Exposé géopolitique : seconde partie (Cliquez ici pour la première partie)
Introduction
L’Érythrée est un pays de la corne de l’Afrique située à l’est du continent. Sa capitale est Asmara est située sur un plateau à 2300 mètres d’altitude (également la plus grande ville du pays, deuxième capitale la plus élevée d’Afrique, cinquième au rang mondial). Elle s’étend sur une superficie de 117 600 km² (121 300 km² en incluant l’Archipel de Dahlak). On estime la population de ce pays à 6 233 682 habitants en juin 2013 (dont 21,3% de population urbaine). Concernant les langues, on en compte huit utilisées par les différentes ethnies. Celles officielles restent le tigrinya, l’arabe et l’anglais (cette dernière n’est quasiment plus utilisée par les habitants). Le drapeau érythréen actuel a été adopté le 5 décembre 1995. Il est inspiré de celui du mouvement de la Force populaire de libération de l’Érythrée (FPLE). Il est composé de trois triangles (vert, rouge et bleu), de branches d’olivier et une couronne dorés. Le triangle vert représente l’agriculture, le bleu quant à lui, la mer Rouge et le rouge le sang versé pour l’indépendance de l’Érythrée et pour la patrie. Les branches d’olives dorées symbolisent la richesse en minerai du pays. La couronne s’inspire du drapeau des Nations Unies et symbolise la paix. Les formes géométriques auraient différentes significations selon diverses personnes. Pour certains la forme isocèle du triangle rouge représente en quelques sortes la forme du pays, tandis que pour d’autres, elle est disposée de telle sorte que sa taille diminue de gauche à droite exprimant ainsi la volonté de ne plus devoir verser de sang dans le futur.
I – L’histoire politique
L’Érythrée est une république à régime présidentiel à parti unique. Le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) détient seul le pouvoir. L’Assemblée nationale, formée en 1993 peu après l’indépendance, est un parlement monocaméral et est composée de 150 sièges dont 33 femmes, soit 22% du nombre total des sièges. Des élections dans cette assemblée devaient se tenir en 2001. Celles-ci ont été repoussées, apparemment en raison du conflit territorial persistant avec l’Ethiopie. Son dernier renouvellement a eu lieu le 1er février 1994.
Les différents types de pouvoir
Le pouvoir exécutif
Le Président est à la fois chef de l’État et chef du gouvernement. Il est élu par l’Assemblée nationale en place depuis 1993. Le président actuel, Issayas Afeworki, qui dirige son pays d’une main de fer, est à la tête du pays depuis l’indépendance du pays. Il nomme les chefs des différents ministères (autorités, commissions et offices) puis les soumet à l’Assemblée nationale pour ratification. Issayas Afeworki est donc à la tête du pays depuis 1993 sans élections. Le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), qui détient seul le pouvoir est fondé en 1994 par Issayas Afeworki. Ce parti est issu du Front Populaire de libération de l’Erythrée (FPLE) qui mena la lutte pour l’indépendance de l’Erythrée. Il est le seul parti légal en Erythrée. Tout régime utilisant le multipartisme est refusé par celui-ci.
Le pouvoir législatif
L’Assemblée nationale compte 75 membres du FPDJ (Front Populaire pour la Démocratie et la Justice) et 75 membres élus. L’Assemblée définit la politique intérieure et extérieure du pays, approuve le budget et élit le Président. Des assemblées régionales sont élues dans chacune des six subdivisions de l’Érythrée (Maekel, Anseba, Gash-Barka, Debub, Semien-Keih-Bahri, Debub-Keih-Bahri).
Le pouvoir judiciaire
Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et exécutif. Il existe trois niveaux d’instances judiciaires, les cours de village, les cours régionales et la Haute cour nationale. Les 683 cours de village sont composées de trois juges élus. Le droit local et coutumier y tient une place importante.
Relations avec pays voisins
La politique étrangère de l’Érythrée est caractérisée par des conflits et tensions avec les pays voisins. Pour certains analystes, l’Érythrée déstabilise le système de sécurité de la Corne de l’Afrique, en menant une politique à tendance impérialiste dans la région.
- Relations avec l’Ethiopie : Entre 1998 et 2000, l’Érythrée et l’Éthiopie se sont affrontées au sujet d’une zone frontalière, dans les régions de Badmé et de Bure (en tout390 km² contestés). Après des avancées initiales de l’Érythrée en 1998, l’Éthiopie mène en 2000 une offensive qui lui permet de reprendre le terrain perdu, au prix de nombreux morts des deux côtés (Érythrée à 19 000 morts et 650 000 réfugiés ; Éthiopie à 34 à 123 000 morts) et d’importantes pertes économiques. La Cour internationale de justice a délimité la frontière contestée entre les deux belligérants, mais l’Éthiopie refuse de rétrocéder le village de Badme qui a été attribué à l’Érythrée.
- Relations avec Djibouti : Des tensions avec Djibouti ont débouché sur des affrontements armés en juin 2008.
- Relations avec la Somalie : L’Érythrée est accusée de soutenir des mouvements armés en Somalie, en particulier le groupe Al-Shabbaab.
- Relations avec le Soudan : En 1994, l’Érythrée a rompu ses relations avec le Soudan, suite à une incursion de rebelles islamistes soudanais en Érythrée, en décembre 1993 (20 morts).
- Relations avec le Yémen : En décembre 1995, l’Érythrée a envahi les Îles Hanish dans le but d’annexer ce territoire yéménite qu’elle revendiquait. La Cour internationale de justice a finalement attribué les iles au Yémen, hormis quelques ilots, au Sud, attribués à l’Érythrée. Le bilan des affrontements fut de 3 à 12 morts côté érythréen et 15 côté yéménite.
Situation géographique
- Bab-el-Mandeb littéralement la « porte des lamentations » en arabe — est le détroit séparant Djibouti et le Yémen, la péninsule arabique et l’Afrique et qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden, dans l’océan Indien. C’est à la fois un emplacement stratégique important et l’un des couloirs de navigation les plus fréquentés au monde.
- Perim : île du Yémen. « détroit d’Alexandre » ou « Bab Iskender », est large de 3.2 kilomètres tandis que celui la séparant de l’Afrique, le Dact-el-Mayun, est large de 25.6 kilomètres.
- Mokka : l’un des plus importants ports du monde arabe lors du XVIIème siècle, connu suite aux fameux grains de café du Yémen. C’est alors l’apogée d’Al-Mukha, qui détient le monopole du commerce du café et peu après celui des livraisons vers l’Europe.
Colonisations et annexion
L’Érythrée italienne a été la première colonie italienne en Afrique. La présence italienne en Érythrée s’est étendue de 1869 jusqu’à l’occupation du territoire par le Royaume-Uni en 1941, mais à partir de 1936 le territoire est intégré dans l’Afrique orientale italienne.
Après 30 ans de lutte armée contre Addis Abeba, l’ancienne province de l’Erythrée est devenue indépendante en 1993. Cette indépendance est reconnue par l’Ethiopie, pourtant les deux pays entrent à nouveau en guerre en 1998 pour le tracé de leur frontière commune, notamment pour la ville de Badmé. En 2002, une commission internationale d’arbitrage donne raison à l’Erythrée et place Badmé en territoire érythréen. Or Addis-Abeba refuse ce tracé, et empêche depuis toute fixation définitive de la frontière. En fait, derrière ce contentieux se cache pour l’Ethiopie l’amertume d’avoir perdu son seul accès à la mer.
II – Le gouvernement d’aujourd’hui
Issayas Afeworki, dirigeant totalitaire
Comme dit précédemment, c’est Issayas Afeworki qui est à la tête de l’Erythrée. Avant d’être président, Issayas Afeworki a participé au Front de Libération de l’Erythrée qui mène la lutte pour l’indépendance de l’ancienne colonie italienne fédérée à l’Ethiopie en 1952 par l’ONU, puis, annexée en 1962. Il rejoint en 1970 le Front Populaire de libération de l’Erythrée, qui est plutôt dominée par la religion chrétienne. Celle-ci s’oppose aux FLE, dominée plutôt par les musulmans. On parle alors de « double guerre civile ». En 1987, il est nommé secrétaire général du FPLE, avant d’en être nommé président le 24 mai 1993, à l’obtention de l’indépendance de l’Ethiopie. Les deux objectifs prioritaires du gouvernement aujourd’hui sont la mise en place sur les versants montagneux 40 000 km² de terrasses cultivables ainsi que de planter vingt millions d’arbres afin de fixer les eaux et de pouvoir garder la main sur le contrôle du port d’Assab situé sur la mer rouge dans le but d’encaisser les revenus de sa raffinerie de pétrole.
Issayas Afeworki est celui qui a instauré le régime à parti unique, sans élections et une économie centralisée avec rôle prépondérant de l’État. En 2001, des protestations ont eu lieu pour demander au Président l’application de la Constitution ratifiée en 1997, ainsi qu’une plus grande ouverture politique et sociale. Sa réponse fut rapide ; en effet, il a fait emprisonner ses contestataires, dont son vice-président, Mahmud Ahmed Sherifo (qui serait mort en détention en 2003), ainsi que les journalistes ayant fait part de leur mécontentement quant à sa décision.
Dans un rapport publié en 2013, Amnesty International décompte plus de 10 000 prisonniers politiques arrêtés arbitrairement et détenus sans jugement dans des conditions « atroces ». Le gouvernement en place est accusé d’« autoritarisme ». La Constitution n’est aujourd’hui pas totalement en vigueur malgré sa ratification. Depuis 2002, l’Assemblée nationale ne s’est pas réunie et aucune élection générale ne fut organisée suite à l’adoption d’une loi électorale en 2002.
« Bien que l’Érythrée soit signataire des principaux instruments internationaux de défense des droits humains, les droits humains sont sévèrement restreints ». La RFI (Radio France Internationale), dans une de ses publications surnomme l’Erythrée comme « la Corée du Nord africaine ». Le gouvernement français indique quant à lui que le régime érythréen interdit les partis politiques. Ce n’est pas le seul fait refusé par le régime érythréen puisque de nombreuses libertés ont été supprimées. De plus, la situation des droits de l’homme y est très préoccupante. Outre le fait que les partis politiques sont interdits, ce régime ne dépend pas de la justice. Les prisonniers politiques y sont de plus en plus nombreux. La liberté de la presse et les libertés syndicales y sont également restreintes. L’indice international de la liberté de la presse des Reporters Sans Frontières classe l’Erythrée au dernier rang mondial (180ème), et ce, pour la 5ème fois en 6 ans.
De plus, depuis quelques années, tous les groupes religieux, à l’exception des quatre principaux (églises orthodoxe d’Érythrée, église luthérienne d’Érythrée, église catholique, Islam) ont été interdits afin de lutter contre l’influence politique pro-américaine principalement. Toutes ces interdictions poussent les habitants à quitter le pays. Ces derniers deviennent principalement réfugiés dans les pays voisins (Soudan, Ethiopie, Egypte, Libye) au risque d’être arrêtés et incarcérés sans jugement pour désertion. Les plus courageux d’entre eux essaient même d’atteindre des pays lointains (Europe). Il n’y a quasiment pas d’opposition au sein de pays même. Elle se trouve principalement en Ethiopie, aux Etats-Unis et en Europe. Durant le mois de novembre 2011, elle s’est réorganisée à Hassawa (ville éthiopienne) avec la création d’une Assemblée Nationale pour le changement Démocratique constituée de 126 membres provenant de l’ensemble des forces d’opposition érythréenne au régime d’Issayas Afeworki. À la tête de cette opposition se trouve Yusuf Berhanu. Nous pouvons alors parler des récents conflits de l’Erythrée avec ses pays voisins, dont principalement, l’Ethiopie. Selon une décision rendue par une commission internationale de La Haye, l’Érythrée aurait violé la loi internationale et déclenché la guerre en envahissant l’Éthiopie.
Quelques données
Les forces de défense érythréennes sont divisées en une armée de terre, une armée de l’air ainsi qu’en une marine de guerre. Elles comprennent 300 000 personnels actifs et 250 000 réservistes. La part du PNB allouée à la défense était de 20,9 % en 2006. L’infrastructure y est relativement développée – routes et ports principalement –, mais ces derniers sont sous-utilisés. La principale source de revenu du pays est le transfert de fonds de la diaspora des érythréens immigrés. L’agriculture fournit 11% du PIB. Les produits exportés sont bétail, de la viande et de la gomme arabique. Dans les années à venir, l’Erythrée compte sur l’exploitation des minerais de cuivre, d’or, mais aussi du pétrole, du gaz, du coton, de la potasse, du fer et du café afin de se développer.
III – Les relations internationales
Relations politiques avec :
L’ONU et les ONG
En décembre 2011, l’Erythrée a décidé de mettre fin à l’aide financière de l’Union européenne. Le gouvernement érythréen a également décidé que les dernières ONG étrangères ainsi que les agences de l’ONU présentes dans le pays devraient cesser leurs activités. Le gouvernement érythréen est finalement revenu sur ses deux décisions en juillet 2012 et demandé la reprise de la coopération européenne et des Nations Unies. Malheureusement, il est trop tard, l’Etat est sous sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les États-Unis
Les États-Unis disposent d’une ambassade à Asmara tandis que l’Érythrée dispose d’une ambassade à Washington DC. Le gouvernement américain a reconnu l’indépendance de l’Érythrée vis-à-vis de l’Éthiopie le 27 avril 1993 et a établi des relations formelles le 11 juin 1993 avec la désignation d’un chargé d’affaires. Les intérêts américains en Érythrée comprennent la consolidation de la paix avec l’Éthiopie, des progrès encourageants vers l’établissement d’une véritable démocratie en soutenant les efforts de l’Érythrée dans la résolution des problèmes régionaux, et la promotion du développement de l’économie érythréenne.
Le Canada
Les relations entre le Canada et l’Érythrée sont limitées. Mais celui-ci est toujours préoccupé de la situation des droits de la personne en Érythrée, surtout en ce qui concerne le respect des principes démocratiques et de la primauté du droit, l’emprisonnement ou le mauvais traitement des opposants politiques et des journalistes et la protection des libertés civiles. Le Canada aspire à une paix durable entre l’Érythrée et l’Éthiopie et est intervenu en qualité de médiateur dans le différend frontalier entre ces deux pays. Le Canada soutient l’Accord de paix d’Alger conclu en 2000, qu’il considère comme étant l’unique plan pour la paix entre les deux pays. Cet accord prévoyait la présence d’une mission de maintien de la paix de l’ONU dans la région frontalière (MINUEE) et la création de la Commission du tracé de la frontière entre l’Éthiopie et l’Érythrée chargée de la délimitation de celle-ci. Le commerce bilatéral avec l’Érythrée a toujours été limité. Toutefois, ce commerce de marchandises a bondi de 2,92 millions de dollars en 2010 à 325,8 millions de dollars en 2011. Les nouvelles importations canadiennes d’or en provenance de l’Érythrée expliquent cette augmentation, faisant de ce pays la principale source d’or du Canada.
La Chine
Le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi s’est entretenu avec Osman Saleh Mohammed (ministre des affaires étrangères de l’Erythrée. Lors de leur rencontre, Yang Jiechi a salué les importantes réalisations entre la Chine et l’Erythrée depuis l’établissement des relations diplomatiques depuis environ 20 ans, mettant en avant le renforcement de la confiance politique mutuelle et la bonne coopération dans divers domaines. Il a apprécié le soutien ferme de l’Erythrée à la Chine sur les questions concernant les intérêts fondamentaux du pays, s’engageant à faire des efforts conjoints pour promouvoir les relations bilatérales. La Chine joue un rôle important dans les affaires internationales, et l’Erythrée est prête à renforcer encore davantage la coopération mutuellement bénéfique avec ce dans tous les domaines.
La France
La France : les liens franco-érythréens se sont beaucoup développés : Bernard Kouchner, alors ministre de la santé et de l’action humanitaire, est le premier ministre européen a s’être rendu en Érythrée en août 1992. Il y a eu la visite à Paris du ministre des Affaires étrangères érythréen, Ali Said Abdallah, en octobre 2004. De plus la visite à Asmara de la ministre déléguée à la Coopération et à la Francophonie en septembre 2006.
La Libye
Mouammar Kadhafi reçoit Issayas Afeworki, président de l’Érythrée, venu assister au sommet des cinq pays consacré à la recherche d’une solution à la crise du Darfour. Cette photo a été prise à Tripoli en mai 2005. Kadhafi fournir des armes à l’Érythrée et du carburant.
Conclusion
Le fait que le pays soit une dictature présidentielle pose problème puisque l’homme à la tête du gouvernement depuis l’indépendance du pays cherche depuis la guerre d’indépendance à renforcer son armée par tous les moyens afin de faire face aux problèmes avec les pays frontaliers. La communauté internationale n’est pas favorable aux décisions prises par le gouvernement érythréen. En effet, celles-ci ne respectent principalement pas les droits de l’homme. De plus, le président a déjà financé et soutenu des activités terroristes. Le président craint que son pays perde son indépendance et met donc tout en oeuvre pour que ses opposants ne soient pas présents sur son territoire. C’est également l’un des pays où le taux de corruption est l’un des plus élevés au monde. Malgré une croissance importante, l’IDH est aussi un des plus faible au monde. Le gouvernement qui se veut donc être une République n’est en réalité dénommée ainsi afin de faire distraction sur les nombreux problèmes à l’échelle internationale du pays.
Sitographie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Érythrée
http://www.ipu.org/parline-f/reports/1103_A.htm
http://www.frontlinedefenders.org/fr/eritrea
https://rsf.org/index2014/fr-index2014.php#
http://fr.rsf.org/erythree-rsf-denonce-la-situation-25-06-2013,44849.html
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/erythree/presentation-de-l-erythree/
http://www.rfi.fr/afrique/20140204-erythree-severement-critiquee-rapport-onu-droits-homme-afewerki-disparitions-forcees-torture-repression-censure/
http://www.parismatch.com/Actu/International/Kadhafi-Soudan-Erythree-Afeworki-149193