Introduction
Cet exposé a pour objectif de faire connaître les véritables enjeux liés à la diversification économique des états du golfe et plus particulièrement des états membres du CCG : le conseil de coopération du Golfe.
Le Conseil de coopération du Golfe a été crée le 25 mai 1981, dans un but essentiellement économique et social. Il regroupe 6 pays membres:
- les Émirats arabes unis
- Bahreïn
- l’Arabie saoudite
- Oman
- Le Koweït
- le Qatar
Le Conseil a pour but d’assurer la stabilité économique et politique de la région, et une unification du système économique et financier des États membre. De plus le Marché commun du Golfe s’est ouvert officiellement le 1er janvier 2008. Il constitue ainsi une première étape avant la difficile mise en place d’une monnaie unique prévue en 2010.
Le dénominateur commun de tout ces pays réside en leurs ressources. En effet ils possèdent tous des réserves naturelles immenses (gaz et pétrole). Ainsi les rentes liées à ces exploitations leurs ont permis de se développer au niveau national et de s’affirmer au niveau international. Cependant ces ressources ne sont pas inépuisables et leur coût de revient demeure assez aléatoire (surtout en ce qui concerne le cours du pétrole).Pour cette raison les pays membre du CCG ont commencé à diversifier leurs ressources.
On pourra donc se demander dans quelle mesure les pays membres du CCG veillent à une plus grande diversification de leur économie.
Nous verrons pour cela dans un premier temps que leur économie a été durant des décennies principalement axée autour du pétrole, puis nous soulignerons tout de même les nombreux efforts fais pour sortir de cette dépendance.
I) Les états du CCG et le pétrole
1) L’importance du pétrole chez les pays membre de la CCG
- Le pétrole en chiffre
Les pays arabes du Golfe sont devenus des acteurs majeurs de l’économie mondiale grâce à la manne pétrolière qui leur a permis de financer des mégaprojets immobiliers et acquisitions de sociétés. Le prix du baril de brut a rempli les coffres des six membres du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis), qui fournissent le quart de la demande mondiale.
Cette manne a déclenché un boom économique majeur, à coups de projets immobiliers plus imposants les uns que les autres, alors que les avoirs à l’étranger des pays du CCG, qui possède encore 40 % des réserves mondiales, ne cessent de grossir. Entre 2002 et 2006, les pays du Golfe, avec une population de 35 millions d’habitants, ont gagné entre 1200 et 1500 milliards $US de revenus, ce qui leur a permis de porter leurs avoirs à l’étranger à plus de 1000 milliards $US, selon des estimations internationales.
Dotés de réserves immenses, ces pays ont su mener des investissements massifs (et en mènent encore) pour tirer un profit maximum de ces rentes potentielles.
Ainsi parmi les 6 pays que compte la coopération, 3 figurent au palmarès des 10 plus gros exportateurs de pétrole. Ce résultat est d’autant plus impressionnant pour le Koweït et les Emirats arabes unis si l’on compare leur superficie à celle des autres pays classés.
De plus la bonne santé économique des pays membres de la CCG est majoritairement due aux profits que ces derniers tirent du pétrole. Ce dernier rapporte ainsi :
– à 90% des recettes publiques du Koweït et 70% de celles de Bahreïn
– à 2/3 du PIB d’Oman et 1/3 du PIB du Koweït et des Emirats Arabes Unis.
– à 80% du revenu des exportations du Qatar
Ainsi l’économie de Bahreïn est fortement tributaire du pétrole. Ce dernier représentait il y a quelques années 60% des exportations du pays, et 30% du PIB. La santé économique du pays fluctue avec la variation du prix de l’or noir, comme par exemple, pendant et après la crise du Golfe Persique de 1990-91.Aussi à Oman, plus de 65% du PIB dépend de l’extraction du pétrole, viennent ensuite le tourisme (région de Mascate) et l’agriculture.
Poussé par le pétrole, le PIB des six pays a augmenté d’environ 7 % par an ces dernières années, et la tendance devrait se poursuivre. Le PIB du CCG est passé de 406 milliards $US en 2003 à 712 milliards en 2006, selon le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit 790 milliards en 2007 et 883 milliards en 2008.
2) La rente pétrolière : un atout à exploiter
- Apparitions de fonds souverains
La première conséquence des rentes pétrolière concerne l’apparition depuis les années 50 des fonds souverains(le premier a été créé au Koweït en 1953). Ainsi ces derniers sont aujourd’hui en passe de devenir une nouvelle catégorie d’acteurs de la globalisation financière notamment des pays pétroliers. Un fonds, ou fonds d’État, est un fonds de placements financier (actions, obligations.) détenu par un État. Les fonds souverains gèrent l’épargne nationale et l’investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Ainsi les pays du Golfe possèdent 4 des 15 plus grands fonds souverains mondiaux selon une étude de Morgan Stanley.
Ainsi en Grande-Bretagne, la Barclays, fondée au XVIIe siècle, a pour actionnaires principaux l’Autorité d’investissement du Qatar (QIA), le premier d’entre eux avec 6,4 % du capital, mais aussi le fonds Challenger du premier ministre qatari (2 %) et Temasek (3 %)
La ville de Milan en Italie a révélé, lundi 28 juillet 2008, que des fonds du Qatar, “et d’autres pays du Golfe”, se pressaient à sa porte, pour financer les grands projets d’infrastructures liés à l’exposition universelle de 2015. Inédite, cette annonce est symbolique, puisqu’elle ferait des fonds souverains du Golfe, des partenaires stratégiques de l’Etat et des collectivités territoriales italiennes. Elle confirme le statut d’investisseurs à long terme de ces fonds.
L’essor des fonds souverains dans l’économie occidentale se mesure déjà dans les chiffres. Une enquête réalisée pour Le Monde, montre un essor spectaculaire de leurs acquisitions depuis quinze ans. Celles-ci sont passées de 60 millions de dollars en 1995 à 429 millions de dollars en 2000, 5,1 milliards en 2004, 18,5 milliards en 2006, 54,1 milliards en 2007 et déjà 49,2 milliards cette année avec 43 acquisitions.
De son côté, dans une étude parue fin juin, la banque américaine State Street estime que les fonds souverains pourraient détenir ensemble, dans cinq ans, 5,5 % du capital des 8 000 plus grandes entreprises mondiales cotées en Bourse.
Enfin selon le cabinet McKinsey, d’ici à 2020 c’est 3.200 milliards de dollars qui seront placés dans le Golfe a raison de 230 milliards par an. Le but est de diversifier leurs sources de revenus, pour assurer leur avenir.
Déjà dans les années 1970, l’Arabie Saoudite s’était orientée vers la pétrochimie et l’agriculture. Aujourd’hui, elle mise sur la sidérurgie et l’aluminium tout comme ses voisins le Bahreïn et Abou Dhabi.
Pour sa part, Dubaï a choisi de développer, depuis 2000, les transports, la finance, le tourisme, la recherche, mais aussi l’éducation pour faire face à un besoin accru de techniciens et ingénieurs. Quant au Qatar Investment Authority (QIA), il détient par exemple diverses participations dans Qatar Telecom (55 %), Qatar National Bank (50 %) et Delta Commercial Properties (20 %). Les moyens financiers considérables dont disposent les six pays du Golfe (Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar, Bahreïn, Arabie Saoudite) ainsi que le développement de places financières locales ont permis d’accélérer leur croissance.
- explosion économique, via l’exemple de Dubaï
Dubaï symbolise aujourd’hui l’extravagance et l’innovation des pays du Golfe.
Un hôtel sous la mer, des pistes de ski et des pingouins en plein désert, une forêt tropicale sous verre… A Dubaï naissent les projets les plus fous de la planète.
Ainsi avant la disparition de la manne pétrolière, l’émirat veut reconvertir son économie et a prévu d’investir 50 milliards de dollars pour devenir la première destination touristique du monde.
Avec la récente baisse des exportations de pétrole et de gaz naturel et l’épuisement des réserves prévu d’ici quelques décennies, Dubaï se lance dans une diversification de son économie en faveur des nouvelles technologies, du commerce et du tourisme de luxe…. Ainsi, l’émirat prévoit de devenir le premier centre mondial du tourisme de luxe et un des premiers pays touristiques du monde d’ici quelques années.
Ce virage est accompagné d’une politique de grands travaux afin de créer les infrastructures d’accueil (aéroports, marinas, hôtels, palaces, …), de transport (autoroutes, métro, …) et de loisir (parcs d’attractions à thème et aquatiques, centre commerciaux, …) pour les futurs visiteurs.
De plus les infrastructures portuaires de Dubaï se sont largement développées ces dernières années. Dubaï occupait, en 2004, la dixième place des ports à conteneurs, derrière ceux de Los Angeles et d’Hambourg.
Enfin il existe un autre record, c’est la population d’immigrés sur laquelle repose tout ce bel édifice. La main-d’œuvre bon marché qui s’échine depuis quinze ans sur les gratte-ciel de Dubaï est le secret de cette ville champignon où les coûts de construction sont moiti�� moins élevés qu’en Europe
Dubaï apparaît ainsi comme un modèle en matière de diversification économique. Ainsi cet exemple nous permet de comprendre qu’une diversification économique est d’une réelle nécessité.
3) Le pétrole : une ressource trop aléatoire
- Exemple de la chute actuelle des cours
En à peine quatre mois, les cours du brut ont perdu près des deux tiers de leur valeur en raison d’un repli de la demande provoqué par la crise financière Le brut léger US a même récemment touché son plus bas niveau depuis trois ans et demi à 48,25$.
Le président de l’OPEP a déclaré de son côté que le cartel prendra très probablement une “décision importante” lors de sa réunion du 17 décembre à Oran (Algérie) pour enrayer la chute des cours pétroliers et la contraction de la demande. »
L’Iran a déjà indiqué qu’il soutiendrait une décision de baisser la production de l’OPEP à cette réunion prévue au Caire, selon l’agence de presse iranienne Mehr. Pour leur part, les pays du Golfe tentent de résister à la chute des cours. Les places financières des pays du golfe Persique sont encore fortement corrélées aux variations du prix de l’or noir. Ainsi, la Bourse du Koweït, qui a atteint son niveau le plus bas depuis quarante ans est restée fermée quelques jours en novembre. Simon Williams, économiste spécialisé dans les économies du Golfe chez HSBC, explique : ” L’élément clé du développement des économies du Golfe (Ndlr : Dubaï, Emirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite, Koweït, Bahreïn, Oman) a été le pétrole. ” La région est riche de 55 % des réserves mondiales d’or noir et de 40 % des réserves de gaz. La rente pétrolière a permis à ces pays d’accumuler d’importantes réserves de change et d’afficher des balances courantes excédentaires. Cependant il apparait aujourd’hui nécessaire à ces pays de diversifier leurs ressources pour ne plus être dépendant de la variation du cours du pétrole qui s’avère trop aléatoire.
- Une ressource épuisable
On ne sait pas exactement quelles sont les quantités d’hydrocarbures liquides (pétrole, gaz naturel…) qui restent à la disposition de l’humanité. En revanche il est acquis que leur stock est limité. Autrement dit, le pétrole est une ressource épuisable. Il provient d’un nombre limité de réservoirs, qui sont eux aussi limités. Nous savons également avec certitude que tôt ou tard la production de ces hydrocarbures va commencer à décroître. Il s’agit du pic de production qui devrait avoir lieu vers 2030. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de pétrole, mais que le débit d’extraction ira en diminuant. On estime cette diminution à environ 2 % par an. A ce rythme, la consommation annuelle de pétrole aura été divisée par deux d’ici 2050. Dans plusieurs régions du monde, le pic de production a déjà été atteint (USA, Norvège, Mer du Nord, Mexique, notamment). Ainsi même si les pays du Golfe ont une marge assez conséquente devant eux il est nécessaire et primordial pour leur économie de se diversifier.
- Orientation vers d’autres ressources
Pour pallier à toutes ces incertitudes les pays membres du conseil de coopération du Golfe se sont déjà orientés vers d’autres ressources. Ainsi les rentes pétrolières leurs ont permis de lancer des investissements massifs à travers des fonds souverains ou encore des grands travaux à l’image de la ville de Dubaï.
Nous verrons donc dans une deuxième partie de quelle manière ces pays vont diversifier leurs ressources.
II) Conseil de coopération du Golfe : Un boom économique durable malgré quelques nuages.
Alors qu’une bonne partie de la planète s’interroge sur les conséquences conjuguées de la crise financière des « subprimes » et de l’inévitable ralentissement de l’activité aux Etats-Unis, c’est avec une réelle confiance que les monarchies du Golfe appréhendent l’avenir immédiat en matière de conjoncture économique. Pas de récession en vue donc ni même de trou d’air marqué pour la croissance du Produit intérieur brut (PIB) et cela bien que la vigueur de l’inflation constitue un élément sérieux d’inquiétude.
Selon le consensus des économistes interrogés régulièrement par l’agence Bloomberg, la croissance moyenne du PIB régional devrait être en effet de 6% pour les deux prochaines années (contre une croissance moyenne de 7,3% depuis 2002). On est loin ainsi du taux de croissance attendu pour l’Amérique du Nord ou la zone euro.
Deux points majeurs doivent être pris en considération en ce qui concerne l’évolution récente des économies du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Le premier concerne le fait que, contrairement à ce qui s’était passé au cours des précédents booms pétroliers, les pays concernés ont su éviter l’écueil du gaspillage et mieux gérer leurs surplus budgétaires créés par la hausse des cours du pétrole. Le second point est tout aussi important puisqu’il est relatif à la réalité concrète de la diversification des économies de la région avec une véritable montée en puissance du secteur hors-hydrocarbures.
2) L’Arabie Saoudite : une diversification économique bien réelle.
Pour l’Arabie Saoudite, la réponse est claire, il faut sortir du tout pétrole et cela à tous les niveaux.
Cet objectif est patent au sein de la principale force économique de la région, l’Arabie Saoudite, dont l’économie dépend très fortement du pétrole*.
Aussi le gouvernement saoudien sous l’impulsion du roi Abdallah a-t-il mis en place une politique de privatisation de l’économie afin de favoriser l’émergence d’un secteur privé, créateur de croissance et d’emplois, et de diversifier l’économie pour qu’elle sorte de la dépendance énergétique : le 8eme plan quinquennal de développement, adopté en 2006, prévoit ainsi 500 milliards de dollars d’investissements d’ici 2024.
La visite de la SAGIA (Saoudi Arabia General Investment Authority), a permis par le dynamisme et le professionnalisme des équipes que l’on y rencontre, de conforter cette impression. Elle est en effet chargée « d’attirer » les capitaux étrangers et de les répartir le plus équitablement possible avec pour objectif officiel et ambitieux d’insérer l’Arabie Saoudite parmi les 10 économies les plus compétitives du monde avant 2010.
La priorité est la restructuration de l’économie et les grands axes demeurent la diversification des ressources, la saoudisation des emplois, la libéralisation et l’insertion dans l’économie globalisée (comme en témoignent l’adhésion à l’OMC en novembre 2005 et la mise en œuvre de l’union douanière du CCEAG) mais aussi l’appel aux investissements étrangers, l’ouverture de l’amont gazier ou le développement du tourisme, notamment religieux grâce à la proximité des lieux saints. L’Arabie Saoudite espère ainsi attirer une partie des 1,3 milliard d’habitants vivant à moins de 3 heures de vol de son territoire. Les privatisations sont entrées dans leur phase de concrétisation, dans les secteurs des télécommunications, du dessalement d’eau de mer, de la production d’électricité, des services parapétroliers et du transport aérien.
La question du financement de ces projets d’infrastructures n’est cependant pas résolue alors que les besoins sont estimés à 17 milliards de dollars par an au cours des 10 à 20 années à venir. L’excédent budgétaire, dû au contexte futur du marché pétrolier, devrait y contribuer. Cependant, l’instauration d’une véritable fiscalité, parce qu’elle impliquerait des contreparties en matière de participation à la vie politique, n’est toujours pas envisagée.
3) La diversification engagée aux EAU et à Bahreïn.
Deux images fortes attestent de cette diversification déjà largement engagée. En premier lieu, le dynamisme immobilier de Dubaï, caractérisé par l’augmentation du nombre des transactions réalisées et des mises en chantier ainsi que l’envolée des prix des actifs immobiliers. En second lieu, le dynamisme d’ALBA (Aluminium Bahreïn) à Manama, l’une des plus importantes usines de production d’aluminium au monde.
- Une économie émirienne en profonde mutation
L’économie des Emirats arabes unis (EAU) est ainsi en phase de mutation profonde : depuis 2000 a été lancé un vaste mouvement de privatisation dans les secteurs de l’eau, de l’électricité, de l’industrie et des services, tandis que le montant planifié d’investissement public et privé au titre « d’Abu Dhabi 2030 » est de 1.000 milliards de dirhams sur 15 ans, soit environ 200 milliards d’euros. A titre de comparaison, il y aurait eu, entre 1968 et 2006, « seulement » 192 milliards de dirhams d’investissement public soit environ 40 milliards d’euros.
Les EAU apparaissent ainsi comme le pays de la région le plus avancé dans le processus de diversification de son économie : les services (commerce international, tourisme et activités financières) atteignent 40 % du PIB, essentiellement à Dubaï, tandis que le secteur des hydrocarbures a vu son poids relatif décroître fortement*. L’économie des Emirats arabes unis a ainsi été classée « économie la plus compétitive du monde arabe » par le World Economic Forum (WEF) de Doha des 9 et 10 avril 2007.
Les infrastructures et le secteur des transports connaissent un essor considérable : Dubaï revendique la place de première plate-forme aéroportuaire régionale. Un nouvel aéroport est en construction ambitionnant de devenir le plus grand aéroport mondial et le principal « hub » nord-sud, d’une capacité de 120 millions de passagers par an.
La compagnie Emirates, fondée en 1985, est devenue un acteur aéronautique mondial majeur et est le premier client de lancement de l’A380 (43 appareils initialement commandés, auxquels se sont ajoutés quatre autres appareils en mai 2007). Avec Qatar Airways, cette compagnie constitue désormais un très sérieux concurrent d’Air France KLM. En outre, en contrepartie de ces achats d’avions, elle tente d’obtenir des ouvertures de lignes supplémentaires, ce qui peut susciter des tensions au sein de l’administration entre les directions en charge de la régulation des créneaux aériens et celles dont la vocation affichée est de dynamiser le commerce extérieur…
L’émirat d’Abou Dabi semble désormais s’inspirer de la stratégie suivie par Dubaï afin de diversifier à son tour son économie et développe ses capacités aéroportuaires, industrielles et touristiques. Ainsi, à titre anecdotique, l’Emirates Palace, hôtel 7 étoiles, ouvert en 2005, dont le dôme est doré à l’or fin, a coûté plus de 3 milliards de dollars et représente la « vitrine luxueuse » d’Abou Dabi face à l’hôtel Burj Al Arab de Dubaï.
Les entreprises émiriennes (en particulier Emirates, évoqué précédemment, mais aussi Dubaï Ports Authority, Etihad Airways, Emirates Bank International, Emaar, International Petroleum Investment Company et Dubaï Aluminium) ou les fonds d’investissement (Mubadala Development Company et Dubaï Holding) mènent d’ambitieuses politiques d’internationalisation et de prises de participation sur des marchés extérieurs.
On doit cependant relever le caractère trop spéculatif de ces investissements, insuffisamment tournés vers les infrastructures et les moyens de production au profit de la mobilité et la forte rentabilité. L’exception du Qatar, et depuis peu, celle de Dubaï, qui souhaitent investir dans EADS, mérite à ce titre d’être soulignée. En effet, le fonds d’investissement Dubaï International Capital (DIC) est entré à hauteur de 3,12 % dans le capital d’EADS en juillet 2007.
- Bahreïn : l’économie la plus ouverte de la région ?
Le Royaume de Bahreïn est considéré comme détenteur de l’économie la plus ouverte et la plus libérale de la région avec une volonté constante et ancienne de diversifier le tissu économique.
Premier pays du Golfe à avoir mis en exploitation ses réserves, il est également le premier pays à subir les effets de leur « épuisement »*.
Dès le début des années 1980 la législation applicable à l’investissement étranger a été libéralisée, autorisant en particulier les sociétés étrangères à prendre une participation de 100 % dans une société bahreïnienne. Les autorités ont ainsi pu développer l’appareil industriel du pays, notamment dans le secteur de l’aluminium et dans celui du tourisme.
L’organisme chargé du développement économique et de la promotion du pays auprès des investisseurs étrangers (l’Economic development board, EDB), s’est ainsi fixé 3 objectifs :
D’une part, créer le plus grand nombre d’emplois en levant les obstacles au développement du secteur privé, et lutter ainsi contre le chômage, apparu dans les années 1980 ;
D’autre part, attirer les investissements dans certains secteurs en se concentrant sur la qualité et la valeur ajoutée ;
Enfin, accroître le niveau de vie des habitants.
Si l’Etat conserve un rôle prépondérant dans l’économie (60 % du PIB sont générés par des entreprises détenues en majorité ou en totalité par le gouvernement ou la famille royale, telles Gulf International Bank ou Alba), un programme de privatisation est en cours. Un bureau de supervision, de transparence et de contrôle des passations de marchés publics (tender board) a été créé et placé sous l’autorité du prince héritier.
Jouant à la fois la carte de l’intégration régionale et de la mondialisation, le Royaume de Bahreïn a signé en septembre 2004 un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Le CCEAG, dont il est membre, et l’Union européenne négocient actuellement un accord de libre-échange, qui permettra au Royaume de Bahreïn d’obtenir une baisse des tarifs appliqués à l’aluminium et aux produits pétroliers.
- Des stratégies d’investissement guidées par la recherche de rentabilité
La nature et l’organisation des structures en charge du choix et du suivi des investissements prennent donc la forme, soit de fonds alimentés directement par les revenus du pétrole et ayant une stricte logique d’investissement de portefeuille la plus diversifiée possible, guidée par le seul critère de la rentabilité, soit de fonds chargés de prendre des participations stratégiques dans les sociétés cotées, avec ou sans présence au sein du management de l’entreprise.
Aux EAU, l’ADIA réalise, pour l’essentiel, des investissements de portefeuille sous forme d’achats d’actions ou de bons du Trésor, tandis que la Mubadala Developpement Company (MDC) a pour vocation de prendre des participations stratégiques et que Dubaï Holding (créée en 2004 et entièrement contrôlée par le gouvernement) s’oriente vers des opérations sur des grosses sociétés emblématiques.
Ainsi, le groupe Dubaï Ports World (DPW), après avoir racheté la compagnie britannique Peninsular and Oriental Ports, a-t-il tenté, fin 2005, de prendre le contrôle des six principaux ports de la côte Est américaine (New-York, Newark, Baltimore, Philadelphia, Miami et Nouvelle-Orléans). Devant le « tollé » politique et médiatique suscité aux Etats-Unis, le DPW a finalement renoncé à cette ambition en cédant ses droits à l’assureur AIG.
A Bahreïn, Mumtalakat Holding Company, créée en juin 2006, est la structure choisie par le gouvernement pour y loger tous ses actifs industriels et commerciaux. Elle gère les participations stratégiques dans 29 entreprises parmi lesquelles Gulf Air, ALBA, ou MacLaren. Sa mission est de maximiser le rendement financier de ses actifs afin que les dividendes ainsi perçus compensent progressivement une partie de la baisse attendue de la rente pétrolière.
Conclusion
Quelques problèmes subsistent et il faut bien noter que la diversification de l’économie ne se fait pas sans mal. En effet comme nous avons pu le constater certains investissements sont tournés vers la forte rentabilité et cela souvent au détriment des infrastructures et moyens de production.
Malgré tout, après n’avoir longtemps été qu’une vaine incantation, il semble que le slogan de la diversification économique décrive désormais une réalité. Pour preuve, en 2003, le secteur hors-hydrocarbures a contribué à la croissance globale du GCC à hauteur de 49%. Trois années plus tard, conséquence des réformes en matière de législation des investissements, des privatisations et des ouvertures au capital étranger, cette contribution a atteint 86%. En clair, la création de richesses dans le Conseil de coopération du Golfe n’est plus cantonnée à la simple production de pétrole ou de gaz naturel. Au contraire, la multiplication de projets industriels et de service fait de la région l’une des zones parmi les plus dynamiques du monde.
Bibliographie :
- wikipédia (le golfe persique, pic pétrolier…).
- extrait du rapport de mission de la délégation sénatoriale française qui s’est rendue dans cette région en mars 2007 àhttp://www.voltairenet.org
- Dossier du Centre d’étude et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERNAM) : pays du golfe, le boom économique http://www.cermam.org
- http://portal.unesco.org
- http://www.elwatan.com
- Dossier : les-fonds-souverains-des-pays-du-golfe-investissent-chez-eux.php
à http://www.jdf.com/expertise/2008/06/14/04014-
- http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2008/01/17/article.php?sid=63364&cid=2
- Colloque sur les pays du Golfe. àhttp://www.senat.fr/international/collogolfe/collogolfe.html
- Encyclopédie Universalis.
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