Fiche Pays – Albanie

1 – Introduction

La forme de l’Etat :   République parlementaire depuis 1998, avant dictature communiste

Chef de l’État : Bujar Nishani depuis le 2 juillet 2012 (parti démocrate de droite).

Chef du gouvernement : Edi Rama juillet depuis 2013

Les langues : albanais qui est la combinaison des deux langues parlées jusqu’en 1944 : guègue (au nord du pays) et le tosque (au sud).

Les ethnies : selon le recensement de 2011 : 82,6 % de la population est albanaise, 7 % de grecques surtout dans le sud du pays, 2.8% de tsiganes, macédonien (0.9 %) généralement  à l’est de l’Albanie, et 0,6 % aroumain et de serbe.

La monnaie : Lek (1€ = 140 lek)

IDH : 0.739 (2011)

Démographie : 3 011 405 en 2013 (79ème sur 183)

2-Une évaluation du risque politique basé sur :

 1) La stabilité du gouvernement et des institutions

L’Albanie est dirigée par une coalition entre le parti socialiste dont fait parti Edi Rama, le chef du gouvernement et le parti démocrate de droite emmené par Nishani le président de la République. Lors des dernières élections législatives de juin 2013 on a pu relever certains incidents violents entraînant la mort d’un manifestant. Même s’ils ne s’agit pas d’incidents majeurs, ils témoignent du climat politique en Albanie.

De plus, le récent boycott du parlement par le leader du parti socialiste, Edi Rama, témoigne que le gouvernement albanais n’est pas encore très stable. Depuis le mois de spetembre, la moitié des parlementaires élus aux élections législatives de juin 2013, quittent l’Assemblée Nationales. Ce comportement ne vas pas dans le sens de la volonté du ays d’intégrer l’Union Européenne.

2) Les conditions socio-économiques:

On peut tout d’abord évoqué un problème de société en Albanie avec les violences faites aux femmes. En 2011, on comptait 31.2% des femmes qui avaient déjà été victimes de violences physiques, et ce constat ne va pas dans le sens d’une amélioration car la justice albanaise n’intervient pas auprès des victimes. Il n’existe une loi que depuis 2007 et celle-ci est très peu appliquée car seul 6% des femmes osent parler. Pour comprendre ses comportements il faut évoquer le Kanun qui regroupe les lois traditionnelles de l’Albanie au XVème siècle et qui permet entre autre à un homme de battre sa femme ou de l’humilier publiquement en cas de désobéissance, voire de la tuer si elle lui est infidèle. Aujourd’hui ces lois ne sont bien évidemment plus appliquées mais l’esprit de domination des hommes reste ancré dans les mentalités albanaises.

En ce qui concerne le chômage en Albanie, il a atteint les 15 % en 2012 et touche plus les hommes que les femmes. Mais les victimes directes de ce manque d’emploi sont les jeunes, diplômés ou non, avec 60% d’entre eux qui sont au chômage. Pour ce qui est du pouvoir d’achat en Albanie, il fait parti des plus faibles en Europe. Le salaire moyen est d’environ 33 200 lek (soit 230€). Il faut également noter qu’en Albanie, 70% de la population vit à la campagne et pour la plupart dans des conditions très précaires.

Un quart des albanais soit environ 750 000 personnes, vivent sous le seuil de pauvreté. Ainsi, ces conditions de vie difficiles, ont poussé à l’éxode. Dans les années 90, on estime à 550 000 le nombre d’albanais qui sont partis dont 300 000 jeunes qui n’arrivent pas à trouver du travail malgré le fait qu’il soit diplômé. On peut également citer le cas des artistes ou des sportifs qui préfèrent vivre en Occident que de rester dans leur pays.

3) Les conflits internes :

Des tensions internes sont présentes en Albanie et cela est essentiellement du au fait que les frontières du pays ont beaucoup bougé durant le siècle. Aujourd’hui on parle de pan-albanisme car la population rêvent de frontières nostalgiques qui ne sont plus actuelles. L’armée nationale albanaise (ANA) revendique violement le retour de la Grande Albanie. Ainsi, les albanais au Kosovo, en Macédoine ou en Serbie n’hésites pas à utiliser la violence pour faire valoir leur droits et ces tensions se répercute en Albanie.

4) Les pressions ethniques :

L’Albanie souffre essentiellement de sa position de minoritaires dans les pays voisins (Serbie et Macédoine) mais on peut tout de même citer le cas de la minorité grecque. Déjà sous le régime communiste, les grecques présents en Albanie ne bénéficiaient pas des mêmes droits. Par exemple, ils n’avaient qu’un accès limité à l’enseignement. De plus le nombre de grecque différait considérablement si on se plaçait du côté albanais où du côté grecque. En effet les albanais estimaient à 60 000 le nombre de grecque, alors que la Grèce estime qu’il y a 400 000 grecque qui vivaient en Albanie. Dans les années 2000, on a créé un bureau des minorités nationales pour contrôler la manière dont l’Etat Albanais traite ses minorités.

Autre phénomène qui crée des tensions, le fait que l’Albanie soit majoritairement musulmane alors que ses voisins sont chrétiens. Il y a des conflits sur les chiffres annoncés par le gouvernement albanais, notamment sur le nombre de macédoniens chrétiens présents en Albanie.

5) Les conflits externes et pays voisins entrainant un risque potentiel:

Il parait pertinent d’évoquer la question du Kosovo qui pose problème car c’est d’une terre pour 2 peuples : les albanais et les serbes. Le Kosovo est important pour les serbes depuis la bataille des champs des merles contre l’empire Ottoman. Des réfugies albanais se sont installés au Kosovo ce qui fait qu’il était peuplé à 80% d’Albanais et 10% de Serbes. En 1998, la Serbie a voulu reconquérir le Kosovo car il s’agissait d’un enclave de leur territoire, et ils ont demandé aux habitants de se soumettre à la loi serbe ou alors de retourner en Albanie. Les forces de l’OTAN on attaqué la Serbie alors que le Kosovo appartenait juridiquement à la Serbie.  Depuis le Kosovo a été sous tutelle internationale à partir de 1999. Il est devenu indépendant en 2008 mais la Serbie ne l’a pas reconnu comme pays indépendant. Les tensions entre les albanais et les serbes sont donc toujours d’actualité. En 2009, était posée la question d’une grande Albanie qui inclurait le Kosovo.

 6) Le niveau de corruption :

La corruption est une gangrène pour l’Albanie, elle représente une note de 3.1 sur 10 en 2011, ce qui est vraiment mauvais étant donné qu’un pays pas du tout corrompu obtient la note de 10.

Au cœur de Tirana les prix du mètre carré s’enflamme et on peut voir de gros 4×4 neufs arpentant les rues pourtant pauvres. Ces “nouveaux riches” albanais font partie de ce qu’on appelle “l’économie noire” et qui représente plus de 38% des échanges dans le pays. Elle est essentiellement alimentée par le trafic de drogue. En Albanie même la police est complètement corrompue ce qui entretient une spirale dont le pays ne parvient pas à se sortir malgré les récentes tentatives en vue d’entrer dans l’Union Européenne. Une loi qui règlemente les conflits d’intérêts à notamment été votée mais cela n’a pas suffit, et les partis politiques, quel qu’ils soient, sont toujours aussi corrompu.

On estime à 1 milliard d’euro le montant d’argent sale réinvesti dans l’économie albanaise chaque année. Cette somme permet d’avoir un PNB qui progresse de 6% chaque année mais cela n’est que superficiel car lorsqu’on ne prend pas en compte “l’économie noire”, les chiffres s’écroulent car l’Albanie importe tout et ne produit pratiquement rien.

7) Les conditions de sécurité dans le pays lié à la criminalité et au terrorisme:

La Mafia:
La Mafia albanaise est soumise au Kanun qui est le code d’honneur datant du 15ème siècle. Il organise tous les aspects de la vie sociale et il a structuré la population albanaises jusqu’au 20ème siècle.  Il s’agit d’une mafia très dure où la loi du silence (omerta qui vient du mot umita signifiant humiliation) est primordiale. Déjà présente sous le régime d’Enver Hoxha, la mafia albanaise doit son expansion à la chute du communisme puis à la guerre des Balkans dans les années 90 qui ont fait du Kosovo un zone de non-droit propice au développement de la criminalité organisée. Pour Xavier Raufer qui a beaucoup écrit sur la question, l’OTAN a fait le choix de ne pas s’intéresser aux mafieux albanais pendant la guerre au Kosovo pour les laisser rétablir l’ordre dans la région et éliminer ce qui restait du communisme.

La mafia albanaise est aujourd’hui très présente en Europe et aux USA. Elle se divise en 15 clans et leurs activités tournent autour du proxénétisme (dont trafic de mineurs et marché aux femmes: entre 1000 et 2500 dollars pour une femme), du racket, de la contre bande de cigarettes et surtout du trafic d’héroïne qui s’est ancré dans la société albanaise. Comme nous l’avons vu précédemment, un tiers de l’économie albanaise est régie par la mafia. Son approvisionnement en armes se fait par ses relations avec l’armée de libération du Kosovo.

Le Terrorisme:
On peut déceler une menace terroriste en Albanie du fait qu’elle accueille des membres du groupuscule terroriste des Monafeqin. En effet, l’ex premier ministre Berisha a permis à 210 membres de l’organisation terroriste de se réfugier en Albanie.

3-Une évaluation des risques économiques et financiers basé sur :

 Le PIB par habitant : 3 992 $ (2012)

Le taux de croissance du PIB : 3% en 2011

Le taux d’inflation annuel : 2% en 2012 avec une prévision à 2.5% en 2013

Le solde budgétaire (en % du PIB) : – 3.3% (2012)

Le solde courant (en % du PIB) : – 11.7% en 2012

La dette externe (en % du PIB) : 26.9% du PIB en 2012

Le solde commercial: – 2.72 Mds de $

La stabilité du taux de change : flottements indépendants

4-Une évaluation des risques géographiques et environnementaux :

Les risques sismiques et géologiques : L’Albanie est situé dans une région où les risques sismiques sont importants, notamment dans le Sud. D’ailleurs le pays a connu en septembre 2009 un important tremblement de terre d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. Les nombreux dégâts matériels qui s’en sont suivis ont sonné comme une sonnette d’alarme pour les albanais qui ne prennent pas en compte les zones sismiques lorsqu’ils construisent des immeubles. De récentes études menées par des géologues, ont prédits le risque d’un tremblement de terre de magnitude 9 en Albanie..

Les risques sanitaires et épidémiques: En ce qui concerne les maladies transmises par l’eau et la nourriture, l’Albanie est un pays à risque. La turista (diarrhée du voyageur) touche 50% des voyageurs en Albanie. Pour ce qui est de la typhoïde provoquée par la Salmonelle, le cas est assez rare en Albanie.

Les maladies transmises par les insectes ont entraîner deux décès en 2006 à cause des veuves noires. Pour ce qui est des tiques et des moustiques il faut se protéger pour éviter une méningo-encéphalite à tiques ou la maladie de Lyme.

Les maladies qui se transmettent par les hommes, on peut noter un risque élevé d’hépatite B et un risque moyen élevé d’hépatite A. En 2003, le pays a connu une centaine de cas d’hépatite A suite à la consommation d’eau du robinet dans le nord du pays.

5-Une évaluation  du Hard power du pays :

 Pouvoir militaire réel : 1.5% du PIB dédiée à l’armée

 Poids du pays dans les institutions internationales :

L’Albanie est membre de :

•      l’ONU depuis 1955
•      l’OSCE depuis 1991
•     FMI depuis 1991
•     Conseil de l’Europe : l’Albanie l’a d’ailleurs présidé en 2012
•      l’OTAN depuis 2009 : elle avait soutenue les actions militaires en Irak et en Afghanistan

L’Albanie souhaite intégrer l’Union Européenne depuis 2009. Cette candidature a connu un point positif en 2012 car le Conseil des Affaires générales de l’UE a fait appel à la Commission Européenne pour qu’elle rédige un rapport sur les premiers efforts et les objectifs qui restent à atteindre pour remplir les critères d’une éventuelle adhésion. La lutte contre la corruption et contre le crime organisé en Albanie sont la priorité du gouvernement.

6-Une évaluation  du soft power du pays :

 Reconnaissance médiatique et culturelle :

L’Albanie est malheureusement surtout connue sur la scène médiatique pour sa mafia et non pas pour ses atouts culturels. Par exemple, peu de touristes se rendent en Albanie, même si depuis peu on voit se développer un tourisme des « bunkers » peu flatteur pour le pays. En effet, sous la dictature d’Enver Hoxha de 1945 à 1985, 750 000 bunkers ont été construit pour protéger l’Albanie des menaces extérieures. Aujourd’hui ce pays semble donc être connue seulement pour ses douloureux souvenirs ou ses problèmes internes.

Vecteurs d’influences : (cinéma, médias, diasporas…)

Diaspora albanaise : On trouve des Albanais un peu partout dans le monde : Europe, USA, Canada, Australie….Pour ce qui est de la population albanaise en Grèce et en Italie, elle y a majoritairement immigré après la chute du régime d’Enver Hoxha. Le nombre d’immigrés albanais à travers le monde semble dépasser le million, ce qui correspond donc à 1/3 de la population albanaise.

Cinéma albanais : il a longtemps été isolé au cours de l’histoire albanaise et il faudra attendre les années 2000 pour en entendre parler dans les médias. Ce sont les films “Slogans” de Gjergj Xhuvani et “Tirana, année zéro” de Fatmis Koci qui ouvriront le cinéma albanais au reste du monde. Le cinéma albanais a longtemps été sous l’emprises de la politique. Lors de l’occupation italienne, les films albanais sont gérés par Rome, puis lors de la seconde guerre mondiale par les nazis. A partir de 1946, sous le régime d’Enver Hoxha, le cinéma va commencer à se développer et Sergueï Ioutkevitch obtiendra un prix au Festival de Cannes en 1954. Dans les années 70, le gouvernement va mettre en place une politique isolationniste qui va conduire à la réduction des importations et par conséquents à la multiplication des de films nationaux. Aujourd’hui on assiste à une diminution du nombre de salles de cinéma dans le pays et les films albanais se font de plus en plus rare.

ONG :

On ne trouve pas beaucoup d’informations sur les ONG présentes en Albanie, néanmoins une ONG gérée par des femmes habitant à la campagne vient d’être récompensé par le gouvernement albanais ainsi que par l’ONU. Il s’agit de l’ONG  “Volontariat pour le développement”. Elle a permis de valoriser les villages qui sont perdus dans la montagne et auxquels peut de gens pense. Leur objectif est de se battre contre la pauvreté qui touche ces régions  ainsi que le manque de droits attribués aux femmes.

 

7-Conclusion générale

L’Albanie est  le pays le plus pauvre et le plus corrompu d’Europe, mais sa récente candidature à l’Union Européenne a changé un peu les choses. Des efforts considérables restent  à faire surtout au niveau de la mafia albanaise et de la stabilité économique

Le pays a connu une histoire douloureuse et ses frontières n’ont cessé d’être modifiées ce qui pose aujourd’hui des problèmes de reconnaissance et d’appartenance identitaire. Le contexte politique et économique s’en ressent, et l’Albanie est aujourd’hui assez instable.

 

FORCES   – inflation assez bien maîtrisée – force sentiment nationaliste	FAIBLESSES   – dette publique = 60.8% du PIB – corruption très présente
MENACES   – dépendance financière à l’Europe   – développement de la mafia albanaise et de “l’économie noire”	OPPORTUNITES – étude de la candidature pour intégrer l’Union Européenne

 

SOURCES :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/albanie/presentation-de-l-albanie/http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=ALB&codeStat=SP.POP.IDH.IN&codeStat2=x

http://www.statistiques-mondiales.com/albanie.htm

http://www.bibliomonde.com/pays/albanie-22.html

http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/albanie_1infor-demo.htm

http://www.crisisgroup.org/fr/regions/europe/balkans/albanie/Pan%20Albanianism%20How%20Big%20a%20Threat%20to%20Balkan%20Stability.aspx

http://www.liberation.fr/monde/2005/07/02/l-albanie-entre-misere-et-corruption_525422

http://mafiaalbanaisetpe.e-monsite.com/pages/comment-la-mafia-albanaise-fonctionne-t-elle/son-organisation-ses-origines-son-financement.html

http://french.irib.ir/info/international/item/257646-l%E2%80%99albanie-accueille-des-terroristes

http://www.don-bosco.net/index.php/accueil/international/1098-albanie-le-travail-d-une-ong-salesienne-recompensee.html

http://www.courrierinternational.com/breve/2009/09/08/l-immobilier-ignore-le-risque-sismique

http://www.voyagezen.fr/risques-sanitaires-albanie/

http://www.lefigaro.fr/international/2009/12/15/01003-20091215ARTFIG00367-la-crise-politique-albanaise-inquiete-l-union-europeenne-.php#

http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/387348

http://dev.ulb.ac.be/cevipol/dossiers_fichiers/dewaele-gjeloshaj-complet.pdf

http://balkans.courriers.info/article5103.html

http://www.c-et-c.asso.cc-pays-de-gex.fr/spip.php?article265

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/albanie/presentation-de-l-albanie/

http://cemoti.revues.org/621