L’Amazonie

L'Amazonie est une région presqu'entièrement couverte par la forêt amazonienne, étalée sur 9 pays

L’Amazonie

 

 

Introduction

 

« Ce qui nous menace, c’est l’or, les services environnementaux, tout ce que l’homme blanc veut imposer dans notre territoire. » Cette plainte de Ciro, capitaine des Matapi vivant sur le fleuve Mirití-Paraná, dont les propos ont été recueillis dans l’émission d’Arte Reportage, résume la situation actuelle des peuples originels d’Amazonie, cette région soumise actuellement à de fortes menaces.

L’Amazonie est une région naturelle d’Amérique du Sud, couvrant 9 pays, dont le principal est le Brésil qui l’occupe aux 3/5 de sa superficie totale, qui est de 5 millions de km². En forme de poire, cette zone équatoriale détient le plus grand bassin fluvial de la planète et la plus grande forêt tropicale au monde (cf. annexe 1) ; cette combinaison géologique en fait un écosystème unique, qualifié de « poumon de la planète ». La densité sur le territoire est faible – 4 habitants par km² – mais inégale.

L’Amazonie, entendue au sens large (territoire naturel délimité par les frontières forestières), est une zone naturelle en forte évolution car s’accroît l’exploitation forestière ces dernières années. A la fois répartie sur plusieurs Etats américains, et nécessaire aux pays du monde entier par ses ressources naturelles, un intérêt plus pratique est de comprendre les enjeux de l’Amazonie, source de fortes inquiétudes actuellement, voire de « blocage » entre intérêts politiques, privés et écologiques.

En quoi l’Amazonie, territoire naturel unique, connaît-elle une profonde transformation, menaçant ses ressources ?

Cette problématique recouvre 3 grandes questions que nous traiterons successivement : en quoi l’Amazonie est-elle une zone naturelle originale ? Comment sont gérées ses ressources ? Quels enjeux induisent-elles ?

I)                  Une région naturelle unique au monde                        

                           A)   Une nature luxuriante

L’Amazonie est une région naturelle au climat équatorial humide, étendue sur 5 millions de km² actuellement. Elle abrite le fleuve Amazone, le plus long de la planète (7000km), pénétrant la zone par ses nombreux affluents (cf. annexe 2). Les conditions sont favorables à une végétation abondante : la région est principalement couverte par la forêt amazonienne, la plus grande forêt équatoriale au monde.  Cette forêt sempervirente très dense est un réservoir de biodiversité pour la planète, par son grand nombre d’espèces végétales et animales. D’un point de vue climatique elle régule la température atmosphérique. Ce « poumon de la planète » assure donc l’équilibre naturel du monde et est marqué par son réservoir exceptionnel de biodiversité.

                         B)  Histoire et population

Historiquement, la jungle amazonienne est peuplée par des autochtones, et fut rattachée dans la deuxième partie du XVIIIe à l’empire portugais du Brésil. Elle était le territoire d’expéditions scientifiques au XIXe, et déjà convoitée pour ses richesses par les puissances internationales. L’Amazonie fut l’objet de définitions et accords politiques, car partagée entre plusieurs pays sud-américains, mais de nos jours la souveraineté sur chacun semble établie ; le Brésil a d’ailleurs délimité en 1953 les frontières de l’Amazonie légale. Les amazones, représentant moins d’un million d’habitants actuellement, ont été largement décimés au cours des siècles. Vivant en symbiose avec leur environnement, de pêche et d’agriculture itinérante, les Indiens d’Amazonie ont subi les maladies apportées par les colons blancs et la réduction et menace de leur territoire. Malgré tout, leur reconnaissance s’accroît.

L’Amazonie doit ainsi être définie d’abord comme une région naturelle, son essence même est d’être une zone d’une biodiversité exceptionnelle, indispensable à la régulation des cycles naturels de la planète. Pourtant, cette définition est bouleversée par l’exploitation de ses ressources naturelles.

II)                L’exploitation des ressources : une transformation des frontières

                          A)   Déforestation et extraction

La forêt amazonienne a un potentiel économique incroyable : avant tout le bois, comme énergie et bois d’œuvre, charbon de bois, caoutchouc, pâte à papier, etc. ainsi que les gommes, les graines, les huiles. Depuis les années 1970, la déforestation s’est intensifiée tel que l’Amazonie a perdu 18% de sa surface– soit deux fois la France – et elle s’accélère : +30% entre 2012 et 2013. La destruction de la forêt est de 25% au Brésil, 15% en Colombie, 20% au Pérou. Le désir du Brésil d’attirer les investisseurs étrangers a engendré un arc de déforestation, arc méridional de plus de 4000 km. La déforestation se réalise par des grandes entreprises, soutenues par des scieries de petite taille, non soucieuses d’une logique à long terme (profits immédiats recherchés, pas de conservation de ressources patrimoniales, ni de recours à une main d’œuvre qualifiée), ce qui a grandement dégradé l’écosystème. La diversité s��est amoindrie, et les surfaces déboisées, converties en pâturage ou terres agricoles, fragilisent le territoire.

                           B)  Une politique bancale

L’exploitation forestière s’est déroulée de manière intensive et illégale de par la faiblesse des pouvoirs publics concernant la politique amazonienne, notamment par le Brésil. Un exemple fort est le projet de la Transamazonienne. Débuté dans les années 1970, cette route du Pérou à l’Atlantique devait intégrer le territoire amazonien (à valoriser) tout en colonisant les territoires. Mais cette « transamargura » (transamertume) fut un échec, relativement à l’investissement. De même, le sont les tentatives de contrats forestiers pour réguler et accompagner l’exploitation notamment par des infrastructures. La faiblesse du politique laisse la place aux lobbys des entrepreneurs, elle les attire pour retenir les capitaux. Or la déforestation se réalisait souvent de manière illégale, à l’image de Jariland, un projet de développement confié à l’homme d’affaires Daniel K. Ludwig, qui créa un complexe industriel intensif de manière détournée et considérée.

L’exploitation massive des ressources amazoniennes confronte la zone à de nouveaux enjeux relatifs aux piliers économique, social et environnemental du développement durable.

III)             Enjeux sociaux et environnementaux

                         A)   Urbanisation exponentielle

Tandis que les Indiens d’Amazone, vivant dans l’environnement naturel, sont menacés, une urbanisation croissante a lieu, organisé par l’Etat et sa stratégie d’occupation régionale, avec par exemple la zone franche de Manaus. Les 20 millions d’habitants amazoniens sont répartis sur 550 unités municipales avec une densité de 4 hab./km², mais avec de grandes inégalités, à l’image de Belém. Cela est dû notamment à l’afflux de population accompagnant la colonisation dès les années 1960, du long des fleuves vers les chantiers, les villes, là où s’ouvrent les fronts pionniers. La part de la population urbaine atteignait 68% en 2000, soit un doublement depuis les années 1970. De nouvelles entités administratives ont été créées, ainsi que des villes champignon en plein milieu naturel, aggravant les bouleversements biologiques. Cette nouvelle « Amazonie des routes » est également synonyme de précarité de la population (très jeune), d’inégalités sociales et peu durable tel que l’on parle de cycle urbain.

                        B)  Développement durable

L’Amazonie, terre de déforestation et d’exploitation, tente désormais d’intégrer des processus environnementaux sous la pression des communautés scientifiques, de l’opinion publique internationale, et des habitants eux-mêmes. Née dans le sud du Brésil, cette prise de conscience s’est formalisée lors de la Conférence mondiale de Rio de Janeiro en 1992. Le gouvernement brésilien est engagé contre le déboisement sauvage des forêts vierges, mais doit lutter contre les pratiques historiques illégales et les conflits d’intérêts. Le Brésil, classé parmi les E8, s’est engagé en 2002 dans le programme APRA à tripler les zones de conservation et sauvegarde de la biodiversité, pour atteindre 12%. Cependant, il faut intégrer les entités pollueuses directement, avec des Etats plus régulateurs puisqu’il s’agit de coopérer avec les puissances internationales désireuses en matières premières. Il faut également améliorer les conditions de vie des populations, pour les inclure au développement, tout en conservant les cultures.

Conclusion

Finalement, l’Amazonie est un territoire au cœur des préoccupations mondiales actuellement. L’image d’un territoire naturel fertile avec des ressources abondantes, vierge d’empreinte humaine, est aujourd’hui dépassée. Si sa délimitation s’est modifiée, son essence également : il faut lui intégrer une histoire récente, depuis les années 1970, qui a conduit à son exploitation et son urbanisation. L’Amazonie des fleuves s’est mobilisée autour des routes et des chantiers. Ainsi, les pouvoirs publics doivent converger vers une exploitation durable. Les gouvernements des Etats amazoniens tentent de réduire l’exploitation forestière, pour cela il faut réguler les acteurs de la déforestation : compagnies privées, groupes d’investissement.

Une question serait : Comment organiser la gouvernance de l’Amazonie, faut-il lui octroyer un statut particulier, unique, ou la laisser gouvernée par une multitude d’acteurs ?

 

Annexes

Mots-clefs : déforestation, Transamazonienne, Brésil, gouvernance, écosystème

Illustrations :

L’Amazonie est une région presqu’entièrement couverte par la forêt amazonienne, étalée sur 9 pays
Le fleuve Amazone, au cœur d’une nature exceptionnelle

 

Tableau :

Graphique de la déforestation en Amazonie légale (brésilienne) de 1988 à 2008. A noter que selon la Banque Mondiale, le Brésil est le 1er pays touché par la déforestation (entre 2000 et 2005)

 

Texte : Synthèse du potentiel considérable de la région amazonienne, à l’origine des intérêts multiples qu’elle suscite. Quel statut et quelle gouvernance pour l’Amazonie ? Source : BUCLET Benjamin, Les réseaux d’ONG et la gouvernance en Amazonie, Autrepart, n°37, 2006/1, p.186 (disponible sur : http://www.cairn.info/revue-autrepart-2006-1-page-93.htm  )

“L’Amazonie est une région du monde où se concentrent des enjeux économiques, sociaux, environnementaux et géopolitiques de premier plan. Avec 1/5e des ressources terrestres en eau douce et 1/3 des forêts tropicales, une socio- et biodiversité sans égale, un potentiel économique énorme et une position géographique stratégique, cette région est, depuis un demi-siècle, l’objet de nombreux projets de développement. Entre l’approche productiviste de l’actuel gouvernement brésilien, les projets d’intégration de la Banque interaméricaine de développement (BID) et le processus de construction politique de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), la gouvernance régionale est en pleine transformation.”

 

Sources

 

Bibliographie pour aller plus loin

Lucie CUISY

Groupe de TD : A. BLIN, lundi, 18h-20h

 

 

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