Fiche Pays : Sainte Lucie

Dans quelle mesure l’ile de Sainte-Lucie, après une histoire coloniale mouvementée, cherche-t-elle à exploiter au mieux son territoire entre agriculture et tourisme ?

Introduction

  • Localisation

En pleine mer des caraïbes, dans l’archipel d’îles que l’on appelle “Petites Antilles”, Sainte Lucie fait partie des îles du Vent, bordée à l’est par l’océan Atlantique et à l’ouest par la mer des Caraibes.

Elle est située à 40km au sud de la Martinique et à 32km au nord de Saint-Vincent.

  • Drapeau :

Le bleu : l’océan et surtout la mer des caraïbes bordant l’île.

Les triangles jaune et noir/blanc correspondant aux deux volcans, emblématiques du pays : le Gros et le Petit Piton(s).

  • Forme de l’Etat :

Le schéma politique en vigueur à Sainte-Lucie est le suivant :

La reine Elisabeth II est officiellement reconnue comme chef d’Etat puisque Sainte-Lucie fait partie du Commonwealth britannique (depuis son indépendance).

Un gouverneur général la représente sur l’île.

Aujourd’hui, il s’agit de Pearlette Louisy. C’est une ancienne enseignante qui a beaucoup œuvré pour l’éducation et la santé sur son île. Elle a surtout une fonction représentative et n’a guère de vécu politique.

Le 1er ministre actuel est Allen Chastanet (depuis juin 2016). Il représente le parti uni des travailleurs et assure la gestion du gouvernement. C’est un homme d’affaires qui fut aussi le ministre du tourisme de 2006 à 2011.

Aujourd’hui, la langue officielle du pays est l’anglais, mais la population parle également un créole similaire à celui des Antilles françaises.

Le français est la première langue étrangère.

La monnaie est le dollar des Caraibes Orientales.

Au 1er mai 2017, 1 EC$ = 0,342€ et 1US$ = 2,7 EC$.

Le taux de change US$ est fixe depuis 1976.

En 2017, l’IDH est de 0,74.

  • Démographie

Sainte-Lucie en quelques chiffres :

– La population est estimée à près de 188 000 habitants en 2017, répartis principalement sur le littoral Ouest et Sud de l’île. La capitale Castries, en accueille un tiers, soit plus de 60 000.

– Près de 70% des Saint-Luciens sont catholiques, 8% sont adventistes du 7ème jour et 6% pentecotistes. Les autres religions présentes sur l’île sont notamment : les évangéliques, anglicans… Une religion comme héritage logique après la succession de colonisateurs anglais et français.

– 81% de la population est d’origine africaine, 11,9% d’origine mixte, 2,4% d’origine indo-caraibe ou indienne et une petite minorité européenne.

– Une population majoritairement pauvre, une répartition des richesses inégale.

Evaluation du risque politique

Sur l’île de Sainte-Lucie, règne la stabilité politique puisque ce système est en vigueur depuis la colonisation de l’île par l’Angleterre.

Les axes politiques majeurs sur Sainte-Lucie sont :

– la hausse de la production locale ;

– la baisse de la criminalité ;

– la diminution de la pauvreté.

Sainte-Lucie se situe dans la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire.

C’est un petit Etat insulaire et qui, de ce fait, a une faible assise économique et est vulnérable aux fluctuations extérieures. Le pays vit essentiellement du tourisme et de l’agriculture (bananes, mangues, avocats…) mais également dans une moindre mesure d’un petit secteur manufacturier et des activités bancaires.

Le niveau de pauvreté est assez élevé (en lien avec le chômage).

La délinquance urbaine est en nette augmentation et les touristes en sont souvent la cible.

On peut également ajouter que la corruption est présente sur l’île, elle renforce l’instabilité globale du pays.

Au sein du pays, géographiquement limité, il n’y a pas de réelle tensions ethniques pouvant amener des conflits internes.

Un des rares conflits extérieurs où est impliquée Sainte-Lucie est celui de l’archipel des Aves. Il oppose le Venezuela, qui revendique cette « île », à plusieurs îles du Commonwealth. Mais dans les faits, s’agit-il d’une île à proprement parler ?

Les Aves ne sont en réalité, qu’un banc de sable qui ne propose aucun mouillage aux bateaux.

Cependant, comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessus,  le Venezuela, lui, compte bien s’en servir pour étendre sa ZEE (Zone Economique Exclusive).

Le statut actuel de l’archipel est celui de “dépendance fédérale” mais va-t-il devenir une véritable île et passer sous le joug du Venezuela ?

La raison de ce conflit est en apparence l’accès à l’eau douce, présente dans la mer des Caraïbes mais il peut tout aussi bien s’agir d’une volonté d’étendre un territoire qui baigne dans la drogue et donc d’en étendre son influence.

De par son emplacement stratégique, les petites Antilles – dont fait partie Sainte-Lucie – sont une plaque tournante de la drogue provenant de Colombie ou du Venezuela à destination de l’Europe.

Ce phénomène accentue la criminalité présente sur l’île.

Enfin, les contrôles douaniers à l’entrée du territoire sont renforcés, ce qui vient perturber l’arrivée des touristes, qui sont la première source de revenus de l’île.

Évaluation du risque économique et financier

Selon la Banque Mondiale, en 2015 :

PIB : 1,379 milliard $, dont le tourisme représente près de 50% (vient ensuite l’agriculture)

Le PIB par habitant est de 7735US$ .

Taux de croissance du PIB : 2,37%.

Taux d’inflation : -0,98%.

Solde budgétaire : -3,9% du PIB (FMI).

Solde courant (2016) : -7,9% du PIB.

Dette externe publique (2016) : 39,8% du PIB.

Le solde commercial est négatif. Le pays importe beaucoup des Etats-Unis, tandis qu’il exporte majoritairement en Angleterre (près de 50%).

Evaluation des risques géographiques et environnementaux

2 volcans sont présents sur l’île : le Gros et le Petit Piton(s).

Ils forment l’unique site du pays inscrit au patrimoine de l’UNESCO (depuis 2004).

Au sein du site volcanique, la présence d’un champ géothermique, comportant des sources chaudes et dégageant des fumeroles de soufre montre que l’activité volcanique est toujours d’actualité.

Le volcan est en sommeil depuis plus de 230 ans mais, selon les scientifiques, pourrait être amené à se réveiller dans une vingtaine d’années.

A l’origine de ces volcans, un carrefour de plaques tectoniques qui ont formé un arc insulaire d’îles volcaniques dont Sainte-Lucie fait partie.

D’autre part, l’île est recouverte par une forêt tropicale, donc un climat tropical qui va naturellement impacter la répartition de la population.

De plus, l’île est fortement exposée aux aléas climatiques. Elle a échappé de très près récemment, en septembre 2017, au passage de l’ouragan Irma puisque celui-ci a touché le nord des Petites Antilles.

Au niveau sanitaire, la dengue est présente à Sainte-Lucie, ainsi que le chikungunya et la zika. Finalement, les principaux risques présents sur l’île sont le rayonnement et la chaleur.

Evaluation du hard power du pays

La défense du pays est assurée par le système de sécurité régionale regroupant divers pays des Caraïbes.

La police royale de Sainte-Lucie comprend deux unités paramilitaires de 116 hommes : une unité de garde-côtes et le Special Service Unit qui sont responsables de la sécurité interne.

  • Poids du pays dans les institutions internationales

Le pays est membre notamment de :

  • L’ONU
  • L’Organisation des Etats Américains (OEA)
  • L’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) – 2013
  • L’Association des Etats de la Caraibe (AEC)
  • L’Organisation des Etats de la Caraibe Orientale (OECO) -1981
  • L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)

Sainte-Lucie fait surtout partie du CARICOM, la communauté caribéenne qui compte une quinzaine de pays. Elle fait partie également de l’OECS (Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale) dont le siège est à Castries, la capitale de Sainte-Lucie : l’île bénéficie donc d’une position privilégiée dans la prise de décision puisque de nombreuses conférences s’y déroulent.

Concernant les accords avec la France, il y a eu l’accord (signé en 1981) pour la délimitation de la ZEE : la Martinique étant son île voisine. En juin 2014, Sainte-Lucie et la Martinique ont signé un accord économique visant à structurer et coordonner leurs actions. Une manière d’enterrer la hache de guerre du temps des colonisations… On peut donc constater que même si cet accord n’est pas actif, la relation avec la France (ancienne colonie) reste toujours forte.

L’Union européenne a apporté une aide totale d’environ 150 M€ à Sainte-Lucie depuis 1975. Au titre du XIème FED (2014-2020), 7 M€ ont été alloués à ce pays.

Relations bilatérales avec la France : Sainte-Lucie est le 170ème client de la France et son 97ème excédent : l’île importe notamment des produits pharmaceutiques, mais surtout des produits des industries agroalimentaires (64%).

 

Importations depuis la France : 9,93 M € (2016).

 

Exportations vers la France : 1,17 M € (2016).

 

Evaluation du soft power du pays

Historiquement, l’île a été aux mains, à tour de rôle, des français et anglais. Ainsi, elle possède un riche héritage de cette période, une culture créole teinte d’influence française.

Malgré que les anglais aient définitivement pris le dessus en 1814, l’île est encore très marquée par l’influence française, dans le patois local, la cuisine ou les noms des sites locaux .

Parmi les quelques faits culturels notables de Sainte-Lucie :

un prix nobel est originaire du pays : il s’agit de Derek Walcott, prix nobel de littérature en 1992 (sur le thème de l’exil et du colonialisme).

Auparavant, en 1979, Arthur Lewis fut lauréat du prix nobel d’économie.

Aujourd’hui, le pays cherche à attirer les investisseurs étrangers par le biais d’une politique fiscale avantageuse couplée à un pouvoir politique stable.

Conclusion

A l’issue de cette fiche pays, nous pouvons conclure que l’île de Sainte-Lucie possède une économie atypique, qui a ces caractéristiques propres aux insulaires. L’île reste encore très ancrée dans un climat de colonialisme, puisqu’aux XVème et XVIIIème siècles, elle a été à tour de rôle aux mains des anglais et français, pour finalement définitivement passer sous le joug anglais en 1814. C’est en 1979 que le pays devient indépendant en tant que royaume du Commonwealth, ce qui justifie la forme du gouvernement actuel. Malgré ses 620km² de superficie, Sainte-Lucie cherche à exploiter au maximum ses capacités, articulées autour du tourisme et de l’agriculture, tout en cherchant à maitriser les risques inhérents à son environnement : des risques géologiques et environnementaux tels que l’exposition aux ouragans ou aux deux volcans présents sur l’île, mais aussi sanitaires, comme la dengue ou le chikungunya.

Finalement, le pays parvient à instaurer une économie de plus en plus stable, tout comme son gouvernement, malgré une délinquance urbaine et un niveau de pauvreté assez élevés, qui viennent s’ajouter à la présence de la corruption sur l’île. Le climat général est l’île est plutôt stable, ce qui permet d’assurer la continuité du tourisme. En dehors de ses terres, Sainte-Lucie n’est pas non plus engagée dans des conflits particuliers, si ce n’est un litige avec le Venezuela avec comme enjeu l’extension de sa ZEE.

Au niveau international, le pays tend à s’intégrer dans la globalisation de par sa présence dans de nombreuses organisations, tant au niveau local que mondial.

Forces

 

·      Gouvernement stable

·      Taux de change stable

·      Population assez homogène, sur le plan ethnique et religieux

·      Tourisme et agriculture viables économiquement

·      Langue officielle : l’anglais

 

Faiblesses

 

·      Criminalité et délinquance assez élevés

·      Chômage et pauvreté plutôt élevés, IDH moyen

·      Corruption

·      Pas d’armée (seulement deux unités paramilitaires)

·      Pays dépendant des Etats-Unis (touristes et importations)

 

Opportunités

 

·      Bonnes relations avec son voisin, la Martinique

·      Présence dans de nombreuses organisations internationales

·      Siège de l’OECS

·      Attrait d’investisseurs étrangers pour le pays

·      Aides européennes

Menaces

 

·      Risque volcanique

·      Exposition aux ouragans

·      Litige avec le Venezuela (ZEE)

Sitographie 

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/sainte-lucie/#derniere

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/sainte-lucie/presentation-de-sainte-lucie/

https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/sainte_lucie_cle09972b.pdf

http://www.imf.org/en/Countries/LCA

http://www.studentsoftheworld.info/infopays/wfb_fr.php3?CODEPAYS=SLU

https://donnees.banquemondiale.org/pays/sainte-lucie

http://www.lefigaro.fr/voyages/2015/11/24/30003-20151124ARTFIG00243-sainte-lucie-la-discrete-des-antilles.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Lucie

http://www.cosmovisions.com/$SainteLucie.htm

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/sainte-lucie/presentation-de-sainte-lucie/

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/arc_insulaire/186061

*        Economie/Politique

http://politiques-publiques.com/martinique/cooperation-renforcee-sainte-lucie-martinique/

http://www.cepal.org/publicaciones/xml/8/6678/lcl1510f.pdf

Ouvrages

Ressources et économie

*        « Le monde Caraibe : défi et dynamique », tome 2, Lerat Christian

*        « Tourisme et pauvreté dans les petites îles indépendantes en développement : l’exemple de Sainte-Lucie », Dominique Augier

Histoire

*        « Les caraibes », Oruno Denis Lara

Géographie/Géopolitique

*        « Atlas géopolitique des espaces maritimes », Didier Ortolland

*        « Géopolitique des petites Antilles : influences européenne et nord-américaine », François Taglioni  Édition : Paris : Karthala, 1995, 14-Condé-sur-Noireau

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