Pauline Molmerret & Laura Meleo
Le Qatar est depuis des millénaires habité par des populations, le pays a vu le bassin de la civilisation se développer, a été un grand allié de Babylone durant son hégémonie avant de traverser une période d’invasion étrangère. Tout d’abord par le Portugal qui possédait auparavant la flotte la plus puissante du monde. Manuel Ier voulant s’emparer de la route des épices, envahit toute la côte orientale. Cependant l’emprise portugaise ne durera qu’un temps, vite détrôné par le fort empire Ottoman qui ne cesse d’agrandir ses frontières. Au XVIIIème siècle, l’empire s’affaiblit et une importante famille fait son apparition sur le territoire : la famille Al Thani. Pendant cette période, d’une part l’empire Britannique fait son entrée sur le territoire Qatarie voulant sécuriser la route des Indes, d’autre part le Bahreïn, sous la dynastie Al Khalifa, veut annexer le Qatar. Les anglais poussent la famille Al Thani à gouverner le pays, s’en suit de nombreuses conflits entre l’Empire Ottoman et le pouvoir Qatari. En 1916, le Qatar devient officiellement un protectorat Anglais, qui laisse une autonomie factice mais protectrice au pays. La vague de décolonisation commence dans les années 60 avec la montée des revenus du pétrole. En 1971 le Qatar devient indépendant et à sa tête un membre de la famille Al Thani qui détient les pleins pouvoir. Par conséquent, le pays devient une monarchie absolue constitutionnelle héréditaire. Après l’indépendance du Qatar en 1971, le nombre d’habitant a été estimé à environ 122 000 personnes principalement autochtones et parmi celle-ci de nombreuses personnes de tribus bédouines. Désormais le pays abrite plus de 2 000 000 d’habitants. Du faite de l’histoire, l’anglais est souvent parlé et compris par les habitants du Qatar mais l’Arabe est la langue officielle du pays. La monnaie officielle est la Riyal Qatarie. Concernant le drapeau officiel du pays, il a été adopté en 1949 et était à la base rouge comme de nombreux drapeaux de la péninsule arabique. Néanmoins le Qatar a décidé d’ajouter du blanc afin de signifier la paix. Avec le temps la couleur s’est foncée pour représenter le sang perdu lors de la guerre d’Al Zubarah et s’est transformé en un marron pourpre. En effet, beaucoup de Qataris sont morts lorsque l’empire Ottoman en 1872 a pris le contrôle de cette zone. Les neufs pointes du drapeau représentent les 7 Emirats du Golfe, le Bahreïn et Qatar. L’IDH du pays est en croissance constante depuis les années 80, il plafonne en 2013 a 0,851 et en fait le 31eme pays mondial et le premier pays Arabes avec le meilleur indice de développement humain.
Lors de notre présentation nous aborderons les risques politiques, économiques, financiers ainsi que les risques géographiques et environnementaux. Pour finir nous verrons l’impact du soft et du hard power dans le pays.
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I. Evaluation du risque politique
Le Qatar est une monarchie semi autoritaire, l’émir est un personnage central qui concentre la majorité des pouvoirs comme le pouvoir exécutif, partagé avec le conseil des ministres. La charia est la principale source de la constitution permanente du pays. Concernant le pouvoir législatif, il est détenu par un conseil consultatif qui est élu pour un tiers par l’Emir et le reste au suffrage universel. Le judiciaire est lui indépendant et fonctionne avec des tribunaux de différents degrés. Sous cette apparente organisation démocratique, le Qatar montre une volonté de transparence politique afin de satisfaire l’Occident mais l’Emir demeure au centre de cette organisation et semble indétrônable. Cette place centrale pourrait à terme desservir le pays dans sa modernisation.
La politique interne du Qatar est moins ferme et réactionnaire que celle des pays voisins. En effet, les femmes ne sont pas forcées de porter le voile et ont le droit de vote. Le pays a mis en place une politique sociale interne nommée : Permanent Population Commitee. Cela permet au gouvernement d’avoir une vision globale sur la qualité de vie des Qataries et de la qualité de leur environnement. Au sein des habitants Qataries, il y a plus de 80% d’étrangers, la majorité d’entre eux viennent du Pakistan ou d’Inde. Ils représentent la main d’œuvre du pays et travaillent ainsi que vivent dans des conditions précaires. Le gouvernement a décidé de biser son image d’obscurantisme religieux en étant plus ouvert aux autres religions, les laissant s’exprimer sur le territoire tout en exerçant un contrôle sur leur degré d’importance. Le taux de criminalité est relativement bas avec un indice de criminalité de 1 personne emprisonnée pour 100 000 individus. Contrairement au taux de criminalité, le Qatar connait un fort taux de corruption ressentis au sein du pays. Une illustration notoire de cette corruption est son élection plus qu’étonnante pour la coupe du monde de foot en 2022. Cette corruption pourrait à terme nuire au pays. La politique extérieure du pays consiste principalement à contenir la volonté expansionniste de l’Arabie Saoudite qui n’a jamais accepté l’indépendance Qataries en 1996. Le pays entretient aussi des relations étroites avec les Etats Unis et veut se lancer dans une politique pour renforcer ses liens avec les pays occidentaux comme l’Angleterre et la France. Ces différentes actions internationales sont mise en place afin d’installer le petit pays Qatarie dans une stabilité et une force afin de s’imposer sur la scène mondiale. Lors du printemps arabes, le Qatar a pris part au financement de certains mouvements contestataires au sein des pays touchés par les révolutions. Cette position forte, surtout contre certains de ses pays voisins, pourrait constituer un risque pour le pays.
II. Evaluation des risques économique et financiers
Le Qatar sur un plan économique connaît un développement remarquable. Le PIB par habitant en 2015 est de 78 829 dollars, on constate une baisse comparée à l’année 2012 qui était de 103 606 dollars par habitants mais néanmoins reste un des PIB les plus élevés au monde. Le taux de croissance du PIB a fortement augmenté depuis les années 1970 (A1) étant désormais de 4% en 2015. Cela s’explique en particulier par une forte hausse des hydrocarbures depuis les années 2000 ainsi que par les nombreux investissements de Doha dans des infrastructures de production de gaz naturel liquéfié. En 2015 le taux d’inflation du Qatar a très nettement baissé depuis les deux années précédentes allant de 3.1% à 1.8% en 2015 cela s’explique par une baisse des prix de commodité permettant de contenir l’inflation.
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Le solde budgétaire du Qatar en fonction du PIB a fortement diminué, en 2013 il était de 14.4% et désormais en 2015 de 1.0%. Le solde courant en fonction du PIB a lui aussi fortement diminué allant de 30.8% en 2013 et étant de 8.4% en 2015. La balance commerciale du Qatar a très fortement augmenté ces deux dernières décennies de 32.2%. C’est en 2012 que la balance commerciale a enregistré le plus haut niveau étant de 46.83%. Ainsi la situation économique et financière semble mettre le Qatar à l’abri de risques qui ont pu survenir dans les autres pays de la région. En effet le Qatar possède de forts excédents financiers grâce à des revenus presque illimités basé sur une politique volontariste. Le Qatar est donc constitué d’un secteur bancaire stable et bénéficiant d’une stabilité politique ainsi qu’un rayonnement à l’international lui permettant un avenir brillant.
III. Evaluation des risques géographique et environnementaux
Le Qatar possède 7 ports distincts sur son territoire, 4 sur son territoire principal et 3 sur les iles avoisinantes : Al Ryyane, Al Shaeen & Haful Island. Le pays est dépendant du détroit d’Ormuz qui est une zone de tensions notables dans la péninsule. Ormuz est tiraillé entre l’Iran et le sultanat d’Oman. Cette situation de dépendance peut constituer un risque pour le pays car en cas de conflit et de fermeture du détroit d’Ormuz, le Qatar pourrait faire face à des problèmes concernant son activité pétrolière. Les risques sanitaires au Qatar ne sont pas nombreux, il existe un risque de maladie transmise par un insecte vivant la nuit et véhiculant la leishmaniose. Le second risque est celui de l’environnement, à cause du sable très présent des infections ophtalmologiques sont possibles. Les risques sanitaires ne constituent pas un fort facteur de déstabilisation pour le pays en revanche sa situation géographique pourraient créer un risque pour le pays.
IV. Une évaluation du Hard power du pays
Le Hard Power consiste au pouvoir de coercition militaire d’un pays. La hausse du prix des hydrocarbures et de la hausse de ses investissements en infrastructures ont permis au Qatar de disposer d’une grande puissance financière. Doha a fortement bénéficié de la crise financière de 2008 avec l’affaiblissement des pays occidentaux et de la capacité diplomatique de ses pays voisins ainsi que son rapprochement avec Riyad. L’utilisation du hard power par le Qatar a été remarquée notamment lors du conflit libyen en 2011 puis avec celui de la Syrie situation provoquée par les Printemps Arabes et permettant ainsi le Qatar a ouvertement soutenir certains acteurs des conflits au sein de ces pays et donc instauré une stratégie de hard power.
Cette intervention a été mise en place par l’émir Hamad qui a stipulé que « les Arabes doivent résoudre les problèmes des Arabes ». Cette stratégie a aussi pu être aperçue lors de la crise de Bahreïn où le Qatar a envoyé des troupes du Conseil de Coopération du Golfe. C’est par la suite que le Qatar a décidé de revenir à une stratégie de Soft Power explicité dans le paragraphe suivant. Le Qatar a des relations convenables avec l’Iran et ses pays voisins mais a cependant développé depuis quelques années des relations à l’international notamment avec la France et les Etats-Unis. En effet, le Qatar manque de force militaire et est faiblement peuplé d’où le besoin de s’allier avec ses pays voisins et à l’international.
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L’importance des alliances internationales est aussi due à sa position géographique qui le lui impose. Le budget militaire du Qatar en 2015 a été d’environ 1,930 milliards de dollars et dispose de 11 800 hommes (comparé à la France au 6ème rang des plus grandes armées du monde avec 202,761 militaires et ayant en réserve 195,770). Ses fournisseurs militaires sont les USA, la France, le Royaume Unis, la Suisse, l’Italie et l’Allemagne. Le Qatar dispose des plus grands navires de transport et mise fortement sur le système GTL qui est un procédé permettant de transformer le gaz naturel en essence liquide, cette nouvelle technologie pourrait permettre au Qatar d’être le leader mondial d’ici 2030. Par ailleurs le Qatar a pour ambition de devenir un hub régional le destinant à une plateforme centrale de correspondance dans les connexions entre l’Europe et l’Extrême Orient.
V. Une évaluation du soft power du pays
Lors de la modernisation et la démocratisation du Qatar, l’Emirat a opté pour une levée partielle de la censure médiatique. Il y a eu sur le pays un vent de libération sociale surtout véhiculé par la chaine de télévision Al-Jazeera. Cette chaine de télévision est le principal instrument du Soft Power, surtout connue pour être un canal d’expression a toutes les tendances politiques du monde arabes surtout des peuples opprimé par des gouvernements illégitimes. La chaine se fait très vite des ennemis après sa création en 1995, ses pays voisins voient d’un mauvais œil cette liberté médiatique comme par exemple l’Arabie Saoudite. La chaine veut avant tout être une chaine libre sans influence au plus proche de la réalité, c’est pourquoi la chaine diffuse des vidéos très choc comme par exemple lorsque les Américains ont déclaré la guerre à Irak. La chaine a une volonté de se développer à l’internationale, en commençant en 2011 avec la création d’une chaine en Angleterre. D’autre pays sont visé dont la France, cette volonté d’expansion pourrait constituer un risque car dans certains conflits, la chaine a provoqué une amplification des tensions. La puissance du soft power passe par la chaine Al-Jazeera ainsi que le football mais aussi désormais avec la Formule 1. En effet le Qatar n’a jamais caché son attrait pour le sport et le confirme en investissant à outrance dans sa propre course de F1.
VI. Conclusion & SWOT
Le Qatar comme l’ensemble de la région persique a pour religion l’islam de majorité sunnite et est donc religieusement allié aux autres pays de la région. Le Qatar se situe au 3ème rang des pays avec le plus gros PIB par habitants. Cela s’explique par ces réserves naturelles fortement dotée en hydrocarbures permettant à ce pays d’exporter en masse aux quatre coins du monde. Cependant, la position géographique du Qatar soulève une double problématique, d’un côté concernant l’aridité de ses terres et d’un autre côté les tensions qui existent au sein de la péninsule arabique. Ces problématiques expliquent la nécessité de créer de nombreuses alliances avec ses pays voisins ainsi qu’à l’international. Par ailleurs, le Qatar effectue de nombreux investissements afin de limiter sa dépendance aux autres pays et a pour objectif d’être leader dans certaines innovations afin de lui permettre de stabilisé sa croissance sur le long terme. Du fait de ses alliances le Qatar est dans l’obligation de moderniser sa structure organisationnelle nationale.
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Le pays a été soumis à de fortes critiques de la communauté internationale aux regards de son application des droits de l’homme ainsi que son système juridique. Le Qatar afin d’asseoir sa présence dans la région et à l’international à allier des stratégies de soft et hard power allant des médias jusqu’à une ingérence dans les pays voisins.
Force |
Faiblesse |
Alliances stratégiques (Etats-Unis : Invasion Koweit par l’Irak : 98 partenariat de défense militaire)
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Rôle subalterne des étrangers : image dégradée du Qatar
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Opportunité |
Menace |
Rôle grandissant de la femme dans la société ( 1996 Qatar Foundation) proportion des femmes dans la population active est grandissante. Investissement important dans le système GTL : permettant éventuellement d’être leader mondial d’ici 2030. Diversification de l’économie ( pétrochimie, aciérie, fertilisant chimique…) |
Destination du gaz à travers le monde entrain de changé: désormais dirigé vers l’Asie |
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Bibliographie :
Source internet :
Institut Européen de recherche
Qatar Central Bank
http://www.qcb.gov.qa/English/Pages/Default.aspx
Indice de Développement Humain 2014: En tête du Maghreb, la Tunisie gagne 4 places et se classe au 90ème rang mondial, Huffington post, 27/06/2014 http://www.huffpostmaghreb.com/2014/07/26/classement-idh-2104_n_5623123.html
Site officiel de la Coface
http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Qatar
France Diplomatie
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/qatar/presentation-du-qatar/
Perspective Monde : Qatar
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays= QAT&codeStat=SECU.GPI.DIST&codeStat2=SECU.GPI.JAIL
Géolinks, Fiche pays Qatar
Stung by FIFA furor, Qatar’s soft power at risk, Reuters, 1/06/2015
http://www.reuters.com/article/us-qatar-fifa-image- idUSKBN0OH2FW20150601#MHJx6jPqTyLdqcTQ.97
Les « echos data » : Qatar
http://data.lesechos.fr/pays-indicateur/qatar/pib-par-habitant.html
Qatar 2008-2014 : du soft au smart power, Par Mehdi LAZAR, Diploweb, le 23 mars 2014 http://www.diploweb.com/Qatar-2008-2014-du-soft-au-smart
While limited in size, the Gulf nation of Qatar fields a military with access to rather modern Western equipment. http://www.globalfirepower.com/country-military-strength-detail.asp?country_id=qatar
Ministère des finances
https://www.tresor.economie.gouv.fr/pays/qatar
Livre :
QATAR – Nabil Ennasri Collection dirigée par Mathieu Guidère, Edition : De Boeck
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