Fiche pays – Monaco

Géopolitique – Fiche Pays Monaco

Introduction

Monaco, dont le nom complet est Principauté de Monaco, est un pays situé en Europe de l’Ouest, composé d’une commune du même nom, occupant la même superficie que l’Etat lui-même, ce qui en fait une « cité-Etat ». Monaco est le deuxième plus petit Etat indépendant du monde après le Vatican, avec une superficie de 2.02 km² (en comparatif, le pays représente 1/20 000ème de la Suisse). Composée de 4 quartiers principaux, la principauté est considérée comme une encoche dans la France (et non comme une enclave).

Forme de l’Etat : Autrefois dépendante de la République de Gênes (République maritime italienne s’étant étalée sur 8 siècles), en 1911, la Principauté de Monaco devient une monarchie constitutionnelle (la dernière constitution date du 17 décembre 1962). Elle est dirigée actuellement par le Prince Souverain Albert II de Monaco, de la dynastie des Grimaldi (famille d’origine Génoise qui règne sur Monaco depuis 1297), qui est l’une des plus anciennes dynasties régnantes au monde.

Les langues : La langue officielle est le Français (environ 75% des monégasques l’ont pour langue maternelle). Cependant l’Anglais et l’Italien (les frontières italiennes ne sont qu’à 16km), sont largement compris et parlés. Le Monégasque est un dialecte ligure qui est enseigné dans la principauté mais qui n’est concrètement que peu pratiqué (seulement 17% de la population parle encore Monégasque).

Les ethnies : Monaco recense une dizaine de peuples différents sur son territoire. D’abord, les français, en majorité, représentent 47% de la population, les Italiens sont également très présents sur le territoire, la frontière étant très proche (16% de la population). Ensuite, en minorités, cohabitent des allemands, britanniques, russes,  espagnoles, portugais…Les citoyens monégasques représentent 16% des habitants.

La monnaie : l’Euro qui a été introduit en 2000 est la monnaie officielle de Monaco depuis 2002. Le Franc Monégasque fut l’unité monétaire de la Principauté de Monaco de 1837 à 1999.

L’IDH : Non calculé. La principauté de Monaco fait partie des 25 pays au monde qui ont été privés d’Indicateur de Développement Humain par le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud). En effet, ce calcul est impossible dans la mesure où certaines statistiques n’existent pas dans le pays, telles que PNB par habitants, durée en moyenne de la scolarité pour les adultes…etc.

Données démographiques (2016) : La principauté de Monaco récence 38 500 habitants dont 9100 monégasques sur son territoire. L’indice de fécondité est de 2.5 enfants par femme, associé à un taux de natalité de 13,1% en 2016. L’âge médian des hommes est de 50,6 ans et de 53 ans pour les femmes. L’espérance de vie à la naissance est de 85,4 ans, alors que la mortalité infantile n’est que de 1.81 pour 1000 naissances. La structure de la population en termes d’âge est relativement équilibrée, à tendance vieillissante, puisque la part de la population ayant moins de 15 ans constitue la minorité (environ 10%), la grande majorité de la population se situe entre 15 et 64 ans (60% environ) et environ 30% de la population a plus de 65 ans. Le solde migratoire est relativement faible, avec 3,83% en 2015.

Pyramide des âges à Monaco en 2016 (en proportion d’hommes et femmes)

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I – Evaluation du risque politique

Stabilité gouvernementale

Jusqu’en 1962, Monaco était une monarchie de droit divin (régime monarchique dans lequel le pouvoir du roi est légitimé par la volonté d’une divinité). C’est le 17 décembre 1962, par la promulgation de la Constitution par le Prince Rainier III que Monaco est devenue une monarchie héréditaire et constitutionnelle. Il s’agit aujourd’hui d’un gouvernement très stable, organisé et formalisé :

  • Le pouvoir exécutif : il relève de la haute autorité du Prince Albert II, qui a accédé au trône le 12 juillet 2005, après le décès de son père.
  • Direction du gouvernement : elle est confiée au ministre de l’Etat, actuellement Serge Telle, qui est assisté d’un Conseil de Gouvernement composé lui-même de 5 départements. Afin d’assurer la séparation des pouvoirs, le gouvernement est responsable devant le Prince mais pas devant le Parlement.
  • Les pouvoirs législatifs et budgétaires : ils sont exercés conjointement par le Prince et par le Conseil National, composé de 24 membres élus pour 5 ans au suffrage universel directs par les seuls nationaux monégasques.

Le Conseil National : En 2002, la réforme constitutionnelle a étendu les pouvoirs du Conseil National aux domaines des relations extérieures, du législatif et du budgétaire. Sa représentativité a d’ailleurs été renforcée par un scrutin à la proportionnelle, la parité mais également l’abaissement de la majorité à 18 ans. Aux dernières élections, c’est le parti « Horizon Monaco » qui l’a emporté (20 sièges) contre le parti dit « UDM » (Union des Monégasques) avec 3 sièges seulement.

  • Le pouvoir judiciaire : il est indépendant du gouvernement puisque la Constitution consacre le principe de la justice déléguée. En effet, ce pouvoir appartient au Prince qui en délègue le plein exercice aux cours et tribunaux, sous l’autorité de la Cour de Révision et de la Cour Suprême.
  • La commune : collectivité publique autonome de type décentralisé (alors que son territoire est le même que celui de l’Etat). Cette institution date de 1215, ce qui en fait la plus ancienne de Monaco. Elle est gérée par le Conseil Communale, une assemblée élue. Le maire est, depuis 2003 et encore aujourd’hui, George Marsan.
  • Le Conseil de la Couronne : il est composé de 7 membres nommés par le Prince tous les trois ans. Le Prince peut le consulter sur les questions touchant aux intérêts supérieurs de l’Etat.
  • Le Conseil d’Etat : il est chargé d’émettre un avis sur les projets de lois et ordonnances qu’il doit examiner. En revanche, la Principauté n’a signé la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qu’au moment où elle a rejoint le Conseil de l’Europe en 2004 et qu’elle ne reconnaît que depuis cette date dans cette décision.

Conditions socio-économiques

Alors que l’Europe compte environ 80 millions de personnes pauvres, le niveau de vie des habitants est très élevé dans la Principauté. Le chômage y est quasiment inexistant (proche des 0%). De plus, depuis 2014, une mesure prise par le Prince Albert II est venue consolider ce niveau de vie élevé. Depuis cette année-là, chaque monégasque reçoit de la part de la principauté un revenu de 1000 € par mois, que celui-ci dispose d’un emploi ou non. Le Prince Albert II a déclaré à propos de cette réforme : « Nos sociétés n’ont jamais été aussi riches, il me paraît donc essentiel et légitime de garantir à chacun la possibilité de vivre dignement ».

Par ailleurs, Monaco, petit pays très riche, fait preuve d’un réel engagement pour la santé publique : ce fut le premier pays à mettre en place des défibrillateurs externes automatisés dans les rues pour répondre à l’urgence vitale que représente l’arrêt cardiaque.

De plus, Monaco dispose d’un pôle santé envié par beaucoup. Les équipes de santé sont compétentes et les équipements performants dans de nombreuses spécialités. Elle a aussi mis en place une politique de collaboration et de mise en réseau avec des établissements hospitaliers français voisins, lorsque cela était nécessaire, dans un souci de complémentarité et d’efficacité.

En outre, la Principauté de Monaco met l’accent sur l’éducation de ses citoyens. L’accès à l’éducation à Monaco, et même l’école obligatoire de 6 à 16 ans est un principe traditionnel, basé sur celui de la France. Tous les établissements publics et privés sous contrat de la Principauté de Monaco sont homologués établissements scolaires français à l’étranger et les diplômes qui y sont préparés sont conformes à ceux définis par l’Education Nationale Française.

En revanche, alors que les femmes représentent 58% de la population de Monaco, les inégalités hommes/femmes semblent subsister mais de nombreux efforts sont faits, notamment par les élus pour faire face à cela : un nombre stable de 5 femmes sont au Conseil National, la parité a été obtenue au Conseil Communal, et on assiste à une accession croissante des femmes aux plus hautes responsabilités.

Les conflits internes

Aucun conflit interne n’a été recensé à ce jour.

Pressions ethniques

Pas de pressions ethniques

Conflits externes et pays voisins constituant un risque potentiel

Monaco pendant la Seconde Guerre Mondiale : La principauté de Monaco a vécu la 2nd Guerre mondiale d’une manière particulière : Au début de la guerre, Monaco était neutre mais s’est rapidement rapproché du régime de Vichy (le Prince Louis II demande de l’aide à Pierre Laval et au Maréchal Pétain) pour échapper à l’occupation. Malgré cela, Monaco a été envahi par les Italiens en 1942 puis par les Allemands en 1943. Certains qualifient les liens de Monaco envers le Troisième Reich « d’étrange neutralité » puisqu’ils entretenaient des liens financiers. Finalement, Monaco est libérée le 3 septembre 1944 par les troupes américaines.

Le dernier conflit auquel a participé Monaco est la crise franco-monégasque. Cette dernière a eu lieu en 1962, et peut paraitre dérisoire face à la crise des missiles de Cuba. Elle a vu s’opposer la France à la Principauté de Monaco. Cette crise a été relativement importante dans l’histoire de la principauté puisqu’elle lui a permis d’adopter sa nouvelle Constitution le 17 décembre 1962. Les détonateurs de cette crise furent RMC (Radio Monte-Carlo) et TMC (Télé Monte-Carlo) dont les émetteurs étaient installés en France. La crise fut ouverte par ordonnance princière par le Prince Rainier, le 14 janvier 1962. RMC était alors sous le contrôle de l’Etat Français (Société Sofirad) alors que TMC était sous le contrôle d’une société de droit monégasque et soutenue par une banque de la Principauté. Après que cette banque ait fait faillite, Sofirad le français en a profité pour prendre le contrôle de TMC le monégasque.

Par ailleurs cet élément déclencheur traduit une situation plus profonde et complexe. De Gaulle, trouvant que les français qui résidaient à Monaco échappaient au fisc, réclama le 21 février 1962 la révision des rapports franco-monégasques sur les plans économiques, commerciaux, fiscaux et douaniers. La France voulait en réalité obtenir l’alignement fiscal de la Principauté sur son propre régime fiscal puisque les conditions d’imposition monégasques portaient préjudice à la France. De Gaule a alors accordé un délai de 6 mois pour l’obtention d’un accord entre les deux pays, sous peine de caducité de la Convention de voisinage et d’assistance administrative de 1951, et faisant ainsi peser la menace d’un blocus de la Principauté. Les négociations débutèrent ainsi le 13 Mars 1962, mais furent interrompues le 3 Avril. Après une pression de la France sur les populations monégasques, les négociations reprirent le 19 septembre 1962, et réussirent à progresser. Monaco avait alors accepté un principe d’impôt sur les sociétés dont le taux n’était cependant pas encore fixé.

Le point culminant de ce conflit fut atteint les 12 et 13 Octobre 1962 : un blocus dut décidé par la France et six douaniers français se postèrent alors à la frontière monégasque, entraînant d’importants embouteillages. Le 13 octobre le Prince déclara sur RMC que « la Principauté ne pouvait voir disparaître cette spécificité fiscale vitale pour son économie » et dit son « espoir de voir reprendre les négociations » mettant alors à mal l’issue de celles-ci.

Le 17 décembre une nouvelle constitution fut adoptée pour Monaco. Le lendemain Nice-Matin titrait : « la nouvelle constitution monégasque établit les principes d’une étroite collaboration entre le Prince et le Conseil National. Elle ne pourra plus être suspendue par le Souverain ni modifier par celui-ci sans l’accord de la Haute Assemblée. L’électorat et l’éligibilité au Conseil National sont conférés aux femmes. La peine de mort est abolie ». Ceci réactiva les négociations et le 18 mai 1963, un accord fut signé. Il prévoyait un impôt sur les sociétés (les sociétés installées en Principauté faisant plus de 25 % de leur chiffre d’affaires en dehors de leur territoire sont soumises à un impôt sur le bénéfice), ainsi que la soumission des nouveaux arrivants sur le territoire monégasque au régime fiscal français. Aujourd’hui, les relations de la Principauté monégasque avec son seul pays frontalier semblent s’être assainies : un traité d’amitié a été signé en 2002, une convention de coopération administrative en 2005 tout comme un établissement clair de relations diplomatiques. Les intérêts stratégiques des deux pays sont mutuels et principalement de nature économique et le rocher abrite aujourd’hui des milliers de français.

Le niveau de corruption

Alors que le phénomène de corruption qui s’étend de plus en plus dans le monde entier il semble épargner la principauté. En effet, peu de plaintes déposées et peu de procédures sont actuellement engagées en la matière. Cependant, le gouvernement monégasque souhaite tout de même lutter contre la corruption passive ou active dans son pays et notamment les trafics d’influence. La Principauté de Monaco a été évaluée par la délégation Greco (Groupe d’Etat contre la Corruption) créée en 1999 par le Conseil de l’Europe. Entre le 17 et 23 Juin 2017 a eu lieu la 76ème Réunion de l’organisme au cours de laquelle a été présentée le rapport portant sur le 4ème cycle d’évaluation de la principauté de Monaco. Le Greco a dans ce texte proposé 16 recommandations que Monaco est invité à mettre en place d’ici le 31 Décembre 2018. Par le passé, sous la pression européenne, le gouvernement monégasque a adopté un projet de loi pour renforcer une gamme d’incriminations existantes, précisant les peines et les amendes encourues et en créant une « nouvelle technique spéciale d’enquête » (procédure d’infiltration, témoignage anonyme…).

Les conditions de sécurité dans le pays

La criminalité de droit commun reste très faible à Monaco, c’est d’ailleurs l’un des Etats au monde ou le taux de criminalité est au plus bas niveau, tous délits confondus. Cela s’explique en partie par une surveillance généralisée des lieux publics par des caméras de sécurité (la ville est quadrillée par plus de 600 caméras), ainsi qu’une présence policière très active sur le territoire, à hauteur de 1 policier pour 70 habitants. Le ministère des affaires étrangères classe d’ailleurs Monaco comme un pays à vigilance « normale », soit le niveau le moins préoccupant.

Le taux de criminalité à Monaco est donc , comparativement à d’autres pays développés relativement bas. Une base de données créée par Interpol permet de confirmer ces chiffres peu importants. Celle-ci comprend comme point de comparaison entre les pays des statistiques sur les 7 délits auquel le FBI est le plus confronté et qui sont le meurtre, le viol de force, le vol, les coups et blessures, les cambriolages et le vol de véhicule. Dans cette analyse, Monaco a été comparé au Japon (pays avec un taux de criminalité bas) et aux Etats-Unis (taux de criminalité haut). Selon les données d’Interpol, pour le meurtre, en 2001, le taux était de 3.33 pour 100 000 habitants à Monaco, contre 1.05 pour le Japon et 5.61 pour les USA. Concernant le viol, ce taux était de 0 pour Monaco, de 1.75 pour le Japon et de 31.77 pour les USA. Ces chiffres montrent bien le sentiment de sécurité qui émane des rues monégasques.

II – Evaluation des risques économiques et financiers

L’économie de Monaco repose sur les activités liées au tourisme mais également sur les activités financières liées à son statut fiscal particulier. Nous rappellerons que Monaco est un des pays les plus riches au monde.

PIB per capita (2016): 72 091 euros courants

PIB (2016) : 5,85 milliards d’euros courants

Taux de croissance du PIB (2016) : +3,2%

Solde de la Balance commerciale (2016) : – 381,4 millions d’euros

Ces chiffres illustrent l’économie bien portante de la Principauté et une bonne résistance à la crise de 2008 par rapport aux pays de la zone Euro. Les chiffres ont d’ailleurs dépassé toutes les prévisions et les piliers de l’économie monégasques que sont le tourisme, l’immobilier et l’emploi envoient d’excellents signaux.

Seule l’année 2009 a marqué un ralentissement de l’économie mais depuis l’économie a repris de plus belle. A titre d’exemple, le chiffre d’affaires réalisé sur les transactions de reventes d’appartements  a retrouvé quasiment le niveau de 2008 avec un montant supérieur à 500 millions d’euros en 2012.

Concernant l’emploi, Monaco reste un générateur d’emploi sur toute la région PACA. Aujourd’hui 64 % des salariés du privé sont de nationalité française contre 2% pour les monégasques. On compte d’ailleurs aujourd’hui plus de 44 000 emplois (publics et privés) pour environ 30 000 habitants.

La prudence reste cependant de mise car quelques cas, notamment dans le secteur industriel noircissent le tableau : à Theramex, entreprise pharmaceutique, un plan social a été mis en place, ou encore Mecaplast Group, un des leaders européens de l’équipement automobile qui a également présenté un plan social. Concernant la Société des Bains de Mer, groupe qui détient la majorité des hôtels de Monaco ainsi que les casinos attachés, celle-ci possède un déficit de 17 millions d’euros.

La discipline budgétaire de l’Etat reste de mise (« un plan de sagesse budgétaire » selon le Conseil d’Etat). Mis à part cela, les investisseurs savent que Monaco reste une place sûre. D’ailleurs, pour les attirer, les autorités du Rocher ont lancé le Monaco Welcome & Business Office, une plateforme pour assister les primo-arrivants dans leurs démarches administratives, les aider à trouver des locaux ou à entrer en contact avec les notables.

On note cependant une forte dépendance commerciale vis-à-vis de l’Union Européenne, les 3 premiers fournisseurs de Monaco étant l’Italie, la Chine, et le Royaume-Uni et les 3 principaux clients étant l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne.

Répartition du PIB par grands secteurs d’activités

L’économie monégasque est assez diversifiée.

La Principauté de Monaco vit essentiellement du tourisme orienté vers une clientèle de luxe (le taux d’occupation hôtelier dépassant les 60%) du fait de sa situation géographique, des manifestations sportives et culturelles et des casinos mais le secteur touristique s’est récemment réorienté vers un tourisme d’affaire. Le secteur industriel représente environ 8% du PIB de Monaco, et est orienté vers des industries de pointe ou de niche (industrie pharmaceutique). Le commerce de détail concerne plus de 1000 établissements et représente un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros. La place bancaire compte plus de 40 banques et 44 sociétés de gestion. Le secteur du bâtiment BTP affiche par ailleurs d’excellents résultats alors qu’il a été présenté en 2015 un nouveau projet d’extension sur la mer afin de greffer quelques hectares supplémentaires au territoire de la ville.

Par ailleurs, sous l’impulsion du G20, l’action internationale de lutte contre les juridictions non coopératives a mis en exergue les faiblesses de la Principauté en matière de transparence fiscale et lutte contre le blanchiment. La Principauté a ainsi réalisé de nombreux progrès qui lui permettent aujourd’hui de quitter la liste grise des paradis fiscaux de l’OCDE. De plus, la Principauté de Monaco n’est plus non plus inscrite sur la liste des juridictions non coopératives (JNC) en matière de blanchiment.

III – Evaluation des risques géographiques et environnementaux

Risques sismiques

Bien que le dernier grand séisme qui ait fait des dégâts matériels à Monaco remonte à 1887, il est difficile d’établir une périodicité ou une alerte précoce pour une éventuelle secousse en principauté. Il est bon de noter que Monaco se situe en zone de sismicité moyenne, de 2 sur une échelle allant de 0 à 3.

En outre, Monaco se situe dans la région PACA, qui est la région de France métropolitaine la plus soumise aux risques sismiques puisqu’elle est le lieu de rencontre entre 2 grandes plaques continentales qui sont la plaque Afrique et la plaque Eurasie. Le séisme de référence est évalué à une magnitude de 6,5 dont l’épicentre se situerait à 30 kilomètres au large de la Principauté. Ce séisme est hypothétique et le plus dangereux susceptible de sévir.

Ainsi, le risque étant bien présent, le gouvernement a mis en place les premières règles parasismiques dès 1969, et depuis 1973, tous les bâtiments de Monaco sont aux normes, les plus anciens renforcés grâce à des structures externes, ou par le plancher. A Monaco, le risque sismique fait l’objet d’une réelle surveillance et d’une cartographie.

Risques sanitaires et épidémiques

En l’absence de données sur la question, on ne peut conclure sur ce type de risque. En revanche, on peut constater que la Principauté de Monaco dispose d’un régime de sécurité sociale relativement performant (les remboursements sont en moyenne plus importants qu’en France).

IV – Évaluation du Hard Power

Pouvoir militaire réel

28 pays indépendants dans le monde ne possèdent pas d’armée. Monaco fait partie de cette liste de pays.  Effectivement, la défense du pays est assurée par la France en cas d’agression d’un autre Etat.

C’est le traité d’amitié protectrice signé entre la Principauté et son voisin français qui établit formellement cette protection à l’article 1er : « Le Gouvernement de la République Française assure à la Principauté de Monaco la défense de son indépendance et de sa souveraineté et garantit l’intégrité de son territoire comme si ce territoire faisait partie de la France » .

C’est le département de l’intérieur, placé sous l’autorité du conseiller du gouvernement pour l’intérieur, actuellement Patrice Cellario, qui est chargé de la conduite des politiques publiques telles que la Sureté Publique.

Ce département gère également les deux unités militaires à savoir :

  • Le corps des sapeurs-pompiers monégasques : il est sous statut militaire et est composé de 131 militaires et civils. Les officiers ont généralement déjà servi dans le corps de pompiers militaire français. La mission des sapeurs-pompiers est composée de deux grandes priorités: d’abord une mission de lutte contre les incendies ; A ce titre, les sapeurs-pompiers sont affectés dans deux centres de secours (à la Condamine et à Fontvieille) et sont équipés notamment d’engins de lutte contre les incendies urbains et les feux de forêt, de véhicules de secours à victimes, ainsi que de bateaux de lutte contre les feux de navires. La deuxième priorité du corps des sapeurs-pompiers monégasques est une mission étendue de protection civile puisque le personnel est entrainé à l’utilisation d’armes et possède une armurerie centrale.
  • La compagnie des carabiniers du Prince : Cette compagnie est composée en tout de 112 militaires. Les officiers ont, pour la plupart, servi et été entrainés par l’armée française. La mission principale de ces militaires est d’assurer la protection du Prince et de son palais mais il existe également une mission étendue qui consiste en la protection des membres de l’autorité judiciaire, elle-même chargée de rendre la justice au nom du Prince. Les carabiniers du Prince sont décomposés en plusieurs unités : la section motocycliste, une équipe de plongeurs, une section qui est chargée aux côtés de la Croix-Rouge d’assurer les premiers secours tout comme une couverture ambulancière (en renfort aux sapeurs-pompiers en cas d’évènements majeurs), et enfin une troupe de musiciens militaires. La hiérarchie des forces armées est calquée sur celle de l’armée française.

Poids du pays dans les institutions internationales

Sur la scène internationale, Monaco a un poids non négligeable puisque le pays a adhéré à de nombreuses organisations et institutions internationales.

  • D’abord, depuis 1993 Monaco est membre de l’ONU et des différentes institutions qui en découlent.
  • Ensuite, depuis le 5 octobre 2004, le pays est membre du Conseil de l’Europe.
  • C’est un Etat tiers à l’Union Européenne puisqu’on note tout de même le refus de la principauté d’une intégration pure et simple dans l’institution. En revanche, une signature éventuelle d’un partenariat particulier entre Monaco et l’Europe est envisagée.

De plus, on peut dire que la Principauté, du fait de ses relations privilégiées avec la France a déjà fortement intégré l’Union sur plusieurs points : l’adoption de l’Euro en 2002, l’espace Schengen, la transposition de plusieurs directives européennes dans ses textes de lois….

  • Membre de l’UNESCO depuis le 6 juillet 1949
  • Un réseau d’ambassades qui assurent la représentativité de Monaco à l’international
  • Monaco a adhéré à une convention multilatérale de l’OCDE en matière de transparence fiscale

Technologie et innovations

La Principauté de Monaco encourage l’innovation grâce à son Fonds monégasque à l’innovation dont peuvent disposer les entreprises sous certaines conditions. Ce fonds permet de financer les entreprises qui auraient un projet technologique innovant – c’est-à-dire avec une réelle avancée technologique ou une nouveauté sur son marché – sous la forme d’avances remboursables ou de subventions. De plus, depuis 1998, existe également une Chambre monégasque des nouvelles technologies qui regroupe toutes les entreprises monégasques présentent sur le marché local et international, spécialisées dans l’informatique (développement de logiciels, matériel, sécurité…), le web, les télécommunications, la formation et toutes autres technologies. Monaco dispose par ailleurs d’une main d’œuvre qualifiée, notamment des ingénieurs qui contribuent aux avancées technologiques grandissantes.

V – Évaluation du Soft Power

 

Reconnaissance médiatique et culturelle

Monaco est une référence culturelle internationale et la culture constitue un élément d’attractivité très fort sur son territoire.

La culture de Monaco tient principalement à la famille princière qui attire les attentions du monde entier. Lors des journées du patrimoine sont visités les appartements du Prince, mais également les différentes institutions politiques de la principauté : la résidence du Ministre d’Etat, le Conseil National…

Monaco est également reconnue pour son musée océanographique et son musée des Traditions Monégasques.

La reconnaissance culturelle de la Principauté de Monaco tient également à son industrie du jeu, à travers le fameux quartier Monte-Carlo (le quartier le plus connu) : le Casino de Monte-Carlo, traditionnellement surnommé « le magicien de Monte-Carlo » attire chaque année des milliers de joueurs. La culture Monégasque est une culture de prestige et de luxe, notamment grâce au « Carré d’Or », qui est la partie la plus luxueuse de Monte-Carlo, délimitée par l’Hôtel de l’Hermitage à l’ouest, la résidence Park Palace au Nord, la résidence Mirabeau à l’est, et la résidence Monte-Carlo Star au sud, sous les jardins arrières du Casino Monte-Carlo.

Monaco est caractérisée également par son poids financer du fait de la présence sur le territoire de nombreuses institutions financières et bancaires.

La Principauté Monégasque dispose d’une reconnaissance médiatique notamment à travers TMC, chaîne franco-monégasque (détenue à 80% par le groupe TF1 et à 20% par l’Etat monégasque) d’information qui rencontre un très grand succès auprès du public. TMC émet non seulement en Principauté de Monaco mais aussi en France et en Suisse Romande.

La Principauté dispose également de toute une gamme de presse écrite, quotidienne (Monaco Matin), hebdomadaire (Monaco Hebdo), mensuelle (La Gazette de Monaco), trimestrielle (Art’s Vice), semestrielle (Guest Monaco), annuelle, et spécialisée (Banking & Finance)… Il est facilement possible de se procurer la plupart des grands journaux français, britanniques et italiens.

Vecteurs d’influences

Plusieurs vecteurs véhiculent cette image de prestige de la culture monégasque.

D’abord, sont organisés de nombreux évènements sportifs et culturels mondialement connus tels que : les Masters de Monte-Carlo (tournoi de tennis professionnel qui se déroule en réalité sur le territoire français), le Grand Prix Automobile de Monaco considéré comm une des courses automobile les plus prestigieuses du monde avec les 24 heures du Mans et l’Indianapolis 500 (avec 100 000 spectateurs, et des millions de téléspectateurs à travers le monde), le Festival de télévision de Monte-Carlo, le Festival international du cirque à Monte-Carlo…etc.

Le second vecteur d’influence est le cinéma puisqu’un grand nombre de films, parfois internationaux ont été tournés sur le territoire : en 1995, un opus de la série des James Bond GoldenEye de Martin Campbelle, l’Arnacoeur de Pascal Chaumeil, ou encore une partie d’Iron Man 2 de Jon Favreau.

Ce qui permet également d’étendre l’influence de Monaco est son fameux club de football qui a parfois créé la polémique : l’AS Monaco. Ce club est affilié à la Fédération Française de Football et participe donc aux championnats de France ce qui lui a permis d’obtenir une certaine reconnaissance. L’équipe est constituée de joueurs emblématiques.

Enfin, la famille royale monégasque attire les regards et suscite l’intérêt du monde entier et traditionnellement l’image de Grace Kelly est encore dans tous les esprits et fait presque l’égérie pour le rocher.

ONG

Monaco a adhéré à un grand nombre d’Organisation Non gouvernementales dont notamment :

  • La Commission Européenne du Tourisme (1948)
  • L’Union interparlementaire (1948)
  • La Croix rouge internationale (1948)
  • Le Comité International Olympique (1953)
  • Le Conseil international de la Musique de l’UNESCO (1977)
  • La Commission mondiale de l’Energie (1988)
  • Le Comité Scientifique pour la Recherche Antarctique (2010).

Monaco est également le lieu d’une des soirées de gala les plus prestigieuses au monde, le gala de la croix rouge monégasque, ayant lieu chaque année sous la présidence d’Albert II de Monaco . La ville dispose également de son propre tissu associatif très bien structuré, notamment en matière d’humanitaire. Ces organisations se sont regroupées en 2008 sous l’appellation « Monaco Collectif Humanitaire » :

Act For Nature (actions en faveur de la conservation des espèces animales et végétales),  ADSF, APPO (association pour la scolarisation des enfants), AMADE Monaco (protection des droits de l’enfant), AMADE Mondiale, AMREF Monaco, Association Monaco Asie, Caap Afrika, Children & Future, Croix-Rouge monégasque (aides médicales), Fight Aids Monaco (lutte contre le VIH SIDA et soutiens financiers), Interactions & Solidarity, Mission Enfance, Monaco Aide et Présence, Amitié Sans frontières Internationale, les Amis du Liban Monaco, Caritas, Soutien Entraide Bénévolat, Rotary de Monaco, Fondation Princesse Grace, Tatsa, Rencontres Africaines, Aviation sans Frontières, la Chaîne de l’Espoir, le Centre Cardio-Thoracique de Monaco, le Centre Hospitalier Princesse Grace, l��IM2S et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. 

Ces différentes ONG ont notamment mené des actions à Haïti, Madagascar, au Kenya.

De plus le gouvernement princier apporte une réelle aide financière à la Syrie depuis le début de la crise. Finalement, l’influence des ONG monégasques est très importante et s’étend à travers le monde entier. Elles sont principalement chargées de la défense de causes internationales.

Conclusion

Il ressort de cette analyse que Monaco est un petit pays riche, de par sa situation financière que la crise a su épargner mais également par sa culture attractive et très marquée. Il s’agit d’un pays très structuré et très stable politiquement à travers les différentes institutions politiques du pays. Monaco n’a participé qu’à très peu de conflits d’ordre international et a ainsi pu préserver ses richesses à chaque époque de son histoire.

En revanche, le pays est soumis à une forte dépendance à son voisin français, notamment en matière de fiscalité, autrefois facteur d’attractivité des entreprises, mais également en matière militaire.

De plus, son économie fortement dépendante du tourisme constitue une menace du fait d’une concurrence importante à travers le monde.

Par ailleurs, sa petite taille de 2.02km² constitue une faiblesse car Monaco traverse aujourd’hui une pénurie de logement, de bureaux qui peuvent constituer un frein à son expansion. Par ailleurs, le pays semble se diriger prudemment vers une intégration plus forte dans l’Europe, alors que cela risque d’engendrer pour le pays une perte de ses spécificités.

Forces Faiblesses
  • Economie aux secteurs diversifiés
  • Culture marquée par le prestige et le luxe avec de nombreux vecteurs d’influence
  • Capital financier abondant
  • Stabilité politique et sécurité
  • Premier bassin d’emploi dans la région
  • Attractivité économique et touristique
  • Pas d’armée propre
  • Très fortement dépendant de la France
  • Economie dépendante du tourisme
  • Image de paradis fiscal
  • Pénurie de logements, bureaux
  • Fiscalité peu avantageuse pour les entreprises
Opportunités Menaces
  • Partenariat avec l’UE qui s’approfondie
  • Influence internationale (O.N.G)
  • Souveraineté nationale accrue
  • Possibilité d’extension en mer
  • Création d’emplois dans les secteurs à forte valeur ajoutée
  • Alliance stratégiques et économiques avec les pays voisins
  • Risques sismiques
  • Dilution de l’identité nationale au profit de la France
  • Perte des avantages fiscaux qui menace l’économie du pays
  • Effondrement du secteur immobilier
  • Forte concurrence sur le plan touristique
  • Concurrence accrue dans l’industrie du jeu

Sitographie

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