La dissuasion

«La dissuasion se définit par une attitude visant, par le conseil ou la menace, à convaincre un autre de renoncer à une action. C’est un comportement au moins aussi ancien que l’hostilité entre les Hommes. Selon Végèce « Si vis pacem para bellum » : « Si tu veux la paix prépare la guerre ». Il s’agit, soit de privilégier une « dissuasion par déni/interdiction », qui consiste à se doter de moyens permettant d’empêcher physiquement l’adversaire de réaliser un acte, soit de menacer l’adversaire de représailles, si celui-ci franchit la limite établie, c’est la dissuasion par « représailles/punition ». L’identification de ce que l’on cherche à proscrire et de la stratégie de celui que l’on cherche à dissuader est essentiel pour que la dissuasion soit efficace. L’accès à l’information est donc important. La dissuasion est un processus psychologique qui repose sur la crédibilité des menaces physiques et politiques, sur une communication explicite ainsi que sur une menace de réaction inacceptable du point de vue de l’adversaire. Nous nous interrogerons donc sur la problématique suivante : Comment une stratégie de dissuasion se révèle-t-elle efficace ? 

Pour expliquer le terme « dissuasion » nous allons dans un premier temps aborder un thème simple : les cambriolages. Pour lutter contre cette forme de violence, il existe des technologies dissuasives. Dans cette exemple, la dissuasion apparaît comme un moyen d’empêcher n’importe quel malfaiteur de pénétrer dans une maison. Par exemple, grâce à l’installation d’une alarme ou d’un dispositif de vidéo-surveillance. Pour dissuader efficacement un malfaiteur d’entrer dans une maison il faut identifier ce que l’on souhaite proscrire (l’intrusion et le vol) et qui on souhaite dissuader (le voleur). Il faut également que votre dissuasion soit crédible (si vous protéger une maison sans aucune habitation aux alentours, le malfaiteur ne sera pas inquiété par une alarme), communiquée (un sticker sur votre boite aux lettres qui expliquent que votre maison est protégée par divers systèmes), et que la menace de réaction soit inacceptable (si le malfaiteur est filmé pendant son vol, vous pourrez intelligemment transmettre les images aux services de police qui l’appréhenderont par la suite et ce n’est pas l’objectif d’un individu rationnel).

Même si ce concept est ancien, la dissuasion devient une stratégie militaire à partir de 1945. La puissance des frappes nucléaires américaines sur le Japon en août 1945 a marqué le début d’une nouvelle ère en matière d’armement et de conflits humains. À travers sa doctrine, et en tenant compte de sa capacité nucléaire moyenne, la France prohibe à cette époque, l’escalade liée à l’armement nucléaire. Cependant, durant la Guerre Froide plusieurs doutes apparaissent sur la tournure que va prendre le conflit entre les deux blocs : si l’URSS frappe l’Europe occidentale, les alliés, et non le territoire américain, quelle sera la riposte ? Cette interrogation a amené le Général Charles de Gaulle à accélérer le programme nucléaire français et à doter la France de l’arme nucléaire en 1960. Ce faisant, la France a donc encouragé les États-Unis et l’URSS à adopter la dissuasion comme principe premier de leur stratégie nucléaire, en réalisant elle-même une stratégie de dissuasion par représailles. En effet, se doter de l’arme nucléaire a été un moyen de dissuader les deux blocs de s’affronter en Europe occidentale car la France aurait eu les moyens de riposter d’une manière dévastatrice.

Pendant l’affrontement entre les deux blocs, la dissuasion nucléaire se révèle ainsi comme un élément stratégique qui a pu être mis en œuvre pendant différentes crises : crises de Berlin, de Cuba, des euromissiles… La dissuasion se distingue donc comme la politique rationnelle entre les puissances nucléaires. Cette stratégie tend à faire prendre conscience à son adversaire du prix que lui coûterait son passage à l’acte et maintient donc la paix sans l’usage de la force.

La dissuasion est une stratégie globale et doit donc s’appuyer sur des bases solides pour être crédible. Elle doit être mise en œuvre en fonction de sa finalité, grâce à des moyens, que le but détermine. Dans le domaine militaire, la dissuasion conventionnelle est limitée car il est aujourd’hui simple de se procurer un arsenal de guerre. Cependant, la stratégie de dissuasion de la France se fonde aujourd’hui sur une cohérence globale entre ses capacités conventionnelles et nucléaires. Les armes conventionnelles sont en effet indispensables à toute stratégie militaire. En effet, toute réticence à employer la puissance militaire conventionnelle dans le règlement des crises, en supposant que l’arme nucléaire soit la seule issue, placerait le décideur politique dans le dilemme dialectique du tout ou rien. En outre, la dissuasion dans ses deux formes repose sur le principe de rationalité des acteurs c’est-à-dire qu’un individu cherche à satisfaire au mieux ses besoins. L’individu évalue les coûts et les avantages de ses choix dans le but de maximiser ses bénéfices. Ainsi aucun pays disposant de l’arme nucléaire n’a jamais été victime d’une attaque chimique ou biologique que l’on qualifie d’armes non-conventionnelles et dont leur utilisation pourrait être perçue comme un degré supérieur dans l’escalade de la violence. Par exemple, l’Egypte, qui avait utilisé des armes chimiques dans sa guerre contre le Yémen (1962-1967), s’est abstenu de le faire contre Israël en 1967 et 1973. L’Irak avait fait de même au cours de sa guerre contre l’Iran (1980-1988), mais ne tira que des missiles dotés de charges conventionnelles contre Israël au cours de la Guerre du Golfe de 1991. Ainsi par peur d’une réponse nucléarisée, certains pays raisonnent leurs actions. Cet avantage est effectif seulement si l’acteur communique à son adversaire la nature de ses moyens de riposte et que ces derniers sont considérés comme « impensables, inacceptables » du point de vue de l’adversaire, qui réfléchit de manière rationnelle.

Le dernier volet d’une stratégie de dissuasion efficace peut être celui du « je n’ai rien à perdre » afin de décourager son adversaire. Sun Tzu, célèbre en tant qu’auteur de l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu : L’Art de la guerre, préconise de rendre matériellement impossible la retraite pour placer l’ennemi dans une situation de dilemme : attaquer en faisant face à un ennemi qui n’a plus rien à perdre et qui ne peut pas fuir ou renoncer au conflit. C’est notamment grâce à cette idée que l’on peut comprendre la dimension psychologique d’une stratégie de dissuasion.

En outre, le déni stratégique pratiqué par les États-Unis a divisé le monde. D’un côté, des États se sont implicitement placés sous leur protection bienveillante et d’autres se sont mus dans le silence. Ces derniers ne pouvaient intenter aucune action sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU composé de cinq membres permanents que sont les cinq pays nucléarisés dont la responsabilité principale est le maintien de paix et de la sécurité internationale. La stratégie de dissuasion des cinq et plus particulièrement celle des Etats-Unis qui possède à la fois l’arme nucléaire et un arsenal d’armes conventionnelles volumineux et de haute technologie, ne laissait qu’une seule option : « tu fais ce que je veux ou tu en portes les conséquences ! ». Mais dès lors que la solution extrême a été considérée comme viable, la dissuasion a perdu son opérationnalité. Cette hégémonie américaine a alors induit un monde stratégiquement verrouillé et a encouragé l’usage d’un autre mode d’action tactique : le terrorisme. Les actes terroristes sont intentés par des individus qui ne souhaitent « pas renoncer à l’affrontement en le pratiquant par d’autres moyens », qui refusent « l’existence d’une tutelle menaçante comme leadership bienveillant » et disqualifient « une dissuasion stratégique universelle réservée à quelques États ». La stratégie de dissuasion nucléaire est alors inefficace car l’utilisation de cette arme dévastatrice pour lutter contre des groupes installés au sein des populations civiles est inenvisageable. Et ce n’est de toute manière pas sa vocation. En effet, la finalité de cette arme est de stabiliser la société internationale et de lutter contre des grandes conflagrations militaires étatiques tendant à la guerre totale. Il faut donc sans cesse adapter sa stratégie de dissuasion face aux nouvelles menaces qui semblent de plus en plus cybernétiques. Par exemple, les États utilisent dorénavant la dissuasion pour protéger leur cyberespace qui est défini comme le « système nerveux des sociétés modernes et comme la cinquième dimension après la terre, la mer, l’air et l’espace ». Aujourd’hui, toute opération militaire comporte un volet cyber plus ou moins développé. Les États souhaitent donc se défendre d’une cyberattaque qui peut prendre plusieurs formes : pénétration des réseaux à des fins d’espionnage, prise de contrôle à distance, destruction d’infrastructures vitales… La cyberdéfense est une dissuasion par déni qui consiste par exemple à protéger le cyberespace en durcissant le niveau de sécurité des systèmes d’information et les moyens de défense. Les États se dotent donc de technologies pour ne pas subir une cyberattaque et développent même d’autres armes dissuasives : « Le cyber n’est cependant plus seulement un enjeu défensif, et je voudrais (…) m’engager (…) sur un terrain dont la sensibilité n’a d’égale que l’importance qu’il revêt : je parle (…) de lutte informatique offensive », a lancé M. Le Drian, Ministre de la Défense, en 2015. Ces nouveaux modes d’actions pourraient par exemple perturber des défenses aériennes ou rendre les radars des adversaires aveugles. Ces moyens cyber offensifs sont notamment maitrisés par l’armée russe. En 2014, la Mer Noire a été le théâtre d’un incident entre les Etats-Unis et la Russie. L’USS Donald Cook, destroyer américain, muni de 4 radars, dont la puissance est comparable à celle de plusieurs stations, a été survolé par un Su-24 russe ne portant ni bombes ni missiles mais uniquement un dispositif de guerre électronique dénommé Jibiny. Ce dispositif de guerre électronique aurait alors neutralisé tous les radars, circuits de contrôle, systèmes de transmission d’information embarqués à bord du destroyer US. Autrement dit, le tout-puissant système Aegis, aujourd’hui incorporé aux systèmes embarqués de défense des navires les plus modernes de l’OTAN, a été tout simplement déconnecté à distance par un dispositif russe. Ces nouvelles technologiques semblent donc très efficaces et apparaissent comme un atout stratégique dans le domaine militaire, et donc dans celui de la dissuasion car par exemple depuis cet incident le navire américain n’a plus approché les eaux territoriales russes.

Enfin, si une stratégie de dissuasion ne fonctionne pas, un acteur peut réaliser une stratégie d’intimidation contre celui qui souhaite échapper à sa rationalité : « Effrayer l’adversaire pour ne pas avoir à l’affronter. Capter l’attention de l’autre, lui montrer sa puissance, entretenir l’incertitude sur sa détermination à s’engager en force et le moment venu lui lancer des coups d’avertissement ». Les techniques d’intimidation sont multiples comme prendre pour cible un avantage décisif possédé par l’autorité à qui on s’adresse par exemple par le biais des médias, ou à plus grande échelle réaliser un embargo contre un pays pour porter préjudice à ses échanges commerciaux.

Pour dissuader quelqu’un de faire quelque chose il faut ainsi connaître l’intention de celui-ci afin d’adapter ses moyens de dissuasion. Une stratégie de dissuasion efficace permet de ne pas être dans l’emploi de la force car l’adversaire renonce à agir en raison des dommages potentiels qu’il est susceptible de subir et qui seront toujours supérieurs à l’enjeu qu’il peut rechercher. À l’échelle militaire, la cohérence globale de la dissuasion doit donc s’appuyer sur des capacités d’action conventionnelles solides, garantes de la progressivité de la réponse politique et de l’autonomie de la décision. Pour garantir la paix, la dissuasion nucléaire apparaît tout de même indispensable, car comme l’a dit Winston Churchill « Prenez garde avant d’abandonner l’arme nucléaire d’être bien sûr que vous avez trouvé un moyen de remplacement aussi valable pour la sécurité des nations ». En outre, l’évolution des menaces et donc des stratégies militaires a également induit un nouvel enjeu majeur, celui de protéger le cyberespace, milieu virtuel et sans frontière, pour ne pas mettre en péril la souveraineté nationale des États. Enfin, pour maintenir une stratégie de dissuasion efficace, les États devront aussi maitriser les cyber attaques offensives.

Annexes :

Bibliographie :

FAYARD P., 2009. « Sun Tzu – Stratégie et séduction »,

DURIEUX B., 2016. « La guerre par ceux qui la font : stratégie et incertitude au XXIe siècle », Édition du rocher

VILAIN J. et MOTET A., 2015. « D’Hiroshima à la dissuasion nucléaire », Cépaduès Éditions

Institut français des relations internationales, 2013. « Les guerres de demain : stratégie, technologie, éthique »

ROMER J-C. et WIDEMANN T., Revue de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, 2013. « Dossier : La dissuasion », La documentation française

TERTRAIS B., 2011. « Défense et illustration de la dissuasion nucléaire », Fondation pour la recherche stratégique

Sitographie :

http://www.defense.gouv.fr/portail-defense/enjeux2/la-cyberdefense/la-cyberdefense/presentation

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/11/28/31001-20161128ARTFIG00283-sacrifier-la-dissuasion-nucleaire-pour-lutter-contre-le-terrorisme-un-non-sens-strategique.php

http://www.cnrtl.fr/definition/stratégie

http://www.challenges.fr/challenges-soir/comment-la-france-s-arme-pour-la-cyberguerre_63569

http://www.voltairenet.org/article185324.html

http://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/55c09dcc-a9f2-45e9-b240-eaef64452cae/1a129293-e61b-45be-a9f2-d96bfbf1d262

http://www.un.org/fr/disarmament/index.shtml

Vidéo présentant les enjeux liés au cyberespace : « La cyberdéfense : le combat numérique au cœur des opérations »

http://www.defense.gouv.fr/portail-defense/enjeux2/la-cyberdefense/la-cyberdefense/fic/tous-les-articles/fic-2015-la-cyberdefense-le-combat-numerique-au-caeur-des-operations

La cyberdéfense en chiffre :

780C’est le nombre d’attaques informatiques significatives en 2014, contre 420 en 2012.
1 000 000 000C’est le montant investi dans la cyberdéfense selon la loi de programmation militaire de 2014-2019.
50C’est le nombre de mesures du Pacte « Défense Cyber » pour muscler la cyberdéfense française.
1 000C’est le nombre d’agents qui vont être recrutés dans les états-majors, à la DGA et dans les services de renseignements pour s’impliquer dans la défense du cyberespace.

Lecture pour aller plus loin :

Cyberstratégie : l’art de la guerre numérique / Bertrand Boyer ; préface du général d’armée Marc Watin-Augouard

Définitions de termes clés :

Stratégie :

Dans la théorie des jeux : Ensemble cohérent de décisions que se propose de prendre un agent assumant des responsabilités, face aux diverses éventualités qu’il est conduit à envisager, tant du fait des circonstances extérieures qu’en vertu d’hypothèses portant sur le comportement d’autres agents intéressés par de telles décisions

Art militaire : Partie de la science militaire qui traite de la coordination des forces armées (en intégrant les aspects politiques, logistiques et économiques) dans la conduite d’une guerre ou dans l’organisation de la défense d’une nation, d’une coalition.

Armement conventionnel :

Cinq catégories de forces armées conventionnelles sont réglementées par le Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (Traité FCE) : les chars de bataille, les véhicules blindés de combat, l’artillerie, les avions de combat et les hélicoptères d’attaque. Il existe cinq méthodes pour détruire les armements et équipements conventionnels limités par le Traité FCE. La destruction par découpage peut s’appliquer à tous les armements et équipements conventionnels limités par le Traité. La démolition à l’explosif peut être utilisée pour tous, à l’exception des avions de combat. La déformation peut être employée pour tous les armements et équipements conventionnels limités par le Traité sauf pour les véhicules blindés de combat et les systèmes d’artillerie, à l’exception des systèmes de lance-roquettes multiples et des mortiers qui ne sont pas automoteurs. La destruction par écrasement peut concerner les chars de bataille, les véhicules blindés de combat, les canons automoteurs, les obusiers automoteurs, les pièces d’artillerie automotrices associant les caractéristiques des canons et des obusiers, et les mortiers automoteurs. Chaque État partie a le droit de réduire un maximum de 200 avions de combat par utilisation comme cibles téléguidées.

En opposition aux armes non-conventionnelles :

Les armes de destruction massive sont des armes conçues pour tuer une grande quantité de personnes, en visant aussi bien les civils que les militaires. Ces armes ne sont en général pas utilisées sur un objectif très précis, mais plutôt sur une zone étendue d’un rayon dépassant le kilomètre, avec des effets dévastateurs sur les personnes, l’infrastructure et l’environnement. De par leur action non sélective, « massive », et leurs effets de longue durée, ces armes constituent un risque d’extermination des populations, y compris chez l’attaquant en cas de représailles par armes de destruction massive si le pays cible en dispose également. Elles sont donc très liées au concept de dissuasion, et constitue le degré ultime de l’armement, avec des implications lourdes en politique étrangère. Les armes nucléaires peuvent tenter ceux qui cherchent à disposer d’une capacité de destruction massive. Les armes chimiques peuvent intéresser des acteurs étatiques et non étatiques qui cherchent à se doter de capacités de destruction massive. Elles sont utilisables dans des attaques terroristes contre des civils. De plus, leur mise au point, fabrication et entretien sont nettement plus faciles et coûtent beaucoup moins cher que ceux des armes nucléaires. Les armes biologiques sont encore plus faciles à fabriquer que les armes chimiques ou nucléaires et coûtent beaucoup moins cher.

Actes terroristes :

Par Raymond Aron : « Une action violente est dénommée terroriste lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportions avec ses résultats purement physiques. ». La seule réponse à cette stratégie de sidération à fort effet de levier repose sur le renforcement de l’organisation, du recrutement et des capacités matérielles des forces de sécurité intérieures et sur le renforcement parallèle des moyens des forces militaires qui agissent sur les racines de l’instabilité en opérations extérieures.

Crise de Cuba :

En 1962, une nouvelle épreuve de force s’engage à Cuba : pendant quinze jours, le monde se trouvera au bord de l’affrontement nucléaire.

Depuis le renversement révolutionnaire de la dictature militaire de Fulgencio Batista en janvier 1959, l’île de Cuba est dirigée par Fidel Castro. Tout en mettant en place une réforme agraire, Castro nationalise les propriétés des entreprises américaines sur l’île et s’attire aussitôt les foudres de Washington. Le dirigeant cubain pro-communiste se rapproche alors de plus en plus de l’URSS qui se félicite de trouver un nouvel allié dans l’hémisphère occidental et dans le périmètre de sécurité des États-Unis. Les régimes cubain et soviétique signent successivement des accords de coopération commerciale puis militaire. Les États-Unis essaient alors de renverser le nouveau régime en organisant, en avril 1961, un débarquement d’exilés anticastristes dans la baie des Cochons. L’opération échoue et ne fait finalement que contribuer au renforcement de Castro. Il attire à Cuba, seul pays communiste du continent américain, de nombreux révolutionnaires d’Amérique latine et menace le prestige des États-Unis dans la région. Khrouchtchev décide en effet de livrer secrètement aux Cubains des fusées offensives à moyenne portée capables de menacer directement le sol des États-Unis.

Le 14 octobre 1962, après avoir repéré des cargos soviétiques chargés de missiles en route vers l’île, des avions espions américains prennent également des clichés de rampes de lancement de fusées soviétiques à moyenne portée.

Le président américain, John F. Kennedy, décide alors d’imposer un blocus maritime en fermant les voies d’accès vers Cuba. La moindre tentative des bateaux soviétiques de forcer la quarantaine américaine peut à tout moment mettre le feu aux poudres et provoquer un conflit ouvert entre les États-Unis et l’Union soviétique. L’Europe, et l’Allemagne en particulier, constitueraient alors immanquablement un terrain d’affrontement.

Mais au dernier moment, après de nombreux contacts entre Moscou et Washington, notamment par l’intermédiaire des Nations unies, un compromis émerge : les bateaux soviétiques acceptent de rebrousser chemin tandis que les Américains s’engagent à ne pas envahir Cuba et à retirer leurs fusées de Turquie. Le 28 octobre, la guerre nucléaire est évitée de justesse et les deux géants en reviennent aux négociations à propos du désarmement.

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