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Fiche Pays – Haïti

République d’Haïti

 

I-                   Introduction

 

La République de Haïti (Repiblik Dayiti) est un Etat d’Amérique centrale situé sur le tiers ouest de l’ile d’Hispaniola, dans les Grandes Antilles, et sur cinq iles et archipels. D’une superficie de 27 750 km², elle est peuplée de près de 10 millions d’habitants, dont plus de deux millions vivent dans sa capitale, Port-au-Prince. L’actuel président de la République est Michel Martelly (du parti Réponse Paysanne, en fonction depuis le 14 mars 2011), et son Premier Ministre Laurent Lamothe (en fonction depuis le 6 aout 2012).

 

  1. Forme de l’Etat

 

La République d’Haïti est un Etat unitaire, présidentiel et démocratique depuis 1804, date à laquelle elle est devenue la première république de population majoritairement noire. Seul pays francophone des Caraïbes, Haïti a deux langues officielles : le français (administratif, enseigné à l’école, parlé par 40% la population) et le Créole haïtien, parlé par toute la population.

 

  1. Ethnies

Les noirs représentent 95% de la population, les mulets (métis) et les blancs 5% (d’origine européenne), et on trouve quelques membres de diasporas peu nombreuses (arabes, arméniens, indiens, asiatiques).

80% de la population est catholique, 16% est protestante, 1% athée et 3 % disent d’une autre religion. Notons cependant que plus de la moitié de la population pratique le vaudou.

 

  1. Monnaie

La devise nationale est la gourde haïtienne (HTG).

1 USD = 43.5 HTG au 16/12/13.      1 € = 58.77 HTG au 16/12/13.

1 HTG=  0.02 USD au 16/12/13.      1 HTG= 0.02 € au 16/12/13.

 

  1. Indice de Développement Humain (IDH)

L’IDH est faible : 0.454.

  1. Démographie

En juillet 2013, la population haïtienne était estimée à 9 893 934 individus. Notons cependant que le séisme de 2010 et le grand nombre de personnes infectées par le VIH rendent les recensements difficiles à réaliser.

 

Evolution de l’IDH d’Haiti entre les années 1980 et 2011

Quelques chiffres (2013) :

–          Nombre d’habitants au kilomètre carré : 375 hab. /km².

–          Taux de croissance démographique : 0.99 %.

–          Nombre moyen d’enfants par femme : 2.88.

–          Mortalité infantile (2013) : 50.92 pour 1000.

–          Espérance de vie moyenne : totale : 62.85 ans ; hommes : 61.46 ans ; femmes : 64.25 ans.

–          Age médian : 21.9 ans

–          Population urbaine : 52 % de la population totale.

–          Taux de migration : -6.2 / 1000 hab. (2012) Ce chiffre signifie que le pays fait fuir plus qu’il n’attire.

–          51 %  de la population totale à accès à l’eau potable et 17 % ont accès à des soins médicaux.

 

II-                Evaluation du risque politique

 

  1. Stabilité du Gouvernement et des institutions

 

La République d’Haïti a accédé à son indépendance de la France bonapartiste  le 1er janvier 1804. Son système juridique et administratif s’inspire et repose beaucoup sur le code napoléonien : elle est par exemple divisée en 10 départements : Artibonite, Centre, Grand’Anse, Nippes, Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Ouest, Sud, Sud-Est.

Haïti a connu une vie politique mouvementée, marquée par plusieurs coups d’État avant 1957, puis deux dictatures sous les Duvalier père et fils en 1957 et 1971. Une junte militaire gouvernera de 1987 à 1990, puis de 1991 à 1994. Jean-Bertrand Aristide reviendra alors au pouvoir quitté de force en 1990 en 1994 avec l’appui américain. Malgré la tenue d’élections, la vie politique à Haïti demeure imprévisible et instable. L’actuel Président de la République, M. Michel MARTELLY, a remporté les élections au suffrage universel du 20 mars 2011 avec  67.6% des voix contre 31.7% pour Mirlande MANIGAT, son opposant.

Le Parlement, aussi appelé Assemblée Nationale,  est bicaméral : il est composé d’un Sénat (30 sénateurs élus par les citoyens pour six ans) et d’une Chambre des Représentants (99 sièges, mandat de 4 ans).

La Cour de Cassation est la haute cour de justice. Le nombre de ses juges peut varier et la Constitution ne définit pas expressément s’ils sont nommés pour dix ans ou à vie.

  1. Conditions socio-économiques

Haïti dispose d’une économie de marché bénéficiant de coûts de main d’œuvre peu élevés et d’échanges commerciaux dédouanés avec les Etats-Unis pour la plus part de ses exportations. Cependant la pauvreté, la corruption et sa très grande vulnérabilité aux catastrophes naturelles freinent la croissance économique du pays.

La République d’Haïti ne dispose pas de raffineries. Elle importe directement des produits pétroliers et produit peu d’électricité (130 000 kW en 2011[1]) alors qu’elle en consomme près de 230 000 kW. Les coupures d’électricité sont donc fréquentes.

Le séisme de janvier 2010, de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, a détruit la majorité des infrastructures de la capitale et des villes avoisinantes, pour un coût estimé à plus de 7.8 milliards d’USD. En 2011, l’économie haïtienne a commencé à se relever de la catastrophe mais les deux ouragans qui l’ont touchée ont partiellement détruit les moyens de production agricoles, principale ressource de l’Etat et secteur d’emploi (40% de la population en vit directement ou indirectement).

En 2010, suite au tremblement de terre, une épidémie de choléra s’est répandue, infectant plus d’un demi-million de personnes, et faisant plus de 8 300 morts. Il semblerait qu’elle ai été apportée par des soldats népalais sous mandat de l’ONU. Le bilan de ce cataclysme sismique s’élève, au 24 février 2010, à plus de 300 000 morts, 300 000 blessés et un million de sans-abri. On compte à ce jour plus de 300 000 réfugiés politiques en République Dominicaine.

Le pays souffre du manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à l’éducation et à la santé. 50% de la population totale n’a pas accès à l’eau potable, idem en ville et dans les zones rurales. Les risques infectieux comprennent la dengue, le choléra, la rage, la filariose lymphatique et la tuberculose. La plus part des hôpitaux sont à Port-au-Prince. Les hôpitaux publics sont sous-équipés et très peu nombreux. Les hôpitaux privés sont convenables.

428 habitants /1000 ont accès à un téléphone portable en 2010, et 300 / 1000 ont accès à Internet.

 

  1. Conflits internes

Les principaux conflits internes ont été de nature politique, au moment des élections présidentielles de 1990 et 2011 notamment, avec plusieurs dizaines de morts.

 

  1. Pressions ethniques

Les pressions ethniques sont faibles. On retrouve toutefois quelques actes de violence des populations noires sur les populations blanches ou métisses.

 

  1. Conflits externes et menaces dans le voisinage

La République d’Haïti entretient depuis longtemps[2] des rapports tendus avec son principal voisin, la République Dominicaine (360 km de frontière commune), principalement en raison des trafics à la frontière et des Droits de l’Homme, bafoués en République Dominicaine où de très nombreux réfugiés climatiques haïtiens connaîtraient « une forme moderne d’esclavage »[3].

Les États-Unis sont considérés à la fois comme les grands bailleurs de fond de l’économie haïtienne et comme les manipulateurs des Etats de la région Amérique centrale[4]. Leur possession de l’ile de la  Navasse est remise en cause par le Gouvernement Haïtien et fait l’objet d’un contentieux territorial entre ces deux Etats.

La République d’Haïti est présente depuis le début dans l’Organisation Internationale de la Francophonie. Elle entretient des rapports cordiaux avec la France.

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  1. Niveau de corruption

Le niveau de corruption est élevé. Les trafics sont nombreux et concernent tous les domaines de l’économie et de l’administration publique. Les cargaisons de drogue à destination des Etats-Unis, de l’Europe et de l’Afrique circulent quasi impunément dans les eaux territoriales et à la frontière avec la République Dominicaine. Le taux d’homicides est de 6.9 pour 1000 en 2011.

 

  1. Conditions de sécurité dans le pays

Avec près de 5000 km de routes, le pays est assez bien desservi. Cependant l’état des infrastructures routières est déplorable et les routes ne sont pas sûres, de jour comme de nuit. Des bandes armées y circulent, rançonnant les voyageurs, malgré les efforts conjugués de la MINUSTAH et de la Police Nationale Haïtienne (PNH).

Les étrangers sont, tout comme les Haïtiens, souvent agressés dans les villes et les campagnes. La traite humaine y sévit toujours, qu’elle soit liée à la prostitution, à la prostitution infantile ou au trafic de drogue. Les gangs de rues sont nombreux dans les grandes agglomérations du pays. La mendicité et les vols à main armée y sont fréquents.

 

III-             Evaluation des risques économiques et financiers

 

En 2012, le PIB par habitant est de 1 300 USD, et le PNB de 7.9 milliards d’USD, ce qui fait d’Haïti le pays le plus pauvre de l’hémisphère nord. Le taux d’inflation demeure élevé (6.3 %). En 2009, 1.2 milliards d’USD de dettes ont été annulés par le FMI et la Banque Mondiale. Cependant le FMI estime aujourd’hui la dette extérieure haïtienne à près d’un milliard d’USD. Le gouvernement dépend de l’aide internationale pour financer les deux tiers  de son budget.

80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et 21 % des enfants font du travail forcé. Plus des deux tiers des emplois sont informels.

L’économie est fortement corrompue. Elle repose sur un secteur primaire (agriculture) fort (40% des emplois et 28 % du PIB en 2012) et un secteur secondaire (industries) trop peu développé, mais qui se remet avec difficulté des destructions occasionnées par le séisme de 2010. Le tourisme demeure limité, tant du fait des violences faites à l’égard des étrangers que du manque d’infrastructures.

Le pays est exportateur de mangues, café, sucre de canne, cacao, sisal, coton et bois de chauffe. Cependant la balance commerciale est largement déficitaire. Les principaux partenaires commerciaux de la République d’Haïti sont les États-Unis à 85,2 %, le Canada à 2,2 %, la France à 1,5 %, l’Allemagne à 1 %, et la République Dominicaine.

Les taxes représentent 22.2 % du PIB alors que plus de 40 % des 4.81 millions de travailleurs sont au chômage.

 

Quelques données économiques :

–           PIB (2011) 7 400 milliards USD

–           PIB / hab. en valeur PPA : 1300 USD

–           Prélèvements obligatoires (% du PIB) : 16.9 %

–           Taux d’inflation (2012) : 6.3 %

–        ��  Taux de croissance (2012) : 2.8%

–           Taux de croissance de la production industrielle (2012) : – 4.1 %

–           Part des importations mondiales : 0.01 % (2006)

–           Principal pays importateur :   République Dominicaine 31.5 % en 2011.

–           Part des exportations mondiales : 0.002 % (2006)

–           Principal pays d’exportation : Etats-Unis 83.9 %  en 2011.

 

IV-             Evaluation des risques géographiques et environnementaux

 

Les tremblements de terre, les inondations  et les ouragans qui frappent régulièrement le pays sont une plaie pour les habitants et les infrastructures du pays. Le pays est très durement touché par la déforestation, tant pour défricher de nouvelles terres arables que pour le bois de chauffage. Elle constitue également un frein au développement économique, provoquant l’érosion, l’appauvrissement et l’éboulement des terres, notamment lors des pluies torrentielles. Près de 20 000 km² de forêt ont disparus en moins de quarante ans. De nombreuses espèces animales et végétales sont menacées. Certaines ont d’ores et déjà disparu.

 

 

V-                Evaluation du Hard power d’Haïti

 

Depuis 2004, pas moins de 6 685 militaires, 2 607 policiers et 443 civils de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti) sont présents sur l’ensemble du territoire. Ils viennent prêter main forte aux quelques dizaines de gardes-côtes et centaines de policiers haïtiens.  Les forces armées nationales ont été dissoutes en 2011, bien qu’un Ministère de la Défense Nationale ait été créé en 2012[5].

L’Etat Haïtien peine à empêcher les narcotrafiquants de croiser dans ses eaux territoriales et à contrôler les flux de personnes et de biens transitant par la frontière avec la République Dominicaine.

 

VI-             Evaluation du Soft power d’Haïti

Doté d’une économie faible, en pleine reconstruction, la République d’Haïti peine à peser sur la scène internationale. Elle peut cependant s’appuyer sur sa langue et son appartenance depuis les origines à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Elle fait également partie de l’organisation des Etats Américains (OEA). Elle peut enfin s’appuyer sur les nombreuses diasporas haïtiennes aux Etats-Unis, en France, et dans les pays d’Amérique Centrale.

 

 

VII-          Conclusion générale

 

La République d’Haïti est donc un Etat en reconstruction, qui demeure fragile à tous points de vue. Le séisme de 2010 a profondément marqué les esprits et l’économie de ce pays pourtant situé au cœur de l’Amérique centrale.

 

FORCES
Une localisation géographique centrale
Des ressources minières assez importantes (bauxite)
Un lieu touristique interressant
Un passage obligé sur les routes maritimes mondiales
Une Zone Economique Exclusive importante, source de revenus substantiels
OPPORTUNITÉS
Un enjeu nouveau de contrôle des narcotrafics en direction de l’Europe et de l’Afrique
L’essor du trafic maritime mondial dans la zone (vers Panama)
Un climat politique en cours d’apaisement
Une “Perle des Caraïbes” lieu de tourisme à développer
FAIBLESSES
Un Etat très pauvre incapable de s’autofinancer
Des conditions climatiques extrêmes aux graves conséquences
Un climat politique  instable
Des Droits de l’Homme bafoués, alliés à  un fort taux de corruption
Un Etat indifférent aux  trafics sévissant sur son territoire
MENACES
Une économie faible et peu dynamisée
Une pauvreté grandissante facteur d’exil et d’épidémies
Une pollution des sols liée à une déforestation massive
Un Etat décidé à ne pas entretenir de forces armées pourtant essentielles

  Etienne D’ARDAILHON

 

Sources

Bibliographie

BONIFACE Pascal, L’année stratégique 2012 : analyse des enjeux internationaux, Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Armand Colin, Paris, 2011, 531 pages

CHAUPRADE Aymeric, Chronique du choc des civilisations, Chronique Editions, Paris, 2012, 256 pages.

VICTOR Jean-Christophe, Le dessous des cartes 2 : Atlas d’un monde qui change, coll. , Tallandier, Paris, 2009, 207 pages.

 

Sitographie

 

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ha.html

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/pays/HTI/fr.html

http://www.haitiprogres.com/

http://www.statistiques-mondiales.com/haiti.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFti#cite_note-33

http://kawann.k1.online.fr/rapport_cidh-oea.htm

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11221#.UrMv3vTuKlg

http://www.minustah.org/

http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/05/nouvelle-armee-vieux-fantomes

http://www.diplomatie.gouv.fr

http://www.objectif-import-export.fr/fr/fiche-pays/haiti/risque-pays-commerce

 


[1] Dont 21 % est d’origine hydroélectrique et le reste d’origine thermique (bois). Notons qu’il s’agit là d’une impasse à moyen terme puisque dans une vingtaine d’années les forêts du pays auront été totalement rasées.

[2] Entre 1963 et 1964 une crise diplomatique secoue les deux Etats, sur fond de relations commerciales troubles avec les Etats-Unis.

http://www.persee.frhome/prescript/article/rfsp_0035-2950_1965_num_15_2_418434

[3] Bureau International du Travail.

[4] Rapport Wikileaks du 28 juin 2011. http://www.alterpresse.org/spip.php?article11221#.UrMv3vTuKlg

[5] Il devait, à terme, accueillir les  3 500 soldats de la nouvelle Armée nationale, mais ce projet a été abandonné.

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