société – Geolinks Observatoire en Géostratégie de Lyon Thu, 02 Jun 2016 13:00:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.4.1 Sociétés et insurrections (1/2) /geopolitique/proche-moyen-orient/societes-et-insurrections-12/ /geopolitique/proche-moyen-orient/societes-et-insurrections-12/#respond Mon, 22 Feb 2016 10:57:38 +0000 /?p=12203 Sociétés et insurrections (1/2) : La territorialisation de l’idéologie dans le no man’s land identitaire irakien (2003-2015)

Ceci est la première moitié d’une réflexion sur les liens entre sociétés et insurrections au Moyen-Orient et au Maghreb dont la deuxième moitié se concentrera sur le rôle politique des tribus en Irak et en Libye.

Introduction

Le 29 juin 2014, l’organisation salafiste-djihadiste Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) proclamait son Califat sous le nom d’Etat islamique (EI). Fort de la prise de contrôle de Mûsul le 10 juin, après plusieurs jours d’intenses combats avec une armée irakienne totalement dépassée par l’ampleur et la soudaineté des attaques, l’EI s’impose pour la première fois aux yeux du monde comme, plus qu’une armée, plus qu’une nébuleuse terroriste, mais bien comme un embryon d’entité territoriale fermement ancré dans le paysage géopolitique moyen-oriental[1]. Depuis, une rapide progression territoriale et idéologique, allant jusqu’à porter la violence, la douleur, l’injustice dans le Xème arrondissement de Paris.

Mais en Irak, un tournant est quasiment passé inaperçu. Il a lieu le 17 mai 2015, lorsque l’EI prend Ramâdî, capitale de la province d’Al-Anbâr. Au-delà de s’ouvrir la route de Bagdad, l’EI prend alors le contrôle du bastion des tribus sunnites irakienne, qui se présentaient comme la dernière alternative à un basculement total et logique de l’Irak vers un chiisme politique et un stigmate de la population sunnite qui semble aujourd’hui inévitable. Par la chute de la résistance sunnite à l’EI, ce n’est pas seulement la défaite d’une « résistance nationale » irakienne mais surtout l’avènement de la stigmatisation généralisée de la société irakienne et l’achèvement d’un processus de fragmentation de l’Etat irakien en développement depuis le début de l’occupation du pays en 2003.

Mais cette histoire n’est pas celle de l’EI, c’est celle de l’avènement de la peur de l’idéologie dans la modernité, et de l’impossible contrôle du confessionnalisme. « Comment ferez-vous pour parler de l’Orient quand vous y serez allé ? » rappelait Mathias Énard dans Boussole, citant Heinrich Heine. C’est l’histoire crue de la domination du fort sur le faible dans un Orient insaisissable où l’Occidental ne sera jamais qu’un étranger.

Débaasification et normativisme politique ou la construction de l’identité insurrectionnelle sunnite.

Un nouvel ordre politique au Moyen-Orient basé sur l’individu, détaché du tribalisme et des liens ethno-religieux[2] fut l’objectif déclaré des néoconservateurs, se mêlant au prisme purement sécuritaire des conservateurs à l’aube de l’opération Iraqi Freedom. Réalisée dans le cadre de la RMA et de sa dérive techniciste, l’intervention en Irak se distingue par la déconnexion de l’aspect stratégique au profit de la tactique dans la planification de l’après-guerre[3]. Ce vide stratégique s’est exprimé à travers la politique de débaasification qui mena à l’effondrement des structures étatiques et la dissolution de l’armée irakienne, entraînant des milliers de baasistes dans la clandestinité, créant le premier pilier de l’insurrection[4]. Nombre des cadres du Régime se retrouveront à des postes clés au sein de l’opposition anti-américaine et au sein d’organisations terroristes fleurissant sur le territoire irakien à partir de 2003[5].

La période de transition, plutôt que mener à la mise en place d’un système intégrateur, finira de dégrader la minorité sunnite traditionnellement au pouvoir au rang de paria politique à travers le principe de représentativité politique sur la base de quotas ethnico-religieuse[6]. L’institutionnalisation du prisme confessionnel par le Conseil de gouvernement irakien ancrait alors dans la loi la mise à l’écart des Sunnites et formalisait son sentiment d’humiliation.

A cela s’ajoute un sentiment anti-américain croissant au sein de la population comme parmi les élites sunnites dû à la perception d’une différence de traitement accordé par l’armée américaine[7]. David Petraeus analysait très bien la situation car « toute armée de libération ne dispose que d’un temps limité avant de se transformer en armée d’occupation »[8]. Cette transition résulte en ce qu’Hamit Bozarslan appellera l’essentialisation d’un « macro-ennemi arabe sunnite irakien »[9]. En accord avec une tendance inhérente aux mouvements sociaux à favoriser le stigmate à l’unité, cette mise à l’écart peut être vue comme un élément fondateur de l’identité insurrectionnelle irakienne autour de référents confessionnels. Un rapide processus de déconstruction des liens de solidarité, de la wahda (l’unité) irakienne

De l’insurrection nationaliste à l’insurrection islamiste radicale

Jouer la carte confessionnelle c’est jouer la carte de la distanciation et la progressive radicalisation de l’insurrection qui atteindra son paroxysme en 2006 lors du siège de Fallûja. La période d’insurrection irakienne illustre une progressive fuite en avant radicaliste du projet politique sunnite face à la politique confessionnelle et normative occidentale. Au cours de cette période on observe la formation d’une « distinction schmittienne » entre ami et ennemi au sein de la société irakienne, résultant en l’aggravation de la fracture identitaire[10]. Carl Schmitt distingue trois types d’inimitiés : l’inimitié conventionnelle, l’inimitié réelle et l’inimitié absolue, les deux dernières formes concernant la détermination de l’irrégularité.

L’inimitié réelle, propre aux acteurs sub-étatiques et au partisan, est motivée par le sentiment nationaliste dans le cadre d’une occupation étrangère. Réduite à un ennemi, un objet, elle est limitée dans le temps et l’espace car elle perd de son sens une fois l’objet concret de l’insurrection disparu. Mais l’inimitié absolue se traduit par la mutation où l’ennemi devient un mal absolu dont l’éradication est la condition de la victoire[11]. Dans ce type d’insurrection, celle-ci se détache de son objet initial et devient une fin en elle-même.

L’insurrection se justifie par l’insurrection, la violence se justifie par la violence. C’est de cette mutation que l’on est témoin entre 2003 et 2006 à travers le passage d’une insurrection nationaliste voir islamo-nationaliste à un soulèvement islamiste radical plus séduisant[12]. Enfants de cette radicalisation, apparaissent alors des groupes tels que Tawhîd wal-jihâd, Al-Qâ‘ida fil-‘Irâq ou l’Etat islamique d’Irak sous Abû Mus‘ab al-Zarqâwî, Abû Hamza al-Muhâjir et Abû ‘Umar al-Baghdâdî qui mèneront l’insurrection anti-américaine de 2004 à 2008[13].

La chute d’Al-Qaïda et retrait américain d’Irak : « declare victory and run »?

A partir de 2006, on assiste en Irak à une refonte du discours nationaliste irakien, notamment sous l’influence grandissante de la contre-insurrection américaine (COIN). En utilisant les tribus irakiennes sunnites on a cru user d’un moyen de détruire Al-Qaïda en Irak, mais en les abandonnant aux mains du gouvernement irakien et en négligeant leur intégration au processus politique on a plutôt semé les graines de l’expansion territoriale de l’EI. Le mouvement de la Sahwâ, le réveil des tribus irakiennes contre Al-Qaïda, illustre ce basculement du paysage idéologique irakien vers une lutte contre le projet jihâdo-confessionnaliste. Cette dynamique d’intégration de la frange tribale sunnite à la nouvelle identité nationale irakienne en construction fut particulièrement porteuse d’espoir.

Mais à partir de décembre 2008, avec le Status of Forces Agreement statuant sur le retrait progressif des forces américaines, le mouvement tribal perd son principal soutien politique et son sort se retrouve entre les mains du gouvernement irakien de Nûrî al-Mâlikî. Or ce dernier, voyant d’un mauvais œil le retour des sunnites au sein de l’appareil politique, profitera de la facile association entre Al-Qaïda et sunnites pour les écarter comme en témoigne le traitement réservé à ‘Âdil al-Machhadânî, dirigeant de la Sahwâ, arrêté en 2009, accusé de terrorisme et exécuté en janvier 2014.

Ainsi, ce deuxième rejet des Sunnites après celui consécutif de l’occupation va achever de convaincre les chefs tribaux de la région d’al-Anbâr de se détourner d’un pouvoir central de Bagdad incapable de distinguer la Nation de la Religion.

La territorialisation du stigmate identitaire

Alors que la fragilité territoriale irakienne est plus que jamais réelle, un héritier d’Al-Qaïda va émerger de la guerre civile syrienne et comprendra à la perfection l’opportunité se présentant à lui, l’EI.

A la différence de ses prédécesseurs, l’EI se développe selon une stratégie alliant idéologie radicale héritée de l’école hanbalite et contrôle territorial à travers une armée, un gouvernement, une administration. En août 2011, Abû Muhammad al-‘Adnânî, porte-parole de l’EI popularisait ce qui deviendra l’un des slogans les plus révélateurs de la portée géopolitique de l’organisation : « dawlat al-Islâm bâqiya » (L’Etat Islamique se maintiendra)[14]. Par-là, les dirigeants de l’EI rapprochent leur buts – demeurer et s’étendre (bâqiya wa tatamaddad) – du concept coranique de la survivance (al-baqa) qui est le propre d’Allah[15]. L’EI propose un projet djihadiste mondial en se fondant sur le stigmate qu’ont subi les Sunnites de la région depuis 2003.

Mais l’EI est avant tout une organisation fondée sur une structure particulièrement bien gérée. Depuis juin 2014, la prise de Mûsul et l’avènement de l’EI, l’organisation terroriste se présente comme une entité territoriale, prélevant des taxes et imposant sa loi. Or, cette organisation porte un visage, et ce n’est pas celui d’Abû Bakr al-Baghdâdi, dirigeant spirituel de l’organisation cloitré dans son isolement, mais celui de son stratège Haji Bakr. Pourtant ce n’est qu’après sa mort en janvier 2014 dans le village de Tal Rifaat en Syrie que le rôle crucial de cet homme de l’ombre sera révélé par le journal allemand Der Spiegel[16]. Ancien colonel du régime baasiste, Haji Bakr, spécialiste du renseignement, était l’un de ces officiers poussés dans la clandestinité par la politique de débaasification. Les documents retrouvés dans son repaire révèlent l’étendue et la précision de l’organisation de l’EI. Ainsi, pour demeurer de s’étendre, les stratèges de l’EI n’ont pas seulement misés sur le poids de l’idéologie. Ils offrent à tous les musulmans sunnites à travers le monde la promesse d’une utopie islamique qui prend forme entre la Syrie et l’Irak.

Conclusion

L’histoire du développement de l’organisation Etat Islamique en Irak, encore plus qu’en Syrie, est un récit tournant autour de deux piliers, une idéologie radicale hanbalite et une volonté réaliste d’ancrer la légitimité de cette idéologie dans un territoire. La logique de l’évolution de l’idéologie vers la domination territoriale classique se comprend à travers l’étude de la société irakienne, et son voyage de l’insurrection à la radicalisation à partir de 2003.

L’EI est né bien avant 2011 et continuera probablement d’exister bien après sa chute. Selon sa devise « bâqiya wa tatamadad »[17], la guerre menée en Irak, en Syrie ou d’une certaine manière en France se fait avant tout dans les esprits. Les tragiques évènements du 13 novembre ne font que mettre en évidence la vulnérabilité des sociétés modernes à l’idéologie. Ignorer la nécessité de la lutte idéologique contre la sphère djihadiste c’est nourrir les vecteurs déstabilisant de la région et refuser une reconstruction identitaire au Moyen-Orient. Comme l’écrivait Ian Buruma le 18 novembre 2015, « la bataille contre l’Etat Islamique ne sera pas remportée à Raqqa (ndlr. Place forte de l’EI). Il s’agit de donner à tous ces aspirants au martyr une raison de vivre »[18].

Depuis quelques mois, l’EI s’accapare la Une médiatique française, où l’on s’acharne à proposer une définition de l’organisation. Or ce débat se voit trop souvent réduit à une question de sémantique plutôt qu’aux fondations de l’Etat Islamique. Qu’on le nomme « Daech » ou Etat Islamique, l’organisation n’en reste pas moins puissante par son impact idéologique et sa force territoriale. Aussi illégitime soit-il, l’EI est une entité idéologique territoriale. Il est nécessaire d’accepter la réalité des fractures confessionnelles en Irak ainsi que dans toute la région. C’est pour cette raison qu’une solution venant de l’Occident ne sera jamais que temporaire. La solution, si solution il y a, ne pourra venir que des Etats de la région. La solution légitime sera arabe, perse, kurde et la tâche de l’Occident doit se limiter à la faciliter.

Compréhension de l’impact des confessions ne signifie pas pour autant confessionnalisme politique. Accepter aujourd’hui l’idée stricte d’un front kurde, arabe, chiite ou sunnite contre l’EI, ce n’est pas miser sur l’unité moyen-orientale contre l’organisation terroriste mais sur l’opposition confessionnelle. Jouer la carte du confessionnalisme c’est jouer la carte de la distanciation, c’est accepter la fragmentation de la région. Mais si l’accomplissement des frontières de sang de Ralph Peters[19] semble être aujourd’hui une manière de redéfinir la carte du Moyen-Orient, la création d’Etats selon l’appartenance ethno-religieuse ne peut mener à terme qu’à une instabilité exacerbée entre, non plus des factions terroristes et des Etats, mais entre Etats dont les rivalités politiques prendront les teintes des oppositions religieuses. Ainsi plutôt que de résoudre le problème, il s’agit d’une manière d’étatiser les rivalités confessionnelles.

Face à cette difficulté récurrente des sociétés occidentales de se confronter au sentiment confessionnel, il s’agit de rechercher les facteurs d’unicité inhérents aux sociétés moyen-orientales. La tribu comme modèle social intégrateur est une solution déjà envisagée de manière superficielle par les Etats-Unis entre 2006 et 2008 en Irak. Travailler à la formation d’une cohésion sociale, une « ‘asabîyya », entre groupes de solidarité pourrait constituer un premier pas vers une solution[20]. Les tribus, fortes de leur puissance identitaire, pourraient œuvrer à la réformation de l’Etat, du pouvoir politique pouvant se définir par la mémoire collective de la société. Il est certes trop tôt pour voir les tribus irakiennes sunnites et chiites, aujourd’hui opposant à l’EI non reconnu par l’Occident, comme le fondement d’une cohésion sociale irakienne demain. Mais la victoire contre l’EI n’est pas une question d’éradication territoriale, mais de l’empêcher de « rester ». Et pour cela, seule la caducité de ces enseignements l’empêchera.

Source: Ralph Peters

Source: Ralph Peters

[1] HENNION Cécile, « Après la prise de Mossoul par les djihadistes, l’Irak est au bord de l’implosion », Le Monde, 11 juin 2014, http://www.lemonde.fr/international/article/2014/06/11/les-djihadistes-s-emparent-de-la-deuxieme-ville-d-irak_4435918_3210.html, accédé le 2 novembre 2014.

[2] On pense notamment au projet du Grand Moyen-Orient (GMO) (PLUS)

[3] DESPORTES Vincent (Général), Le Piège américain, Paris, Editions Economica, 2011, p. 250.

[4] CRANE Conrad C. et TERRILL W. Andrew, Reconstructing Iraq : Insights, Challenges, and Missions for Military Forces in a Post-Conflict Scenario, Strategic Studies Institute and U.S. Army War College, p. 32.

[5] Parmi ceux-ci le plus célèbre restera peut-être Ezzat Ibrahim al-Douri, le roi de trèfle, « cheikh des moudjahidines » et dirigeant de l’insurrection après la mort de Saddam Hussein.

[6] BENRAAD Myriam, Irak, la revanche de l’histoire, , Paris, Editions Vendémiaire, 2015, p. 68.

[7] Des opérations punitives sont menées contre les Sunnites en juin 2003 : Peninsula Strike et Desert Scorpion

[8] RICKS Thomas E., Fiasco. L’aventure américaine en Irak, Paris, Editions Michalon, 2008, p. 221.

[9] BOZARSLAN Hamit, « Perspectives irakiennes », Esprit, août-septembre 2004, p. 173

[10] CUMIN David, « La théorie du partisan de Carl Schmitt », dans COUTAU-BEGARIE Hervé (Dir.), Stratégies irrégulières, Paris, Editions Economica, 2010, p. 80.

[11] HASHIM Ahmed H., « Carl Schmitt et l’insurrection irakienne », dans BRICET DES VALLONS Georges-Henri (Dir.), Faut-il brûler la contre-insurrection, Paris, Choiseul Editions, 2010, p. 143.

[12] Ibid., p. 142.

[13] L’Etat islamique d’Irak et son dirigeant Abû ‘Umar al-Baghdâdî ne sont pas à confondre avec leurs successeurs l’Etat Islamique en Irak et au Levant et Abû Bakr al-Baghdâdî.

[14] CAILLET Romain, « Analyse : pour comprendre le slogan de l’Etat islamique – ‘baqiya’ », Religioscope, 12 octobre 2015, http://religion.info/french/articles/article_653.shtml#.Vjjk57cvfIU, accédé le 16 novembre, 2015.

[15] « Tout doit périr sauf  Son Visage », Coran, sourate 28, verset 88, Al-Qasas : le Récit.

[16] REUTER Christoph, « The Terror Strategist : Secret Fils Reveal the  Structure of Islamic State », Der Spiegel, 18 avril 2015, http://www.spiegel.de/international/world/islamic-state-files-show-structure-of-islamist-terror-group-a-1029274.html, accédé le 16 juin 2015.

[17] « Demeurer et s’étendre »

[18] BURUMA Ian, « Why Abdelhamid Abaaoud Wanted to Die », Foreign Policy, 18 novembre 2015, http://foreignpolicy.com/2015/11/18/the-draw-of-the-death-cult/, accédé le 20 novembre 2015.

[19] LUTYENS Sandro, « Et si le Moyen-Orient ressemblait à ça? », HuffPost Maghreb, 25 octobre 2013, http://www.huffpostmaghreb.com/2013/10/25/moyen-orient-armee-americ_n_4157849.html, accédé le 20 novembre 2015.

[20] Voir IBN KHALDÛN, Les Prolégomènes, trad. DE SLANE William Mac Guckin, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1934, 486 pages.

Sources, documents et bibliographie :

Ouvrages :

  • BRICET DES VALLONS Georges-Henri (Dir.), Faut-il brûler la contre-insurrection, Paris, Choiseul Editions, 2010, 307 pages.
  • BENRAAD Myriam, L’Irak, la revanche de l’histoire, Paris, Editions Vendémiaire, 2015, 285 pages.
  • COUTAU-BEGARIE Hervé (Dir.), Stratégies irrégulières, Paris, Editions Economica, 2010, 858 pages.
  • DESPORTES Vincent (Général), Le Piège américain, Paris, Editions Economica, 2011, 306 pages.
  • IBN KHALDÛN, Les Prolégomènes, trad. DE SLANE William Mac Guckin, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1934, 486 pages.
  • RICKS Thomas E., Fiasco. L’aventure américaine en Irak, Paris, Editions Michalon, 2008, 430 pages. .

Articles et rapports :

  • BOZARSLAN Hamit, « Perspectives irakiennes », Esprit, août-septembre 2004, pp. 172-192.
  • CRANE Conrad C. et TERRILL W. Andrew, Reconstructing Iraq : Insights, Challenges, and Missions for Military Forces in a Post-Conflict Scenario, Strategic Studies Institute and U.S. Army War College, 78 pages.

Sitographie :

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Les enjeux du port de Chabahar /geopolitique/les-enjeux-du-port-de-chabahar/ /geopolitique/les-enjeux-du-port-de-chabahar/#respond Mon, 18 Jan 2016 14:57:03 +0000 /?p=11921 Le port de Chabahar, porteur d’espoir et d’ambition… mais pour qui ?

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Introduction
Exemption de taxe professionnelle pendant 20 ans, droits de douane réduits, garantie à 100% sur le capital investi et les bénéfices (AFP, 2015) .Voilà ce qu’offre la zone franche de Chabahar (CFZ), en Iran, pour attirer les investisseurs.

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Source : PressTV, 2015

Cette zone franche se situe au sud de la province de Sistan-et-Balouchistan, proche de la frontière du Pakistan. Elle offre un port en eaux profondes ouvert sur l’océan indien via le golfe d’Oman. Son développement permettra d’une part, le désengorgement du détroit d’Ormuz et, d’autre part, de donner un accès à la mer au continent centrasiatique.

IRAN

Source : Visoterra, 2015

Bien qu’étant sur territoire iranien, c’est principalement l’Inde qui s’occupe du développement des infrastructures et qui en a la gestion. Le membre des BRICS a en effet rapidement saisi l’importance stratégique et commerciale qu’un tel projet pouvait représenter. L’Inde voit ici un accès aux ressources dont regorge la région. Déjà proche de l’Iran, dont elle est un des principaux partenaires commerciaux, elle entend bien là étendre son influence au-delà des seules frontières iraniennes.
L’Iran, qui semble peu à peu sortir du marasme économique résultant de l’embargo qui le frappait jusqu’alors, voit en les investissements indiens une aide au développement, à la sécurité de son territoire ainsi qu’un affranchissement du commerce de la région aux pays de la péninsule arabique.

La problématique sera ici de comprendre quels sont les intérêts portés par ce port pour l’Inde et l’Iran. Ainsi, dans une première partie, nous tâcherons d’analyser les enjeux qui poussent l’Inde à investir dans le port iranien. Dans une seconde partie, il sera question des motivations iraniennes à encourager la stratégie indienne.

I. La volonté indienne

L’Inde, 8e puissance mondiale, jouit aujourd’hui d’une croissance supérieure à celle de la Chine et cherche à être reconnue comme un acteur majeur. Le pays doit donc être en mesure d’alimenter sa croissance et de se prémunir d’une suprématie chinoise. Ce sont ces raisons qui poussent aujourd’hui l’Inde à étendre son influence au-delà de ses frontières.

A. Accès aux mines d’Afghanistan : quand un investissement en cache un autre

L’Afghanistan disposerait de ressources minières estimées à environ 3 000 milliards de dollars (ARNOULT, 2011). Naturellement, le pays suscite l’engouement de nombreuses nations. Parmi elles, l’Inde tente de faire la différence en apportant plus qu’un financement, un développement.

En 2011, l’Inde connaît sa première victoire en remportant son premier appel d’offres afghan (BOBIN, 2011). L’Afghanistan, jusque-là en guerre, entend se développer grâce à l’exploitation de ses ressources naturelles. Le pays ne cherche pas ici de simples investissements étrangers, mais également des partenaires susceptibles de développer des infrastructures aidant à son développement. C’est dans cette optique que l’Inde entreprend des projets routiers et ferroviaires. Cependant, l’Afghanistan ne possédant pas de frontière terrestre avec l’Inde et ne disposant pas d’ouverture sur la mer, il est difficile pour l’Inde de rapatrier les ressources exploitées. La voie terrestre lui étant bloquée par le Pakistan, avec lequel elle est toujours en conflit soixante-huit ans après leur séparation, le Cachemire cristallisant toujours de vives tensions entre les deux pays. Par contre, l’Iran, qui possède 936 km de frontière avec l’Afghanistan et qui donne sur l’océan Indien, et grand partenaire économique, semble être un point d’accès idéal. Cet accès est notamment facilité par une frontière se situant sur un plateau. Mais jusque-là, l’Iran ne possédait pas d’infrastructures suffisantes pour assurer le transit et le volume souhaité par l’Inde. C’est en grande partie pour cette raison que l’Inde a souhaité investir dans le développement du port de Chabahar. De plus, nous l’étudierons par la suite, par le contrôle de la gestion qui lui a été accordé par les autorités iraniennes sur le port et la levée de l’embargo, le port pourrait rapporter encore davantage.

À cela s’ajoute une volonté de désenclavement par l’ouest de l’Inde. En effet, le pays se retrouve pris en étau par les relations chinoises et pakistanaises. Le premier fait barrage sur le flanc ouest, soutenu par la Chine avec laquelle l’Inde partage une frontière au nord. La Chine entend profiter de la situation géographique du Pakistan et nouer des partenariats dans le but de désenclaver sa province du Xinjiang et, de ce fait, se doit de soutenir le Pakistan dans ses oppositions à l’Inde. À ce barrage s’ajoute le « collier de perles » chinois, présenté par Booz-Allen-Hamilton en 2004, qui enclave maritimement l’Inde.

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Source : Conflits n°7, 2015

La principale issue pour accéder aux marchés centrasiatiques est alors d’adopter une stratégie tête de pont, à plus forte raison si l’un des principaux partenaires sur le marché centrasiatique cherche à se développer et à retrouver une place conséquente dans l’économie mondiale ; c’est le cas de l’Iran. Enfin, ce partenariat avec l’Iran assure un apport énergétique sécurisé à l’Inde, qui importe 70% de son énergie et dont l’Iran est le second fournisseur de pétrole (BAIXAS, 2010).

B. Rattraper son retard sur la Chine

La Chine semble mener les mêmes batailles que l’Inde. Alliée du Pakistan, elle est déjà établie dans le secteur minier afghan et sur le front de l’océan indien.
Tout d’abord, la Chine a elle aussi mesuré l’importance du littoral du sous-continent et le potentiel de celui-ci. Ainsi, en 2006, elle achève la construction du port de Gwadar, au Pakistan. Situé à moins de 180km (106 miles précisément) de celui de Chabahar, il offre des conditions géographiques similaires et, de ce fait, est en concurrence directe. Ainsi, en investissant dans le port de Chabahar, l’Inde compte bien concurrencer, voire s’approprier les intérêts économiques visés par la Chine. La zone du Baloutchistan, où se trouve le port de Gwadar, est instable et des milices prennent les armes et revendiquent leur indépendance. Aubaine pour le gouvernement indien qui, selon de nombreuses sources, mais sans reconnaissance officielle de l’Inde, leur fournit alors des armes pour maintenir l’instabilité quand, parallèlement, avec le soutien du gouvernement iranien, elle stabilise l’est de l’Iran et apporte un développement d’infrastructures portuaires, routières et ferroviaires. De la sorte, l’Inde amène l’Afghanistan à favoriser les négociations avec l’Iran et elle-même.
L’Inde doit aussi faire face à la Chine sur l’exploitation des mines afghanes. En effet, les firmes chinoises sont déjà solidement implantées avec des concessions de mines telles que celles d’Aynak (WINES, 2010), d’Amu Darya (SHALIZI, 2012) ou encore de Sanduqli et Mazer-e-Sharif (PETERSON, 2013). Une course aux appels d’offres a lieu entre les deux pays, mais la Chine semble avoir pris une avance certaine. C’est donc sur la pérennité des relations, sur la sécurité des exportations et sur la sécurisation du territoire que l’Inde compte faire la différence. L’Inde fait donc face à de nombreuses incitations qui la poussent à développer son influence hors de ses frontières. Nous allons à présent nous concentrer sur les intérêts de l’Iran qui, à première vue, semble passif dans ce processus.

II. Les intérêts iraniens

L’Iran est aujourd’hui un pays dont l’économie est fragilisée par des années de sanctions économiques.
Son développement nécessite des investissements étrangers ainsi que des alliances solides. C’est pour cette raison que le pays multiplie les accords avec l’Inde qui lui apporte un soutien essentiel.

A. Reprendre le contrôle de la zone et se préparer à une ouverture économique

Cette mutation, à la fois économique et géographique, a un intérêt certain pour l’Iran qui a du mal à contrôler la zone de Sistan-et-Baloutchistan, dans laquelle se situe le port de Chabahar.
Comme du côté pakistanais, il règne d’une part, une instabilité ethnique, et d’autre part, le développement d’un certain nombre de trafics que Téhéran a du mal à contrôler.

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Source : CNRS, 2013 www.irancarto.cnrs.fr

Cette région de l’Iran est à dominance sunnite baloutche, alors que le reste du pays ainsi que le gouvernement est à majorité chiite perse. Les Baloutches se sentent délaissés et n’ayant pas les mêmes droits que les Perses (MINOUI, 2009). Ce terrain propice aux rébellions a notamment donné naissance à Jundollah, un groupement militaire revendiquant plusieurs attentats, notamment contre les Gardiens de la révolution en octobre 2009 (REUTERS et AFP, 2009).
Ce climat de tension sociale entraîne une hausse générale de la criminalité et des trafics, à commencer par celui de la drogue en provenance d’Afghanistan. Éloigné de Téhéran et frontalière avec l’Afghanistan et le Pakistan, cette région semble être difficilement contrôlable pour Téhéran. La situation est telle qu’en avril 2009, « le chef de la police iranienne a annoncé le retrait total de la police civile de la région » (EIFFLIN, 2011). Ce sont aujourd’hui les Gardiens de la Révolution qui sont chargés d’assurer la sécurité.

Or, la mise en place d’infrastructures et de projets de développement légitimerait un accroissement sécuritaire, qui servirait alors tant pour la sécurisation des transits que pour l’éradication des sources de tensions. Il ne s’agit pas là d’une volonté de contrôle par la force, mais d’instaurer un développement stable, notamment grâce aux investissements étrangers et aux infrastructures nécessairement liées. Avant l’embargo de 2006, les autorités déclaraient avoir totalement éradiqué le chômage dans la ville de Chabahar. Cependant, suite aux sanctions économiques, les investisseurs se sont raréfiés et l’instabilité s’est accrue. L’Iran compte alors renouveler l’exploit et l’étendre sur l’ensemble du front Est du pays avec cette fois le soutien de puissances telles que l’Inde.

Le rapprochement avec de nouveaux partenaires va aussi permettre à l’Iran de redynamiser ses exportations de pétrole et de gaz pour lesquelles le pays dispose respectivement de la 4e réserve mondiale et la 2e réserve mondiale (Le Moci, 2015). Jusqu’en 2012, l’Iran oscillait entre le 3e et 4e rang des exportations pétrolières en valeur. Mais depuis les sanctions qui frappent le pays sur ce secteur, l’Iran se hisse péniblement au 9e rang, ayant vu le montant de ses d’exportation pétrolière chuté presque de moitié (101.468 milliards de dollars en 2012, 53.652 milliards de dollars en 2015) (OPEC, 2015). Enfin, pour consolider sa balance extérieure, l’Iran pourrait aussi développer une industrie de raffinement de pétrole et d’essence afin de limiter ses importations. Le pays ne dispose pas actuellement des équipements nécessaires pour assurer la transformation de pétrole en essence et se retrouve à devoir en importer en grande quantité. Ainsi, par une dualité exportation de pétrole et limitation des importations d’essence, l’Iran pourrait voir sa balance commerciale redevenir positive. La moyenne de celle-ci entre 1974 et 2014 s’élevait tout de même à plus de 5 milliards de dollars (Trading economics, 2015).

B. Sortir de la dépendance vis-à-vis des Émirats arabes unis

Jusque-là, les Émirats arabes unis étaient la porte d’entrée du marché iranien. Du fait des nombreuses sanctions économiques que la théocratie perse a connues, l’alternative des Émirats arabes unis (EAU) s’est rapidement révélée être la favorite. Dès 1979, et les premières sanctions suivant la révolution islamique, des commerçants iraniens ont migré aux EAU et ont servi d’intermédiaire entre l’Iran et le reste du monde, faisant alors de Dubaï l’accès privilégié au marché iranien. L’Iran se trouve donc en partie dépendant des EAU.

De plus, jusque-là, le principal port iranien était celui de Bandar Abbas, par lequel transitait 85% du transit maritime à destination et en provenance d’Iran. Cependant, ce port est limité à des navires ne pouvant excéder 100 000 tonnes. Ainsi, la majeure partie des navires étrangers à destination de l’Iran doivent faire escale aux EAU, où les marchandises sont alors transférées sur des navires de taille modeste afin qu’ils puissent être accueillis à Bandar Abbas (RAMACHANDRAN, 2014). Le port de Chabahar, en eaux profondes, évite l’intermédiaire émirati et permettra l’accroissement des échanges. Cet accroissement des échanges et les investissements étrangers semblent déjà être au rendez-vous selon Hamed Ali Mobaraki, qui déclare que des compagnies sud-coréennes, européennes, émiraties… et chinoises, se seraient déjà implantées (PRESSTV, 2015). Par cette indépendance, l’Iran se protège de toute atteinte à son commerce. En cas de tension avec les autres pays du golfe persique, qui pourrait alors déboucher sur l’obstruction du détroit d’Ormuz, l’Iran verrait alors les principaux ports jusque-là, Busherh et Bandar-Abass, totalement bloqués. Ainsi, le port de Chabahar permet tout d’abord à l’Iran de se libérer des pressions que les autres nations du Moyen-Orient pourraient exercer sur elle. De plus, il va permettre au pays d’assurer une croissance saine à travers le développement de son commerce extérieur et de ses partenariats.

Conclusion

L’Inde et l’Iran coopèrent au développement d’infrastructures dans l’optique de satisfaire leurs propres intérêts. Pour l’Inde, la terre perse représente une opportunité d’accès à un marché qui lui est en partie fermé et une tête de pont permettant son désenclavement et une opposition à la domination chinoise. Elle cherche aussi à nouer des relations durables et stables avec l’Iran ; relations qui lui assurent une alimentation en hydrocarbures ainsi qu’un accès à l’Afghanistan. De son côté, l’Iran souhaite développer des infrastructures amenant un développement de son commerce extérieur. Elle souhaite aussi sortir de sa dépendance vis-à-vis des Émirats arabes unis et s’assurer un degré de liberté en cas de tensions. Enfin, ce développement permet aussi à l’État de « reprendre en main » une région jusqu’ici délaissée et sous tension.

Par souci de délimitation du sujet, cette analyse ne présente que brièvement le rôle de l’Afghanistan dans ces négociations. Cependant, les questions portant sur son avenir et son modèle de développement n’ont pas été abordées. Ces aspects pourraient avoir un impact fort sur les négociations futures et sur la gestion des relations diplomatiques du pays.

 

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Une analyse du phénomène des « tueries de masse ». /sans-categorie/une-analyse-du-phenomene-des-tueries-de-masse/ /sans-categorie/une-analyse-du-phenomene-des-tueries-de-masse/#respond Thu, 23 Oct 2014 10:54:25 +0000 /?p=7096  

 

Xavier Raufer, docteur en géographie et géopolitique, se consacre dans cet article à analyser le phénomène des « mass shooting » qui encourt en majeure partie aux Etats-Unis.
Comment expliquer le passage à l’acte des individus ? Est-il possible de dresser un « profil-type » d’individus qui seraient plus à-même de passer à l’acte que d’autres ? A travers cet article, Xavier Raufer souligne la difficulté de dresser un tel profil et que, dans le cadre de cette analyse, il est nécessaire de placer l’individu au centre, et non pas à la périphérie du débat sur le droit du port d’armes.

 

«  « Tueurs de masse » : une malédiction américaine? 1984 – 2014, trente ans de tueries de masse aux Etats-Unis. »

 

« Venons-en à l’essentiel : pourquoi ? Pourquoi massacrer ainsi ses concitoyens ou ses voisins – des inconnus le plus souvent ? Souvent, mais pas toujours : le tueur de masse peut parfois amorcer son massacre « en famille », puis sortir tirer dans la foule. Comment explique cela ? »

Suite de l’article de Xavier Raufer ici : TueursDM-Causeur

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A qui appartient l’Arctique ? /geopolitique/arctique/a-qui-appartient-larctique/ /geopolitique/arctique/a-qui-appartient-larctique/#comments Tue, 26 Nov 2013 15:57:53 +0000 /?p=961 Introduction

 

On attribue au cercle polaire arctique de nombreuses expressions comme « le soleil du minuit » ou « la nuit polaire ». Cela signifie que pendant les solstices il fait jour ou nuit pendant 24 heures. Il est difficile de la délimiter, mais pendant un siècle la question de l’appartenance de l’Arctique ne s’était pas posée puisqu’il était envahi par les glaces. Aujourd’hui c’est donc plus d’un million de kilomètres carrés qui n’est pas légalement attribué (un peu moins du double de la France : 674 108 km²). Ces dernières années, le réchauffement climatique de la planète a entrainé une forte fonte des glaces au pôle Nord. Cela permet d’avoir un nouvel accès à de nombreuses routes maritimes et de nouvelles ressources en pétrole. Selon les calculs du United States Geological Survey (Institut d’études géologiques des États-Unis), le plateau arctique pourrait cacher plus d’un quart des réserves mondiales de pétrole et de gaz qui n’ont pas encore été découvertes.

Ces changements climatiques attirent toutes les convoitises internationales. Il faut donc s’attendre à des changements dans les relations entre les pays disposant d’un accès à l’arctique, à une nouvelle répartition des frontières et du plateau continentale.

En effet, le 1er juillet 1909, l’explorateur canadien Joseph-Elzear Bernier prit possession de l’Arctique au nom du Canada, dans l’indifférence générale. Aujourd’hui comme l’arctique devient un territoire en mouvement qui est en changement constant dut au réchauffement climatique et la fonte des glaces, beaucoup plus de pays s’y intéressent et ils veulent tous leurs parts du gâteau. Avec cette fonte des glaces de nouveaux horizons semblent apparaitre, et peut-être que ce territoire peu devenir un nouvel eldorado humain pour le futur.

Mais pourquoi cette zone anciennement gelé, que dans la conscience commune on attribut seulement aux ours polaires, attire tant l’attention de grandes puissances?

Quels sont les enjeux de l’arctique ? A qui appartient l’arctique ?

Nous verrons dans un premier temps les acteurs présents au pôle Nord. Dans un second temps nous étudierons les causes du conflit, puis nous émettrons une hypothèse du dénouement.

 

 I.                   Les acteurs dans l’arctique

A)    Les pays

Il y a  un intérêt direct dans le cercle Arctique. En effet, il existe 8 prétendants qui désirent avoir un territoire Arctique : Les États-Unis, le Canada, la Russie, le Danemark, la Norvège, l’Islande, la Suède et la Finlande.

Ces huit pays font partis du Conseil Arctique qui comprend aussi les représentants des populations indigènes de la région. Ce conseil est une des plus importantes organisations intergouvernementales dans la région, devenu une instance de décision avec un secrétariat et un budget permanent. Il a été formé en 1996, les discussions concernent principalement le développement durable et la protection de l’environnement dans la région.

Les autochtones et les populations indigènes

Il y a deux millions d’habitants autour de la banquise Arctique. En effet, les hommes, les plantes et les animaux vivent toujours sur ces terres malgré la rudesse du climat. Ces personnes vivent en permanence au-delà du cercle polaire, où la présence humaine remonte à la préhistoire.

Le Canada

Dès les années 1950, le canada avait proclamé sa souveraineté sur le pôle Nord. Cette requête pourrait être satisfaite si dans les cent ans à venir à compter de cette date, aucun pays n’arrivait à prouver qu’il est le propriétaire du fond de l’océan Glacial Arctique. C’est donc le Canada qui a provoqué cette « course au Nord ».

Suite au passage controversé du brise-glace américain CGS Polar Sea en 1984 en territoire canadien, un décret fut proclamé, fixant des « lignes de base droites » autour de l’archipel arctique. Celui-ci prit effet le 1er janvier 1986 et décréta que les eaux à l’intérieur de ce tracé devinrent  une partie intégrante de la mer intérieure canadienne. Toujours selon cette Convention, un État côtier détient un contrôle exclusif et absolu sur ses eaux intérieures.

Cependant, la Russie semble remettre en question la souveraineté canadienne sur ces eaux. Elle tente en effet de prouver que la dorsale de Lomonosov, une chaine de montagne sous-marine de 200 kilomètres, est l’extension du territoire Russe. En droit maritime international, faire preuve de cette affirmation permettrait à la Russie de faire valoir ses droits sur un territoire sous-marin allant au-delà des 200 miles marins reconnues normalement.

Il existe également un litige entre le Canada et le Danemark qui tentent de prouver respectivement leur appartenance à la continuité de l’île d’Ellesmere et du Groenland pour établir la délimitation latérale les séparant. De plus, en mer de Beaufort il existe une opposition entre le Canada et les États-Unis.

Enfin, en 2009, le gouvernement prévoit d’investir 1,9 milliard de dollars canadiens dans cette région pour doper l’économie de l’Arctique.

Les États-Unis

Les États-Unis se sentent concerné dans ces « courses à l’arctique » car l’Alaska touche le cercle polaire arctique. De plus, l’Arctique présente un intérêt économique et pétrolier. En effet, c’est une région riche en ressources naturelles et elle permet d’avoir des lignes maritimes de communication entre les océans Pacifiques et Atlantique.

C’est depuis l’installation du Drapeau Russe au pôle Nord par l’expédition Russe en eaux profondes en 2007 que la directive de Georges W. Bush fût elle aussi en 2007 pour l’élaboration d’une stratégie en Arctique des États-Unis.

La politique des États-Unis en Arctique vise la protection environnementale, le développement durable. Les États-Unis cherchent à promouvoir la viabilité et le bien-être socio-économique des communautés de l’Arctique en soutenant la recherche scientifique et la coopération internationale.

Ils ont consacré un site web : « National Oceanic and Atmospheric Administration » (NOOA) qui se consacre aux questions reliées à l’Arctique.

La Russie

En 2007,  des explorateurs ont planté un drapeau russe au fond de l’océan Arctique, �� plus de 4 000 mètres sous le pôle Nord, une mission symbolisant les revendications territoriales de Moscou. Puis la publication en 2009 de la nouvelle stratégie Russe de la sécurité nationale jusqu’en 2020. Ce « chapitre arctique » de la stratégie Russe explique que l’évaluation stratégique du rôle et de la place de la Russie dans le monde et des menaces éventuelles, où il est dit qu’à l’avenir les conflits pourraient survenir près des frontières russes en raison des ressources de matière premières. Et que le règlement de ces conflits n’excluait pas le recours à la force militaire à l’Occident, beaucoup ont été choqués.

La Russie revendique la dorsale de Lomonossov, qui est une chaine de montagne sous-marine qui s’étend du Groenland à la Sibérie. Cependant, le Groenland et le Canada affirment que cette dorsale est le prolongement naturel de leurs plateaux respectifs.

Enfin, le gouvernement russe a adopté un programme de nettoyage de l’Arctique qui coûtera 140 millions de dollars d’ici 2014.

La Norvège

La Norvège projette d’ouvrir 86 blocs offshores à l’exploration pétrolière dans l’Arctique qui est la nouvelle terre promise des compagnies pétrolières. En effet, la Norvège souhaite ouvrir 72 blocs en mer de Barents et 14 autres en mer de Norvège, intégralement ou partiellement situé au Nord du cercle Polaire arctique.

Cet engouement pour l’arctique s’est fait à la suite d’une découverte par le groupe norvégien Statoil, de deux gros gisements pétroliers jumeaux, Skrugard et Havis, susceptibles de contenir entre 400 et 600 millions de barils équivalent-pétrole.

Il existe un litige opposant la Norvège et la Russie aux îles Spitzberg.

Le Danemark

En août 2012, une équipe d’une vingtaine de chercheurs danois est partie à destination du Pôle Nord, à bord du brise-glace suédois Oden. Ils ont pour but de prouver que 155 000 kilomètres carrés du fond de l’océan Glacial arctique font partie du plateau continental groenlandais et doivent donc être intégrés au Royaume, qui comprend, le Groenland et les Iles Féroé.

Le Danemark revendique donc la dorsale de Lomonosov et le bassin d’Amundsen à l’est du Pôle Nord, tout comme la Russie. Lors de cette expédition, ils devaient donc relever des données qui permettraient de revendiquer auprès de l’ONU en 2014 cette partie du fond de l’océan.

La Finlande

Elle ne possède pas de côtes maritimes arctiques, tout comme la Suède.

L’Islande

La Russie et l’Islande ont signé en septembre 2011, une déclaration de coopération en Arctique. Les deux pays ont en effet étudié des projets à réaliser dans le cadre du Conseil Arctique,  une politique qui fixe la déclaration de coopération signé entre eux. Ils veulent que le Conseil intensifie ses activités et que les moyens mis en place soient modernisés.

De plus en 2012, la Chine souhaite également signer des traités avec l’Islande (celle-ci faisant partis du Conseil Arctique et pas la Chine).

La Suède

La Suède souhaite la coopération militaire avec la Russie.

La collaboration franco-suédoise dans le domaine polaire est en train de se développer. Le service scientifique de l’ambassade de France a organisé une école d’été franco-suédoise interdisciplinaire pour les deux instituts polaires en juin 2010 sur le thème des environnements subpolaire suivie d’une conférence à destination d’un public majoritairement scientifique sur l’Union européenne et l’Arctique en mai 2011.

La Chine et la France

La Chine souhaite une place au Conseil de l’Arctique. En effet, depuis la découverte de ressources d’hydrocarbures, la région Arctique suscite un regain d’intérêt de la part de nombreuses nations. En particulier la Chine, qui aimerait à terme siéger au Conseil de l’Arctique, et y devenir un membre influent.

A cause de la hausse des températures qui fait fondre les calottes glaciaires et qui permet de découvrir des ressources jusque-là inaccessibles, et de nouvelles routes maritimes, l’Arctique attire donc aussi l’attention de la deuxième puissance économique : la Chine.

La France quant à elle, se mobilise sur un double front : celui de la préservation environnementale du Grand Nord d’un côté, et celui, plus prévoyant, de la préparation énergétique, commerciale et militaire à la disparition du continent. La France détient un statut d��observateur permanent au Conseil de l’Arctique depuis les années 2000 (celui-ci très convoité par la Chine).

L’implication française c’est accéléré en 2009, lorsque Michel Rocard (ancien premier ministre socialiste) fût désigné  comme ambassadeur des pôles Arctique et Antarctique.

 

B)    Les sociétés du secteur de l’énergie

Les groupes pétroliers qui vont jouer un rôle dans la conquête de l’Arctique sont             les norvégiens Statoïl et Norsk Hydro, les russes Gazprom et Rosneft ainsi que les anglo-saxons, BP, Shell et surtout Exxon Mobil.

Norsk Hydro est un groupe énergétique norvégien, également présent dans l’aluminium et anciennement dans les hydrocarbures.

Statoil a une installation, The Snøhvit field, qui permet par un gazoduc de 143 kilomètres de long, d’aller chercher le gaz, à Melkøya. Puis le gaz est traité avant d’être refroidi sous forme liquide et expédié sur des navires spéciaux aux clients du monde entier.

Rosneft est une société d’État russe spécialisée dans l’extraction, la transformation et la distribution de pétrole. C’est la première entreprise pétrolière du monde, le deuxième plus grand producteur de pétrole russe. Rosneft opère également des entreprises maritimes de transport et de pipelines.

Gazprom est le leader russe du gaz. Les principaux secteurs d’activité de Gazprom sont l’exploration géologique, la production, le transport, le stockage, la transformation et la vente de gaz, de condensat de gaz.

Du coté Anglo-saxon Exxon Mobil est le principal acteur qui est le plus grand producteur de gaz et de pétrole  non gouvernementale. La société BP est une compagnie britannique de recherche, d’extraction, de raffinage et de vente de pétrole, tout comme Shell.

Tous ces groupes qui veulent conquérir l’Arctique se livrent une bataille technologique et forment des accords pour unir leurs forces. Notamment Gazprom et Rosneft qui ont conclu un accord depuis 2006 pour leur expansion, ce qui permettra d’avoir un avantage sur la conquête des ressources pétrolières et gazières de l’Arctique. . En juin 2012, Shell a annoncé qu’il forerait, après l’autorisation des États-Unis.

La principale lutte se fait sur les moyens d’extraction de matière et d’accessibilité. Pour cela les gros groupes pétroliers investissent dans des navires brises glaces ou des moyen d’extraction off-shore ou encore des pipelines.

C)    Les ONG

Une ONG, Organisation Non Gouvernementale est une organisation d’intérêt public qui ne dépend ni d’un État, ni d’une institution internationale. C’est une organisation à but non lucratif, qui réunit des bénévoles sous forme d’association. Ses financements proviennent de fonds publics ou privés.

La forme de ses actions peut être différente. Il peut s’agir d’aider des populations en danger lors de catastrophes naturelles, d’épidémies, l’environnement mais également des projets sur le long terme visant à développer les populations.

Une ONGE, Organisation non gouvernementale environnementale, est idem à une ONG mais concerne seulement la question environnementale. Comme il est question pour l’Arctique.

En ce qui concerne l’Arctique, nous pouvons parler plutôt d’organisations comme Greenpeace. Greenpeace est une organisation à but non-lucratif présente dans 40 pays, en Europe, en Amérique du Sud et du Nord, en Asie et dans le Pacifique. Elle compte aujourd’hui près de 3 000 000 d’adhérents répartis à travers le monde. Pour garder son indépendance, Greenpeace refuse les dons des gouvernements et des entreprises. Elle n’accepte que ceux de ses adhérents.

Greenpeace a notamment fait une campagne anti-Shell, visant à discréditer l’intérêt de la compagnie pour l’environnement dans son intervention en Arctique.

Après le sommet de la Terre à Rio, qui a eu lieu entre le 20 et le 22 juin 2012, Greenpeace a décidé de créer le mouvement « Save the Artic ».

Shell est le 1er ennemi de Greenpeace notamment parce que la société a été la première à être autorisé par les États-Unis à forer en eaux profondes, en mer de Beaufort, à titre exploratoire.

Cependant Greenpeace a aussi attaqué Gazprom en août dernier, en escaladant une plateforme pétrolière off-shore.

Le but de Greenpeace est de faire de l’Arctique une zone sans production industrielle et sans pêche intensive pour permettre de préserver la faune et la flore. Greenpeace dénonce aussi le fait que la zone est trop hostile pour le forage et l’activité industrielle. Ce qui pourrait entrainer une catastrophe écologique sans précédent en cas de collision avec un iceberg par exemple.

WWF, qui est une ONGE, est également engagé pour préserver l’Arctique. L’ONGE met notamment en ligne, sur son site, des listes de Tour operators qui visent à protéger la vie sauvage et l’écosystème tout autour de l’Arctique

II.                Les causes du conflit

A)    Les ressources

La région de l’arctique est un coin assez difficile et dangereux d’accès.

Cependant, selon deux chercheurs et consultants en énergie, Wood Mackenzie et Fugro Robertson, l’arctique contiendrait respectivement 29 % et 10 % des ressources mondiales en gaz et en pétrole non découvertes. Tandis que l’Institut américain de surveillance géologique (United States Geological Survey, USGS) et la Compagnie norvégienne Statoil Hydro estiment concurremment que l’océan abriterait un quart des réserves non-découvertes en hydrocarbure. La Russie disposerait de 69% des ressources d’hydrocarbure de la région. Le Ministère Russe a estimé sans le prouvé, que le territoire qu’il revendique abriterait  586 milliards de barils de pétrole. Pour avoir un ordre d’idée, les réserves de l’Arabie Saoudite s’élèvent seulement à 260 milliards de barils.

De même le Danemark et les États-Unis ont une part des hydrocarbures. Le coté de l’Arctique Groenland renfermeraient l’équivalent de 9 milliards de barils de pétrole et 26,2128 trillons de mètre carré de gaz. Quant à la partie américaine, la côte arctique de l’Alaska permettrait de produire au moins 27 milliards de barils.

A l’époque, le gouvernement Bush avait annoncé son souhait d’explorer puis de produire vers 2014 en Arctique pour compenser le déclin des réserves de pétrole en Alaska.

Globalement, les prévisions avancent que, d’ici 2030, la production d’hydrocarbure en Arctique atteindra 10 millions de barils par jour. Notamment grâce à la fonte des glaces qui créé de plus grands axes pour explorer le sous-sol.

Néanmoins, pour explorer et bénéficier des ressources de ses fonds il faut des moyens techniques pointus. C’est pour cela que depuis 2002 la Russie et la Norvège sont en coopération en matière d’hydrocarbure nordique. Ce qui permettra aux sociétés russes Gazprom et Rosnef de bénéficier de l’expérience de la société norvégienne StatoilHydro. Cependant les groupes anglo-saxons BP, Shell et surtout ExxonMobil sont aussi compétent pour intervenir dans ce type de milieu.

Les gisements de pétroles de cette zone risquent d’être un atout important car le prix du pétrole ne cessera pas de croitre à cause de sa rareté.

Il existe également de grandes zones de pêche potentielles. Selon l’Université de Colombie Britannique, l’Arctique recueillerai 70% des réserves de poissons. Ces chercheurs ont comparé les données qu’ils ont trouvéés sur la pêche avec celle publiées par la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ceci est dû au fait que la zone n’était pas attractive avant la fonte progressive des glaces. La Convention de Montego Bay signée en 1982 règlemente la pêche mondiale mais n’a pas été ratifié par les États-Unis.

 

B)    Les intérêts militaires

Dans le contexte de la concurrence géopolitique en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, le début d’une nouvelle phase de lutte pour l’Arctique est passé inaperçu. Tout le monde s’est habitué au fait que tous les principaux événements tournent autour du Conseil arctique créé en 1996 afin de régler les litiges territoriaux entre les pays du Nord, dont la Russie, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suède, les États-Unis et l’Islande. Cette approche est rejetée par beaucoup d’États qui souhaitent également prendre part au partage du gâteau arctique. A l’instar de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne et de la Pologne, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, le Brésil et la Chine ont commencé à frapper à la porte du Conseil arctique avec le mot d’ordre « l’Arctique appartient à tout le monde ! ».

Mais militairement des forces sont déjà en place, tous simplement car certains pays veulent montrer leurs présences et aussi protéger leurs chercheurs et scientifiques.

Déjà en 1950 le Canada revendiquait se territoire et avait envoyé des patrouilleurs sur le côté ouest. Ensuite, le Danemark a manifesté sa présence militaire dans la région, (or ce pays est depuis un demi-siècle en litige avec le Canada à cause de l’île Hans Tartupaluk). Bien sûr cela n’a pas été apprécié du gouvernement canadien. Alors que le Danemark préparait le dossier justifiant ses revendications, le Canada a alloué des fonds à la construction d’un port en eau profonde et d’une base de l’armée de mer à Nanisivik, ancien site minier abandonné. Les Canadiens ont ensuite procédé à la rénovation et à l’agrandissement de la base militaire d’entraînement Resolute et à la construction de patrouilleurs arctiques. Par ailleurs, les effectifs du contingent militaire stationné dans la zone arctique ont été multipliés par dix. Chaque été, le Canada s’est mis à organiser des exercices militaires en Arctique. La Grande-Bretagne avait proposé de partager l’Arctique entre le Canada et la Russie. Ainsi, le Canada s’est vu en quelque sorte attribuer un statut spécial de défenseur des intérêts de l’OTAN en Arctique et du principal adversaire de la Russie. Dans le cadre de cette stratégie, les États-Unis et le Danemark participent aux exercices militaires de la marine canadienne en Arctique dont l’envergure va croissant d’année en année. En été 2011 les exercices se sont déroulés avec une participation active de l’armée de l’air avec ses chasseurs et ses avions de reconnaissance et de transport. De plus la Russie a aussi renforcé son arsenal militaire sur ce territoire, pour montrer qu’elle est bien présente notamment au Canada et à l’OTAN car elle ne veut pas que ce dernier ait la main mise sur la région. Les États-Unis, eux, concentrent leurs forces sur le cercle polaire mais restent le pays le plus présent militairement.

C)    Les ouvertures maritimes

Avec la fonte des glaces, l’arctique semble pouvoir ouvrir de nouvelles voies maritimes : une au nord-est (côté russe) et l’autre au nord-ouest (coté États-Unis). Ces nouvelles routes permettraient des gains de temps considérables et donc de réduire  les coûts de transport des marchandises. En effet si on prend l’exemple Rotterdam/Tokyo le passage du nord-est équivaut à 14 100km et le passage du nord-ouest a 15 500 km, alors qu’en empruntant l’Océan Atlantique il faudrait faire 23 300 km et en passant par la méditerranée, le canal de suez puis les océans Indien et Pacifique il faudrait y faire 21 100 km. Donc en empruntant les routes du grand nord on peut considérablement diminuer les coûts du transport vu que celui-ci sera moins long et que par conséquent les entreprises débourseront moins pour  louer les bateaux, donc leurs produits pourront très certainement coûter moins cher à l’exportation. De ce point de vue-là on peut dire que tout le monde y gagnerait.

Mais pour le moment ces routes sont encore bien gelés et il faut donc des bateaux adaptés à la traversé de ces eaux glaciales. Le seul pays qui semblent pouvoir y parvenir est la Russie qui est adapté à ces eaux et qui ce réjouie de pourvoir louer ces brise-glaces à propulsion nucléaire (même si cela ne durera peut être pas si la fonte des glaces continue) car les brise-glaces à moteur diesel ne sont pas assez puissant pour ces mers-là. La Chine vient de rentrer aussi dans la course avec l’acquisition récente d’un brise-glace,  mais les pays comme le Canada, les États-Unis, la Finlande, l’Islande  ou même la Suède en possèdent mais ils ne sont pas forcément assez puissants. De plus casser la glace comme cela, en période de fort réchauffement climatique aura très certainement des répercussions au niveau écologique. Et de toute façon même les navires a propulsions nucléaire ne règlent pas ce problème, donc pour vraiment voir ces routes maritimes exploitées il faudra certainement encore attendre au moins une dizaine d’années.

 

 

Conclusion

Selon nous, la solution qui pourrait mettre un terme aux conflits qui perdurent en Arctique est la coopération. La région ne fait pas historiquement l’objet d’une coopération multilatérale, mais il serait possible à l’avenir d’établir une forme de coopération dans cette région du monde.

En effet, au moment où le traité sur l’Antarctique entrait en vigueur en 1961, la Guerre Froide régnait au pôle Nord, l’empêchant du coup d’établir un traité similaire. L’Arctique n’est donc soumis à aucun système de normes internationales précises et ordonnées.

La conclusion d’un traité constituerait une solution appropriée pour répondre à la vulnérabilité de la région polaire. L’avantage d’un traité est qu’il oblige les parties à prendre des mesures et à les respecter. Pour l’Arctique, il serait nécessaire d’établir des institutions et des règles peut-être semblables à celles appliquées en Antarctique, pour s’assurer que les obligations sont respectées et mises en œuvre.

L’accord de 1959 régissant le pôle Sud a donné progressivement naissance à un régime régional multilatéral nommé Système du Traité sur l’Antarctique. Jusqu’à présent, le traité est un succès. Pourquoi ne pas profiter de cette expérience pour trouver une solution similaire au cas de l’Arctique ?

Tout d’abord, le contexte politique est nettement plus favorable aujourd’hui qu’en 1961, au cœur de la Guerre Froide. Or, le traité sur l’Antarctique réunit dès l’origine les États-Unis et l’URSS ainsi que les puissances britannique, française et japonaise, plus la Norvège. Le Canada y a adhéré en 1988 et a ratifié toutes les ententes du système mises en place. Ainsi, tous les États circumpolaires, excepté l’Islande, sont liés par ce traité. Ils disposent donc d’un modèle prédéfini, auquel ils sont habitués et qu’ils pourraient facilement transposer au pôle Nord. Un tel accord permettrait d’établir les fondements d’une coopération arctique, sans mettre un terme aux revendications territoriales. Chaque acteur pourrait trouver une satisfaction car les défenseurs du caractère international des eaux et terres arctiques apprécieront qu’aucune souveraineté ne soit officiellement reconnue, alors que les acteurs revendiquant certaines régions polaires comme étant à eux estimeront concéder une limitation à l’exercice de leur souveraineté.

Pour se réaliser, un espace démilitarisé est une condition essentielle à toute forme de coopération. Scientifiquement, l’ensemble des études serait alors mené dans des domaines plus larges que les travaux nationaux et géographiquement ciblés, en place actuellement.

Toutefois, un traité Arctique ne pourrait être totalement similaire au Système du Traité sur l’Antarctique, puisqu’un continent et un océan ne peuvent pas être régis de la même façon. La mise en œuvre du Système du Traité sur l’Antarctique fut rendue possible par l’absence de populations autochtones et l’incapacité d’exploiter ses éventuelles ressources. L’intérêt économique des parties était donc réduit et seules des activités scientifiques y sont menées jusqu’à présent. Au contraire, la région arctique est historiquement habitée et son sol est riche en matières diverses. De plus, démilitariser la région semble particulièrement difficile, du fait que l’Arctique fait partie des systèmes de sécurité et de dissuasion russe et américain.

 

Le traité sur l’Arctique doit donc prendre appui sur l’exemple du régime du pôle Sud, tout en respectant les spécificités de la région. Il s’agit de mettre en place une nouvelle organisation internationale dotée d’une structure et de compétences propres, capable d’assurer le développement durable du cercle polaire.

Toutefois, en l’état actuel du droit international, aucun pays ne possède le Pôle Nord ou la région de l’Océan Arctique qui l’environne. Les cinq États entourant la zone (la Russie, les États-Unis, le Canada, la Norvège et le Danemark) voient leur souveraineté limitée par la limite des 200 milles marins. Mais jusqu’à quand ?

 

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