Présentation du journal
Le journal O Globo est un quotidien brésilien créé en 1925. Le siège de ce journal se trouve à Rio de Janeiro, la capitale économique du pays. Il fait partie d’un groupe de médias connu sous le nom de « Organizações Globo », propriété de la famille Marinho comprenant TV Globo, Radio Globo et Édition Globo, ce groupe a été créé grâce à l’expansion économique et politique du journal. Il a pour cible les lecteurs populaires de la région métropolitaine de Rio de Janeiro, en effet, son apparition avait pour objectif d’élargir le lectorat.
Sa politique a une orientation conservatrice et il s’agit de l’un des plus grands journaux de circulation du pays et également l’un des plus influents du Brésil.
L’article a été écrit par Mme Ordonez Ramona et Mr Rosa Bruno, journaliste/reporter brésilien. Il est issu de la rubrique « économie ».
Présentation de l’article original
Cet article est en date du 7 octobre 2013, il a été publié trois jours avant la divulgation de l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) concernant la demande en pétrole. Les auteurs ayant contribué à cet article sont :
– ORDONEZ Ramona, journaliste spécialisée dans le pétrole
– ROSA Bruno, journaliste/reporter brésilien
Ils ont une position neutre, mais ils publient pour le Journal O Globo donc pour le peuple brésilien.
D’après l’article publié sur le site easybourse.com le 10 octobre 2013, l’OPEP publie son rapport mensuel. Elle prévoit d’abaisser ses prévisions de demande pour son propre pétrole, et reconnaît que ses niveaux de production actuels étaient supérieurs aux besoins anticipés pour 2014.
« L’OPEP prévoit une demande de 29,56 millions de barils par jour (bpj) en moyenne pour les bruts qu’elle produit en 2014, soit 50.000 bpj de moins que dans sa précédente estimation. Parallèlement, la demande mondiale de brut devrait augmenter d’environ un million de bpj, indique-t-elle. Selon le rapport de l’Agence internationale de l’Énergie publiée en mai, l’offre américaine en pétrole de schiste sera en mesure de répondre à l’essentiel de la hausse de la demande mondiale au cours des cinq prochaines années. Les États-Unis sont d’ailleurs en passe de devenir le premier exportateur mondial de pétrole et de gaz, selon le Wall Street Journal.»
Ainsi, le pétrole de schiste concurrence celui de l’OPEP.
Traduction de l’article
La future “nouvelle OPEP” dans l’Atlantique sud modifie la géopolitique du pétrole
Des experts affirment « les découvertes au Brésil et en Afrique, ainsi qu’aux États-Unis et au Canada, ont modifié la scène internationale».
RIO – Si, en octobre 1973, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) était responsable du premier choc pétrolier, avec des hausses de prix importantes et le contrôle de l’offre, aujourd’hui l’entente, qui perd de la force, commence à être comparé à un « tigre sans dents ». D’importantes découvertes aux États-Unis, Canada, Brésil et côte ouest de l’Afrique, d’après les experts, font la promotion d’un véritable changement dans la géopolitique mondiale de pétrole, avec des espérances de hausse de la production dans les pays extérieurs à la région du Moyen-Orient. Les Amériques vont gagner en force dans la nouvelle entente : aux États-Unis, avec le gaz de schiste et le tigh oil (pétrole exploité de façon non conventionnelle), au Canada, avec la production de pétrole dans les sables bitumineux et au Brésil avec le pré-salé. La nouvelle géopolitique est le thème de la deuxième journée de la série «40 ans du choc pétrolier», débutée ce dimanche.
D’ici à 2020, la moitié de la production totale de pétrole prévue par Petrobras (firme de pétrole), de 4,2 millions de barils par jour, viendra des champs présalifères déjà découverts, sans compter le domaine de Libra, dans le bassin de Santos. Ainsi, le Brésil sera un grand exportateur de pétrole, avec des ventes sur les marchés étrangers de 2 millions de barils de pétrole journaliers – l’équivalent de la production actuelle du pays. Sur ce total, 1,4 million de barils seront produits par Petrobras et 600 millions viendront des partenaires associés à l’état de la présalée.
« Le monde ne tremble plus »
Aujourd’hui, l’OPEP est responsable de plus d’un tiers de la production mondiale. Celle-ci produit environ 35 millions de barils par jour, pour un total compris entre 80 millions et 90 millions de barils par jour. En 1974, sa production représentait 51% des 58,5 millions de barils produits par jour à travers le monde.
L’ancien directeur de la zone commerçante/de vente de pétrole Petrobras, dans les années 1970 et 1980, Armando Guedes Coelho, croit que la région de l’Atlantique Sud (Brésil et côte ouest de l’Afrique) pourrait se transformer en une « nouvelle OPEP »:
– La géopolitique du pétrole va littéralement changer d’horizon dans les cinq à dix ans. L’importance du Moyen-Orient va tomber de façon vertigineuse. Et l’Atlantique Sud aura une importance qu’elle n’a jamais eu auparavant, principalement parce que ce n’est pas une zone d’embrasement.
Selon Guedes, en 2025, le Brésil va produire, avec le présel, entre 6 et 7 millions de barils par jour, et les exportations pourraient atteindre 3 millions de barils. L’Angola et le Nigeria devraient aussi avoir une production élevée, tandis que les États-Unis auront drastiquement réduit leurs importations pétrolières grâce au gaz de schiste et au pétrole. Ainsi, le principal acheteur du pétrole venant du Moyen-Orient devrait être la Chine plutôt que les États-Unis. Le pays asiatique devra, en un court laps de temps, augmenter ses importations qui actuellement sont de 6 millions de barils par jour à 10 millions de barils par jour.
– Il n’y a pas d’augmentation significative de prévue sur la consommation de pétrole dans les années à venir. Mais compte tenu de la baisse naturelle des réserves, qui est de 10%, cela signifie qu’il y a nécessité d’augmenter l’offre de 10 millions de barils par an simplement pour maintenir le niveau actuel de production. Elle est équivalente à la production de l’Arabie Saoudite – précise Guedes.
Christopher Graman, directeur du conseil du groupe Eurasia a énoncé, qu’en 2020, la production de pétrole en eaux profondes au Brésil, en Afrique et en Guyane française satisfera 10% de la production mondiale, soit 8,5 millions de barils / jour.
Dans ce scénario, explique Luiz Pinguelli Rosa, directeur de Coppe / UFRJ, l’OPEP a perdu de l’espace. Pour lui, le cartel a aujourd’hui un rôle secondaire, car les grandes compagnies pétrolières arrivent à mieux influencer la formation des prix.
– Les États-Unis, avec le gaz de schiste, sont en train de changer la donne. Nous aurons le pré sel du Brésil et de l’Afrique. L’OPEP continuera avec son pouvoir modéré actuel, en dépit d’avoir un pourcentage important de la production mondiale. Même le pouvoir de contrôle de la production de l’OPEP est aujourd’hui limité par rapport à avant, parce que le pétrole est moins important pour l’économie mondiale – évalue Pinguelli.
José de Sá, un partenaire au conseil Bain & Company au Brésil, affirme que «le monde ne tremble plus” lorsque l’OPEP se réunit: « – En 1973, c’était essentiellement le Moyen-Orient (OPEP) et l’Afrique qui alimentaient le monde. Maintenant, l’Europe commence à avoir une moindre dépendance avec l’entrée en approvisionnement de pétrole en Russie. Déjà l’Asie (Chine, Inde et Corée du Sud) crée un nouvel appétit pour le pétrole fourni/comblé par l’OPEP. »
José de Sà parie également que trois régions auront un rôle important dans l’augmentation de l’offre en pétrole dans les années à venir: l’Amérique du Nord, comprenant le Canada et les États-Unis ; le Brésil, avec le présel, et l’Irak, qui devrait se relever après les guerres de ces dernières décennies qui ont réduit leur production.
« – À un moment critique au Moyen-Orient, les pays de l’OPEP dépendent fortement des ressources pétrolières pour leurs projets sociaux, ils sont alors plus vulnérables. Il s’agit d’un tigre à dents de sabre (animal préhistorique de douze mille ans), mais il manque une dent par ici et une autre par-là, le groupe lui-même n’a plus l’homogénéité qu’il avait avant » – dit-il.
Le secteur prévoit déjà, comme BP dans ses études de scénarios pour 2030, que les États-Unis deviendront presque autosuffisants et exporteront du gaz naturel liquéfié. La puissance aura besoin d’importer environ 20% seulement de ses besoins en pétrole en 2030.
Le Brésil deviendra un important producteur et exportateur de pétrole dans le monde, avec le pré-sel, selon les experts. Dans l’analyse de BP, le pays aura un rôle important dans l’approvisionnement mondial (offre globale), avec la troisième plus forte hausse de la production de liquides du monde (2,7 millions de barils par jour), juste derrière les États-Unis (4,5 millions de barils par jour) et le Canada (2,9 millions de barils par jour). Ainsi, selon BP, l’exportation brésilienne pourra atteindre 1,2 million de barils par jour en 2030.
Les experts pensent encore qu’avec l’augmentation de l’offre mondiale, les pays membres de l’OPEP vont réduire leur production dans les prochaines années afin d’éviter une chute brutale des prix. José de Sá, Bain & Company, estime que la production de l’Arabie saoudite, premier producteur mondial, servira “d’un matelas évitant une augmentation excessive de l’offre.” Selon lui, ce n’est pas une forte baisse des prix qui intéresse, car cela rendrait les projets non viables comme le présel. En outre, les pays du Moyen-Orient ont besoin de «pétrodollars» pour les projets sociaux afin d’empêcher des manifestations comme le Printemps arabe: « – ces pays ont des dépenses sociales qui ne sont pas dans le coût de production, mais elles doivent être payées par ce pétrole. Et ce coût est trop élevé après le Printemps du Moyen-Orient.»
Commentaires
On peut constater d’après cet article que le pétrole est de nos jours toujours indispensable. Les États-Unis arrivent à une autosuffisance en consommation de pétrole et le Brésil est en pleine expansion pour exporter son pétrole dans le monde.
Les auteurs de cet article évoquent clairement la position du Brésil dans le monde concernant le pétrole.
On apprend que le Moyen-Orient aura comme principal exportateur la Chine suite à l’autosuffisance des États-Unis.
Un article complète leurs arguments sur la position du Brésil :
Le Brésil, vers l’élite du pétrole mondial
Le Brésil sera le 10e dans le classement mondial, et pourra atteindre 1,2 milliard de relais (374,58 millions d’euros) dans la richesse du présel.
RIO – Quarante-trois milliards de barils de pétrole. Il y a 40 ans, en octobre 1973, même le plus optimiste des scénarios ne pouvait prévoir que le Brésil, fortement affecté par le premier choc pétrolier, « cachait » des réserves sur son territoire si volumineuses qu’elles étaient capables d’élever le pays au dixième rang mondial de la ‘commodity‘. À l’époque, on ne parlait pas de présel. Le sujet d’actualité était la guerre au Moyen-Orient, ce qui conduirait à la décision des principaux pays producteurs de pétrole à nationaliser leurs richesses, jusque-là exploitées par des pétrolières américaines. En quelques jours, le prix du baril a augmenté de 3$ à 11$. Le Brésil a aussi senti le bruit sourd du contrôle de l’approvisionnement et des prix élevés. Dépendant des importations pour la consommation de combustibles, le Brésil a commencé à aller vers un chemin de crise.
Définitions:
– OPEP : Organisation des Pays exportateurs de Pétrole. C’est une organisation intergouvernementale de pays visant à négocier avec les sociétés pétrolières pour tout ce qui touche à la production de pétrole, son prix, et les futurs droits de concessions.
– Petrobras : Entreprise brésilienne de recherche, d’extraction, de raffinage, de transport et de vente de pétrole. C’est une entreprise d’énergie reconnue mondialement pour son excellence technologique.
– Domaine de libra : Suivant l’Agence Nationale de Pétrole (ANP), l’exploration de ce domaine devrait doubler les réserves nationales de pétrole – l’estimation est que le volume de pétrole récupérable sera de 8 à 12 milliards de barils- les réserves nationales sont aujourd’hui de 15,3 milliards de barils. Fabio AMATO, le 20/10/2013
– Présel : Les champs (pétrolifères ou gaziers) dits présel se situent dans la croûte terrestre, sous des couches de sel, à environ 7 000 m de profondeur, et sont très difficiles à exploiter. Au large des côtes brésiliennes, ces gisements contiendraient 50 milliards de barils, soit un peu plus de trois fois les réserves actuelles du Brésil.
Bibliographie :
http://oglobo.globo.com/economia/brasil-rumo-elite-do-petroleo-mundial-10268238