La géopolitique des Seychelles

Les Seychelles

Surtout réputé pour son climat tropical, cet archipel présente de nombreux attraits pour les touristes en quête de sable blanc et mer turquoise. Cependant, les Seychelles ne sont pas seulement un petit paradis sur terre, c’est également un lieu chargé d’histoire et de culture. La population actuelle des Seychelles est particulièrement intéressante car elle est le fruit d’un subtil mélange de plusieurs cultures, notamment européennes.

Les Seychelles sont une petite république qui n’a jamais pris une part très importante dans les conflits mondiaux, c’est pourquoi nous avons choisi de considérer l’histoire géographique, culturelle et politique des Seychelles dans son intégralité. Nous avons donc abouti à la problématique suivante:

Est ce que l’histoire géographique et politique des Seychelles a forgé sa culture telle que nous la connaissons aujourd’hui ?

Le contexte géopolitique des Seychelles est assez simple : la république est membre de l’ONU depuis 1976, et elle est également membre de l’union interparlementaire, où elle fait partie du Groupe Africain, qui compte 46 membres. (L’union interparlementaire est une organisation internationale qui a pour but de fédérer les différents parlements du monde afin d’essayer de produire une politique parlementaire cohérente).
En dehors de ça, les quelques 115 îles qui composent l’archipel tentent de vivre au maximum en autarcie. La république exporte quelques produits locaux, mais le secteur du tourisme est le premier secteur qui alimente l’économie Seychelloise.
Donc, plutôt que de nous focaliser sur un épisode politique en particulier, nous avons appréhendé l’histoire géographique et politique des Seychelles dans son intégralité.

C’est un archipel de 115 îles, soit environ 444km² répartis dans 388500km² d’océan indien, au nord est de Madagascar. Pays intéressant car ces  îles qui composent l’archipel diffèrent beaucoup de par leur forme, leur superficie, leur relief, mais également leur histoire et leur origine.

D’un point de vue géographique, on peut diviser l’archipel en 2 : îles granitiques et îles coralliennes. Les deux types de sols apportant chacun des caractéristiques qui, nous allons le voir, conditionnent la façon de vivre et de construire aux Seychelles.

Revenons donc à notre problématique, et cherchons à savoir si l’histoire géographie et politique des Seychelles peut expliquer la culture qu’on y trouve aujourd’hui. Dans un premier temps, nous verrons comment s’expliquent la faune, la flore et la démographie des Seychelles. Ensuite, nous plongerons au cœur de la culture Seychelloise, en lien avec son histoire politique. Et enfin, nous verrons que tous ces paramètres historiques ont abouti, au XXème siècle, sur une politique qui est toujours en vigueur dans l’archipel.

Comme évoqué dans l’introduction, les îles qui composent l’archipel des Seychelles sont de deux natures géologiques distinctes : certaines sont granitiques, avec un sol dur (c’est le cas des îles Mahé et Praslin, les deux îles principales de l’archipel). Ces sols durs permettent la disponibilité de ressources nécessaires aux cultures qui font vivre les peuples. C’est donc ici que vit la majorité des habitants de l’archipel. Sachant qu’environ 90.000 seychellois vivent sur l’archipel toute l’année, et qu’environ 200.000 touristes visitent l’île chaque année.

L’autre type d’îles, les îles coralliennes, sont celles qui attirent les touristes ; car moins propices à l’établissement sédentaire des hommes, elles sont restées plutôt vierges et accueillent une faune et une flore très développées, celles que l’on connait par le biais des cartes postales et photos paradisiaques.

La faune et la flore des Seychelles ne sont pas directement liées à l’histoire de l’archipel, mais plutôt à sa géographie. La proximité avec l’équateur et la chaleur lourde permettent de trouver aux Seychelles des cocotiers, manguiers, palmiers et avocatiers, sur les îles coralliennes.
Ces îles coralliennes font l’objet de mesures de protection importantes de la part du gouvernement Seychellois, car elles ont été agressées par les différentes vagues de colonisation successives, français au XVIIIème siècle et les anglais au XIXème siècle, ainsi que par les premiers explorateurs, arabes du VIè au VIIIème siècle, portugais au XVIème siècle et premiers anglais de la compagnie des Indes au XVIIème. Ces différents visiteurs n’ont fait que découvrir l’île et emporter avec eux quelques richesses et produits locaux, comme la canne à sucre, le tabac et les épices dans le but de commercer ces produits avec le reste du monde, mais les premières occupations coloniales de l’île seront françaises, au XVIIIème siècle.
Sur les îles granitiques, qui sont plutôt montagneuses aux reliefs importants, on trouve une végétation plus dense composée d’arbres principalement.

On peut se pencher un peu plus particulièrement sur une curiosité originaire des Seychelles, et que l’on ne trouve que là bas : le cocotier de mer. Ce fruit, considéré comme le plus gros fruit du monde, ne pousse que sur les îles de Praslin et Curieuse. Cette grosse noix à la forme assez équivoque, également appelé “coco fesse”, a été beaucoup exporté par les colons français au XVIIIème siècle, ce qui en fait aujourd’hui un produit très rare, soumis à une stricte réglementation, dans une volonté nationale de préservation des ressources naturelles. Les propriétaires de ces drôles de cocotiers doivent faire une déclaration de propriété au ministère de l’agriculture, et obtiennent en échange un certificat d’authenticité, pour pouvoir sortir le cocotier ou ses noix de l’archipel. Chaque cocotier a également une marque d’identification.
Symbole de l’archipel Seychellois, le cocotier de mer fait également partie de la culture de l’île car il est représenté sur les pièces seychelloises de 5 roupies.

La faune est également liée à la géographie, avec notamment des tortues, des poissons et des oiseaux. Aucune espèce animale n’a été introduite par les colons français ou  anglais.

Les seuls oiseaux qui ne sont pas “purement seychellois” sont les grands oiseaux migrateurs, de passage sur l’île à la saison hivernale.

Bien entendu, le climat est tropical, avec plusieurs saisons, notamment une saison de mousson extrêmement propice au développement de l’abondante flore. La température y est clémente tout au long de l’année, descendant rarement en dessous des 25°C.

CCL PARTIE 1 : On peut effectivement établir un parallèle entre la faune, la flore et la démographie des Seychelles d’un côté, et la géographie de l’île de l’autre. Le sol, la composition de l’archipel et son climat conditionnent bien la façon dont les îles sont peuplées, par les humains ou par les animaux.

1) L’origine du peuple seychellois

Le peuple Seychellois a une particularité, à la différence de certaines autres populations insulaires : à l’arrivée des premiers colons français en 1768 sur l’île de Praslin, il n’y avait aucune population autochtone sur place. Les colons sont venus avec des esclaves originaires d’Afrique noire.

A la fin du 18ème, en écho à la Révolution Française, d’autres français arrivent sur l’île et tentent de renverser le système mis en place par les colons.
Au début du siècle suivant, les anglais prennent possession de l’archipel, qui devient partie du Commonwealth, mais la gouvernance est laissée aux Français vivant sur place, notamment Jean-Baptiste Quéau de Quinssy, administrateur colonial, qui restera à la tête des Seychelles jusqu’à sa mort en 1827.
Le peuple s’enrichit donc de différentes origines européennes. La population Seychelloise actuelle est le fruit d’un mélange entre colons européens, anciens esclaves d’Afrique noire, et immigration depuis Madagascar et l’île Maurice, donc une peau basanée, et les traits typiques des malgaches.
Les évènements politiques depuis la découverte des Seychelles ont donc bien abouti au peuple tel qu’il est aujourd’hui.

2) Mode de vie courante

Trois langues sont utilisées dans la vie courante des Seychellois :
– le créole seychellois est la langue maternelle de 95% de la population de l’archipel. Cette langue trouve son origine dans le créole mascarin (tronc commun du créole que l’on trouve dans le sud-ouest de l’océan indien) et dans le créole mauricien, et a une base lexicale française. L’utilisation de cette langue prouve bien l’immigration des mauriciens notamment. Ce créole a été déclaré langue officielle en 1981.

– les anglais ayant colonisé l’archipel des Seychelles pendant plus d’un siècle et demi, on retrouve naturellement la langue anglaise, qui sert aujourd’hui principalement dans l’administration, dans les affaires et dans l’éducation. L’influence anglaise se retrouve aussi sur la route, où les seychellois roulent à gauche.

– les français ayant également été colons aux Seychelles, le français, en plus d’avoir inspiré le créole local, est utilisé dans la presse, l’affichage commercial et la pratique religieuse.
Cette pluralité linguistique trouve bien son origine dans l’histoire géopolitique de l’archipel.

La monnaie utilisée aux Seychelles est la roupie Seychelloise, monnaie utilisée localement au taux suivant : 1€ = 16,80 SCR. Etant donné que l’économie Seychelloise est nourrie à 90% par le secteur du tourisme, l’euro est également une monnaie très fréquemment utilisée dans l’archipel.
Lors de l’occupation des Français au 18ème siècle, la roupie mauricienne a été instaurée aux Seychelles. En 1914 arrive la roupie seychelloise, alors que l’archipel est toujours sous domination anglaise. C’est pourquoi les inscriptions sur les pièces et les billets sont toujours en anglais.

Le système scolaire seychellois est particulier, notamment à cause de la petite population qui habite l’archipel. 60 écoles suffisent à scolariser 95% de la population. Les cours sont donnés en anglais et en créole, ce qui constitue encore une particularité de l’achipel.

Enfin, la religion est très importante dans l’archipel des Seychelles. 90% de la population est catholique, et quelques musulmans venus d’Inde viennent compléter ce melting pot religieux.
La pratique catholique seychelloise vient de l’occupation française, et est devenue monnaie courante au milieu du XIXème.
D’ailleurs, pendant l’occupation anglaise au XIXème siècle, les anglais tentent d’imposer leur culture et leur religion au peuple, mais renoncent car les seychellois sont, selon le gouvernement anglais, “français de comportement et catholiques de religion”. C’est pourquoi, encore actuellement, les offices religieux sont donnés en français.

3) Les traditions

Les coutumes seychelloises sont un mélange des traditions insulaires principalement inspirées des coutumes insulaires voisines, à l’île Maurice ou à Madagascar, notamment le mariage, qui est une fête très animée et colorée où danse et musique sont à l’honneur.
Les fêtes religieuses sont les mêmes qu’en France.

4) La gastronomie

Les produits utilisés dans la cuisine seychelloise sont des produits locaux, car l’archipel ne fait que très peu d’importations et d’exportations.
Le café apporté par les colons français au XVIIIème siècle est resté une boisson très appréciée et très consommée, les seychellois boivent également beaucoup de thé, produit sur place, et de l’eau et du lait de coco. La nourriture est assez épicée, comme fréquemment dans les îles, et on mange également beaucoup de poisson et de fruits, car ce sont les produits les plus fréquemment cultivés sur l’île. La façon de se nourrir des seychellois n’est donc aucunement liée à l’histoire politique de l’île, mais plutôt à la géographie et à la disposition de l’archipel.

CCL PARTIE 2 : L’art de vivre seychellois est sans conteste empreint de l’histoire du pays. Ce sont notamment les épisodes colonialistes, français puis anglais, qui sont responsables du système éducatif, des langues utilisées, de la monnaie échangée, et de la pratique religieuse omniprésente. La particularité de toute cette manière de vivre est notamment sa pluralité, les seychellois ne vivent ni comme des anglais, ni comme des français, ni même comme des mauriciens ou des malgaches, mais ils ont leur art de vivre bien à eux, qui est le fruit d’un mélange de toutes ces cultures, qui tour à tour ou simultanément, ont laissé leur marque sur le pays. Cette partie apporte une réponse positive à la question posée dans la problématique, oui, l’histoire politique et géographique des Seychelles a forgé la culture complexe et plurielle qu’on y trouve aujourd’hui.

Après les occupations coloniales successives des français et des anglais, le XXème siècle voit apparaitre l’indépendance progressive aux Seychelles.
En 1903, un conseil législatif est créé, ce ne sont plus les anglais qui instaurent leurs règles. En 1914, l’indépendance est encore un peu plus proche, puisque les Seychelles se dotent de leur propre monnaie, la roupie seychelloise.
La période d’après guerre est une période de faste et de prospérité : de plus en plus de routes voient le jour aux Seychelles, développant ainsi les moyens de transport, l’enseignement, les soins médicaux et l’agriculture se mettent également au goût du jour.

En 1948, c’est l’arrivée d’un tout nouveau système électoral multipartiste :
– le SPUP est un parti socialiste, un mouvement de libération nationale et indépendantiste, mené par des Français.
– Le SDP, parti à tendance conservatrice, mené par des Anglais.
– Le Parti Seychellois, composé par la bourgeoisie locale, parti symbolique qui n’a pas une grande importance et n’aura d’ailleurs que très peu de succès aux élections qui suivent sa créations.

En 1970, c’est l’autonomie interne. Le SDP gagne les élections et le dirigeant du parti devient 1er ministre, les Seychelles faisant toujours partie du royaume du Commonwealth, sous la couronne britannique.

Cette situation perdure jusqu’en 1976, date de l’indépendance, et fin de l’occupation anglaise. Les Seychelles deviennent une république, et entrent par la même occasion dans l’ONU. Le 1er ministre James Mancham devient président, et le français France Albert René, président du parti SPUP, devient 1er ministre. Mais ce dernier fait un coup d’état en 1977, prenant le pouvoir des mains de Mancham, et restera président durant 27 ans, dans une politique à tendance marxiste.

En 1979, une constitution est rédigée, elle proclame les Seychelles république socialiste souveraine à parti unique, le SPPF est donc ce parti unique, qui remplace le SPUP.

Les Seychelles, ce sont des paysages paradisiaques et une destination touristique prisée, mais pas seulement.
Les Seychelles sont un des pays au mélange de cultures des plus saisissants. Certains éléments reflètent l’histoire des Seychelles : c’est le cas de l’origine du peuple, subtil mélange de racines européennes, africaines, malgaches, mauriciennes, et même asiatiques et indiennes.
C’est le cas également de la majorité du mode de vie des Seychellois : les langues utilisées, la pratique religieuse, le système éducatif. Rien de tout ceci ne serait ainsi si l’histoire des Seychelles avait été différente. Dans chaque rubrique, on retrouve des traits français, anglais, malgaches…

D’autres éléments sont ainsi à cause non pas de l’histoire politique, mais de la géographie de l’archipel : c’est le cas de la démographie, de la faune et de la flore notamment. Si 90% des habitants sont centrés sur 3 îles uniquement, sur la centaine que compte l’archipel, c’est pour une raison bien précise : la nature des sols rend la vie plus difficile sur les îles coralliennes.
C’est grâce à cette répartition démographique que les paysages des îles coralliennes, très peu peuplées, restent intacts…

Mais en faisant ce tour de la culture et du mode de vie aux Seychelles, nous avons aussi pu constater que certains éléments ne peuvent pas s’expliquer par la géopolitique. C’est le cas notamment des traditions, car le peuple seychellois, malgré ses origines diversifiées, a su se construire une identité propre, développer des coutumes purement locales, que ni l’histoire, ni la géographie, ni la politique ne peuvent expliquer.
Et c’est là tout l’intérêt de découvrir une culture en profondeur : on se rend compte que si la culture Seychelloise est ce qu’elle est actuellement, c’est grâce aux premiers explorateurs, arabes, portugais, puis anglais, aux pirates, aux colons français, aux révolutionnaires français, aux colons anglais, aux insulaires voisins, aux mauriciens, aux malgaches, aux indiens, et finalement au peuple Seychellois lui-même.

SOURCES : www.seychellesconnect.com, www.tropiques.org, www.monde-diplomatique.fr, www.uno.com, www.lesechos.fr, www.ipu.org, www.universalis.fr, www.routard.com.