WWF au niveau mondial
C’est en 1961, suite à une réunion entre des scientifiques et des experts, qu’est née l’organisation WWF. Celle-ci est créée dans le but de lever des fonds pour protéger la nature. C’est à cette même époque que le zoo de Londres acquiert son premier panda géant. Séduit par cet animal pacifique, rare et menacé, le groupe d’experts le choisit comme porte-drapeau.
Le WWF, présidé par la navigatrice Isabelle Autissier depuis 2009, est aujourd’hui la première organisation indépendante mondiale de protection de la nature. Elle compte plus de 5 millions de donateurs à travers le monde, et coordonne plus de 1300 projets dans plus de 100 pays.
Son principal objectif est d’arrêter la dégradation de l’environnement dans le monde et de construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature. C’est pour cela que les projets réalisés par le WWF sont très diversifiés.
Ces projets se déroulent, pour la plupart, à l’échelle locale. C’est le cas des actions de visibilité dans différents supermarchés par exemple. Mais WWF s’occupe également de missions plus vastes et plus internationales comme la création de pépinières scolaires au Congo ou la création d’une réserve naturelle pour la protection des tortues luths en Guyane.
WWF existe aussi en France sous différentes formes juridiques
WWF opère depuis 2004 en France sous plusieurs entités juridiques :
– la Fondation WWF telle que nous la connaissons, avec 87 salariés, a été créé en 2004.
– l’Association des Amis du WWF, association qui a pour objet de fédérer les amis et les sympathisants du WWF.
– Panda, une EURL créée en 1992 dont la fondation WWF France est l’associé unique. Serge Orru en est le directeur et a sous ses ordres 15 salariés. Les ressources de cette entreprise sont générées par les produits sous licence (partenariats d’entreprises), la vente par correspondance et les produits d’édition.
– SAS WWF Domaine de Longchamp, dont l’actionnaire unique est WWF Fondation, a été créée en 2004 et a pour but d’exploiter la concession de domaines publics et l’organisation d’activités en relation avec le développement durable et la protection de l’environnement.
Le poids de WWF
Le WWF est une organisation importante du fait de ses nombreux membres mais également de par le montant de ses engagements financiers dans les études scientifiques de diagnostic et les réalisations d’opérations de protection de la nature. La fondation disposerait d’un budget de 447 millions d’euros en 2010 et dont les apports proviendraient à 60% de dons de particuliers. Ses ressources financières sont issues pour l’essentiel de ses adhérents, d’activités commerciales de promotion (magazines et objets fétiches), de subventions gouvernementales, de partenariats avec les entreprises qui s’engagent dans la protection de l’environnement et de dotations du WWF Mondial.
La fondation WWF France est assez transparente et démontre que les dons et les legs représentent 74% de son budget, les subventions privées en assurent 18%, et les subventions publiques environ 8%.
En 2013, WWF France compte 11 partenaires stratégiques : Audencia, Arjo Wiggins Graphics, Boralex, Carrefour, Castorama, Crédit Agricole, Lafarge, Lafuma, La Poste, Orange et Ikea France. Toutefois, depuis 2010, WWF est opaque concernant les sommes versées par chacun de ses partenaires.
Les enjeux de cette problématique
Le champ d’action de WWF est très large : protéger des espèces et des régions menacées, différentes actions afin de réduire notre impact sur la planète, etc. Dernièrement, WWF a décidé de mettre au cœur de son action le développement de l’huile de palme durable. Ce sujet étant au cœur des débats actuels, nous avons choisi de traiter cette problématique.
«Alors qu’aujourd’hui certaines entreprises font la promotion de produits
« sans huile de palme », présentés comme gage de qualité sur les plans nutritionnels et environnementaux, est-il judicieux et réaliste de rejeter en bloc l’huile de palme ? Ne faut-il pas davantage questionner les modalités de sa production ?» – Rapport de WWF en 2011.
Problématique : Comment WWF utilise-t-il sa force d’action pour promouvoir la production d’huile de palme durable ?
L’huile de palme, présente dans de nombreux produits (alimentation, oléochimie, agrocarburant), a vu sa demande augmenter récemment : 50% des produits contiennent de l’huile de palme. Cette forte concentration en huile de palme entraîne la déforestation de nombreux hectares de forêt tropicale, notamment en Malaisie et en Indonésie, premiers producteurs mondiaux. Entre 2000 et 2005, 93 600 km² – de forêt tropicale ont été dévastés par la production d’huile de palme, soit une surface de la taille du Portugal.
WWF a étudié l’impact de la production d’huile de palme sur la biodiversité de ces régions : des espèces telles que les orangs-outangs, les tigres, les éléphants et les rhinocéros sont aujourd’hui menacées. La production d’huile de palme émet également beaucoup de CO2, puisque le carbone, jusqu’alors contenu dans la végétation maintenant disparue, est relâché dans l’atmosphère.
La demande mondiale d’huile de palme prévoyant de doubler d’ici 2020, WWF a décidé de mettre en place des actions afin de changer la manière dont ce produit est fabriqué.
Les missions de WWF
Il est possible d’augmenter la production d’huile de palme sans détruire davantage la forêt tropicale.
Des recherches ont révélé l’existence de 14 millions d’hectares dévastés et abandonnés en Indonésie. Ceux-ci pourraient être utilisés pour la production d’huile de palme. Ces sols permettraient de doubler la production nationale d’ici 2020.
De plus, des recherches ont également été effectuées afin de déterminer quelles régions sont importantes pour les espèces en danger et l’environnement ; et donc dans quelles régions les palmiers à huile seraient susceptibles d’engendrer moins de dégâts.
Mise en place de la Table Ronde pour l’Huile de palme Durable (RSPO)
C’est en 2004 que WWF a participé à la mise en place de la Table Ronde pour l’Huile de Palme Durable (RSPO : Roundtable on Sustainable Palm Oil). L’objectif principal de la RSPO est de promouvoir la croissance et l’utilisation de l’huile de palme durable. Ce groupe prend aussi toutes les parties prenantes dans le processus de production : depuis les cultivateurs et les usines de transformation jusqu’à l’industrie alimentaire, ainsi que les revendeurs et les investisseurs.
La Table Ronde a permis la mise en place d’une série de standards internationaux pour la production durable d’huile de palme. Ces standards permettent aux entreprises qui utilisent l’huile de palme durable de l’indiquer sur leurs produits par un certificat. 40% des producteurs mondiaux de palme sont membres de la RSPO.
Pour que l’huile de palme soit certifiée durable, elle doit être cultivée dans une forêt primaire ou une zone protégée et respecter les normes sur l’environnement établies par la RSPO. Les cultivateurs doivent aussi offrir un bon salaire à leurs ouvriers et aux communautés locales, ainsi que respecter leurs droits.
Sensibilisation de la Chine et l’Inde
La Chine et l’Inde importent aujourd’hui un tiers de la production mondiale d’huile de palme. C’est pourquoi il est très important pour WWF de les sensibiliser et de collaborer avec eux afin que les entreprises et les autorités promeuvent l’huile de palme durable.
Collaboration avec des entreprises
L’organisation WWF travaille avec les entreprises qui fabriquent et vendent de la nourriture, des cosmétiques et autres produits contenants de l’huile de palme. Ils s’assurent que ces entreprises participent activement aux tables rondes et qu’elles optent pour une huile de palme durable et certifiée.
L’huile de palme durable controversée
Pourquoi l’huile de palme (durable ou non) est-elle controversée ?
Cette huile provient principalement de pays comptant un grand nombre de forêts tropicales. Malheureusement, pour répondre à la demande mondiale grandissante d’huile de palme, ces forêts sont détruites et remplacées par des palmiers à huile. Cette déforestation grandissante engendre la disparition progressive d’animaux comme les orangs-outans et favorise l’émission de gaz à effet de serre.
L’action de WWF avec la RSPO constitue-t-elle un réel progrès pour l’environnement ?
Malgré le fait que WWF mette en avant les recherches ayant permis la découverte de terrains abandonnés qui pourraient permettre d’augmenter la production d’huile de palme sans engendrer de déforestation , ses principales actions semblent se tourner vers la révision des principes et des critères de certification d��huile de palme durable, et en particulier vers les conditions de travail des employés de ce secteur. Cela est très important étant donné le nombre conséquent de personnes travaillant dans ce domaine (entre 15 et 20 millions d’indonésiens vivent de l’industrie de l’huile de palme), mais la production d’huile de palme durable continue d’avoir de graves conséquences sur l’environnement et reste donc très controversée.
Critique
En faisant des recherches sur WWF, l’organisme nous a paru avoir une puissance d’action redoutable.
En effet, sa présence mondiale, son budget et le nombre de projets menés représente un actif très impressionnant. L’organisme mène des campagnes internationales afin de protéger des espèces et des régions menacées mais également afin de réduire notre empreinte écologique. Cependant, lorsque nous nous sommes penchées sur le financement de WWF, nous nous sommes interrogées sur l’influence que ces sommes d’argents pouvaient avoir : qui finance l’organisme, mais surtout dans quel intérêt ?
Le Canard Enchainé a mis en lumière, dans son article datant du 5 janvier 2011, le lien entre l’ONG et les entreprises. En effet, cette première a de nombreux partenariats avec des industriels «plus soucieux de verdir leur image que de sauver les pandas». Ces entreprises, telles que le cimentier Lafarge ou le Crédit Agricole, sont soupçonnées de greenwashing, c’est-à-dire d’utiliser la notoriété du célèbre panda, de ses 4,8 millions d’adhérents dans le monde et de l’image de sa présidente Isabelle Autissier, présidente de l’organisation en France, afin de couvrir leur activité polluante. En échange, les entreprises versent une somme importante à WWF (de l’ordre de 400 000 euros par an). Le financement de ces entreprises représenterait aujourd’hui près de 30 % du budget de l’organisme. Comment l’organisme peut-il rester objectif lorsque de grands groupes industriels participent à près de 30% de son budget ?
A cela s’ajoute le fait que WWF semble affaiblir ses normes environnementales, afin d’augmenter l’apport en donation de l’industrie.
Malgré son engagement pour des causes nobles tels que la défense de la nature, WWF reste controversé par ses rapports avec les entreprises industriels. Ceci nous pousse donc à douter de son indépendance et à regarder l’organisme au panda sous un autre angle.
Cinq mots clefs pour illustrer la problématique défendue
– Protection de la nature
– Production durable
– Lutte et sensibilisation
– Puissance d’action
– Présence mondiale
Bibliographie
http://www.wwf.fr/s-informer/qui-est-le-wwf
http://www.wwf.be/fr/que-faisons-nous/reduire-notre-impact/l-huile-de-palme-durable/770
http://www.greenpalm.org/fr/lhuile-de-palme/quest-ce-que-lhuile-de-palme-durable
http://www.ecolopedia.fr/?p=191
http://www.lexpress.fr/actualite/wwf-et-les-entreprises-les-liaisons-dangereuses_1001238.html
http://amisdelaterre40.fr/spip/spip.php?article186
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/25/la-production-d-huile-de-palme-durable-mise-en-cause_3166159_3244.html
Annexe
Huile de palme, la déforestation à la nécessaire durabilité
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