Sionisme

SIONISME

Le 28 novembre 2014, la question de la reconnaissance de l’Etat Palestinien sera inscrite à l’ordre du jour des discussions de l’Assemblée Nationale. Bien que non contraignante, la décision française sera hautement symbolique puisqu’historiquement la France joue un rôle de précurseur en Europe sur la question du conflit israélo-palestinien. Avec pour base l’idéologie sioniste, ce conflit est désormais le sujet incontournable des entités médiatiques et politiques. Revenons sur les origines du sioniste et intéressons-nous aux mouvements d’opposition et critiques idéologiques du sionisme.

Dans quelle mesure l’idéologie sionisme est-elle remise en cause en Europe Occidentale, de ses prémices à aujourd’hui ?

L’étude commencera par la présentation des origines et des caractéristiques principales du sionisme puis abordera les différents points de vue laïcs, religieux et politiques des opposants au sionisme.

I. De l’émergence du mouvement sioniste à aujourd’hui

1. Définition du sionisme

La Terre Promise
La Terre Promise
Théodore Herzl
Théodore Herzl

D’après le dictionnaire Larousse, le sionisme est un « mouvement dont l’objet fut la constitution, en Palestine, d’un état juif ». La notion de sionisme a été employée pour la première fois par l’homme politique et journaliste hongrois Théodor Herzl à la fin du XIXème siècle. Étymologiquement, le sionisme provient du nom de la colline « Sion » située à Jérusalem. Il s’agit d’un courant de pensée davantage politique que religieux qui s’est développé en réponse à l’émergence de l’antisémitisme[1] et la multiplication des pogroms[2] en Russie. Les sionistes ont trois principaux objectifs : la reconnaissance du peuple juif, la création d’un état juif et l’accès à la Terre Promise. Les sionistes veulent accéder à la Terre Promise, c’est-à-dire la Palestine, des parties du Liban, de la Syrie, de l’Arabie Saoudite et de la Jordanie, d’après l’Ancien Testament. Selon eux, régner sur la Terre Promise est le pré-requis à la venue du Messie.

2. Moments clés du sionisme

L’idée maitresse du sionisme, c’est-à-dire le retour physique des juifs en terre d’Israël apparait à la fin du XVIIIème siècle. D’ailleurs, Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Egypte en  1799 prend position pour ce mouvement naissant : « Israélites, nation unique que les conquêtes et la tyrannie ont pu pendant des milliers d’années priver de leur terre ancestrale, mais ni de leur nom ni de leur existence nationale… Levez-vous… Vous avez le droit à une existence politique en tant que nation parmi les autres nations» 

Dès le début du XIXème siècle, une partie des juifs se lance dans la colonisation des terres qui passe en premier lieu par une colonisation agricole avec la création d’exploitations exclusivement juives. Différents regroupements juifs voient le jour, dont l’Alliance Israélite (fondée par Adolphe Crémieux) qui créa une école agricole à Jaffa pour soutenir la colonisation. Alors que l’antisémitisme prend de l’importance au cours du XIXème siècle, les premiers groupes sionistes voient le jour en Russie et entament leur migration vers la Terre d’Israël.

L’idéologie sionisme connait ensuite un épanouissement rapide. La Déclaration Balfour[3] de 1917 soutient le mouvement sionisme et lui fournit une solide assise juridique internationale. Trente ans plus tard, le 16 mai 1948, l’ONU officialise la création de l’Etat israélien. Il s’en suite une évolution du mouvement sioniste qui se dote de trois nouveaux axes d’action : la défense idéologique et politique d’Israël, le rassemblement de tous les juifs et la loi du retour à la Terre Promise. Considéré comme le créateur de l’Etat d’Israël en 1948, David Ben-Gouriou (1886- 19723) est l’un des acteurs majeurs du sionisme au XXème siècle et a été successivement Premier Ministre et Ministre de la Défense de l’état israélien de 1948 à 1963.

David Ben Gouriou

 

«  Penser en sioniste, c’est-à-dire en sujet politique, tel est l’objet  de cette révolution culturelle. Ce retour à l’Histoire par le détour de la géographie marque à la fois un déplacement de la diaspora vers les terres d’Israël vers Sion comme nouvelle centralité du monde juif, un déplacement enfin de la religion à la nation comme cœur de l’histoire juive » David Ben Gourion

Dès la fin du XIXème des communautés, partis ou groupes de pensée se montent contre la pensée sioniste. Se dresser contre la pensée sioniste ce n’est pas être antisémite. En effet, certains juifs laïcs ou religieux s’opposent partiellement ou catégoriquement au sionisme. De ses prémices à aujourd’hui, l’idéologie sioniste est perçue d’un mauvais œil par différents groupes idéologiques, politiques et religieux.

II. Les opposants au sionisme

1. Les juifs laïcs

Parmi les juifs laïcs[4], l’opposition la plus légère au sionisme est celle des autonomismes. L’historien Simon Doubnov (1860-1941) est la figure emblématique de cette idéologie et soutient l’idée que les juifs devraient avoir des institutions qui leur sont propres en matières d’éducation, de santé et de culture mais indépendamment d’un état juif. Etre une minorité constitue de manière incontestable un problème mais, selon l’historien, la solution aux difficultés rencontrées par le peuple juif ne réside pas dans l’établissement de son propre territoire. En effet, une communauté existe davantage par son histoire et sa culture que par un territoire qui lui serait rattaché. Les idées de Simon Doubnov s’inspirent des humanistes et des philosophes des Lumières.

Les bundistes, quant à eux, sont catégoriquement opposés au sionisme. Le Bund, mouvement politique juif ouvriériste d’influence marxiste a été créé en 1897, soit à la même période que le mouvement sioniste. Pour les bundistes, l’idée de fonder un territoire juif est un objectif qui n’a pas lieu d’être puisque la superficie de ce territoire ne permettrait pas d’accueillir l’ensemble de la population juive. A l’instar de Simon Boudnov, les bundistes ne voient pas la création d’un état juif comme une solution mais plutôt comme une quête utopique. Le Bund est violemment critiqué par les marxistes qui décrivent le mouvement bundiste comme étant nationaliste et une entrave de plus à la pensée prolétaire. La pensée bundiste n’est plus d’actualité aujourd’hui puisqu’elle a été éradiquée en 1924 avec l’arrivée au pouvoir de Staline en URSS.

Enfin, les assimilationnistes[5] non marxistes, composés essentiellement de juifs d’Europe Occidentale, ne cernent pas l’intérêt du retour des juifs en Palestine. En effet, les juifs ouest-européens se sentent culturellement intégrés (langues, rythme de vie,…) dans leur pays de résidence, et ce, sans renier la tradition juive. Selon eux, le sionisme serait même un tremplin à l’antisémitisme puisque les actions sionistes sont à l’origine de mécontentements de populations qui ont alors tendance à faire la confusion entre juif et sioniste. En Allemagne et en Autriche, les rabbins s’opposent également au sionisme pour les même raisons au risque d’être traités d’hérétiques.

2. Les juifs religieux

Au sein des juifs religieux, les ultra-orthodoxes, les sionistes n’ont pas à créer un état ou une autorité politique au sens où la souveraineté divine est supérieure à la souveraineté nationale. La tradition du peuple juif est de conserver pour leitmotiv « l’unique destinée d’un peuple unique ». Les sionistes interprètent ce leitmotiv comme le fait de s’acheminer vers la « Terre Promise » tandis que les ultra-orthodoxes voient cette entreprise comme un poids. En outre, les ultra-orthodoxes accusent les sionistes d’aller à l’encontre des textes de la Torah au sens où ils transgressent le principe « La loi de l’Etat est la loi » en Palestine, d’utiliser des symboles sacrés comme l’étoile de David ou le chandelier pour une cause étatique. Les ultra-orthodoxes accusent aussi les juifs religieux de faire preuve de désacralisation et d’aller à l’encontre des traditions comme le non-respect de l’alimentation Casher ou l’abandon de certaines fêtes religieuses.

3. L’antisionisme parmi les non-juifs

Au début du XXème siècle, l’opposition au sionisme relevait du marxisme, d’un antisémite nationaliste ou encore du christianisme traditionnel. L’antisionisme était d’abord marginal avant de se développer en Europe Occidentale dans les années 60. C’est réellement en 1968, que la détestation des sionistes se développe. Il est alors primordial de faire la distinction entre antisémitisme et antisionisme. L’antisionisme consiste à désapprouver la volonté du mouvement de libération nationale sioniste, à s’opposer au projet sioniste de créer un foyer national juif en Palestine. Cependant, un individu qui n’est pas en accord avec la politique d’Israël n’est pas pour autant antisioniste.

En France, le Parti Antisioniste est créé en 2009 par Yahia Gouasmi et est une émanation du centre Zahra. Le centre Zahra est une organisation musulmane chiite en ligne avec les idées de l’Iran du Hezbollah libanais. Le Parti Antisioniste définit l’individu sioniste comme étant « trompé et manipulé sous de faux prétextes  afin de soutenir la politique d’Israël quelles que soient ses faits et gestes ». Le Parti Antisionisme a présenté des candidats aux élections européennes 2009, Dieudonné et Alain Soral, ainsi que quatre candidats aux élections législatives 2012. Le programme du parti est articulé autour de 14 points clés[6] traitant principalement de l’éradication des sionistes en France et de la libération des médias, de la politique et de la culture face au sionisme. Le Parti Antisionisme est vu d’un mauvais œil en France au sens où il est montré du doigt pour le fait d’avoir reçu une aide financière de l’Iran. Une chose qu’Alain Soral est loin de nier puisqu’il exprime très clairement que c’est grâce à l’Iran que 3 millions d’euros ont pu être consacrée à la constitution de la liste et à la campagne. Le parti antisionisme est très critiquée en France et en Europe, la droite a notamment demandé plusieurs fois sa dissolution.

Conclusion :

Synthèse sioniste antisionisme
Synthèse Sionisme/Anti-sionisme

Apparu à la fin du XIXème siècle, le sionisme connait depuis son émergence des critiques plus ou moins virulentes. Les critiques internes à la communauté juive concernent majoritairement la conception des traditions et des rites religieux. Le sionisme est même associé à l’idée de désacralisation et est accusé d’être un tremplin à l’antisémitisme. Du côté des non-juifs d’Europe Occidentale, les antisionistes prônent une éradication définitive des formes de sionisme dans les nations ainsi que la libération des instances politiques et médiatiques des pressions sionistes.

Le sionisme est aujourd’hui une question qui continue de diviser les populations d’Europe Occidentale. En France, la question du sionisme est omniprésente lors des campagnes politiques ou au sein de la communauté juive et alimente la presse quotidienne. L’encre et le sang n’ont pas fini de couler autour de ce conflit idéologiste.

Mots clefs : Sionisme, antisionisme, Israël, juifs, conflit israelo palestinien, antisémitisme

Bibliographie :

 

Webographie

 

 

 

 

 

 


[1] Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent envers eux des mesures discriminatoires. (Source : Dictionnaire Larousse)

[2] Attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrés contre une communauté juive dans l’Empire russe. (Source : Dictionnaire Larousse)

[3] La Déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937). Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national juif. Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l’État d’Israël. (Source : Wikipédia)

[4] Le judaïsme laïc est né de la modernité et rompt avec la tradition religieuse. La démarche est athée puisqu’elle défend la dimension humaniste. Les juifs laïcs s’inspirent des philosophes du XVIIIème siècle. (Source : Journaliste Claude Faber)

[5] L’assimilationnisme est un mouvement d’idées ayant pour objectif de faire disparaître tout particularisme culturel et religieux et d’imposer l’assimilation culturelle aux minorités d’un pays. (Source : Wikipédia)

[6] 1. Faire disparaître l’ingérence sioniste dans les affaires publiques de la Nation.

2.  Dénoncer tous les hommes politiques qui font l’apologie du Sionisme.

3.  Eradiquer toutes les formes de Sionisme dans la Nation

4.  Empêcher les entreprises et les institutions de contribuer aux efforts de guerre d’une nation étrangère qui ne respecte pas le droit international.

5.  Libérer notre État, notre gouvernement et nos institutions de la main mise et de la pression des organisations sionistes.

6.  Libérer les médias pour une pluralité de l’information afin de promouvoir la liberté d’expression.

7.  Promouvoir l’expression libre de la politique, de la culture, de la philosophie et de la religion et les libérer du Sionisme.

8.  Redonner le pouvoir à la France et aux Français selon les nouvelles  règles géopolitiques et économiques sur les grandes questions qui engagent la responsabilité de la Nation.

9.  Ne plus engager la France dans des guerres de colonisation et rapatrier nos armées postées en Afrique, en Afghanistan et partout dans le monde.

10.  Exiger un référendum populaire pour tout nouvel engagement de la France à l’étranger.

11.  Etablir un projet de loi pour interdire aux binationaux de participer aux guerres sans mandat explicite de la Nation.

12.  Interdire toute milice quelle que soit sa confession religieuse.

13.  Instaurer un dialogue national de sensibilisation pour un projet de société qui exclut  toute apologie du Sionisme.

14.  Etablir le mode de scrutin à la proportionnelle afin que toutes les composantes de la société soient représentées.

15.  Militer pour l’instauration d’une société de justice, de progrès et de tolérance

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