L’évolution d’Al Qaïda
Le mouvement religieux et islamiste communément appelé Al Qaïda (« La base » en Français), mais aussi Qaïda Al-Jihad (« La base du Jihad ») a été fondé en 1987 par Abdullah Yusuf Azzam et Oussama Ben Laden et est toujours actif aujourd’hui. Ce mouvement considéré comme terroriste pas le monde occidental est né lors de la 1re Guerre d’Afghanistan. C’est la continuité du groupe Maktab Al-Khadamät, créé par Abdullah Yusuf Azzam. Le groupe fut financé, mais aussi équipé militairement par les États-Unis du gouvernement Reagan afin qu’il puisse combattre les forces soviétiques envahissant l’Afghanistan. En 1988, les membres dirigeants se sont réunis afin de décider de l’avenir du mouvement une fois l’URSS chassée. Bien que le mouvement fut initialement créé pour s’opposer aux Soviétiques, il fut décidé de continuer le Jihad. Les objectifs d’Al Qaïda se clarifièrent : établir un régime islamiste dans les pays à majorité musulmane, rétablir le Califat et détruire ce toute forme d’influence occidentale sur les terres musulmanes. Les membres de ce groupe souhaitent la nette séparation du monde musulman et du monde occidental, dirigé selon eux par les États-Unis.
On peut dire qu’Al Qaïda a connu deux ères : l’avant et l’après 11 septembre 2001. Le monde occidental, en particulier les États-Unis, a changé radicalement ses rapports avec cette organisation suite à cet attentat sans précédent.
À la mort d’Abdullah Yusuf Azzam en Novembre 1989, Al Qaïda, encore appelé, Maktab al-Khadamät fut dirigé par des membres du djihad islamique égyptien qui prônent le renversement des dirigeants arabes non islamiques, alors qu’Azzam avait quant à lui pour principal désir de reconquérir les anciennes terres de l’islam. Le MAK éclate donc et c’est en cette même année qu’Oussama Ben Laden prend le contrôle d’Al Qaïda.
Oussama Ben Laden retourne dans son pays d’origine, l’Arabie Saoudite, et forme le comité du Jihad qui rassemble plusieurs groupes militants islamistes des pays suivant : l’Égypte, le Yémen, le Pakistan, le Liban, la Libye, la Jordanie et l’Algérie. C’est le début du développement du mouvement. Il avait aussi pour but en retournant dans son pays de continuer à convaincre le gouvernement saoudien de soutenir financièrement les musulmans djihadistes, mais cela n’a pas fonctionné. À ce moment-là, Al Qaïda se concentrait principalement sur les pays, gouvernements, groupes qui étaient infidèles aux règles de l’islam pur. En 1991, Ben Laden quitte l’Arabie Saoudite après que le pays lui ait refusé la direction de son armée, afin d’empêcher l’Irak de pénétrer sur le sol saoudien, alors qu’il venait d’envahir le Koweït.
La volonté qui anime Oussama Ben Laden d’étendre un combat islamique mondialisé, mené par Al Qaïda, vient suite aux échecs des mouvements islamiques face aux États de leurs propres pays en Égypte en Algérie ou encore en Bosnie. Il y a suite à cela une radicalisation de ces mouvements. Al Qaïda décide ainsi de s’attaquer directement aux États-Unis, car c’est le pays qui, selon le mouvement, dirige et personnifie le mieux le monde occidental dont les valeurs vont à l’encontre des valeurs de l’Islam. Cela est rendu possible grâce aussi au progrès technique qui va lui offrir des outils de plus en plus perfectionnés.
Le premier attentat revendiqué par Al Qaïda a eu lieu le 29 décembre 1992 au Yémen dans deux hôtels hébergeant des soldats américains. S’en est suivi trois mois plus tard, le 26 février 1993, un attentat à l’explosif au World Trade Center à New York. Jusqu’au 11 septembre 2001, on recensera dix attentats attribués à l’organisation.
Le groupe décide en 1996 de quitter le Soudan, car il ne se sent plus protégé par le pays. Il retournera alors là ou il a été créé : en Afghanistan. Les caractéristiques géographiques du pays lui permettant d’opérer discrètement, d’être difficile à repérer et donc à combattre. Il recevra également la bénédiction et la protection du gouvernement taliban. Entre 1996 et 2001, Al Qaida sera l’auteur des attentats de Khobar le 25 juin 1996 en Arabie Saoudite et le 7 aout 1998 des attentats quasi simultanés de Nairobi et de Dar es-Salaam au Kenya et en Tanzanie
Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ainsi que d’autres alliés comme l’Alliance du Nord, le Royaume-Uni, la France ou encore le Canada ont déclaré la guerre à Al Qaïda en Afghanistan. L’invasion du pays, son occupation par les forces de la coalition et la chute du régime des talibans, mènera à la fragilisation de la structure de l’organisation et à la mise en place de plusieurs cellules locales qui agissent en son nom sans avoir de lien historique avec celle-ci. Les attentats ont moins d’envergure, mais se démultiplient tout en gardant la même cible : tout ce qui s’apparente à l’occident dans les pays dans lesquels ils se trouvent.
Des mouvements ont pris le nom d’Al Qaïda en Irak, au Maghreb, en péninsule Arabique, au Pakistan et en Asie du Sud Est (cf annexe). L’organisation est faite sous forme de réseau et est présente sur de nombreux territoires. En revanche les chefs sont décimés et cela empêche à l’organisation d’être solide.
La guerre menée par l’occident contre le terrorisme a permis l’arrestation ou la mort de nombreux leader du groupe, dont Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011. Ceci a mené à un fort affaiblissement de ce qui était autrefois une organisation solide.
Aujourd’hui, le groupe existe toujours et est dirigé par l’ancien numéro deux d’Oussama Ben Laden : Ayman al-Zawahri. Cependant il a perdu en importance suite à la mort de leur leader idéologique. En outre, le mouvement a perdu en vigueur et a créé beaucoup de déçus parmi ses rangs et ses soutiens. Cela explique en partie l’émergence de DAECH, dont les déçus sont venus en enrichir les rangs . Une émergence rapide couplée d’un succès qui vient éclipser les actions d’Al Qaida. En effet, en parvenant à prendre le contrôle de larges portions de territoires syriens et irakiens, et d’assurer son emprise sur les populations locales, ce qui n’était initialement qu’une branche d’Al Qaida à réussi à faire ce que les autres organisations se revendiquant du jihadisme n’ont pu. Créer un état islamique “d’avant garde” et rétablir le Califat.
Auteur: Thomas Profit
Édition et mise à jour: Omar Tarabay
Annexes
Définition des termes en arabe:
Djihad : combat, action armée pour étendre l’islam, et éventuellement le défendre
Moudjahidines : personne de haute morale, combattant de la foi qui s’engage dans le Djihad
Sources :
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/2004-2006/aq_creation.htm
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/
http://www.lesclesdumoyenorient.com/A-la-recherche-d-un-nouveau.htm
http://www.europe1.fr/international/a-quoi-ressemble-al-qaida-aujourd-hui-1063557