays face à la présence des armées étrangères dans le pays

– montée des partis pro-russes en politique

– instabilité interne à cause des minorités russophones

Références

https://www.transparency.org/news/feature/corruption_perceptions_index_2016

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/lettonie/presentation-de-la-lettonie/

http://www.expert-comptable-international.info/fr/pays/latvia/economie-3

http://www.oecd.org/fr/daf/anti-corruption/la-lutte-contre-la-corruption-transnationale-en-lettonie-freinee-par-des-defaillances-au-niveau-de-la-mise-en-uvre.htm

https://www.touteleurope.eu/actualite/sommet-de-l-otan-une-nouvelle-etape-dans-la-lutte-contre-le-terrorisme.html

https://fr.tradingeconomics.com/latvia/inflation-cpi

http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Lettonie

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1037936/lettonie-tension-russie-canada-armee-otan

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