LA GÉOPOLITIQUE DU TURKMÉNISTAN
(Réalisée par Sofiane LAICHAOUI, Yahia BENKOUIDER et Nelson FERNANDES)
Introduction
Nous avons tous entendu un jour ou l’autre le nom Turkménistan Nous en savons généralement très peu à propos de cette ancienne fédération de l’Union des républiques socialistes soviétiques. Discret et peu médiatisé, ce pays est pourtant enclavé géographiquement et culturellement au cœur du continent eurasiatique.
La problématique qui a naturellement surgi de ce constat est la suivante : « Comment ce pays enclavé et peu connu progresse t’il sur la scène internationale ? »
Pour contextualiser l’étude de ce pays, nous verrons dans un premier temps comment le Turkménistan a forgé son identité à travers l’histoire. Cette approche historique nous permettra de mieux comprendre en quoi sa localisation au croisement des civilisations a participé à la délimitation de son identité et donc de ses frontières. Nous étudierons ensuite les caractéristiques propres à son territoire actuel, à différentes échelles et selon différents critères afin d’identifier ses forces potentielles. Une fois que les contextes historique et géographique seront développés, nous serons alors capables de comprendre l’importance grandissante du Turkménistan dans les relations internationales.
I) Les influences historiques et politiques sur l’actuel Turkménistan
A) Rappels historiques de l’actuel territoire turkmène
Chronologie des influences
La recherche de l’origine de l’actuel Turkménistan nous emmène à remonter jusqu’au paléolithique ou plus communément, l’âge de pierre. Au IIème millénaire avant JC., le territoire a connu l’arrivée de la poterie, et du traitement des métaux. Au Ier millénaire avant JC. le commerce commença à prospérer, les villes à se créer et l’irrigation à se développer. Sous influence Perse au VIème siècle avant JC. puis regagné par Alexandre Le Grand au IVème, l’actuel Turkménistan se trouve sur l’ancienne route de la soie. En 224 avant JC. cette zone fut envahie par la dynastie des Chahs iraniens sassanides et la partie nomade des tribus qui y vivaient furent assimilées aux tribus XiongNu, prédécesseurs des Huns.
Naissance des termes « turkmène » et « Turkménistan
L’émergence de ces termes vient du mélange des tribus colonisatrices que les turcs-oghouz, avec les tribus locales, en 1040. Les turkmènes étaient donc les habitants de l’actuel territoire, et leur pays le Turkménistan qui signifie littéralement « terre des turkmènes ».
Peu après, (XIIème, XIIIème siècles) le Turkménistan fut conquis par l’Empire Mongole de Gengis Khan. Au XVIIIème les différentes tribus turkmènes peuplaient l’actuel territoire, sous la pression le pays fut rattaché à la Russie (de 1869 à 1873) ce qui a permis l’accélération du développement économique Russe, notamment grâce à l’exploitation des matières premières situées au Turkménistan
B) Du Turkménistan soviétique, à son indépendance sous Niazov en 1991
Création de la RSST : République Socialiste Soviétique de Turkménie
La république socialiste soviétique de Turkménie fut fondée en 1924 à partir des populations turkmènes des Républiques soviétique de Boukhara et de Khiva et de la république autonome socialiste du Turkestan.
L’URSS souhaitait créer en Asie centrale une identité nationale commune, promulguant « l’homo sovieticus », au détriment des identités nationales. C’est la raison pour laquelle la langue et la culture Russe ont été imposées au Turkménistan, supprimant les valeurs authentiques turkmènes.
Paradoxalement, elle souhaitait également créer des supports d’identification nationaux afin d’éradiquer les influences massives de l’islam et du Turkestan. Malgré les pressions de l’Etat, les Turkmènes essayèrent de préserver l’Islam durant cette période soviétique. Sous Niazov, l’islam sunnite est autorisé sous le contrôle strict des affaires religieuses. (Fermeture des écoles religieuses en 1995).
Drapeau de la RSST (1953-1991)
Ce drapeau est proche des autres républiques soviétiques. La faucille et le marteau représentent le communisme léniniste, le marteau seul le prolétariat ouvrier et la faucille les paysans. L’étoile représente la puissance militaire et le rouge symbolise le sang déversé par les défenseurs de la révolution populaire.
L’arrivée de Niazov au pouvoir et l’indépendance
C’est peu de temps après l’arrivée au pouvoir du président dictateur Saparmurat Niazov (en 1990) que fut déclaré l’indépendance du Turkménistan en 1991. Le nom de « Turkmenbachi », signifiant « guide des turkmènes » lui fut attribué. Il met en place un régime dictatoriale laissant peu de place à d’autres acteurs gouvernementaux. Les ministres n’ont aucune utilité au sein de gouvernement et sont souvent humiliés voir limogés au cours d’émission en direct à la télévision. L’administration n’a aucun pouvoir permettant de limiter l’autorité du Turkmenbachi. Cette attitude n’est finalement pas étonnante de la part d’une personne qui fut autrefois le Premier Secrétaire du Parti Communiste de la République Soviétique. « Exception » faite à la politique soviétique, il n’existe,, qu’un seul parti politique, le parti de Turkmenbachi.
La politique de construction nationale mené par Niazov avait pour but de remplacer le rattachement au soviétisme et réaffirmer les racines Turkmènes. L’un des premiers fondements était l’unité des tribus, bien que les cinq tribus les plus fortes numériquement gardent une grande influence sur la vie sociale : Les Teke, les Yomut, les Ersary, les Salyr et les Saryk. D’ailleurs, Niazov n’accorde aucune importance à son rattachement tribale aux Teke, ce denier ayant grandi dans un orphelinat. Il ne place donc pas la tribu Teke au premier rang, mais aspire plutôt à la création d’une culture turkmène commune.
Le cadre de cette « renaissance nationale » fait du Turkmène la langue officelle du pays, langue très proche du Turc Bien que le russe soit toujours utilisé au sein de l’administration et des communications inter-ethniques, son utilisation est en baisse.En 2000, Niazov n’hésitera pas d’ailleurs à limoger son ministre des affaires étrangères, Boris Sihmuradov, sous prétexte qu’il ne parlait pas assez bien la langue. L’ancrage d’une seule langue a cependant pour effet une baisse des dialectes locaux remettant en cause la prétendue volonté de protéger la culture Turkmène.
Cette volonté de créer une identité nationale est poussée à l’extrême, à travers l’endoctrinement par l’élaboration d’un ouvrage intitulé « Rukhnama ». Cet ouvrage, aux yeux du Turkmenbachi, a même crédibilité que celui du Coran,et doit être étudié et appris par cœur dans les écoles, et renforce le culte de la personnalité de Niazov Les cours dispensés dans les écoles et Universités mettent en exergue l’appartenance à l’identité nationale, qui a une efficacité qui n’est pas des moindres, compte tenu de la jeunesse de la population turkmène : 76% ont moins de 25 ans et une moyenne d’age de 23 ans (en 2003).
Malheureusement, la société turkmène participe peu à cette construction nationale, la politique gouvernementale étant trop figée et hiérarchisée. Les médias appartiennent à l’Etat sous prétexte de menace d’instabilité, ce qui est fortement discutable ; la participation sociale et sociétale favorisant la pérennité à long terme.
La politique de Niazov aurait pour vocation de transiter de la dépendance à l’indépendance, et du socialisme à l’économie de marché. Si la politique étrangère reste fondée sur un apparent principe de neutralité, la réalité en est tout autre : Ce principe masque une volonté d’isolationnisme d’un pays enclavé entre Mer Caspienne, Iran, Ouzbékistan et le Kazakhstan ; dont la population est sous l’interdiction de toute communication avec l’extérieur.
Drapeau actuel du Turkménistan
C’est un drapeau au fond vert frappé d’une bande rouge verticale comportant cinq motifs (utilisés dans la production de tapis) représentant les cinq tribus majeures évoquées précédemment (du haut vers le bas) : Les Teke, Yomud, Arsary, Chowdur, Saryk. Les cinq étoiles représentent les cinq provinces du Turkménistan : Ahal, Balkan, Dasoguz, Leba et Mary. La couleur verte et le croissant de lune représentent l’Islam. En Islam le croissant et les étoiles représentent la foi en un avenir radieux et le blanc la sérénité et la générosité.
C) Le Turkménistan: entre influence de différentes civilisations et identité nationale politiquement construite
De cette brève analyse historique, nous pouvons retenir que le Turkménistan est une région ayant subi divers flux d’invasions durant son histoire, ce dernier se situant à chaque fois aux croisements des civilisations : intersection entre l’orient et l’occident, la Russie et le Moyen Orient. Par conséquent, l’actuel Turkménistan regroupe différentes tribus, aux influences historiques multi-culturelles: influences perses, grecques, arabo-musulmanes, turques, mongoles et russes.
Niazov a certes réussi à réduire considérablement le pouvoir sociétaire mais ne pourra éradiquer les influences culturelles évoquées précedemment, propres à cette zone géographique . Cette compétition entre les cultures joue également un rôle important dans l’actuel course internationale aux réserves d’hydrocarbures en Asie centrale.
Par ailleurs, l’actuel identité nationale Turkmène est un concept socialement et politiquement construit et n’a rien d’un phénomène historiquement déterminé : le Turkménistan reste avant tout une confédération tribale, dont la géographie a initialement été créée par les soviétiques.
Nous allons donc mener une analyse territoriale du Turkménistan, complémentaire à la première dans la compréhension du potentiel du pays.
II) Analyse du territoire turkmène
Afin de compléter l’étude diachronique menée dans la première partie, nous allons cette fois-ci adopter une approche diatopique du Turkménistan. Nous analyserons donc le pays sous différentes échelles et selon différents critères.
Nous observerons donc les différentes caractéristiques intrinsèques au territoire étudié, à savoir le relief, le climat, la végétation, l’urbanisation, les transports, la démographie et la répartition des ressources. Nous utiliserons une échelle d’analyse croissante dans l’ordre suivant : partir depuis Achgabat, la capitale du pays, étudier sa périphérie jusqu’au territoire national, s’étendre à l’échelle de la Mer Caspienne pour arriver sur une vue de l’Asie centrale.
A) Achgabat, capitale de l’identité turkmène
Achgabat (Aşgabat), capitale du Turkménistan, signifie littéralement « ville de l’amour » d’après les mots turkmènes « Ashg- » pour amour et « -abat » pour ville. La métropole est assez récente puisque construite à partir d’un village du même nom fondé en 1818. Située au sud du pays, non loin de la frontière iranienne, la ville est la plus peuplée du pays avec environ 1 million d’habitants.
Ville de marbre blanc
Grâce à sa position géographique, le Turkménistan s’est retrouvé au croisement des civilisations. La ville de Nisa, capitale ancienne de la Parthie et classée au patrimoine de l’UNESCO, située à 18km d’Achgabat, se trouve sur l’ancienne route de la soie. Au XIIIème siècle la zone est occupée et détruite par les mongols, 600 ans plus tard la région est annexée par l’Empire russe.
C’est pourtant l’ancien Turkmenbachy, Saparmourat Niazov, qui a conduit au plus grand bouleversement sur l’aspect de la capitale.
Suite à l’indépendance, le culte de la personnalité du président est représenté par l’un des monuments emblématiques du Turkménistan, l’arche de la neutralité. Cette tour de 75m de hauteur, est le symbole du renouveau urbanistique, et était, jusqu’en 2010, surmontée d’une statue en bronze de 12m à l’effigie de Niazov. Le renouveau en question consiste en une rénovation des façades des immeubles en marbre blanc et le passage à l’architecture post-moderne.
C’est donc la ville avec la plus grande concentration de bâtiments en marbre au monde. Ce renouveau urbanistique a été accompagné d’une sublimation de la métropole par des statues, des espaces verts, et des monuments grandioses comme la Mosquée Ertuğrul Gazi, le palais du Turkmenbachi ou encore l’étoile octogonale d’Oguzkhan. Achgabat est le centre gouvernemental et administratif du Turkménistan, c’est également le plus important lieu d’éducation du pays.
Position géographique, climat et transports
Achgabat est se situe à quelques kilomètres au nord de la chaîne de montagnes du Köpet Dag, qui marque la frontière sud du pays avec l’Iran.
Le nord de la ville est proche du désert de Karakoum qui occupe une grande partie de la surface du pays. La ville est une oasis naturelle, irriguée par des Kariz, un ouvrage minier qui permet de faire remonter l’eau des nappes phréatiques. Elle est également irriguée par le canal Karakoum, qui dévie l’eau de l’Amou Daria, un fleuve proche de la frontière nord du pays, anciennement conçu par les soviétiques.
Le climat de la zone sud est donc très particulier et assez rude, les étés sont très chauds, on observe facilement des températures dépassant les 40° et atteignant les 45°. De plus, la proximité du désert entraîne des tempêtes de sable. La proximité de la montagne quant à elle permet d’avoir de la neige et de la pluie en hiver, (neige : moyenne de 19 jours/an ; pluies : 79j/an) puisque les nuages restent concentrés contre la chaine de montagnes, pendant cette période les températures oscillent entre -5 et 15°.
La ville est composée de grands axes routiers, possède un chemin de fer interne à la ville et estreliée au nord du pays à travers le désert par la ligne : (Achgabat-Karakoum-Dachoguz). Achgabat est sur la route européenne E60 qui relie l’Europe à la Chine et qui mesure environ 6500km. Elle possède un réseau d’autobus de plus de 60 lignes, un téléphérique reliant la ville au Köpet Dag, et un aéroport international permettant la liaison plus commune entre les différentes villes du pays, les autres pays d’Asie centrale et le reste du monde.
B) Les provinces du Turkménistan
Outre Achgabat qui est une ville indépendante, il existe 5 provinces au Turkménistan. Chacune dirigée par un gouverneur, et subdivisée en districts.
Afin de faciliter la description nous utiliserons le schéma suivant : N° – Nom : Capitale (pop).
1 – Ahal: Änew (800.000 hab.)
2 – Balkan: Balkanabat (425.000 hab.)
3 – Dachoguz : Dachoguz (1 million hab.)
4 – Lebap : Türkmenabat (1 million hab.)
5 – Mary : Mary (1.2 million hab.)
Ces régions, anciennement divisées par les russes ont été conservées lors de l’indépendance.
C) Le Turkménistan à l’échelle nationale
Données générales
Données géographiques
- Superficie : 488 100 km² (France : 671 308 km²)
- Capitale : Achgabat (Environ 1 million d’habitants)
- Langue officielle : Le turkmène (72%)
- Langues courantes : Le russe (12%), l’ouzbek (9%), autres (7%)
- Monnaie : Le nouveau Manat (1 manat = 0,26€)
- Fête nationale : 27 octobre (indépendance)
- Fuseau horaire UTC +5
Données démographiques
- Population (06/2014): 5,17 millions d’habitants
- Densité de population : 10,7 habitants au km²
- Croissance démographique : 1,3%
- Espérance de vie : 69,5 ans
- Taux d’alphabétisation : 99,6%
- Religions : Islam sunnite (89%), orthodoxie minoritaire
Indice de développement humain (2011) : 0,686 (moyen : 102ème)
Géographie, physiographie et climat
Le territoire de la république du Turkménistan est enclavé entre 4 pays et la Mer Caspienne à l’Ouest. Le pays dispose de 1768km de côtes sur cette mer fermée, au Nord-Ouest la frontière avec le Kazakhstan mesure 379km, au Nord sa plus grande frontière avec l’Ouzbékistan mesurant 1621km est délimitée par le fleuve Amou-Daria, au Sud-Est le pays touche l’Afghanistan sur 744km et la dernière frontière avec l’Iran de 992km est délimitée par le Köpet Dag.
Le pays est majoritairement représenté par les plaines désertiques du désert de Karakoum, qui à lui seul, recouvre plus de 300 000km2 des 488 000km2 du pays. L’existence de ce désert est justifiée par la présence de montagnes à l’est de la côte avec la Mer Caspienne, et au Sud avec le Köpet Dag.
Il existe donc 2 climats prédominants, un climat peu humide à l’Ouest et le climat subtropical désertique froid sur la plupart du territoire. A ne pas confondre avec le climat subtropical désertique chaud retrouvé au Sahara et en Australie, sa variante froide se retrouve quasi-exclusivement en Asie. Dans ces zones, malgré un été chaud, on retrouve des températures froides en hiver, souvent sous les 0°. Tout comme le désert de Gobi, le désert du Karakoum est un exemple type d’aridité formée par l’ombre pluviométrique des chaînes de montagnes. Karakoum signifie « sables noirs », et se caractérise par la formation de « takyrs » c’est-à-dire des zones extrêmement sèches localisées dans des dépressions entre de grandes dunes. L’Est du pays est un plateau qui se prolonge au-delà de la frontière ouzbèke.
L’âge médian est de 26.6 ans, ce qui est extrêmement jeune. La population est majoritairement musulmane sunnite, environ 10% est orthodoxe. Environ 48,7% des 5,7 millions d’habitants (FMI, 2012) du pays habitent des villes qui sont majoritairement situées le long des frontières.
Ceci est explicable historiquement, le nord possède de l’eau, le sud est proche de l’Iran et donc d’un partenaire commercial de longue date. L’eau permet de cultiver intensivement le coton depuis l’époque soviétique, la zone Ouest est plus riche en végétation que le désert quasiment dépourvu de présence végétale.
Le réseau routier est assez développé sur la partie ouest du pays, conséquent le long de la frontière ouzbèke, et parallèle aux canaux et cours d’eau.
La liaison entre le nord et le sud se fait en contournant le désert de Karakoum, ou en le traversant par le centre, via Darvaza, ville connue pour abriter un cratère de gaz naturel en perpétuelle incandescence, connu sous le nom de « portes de l’enfer »
Le Turkménistan dispose donc d’une localisation géographique “centrale” et originale. La carte des richesses naturelles a été volontairement omise car elle sera sujette à un plus ample développement dans la prochaine partie. Le traitement géographique par échelle croissante nous emmène donc sur la géopolitique à l’échelle de la mer Caspienne et de l’Asie centrale.
III) Une importance grandissante dans les relations internationales
La récente évolution de la politique interne du Turkménistan consiste en une campagne d’accords, majoritairement avec ses pays limitrophes d’Asie centrale, portant sur les hydrocarbures. La création de gazoducs à l’échelle intercontinentale fait de la production d’hydrocarbures une puissance stratégique, exacerbée par un contexte de demande énergétique croissante.
A) Une volonté d’équilibre régional
Premièrement, le pays se doit d’avoir des relations avec ces pays limitrophes, que sont l’Iran, l’Afghanistan, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, et enfin l’Azerbaïdjan et la Russie par l’intermédiaire de la mer Caspienne. D’ailleurs il existe entre plusieurs pays cité plus, un différend émanant de la délimitation des frontières au niveaux de la mer Caspienne.La conflictualité s’explique par les quantités importantes de pétrole et de gaz enfouies sous cette mer. D’autre part, la question de la réglementation à adopter pour le passage de tubes au fond de la mer découlera également de cet accord, mais l’aboutissement des discussions entre les états à ce propos semble interminable. Le nouveau président, Gurbanguly Berdimuhamedow, se veut disponible pour ces collaborateurs régionaux, et est allé à la rencontre de plusieurs des ces homologues comme Sirodjidin Aslov, ministre tadjik des Affaires étrangères. L’objectif de la rencontre était le renforcement du partenariat économique et commercial, ainsi que le projet de ligne de chemin de fer Turkménistan-Afghanistan-Tadjikistan (TAT).Berdimuhamedow a reçu la visite du président ouzbèke Islam Karimov. Identiquement à la précédente rencontre, leurs conversations ont principalement porté sur les perspectives d’intensification de la coopération, notamment dans les domaines de l’énergie.
En ce qui concerne l’Iran et la Russie, la quasi totalité des accords Turkmènes se réfèrent à l’exploitation du gaz naturel. Le pays a des liens privilégiés avec la Turquie. En atteste le voyage effectué par le successeur de Niazov à Ankara pour participer à la cérémonie d’investiture de Recep Tayyip Erdogan, premier président de la République turque élu au suffrage universel. La Turquie mène une politique culturelle et commerciale très active avec le Turkménistan, compréhensible par une certaine proximité linguistique. Ainsi Mustafa Rifat Hisarcıklıoğlu, président de l’Union des chambres et des bourses de commerce de Turquie,a été reçu pour réaffirmer la détermination du Turkménistan à étudier de nouvelles propositions d’affaires d’entreprises turques et agrandir leurs relations économiques.
L’évolution des relations régionales du Turkménistan, ainsi que les ressources naturelles du pays ne laissent pas les pays du Golfe indifférents. Plusieurs pays de cette région prennent l’initiative de créer des liens avec le Turkménistan. Pour ce faire une délégation turkmène a pris part, à Riyad, aux travaux du premier Forum économique et de coopération des États arabes avec les pays d’Asie centrale. La rencontre à réuni les responsables des ministères des Affaires étrangères et de l’Économie des pays participants. Les domaines abordés concernaient l’énergie, le transport, le commerce et les investissements.
Finalement la relation le plus prometteuse pour le Turkménistan est celle avec la Chine. La coopération des deux pays porte essentiellement sur le domaine des transports et des ressources naturelles, et ce grâce aux accords conclus lors de la visite d’État du président Berdimuhamedow en République populaire de Chine. Peu après, Zhang Gaoli, vice-premier ministre chinois effectua une visite au Turkménistan pour participer à la 3ème réunion du Comité de coopération Chine-Turkménistan. Les négociations ont portés notamment sur le développement de la nouvelle Route économique de la Soie, une initiative proposée par le président chinois.
B) Le développement des relations internationales à l’échelle mondiale et la place centrale du gaz
Aujourd’hui les chiffres des réserves de gaz turkmènes varient selon les sources d’informations, mais elles sont estimées par Achgabat 5,5 mille milliards de m3 de gaz. Cependant elles sont sous-évaluées. Ce chiffre s’explique entre autres par le conflit du partage de la Mer Caspienne, sous estimer les ressources du Turkménistan pourrait lui offrir une surface plus conséquente à l’issue des négociations.Mais selon les Etats Unis, les réserves de gaz dont disposerait le Turkménistan en mer Caspienne seraient de 21 mille milliards de mètres cubes.
L’achat de gaz turkmène par Gazprom s’effectuait sur la base d’accords intergouvernementaux à court terme. Pour honorer ce contrat avec la Russie, Achgabat doit être en mesure d’assurer physiquement le transport du gaz. Le réseau de gazoducs dénommé « Asie moyenne – Centre », d’une longueur totale de 2 750 km et d’une capacité de 45 à 54 milliards de m3 par an, achemine le gaz jusqu’en Russie et approvisionne le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.
Le Turkménistan exporte aussi son gaz vers l’Iran. C’est par l’unique tube non contrôlé par la Russie, le « Korpedje-Kourt-Koui », du nom des 3 villes où il passe. Sa capacité est limitée à 13 milliards de m3 par an. Il avait été mis en service en 1997 et avait constitué un premier signe de la volonté du Turkmenbachi de diversifier les voies d’acheminement de son gaz et d’augmenter son indépendance en diversifiant sa clientèle.
La question des gazoducs, nous fait directement revenir à la Chine. En 2010 que une coopération fut signée entre les deux pays, pour la construction d’un gazoduc de 7000 km. Construit en 27 mois, et passant par Ouzbékistan et le Kazakhstan, ce contrat à terme entre les deux parties prévoit un acheminement annuel de base de 69 milliards de m3.
Enfin le Turkménistan confirme sa politique d’ouverture économique avec l’occident, il attend un soutien financier important, de nature à aider au décollage de son économie et à l’aboutissement de ses projets, probablement en contre partie d’un approvisionnement en ressources.Ces gazoducs représentent des chantiers colossaux, mais aussi des entrées d’argent considérables. Le Turkmenbachi souhaite développer son économie et entrer sur la voie de la prospérité, notamment en améliorant l’éducation supérieure, mais aussi les infrastructures.
Martin Bouygues, PDG de la société française Bouygues, a été reçu récemment par le président turkmène. Ce dernier s’est enthousiasmé de la réussite d’un certain nombre de projets communs. Le géant français est impliqué dans la construction de nombreux bâtiments emblématiques sur le territoire Turkmène. L’Allemagne à également engagé des contacts avec les parties prenantes Turkmènes à travers de forums et des rencontres. Cette année le 4ème Forum germano-turkmène consacré à la sante publique, organisé conjointement par les ministères de la santé des deux pays, a eu lieu à Achgabat, avec la présence de nombreuses entreprises allemandes tels que Nickl, Partner Architekten AG et Siemens Medical Solutions. Les autorités Turkmènes ont aussi eu la visite de Jürgen Fitschen, co-président et directeur général de la Deutsche Bank, et Peter Tilles, chef de la direction de la banque pour l’Europe centrale et orientale. Les conversations ont encore une fois porté sur le renforcement des liens de partenariat entre l’Allemagne et le Turkménistan, mais dans le domaine des investissements dans des projets à grande échelle.
Les pays de l’Europe de l’est quant à eux, ont une envie de s’émanciper de la Russie, et veulent donc exploiter d’autres partenariats. C’est donc logiquement que l’ambassadeur de la république de Slovénie, Primoz Sheligo a été reçu au ministère des Affaires étrangères pour évoquer le développement de sociétés slovènes au Turkménistan ainsi que le renforcement des relations bilatérales dans les domaines de l’énergie. Exemple suivi par la Lettonie ou au cours de la visite officielle du ministre des Affaires étrangères letton, Edgars Rinkēvičsa a conclu un itinéraire de vol commercial entre Achgabat et Riga de manière à faciliter les relations économiques entre la Lettonie et le Turkménistan.
Grâce à de récents compromis dans les relations sociales internationales, le Turkménistan dispose d’une influence stratégique sur l’Asie Centrale. Il est néanmoins important de rappeler que cette zone se situe à la fois entre les géants d’Asie et l’Europe et entre le Moyen-Orient et la Russie.
Plusieurs projets de construction de gazoduc ont abouti et donneront donc lieu à des contrats de le long terme. Mais la volonté de certaine nations poussent le Turkménistan à ouvrir de nouveaux projets pour pouvoir répondre à la demande de gaz. La carte ci-dessus fait l’état des gazoduc existant et ceux qui sont prévus. Autre infrastructure d’exportation, le «Transcaspien» allant des champs d’exploitation du Turkménistan jusqu’en Turquie à travers la Mer Caspienne, l’Azerbaïdjan et la Géorgie.
Le Transcaspien permettrait l’approvisionnement de l’UE, sa réalisation n’est possible que si elle reçoit le soutien des pays péricaspiens, à savoir la Géorgie, l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et la Turquie et si d’autre part, l’Iran dont l’acceptation retombe devient un levier de négociation dans la question de son industrie nucléaire.
Dernier projet, le tube Turkménistan-Afghanistan-Pakistan, appelé encore «Transafghan». Ce tube d’une longueur de 1 680 km, d’une capacité de 30 milliards de m3 par an aurait un coût de 3,3 milliards de dollars. Mais les chances de voir ce tube se construire rapidement sont minces, les constructeurs devront attendre le retour à la stabilité sur la zone.
CONCLUSION
Nous pouvons maintenant répondre à la problématique posée. Le Turkménistan était peu connu et discret du fait d’une identité crée politiquement. L’URSS a d’abord tenté de détruire les différentes identités locales en voulant instauré l’homo sovieticus. L’arrivée du dictateur Niazov, dans le soucis de recréer une identité turkmène, a paradoxalement utilisé un modèle symétrique au précédent. La politique interne change suite à la mort de Niazov et le pays s’ouvre. Dans un contexte de mondialisation, où les économies émergentes consomment de plus en plus et tirent les prix vers le haut. Les richesses en hydrocarbures dont il dispose en font ainsi un nouvel acteur majeur sur la scène internationale.
SOURCES WEB ET BIBLIOGRAPHIQUES
SOURCES COMMUNES :
– CIA, The world factbook
– L’espace politique : axes de recherche en géopolitique : http://espacepolitique.revues.org/74
PARTIE I :
Etude historique avant colonisation russe :
– http://www.centralasia-travel.com/fr/countries/turkmenistan/history
– http://www.advantour.com/fr/turkmenistan/history.htm
Drapeau :
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Drapeau_du_Turkménistan
Turkménistan Soviétique et Turkménistan sous Niazov : Cairn.info
– Entre L’Etat et les aires culturelles : La construction nationale au turkménistan ; Ahmet T.Kuru
– La Doc. Française, Le Courrier des pays de l’Est : Turkménistan 2003,2004,2005,2006 ; Patrick Kamenka
PARTIE II :
– Anne Fénot et Cécile Gintrac : Achgabat, une capitale ostentatoire : urbanisme et autocratie au Turkménistan, Paris, L’Harmattan-IFEAC, 2005, 228 p
– http://www.statoids.com/utm.htm
– http://www.mapsofworld.com/turkmenistan/turkmenistan-political-map.html#
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Provinces_du_Turkm%C3%A9nistan
PARTIE III :
– RIANOVOSTI : bientot du gaz turkmène en europe
– http://cc-france-turkmenistan.org/index.php/actualite/itemlist/date/2014/1?catid=4
– http://www.diploweb.com/forum/gazasiecentrale07105.htm
– http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/turkmenistan/presentation-du-turkmenistan/
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