Fiche pays – Koweït

Introduction

Le Koweït est un pays situé au nord-ouest de la péninsule Arabique sur le golfe Persique. D’une superficie de 17.818 km² le Koweït a pour voisins l’Irak, l’Iran et l’Arabie Saoudite. Sa capitale est Koweït City (Kuwait-City). Le Koweït compte environ 4,2 millions d’habitants sur son territoire, dont 1,4 millions de nationaux et 2,8 de non-nationaux.  Ainsi, la densité au Koweït est d’environ 248 habitants au km2.

Le Koweït est une monarchie parlementaire dirigé par l’émir Sabah al-Ahmad al-Jabir al-Sabah dit « Sabah IV » depuis 2006. Historiquement issu de l’empire Ottoman, le Koweït actuel (en arabe « al – kuwayt » signifiant « l’embrasure ») fut fondé par la famille d’Al-Sabah en 1715. En 1899, le Koweït conclut un traité de protectorat avec le Royaume-Uni et ce n’est que le 19 Juin 1961 que les Britanniques accordent l’indépendance au Koweït.

C’est lors de cette occasion qu’est créé le drapeau national[1], de couleur vert, blanc, rouge et noir (voir ci-dessus), ainsi que la monnaie nationale : le Dinar koweitien. Aujourd’hui, la langue officielle du pays est l’arabe. Néanmoins l’anglais est très utilisé, en raison de son histoire.

Il faut savoir qu’au Koweït sont considérés comme « non-nationaux » tous habitants n’ayant pas acquis la nationalité koweïtie. Cela représente environ 60% de la population. De confession musulmane à 76 %, la population se répartit entre environ deux tiers de sunnites et un tiers de chiites. Les autres 15% de la population sont à 17% des chrétiens et 6% d’autres religions. Il y a donc une majorité religieuse mais cela nécessite une certaine cohabitation et de la tolérance.

Ce pays regroupe plusieurs ethnies dont les deux principales sont les Al Saoud ou les Al Khalifa. Mais tous viennent de la confédération tribale des Anaza  (du nord et du centre de l’Arabie) et  plus particulièrement du clan des Utub qui ont tout au long du XVIII siècle convoité ce territoire. Ils sont donc issus d’anciens peuples nomades dits « bédouins ». Ce pays a de nombreux traits communs avec les Etats voisins. D’ailleurs, les Irakiens ont longtemps considéré le Koweït comme une province de l’Irak. On y trouve donc à la fois des arabes issus de la péninsule mais également des peuples de l’ancien empire Ottoman mais aussi quelques perses venant de l’autre côté du Golfe.

La démographie de ce pays est dynamique avec une population jeune : environ 73 % de la population a entre 15 et 64 ans.

L’espérance de vie à la naissance au Koweït est élevée : environ 78 ans contre environ 72 ans dans le reste du monde en 2015. A titre comparatif, l’espérance de vie en France à la naissance est de 83 ans. Les taux de natalité en 2014 (16,30%) et de mortalité (1,60%) montrent un pays développé par rapport à d’autres pays du proche et Moyen-Orient. L’indice de fécondité du Koweït est de 2,4 enfants par femme. Enfin le taux d’alphabétisation est également très élevé : 96,3 %.

Ainsi, en 2017, l’Indice de Développement Humain (IDH) est de 0,8, ce qui classe le Koweït à la 53ème place mondiale. Celui-ci est supérieur à l’IDH de tous les pays arabes qui est de 0,652 ou encore de la moyenne mondiale qui est de 0,694.

Evaluation du risque politique

Souvent associé au Bahreïn, l’Etat du Koweït est généralement considéré comme ayant un système politique parmi les plus ouverts du monde arabe. Il doit cette réputation depuis la fin du protectorat britannique en 1961. Un gouvernement a été établi grâce à l’adoption d’une constitution l’année suivante qui prévoit un renouvellement des instances du pays.

Ainsi, le système de gouvernement est donc fondé sur la séparation des pouvoirs. C’est donc un pouvoir constitutionnel et monarchique puisque selon l’article 6 de la constitution koweitienne, la succession se fait dans l’émirat à travers les descendants de la famille de Mubarak Al Sabah.

Le pouvoir législatif est exercé par l’Emir et l’Assemblée Nationale et le pouvoir exécutif est quant à lui exercé par l’Emir ainsi que ses ministres et son cabinet.

Le parlement est élu au suffrage universel (cinquante membres renouvelés tous les quatre ans). Le parlement est composé de différents courants : chiites, sunnites, islamistes et libéraux. Le parlement est l’enceinte légitime des débats et a traditionnellement permis à l’opposition, notamment aux islamistes, de contrer le gouvernement et indirectement l’émir. A la tête de ce parlement, a été hissé un président jeune, M. Marzouq Al Ghanim, qui a été reconduit dans ses fonctions après les dernières législatives.

Un nouveau gouvernement, intégrant de nouvelles personnalités, a été nommé après les législatives anticipées fin novembre 2016. Le pays est aujourd’hui gouverné par 15 ministres, quasiment tous technocrates et représentant les différents courants (islamistes, modernistes), segments (bédouins, familles marchandes) et membres de la famille régnante.

Cependant, la constitution de partis est interdite, mais certains groupements politiques, tels que les groupes parlementaires, sont autorisés. On trouve notamment des groupes laïques ou islamistes, mais la plupart des membres du parlement défendent en priorité les intérêts de leurs propres tribus.

Il y a donc à la fois un pouvoir dynastique qui a su s’imposer mais qui doit faire face à une certaine remise en cause de sa légitimité dans certaines crises à cause des dissensions de successions existantes. Il y a parallèlement un ordre institutionnel bien établi sur une identité politique islamique dont résulte une forte homogénéité de classes, familles, confessions et nationalités. En effet, grâce aux revenus issus du pétrole, les deux dynasties ont su s’accorder afin de développer un système basé sur l’Etat providence avec de nouvelles élites et laissant place à un processus de démocratisation.  Malgré les périodes plus ou moins longues durant lesquelles sont apparus des mouvements de crispation, l’ordre politique qui prévaut aujourd’hui est davantage libéral. La participation politique ainsi que l’institutionnalisation de l’Etat ont permis l’apparition d’une véritable opposition modérée du pouvoir.

Malgré un bilan mitigé de « l’expérience démocratique » du Koweït, cette politisation de la société a permis l’établissement d’une classe moyenne désignant en réalité une population assez large comprenant les citadins et les bédouins ayant su tirer profit de la nouvelle organisation économique et ayant été naturalisé et qui ont donc pu accéder à un certain niveau de vie. Cependant, ce ne sont pas des « nobles » en raison de leur lignage mais ont su servir les princes ou s’élever socialement. Il y donc une majorité islamique favorable à la dynastie ainsi qu’une opposition islamique principalement composée de chiites ainsi qu’un bloc démocratique. On constate un élan réformateur et moderne qui a été dans l’ensemble bien accueilli par la population mais d’un autre côté cela reflète le creusement des écarts et des inégalités. Ce phénomène est notamment dû à un pouvoir dirigeant qui en se renforçant, évite les conflits internes mais prend de la puissance notamment grâce au développement de l’économie et des ressources pétrolières.

De même, la « détente » est le contexte socioéconomique libéral dans lequel se développe actuellement le pays. Celui-ci s’ouvre à la mondialisation et connait une modernisation de sa société. Cependant les inégalités s’accentuent depuis les deux dernières décennies. Mais les conflits internes, bien que risquant de revenir par exemple avec le problème de succession de génération, semblent actuellement amoindris.

Enfin, depuis 2005, les femmes ont obtenu le droit de vote, réforme qui a permis de pacifier sunnites et chiites.

Cependant il existe toujours des tensions au sein du pays et notamment sur des questions religieuses. Les cours de religion chrétienne sont interdits même pour les chrétiens, dont le culte est pourtant officiellement reconnu. Dans cet Etat souvent présenté comme “tolérant” et “pro-occidental” pour justifier a posteriori la guerre du Golfe de 1990 contre le régime irakien-baathiste de Saddam Hussein, qui avait envahi le Koweït, l’islamisme radical s’exprime dans toute la sphère de la société. En février 2012, un groupe de parlementaires islamistes, conduit par le député Osama El-Munawer, a déposé une proposition de loi visant à interdire la construction d’églises et autres lieux de culte non islamiques dans le pays, au motif que “le Koweït a déjà trop d’églises par rapport à la minorité chrétienne”. La proposition initiale prévoyait la destruction des églises situées sur le territoire koweïtien.

Mais le Koweït est un petit état, au fond du golfe persique, et se situe à la jonction entre la péninsule arabique et une zone du moyen orient très instable.
Le pays appartient à la fois à la région de l’ancien empire ottoman placé sous le protectorat britannique comme son voisin irakien mais il est aussi géographiquement proche de l’ancien territoire perse c’est-à-dire du territoire iranien. De par sa population majoritairement composée d’Arabes et de ses origines tribales communes, le Koweït est historiquement proche de ses voisins de la péninsule arabique comme l’Arabie Saoudite qui connaissent un développement socioéconomique similaire basé sur le soutien intéressé des Américains. Il y a auparavant eu de nombreuses turbulences régionales pour le Koweït véritable carrefour géopolitique entouré de trois grands pays que sont l’Arabie Saoudite, l’Irak et l’Iran. En effet, le Koweït a longtemps été un objet de convoitise pour son voisin irakien qui voyait en lui l’opportunité de posséder toute une façade maritime sur la mer du Golfe persique. De plus, l’Irak espère pouvoir exploiter les ressources du territoire koweitien qu’il considérait comme une de ses provinces. Il voulait également se renforcer face à son voisin iranien avec qui il est en conflit permanent. Mais le Koweït est largement soutenu notamment par l’Arabie Saoudite qui faisait d��ailleurs partie d’une coalition de 34 pays soutenant le Koweït lors de la Guerre du Golfe en 1990-1991. Ce conflit a donné lieu à une obligation de remboursement des réparations de Guerre en faveur du Koweït d’un montant colossal et dont le pays jouit encore aujourd’hui.

De plus, il existe des relations hostiles entre le Koweït et l’Iran non pas de façon bilatérale mais plutôt en tenant compte que le Koweït fait parti de la péninsule arabique à laquelle s’oppose géographiquement et historiquement l’Iran autour du Golfe Persique. Malgré une majorité de population perse présente en Iran, on peut compter parmi les différents peuples la présence d’Arabes issus de la péninsule. Il existe donc un certain antagonisme historique et régional. Dans cette situation complexe, l’Emirat  a renforcé son alliance stratégique avec les Etats Unis que le pays considère comme le seul garant de sa sécurité car c’est l’Amérique qui les a débarrassé de la menace irakienne.

Dernièrement, en Juin 2017, une crise diplomatique survient dans les pays du Golfe, opposant le Qatar à l’Arabie Saoudite et ses alliés (l’Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis). L’Arabie Saoudite accuse le Qatar de soutenir le terrorisme, provoquant ainsi une rupture diplomatique entre ces pays. Dans ce conflit le Koweït se positionne en tant que médiateur et ne veut pas prendre parti.

Sous cette protection américaine mais plus généralement occidentale, le pays peut être considéré comme stable et les conditions de sécurité semblent relativement correctes. Le taux de criminalité est faible.  Malgré tout, selon Tranceparency International, le Koweït connait un niveau de corruption élevé par rapport à la corruption régionale du Moyen Orient en se plaçant au 8e rang derrière l’Arabie Saoudite (6e rang) mais devant l’Iran (16e rang) ou encore l’Irak qui se place au 19e rang. Cela ne semble pour l’instant pas avoir des conséquences sur le fonctionnement de l’émirat.

Sur la question du terrorisme, plusieurs théories s’opposent. Le Koweït, comme le Qatar, est accusé de financer certains groupes terroristes islamistes, et notamment en Syrie. De plus, le Koweït, le Qatar et la Turquie d’Erdogan sont l’un des plus importants soutiens et financiers des Frères Musulmans en Occident et dans le monde. Outre la grande mosquée d’Amsterdam (Mosquée Bleue de la banlieue de Sloterdjik, financée par le Koweït, via l’Europe Trust Nederland), on sait que le gouvernement koweïtien paie les salaires de l’imam de la mosquée de rite sunnite-orthodoxe malékite d’Amsterdam qu’il contrôle, à travers l’organisation paneuropéenne des Frères musulmans nommée l’Europe Trust, dont le Koweït est l’un des principaux financiers.  Cependant, en parallèle, le Koweït lutte contre le terrorisme. En effet en Août 2017, les services de sécurité du pays ont capturé douze personnes qui avaient pris la fuite en juillet après leur condamnation pour appartenance à une “cellule terroriste”. De même les autorités koweïtiennes avaient également ordonné l’expulsion d’une quinzaine de diplomates iraniens et la fermeture des missions “militaire, culturelle et commerciale” iraniennes à Koweït, en raison de leur soutien présumé à la cellule “terroriste”. Enfin, dernièrement, une campagne publicitaire a fait polémique dans les pays du monde arabe : un clip payé par un opérateur de téléphonie mobile koweitien dénonce le terrorisme.

Evaluation des risques économiques et financiers

Le PIB du Koweït en 2016 était de 111,3 milliards €, avec un PIB par habitant de 26 123 $. Son taux de croissance était d’environ 3,5%. Cette chute de la croissance montre clairement l’ouverture libérale pour laquelle le pays a opté et son économie internationalisée a été largement touchée. Cependant, le taux de croissance reste conséquent si l’on fait une comparaison relative avec le taux de croissance du PIB de la France qui est d’environ 1,2%. Le solde budgétaire en 2016 était négatif : -13,6 % du PIB. En 2015 le Koweït comptabilisait une dette d’environ 10% de son PIB.

En revanche, le taux d’inflation, c’est-à-dire la hausse généralisée des prix était de 3,4% en 2016. Le taux de chômage (au sens du BIT) est de 4,7 % ce qui est un taux assez faible mais qui ne reflète pas la partition existante entre les différents emplois occupés par les différentes classes sociales.

En 2016, la balance commerciale du Koweït était de 15,52 milliards de $. Le Koweït collabore avec les plus grosses puissances. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), en 2016, ses principaux clients sont la Corée du Sud, Japon, Inde, Chine, Etats Unis, Pakistan et Singapour. Quant à ses principaux fournisseurs ce sont les Etats Unis, Chine, Arabie saoudite, Japon, Allemagne, Emirats arabes unis, France et Inde. Cela reflète donc l’internationalisation et la libéralisation de l’économie koweitienne qui lui garantit un fort dynamisme mais également une certaine dépendance vis-à-vis des investisseurs étrangers très nombreux.

La monnaie du pays est le Dinar koweitien, celle-ci est extrêmement liée au dollar américain. En avril 2017, 1 KD correspondait à 3€.

Actuellement, l’exploitation du pétrole et des hydrocarbures représente la moitié du PIB du Koweït et 95% de leurs exportations avec des réserves de 110 milliards de barils soit 9% de la ressource mondiale.  C’est l’un des trois plus gros producteurs de la région. Mais face à l’épuisement progressif de la ressource pétrolière du pays, le pays se libéralise de plus en plus. L’agriculture représente 0,4% du PIB, l’industrie 59,6% et 40% pour les services.

Evaluation des risques géographiques et environnementaux

Le Koweït se trouve à un carrefour géopolitique également en ce sens qu’il se trouve sur une zone de délimitation des risques sismiques. En effet, la zone qui passe au nord de l’Irak et descendant le long de la frontière irako-iranienne est une zone sismique importante. Celle-ci s’étend également à tout le territoire iranien en descendant même jusqu’à l’entrée du Golfe persique. Il y a donc des risques relativement élevés notamment à cause de la présence de centrale nucléaire comme celle de Busher sur le sol iranien. Cela peut constituer une menace directe pour le l’Emirat du Koweït et pourrait avoir des conséquences sanitaires catastrophiques pour la population en cas de catastrophe semblable à celle de Fukushima au Japon. De plus, cela pourrait également entraîner des dégâts géologiques immenses et durables pour tout l’environnement du Golfe dont le Koweït est totalement dépendant pour son accès maritime, et vers lequel l’émirat est entièrement tourné.

Les risques de pollutions sont par ailleurs importants au Koweït. Le pays se trouve en plein cœur d’une zone pétrolifère qui s’étend du sud de la Turquie jusqu’au Golfe d’Oman. Le pays est entouré des principaux gazoducs et oléoducs de la zone. Il est donc important pour l’état de limiter tous risques qui pourraient endommager son territoire riche en ressources et avec une zone côtière également fertile grâce à sa situation géographique de bord de mer et sa proximité avec les fleuves de l’Euphrate et du Tibre. Malgré des conséquences écologiques déjà présentes comme la prolifération des décharges sauvages et/ ou militaires ou encore le problème des déchets industriels dangereux, il y a également le problème de l’urbanisation et de la désertification. Avec un territoire aride, le Koweït a développé une importante industrie avec plusieurs usines de dessalement d’eau sur sa façade maritime. Les populations sont donc très dépendantes de la ressource hydraulique. Au-delà même des conséquences sanitaires éventuelles, la teneur en sel peut s’accentuer et engendrer des dégâts considérables sur le littoral de l’émirat et plus particulièrement pour les espèces marines. D’ailleurs, toutes les ressources aquatiques écologiques et halieutiques ont déjà été endommagées par l’exploitation du pétrole mais également par la guerre Iran/ Irak qui a eu des conséquences durables. En effet le secteur de la pêche reste un faible pourcentage du PIB mais reste malgré tout un domaine important pour l’économie au même titre que l’agriculture. Il faut noter qu’actuellement, le Koweït a été placé depuis mai 2013, par le Ministère des Affaires étrangères comme pays à risques sanitaires et épidémiologiques à cause des différents cas d’infections respiratoires du Coronavirus qui se sont propagées dans plusieurs pays de la péninsule arabique. Le Koweït a atteint un niveau de développement tel qu’il est capable de prévenir les risques épidémiques et sanitaires ou du moins de les restreindre dans un pays jeune et dynamique où l’âge moyen est de 29 ans seulement.

Evaluation du hard power 

Le Koweït possède une armée de terre, de mer, de l’air, une garde nationale et une garde-côtière. Tout cela est dirigé par le commandant en chef, c’est-à-dire l’émir Sabah al-Ahmad al-Jabir al-Sabah. La plupart des officiers qui composent cette armée font partie de la famille régnante ou alors sont étroitement liés au même groupe tribal. Avec une armée de 46 300 hommes, l’armée a un budget conséquent puisqu’il était, par exemple, en 2016 de 5,8 milliards de dollars américains. L’armée koweitienne est dotée d’une technologie militaire de pointe puisque ses principaux fournisseurs sont les plus grandes puissances à savoir les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France mais aussi l’Egypte. Ainsi, le pays bénéficie d’un matériel militaire moderne notamment depuis la fin de la Guerre du Golfe qui a poussé le pays à se doté d’un système de défense et d’armement.

Cependant, le Koweït reste un petit pays et sa puissance militaire réelle reste à relativiser. D’ailleurs pour sa sécurité contre son voisin irakien notamment, des accords de défense et de sécurité ont été passé entre l’Emirat et les Etats-Unis qui sont aujourd’hui les véritables garants de la sécurité de l’Etat du Koweït. Depuis la fin de la Guerre du Golfe, environ 5 000 soldats américains stationnent au Koweït dans le cadre d’un accord de sécurité signé entre les deux pays ; le United State Central Command dit CENTCOM. Sur l’étroit territoire koweitien, l’armée américaine possède d’ailleurs 12 bases militaires. Sous l’égide des Etats Unis également, le pays a rapidement adhéré aux organisations et traités internationaux. Il a notamment ratifié le Traité de Non-Prolifération (TNP)  de 1968-70 lui permettant d’obtenir, de la part des puissances occidentales, la technologie nucléaire civile nécessaire à son développement. De plus, le Koweït a très rapidement adhéré à l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cela a permis à l’Emirat de mettre en place une existence diplomatique et ainsi favoriser son ouverture pour se faire connaitre à l’international et ainsi légitimer son existence. Cette présence internationale aura peut-être d’ailleurs surement joué un rôle important lors de la Guerre du golfe et l’aide essentielle de la coalition internationale en soutien au Koweït.

Il semble également important de mentionner que l’Emirat joue, malgré sa petite dimension, un rôle important au niveau régional. En effet, l’Etat est depuis 1961, pays membre de la Ligue arabe qui a un statut d’observateur à l’ONU. Il prend ainsi son importance en tant que membre du monde arabe ce qui lui confère une légitimité régionale ainsi qu’une respectabilité des pays les plus proches.  A cela s’ajoute, l’adhésion du Koweït à des organisations régionales essentielles pour le pays comme le Conseil de Coopération des Etats Arabes du Golfe (CCEAG). L’objectif originel de ce conseil réunissant 6 pays de la péninsule arabique était de promouvoir la sécurité et la stabilité de la région. Aujourd’hui, le but est également de mettre en place une meilleure coordination dans le domaine économique financière et monétaire dans le but d’une intégration plus poussée. Toujours dans cette même idée, le Koweït est le pays fondateur d’une autre organisation politico-économique qu’est l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le but est de coordonner les politiques pétrolières des Etats membres. On a d’ailleurs pu observer lors de la crise du choc pétrolier en 1979, l’importance décisive que cette organisation peut avoir sur la scène internationale.

Enfin, le Koweït se place dans une logique libérale avec son statut de partie contractante des accords du GATT (General Agreement on Trade and Tariffs) dès 1963 et son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) le 1er janvier 1995. Cela montre ainsi sa volonté de s’engager dans des organisations commerciales multilatérales bien que ceci se fasse encore de manière modeste. Bien que touché par la crise mondiale de 2008-2009, le Koweït est très dynamique économiquement et tire profit de ce commerce internationalisé. Dans le secteur économique, le pays a pris ses distances avec les Etats-Unis. Ils ont par exemple des industries modernes comme pour le dessalement de l’eau ou encore en matière d’urbanisation du territoire. Le secteur de l’innovation est très dynamique. En 2010, un jeune marocain, Ahmed Zouggar, a été primé au Koweït pour l’invention d’un système économisant l’énergie. Il y a donc une volonté délibérée mais surtout une capacité certaine de la part de l’Etat du Koweït, de jouer un rôle dans le système international en tant qu’état au niveau politique. Mais le côté militaire et sécuritaire se renforçant progressivement, le pays a misé sur le développement économique, deuxième caractéristique essentielle de son hard power.

Évaluation du soft power 

Actuellement, le Koweït tente de présenter au monde une nouvelle vision de son pays au-delà de l’aspect politique et économique. Le but est de promouvoir à l’international une image positive qui pourrait toucher un auditoire plus large à savoir les populations étrangères directement. Cela se concrétise par exemple la promotion de la culture et du sport. Ainsi, tous les 4 ans depuis 1968, le Koweït participe à la plus célèbre des compétitions sportives mondiales, les Jeux Olympiques et a créé en 1957 son Comité national Olympique et a été reconnu par le CIO. En 2012, un athlète koweitien a remporté la médaille de bronze au tir. Elle promeut également de nombreux sports et plus particulièrement le football à l’intérieur du pays mais aussi à l’étranger avec l’affiliation de la Fédération Koweitienne de Football à la FIFA depuis 1962.

Un ministère de la culture et de l’information a été mis en place au Koweït. Le cinéma se développe avec déjà quelques films connus à l’international comme le court métrage To Rest in Peace sorti en 2010. Ils tentent également de promouvoir la langue arabe à l’étranger. Cela consiste également en le déploiement d’un corps diplomatique et associatif représentatif du Koweït à l’étranger. Il existe en France l’Institut de Koweït et également une ambassade et tout un corps consulaire chargé des relations diplomatiques et culturelles avec l’Emirat.

En ce qui concerne les relations interétatiques, le Koweït souhaite également participer activement à des considérations régionales plus spécifiques qui portent sur des questions ethniques et religieuses. Ainsi, il est depuis 1969, membre de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) qui entend promouvoir l’entraide et la solidarité entre les pays membres, protéger les lieux saints de l’islam et en soutien à la cause palestinienne dans le conflit israélo palestinien. Le but est donc pour le Koweït de mettre en avant une religion ou une culture ou même une identité ethnique avec d’autres pays dans une région où l’on sait que les frontières étatiques ne sont pas naturelles. Enfin, face aux problèmes environnementaux que connait l’Emirat, le sujet du développement du pays sur du plus long terme semble être pris en charge. On observe donc l’apparition de nombreuses ONG environnementales et l’Etat lui-même a lancé une politique publique environnementale. La communauté scientifique et universitaire se développe également notamment avec le Kuwait Institute of Scientific Research.

Enfin la presse koweïtienne est la plus libérale de la région avec des médias écrits et audiovisuels inquisiteurs, polémistes, abordant toutes les questions y compris les plus taboues et s’emparant de tous les sujets à l’exception de la personne de l’émir, dont le rôle et la personne sont protégés par la constitution. A cette presse s’ajoutent les réseaux sociaux qui font du Koweït le pays le plus « branché » dans le monde (record mondial de tweets et de publications instagram par habitant).

Tout cela montre clairement une volonté de la part du Koweït d’utiliser l’outil diplomatique incontournable qu’est le soft power pour montrer sa puissance non coercitive et son développement sur la scène internationale.

Conclusion

Le Koweït présente un profil d’un pays émergent et certaines limites notamment l’étendue de son territoire qui font que l’émirat ne peut être considéré comme une puissance au sens international. Malgré tout elle peut être qualifiée ainsi au niveau régional.

D’ailleurs, le Koweït participe activement aux institutions régionales et internationales ce qui permet de renforcer sa puissance et sa légitimité. Malgré tout l’instabilité de la région, notamment sur la question du terrorisme, et de nombreuses menaces extérieures fragilise le pays. Quant aux ressources très abondantes comme le pétrole ou au contraire totalement absentes sur ce territoire aride, elles représentent donc à la fois des atouts et des inconvénients qui permettent de montrer les différents aspects de ce pays. Le Koweït est donc un pays en devenir et dont l’évolution est confrontée à l’évolution de la politique et de l’économie internationale et qui rend donc son avenir et les risques plus incertains que jamais et d’autant plus difficiles à prévoir.

Forces

Faiblesses

–      Ressources naturelles, gazières et pétrolières très abondantes

–      Ouverture libéralisé de l’économie

–      Ouverture géographique sur la mer du Golfe

–      Tentative de démocratisation politique

–      Importants revenus de l’exportation de pétrole

–      Acquisition d’un matériel militaire

–      Secteur des technologies et des innovations très dynamiques

–      Régime politique instable (rivalité dynastique et de succession)

–      Conflits ethniques (chiites et sunnites)

–      Dépendance militaire et sécuritaire des USA

–      Corruption

–      Financement de mouvements terroristes

Opportunités

Menaces

–      Intégration dans la scène politique internationale grâce à l’adhésion aux instances internationales

–      Forte présence dans la politique régionale

–      Expansion du soft power à l’international

–      Voisins régionaux instables comme l’Iran.

–      Menace nucléaire de l’Iran

–      Conflits maritimes dans le Golfe dont le Koweït est très dépendant

–       Hard Power important, à nuancer car plus économique que politique

–      Catastrophes environnementales dues à l’urbanisation et l’exploitation des ressources

–      Position indécise sur la question du terrorisme

Sources

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« Indicateurs Internationaux de développement humain : Koweït », Rapports sur le développement Humain, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), http://hdr.undp.org/fr/statistiques/.

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