L’Arctique tiendrait son nom du grec ancien « arctos » qui signifie “ours” désignant la constellation de la Grande Ourse. Sa particularité géopolitique réside dans sa délimitation source de nombreux débats. En effet elle est généralement considérée comme la région de la Terre se situant au pôle Nord et plus précisément au nord du cercle polaire (66°33’ de latitude nord) soit un peu plus de deux fois la superficie des États-Unis . Au sens Politique, des territoires comme la Laponie sont également inclus. Si on se base sur la dimension écologique, l’Arctique prend fin lorsque l’on franchit la limite isotherme de 10° C au mois de Juillet. Au sens écologique, la ligne de Köppen délimite la zone au-delà de laquelle les arbres ne poussent plus et où s’étend la Toundra ou steppe arctique. Avec l’apparition d’enjeux économiques due à la découverte de ressources naturelles, les États ont revendiqués leur souveraineté sur ces territoires et ont fait appel à diverses théories pour découper et délimiter le territoire à leur avantage. Par conséquent on peut poser le problème en se demandant sur quelles composantes s’appuyer pour définir l’Arctique ? Pour y répondre, nous étudierons différentes dimensions que sont les variables et les constantes géographiques, les cultures et la démographie et enfin les aspects politiques.
[vz_heading size=”3″]I) ASPECTS GEOGRAPHIQUES [/vz_heading]
Les terres
La région Arctique représente 21 324 000 km² de surface et englobe des terres appartenant à cinq états différents :
– Russie : Les archipels François-Joseph, de la Novaïa Zemlia (Nouvelle-Zemble), de la Nouvelle-Sibérie et l’île Vrangel, la région de la mer de Barents ainsi que les régions situées des bouches de l’Ob jusqu’au Kamtchatka
– Canada : le Nunavut (territoire fédéral) et Territoires du Nord-Ouest (plus grandes îles avec les îles de Baffin, de Banks, du Prince-de-Galles et Victoria, ainsi que celles de l’archipel de la Reine-Élisabeth, où se trouve le pôle nord magnétique)
– Danemark : le Groenland, qui est la deuxième plus grand ile du monde après l’Australie, et les Iles Féroé
– États-Unis : par le biais de l’Alaska qui appartenait originellement à la Russie avant d’être vendu aux États-Unis pour une somme dérisoire.
– la Norvège : l’archipel du Svalbard qui comprend le Spitzberg
Seuls de rares arbres, de petite taille, peuvent résister au froid intense de ces terres tandis que les plantes ont de courtes racines à cause du permagel, permafrost ou encore pergélisol, qui est la couche de glace qui demeure tout au long de l’année. En ce qui concerne la faune on trouve notamment, l’ours polaire, le caribou, le renne et le bœuf musqué ainsi que d’autres mammifères de taille moyenne. L’Arctique détient également de grandes réserves de minerais principalement situés en Russie (gisement polymétallique de Norilsk).
L’océan arctique
L’océan arctique, le plus petit du monde, occupe un bassin de 4000 mètres de profondeur et couvrant 13 millions de km² soit les deux tiers de la surface de l’arctique. Il est alimenté par des fleuves des terres riveraines ce qui a la particularité de diminuer sa salinité. Le détroit de Béring constitue un passage pour accéder à l’océan Pacifique tandis qu’on accède à l’océan Atlantique par la mer du Groenland. La majeure partie de l’océan Arctique est recouverte par: la banquise. Une partie est attachée à la côte, alors que le pack mobile dérive au gré des vents et des courants.
Le climat
La nuit polaire (qui correspond à l’hiver) dure environ cinq mois, ‘en suit une période d’un mois où le jour et la nuit alternent. Au début, les jours sont très courts, puis ils s’allongent progressivement pour durer 24 heures : c’est alors que commence le jour polaire, qui dure lui aussi cinq mois. Les températures sont le plus souvent inférieures à − 10 °C (pouvant tomber à -70°C au Groenland), et n’approchent 0 °C au pôle Nord qu’en juillet et août. Le cœur de l’Arctique est le siège d’un anticyclone qui confère une certaine aridité à cette région. Ce véritable désert glacé ne compte que 250 mm de précipitations annuelles en moyenne, le plus souvent sous forme de neige.
[vz_heading size=”3″] II) CULTURES ET DEMOGRAPHIE [/vz_heading]
Il n’existe pas de recensement global de la population arctique, aussi dite circumpolaire, le premier rapport d’estimation a été publié en 2004 (Arctic Climate Impact Assessment), qui évoquait environ 4 millions d’habitants. La Russie abrite 50% de cette population avec deux millions d’habitants suivi par l’Alaska avec 481 000 habitants, la Norvège (380 000), l’Islande (267 000), la Suède (263 000), la Finlande (201 000), le Canada (93 000), le Groenland (55 000) et les îles Féroé (43 700 habitants). Les principales ethnies sont:
– Les Inuits répartis en Sibérie, au Groenland, l’Alaska et le Canada
– Les Saames (Lapons) en Scandinavie et dans l’ouest de la Russie
– Les peuples à faible effectif de Russie : ils sont divisés en quarante et un peuples minoritaires (dont 17 ethnies de moins de 1 500 individus)
– Les Sakhas ou Yakoutes vivant en Sibérie arctique principalement.
Ces peuples sont les acteurs d’un exode massif vers les villes, ainsi, 80 % de ces quatre millions d’habitants sont considérés aujourd’hui comme urbains. Les principaux enjeux de cet exode urbain sont l’offre de biens et services primaires, l’emploi ainsi que d’infrastructures plus élaborées. Cette concentration urbaine de la population arctique induit des problèmes au niveau du développement des villes et de surpopulation (difficultés de logement) qui amoindrissent considérablement le niveau de vie des populations et leurs opportunités d’atteindre un mode de vie décent. L’une des sources de revenus non négligeable pour les populations locales est le tourisme, pour lequel l’Arctique détient un fort potentiel. Ainsi, en 2008, 1,9 million de personnes se sont rendues au Groenland et en Laponie. Néanmoins un certain nombre de tribus indigènes tels que les Saames revendiquent leurs traditions et perpétuent la chasse ainsi que la pêche.
[vz_heading size=”3″] III) DIMENSION POLITIQUE [/vz_heading]
Les revendications des États riverains
Le 19 Septembre 1996 est créé le Conseil arctique à Ottawa dont les membres permanents sont le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Russie, la Suède et les États-Unis. L’objectif initial est de mettre en place une stratégie de protection de l’environnement arctique (SPEA). Le Conseil arctique se donne alors pour ambition d’être l’unique instance compétente pour traiter les grands dossiers de l’Arctique en prenant en compte les juridictions nationales et internationale. Une présidence tournante a été mise en place mais ses recommandations ne sont toutefois que consultatives et non contraignantes, notamment pour réduire les rejets de gaz à effet de serre. Le 28 Mai 2008 a eu lieu une réunion ministérielle avec les cinq pays ayant une façade maritime sur l’Arctique (Danemark, Norvège, Russie, États-Unis et Canada) afin de trouver une solution aux conflits territoriaux dans cette région potentiellement riche en ressources énergétiques. Le cœur de l’Arctique est un océan dont le statut est réglé par la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, signée en 1982. Ainsi, les eaux territoriales sont contrôlées par les États qui l’entourent : le Canada, les États-Unis (via l’Alaska), la Russie, la Finlande, la Norvège, la Suède, l’Islande et le Danemark (via le Groenland). Ces pays ont en conséquence la possibilité d’exploiter une zone économique exclusive, qui s’étend jusqu’à 200 miles nautiques de la cote. Au-delà se situe la haute mer, qui jouit d’un statut international.
Revendications et conflits territoriaux en Arctique
Les enjeux
Il s’agit d’abord d’enjeux énergétiques et miniers. En effet, l’Arctique pourrait être une des régions les plus riches en hydrocarbures. Presque un quart des ressources en hydrocarbures non découvertes sur Terre. Par ailleurs de multiples minerais, tels l’or, le rubis, les diamants, le nickel, le zinc couvrent la zone.
Les enjeux sont également commerciaux, du fait du rétrécissement de la banquise, les activités de transport et l’exploitation des hydrocarbures seront accrues. On voit émerger la possibilité de création de nouveaux couloirs maritimes le long des côtes russes et à travers l’archipel Arctique canadien si la banquise continue à fondre pendant l’été. Cette perspective a ravivé des différends juridiques sur les eaux bordières. Ainsi le Canada et la Russie clament leurs souverainetés respectives sur l’archipel canadien et les îles au large de des côtes, alors que les États-Unis (mais aussi le Danemark et l’Union européenne) considèrent que ces les détroits ne sont pas territoriales mais internationales et donc permettent le passage de tous les navires quelque soit la nationalité.
Enfin, les enjeux sont environnementaux avec la diminution constante de la banquise, du fait du réchauffement climatique. En conséquence, les différents écosystèmes de la région sont menacés et le mode de vie traditionnel des peuples arctiques est remis en cause. Par ailleurs, les nouvelles routes commerciales du passage du Nord-Ouest et du Nord-Est impliqueront l’augmentation du trafic pétrolier qui ferait peser des menaces supplémentaires sur l’environnement (risque d’accidents, catastrophes écologiques).
L’émergence fragile d’une gouvernance locale
Depuis les années 1990, plusieurs États côtiers de l’océan Arctique, notamment le Canada, le Danemark et la Russie, ont donné davantage d’autonomie aux populations locales par la mise en place de structures gouvernementales autonomes. Dès son origine, le Conseil arctique a intégré une représentation permanente mais non votante des peuples boréaux qui s’est progressivement étoffée des six grandes associations autochtones couvrant la majeure partie de l’espace identitaire polaire. Aujourd’hui certaines instances autonomes ont été mis en place pour gérer les aspects sociaux, d’éducation et visent à la perpétuation des traditions et des coutumes des ethnies locales.
[vz_heading size=”3″] CONCLUSION [/vz_heading]
Au travers de cette analyse nous avons mis en lumière certaines dimensions qui possèdent chacune leurs constantes et leurs variables et qui composent la zone Arctique. Cette région dont l’intérêt nouveau exprimé par les nations alentours ont remis en cause certains critères qui délimitaient les contours de l’Arctique et faisaient l’objet d’un relatif consensus au niveau international. Avec l’émergence d’opportunités économiques, ces frontières ont été remises en cause ce qui a créé un flou au niveau de l’étendu et de la définition précise de l’Arctique. Pour conclure, nous rappellerons le fait que l’Arctique est un espace historiquement international. Son exploitation tout comme sa préservation doivent faire l’objet d’accords multilatéraux aussi bien au niveau des pays limitrophes qu’au niveau de la communauté internationale. Les enjeux cruciaux dont elle est porteuse, aussi bien au niveau économique qu’environnemental, nécessite de parvenir à des accords dans l’intérêt de la sauvegarde de la faune, de la flore et des populations locales.
Synthèse des délimitations territoriales en Arctique
Sitographie
http://www.institut-polaire.fr/ipev/les_regions_polaires/arctique/regard_sur_la_faune_et_la_flore
http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Arctique/106015
http://www.underthepole.com/milieu-polaire/larctique/
http://www.jeanlouisetienne.com/images/encyclo/imprimer/29.htm
http://www.diploweb.com/Arctique-la-geopolitique-est-de.html
http://www.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/prb0806-f.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Revendications_territoriales_en_Arctique
http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2013/septembre/nouveaux-conflits-g-ostrat-gie-arctique
http://geopolitique.over-blog.fr/article-25950168.html
“Mondes arctiques, miroirs de la mondialisation”, (Documentation photographique n° 8080, mars-avril 2011, La Documentation française)
Les sources des cartes sont indiquées au bas de l’image.
Bibliographie:
– “A qui appartient l’Arctique?”, Geolinks
– L’Arctique et l’environnement boréal – P. Avérous – CNDP, 1995
– Les Pôles – J.-L. Etienne – Arthaud – La Nouvelle Odyssée,1992
– L’Antactique et l’environnement polaire (2), expédition EREBUS- P. Avérous – CNDP, 1993
– Terres et océans polaires – Ed. PEMF/CNRS/IFRTP – 1993
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