SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. La Russie…
1…. et son histoire
2…. et l’héritage de son orthodoxie
3…. et sa politique (les acteurs)
PROBLÉMATIQUE
II. L’impact de l’Église orthodoxe dans la politique
1. Constat
2. Des enjeux distincts, mais indissociables
A. Du côté de l’Église
B. Du côté de l’État russe
3. L’influence de l’Église orthodoxe russe dans la politique internationale de Poutine
4. Les raisons de la place de l’orthodoxie dans la politique russe
5. Une étude de cas : La Crimée
A. Contexte et cadre
B. Des motivations religieuses
C. Notre avis
VIDÉO
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
La population de la Russie atteint presque 148 millions d’habitants. Sa capitale est Moscou qui compte à elle seule 11,5 millions d’habitants. La Russie est une fédération de 89 sujets (régions). Chaque sujet de la Fédération possède sa propre Constitution (Statuts), ses propres systèmes de pouvoirs législatifs et exécutifs.
La surface totale du pays dépasse 17 millions km2 ce qui représente l/8me de la terre ferme du Globe. Pour traverser le pays de l’ouest à l’est, il faut plus de dix heures de vol en avion. En voyageant notamment de Moscou jusqu’à Kamchatsky, on suit le changement successif de 9 fuseaux horaires.
Au niveau du littoral, il y a l’Océan Arctique au nord de la Russie, l’océan Pacifique à l’Est ou encore la mer Noire ou la mer Caspienne à l’Ouest.
La Russie dispose de ressources minières (houille, fer, nickel, diamant…) et de ressources énergétiques abondantes (pétrole, gaz naturel…) qui en font l’un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux.
La Russie compte près de 80 % de chrétiens orthodoxes, 7 % de musulmans, 1,5 % de chrétiens protestants, 1,5 % de chrétiens catholiques et moins de 0,1 % de bouddhistes et de juifs.
La monnaie est le rouble.
Le président actuel est Vladimir Poutine et le Premier ministre Dmitri Medvedev.
I. La Russie…
1. … et son histoire
1721 : L’empire de Russie : C’est l’époque de grandes conquêtes : La Géorgie, la partie orientale de la principauté de Moldavie, l’Arménie, le Daghestan et une partie de l’Azerbaïdjan. Le déclin de l’Empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances européennes, est à l’origine d’un conflit entre la Russie et les autres puissances européennes, notamment avec la Crimée.
1856 : L’empire russe perd la Crimée à Sébastopol contre les Anglais et perd donc ses droits de passage entre la mer Noire et la Méditerranée. En réalité, la Crimée reste sous le contrôle de la Russie.
1914 : 1re Guerre mondiale : La Russie entre en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie pour venir en aide à la Serbie, son alliée. À l’issu de cette guerre, la paix est signée à Brest-Litovsk avec les Allemands au prix d’énormes concessions territoriales : La Russie perd notamment l’Ukraine, la Crimée et la Biélorussie.
1918 – 1921 : Durant ces 4 années de guerre civile russe, l’Armée rouge reprend l’Ukraine, la Crimée et la Biélorussie.
1928 – 1941 : L’URSS de Staline.
1941 : L’URSS entre dans la Seconde Guerre mondiale contre l’Allemagne nazie.
1947 à 1989 : La guerre froide entre les deux superpuissances que furent les États-Unis et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
1954 : Nikita Krouchtchev, alors président de l’URSS et lui-même d’origine ukrainienne « offre » en cadeau la péninsule de Crimée à l’Ukraine à l’occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l’Ukraine.
1989 : Fin du communisme en URSS et dans les démocraties populaires satellites.
1991 : Année marquée par la dissolution de l’URSS et par l’indépendance de l’Ukraine et de la Crimée.
27 décembre 1992 : Création de la Fédération de Russie
26 mars 2000 : Élection à la présidence de Vladimir Poutine.
2008 : Election de Dmitri Medvedev.
2012 : Vladimir Poutine revient au pouvoir.
2. La Russie et l’héritage de son orthodoxie
Le schisme de 1054 a séparé l’Église dite « orthodoxe » de l’Église dite « catholique ». Plusieurs querelles théologiques les séparent. Les Églises orthodoxes représentent dans le monde la troisième plus grande confession chrétienne en nombre de fidèles après l’Église catholique et les dénominations protestantes. Elles sont principalement présentes dans l’antique zone de culture grecque, c’est-à-dire dans la zone orientale du bassin de la Méditerranée (Grèce, Turquie, Syrie, Liban, Israël, Palestine, Égypte, Arménie, Géorgie), et dans les zones de peuplement slave (Russie, Ukraine, Biélorussie, Bulgarie, Serbie, Monténégro, République de Macédoine) ainsi qu’en Roumanie et Moldavie.
Ces églises orthodoxes considèrent ne former qu’un seul corps dont le chef n’est autre que le Christ lui-même, et c’est la communion de leur foi qui rend inutile une administration commune. Il n’y a donc pas un chef terrestre absolu comme le Pape et une administration centralisée comme le Vatican.
Il existe une territorialité des églises. Un évêque est en charge d’un territoire défini où se trouvent plusieurs églises locales. Il s’occupe alors de l’organisation de celles-ci en répartissant les prêtres au sein des différentes églises du territoire.
On appelle « patriarches » ou « archevêques » les évêques des villes les plus importantes. Ils jouent au plan local un rôle de coordination et d’arbitrage parmi les autres évêques.
Nous citerons comme exemple l’archevêque de Constantinople, l’archevêque d’Athènes, le patriarche de Bucarest (Roumanie) ou encore Kirill, patriarche de Moscou et de Russie (ci-dessus).
Historiquement et contrairement au catholicisme, l’orthodoxie est une religion qui intervient souvent dans la politique des pays.
En ce qui concerne l’Église orthodoxe en Russie :
Pendant plus de 70 ans, les autorités politiques de l’URSS ont tenté d’éradiquer la foi orthodoxe, tenue pour responsable de l’aliénation des masses et coupable d’avoir soutenu, durant des siècles, l’empire tsariste. Dans les années suivant la Révolution russe de février 1917 et le coup d’état bolchevik d’octobre, le pouvoir adopte une position clairement anticléricale. On brûle alors des églises et des reliques. Officiellement pour lutter contre la Grande Famine, la saisie des biens de l’Église est ordonnée en 1934.
En 1941, la politique soviétique vis-à-vis de la religion orthodoxe change (avant 1941, vision politique anticléricale) : pour souder la population autour du régime, il ne s’agit plus de persécuter, mais d’instrumentaliser l’Église. Celle-ci connaît un nouveau départ avec l’élection d’un nouveau patriarche. Staline s’adresse aux citoyens via la radio, en utilisant non plus le terme de « camarades », mais celui de « frères ».
Près de vingt ans après la chute du régime soviétique, qui rétablit une totale liberté de culte, des milliers d’églises ont été construites ou reconstruites et de nombreux citoyens des pays ex-communistes (tel que l’Ukraine) retournent à la religion.
Le mardi 30 novembre 2010, le président Dmitri Medvedev annonce avoir signé la loi sur la restitution des biens de l’Église. La loi prévoit de rendre à l’Église orthodoxe de nombreux monastères et églises souvent transformées en musées. Ce transfert concerne 6 584 sites religieux.
3. La Russie et sa politique
La Constitution de 1993 définit la Russie comme une République fédérale.
Le président de la Russie, chef de l’État, est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois.
Ce dernier est Vladimir Poutine (élu le 4 mars 2012). Il était, par ailleurs, déjà au pouvoir de 1999 à 2008.
Le pouvoir exécutif est exercé par le chef du gouvernement.
Le pouvoir législatif est détenu quant à lui, par les deux chambres de l’assemblée fédérale russe composée du :
- Conseil de la Fédération : formé de 166 représentants des sujets (régions) appelés souvent « sénateurs ». Ce Conseil est présidé par Valentina Matvienko (depuis septembre 2011).
- DOUMA ou, plus précisément, DOUMA D’ÉTAT : formée de 450 députés élus pour quatre ans. Celle-ci est présidée par Sergueï Narychkine (depuis 2011).
Les principaux partis sont le parti du président Poutine, Russie unie (238 sièges à la Douma aux élections de 2011), le Parti communiste de la Fédération de Russie (92 sièges), Russie juste (64 sièges), et le LDPR (= Parti libéral-démocrate de Russie ; 56 sièges).
Il n’y a pas de partis chrétiens, mais l’orthodoxie est un facteur non dérisoire de la vie politique. Vladimir Poutine intègre désormais la religion dans sa politique.
Dès lors, la problématique suivante se pose légitimement : en quoi l’Église orthodoxe est-elle impliquée dans la politique russe ?
II. L’impact de l’Église orthodoxe dans la politique
1. Constat
Les relations entre l’Eglise et l’État russe sont bonnes, à tel point que, quand le patriarche Kirill a prononcé son discours d’intronisation (en 2009), il a utilisé la même expression que Vladimir Poutine, en déclarant qu’il était nécessaire de préserver la « verticale du pouvoir ecclésiastique ». Poutine, lui, parlait de « verticale du pouvoir politique ». L’utilisation du langage du président russe par le patriarche orthodoxe est assez significative ici, de leur entente.
De plus, tous les observateurs de la Russie actuelle reconnaissent que la religion y apparaît omniprésente : partout dans le pays, on rebâtit, on restaure, on remet en service des lieux de culte. Les églises ne désemplissent pas, et l’on constate un nombre impressionnant de retour à la foi et de baptêmes notamment, dont ceux de responsables politiques de premier plan. Les médias, enfin, accordent aux questions religieuses une attention soutenue, tandis que les évêques et les prêtres occupent une place importante dans les débats de société.
On assiste depuis peu à une renaissance de la religion orthodoxe après 70 ans de répression communiste. L’Église orthodoxe est la deuxième institution à laquelle les Russes font confiance, après le Président, et avant les médias, l’armée, la police, ou encore le gouvernement.
On constate aussi un changement d’attitude des autorités à l’égard de la religion à partir de 1987, soit deux ans après l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev et le lancement du programme de réformes appelé « ’perestroïka « ’. Du point de vue interne, il n’était plus possible d’ignorer l’évolution d’une partie de la société qui, abandonnant l’idéologie matérialiste, se tournait de plus en plus vers l’héritage culturel et les valeurs spirituelles. De ce fait, l’Église orthodoxe apparaît objectivement comme l’une des institutions publiques les plus crédibles de la Russie contemporaine. Elle est ainsi devenue la source d’inspiration de toute sorte de formations, d’associations socioprofessionnelles, de mouvements ou de partis politiques (comme dit précédemment), qui se donnent pour objectif de “rénover” la société russe en lui redonnant un fondement religieux.
Il faut dire que la Russie, qui souffre aujourd’hui non seulement d’une crise économique et sociale, mais encore d’un profond vide identitaire, cherche des repères pour se redéfinir et retrouver une signification à son histoire. Dans ce contexte, la religion chrétienne orthodoxe est perçue à la fois comme un élément de cohésion sociale, un facteur de spécificité culturelle, un instrument de recomposition géopolitique et même une source de valeurs morales : au moment de la perestroïka, le religieux était déjà devenu l’un des moteurs de la transformation politique du pays puisqu’il était déjà utilisé par les autorités politiques comme le vecteur d’un renouvellement moral de la société. Par le religieux, la Russie faisait peau neuve. La religion était alors non seulement synonyme d’éthique, mais aussi de liberté individuelle.
Aujourd’hui, c’est à nouveau en inscrivant la morale au cœur du politique que Vladimir Poutine entretient des relations avec l’Église.
2. Des enjeux distincts, mais indissociables
L’Église et l’État vont reconnaitre mutuellement leur institution indépendante. L’approche “officielle” consiste à envisager les relations entre l’Église et l’État sur un modèle de coopération et de synergie.
On peut soulever une réelle convergence de deux intérêts.
A. Du côté de l’Église orthodoxe russe
La première ambition de l’Église orthodoxe russe est d’être le leader spirituel de toute l’émigration russe, laquelle devient de plus en plus importante.
Sa deuxième ambition est de devenir la plus influente Église orthodoxe du monde. Elle l’est numériquement, mais, dans l’ordre de préséance ecclésiastique (ordre de priorité ecclésiastique), elle n’est aujourd’hui que la sixième Église orthodoxe du monde (derrière notamment l’Église orthodoxe de Constantinople classé numéro 1 et l’Église orthodoxe d’Alexandrie que l’on retrouve en seconde position). Elle veut s’affirmer comme la plus importante d’entre elles, en soutenant les Églises de taille plus modeste.
B. Du côté de l’État russe
Depuis le début des années 1990, tous les observateurs politiques s’accordent sur le constat suivant : après le démantèlement de l’URSS, la Russie n’a pas su élaborer une vision claire de sa nouvelle identité. Les citoyens éprouvent encore des difficultés à intégrer le fait que la Russie soit un État, et non plus un empire. On retrouve cette même réticence dans la vision véhiculée par l’élite au pouvoir, une vision appelée “idée nationale”.
Une partie de la stratégie de Poutine consiste aussi à s’appuyer sur l’Église orthodoxe, avec sa philosophie conservatrice. C’est notamment l’organisation disposant du plus grand réseau social dans la Russie moderne comme nous l’avons vu plus tôt.
Enfin, un des grands enjeux pour l’Église orthodoxe russe est le maintien de son influence sur l’Église ukrainienne. En effet, compte tenu du nombre de paroisses ukrainiennes (presque aussi nombreuses que les paroisses russes, sur un territoire beaucoup plus restreint), si la Russie perdait l’Ukraine, elle perdrait beaucoup de son poids.
3. L’influence de l’Église orthodoxe russe dans la politique internationale de Poutine
Dans le domaine international, l’Église défend un modèle de cohabitation et de dialogue des civilisations. Elle fait aussi écho à la politique extérieure défendue par le pouvoir. Elle l’aide notamment à renforcer ses liens avec la diaspora russe en établissant des contacts avec la communauté russe dans le monde. Le patriarche Kirill avait en effet, considéré la disparition de l’URSS comme une “catastrophe” et il attache une importance toute particulière à la défense de la “Sainte Russie” et du territoire canonique de l’Église dans l’étranger proche.
Jean François Colosimo, philosophe et théologien orthodoxe, dit notamment “qu’en imposant l’Église russe comme le premier interlocuteur orthodoxe dans le monde, Moscou met symboliquement l’accent sur le caractère central de la Russie.”
De plus, Poutine se positionne comme le défenseur des chrétiens, c’est même le fondement de sa politique extérieure. Il apporte par exemple un intérêt particulier à la Syrie, en soutenant le régime de Bachar Al Assad, le pays où vit la plus grande communauté d’orthodoxes en Orient.
Il se définit également comme le gardien des valeurs chrétiennes en Russie : il condamne notamment les dérives européennes : il a moqué, par exemple, la volonté des États européens de libéraliser le mariage homosexuel.
Pour finir, citons encore Jean-François Colosimo : “L’Église orthodoxe russe représente pour l’État un ciment symbolique et moral à l’intérieur et une puissance de promotion irremplaçable à l’extérieur”.
4. Les raisons de la place de l’orthodoxie dans la politique russe
Il convient donc d’étudier maintenant avec attention les raisons pour lesquelles le pouvoir actuel peut souhaiter que les organisations religieuses jouent un rôle particulier dans la formation de l’identité nationale.
La 1re raison tient à la vision romantique, très répandue dans le pays, d’une “renaissance de la Russie”. La référence à l’histoire ancienne est omniprésente, d’autant plus que la période actuelle voit le retour en force d’un conservatisme fièrement revendiqué. Dans la quête actuelle de l’« idée nationale », l’étatisme apparaît comme une valeur extrêmement positive.
La 2de raison réside dans le fait qu’historiquement, l’orthodoxie a souvent permis à la Russie de prendre ses distances avec l’Occident. Le régime actuel veut absolument définir l’unité nationale par opposition à l’Occident.
La 3e raison est la conviction selon laquelle les citoyens russes seraient profondément religieux. Cette conviction se nourrit en partie de la vision historique « romantique » que nous avons évoquée plus haut. Mais elle est aussi confirmée par des sondages, dont il ressort que les Russes font largement confiance à l’Église en tant qu’institution. La « cote de popularité » de l’Église ne cède la place qu’à celle de l’intouchable leader de tous les sondages, à savoir le président Poutine.
Les sociologues des religions soulignent généralement que les personnes se proclamant orthodoxes expriment une religiosité assez confuse. Souvent ces personnes s’avèrent tout simplement non croyantes. Le suivi des rites et des traditions religieuses est très faible en règle générale. Dans la plupart des cas, il conviendrait donc de parler d’identification ethnoculturelle plutôt que d’identification religieuse.
La 4e raison qui explique pourquoi le pouvoir accorde autant d’intérêt à la religion est la foi personnelle de Vladimir Poutine. L’intervention de Poutine dans le processus de réunification entre l’Église orthodoxe de Russie et l’Église de l’étranger, fait que l’on a explicité tout à l’heure, démontre l’intérêt qu’il porte à cette problématique, bien que celle-ci soit strictement cléricale.
La 5e, dernière raison et non la moins importante, est l’inquiétude nourrie par la montée du terrorisme islamiste et, plus globalement, de l’islam radical. Du point de vue du gouvernement actuel, il est nécessaire de conduire une politique dite « thérapeutique ».
5. Une étude de cas : La Crimée
A. Contexte et cadre
Au XVIIIe siècle, l’empire russe s’empare de toute la partie orientale de l’Ukraine, tandis que l’Autriche-Hongrie prend la partie occidentale. C’est le début d’un clivage entre l’ouest et l’est du territoire ukrainien. À la chute de l’empire soviétique, l’Ukraine et la Crimée se proclament toutes deux républiques indépendantes, mais l’Ukraine revendique la possession du territoire de la Crimée.
C’est finalement en 1998 que la Crimée est officiellement reconnue comme une province autonome d’Ukraine à qui il est accordé une certaine autonomie budgétaire et le droit d’instituer sa propre représentation. Par ailleurs, grâce à des accords russo-ukrainiens, la Russie dispose de plusieurs bases militaires en Crimée.
En novembre 2013, Ianoukovitch (président ukrainien pro russe) annonce un rapprochement avec la Russie. À Kiev, puis dans l’Ouest, on assiste à des rassemblements pro-européens. La pression populaire ukrainienne, les condamnations occidentales et les bavures militaires condamnent Ianoukovitch à l’exil le 22 février 2014. Cette destitution entraîne des manifestations prorusses à l’est. Des régions revendiquent ensuite, un rattachement à la Russie. De ce fait, une rébellion armée voit le jour en Crimée.
Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum entrepris par le Parlement de Crimée et conseillé par les autorités russes, la Russie annonce qu’elle « accepte le souhait de la Crimée de rejoindre la Fédération de Russie ». En effet, les habitants de la Crimée ont voté pour leur rattachement à la Russie à 96 %.
La Russie alterne alors son discours entre apaisement du conflit et réveil des mouvements séparatistes, en envoyant des armements et des troupes : Poutine dit notamment « L’Ukraine orientale, c’est la Russie ! ». Pourtant, le Kremlin continue de garantir sa neutralité dans le conflit.
Dans l’inquiétude, l’Ukraine se tourne vers l’Union européenne et l’OTAN, pour demander une intervention militaire immédiate : le 4 septembre dernier, l’OTAN s’est réunie pour débattre de cette crise politique.
La position du Kremlin semble tranchée : Poutine souhaite un démembrement de l’Ukraine.
B. Des motivations religieuses
Il convient de se poser les questions suivantes :
Poutine souhaiterait-il désormais rendre l’Ukraine ingouvernable, dans une situation économique insoutenable, qui ne lui permettrait pas une future intégration à l’Union européenne ?
Souhaiterait-il reconquérir les territoires de l’empire datant de l’époque de l’URSS ?
Doit-on s’attendre au même cas avec la Transnistrie (contre la Moldavie), le Haut-Karabagh (entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie), l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (contre la Géorgie) ?
Est-ce une guerre contre l’occident ?
D’une part, il y a l’Église orthodoxe du patriarcat de Kiev à l’ouest de l’Ukraine. Cette dernière a rompu depuis l’indépendance de 1991 avec l’orthodoxie de l’Est, dépendante de la Russie et du patriarcat de Moscou. Elle milite pour le rapprochement avec l’Union européenne. Elle manifeste aussi contre le président prorusse Ianoukovitch et son alliance avec Vladimir Poutine. Elle souhaite détacher l’Ukraine de toute influence russe.
D’autre part, il y a cette fois-ci, à l’Est, l’Église orthodoxe officielle, dite du patriarcat de Moscou. Elle est l’un des principaux soutiens du président Ianoukovitch en place. Elle dispose d’un statut d’autonomie en Ukraine, mais reste partie intégrante de la puissante Église orthodoxe de Russie, à laquelle elle fournit une bonne partie de ses fidèles, de son clergé, de ses biens. Depuis l’indépendance de l’Ukraine, le patriarcat de Moscou fait tout pour retenir cette Église ukrainienne qui s’autonomise. Elle fait la guerre à l’Église du patriarcat de Kiev, qui lui a pris une partie de son clergé et de ses fidèles.
On retrouverait donc des intérêts communs entre le patriarcat de Moscou et les intentions politiques de Poutine : Le patriarcat de Moscou souhaite, en effet, contrôler l’Église Orthodoxe en Ukraine afin de devenir le patriarcat le plus influant. Vladimir Poutine, quant à lui, souhaiterait affirmer sa puissance mondiale.
C. Notre avis :
Tout d’abord, malgré le référendum montrant que 97 % des habitants de la Crimée sont favorables à un rattachement à la Russie, ceci n’est pas possible n terme de Droit international. En effet, en ce qui concerne un droit à la sécession, ce dernier peut prendre effet quand le peuple d’un territoire fait l’objet d’une oppression grave. Dans notre cas cependant, les Criméens ne font l’objet d’aucune oppression avérée. De ce fait, un rattachement à la Russie n’a pas à avoir lieu.
Par ailleurs et selon notre avis, La Crimée peut toujours se déclarer autonome avec l’accord du pays. Nous pouvons relever l’exemple de l’Écosse. Néanmoins, l’Ukraine s’y oppose.
De plus, l’utilisation de la religion a des fins politiques, nous ne sommes pas d’accord (Exemple : Islam & Daesh). La religion ne devrait pas faire partie de la politique. Ce sont deux idéaux distincts. Nous recommandons un pays laïc.
VIDÉO
La vidéo suivante est très intéressante et pourrait servir de courte conclusion partielle. Nous pouvons y voir le discours du président russe Vladimir Poutine que ce dernier a tenu le 19 septembre 2013, lors du Forum de Valdai (Forum international annuel visant à rassembler des experts pour débattre de la Russie et de son rôle dans le monde) :
Discours de Vladimir Poutine au Forum de Valdai le 19 septembre 2013
–> Nous remarquons très clairement dans cette vidéo que Mr Poutine tient un avis très tranché quant à l’identité qu’il souhaite donner de sa Russie. On discerne notamment très bien qu’il s’oppose à l’Occident. Le lien entre les valeurs morales et la chrétienté que Poutine veut promouvoir, comme on vous l’a expliqué précédemment, est aussi bien mis en avant dans son discours.
CONCLUSION
On peut ainsi constater que la combinaison du nationalisme et de la tradition religieuse semble revenir actuellement en force en Russie. Après la chute du communisme, l’apparition de la violence, de la drogue et de la mafia, l’Église orthodoxe russe, peut aider cette société en perte de repères. Elle peut même « aider à réinventer la Russie » souligne H. Tincq. Pour le meilleur, si elle se contente d’exercer une influence spirituelle. Pour le pire si elle cède aux tentations nationalistes.
Dans le domaine de la politique extérieure, l’Église russe est en symbiose avec les intérêts de l’État. Ils ont pour but de défendre les nations orthodoxes face à l’Occident.
Toutefois, l’Église reste un organisme religieux, et le succès de son rôle politique dépendra avant tout de sa capacité à conserver sa place religieuse, son aspect de guide moral.
Pour finir, on peut se demander si le conflit en Crimée et les nombreuses provocations du président russe à l’égard de l’Occident ne pourraient pas déboucher un jour sur une guerre avec l’Union européenne et les USA.
BIBLIOGRAPHIE
Articles de périodique
Mikhail Mochkine/L’Église orthodoxe réunifiée, une nouvelle force politique/Courrier international. 31 Mai 2007, n° 865
Serge Model /Politique et religion en Russie aujourd’hui. 2009
Ouvrages
Alexandre Verkhovski /Religion et « idée nationale » dans la Russie de Poutine. Les Cahiers russes, 2006
Irene Semenoff /L’Eglise orthodoxe russe, un facteur politique à prendre au sérieux ? 2001
Documents électroniques (sites web)
Religion.info – disponible sur http://www.religion.info/entretiens/article_635
IRIS – Disponible sur http://www.iris/analyse/geopolitique-religieux-article
Wikipedia – disponible sur http://www.wikipedia.fr
Francetvinfo – disponible sur http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/faut-il-craindre-une-guerre-avec-la-russie_684439.html
Lecourrierderussie – disponible sur http://www.lecourrierderussie.com/2014/03/pourquoi-crimee-chere-aux-russes/
Lemonde – disponible sur http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/08/29/ukraine-face-a-poutine-la-marge-de-manouvre-de-l-europe-est-reduite_4479165_3214.html
La croix – Disponilbe sur http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Vladimir-Poutine-se-pose-en-defenseur-des-chretiens-2013-11-25-1065913
Lefigaro – disponible sur http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/09/09/31002-20140909ARTFIG00229-ukraine-les-cles-pour-comprendre-le-conflit.php
Édouard Neto
Donatienne Harmel
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