Le Brésil en Afrique

Cet article a été traduit de l’anglais à partir de l’article original « Brazil in Africa: Seeking International Status » écrit par Christina Stolte et publié dans le «Harvard International Review » le 30 mars 2013. Ce journal académique trimestriel publié par le conseil des relations internationales de l’université de Harvard, publie des commentaires sur les évolutions politiques, culturelles et économiques mondiales. L’article présent s’intéresse à l’implantation du Brésil en Afrique. Il nous éclaire sur les formes de cette implantation et les objectifs que le Brésil cherche à atteindre à travers celles-ci.

 

 

 

Dans l’ombre de l’incursion de la chine et de l’inde dans le continent africain, la puissance émergente sud-américaine, le brésil, a augmenté sa présence en Afrique. Cependant, jusqu’ici, son rôle en Afrique est demeuré relativement inaperçu par les médias internationaux et les universitaires.  La faible visibilité du Brésil en Afrique ne peut être exclusivement expliquée par le fait que ses engagements sont encore limités en comparaison de celles de la Chine ou de l’Inde. Une explication aurait également besoin d’inclure la façon unique dont le pouvoir sud-américain a interagie avec l’Afrique.  Le brésil s’est présenté comme un partenaire des défis de développement de l’Afrique plutôt qu’un partenaire d’affaires. Bien que le Brésil importe principalement d’Afrique du pétrole et autres ressources naturelles, la coopération brésilienne avec les pays africains, contrairement à celle de la chine et de l’inde n’a pas été liée à des contrats de forage pétrolier ou de concessions minières. En effet, l’élargissement des engagements brésilien en Afrique sert d’autres motifs que la recherche de ressources. Le Brésil essaie d’obtenir le statut d’acteur mondial en agissant et tant que fournisseur d’aide au développement et en démontrant un leadership mondial en s’intéressant et en s’impliquant dans les problématiques internationales telles que l’élévation de la pauvreté, la bataille contre le sida ou l’approvisionnement en sécurité énergétique.

 

S’implanter en Afrique.

Etant un retardataire en termes de présence diplomatique en Afrique, le brésil a augmenté significativement le nombre de ses ambassades sur le continent depuis peu. Alors que les ambassades brésiliennes présentes en Afrique fermaient dans les années 80 90 du fait de problèmes économiques, le Brésil a augmenté le nombre de ses ambassades de 17 à 37 en Afrique depuis les 10 dernières années. Cette augmentation a bien sûr un lien avec le développement économique de ce pays d’Amérique du sud, mais elle reflète également une nouvelle objection dans la politique étrangère du Brésil. Notamment, sous la direction de l’ancien président brésilien Lula Da Silva (2003-2010), le pays a entrepris de nombreux efforts pour étendre sa présence dans le continent voisin.

Le brésil a également forgé activement des relations avec des nations africaines à travers des voyages diplomatiques intensifs, avec un record de 13 visites présidentielles dans 29 pays africains pendant les 10 dernières années. Aucun autre chef de gouvernement n’a visité l’Afrique aussi souvent que Lula. La présidente actuelle Dilma Roussef, qui a limité ses visites chez les plus importants partenaires du brésil, a déjà effectué une visite en Afrique durant sa première année de présidence. En plus de l’intensification des relations bilatérales avec les pays africains, le brésil a également noué de solides liens avec le continent au niveau institutionnel. Des accords de coopération lient le Brésil avec les institutions africaines intégrant des partenariats avec le soutern african customs union, the economic community of west african states, the new partenership for africa’s developement, et the african union ainsi que the communitity of portugueses speaking countries.

 

En conformité avec cette amélioration de ses empreintes diplomatiques, le Brésil a également étendu ses engagements économiques en Afrique. Entre 2000 et 2011, les échanges commerciaux ont sextuplé en passant de 4.2 milliards de dollars à 27.6$ milliards, faisant du Brésil le « bric country » avec le deuxième plus gros taux de croissance des échanges commerciaux avec l’Afrique après la chine.

Le Brésil occupe actuellement le 10e rang des destinations d’exportation pour l’Afrique. Parmi ceux que l’on appelle les partenaires commerciaux émergents de l’Afrique, le Brésil est à la quatrième place derrière la Chine, l’Inde et la Corée du Sud . En raison des liens historiques et des similitudes linguistiques, la présence du Brésil est particulièrement forte dans les pays d’Afrique qui parlent portugais (en Angola par exemple). Le Brésil fait déjà parti des trois investisseurs les plus importants du pays  mais il est le plus grand employeur privé de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

 

Un rapprochement axé sur les ressources ?

Malgré des taux des croissances impressionnantes, les statistiques commerciales montrent que les relations commerciales entre le Brésil et l’Afrique ne sont pas  équilibrées. Les importations brésiliennes en provenance d’Afrique se montent à 15,43 milliards de dollars et dépassent donc clairement les 12,2 milliards de dollars  exportés par le Brésil sur le continent Africain. Cette balance commerciale négative est due au fait que le Brésil importe de grandes quantités d’huile et de carburant en provenance de pays africains. En fait, les ressources naturelles représentent près de 90% des importations brésiliennes en provenance d’Afrique. Les acteurs majeurs du Brésil en Afrique comme le géant pétrolier Petrobras ou la compagnie minière Vale sont profondément impliqués dans l’extraction des ressources de l’Afrique.
L’image d’une puissance émergente venue en Afrique pour ses ressources ne correspond pas aussi nettement à la réalité. Malgré l’engagement du Brésil dans le secteur des ressources de l’Afrique, il existe deux différences majeures distinguant l’engagement brésilien de celui des autres partenaires du BRIC ressources faim . Tout d’abord, contrairement à d’autres économies émergentes, le Brésil est un pays riche en ressources qui ne dépend pas des importations de matières premières pour alimenter sa production. Deuxièmement, l’aide du Brésil au développement des pays africains n’est pas liée à l’exploration pétrolière et aux licences d’exploitations minières. Cette aide est indépendante des ressources naturelles des pays bénéficiaires.
Le commerce extérieur du Brésil dépend dans une large mesure de l’exportation de matières premières. En effet, les matières premières représentent près de la moitié des exportations du Brésil. Les minerais ainsi que le pétrole et les carburants sont les principaux produits d’exportation. De ce fait, certaines des plus grandes entreprises Brésiliennes sont spécialisées dans l’extraction des ressources pétrolières et minérales, il n’est donc pas surprenant que la majorité des entreprises du Brésil qui investissent en Afrique aient également mis l’accent sur l’extraction des ressources. Grâce aux similitudes géologiques entre le Brésil et l’Afrique et à leur savoir-faire dans l’exploration des ressources naturelles, les entreprises brésiliennes se sont engagées dans l’exploitation minière et les activités de forage en Afrique depuis les années 1970 . Prises en charge par des prêts de la Banque brésilienne de développement (BNDES ) , elles ont élargi leurs activités en Afrique dans la dernière décennie , diversifiant ainsi leurs sites de production.
En ce qui concerne les importations de pétrole vers le Brésil depuis l’Afrique, là encore, les faits sont plus nuancés que ce que montrent les statistiques commerciales actuelles. L’engagement de la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras en Afrique a  été motivé par la volonté du gouvernement brésilien d’assurer l’approvisionnement en pétrole alors que le pays ne possédait pas ses propres réserves de pétrole. Les choses ont changé depuis que le Brésil a fait les plus grandes découvertes de gisement de pétrole de ces 20 dernières années. Une fois les problèmes techniques résolus, l’exploitation de ces  réserves de pétrole ultra profondes peut décoller, le Brésil a donc le potentiel pour devenir l’un des cinq principaux exportateurs de pétrole au monde. En conséquence, les importations de pétrole du Brésil en provenance d’Afrique sont susceptibles de diminuer à l’avenir.

 

À la recherche d’un nouveau marché

Les responsables brésiliens du Ministère du Développement de l’Industrie et du Commerce extérieur ( MDIC ) ainsi que des représentants de commerce brésilien et associations d’entreprises maintiennent donc que le véritable intérêt économique de l’implantation  brésilienne en Afrique ne réside pas dans les ressources naturelles, mais dans le marché croissant des consommateurs du continent. Les analystes d’affaires internationaux parlent de l’Afrique comme l’un des marchés de consommation les plus dynamiques du monde avec près de 128 millions de consommateurs potentiels en 2020. Le Brésil voit dans l’Afrique un potentiel de croissance pour l’exportation de ses produits ” tropicalisés ” qui sont adaptés aux conditions tropicales et correspondent aux besoins des pays en développement.

Avec  d’une diminution de la part du PIB relative à la production manufacturée et une une balance commerciale positive qui tend à dépendre de plus en plus des  exportations de matières premières , le Brésil craint une désindustrialisation. En conséquence, le Brésil est à la recherche de marchés potentiels  vers lesquels exporter ses produits manufacturés. Un tel changement permettrait également au Brésil de se diversifier et de ne pas limiter ses exportations aux produits primaires tels que le soja et la viande qui ont cependant participé l’essor économique du pays dans la dernière décennie.
Compte tenu de la hausse des investissements des autres économies émergentes telles que la Chine et l’Inde dans le secteur des infrastructures et des ressources de l’Afrique, le Brésil espère augmenter ses exportations de machines, d’équipements techniques et de matériaux de construction. Comme l’Afrique, témoin de la montée d’une nouvelle classe moyenne prête à dépenser son argent dans ​​des biens de consommation , les analyses de marché de l’agence de promotion de l’exportation du Brésil , APEX , suggèrent qu’il existe un potentiel de croissance pour l’ exportation de denrées alimentaires brésiliennes , ainsi que pour les boissons, la mode et les cosmétiques.
Bien que les données de la Banque brésilienne de développement (BNDES ) révèle que le Brésil a étendu ses lignes de crédit aux entreprises désireuses d’investir en Afrique à partir de 2007 ( en 2007 , 149 millions de dollars , et en 2011 , 466,2 millions de dollars) et a fourni des lignes spéciales de crédit afin de favoriser l’exportation de biens et services brésiliens pour des pays tels que l’Angola ( 3,2 milliards de dollars ) , le Mozambique ( 80 millions de dollars ) , et l’Afrique du Sud ( 35 millions de dollars), l’aide au développement du Brésil a jusqu’ici été indépendante de ses activités de promotion des exportations. Ceci distingue le Brésil des autres économies émergentes telles que la Chine et l’Inde qui ont mis en œuvre des soi-disant accords d’aide. Ces accords sont  attachés à des projets de coopération au développement basés sur des accords commerciaux .

 

Coopération Brésilienne  Sud-Sud avec l’Afrique

Le Brésil s’est présenté à l’Afrique en tant que partenaire pour le développement plutôt que comme un  partenaire commercial. Renforçant son discours sur la solidarité entre les pays du Sud, le Brésil a offert aux pays africains un transfert gratuit de son savoir-faire et de son expertise sur un large éventail de questions relatives au développement. Comme le Brésil a été (et continue d’être) un bénéficiaire de l’aide au développement depuis des décennies, il se présente comme un partenaire  familiarisé aux problèmes de développement auxquels les pays africains sont confrontés. S’appuyant sur ses propres expériences de développement, le Brésil a offert aux  Etats africains un projet de coopération Sud-Sud dans lequel il partage ses expériences de développement et fournit des mesures de renforcement de capacités pour ses partenaires.
Les objectifs de la coopération Sud-Sud du Brésil avec les pays africains comprennent certains défis clés du développement tels que la réduction de la pauvreté, la santé et la sécurité énergétique. Le Brésil a abordé ces problèmes de développement avec succès grâce à la mise en œuvre de programmes sociaux à grande échelle , comme le plus grand programme de transfert d’argent du monde ” Bolsa Familia ” ( Bourse d’études de la famille ) qui a sorti environ 50 millions de personnes de la pauvreté , et le plus grand programme d’électrification rurale dans le monde « Luz para Todos ” ( lumière pour tous ) qui a apporté l’accès à l’électricité à trois millions de familles dans des zones rurales reculées . Dans le domaine du sida, le Brésil a été salué pour le succès de son programme  qui a permis de réduire significativement la mortalité et la morbidité liées au SIDA au Brésil et a réduit le nombre d’infection grace à  de large campagnes de prévention.
Etant salué internationalement  pour ses succès nationaux dans la lutte contre la pauvreté, le sida, et la pénurie d’énergie, le Brésil a commencé à exporter ses programmes sociaux vers les pays partenaires intéressés. D’autres domaines des programmes brésiliens de coopération Sud-Sud comprennent également des transferts de savoir-faire dans l’agriculture tropicale et la production de biocarburants. Le Brésil est apparu comme leader – à la fois en tant qu’exportateur de produits alimentaires et en tant que producteur de biocarburants à partir de la canne à sucre – et offre maintenant son expérience à d’autres pays. Dans ce contexte, l’Institut de recherche agricole Embrapa ( Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuária ) a ouvert un bureau au Ghana en 2006 pour coordonner les projets de coopération Sud-Sud dans le domaine de l’agriculture tropicale et les biocarburants . En 2008, le Brésil a également ouvert un bureau de l’institut de recherche et de santé publique biomédicale FIOCRUZ (Fondation Oswaldo Cruz ) au Mozambique afin d’intensifier sa coopération sanitaire avec le continent africain .

Une analyse des pays africains partenaires  du Brésil pour la coopération au développement montre qu’il n’y a pas de lien direct entre ceux-ci et ses principaux partenaires commerciaux sur le continent. En fait, la majorité des 122 projets brésiliens en Afrique sont menés dans des pays qui n’ont pas d’accords commerciaux importants avec le pays sud-américain. Cette constatation appuie la revendication de l’Agence brésilienne de coopération ( ABC ) que sa coopération au développement n’est pas motivée par des intérêts économiques . À l’exception de l’Angola, qui a de forts liens linguistiques et historiques avec le Brésil, tous les autres  partenaires commerciaux ne sont investis que dans quelques projets de coopération. La grande majorité des 42 partenaires de la coopération du Brésil en Afrique sont en réalité de petits partenaires commerciaux sans réelle importance sur le plan économique.

Fait intéressant, en termes d’allocation des ressources, le projet brésilien de coopération au développement des pays émergeants, donne approximativement la même priorité à  l’Afrique (avec 36 millions de dollars pour la période 2012-15) qu’à l’Amérique latine ( 40 millions de dollars pour la période 2012-15 ) . Cela est d’autant plus frappant lorsque l’on considère la proximité géographie entre les pays d’Amérique latine et le Brésil. Cette proximité leur donne vis-à-vis bu Brésil une importance économique et politique  bien supérieures à celles des pays africains. De ce fait, cette allocation fait allusion à la possibilité d’un autre ensemble d’intérêts derrière l’engagement du Brésil en Afrique qui va au-delà de la recherche d’un simple avantage économique .

 

Au-delà des avantages économiques

Bien que le Brésil commence aujourd’hui à tirer des avantages économiques de l’intensification de ses relations avec l’Afrique, son virage vers l’Afrique a été sévèrement critiqué au début. Alors qu’aujourd’hui, les entreprises et l’industrie brésilienne sont de plus en plus tournées vers l’Afrique parce que les pays industrialisés sont aux prises avec des crises économiques, des représentants des associations professionnelles et des entreprises brésiliennes confirment que le rapprochement avec l’Afrique a été conduit par le gouvernement de Lula à un moment où ils ne montraient pas beaucoup d’intérêt économique envers le continent. Comme les partenaires commerciaux les plus importants du Brésil étaient situés aux États-Unis et en Europe, les plans de Lula pour un plus grand engagement Brésil-Afrique ont été rejetés par beaucoup comme un non-sens économique.
Cependant, l’intérêt pour Lula de tisser des liens avec l’Afrique n’était pas essentiellement économique mais plutôt de nature politique. Dans sa volonté de faire valoir les droits du pays pour une plus grande influence du brésil dans les affaires internationales, le rapprochement avec l’Afrique était d’une importance centrale. Pour essayer de gagner plus de poids vis-à-vis des pouvoirs en place, le Brésil a commencé par former des coalitions avec les pays en développement dans les organisations internationales. En tant que continent abritant 54 pays en développement et donc un nombre correspondant de voix dans les organisations internationales, l’Afrique était au cœur de la stratégie de la coalition Sud-Sud du Brésil depuis le début. Faisant face à une contestation de sa revendication de leader dans sa propre région, un rapprochement avec l’Afrique s’est également avéré être une alternative pour obtenir le soutien nécessaire à ses ambitions afin de gagner un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. En outre, l’engagement en Afrique est également important pour le Brésil, Il lui permet de gagner en crédibilité en tant que leader de l’hémisphère Sud. Afin d’appuyer son discours sur une justice mondiale et de prouver sa prétention à agir dans l’intérêt des pays en développement, la coopération Sud-Sud avec l’Afrique est devenue un outil important de la politique étrangère brésilienne.
Conceptualisé et présenté comme «partenariats horizontaux», égaux entre eux , ces projets de coopération ont également permis une amélioration du statut du Brésil sur la scène internationale. Il est frappante de constater combien ce pays sud-américain, il n’y a pas longtemps perçu comme un pays en développement aux prises avec la pauvreté, l’inégalité et l’instabilité économique, agit maintenant comme un exemple de  réussite et exporte son modèle de développement à travers le monde.
Le Brésil a un dossier de développement impressionnant : Il a atteint  le premier objectif du millénaire à l’avance en diminuant l’extrême pauvreté de 50 %. Il a mis en place un modèle de croissance inclusive donnant à plus de 30 millions de personnes la chance de passer à la classe moyenne à travers un programme de transfert de revenu efficace. Il a réussi à empêcher une épidémie imminente de Sida à travers la mise en œuvre d’un  programme de lutte efficace mais également des campagnes de prévention à grande échelle et un libre accès aux médicaments contre le VIH. Le Brésil a amélioré la sécurité énergétique en développant des sources d’énergie alternatives comme les biocarburants et l’électrification de vastes zones rurales grâce à des programmes d’énergie décentralisés.
Il est intéressant de noter que le Brésil a également eu beaucoup de succès en utilisant ces réalisations nationales comme un instrument pour améliorer son image internationale et se donner le statut de «champion du Sud ». De plus, l’exportation de ses programmes sociaux par le biais de la coopération Sud- Sud a permis au  Brésil un impressionnant renversement des rôles : il est passé du statut  de pays en développement donc récepteur d’une aide internationale, au statut de pays donateur qui aide les pays les plus pauvres à résoudre leurs problèmes de développement .

En tant que pays manquant de ressources majeures de puissance ou d’une situation géostratégique importante, le Brésil a pourtant réussi à s’engager dans la politique internationale grâce à la coopération Sud -Sud. L’assistance technique brésilienne, au-delà de sa région, a été l’occasion pour le Brésil de démontrer sa volonté d’assumer une responsabilité au niveau international et de souligner sa revendication de participer à l’élaboration des politiques globales. En aidant les pays africains dans la lutte contre la pauvreté, le Sida et l’insécurité énergétique, le Brésil a saisi l’occasion d’embrasser les problèmes mondiaux les plus pressants. Le Brésil a démontré ses capacités de leadership sur les principaux défis de développement et de sécurité du 21ème siècle.
La Politique du Brésil en Afrique

L’engagement africain du Brésil est donc étroitement lié à ses ambitions de politique étrangère. On peut les résumer en deux points : être reconnu aux meilleures tables de la politique internationale et obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Dans ses efforts pour augmenter sa présence politique et économique au niveau international, l’Afrique a fourni une plate-forme idéale pour le Brésil. Elle a permis au Brésil de s’engager au-delà de sa propre région et donc de se présenter comme un acteur à l’influence mondiale.

Il est important de noter que l’engagement du Brésil en Afrique ne s’explique pas seulement par des intérêts économiques, mais aussi par des aspirations propres à la politique étrangère du pays. Cette motivation constitue une différence fondamentale avec d’autres puissances émergentes qui s’intéressent principalement aux ressources naturelles de l’Afrique. Obtenir une présence économique et politique en Afrique a fait partie d’une stratégie plus large du Brésil visant à acquérir une stature internationale. Le fait que les entreprises brésiliennes se soient engagées dans le secteur des ressources en l’Afrique ne doit pas induire en erreur les observateurs. Le Brésil n’est pas une économie émergente de plus s’intéressant uniquement aux ressources du continent Africain mais plutôt une puissance émergente à la recherche d’ un statut plus élevé au niveau international.

Les pouvoirs établis, en particulier les Etats-Unis qui ont été réticents face aux allégations du Brésil pour obtenir un rôle international plus important, devraient reconnaître l’engagement constructif du Brésil en Afrique. De plus, ces pouvoirs devraient profiter de la volonté du Brésil d’apporter sa contribution à la résolution des problèmes mondiaux. Les accords naissants de coopération entre le Brésil et les pays donateurs établis comme les États-Unis, le Japon et l’Allemagne pour des projets triangulaire de coopération au développement  en Afrique, sont un pas de plus dans cette direction car ils bénéficient de l’expertise et de la légitimité du Brésil en tant que puissance leader du sud.

 

 

 

Le principal apport de cet article est la démonstration du caractère singulier de l’implantation du Brésil en Afrique. En effet, contrairement aux autres puissances émergentes, le brésil se sert de l’Afrique comme un tremplin à sa prise de position au niveau international. En effet, le Brésil semble pressé d’acquérir un statut de puissance en place et non émergente. L’auteur nous le démontre en décrédibilisant la thèse d’une implantation en Afrique dans un simple objectif économique ou commercial. Malgré l’attrait d’un marché en croissance, le principal objectif du Brésil est de coopérer avec l’Afrique pour son développement. Cette stratégie lui permet de passer du statut de pays bénéficiaire d’aide aux développement à celui de pays puissant  capable de faire profiter de son expérience aux pays en voie de développement. Cette stratégie inhabituelle semble porter ses fruits dans la mesure où le Brésil est aujourd’hui  considéré comme un pays développé  au même titre que les pays d’Europe de l’ouest et les Etats Unis. Le Brésil a su  profiter de la crise européenne qui le conforte dans sa nouvelle position et pourrait permettre à ce pays de se substituer à certaines puissances européennes en difficulté économique. L’expansion du Brésil, son dynamisme  et le contexte économique néfaste aux « anciennes » puissances pourraient lui permettre de consolider sa position en Afrique pour se construire un statut solide et durable sur la scène internationale.

 

http://hir.harvard.edu/the-future-of-democracy/brazil-in-africa

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