Antigua et Barbuda
Adrien Barrau, Clémentine Cano et Paul Moreau
Situé dans les Antilles, au milieu de la mer des Caraïbes, c’est avec raison qu’Antigua et Barbuda est considérée comme une destination de rêve. Nous allons explorer ces îles au cours de cet exposé et nous intéresser aux dimensions géopolitiques qui ont façonnées la situation actuelle de cet archipel.
Introduction
Antigua et Barbuda est un pays des petites Antilles composé de trois îles : Antigua la plus grande, Barbuda, et Redonda (un petit caillou). Maison de plusieurs peuples depuis au moins -2400 av JC, Antigua et Barbuda est actuellement un état indépendant du Commonwealth. Comme pour les autres états du Commonwealth, le chef de l’état est la Reine Elizabeth II, elle est représentée par un gouverneur général (Sir Rodney Williams). Le chef de l’exéc
utif est le premier ministre (Gaston Browne) qui est également chef du gouvernement. Comme nous allons le voir dans cet exposé, la culture et la politique actuelle sont le reflet de l’histoire du pays.
La problématique choisie est : Comment pouvons-nous expliquer la situation géopolitique actuelle d’Antigua et Barbuda ?
1. Contexte et environnement géographique d’Antigua et Barbuda
Contexte des Antilles:
Antigua et Barbuda se trouve entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique. On retrouve Porto-Rico au Nord et la Guadeloupe au Sud. Le pays fait donc partie des petites Antilles.
Nous nous intéressons tout d’abord au contexte des Antilles. C’est un grand archipel situé dans la mer des Caraïbes, il s’étend de Cuba à Trinité-et-Tobago au large des côtes vénézuéliennes. On distingue les petites Antilles (montrer la carte : de Antigua à Trinité), les grandes Antilles (composées de Cuba, la Jamaïque, Haiti, République Dominicaine et Porto Rico) et les caraïbes Nord (Bahamas, Keys).
Sur cet archipel vivent 42 millions d’habitants répartis sur une trentaine d’îles (la plus grande étant Cuba), la majeure partie de la population est originaire d’Afrique et amenée lors de la période esclavagiste. La zone fut découverte par Christophe Colomb en 1492.
C’est aujourd’hui, une zone au contraste de richesse et de pauvreté. Haïti faisant partie des pays les plus en difficultés du monde côtoie des paradis fiscal comme les îles Caymans ou des pays en développement parmi les plus riches (Trinité-et-Tobago).
Le chômage y est particulièrement élevé, surtout chez les jeunes. C’est espace fragmenté économiquement, sur la route de la drogue (provenance de Bolivie) qui comprend de nombreux de nombreux paradis fiscaux (petites iles au dessus de la Guadeloupe, Trinité-et-Tobago, Bahamas, Iles Caymans), économiquement dépendante du tourisme…
Bien que les Antilles soient tiraillés politiquement et historiquement (Influence des Etats-Unis avec Porto-Rico, isolation de Cuba, ancienne colonie française, espagnoles, néerlandaise ou anglaises), des alliances de coopération économique essaient d’unifier la zone (CARICOM, association des Etats de la caraïbe, …).
Cas des Petites Antilles:
Antigua et Barbuda se situe au sein des Petites Antilles et plus particulièrement parmi Iles du vent (des petites iles du Nord jusqu’à Trinité-et-Tobago). L’autre sous-ensemble s’appelle les îles sous le vent et se trouvent au Nord du Venezuela.
Géographie de l’archipel:
L’archipel est composé de 3 îles : Antigua, Barbuda et Redonda (inhabitée).
Antigua, la plus grande d’île, est de nature volcanique, elle a une superficie de 260 km2 et compte 69 000 habitants, la capitale et plus grande ville est St John’s. Située dans une zone tropicale, les températures sont chaudes et constantes tout au long de l’année.
Barbuda, beaucoup plus petite, est de nature corallienne et est dotée de magnifiques plages de sable fin. La plus grande ville est Codrington est abrite la majeure partie des habitant (1100 âmes)
En guise de comparaison nous pouvons cité :
· Superficie totale de l’archipel 442 Km2
· Grand Lyon 553 Km2
· Corse 8600 Km2
Nous nous sommes interrogé à propos de Redonda, la plus petite île, d’une superficie de 1,5 Km2, elle représente un petit îlot perdu et inhabité au milieu de la mer.
Refuge d’oiseaux marins, d’énormes quantités de déjections se sont accumulées au fil des siècles et Redonda est désormais riche en phosphate. En 1860 des paysans aventuriers se mettent à exploiter cette ressource et quelques années plus tard l’île produira 3000 à 7000 tonnes de phosphate par an. L’exploitation prendra fin avec le déclenchement de la première guerre mondiale et l’île est depuis complètement déserte.
Anecdote : En 1880 le propriétaire demande le titre de Roi à la reine d’Angleterre pour son fils, la requête est acceptée à condition que ce royaume n’entrave en aucun cas, les intérêts britanniques. Matthew Phipps Shiell devient le Roi Felipe I du Royaume de Redonda.
2. Le contexte politico-historique d’Antigua
Les tous premiers habitants des îles Antigua et Barbuda furent des populations amérindiennes. D’abord les Ciboney, dont les traces remontent à environ 2500 ans avant JC, puis les Arawaks qui affrontèrent ces premiers à partir du 1er siècle après JC, à leur tour chassés par les terribles Caribes vers le XIIème siècle.
Dans cette seconde partie nous allons ainsi développer la dynamique politico-historique d’Antigua-et-Barbuda ; mais à défaut de suivre un plan en 3×3, il n’y aura que deux sous-parties puisque deux grandes périodes principalement ont marqué l’archipel, à savoir : la colonisation britannique et la période dynastique de la famille Bird.
1. Le passé colonial
En 1493 Christophe Colomb découvre l’ile d’Antigua, et la nomme ainsi en référence à l’église « Santa Maria de La Antigua » de Séville. Cependant, en raison du manque d’eau et de la forte présence des Caribes, les Espagnols passent chemin, tout comme les Français un peu plus tard. L’arrivée de Sir Thomas Warner à Antigua en 1623 et à Barbuda en 1661 marque alors véritablement la colonisation britannique d’Antigua-et-Barbuda.
De la fin du XVIIème à la fin du XIXème siècle, Antigua-et-Barbuda est laissée en gérance à un riche planteur de cannes, Sir Christopher Codrington, qui en 1674 fonde la première implantation de canne à sucre et finit par louer toute l’île pour lui et ses descendants à la Couronne britannique pour la modique somme d’un gros cochon par an. Les colons font venir des ouvriers agricoles d’Europe puis rapidement des esclaves de la côte ouest de l’Afrique pour pallier la pénurie de main d’œuvre.
En 1784, l’amiral Nelson fait d’Antigua la plus grande base britannique des Antilles en fortifiant le English Harbour, qui devient la porte d’entrée des Caraïbes.
Vers la fin du XVIIIe siècle, du fait d’une diminution des bénéfices tirés du sucre (surexploitation du sol et productivité réduite), et d’une Europe qui commence à pointer du doigt l’esclavagisme, la Grande-Bretagne bannit l’esclavage de ses colonies, et ainsi d’Antigua-et-Barbuda en 1834. La plantocratie coloniale se perpétue cependant après l’abolition de l’esclavage.
Dans les années 1930, la majorité des ouvriers agricoles gagnent encore moins qu’un siècle plus tôt et les conditions restent difficiles jusqu’en 1939, date à laquelle Vere Cornwall Bird crée un syndicat pour les travailleurs- l’ATLU (Antigua Trades and Labour Union). Les propriétaires britanniques, qui possèdent alors plus des trois quarts de toutes les terres d’Antigua, tentent de résister à la pression syndicale, mais Bird sort vainqueur de cette lutte interne et demande une réforme de la législation coloniale.
2. Antigua-et-Barbuda ou « Birdland »
En 1959 une certaine autonomie est accordée à Antigua-et-Barbuda, puis en 1967 le statut d’État associé avec l’entière souveraineté sur les affaires intérieures. Le gouvernement Bird rachète les terres aux planteurs qui deviennent ainsi propriétés de l’Etat; à la différence de Barbuda où les terres restent accessibles à l’ensemble de la population qui peut les cultiver à son gré. Bird contrôle dès lors le gouvernement, le syndicat ATLU et l’industrie sucrière. Cependant, la différence dans la gestion agricole entre les deux îles est une première source de conflits.
Durant ce temps, les îles se tournent peu à peu vers l’industrie du tourisme.
En 1981, Antigua-et-Barbuda accède à l’indépendance et devient un Etat membre du Commonwealth. Ceci marque à nouveau des rapports tendus entre les deux îles car Barbuda s’opposait fortement à cette indépendance mais peuplé de 1500 habitants seulement, et sans ressources naturelles particulières, il est difficile pour elle de se faire entendre par l’île principale.
Tout au long des années 80 et jusqu’au début des années 90, près de la moitié de la population émigrent aux États-Unis du fait du fort taux de chômage. Le gouvernement Bird renforce alors son pouvoir notamment en conservant la haute main sur le secteur public (40% de la population active). Certains mouvements populaires de contestations se manifestent.
En 1994, le pouvoir passe de Vere Bird à son fils, Lester Bird. Antigua est alors rebaptisée « Birdland », le clan Bird possédant même des radios et chaines de télévision officielles. Les Bird sont mêlés à une série de scandales (trafic d’armes et de cocaïne, détournement de fonds publics, etc.). Antigua-et-Barbuda n’est d’ailleurs plus éligible aux prêts de la Banque Mondiale, du fait de ce manque de transparence des comptes publics et autres indicateurs socio-économiques.
Les élections de 2004 marquent la fin de la dynastie des Birds en placant au pouvoir Baldwin Spencer, le chef du United Progressive Party, à son tour remplacé par l’actuel Premier Ministre Gaston Browne, chef du Parti travailliste.
Ainsi Antigua-et-Barbuda est à la fois marquée par un héritage colonial propre aux Petites Antilles mais également par un autoritarisme politique bien spécifique à l’archipel. Ces derniers étant à l’origine de la situation géopolitique du pays développée maintenant dans notre dernière partie.
3. Contexte actuel d’Antigua et Barbuda
Quelques faits et chiffres :
- Capitale : Saint John’s
- Langue officielle : anglais
- Unité monétaire : dollar des Caraïbes orientales (XCD), utilisé par 6 états (Antigua et Barbuda, Dominique, Grenade, Saint-Christophe-et-Niéves, Saint-Vincent-et- les grenadines, Sainte lucie) et deux territoires d’outre-mer britanniques (Anguilla et Montserrat).
- Population : 88 400 (estim. 2013)
- Superficie (km2) : 442
- Répartition urbains-ruraux : population urbaine : 29,9 % (2010), population rurale : 70,1 % (2010)
- Espérance de vie à la naissance :
- – hommes : 73,7 ans (2012)
- – femmes : 77,8 ans (2012)
- PIB : 1,2 Milliards de dollars (2011)
- PIB. par habitant (USD) : 12 960 (2011)
- Drapeau : deux triangles rouges pour la victoire, le bleu symbolise la mer, le blanc est la couleur de l’espoir et le soleil représente un nouveau départ. Le noir représente quant à lui l’héritage de l’Afrique
- Religion : Christianisme (Majoritairement l’Eglise Anglicane)
Démographie et langue :
Antigua-et-Barbuda compte une population d’un peu moins de 90000 habitants. La quasi-totalité des Antiguais et des Barbudiens est d’origine africaine (env. 96 %), les autres sont des Blancs, des Arabes (Libanais et Syriens) et des Indo-Pakistanais. Les Antiguais forment 97,9 % de la population, contre 2,1 % pour les Barbudiens.
Du côté des langues, on distingue le créole anglais antiguais (“Antiguan Creole English”), le créole anglais barbudien (“Barbudan Creole English”), le créole anglais de Montserrat (“Monserrat Creole English”) et l’anglais standard lui-même.
Si l’anglais est la langue officielle et celle des affaires, tous les antiguais parlent aussi le créole antiguais. L’anglais est néanmoins utilisé dans tous les médias. L’importance de l’anglais était plus forte lorsque Antigua abritait une base américaine comptant 10 000 soldats. Les États-Unis en sont partis en 1995.
Politique intérieure :
· Forme de gouvernement : monarchie constitutionnelle avec deux chambres législatives (Sénat [17], Chambre des représentants [17 1])
· Chef de l’État : la reine Élisabeth II (Royaume-Uni), représentée par le gouverneur général Sir Rodney Williams (depuis le 17 juillet 2007)
· Chef du gouvernement : Gaston Browne (depuis le 13 juin 2014) parti travailliste
En terme de politique intérieure on peut souligné la confrontation d’Antigua-et-Barbuda au problème de multi insularité : le fait qu’un état insulaire ait plusieurs composantes territoriales avec une île principale à forte dominance. C’est le cas de la dominance d’Antigua (98% de la population contre 2% pour Barbuda), qui a parfois mené à des tensions entre les deux îles.
Politique extérieure :
Antigua-et-barbuda fait partie de nombreux accords de coopération :
– OECO Organisation des Etats de la caraïbe Orientale : pays qui utilisent le dollar des caraïbes Orientales. Secteur d’activité : le commerce, le transport, le tourisme durable et la gestion des catastrophes naturelles
– AEC : Association des Etats de la Caraibe, promotion, coopération des Etats de la Caraïbe
– CARICOM : Communauté Caribéenne, qui a pour but renforcer les liens interétatiques pour à terme créer un marché commun unique (CSME Carabbean Single Market and Economy )
– Commonwealth
– OMC, OEA (organisations des Etats Américains). ONU, en juin 2013 le représentant d’Antigua-et-Barbuda à l’ONU John Ashe a été élu président de la 68eme session de l’Assemblé générale qui devait définir les objectifs de l’après 2015 notamment en terme de développement durable.
On retrouve notamment des relations avec
– la Chine (des investisseurs chinois ont récemment investi plus d’1 millard de dollar dans un complexe touristique de luxe, cela devrait créer plus de mille emploi mais accroitre dans le même temps la dépendance d’Antigua-et-Barbuda au tourisme)
– le Japon financement des plusieurs projets dans le domaine de la pêche contre le soutien à la politique sur la chasse à la Baleine du Japon.
– Accords de coopération avec le Qatar et le Koweit
– Etats-Unis : premier partenaire commercial
Situation économique:
Malgré un taux d’endettement élevé (90% du PIB) et un taux de pauvreté de 18% Antigua et Barbuda fait figure d’une des îles les plus prospère dans les Petites Antilles après la Barbade.
Après l’abandon progressif de la plantation de canne à sucre et de l’agriculture en général cette situation économique actuelle est due à une croissance financée essentiellement par le tourisme (60% du PIB), son activité d’accueil d’entreprises offshore et ses services financiers. Durement touché par le crise (baisse de 25% du PIB sur 3 ans) le pays a obtenu des prêts de la part du FMI et de l’alliance bolivarienne pour les amériques (ALBA) dans le but de redresser ses finances publiques.
Controverse :
Derrière son image des plages idylliques et beaux hôtels Antigua-et-Barbuda a souvent était visé pour ses pratiques financières laxistes et sa réputation de paradis fiscal. En effet, malgré des efforts entrepris pour une plus grande transparence, cet important centre financier offshore a été qualifié au G20 de novembre 2011 de « juridiction présentant de sérieuses carences en matière d’échange d’information fiscale ».
Cette mauvaise image n’a pas été améliorée lorsqu’en 2009 éclate un scandale financier : l’affaire Standford du nom d’Allen Standford propriétaire de Antigua National Bank (la plus grosse société du pays) et soupçonné d’avoir escroqué plus de 9 milliards de dollars, on le surnommé alors « le petit Madoff ». Cette accusation a porté un grave coup à l’économie du pays qui dépendait en grande partie de Standford.
Antigua-et-Barbuda a aussi été un des premier pays à proposer une licence pour les sites de pari en ligne dans les années 90, le pays abritait en 2010 un quart des sites de paris en ligne de la planète grâce à une législation largement favorable en la matière.
Le pays fait partie de la liste de grises des paradis fiscaux�� établit par l’OCDE pour désigner les paradis fiscaux non coopératifs.
Conclusion :
En conclusion nous pouvons rappeler qu’Antigua est Barbuda est un petit archipel au sud des Antilles, aujourd’hui considéré comme une destination de rêve, son histoire à été façonnée par son passé colonial. Bien que les Français, Espagnols et Anglais se soient arrêtés sur l’île, seuls les Britanniques ont décidés de s’y installer.
La principale source de richesse venait des plantations de cannes à sucres mais c’est aujourd’hui le tourisme et les investissements étrangers qui représente la majeure partie des revenus. Le manque de transparence au niveau fiscal a terni la réputation d’Antigua et Barbuda au niveau international ces dernières années.
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