La Belgique : Etat en sursis ?

Quelles sont les conséquences des élections municipales du 14 octobre 2012 pour l’avenir de la Belgique ?

 

I. La formation et le fonctionnement de la Belgique

A. Historiquement

 – Charles Quint, et ses prédécesseurs les ducs de bourgognes, a unifié 17 provinces (Belgique, pays bas, nord pas de calais, un bout d’Allemagne). Il dirige la Belgique depuis son Palais à Bruxelles. Son fils, Philippe II roi d’Espagne, a pour héritage le royaume mais, lui, le dirige depuis l’Espagne.

– Sous le règne de Philippe II, une révolution éclate et le nord des 17 provinces devient indépendant (les Pays bas). Le sud (Belgique) retombe sous l’autorité espagnole.

– La Belgique est ensuite annexée par la France républicaine puis impériale.

– A la chute de l’empire Français, la Belgique se rattache à nouveaux aux Pays bas.

– C’est seulement en 1830 que la Belgique devient enfin indépendante.

– On voit donc à travers son histoire que le sort de la Belgique a été très indécis. Elle a été Espagnole, Française, Néerlandaise et Allemande. L’influence de ces différents pays se ressent encore aujourd’hui :

– Le Nord de la Belgique, La Flandre, est emprunt d’une culture germanique (langue officielle flamandes est le Néerlandais)

– Le sud de la Belgique, la Wallonie, est francophone.

 

B. Un État Fédéral unique au monde

 

A cause de ces différences culturelles et linguistiques, le pays s’oriente progressivement vers un État fédéral à partir de 1970 (aujourd’hui une monarchie parlementaire fédérale) ce qui aboutira à la création de six entités fédérées :

– Trois communautés (flamande, française et germanophone). Ces institutions ont autorité sur les membres de celle-ci. Exemple : la communauté flamande a autorité sur tout les flamands.

– Trois régions (Flamande, Wallonne et Bruxelles-Capitale). Ces institutions sont compétentes sur leur territoire.

Une des difficultés majeures de cette construction institutionnelle est le chevauchement de Communauté et Région :

– Les communautés flamandes et françaises ont des compétences sur le sol de la Région Bruxelles-Capitale (puisque des flamands et des francophones y vivent) alors que la région est elle-même compétente sur son territoire.

– Certaines communes situées en Région flamande sont habitées majoritairement par des francophones ce qui donne autorité à la communauté Française alors que le territoire est sous l’autorité Flamande.

Pour brouiller encore plus les cartes, les Flamands ont décidé de fusionner ses institutions régionales et communautaires ce qui permet de dire d’un bruxellois qui parle Néerlandais qu’il est flamands (juste parce qu’il parle Néerlandais).

 

C. Le casse-tête Bruxellois

 

C’est un système unique au monde qui est source de problème. S’ajoute à cela, le casse tête Bruxellois :

– Bruxelles n’est pas que la capitale du pays, elle est aussi une Région. Elle est la capitale d’un État fédéral dont elle est aussi une entité fédérée. Bruxelles doit donc agir en tant que région mais aussi en tant que capitale fédératrice (rôle contradictoire).

– La Flandres, qui ne reconnait pas la Région de Bruxelles-capitale comme une région, a nommé Bruxelles comme sa capital (alors qu’elle n’est pas sur son territoire), ce qui engendre des tensions entre Etat fédéral et région fédérée.

 

II. Les élections municipales du 14 octobre 2012

A. Les résultats

 

Les indépendantistes du Parti Nouvelle Alliance Flamande (N-VA), ont confirmé leur poussée électorale aux élections municipales du 14 octobre. En effet, dans le nord de la Belgique, à Anvers, le chef du N-VA Bart De Wever remporte une large victoire face à la municipalité socialiste sortante, de Patrick Janssens. Le N-VA est né de la dislocation du parti indépendantiste Volksunie en 2001, il est à droite de l’échiquier politique Belge. Le véritable début de ascension du N-VA remonte à 2010 où le parti devient le mieux représenté à la chambre des représentants de Belgique (leur équivalent de l’assemblée nationale) où ils possèdent 18% des sièges.

Fort de son avantage, le leader flamand a immédiatement lancé un appel à la négociation sur la création d’un état confédéral. “Les Flamands doivent pouvoir gérer (la Flandre) comme ils l’entendent. Je fais un appel à Elio Di Rupo et aux politiciens francophones: prenez vos responsabilités et préparez avec nous la réforme confédérale”, a lancé M. De Wever à ses partisans.

Appel sans suite : le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a récusé fermement toute interprétation nationale de ces élections, rejetant l’appel du séparatiste.

Le N-VA a réussi à siphonner les voix du Parti Vlaams Belang (VB) d’extrême droite, miné par les querelles intestines, le faisant chuter à 10 % contre plus de 33 % en 2006.

Le succès de M. De Wever à Anvers est amplifié par la percée de son parti dans l’ensemble de la Flandre, avec des scores entre 20 et 30%, signe d’un enracinement local de bon augure pour la N-VA dans la perspective des élections législatives en 2014.

En Wallonie, la région francophone du sud du pays, le Parti socialiste garde sa prééminence. Le parti socialiste belge est majoritaire en Wallonie depuis plus de 50 ans. Il conserve notamment les villes de Charleroi et de Liège.


 B. La presse

« Un énorme triomphe » selon Les dernières nouvelles du jour – Het Laaste Nieuws
“Un dimanche jaune noir” les couleurs de la NVA, pour De Mogen, qui met en première page les larmes de joie de Bart De Wever

Nous avons sélectionné ces premières pages de journaux belges, l’un francophone et l’autre écrit en néerlandais.

On remarque bien évidement que les journaux écrit en néerlandais et donc principalement à destination des flamands sont plutôt extatique sur la victoire des séparatistes. Ils accordent à Bart De Wever une image de héro victorieux.

Au contraire les journaux francophones font part de la peur que leur inspire la poussée du nationalisme flamand. Et également la peur que cela se poursuive jusqu’au législatives, où une poussée du séparatisme menacerait l’équilibre du pays. Certains journaux pratiquent la politique de l’autruche puisqu’ils ont choisi d’accorder leur une à un fait politique de moindre importance.

La presse est globalement séparée en deux, et le point important est que le clivage est plus géographique que politique. Ce n’est pas la même situation qu’en France où les journaux sont souvent séparés par une ligne éditorialiste orienté vers l’un ou l’autre des partis. En Belgique on a de plus en plus un clivage nord sud, entre Wallon et Flamands, inquiétant pour la pérennité de la Belgique telle que nous la connaissons.

 

III. Les raisons de la montée indépendantiste

 

– Incidents à Borgerhout : symbole des tensions entre idéologies flamandes et wallonnes

– Remise en cause de la politique actuelle socialiste menée par Elio Di Rupo par la N-VA

– Pays divisé en 2 : Nord avec les Flamands (droite séparatiste) VS Sud avec les Wallons (gauche sociale)

– Mouvement mené par Bart De Wever (N-VA) : Etat confédéral =>  pouvoir régional => indépendance Flamande => disparition de la Belgique

– Revendications flamandes : fin de la solidarité entre le nord néerlandais et le sud francophone, moins riche et affecté par deux fois plus de chômage, en termes de retraite et de système de santé

– Problème politique : « la Flandre est soumise aux diktats des Wallons socialistes mais les flamands dominent la Belgique économiquement et politiquement depuis 30 ans ».

 

IV. Quel avenir pour la Belgique ?

 

Quelles conséquences sur la coalition gouvernementale ?

– Implantation locale plus marqué du N-VA

– Autres partis flamands de la coalition gouvernementale avec davantage de pression

 

La région flamande gagnerait – elle vraiment à une séparation ?

– Problème de Bruxelles

– Intérêts contradictoires du point de vue économique

– L’étiquette Flandre moins vendeuse que l’étiquette Belgique

 

Quels problèmes se posent en cas de scission ?

– Problème de l’adhésion à l’UE

– Héritage de la Belgique en sursis

– Partage du patrimoine et des dettes

 

Une Wallonie française ?

– Intéressant pour la France d’avoir un poids plus conséquent dans l’UE mais aussi problème de la dette et du chômage

 

Bruxelles, ciment de la Belgique ?

– Bruxelles comme intérêt commun : 3ème région la plus riche d’Europe, ville siège de plus de 120 organismes internationaux, haut lieu de la diplomatie internationale

Quel avenir pour la monarchie ?

– Monarchie : seul point commun des deux régions

– Affaiblissement en cas de scission

 

Quid de la population belge ?

– Volonté d’une séparation pacifiste

– Souvenir des revendications corses, catalans, basques

 

Le cas Belge à l’encontre des valeurs de l’UE ?

– Pays fondateur qui subit des revendications séparatistes, contraires aux volontés unitaires de l’UE

 

Rôle de l’UE en cas de scission de la Belgique ?

– Rôle économique : lobbying pour ne pas affaiblir l’Euro

– Rôle culturel : promouvoir les deux régions Wallonie et Flandre

 

Bruxelles comme avancée de la construction européenne ?

– Bruxelles comme ville internationale ?

– Idée d’un statut unique, d’une capitale de l’UE

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