La géopolitique du Brésil

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ème puissance du monde par sa population (191 millions d’habitants en 2010) et par sa superficie (près de la moitié du continent sud-américain), le Brésil constitue en 2011 la 11ème puissance économique avec un PIB de 1,5 Mds $. Pour autant, le plus grand pays d’Amérique Latine reste une terre de contrastes géographiques, économiques et sociologiques.

Depuis l’élection du président Lula en 2002, le Brésil tient un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale. Avec les autres pays membres du groupe des BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine), il est parvenu à imposer une autre manière de penser la mondialisation et revendique le droit de siéger au conseil de sécurité des Nations Unies. L’élection en septembre 2010 de Dilma Rousseff, présentée par tout le monde comme la « candidate de Lula » marque le succès retentissant de la politique de Lula sur le plan intérieur mais également sur le plan international. Première femme élue à la présidence fédérale du Brésil, elle est également le symbole du nouveau visage dont le pays souhaite se doter : moderne, conquérant et tourné vers le XXI siècle.

 

I) La volonté du Brésil d’instaurer un leadership continental en Amérique du Sud

Suite à la colonisation européenne de l’Amérique du Sud, la plupart des 
états du continent obtinrent leur indépendance au cours du XIX siècle. Ce n’est pourtant qu’au cours du XXème siècle que certains pays développèrent l’ambition de jouer un rôle sur le plan mondial. Ce fut le cas de l’Argentine avant la seconde guerre mondiale et c’est aujourd’hui le cas du Brésil.

L’élection de Luis Inacio Lula da Silva (dit Lula) en octobre 2002 a représenté un tournant majeur pour le Brésil. Le nouveau président a décidé dès son entrée de fonction de faire entrer son pays dans le XXIème siècle et d’en faire une puissance continentale de premier plan. La politique étrangère du Brésil fut dès lors d’avantage tournée vers l’action, par le biais d’une diplomatie à la fois coopérative et offensive.

Le Brésil étend son influence à l’échelle continentale et devient l’un des leaders d’une « autre » mondialisation. L’antagonisme traditionnel qui l’oppose depuis longtemps à son voisin argentin semble d’ailleurs nettement tourné à son avantage.

 

a. La diplomatie brésilienne à la conquête du continent sud- américain

Si le Brésil décide de rejoindre l’Organisation des Etats Américains en signant la Charte de Bogota en 1948, ce n’est qu’à partir des années 1990 que le pays s’engage dans une politique de coopération régionale. C’est en effet lors de la signature du traité d’Asunción le 26 mars 1991 qu’est créé le MERCOSUR. Aux côtés du Brésil on retrouve l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay à l’origine de cet espace économique commun. Il s’agit, à l’époque, du troisième marché intégré au monde après l’Union Européenne et l’ALENA, l’espace économique des pays d’Amérique du Nord qu’il souhaite supplanter sur le plan de la coopération économique. C’est la volonté de renforcer la stabilité régionale et celle d’accroître par la même occasion l’influence brésilienne sur le sous-continent qui a notamment motivé les dirigeants brésiliens à s’investir pleinement dans le projet.

Pour assoir sa politique de conquête du leadership régional, le président Lula n’a pas hésité à intensifier sa politique étrangère de coopération régionale. Ainsi, le Brésil a joué un rôle majeur dans l’élargissement du MERCOSUR, notamment à travers l’intégration du Pérou en 2003, du Venezuela et du Mexique en 2004 et à travers des négociations avec les pays de la communauté andine (CAN). Dans le prolongement de cette volonté de coopération régionale, la création de l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) en 2008, sur le modèle de l’Union Européenne, a également eu lieu lors de la présidence de Lula. Rassemblant les Etats membres du Mercosur, de la CAN, ainsi que le Chili, le Guyana et le Suriname, le projet prévoit d’instaurer un espace économique commun (déjà en place), une monnaie unique, une citoyenneté et un parlement commun. Beaucoup y voit, sans doute avec raison, un moyen pour les Etats d’Amérique du Sud de s’émanciper de l’influence des Etats-Unis en contournant, notamment, le recours à l’Organisation des Etats Américains.

Cette volonté d’assurer un leadership régional ne doit cependant pas être perçue de manière trop brutale. Au contraire, le Brésil a su se faire discret, notamment afin de ménager les susceptibilités d’autres grands Etats de la région comme le Mexique et bien évidemment l’Argentine. Il ne fait pourtant aucun doute que ce pays constitue la première puissance militaire d’Amérique du Sud et la seule capable de se projeter à l’extérieur par le biais du porte-avion Sao Paulo (anciennement porte-avion Foch, racheté à la France en 2000). Le pays est également intervenu à plusieurs reprises dans des affaires de politique intérieure dans d’autres pays d’Amérique du Sud, notamment au Venezuela en 2003, en Bolivie en 2008.

 

b. L’antagonisme argentino-brésilien : une lutte pour le leadership continental

L’antagonisme qui continue à opposer l’Argentine et le Brésil n’est pas récent. On peut remonter jusqu’à l’histoire coloniale des deux pays pour parvenir à le comprendre. On retrouve ainsi des restes de l’affrontement entre les deux puissances coloniales : l’Espagne pour l’Argentine et le Portugal pour le Brésil. On assiste également à une opposition entre l’Amérique blanche (Argentine) et l’Amérique métissée (Brésil). Dans les années 1930, l’Argentine fait partie des grandes puissances mondiales et se trouve en position de force face à son voisin brésilien. En raison de la superficie et du poids démographique brésilien, les Argentins cultivent néanmoins depuis toujours une peur envers l’expansionnisme brésilien. D’un point de vue commercial, la majorité des échanges se faisaient selon l’axe Nord-Sud avant la Seconde Guerre Mondiale et les échanges commerciaux entre l’Argentine et le Brésil étaient alors très faibles. Chacun continuant à avoir une dépendance assez forte vis-à-vis de l’Europe et des Etats-Unis. Pour toutes ces raisons, les relations entre les deux Etats étaient basées sur la concurrence jusqu’à la fin des années 1970.

A partir des années 1980, la situation commence à changer et la supériorité argentine s’estompe. En effet, les années 1980 furent un désastre pour l’Argentine. Le pays fut rongé par l’hyperinflation : en 1985, celle-ci était de 650%. La situation a semblé se stabiliser au début des années 1990 et certains ont même parlé de « miracle argentin ». Pourtant l’avenir allait les rappeler durement à la réalité avec la crise argentine. C’est en effet le nom que l’on a attribué à la grande crise économique et sociale qui a secoué le pays entre 1998 et 2002. Dans le même temps, le Brésil voit la démocratie s’installer en 1985 et le pays se stabiliser peu à peu. Cette période est propice à l’établissement d’une nouvelle constitution pour le pays et s’accompagne d’un regain de dynamisme au niveau économique. Même si les inégalités continuent d’être inacceptables pour un pays comme le Brésil, la période qui va de 1985 à 2002 permet au pays de rattraper le retard sur son voisin argentin. L’élection de Lula en 2002 est véritablement un tournant dans la relation entre les deux pays.

En choisissant d’effectuer son premier voyage officiel en Argentine, le président Lula a donné un signe fort de sa volonté de coopérer avec son concurrent traditionnel. Il a en effet compris qu’en renforçant la relation entre les deux états, il renforcerait par la même occasion le poids politique du Mercosur et de toute la région. Il a alors affiché sa volonté de tirer l’économie argentine du marasme dans laquelle elle se trouvait depuis les années 1980. La volonté de rapprochement entre les deux états va même plus loin à partir de 2006 avec la signature d’un accord bilatéral instaurant un ��Mécanisme d’adaptation compétitive » qui a pour but d’encourager le développement des industries nationales.

L’UNASUR semble vouloir s’inspirer en grande partie de l’Union Européenne. Nous avons cru voir dans le rapprochement entre le Brésil et l’Argentine une situation un peu similaire à celle entre l’Allemagne et la France après la Seconde Guerre Mondiale. Deux états historiquement concurrents se rendent compte peu à peu qu’ils ont plus à gagner en coopérant. Dans un monde multipolaire de plus en plus compétitif, les Brésiliens et les Argentins ont besoin de mettre en commun leurs forces et de travailler conjointement afin d’instaurer un dynamisme à toute l’Amérique latine, de la même manière que le couple franco-allemand qui a été le moteur de la construction européenne.

 

II) L’émergence du Brésil sur le plan international

Certains signes ne trompent pas et témoignent de l’émergence du Brésil au niveau international. Nous en voulons pour preuve la vitalité de son industrie et de ses entreprises, ainsi que la bonne santé économique du pays. La réussite du Brésil au plan régional lui a donné des velléités d’intervention sur la scène internationale.

Depuis la présidence Lula, le pays n’hésite plus à prendre des positions contraires à celles des Etats-Unis ou de l’Europe. Le Brésil a trouvé de nouveaux partenaires pour faire entendre ses opinions et pour promouvoir ses intentions politiques, notamment aux côtés de la Chine, de l’Inde ou de la Russie. Plus polémique et de manière moins consensuelle, on a également entendu ses dirigeants prendre partie en faveur de l’Iran lors de l’affaire sur le nucléaire. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à voir dans cette position, la volonté du Brésil de se doter de l’arme atomique à moyen long terme.

 

a. Un décollage économique retentissant

Le Brésil, une nouvelle puissance pétrolière et énergétique

1) Pétrole :

L’activité pétrolière représente 10 % du PIB du Brésil. Ce dernier subvient à ses besoins pétroliers depuis 2006 avec 1,93 millions de barils de brut produits par jour. Les 2 dernières années, le pays a découvert des gisements offshores prometteurs. Leur exploitation augmenterait les réserves de pétrole du Brésil de 50% et les placerait dans les 10 premières réserves de pétrole mondiales, à comparer avec sa 24ème place actuelle. Le Brésil, qui deviendrait exportateur net avec l’exploitation des nouveaux gisements, pourrait ainsi rejoindre le cartel de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) dans les prochaines années.

Les défis qui attendent le Brésil sont multiples : répartir les rentes pétrolières au profit de l’ensemble de la population, assurer une stabilité régionale et un lien étroit avec les grands pays consommateurs tout en poursuivant une politique de diversification des ressources et des investissements pour l’exploitation. Inversement, le Brésil s’annonce comme un partenaire politique et économique de plus en plus influent pour les années à venir.

2) Autres énergies :

Le Brésil a misé sur les énergies renouvelables qui, à elles seules, représentent 44,5% de l’énergie utilisée dans le pays. Quant au reste du monde, la part des énergies renouvelables n’est que de 13,3%, soit trois fois moins que le Brésil. Si l’on compare ce chiffre à la moyenne des pays de l’OCDE, qui est de 6%, nous pouvons affirmer que le Brésil est le premier utilisateur mondial des énergies renouvelables.

Parmi ces énergies, on trouve l’éthanol, où le Brésil occupe le 2ème rang mondial en terme de production et l’hydroélectricité, qui fournit 86 % de la production totale d’électricité. Le pays est doté du potentiel hydroélectrique le plus important du monde, estimé à 255 millions de kilowatts.

A part les énergies renouvelables, le Brésil, grâce à l’étendue de son territoire et à la diversité de ses sols, est un important acteur minier : il est le 2ème producteur mondial de fer. Afin d’asseoir son influence dans le monde, le Brésil essaye d’être indépendant et de contrôler son approvisionnement des matières premières. Il possède des groupes comme Petrobras et Vale (ex-CVRD et premier producteur mondial de minerais de fer). Le Brésil tente de parvenir à l’indépendance énergétique afin de ne pas dépendre des autres pays.

Petrobras et Embraer : Des entreprises industrielles à la conquête du monde

Une industrie puissante : Le Brésil est le leader industriel en Amérique Latine. L’industrie emploie 41% des actifs. Cette industrie commence à être de plus en plus compétitive et concurrence les plus grandes entreprises au monde comme Embraer qui a récemment détrôné le canadien Bombardier. Embraer est spécialisé dans les avions civils de petite et de moyenne taille utilisés dans l’aviation régionale, d’affaire et agricole. L’entreprise, qui construit également des avions de chasse, de télédétection et de transport d’autorités, est devenue le 3ème constructeur aéronautique mondial civil. L’usine Embraer emploie 17 149 
personnes. Il prévoit de réaliser 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2010 et il mise sur l’aviation d’affaires et les court-courriers d’une capacité de moins de cent places.

Un autre géant de l’industrie brésilienne est Petróleo Brasileiro S.A – Petrobras, une entreprise de recherche, d’extraction, de raffinage, de transport et de vente de pétrole qui réalise un chiffre d’affaires de 56,324 milliards USD et emploie 74 240 d’employées pour une production de 2,3 millions de barils/jour. Petrobras est présente dans 18 pays étrangers, notamment en Angola, en Tanzanie, en Turquie et en Inde où elle s’appuie sur sa maîtrise des forages en eau profonde.

Elle prévoit d’investir 112 milliards de dollars sur la période 2008-2012. Le nouveau gisement de Tupi en eaux profondes (6 000 m) recèle entre 5 et 8 milliards de barils de pétrole, ce qui permettra à Petrobras de produire 4,3 millions de barils/jour d’ici 2015.

La force du Brésil, mis à part sa puissance industrielle, est qu’elle tient toujours, lors des grosses opérations d’importations, à assurer le transfert de technologie ce qui pourrait être le cas avec le Rafale français.

Un leader dans l’industrie agricole : café, sucre, viande, soja…

En 2006 l’agriculture représente 5.1% du PIB et 13.8% de la population. Près d’un quart de la production mondial de café provient des implantations brésiliennes des états de Sao Paulo, de Parana, d’Espirito Santo et du Minas Gerais. En 2006, le Brésil produisait 2.59 millions de tonnes de café par an essentiellement destiné à l’exportation. Le Brésil est également dans tous les premiers rang mondiaux de Soja (49,2 millions de tonnes en 2006), de tabac, de coton, de cacao, de mais, de manioc et de ricin.

Une ombre vient cependant noircir le tableau : l’ONU a classé le Brésil en 2006 comme le pays le plus inégalitaire au monde car seulement 57% des terres appartiennent à 2.7% des propriétaires. C’est la preuve que le pays, malgré des atouts indéniables et des forces indiscutables, doit encore évoluer et se moderniser afin que la croissance économique profite au plus grand nombre.

 

b. La volonté d’instaurer une politique alternative au plan mondial

Le BRICS

On peut s’interroger sur la raison qui pousserait cinq pays éloignés géographiquement, culturellement et politiquement, à se réunir. Dans l’histoire de la politique mondiale, on peut trouver divers exemples d’apparition et de développement d’institutions internationales, mais le BRIC est un groupe sans précédent. L’acronyme ingénieux, inventé en 2003 par Jim O’Neill de Goldman Sachs dans un but commercial (attirer l’attention des clients sur les marchés émergents), a commencé à prendre de sérieuses proportions sur la scène internationale.

Pour les pays membres le BRICS est avant tout une entité politique ce qui reflète le besoin objectif d’une structure mondiale plus diversifiée et moins centrée sur l’Occident. Il est à noter qu’au cours du récent vote au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Libye, le BRIC a fait preuve d’une solidarité étonnante: la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil se sont abstenus, donnant l’impression de s’être concertés sur leurs positions respectives. Toutefois, l’Afrique du Sud a soutenu la coalition occidentale. Des raisons objectives engendrent un intérêt croissant pour les pays du BRIC.

Premièrement, le sentiment largement répandu que le système des institutions mondiales ne correspond pas aux processus réels du XXI siècle et que la réforme reste toujours sur le papier. L’ordre mondial multipolaire nécessite des formats différents de ceux du monde bipolaire pendant la guerre froide. Mais en fait, ils n’ont pratiquement pas changé depuis. Ce n’est pas un hasard si dans ses déclarations le BRIC remet en cause la légitimité du système existant. Il ne faut pas trop compter, par exemple, sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies qui reflète la disposition des forces de 1945: les membres permanents actuels, qui ont des privilèges, ne comptent pas les partager avec qui que ce soit. Toutefois, cela concerne également deux membres du BRIC: la Russie et la Chine.

Deuxièmement, la nécessité de chercher des approches véritablement nouvelles pour régler des problèmes globaux est évidente. Les cinq pays estiment que le discours mondial est pratiquement monopolisé par l’Occident. Non seulement cela ne correspond plus à la disposition des forces économiques et même politiques, mais cela empêche également de trouver de nouvelles solutions qui pourraient naître seulement en élargissant la base des discussions.

Troisièmement, les cinq pays sont conscients des limites de leurs efforts pour améliorer leur propre influence et leur poids dans l’arène internationale, en agissant seulement dans le cadre des structures existantes. On pourrait dire que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud cherchent des moyens de renforcer leurs positions dans le processus de formation du futur ordre mondial. Le fait qu’ils représentent toutes les régions importantes du monde justifie d’autant plus leurs aspirations.

Cependant, tous les membres du groupe récusent fermement toute velléité de création d’une organisation dirigée contre d’autres pays. Toutefois, les Etats- Unis n’y croient pas. Ils estiment que le BRICS est une structure qui vise à affaiblir les Etats-Unis.

Les pays du BRICS n’ont formulé aucune volonté de cet acabit, d’autant plus qu’ils sont liés avec les Etats-Unis par des relations d’interdépendance économique, notamment le Brésil. Toutefois, quoiqu’en disent ou pensent les capitales des pays du BRICS, étant donné qu’il s’agit d’un système international fermé, les analystes qui pensent que la croissance de l’influence du BRICS n’est possible que grâce à la réduction, même relative, de l’influence de l’Occident n’auraient pas entièrement tort.

Les relations Brésil-Iran

Sur le dossier du nucléaire iranien, les Brésiliens ont choisi d’adopter une posture conciliatrice. Le rapprochement entre le Brésil et l’Iran sera-t-il bénéfique à la promotion internationale du géant sud-américain ou ternira-t-il sa traditionnelle image positive auprès de la communauté internationale ?

Le rapport du gouvernement brésilien au nucléaire iranien ne peut se comprendre qu’en analysant globalement sa politique étrangère. Sa priorité, au plan international, est de développer sa marge d’autonomie et sa visibilité. Politiquement, cela se traduit par la diversification des partenariats– rapprochement avec les « grands émergents » et les autres pays en développement –, dans le but de démocratiser les relations internationales en les rendant moins asymétriques. Mais ce développement des relations Sud-Sud ne signifie pas pour autant que le Brésil abandonne ses partenaires traditionnels du Nord comme les États-Unis. Avec ces derniers, les Brésiliens cherchent simplement à établir un dialogue d’égal à égal. L’objectif final de cette stratégie, de ce dynamisme diplomatique, étant de donner au Brésil les moyens d’effectuer sa conversion en une véritable puissance mondiale, reconnue de tous.

Le fossé diplomatique pourrait donc se creuser entre le Brésil et les États-Unis. Brésiliens et Américains n’en sont pas à leur premier désaccord (échec du projet nord-américain de Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) ; différends commerciaux à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ; dénonciation de la présence de bases américaines en Colombie et de la réactivation de la IVe flotte américaine en Atlantique Sud, etc.). Sur la question spécifique du nucléaire iranien, le dialogue est des plus délicats entre Brasilia et Washington et constitue désormais un facteur d’irritation majeur dans leurs relations.

 

 

Sources :

 

– « L’émergence du Brésil sur la scène mondiale », Atlas Géostratégique 2010, Diplomatie, décembre 2009-janvier 2010

– « Histoire du XXème siècle » Pierre Milza, Serge Bernstein

– « Le MERCOSUR, les voies nouvelles de l’intégration : Brésil – Argentine – Uruguay – Paraguay » , Jean-Yves Mérian

– « L’élection de Lula et la politique extérieure brésilienne : changement ou continuité ? » par Nicolas Foucras, Centre d’études interaméricaines, novembre 2002

– « Le MERCOSUR », Centre d’études interaméricaines, décembre 2009 – http://www.bresil.org
- www.mercosur.org.uy/
- www.pptunasur.com

– http://energie.sia-conseil.com/20090807-le-bresil-nouvelle-puissance-petroliere-2/ – http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_du_Br%C3%A9sil#.C3.89nergie
- http://www2.topdobrasil.com.br/energie/ethanol.asp
- http://www.petrobras.com.br/en/ -http://www.voyagesphotosmanu.com/agriculture_bresil.html

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